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 jardin d'enfance

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MessageSujet: jardin d'enfance   jardin d'enfance Icon_minitimeMar 2 Déc 2008 - 18:21

Jardin d’enfance .

Jardin d’enfance est la réponse aux messages que je reçue après mon premier texte sur la vie d’artiste.
Il fonctionnera par épisodes, que j’espère le plus cohérent possible.
On peut le juger comme un recueil, un journal de mémoire, fait de petits bouts, à la façon des patchworks.
Dès à présent, je le donne comme hommage à mes grands parents paternels, à qui je dois le gout de la vie.
________________________________________________________________________________

Je suis née dans une grande maison avec un grand jardin.
Les yeux d’enfants voient grands et je vivais dans un château labyrinthe entouré d’un parc profond entouré de lieux maudits.
Un château, plusieurs caves et quelques oubliettes. Des salons, des chambres(toujours secrètes) des cuisines (toujours ouvertes),un grenier réservé aux secrets de familles, une serre pour les fleurs et les objets délaissés, un poulaillers et ses cages pleines ou vides.
Oui, tout château contient ses alcôves, ses secrets, ses fantômes et leurs reproches lancinants ou leurs terribles protections.
J’avais fait un pacte avec mon château et ses habitants secrets, nous vivions en paix, nous nous protégions les uns les autres.
Ce pacte s’étendait aux animaux du château, chats, chiens, colombes, souris.
Tout parlait de tout et à tout, c’était le chant du château.
Même les fleurs s’ajoutaient à la conversation. Même les fruits.
En vérité tout poussait, tout grandissait.
Mon grand père, propriétaire des lieux, y veillait.
Car la maison-château appartenait à mon grand père, boulanger dans le 5 eme arrondissement de Paris (dont il n’était nullement issu) et qui avait acheté cette maison comme résidence secondaire.
Comme maison pour sa retraite.
Puis ce fut la maison qui logea son fils et sa famille, l’espace ne manquant pas.
Ainsi, la maison, à l’instar des châteaux, donc, ou des vieilles fermes, logea trois générations.
Mon grand père, ma grand mère
Papa, maman.
Moi, puis mon petit frère.
Cela dura six ans.
Six ans d’Eden.
Six ans qui marquèrent ma vie pour toujours.
Enfin, pas tout à fait…. car il avait une autre maison, celle des vacances !
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MessageSujet: la maison des vacances   jardin d'enfance Icon_minitimeMar 2 Déc 2008 - 18:23

Normandie
A coté de ma grande maison il y avait la maison des vacances.
Celle de mes arrières grands parents, cette fois- ci, coté maternelle.
En Normandie, dans la Manche.
Cette maison était aussi petite que notre maison, l’officielle, était grande.
En réalité tout était petit :
La maison,
L’enclos,
Les champs,
Le village,
Les routes, les chemins, les sentiers et les fossés spongieux.
Sauf, l’église.
Sauf, le cimetière autour de l’église.
Ainsi, géométriquement parlant, j’avais mes repères :
La grande maison dans la grande ville.
La petite maison dans le petit village.
Aujourd’hui encore, lorsqu’on me demande le chemin, je parle de la grande place, de la grande rue, de la petite fontaine.
Il y a le grand et le petit.
La Normandie, c’était petit.
Mais ma famille normande n’en souffrait pas.
Que manquait-il à notre maison ? Rien de bien essentiel:
-pas de salle de bain
Mais dans un pays où l’eau vous tombe sur la cacahouète le trois quart du temps, personne ne voit l’utilité dans rajouter.

-pas de WC
Et alors ? le champ est derrière.
(Cependant je notais une légère disparité de traitement entre les vaches et nous.
Elles n’ont plus n’avaient pas de WC, mais souvent leurs champs étaient de dotés de baignoires, qui dans cette région riment souvent avec abreuvoir)
-pas d’eau chaude :
Dans la mesure où nous n’avions pas de salle de bain, l’eau chaude ne ressemblait pas à l’invention du siècle.
Mais la maison n’était pas inconfortable, loin de là :
Nous avions le cellier à cidre et la remise pour le bois ( mémé cuisinait avec sa cuisinière en fonte et la grande cheminée)
Nous avions une grande chambre, salle commune géante où nous nous entassions pour dormir dans des couettes sentant bon la poule biologique et le moisie.
En réalité, même cette pièce était accessoire, tant nous nous entassions tous dans la cuisine autour de mémé, son four en fonte, l a cheminée, à essayer de nous réchauffer et à compter les heures sur la grande pendule, qui bien évidemment faisait tic tac.
De plus, la cuisine était dotée d’une télévision. Non, mes arrières grands parents n’étaient pas des australopithèques ignorant tout le sens du mot confort !
Cette famille n’était pas pauvre, mais elle n’aimait pas le superflu, c’est tout.
A cote, son commerce fonctionnait :
Un bar- tabacs-épicerie.
Boire, fumer, manger : tout le village venait tout les jours.
Certes, il y avait un concurrent, il faut bien une opposition, c’est démocratique.
Ainsi, il y avait le café Louis Sanson (mon grand oncle)
Et l’autre.(l’autre c’est l’autre, il n’a pas de nom)
Mon grand oncle avait un atout, en plus du calva et de la maïs, il fournissait de très beaux cercueils. Car lui et son père étaient charpentiers de formation.
Mon grand oncle offrait en quelque sorte un service complet à sa clientèle, chaudement pleuré dans le même bar.
Est-ce pour cela que dans mon esprit Normandie rime avec paradis ?
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MessageSujet: Re: jardin d'enfance   jardin d'enfance Icon_minitimeMar 2 Déc 2008 - 22:33

Très sympathiques souvenirs d'enfance Smile ça donnerait bien envie de partager les nôtres aussi Wink
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MessageSujet: Re: jardin d'enfance   jardin d'enfance Icon_minitimeMer 3 Déc 2008 - 7:49

Je ne suis généralement pas friand des récits autobiographiques (ou qui s'apparentent à des récits autobiographiques). J'ai bien aimé, cela dit, ce que tu as écrit, mais je ne sais pas combien de temps je vais pouvoir encore apprécier que tu nous parles de ta maison et de ton jardin. Tu le fais bien, et c'est sans doute cela qui me plaît. Mais si toute l'histoire se déroule ainsi... Enfin, on verra. Wink
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MessageSujet: Re: jardin d'enfance   jardin d'enfance Icon_minitimeMer 3 Déc 2008 - 9:33

merci hakkra,
je te répondrais que le charme de l'enfance est de faire un monde avec un oeil de boeuf.
Au fond ce n'est pas l'objet qui compte,mais l'oeil qui le perçoit.
amitié,anne.
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MessageSujet: Re: jardin d'enfance   jardin d'enfance Icon_minitimeMer 3 Déc 2008 - 17:05

J'ai beaucoup aimé.

Les brèves idées trés bien imagées et les phrases courtes donnent le bon ton.
Je pose ma tete sur ma main, et je lis le sourire au lèvres.
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MessageSujet: Re: jardin d'enfance   jardin d'enfance Icon_minitimeDim 7 Déc 2008 - 20:25

Tu fais rêver... ::love::
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MessageSujet: les fleurs de la petite IDA   jardin d'enfance Icon_minitimeVen 12 Déc 2008 - 10:10

Les fleurs de la petite Ida

Les contes parlent souvent de fleurs,
Les fleurs parlent-elles aux enfants ?
Comme les animaux,
Comme les maisons ?
A moins, qu’inversement, ce soit l’enfant qui leur parlent.
Mais un dialogue n’est jamais solitaire, et l’enfant doit entendre une réponse, même murmurée.
Aujourd’hui je parlerai de la voix des fleurs.
Des fleurs de ma grande maison,
avec mon grand père gardien des clés,
gardien des fleurs.

En premier, il y a une fleur que je n’oublierai jamais.
D’une allée.
Une allée simple de gravier,
entouré d’iris.

L’iris.

L’iris,
dans une autre vie, fut animal.
Sa volonté de vivre est à peu prés égale.
Un rhizome conquiert votre allée comme n’importe quelle fleur carnivore de science fiction.
L’iris est beau.
L’iris connait sa force, sa puissance.
Tige épaisse,
Feuille lourde,
L’iris est sensuel.
Les iris de mon grand père possédaient deux couleurs,
à moins que ce ne soient les couleurs qui les possédaient.
Un bleu pale, d’eau.
Un violet profond.
Ces fleurs m’ont appris le toucher.
L’iris a le toucher de la soie froide,
mêlé de velours.
L’iris a couleur d’eau regorge de gouttes de pluies.
L’iris a violet possède les voluptés des plus belles robes de soirée.
Si la plante résiste à tout, la fleur est fragile.
Blesser un iris, c’est le blesser à vie.
Au creux de l’iris :
Aux creux de l’iris, une autre chose.
Aux creux de l’iris se refugient les papillons.
Même les iris possèdent leurs chambres secrètes.
Les iris de mon grand père annonçaient le début du printemps
Les iris de mon grand père annonçaient la vie.
J’étais là.

Les lilas
Lilas blanc sans odeurs,
lilas mauve au parfum de rosée, d’aube.
Les lilas sont des arbres et leurs floraisons sont courtes.
Leurs grappes sont lourdes de l’eau du matin,
ou des pluies de la journée.
Ils viennent par masses, par bosquets.
Leurs bouquets ne peuvent contenir que dans d’énormes vases
Le lilas a le parfum discret.
Une vie courte.
Ils annoncent les jolis mois à venir, qu’ils ne verront pas.
Les fleurs virent au terne marron.
Les grappes sont gâtées.
Brièveté de la grâce.
Adieu lilas.

Les roses
Les roses sont inattaquables, inaltérables, comme ces divas d’opéra.
Les roses naissent belles dès les premiers jours de soleil et resteront présentes, impavides, inaltérables, tel des Garbo de royaumes perdus, jusqu’aux premières gelées de l’automne.
La rose annonce le printemps, vit avec l’été, résiste aux premiers froids.
L a rose est têtue, elle a sa fierté, ses épines.
Elle ne fera pas de cadeau !
J’adorais les immenses, les grandes et grosse fleurs, grosse comme ma tête.
J’adorais mettre ma tête à l’intérieure, sentir le cœur de la fleur et la résistance des pétales.
Les pétales je les aimais rose pale, j’aimais leurs fraicheurs contre ma joue.
Parfois un pétale tombait,
et la fleur s’évanouissait.
La fleur si dure, si fière, disparaissait d’une seule coup, dans le vent.
Ainsi j’appris que même les roses sont mortelles.

Les dahlias
Le Dalhia doit être mâle,
Son parfum semble absent.
Le parfum du Dalhia est discret et vert.
Les dahlias feu sont énormes.
Ils règnent comme des lions dans le jardin.
Des boules,
Des boules,
De soleil.
Comme van Gogh les peignit.
Les soleils et les fleurs.
Le dahlia est obsédant par sa force.
Le dahlia est obsédant par sa lumière.
Etonnamment, un dahlia n’est jamais seul.
Embrassez un dahlia,
vous embrasserez son araignée,
rousse et dodue.
Le dahlia est une fleur de fin d’été et de début d’automne,
l’araignée a eu le temps de collationner.
Aux premiers gels,
vous verrez la fleur trempée, transis de froid,
et la toile de sa locataire couverte de perles de rosée.


J’ai présenté mes fleurs au fil des saisons,
suivant le défilé de mes souvenirs.
Les fleurs marquent les saisons.
Comme l’humidité dans la terre.
Comme l’herbe jaunie.
Les iris me montraient le renouveau et l’espoir des grandes vacances,
Les dahlias me ramenaient à l’école.
Le dahlia est pour moi une fleur mélancolique.
Mais je ne lui en veux pas,
Les fleurs sont des êtres de pétales,
Elles ne peuvent comprendre notre monde.



Un jour on m’offrit un livre (on m’offrit beaucoup de livre car je devais lire, je devais arrêter de faire des fautes)
Un livre d’Andersen, les fleurs de la petite Ida.Dans ce conte, les fleurs faisaient un immense bal.
Pour toujours, dans ma mémoire, en forme de boule à neige, les fleurs font un bal, sous les pétales des fleurs de cerisiers blancs, qui s’agitent, s’agitent, toujours et encore….
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MessageSujet: Re: jardin d'enfance   jardin d'enfance Icon_minitimeVen 12 Déc 2008 - 10:25

Cette fois ,Anne ,tu m'as émue au plus profond de mon être ,
tu es une adorable poétesse au coeur d'enfant,
j'aimerai tant que la vie te sois plus douce.
Ton regard d'alors sur l'univers des fleurs que tu nous livres à présent,c'est une source de bonheur .
Un grand merci à toi; Ô divine conteuse.... cat
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MessageSujet: Re: jardin d'enfance   jardin d'enfance Icon_minitimeVen 12 Déc 2008 - 20:33

"Je voudrais encore être un enfant", je pense que tout le monde s'est déjà dit ça.
C'est magnifique. Merci.
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MessageSujet: la sieste de l'ogre   jardin d'enfance Icon_minitimeVen 19 Déc 2008 - 9:20

La sieste de l’ogre

Dans ma maison château, ainsi que je l’ai déjà écrit, tout était grand.
Ainsi, quand le temps s’arrêtait, quand tout se figeait, la maison château semblait possédée par un charme.
Tant, bien même, ce sortilège se répétait chaque après midi.
Car, chaque après midi le propriétaire des lieux, mon grand père, faisait la sieste.
Une sieste consciencieuse et professionnelle.
Mon grand père était boulanger à Paris. J’ignore qu’elles furent les dates exactes de son activité, mais on peut les situer entre les années 30 à 60. Avant l’invention des machines à pétrir, des farines à bannettes, des trucs qui (fort heureusement) rallongent le sommeil du boulanger.
Mais à l’époque on se levait tôt, on bossait, on se rendormait pour rebosser après.
Ainsi mon grand père était surentrainé à faire la sieste.
A sa retraite, il continua.
Grand seigneur, il possédait son fauteuil devant la télé.
Apres avoir mangé, grondé ma grand mère car son plat préféré n’était pas aussi bon que d’habitude, il s’asseyait dans SON fauteuil, devant SA télévision.
Etonnamment, SON chat venait aussitôt se coucher sur son ventre.
Télé et chat ronronnant ensemble, mon grand père s’assoupissait et mamie m’imposait le silence :
-ton grand père dort !
Ainsi sur l’ordre de ma grand-mère et par respect de la sieste de mon grand père tout s’immobilisait.
Je restais sous la table du salon, sentant le temps se ralentir au même rythme que le pouls de mon grand père.
L’ogre dormait.
Jamais, au grand jamais personne ne prend le risque de réveiller un ogre.
Un ogre ?
Mon grand père était grand, il était fort, il était colérique et d’un langage de fort des halles.
Pourtant il lisait et possédait un nombre incroyable de livres.
Il avait une des premières chaines stéréo.
Mis au travaille à 14 ans, il regrettait son manque d’éducation et la complétait comme tout autodidacte. Mélangeant le naïf, le maladroit, le génial. Et disons le, dans ces périodes de guerres et de xénophobie, du meilleur et du pire.
Mais j’étais petite et je ne savais pas lire les livres sans images.
En outre, mon grand père passait, pour un grand buveur et un grand coureur de jupons devant l’éternel.
Ses colères étaient redoutées.
Moi, petite fille blonde, j’entendais femme, fils me parler de lui, sans en tenir compte.
Car c’était mon grand père qui s’occupait de moi, m’apprenait à faire des arcs dans le jardin et m’emmenait au potager.
Mon grand père pouvait être un ogre, mais l’ogre m’aimait et j’aimais mon ogre.
Ainsi quand il dormait sur son fauteuil, je le regardais dormir.
Ainsi personne ne nous dérangeait, profitant de cette accalmie journalière.
Je regardais cet homme large, grand, puissant, chauve (jamais sans sa casquette dehors), assoupi, inoffensif dormant sur son fauteuil.
Son chat de gouttière, de tous les coups et de toutes les batailles, partageant avec lui ce moment de somme.
Une association de coquins, en somme, auxquelles je ne déparais pas.
Je me rappelle des rais de lumière dans le salon ou dansait la poussière, de la fixité de chaque objet, vieux bibelots posés en vrac.
Je me rappelle de l’épaisseur des tapis.
Puis, enfin, je me rappelle d’un suprême bonheur :
La télé ronronnant toujours je pouvais la voir.
A l’époque cette télé faisait l’objet d’incidents techniques, de grèves, de trous de programmation.
L’usage était de mettre des interludes.
Les interludes étaient mon délice.
Ces films étaient toujours les mêmes, sans queue ni tête, mais deux étaient mes préférés :
En premier lieu, il y avait un petit train, une locomotive et sa fumée, quelques wagons derrières.
Ceux-ci étaient étrangement décorés :
Un L et un dessin d’œil, un a et des vagues, un train égyptien en somme.
Et puis, ma magie, ma magie à moi, un film sans histoire avec une camera se promenant au milieu de mannequins figés.
Des mannequins en robes de mariées.
Des cloches sonnaient, mais nuls ne bougeaient, ni les mannequins, ni mon grand père, ni le chat.
Oui, le château était bien ensorcelé et on ne réveille pas le château de l’ogre qui dort.

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merci pour vos messages , je suis heureuse que ces textes vous plaisent.
sincérement,anne.
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MessageSujet: Re: jardin d'enfance   jardin d'enfance Icon_minitimeVen 19 Déc 2008 - 21:34

Quel plaisir que ton "jardin d'enfance " !
Si je te dis que j'ai eu moi aussi un amour de grand-père, autodidacte et dont la sieste était justement comme pour le tien un moment sacré....
lui, s'allongeait ,les mains posées sur sa poitrine ,qu'il était beau ainsi ,tel un sage ...hors du temps.....
tu comprendras bien pourquoi j'adore tant la transmission de tes beaux souvenirs d'enfance,tu l'écris avec ton coeur et ça me fait beaucoup d'effet .
La sieste de l'ogre, dans son château,c'est un amour de petit conte,merci mille fois.

Amitiés,Hélène cat
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MessageSujet: Re: jardin d'enfance   jardin d'enfance Icon_minitimeMer 31 Déc 2008 - 16:19

merci,amitiés!anne
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MessageSujet: fin de l'histoire, fin de la maison chateau   jardin d'enfance Icon_minitimeLun 12 Jan 2009 - 20:26

Les cages

Comme il est étrange de sentir naître en nous des sensations qui passent par la peau, nos nerfs et ignorent notre esprit et notre corps.
Au fond d’une malle, d’une vieille penderie oubliée, nous nous construisons tout un monde de sens.
Mon grand père possédait greniers, caves, recoins, malles, poulaillers.
Je découvris un plaisir étrange à m’enfermer dans des cages vides, pendant des heures.
A sentir l’obscurité des armoires et des coffres.
Cachée, cloitrée, coincée.
Il s’agissait, certes de prisons volontaires, mais moi, qui détestais le noir, j’aimais ce clair-obscur. Ce repli sur soit, ma mécanique intérieure.
Etre perdu, oubliée du monde.
Étais-je déjà faite pour être oubliée ?
Alors, je peux crier victoire, tant mon cerveau su prendre la forme d’une cage d’où je vois passer le monde sans qu’il m’atteigne.

Les chats
Les chats m’ont toujours accompagné.
Les chats ont toujours logés dans la maison château.
Maintenant, j’aime à imaginer cette grande maison, perdue dans son jardin, clos par ses murailles sur lesquelles des centaines de chats, yeux mi-clos jouent les sentinelles, veillent à ma protection.
Ils y avaient ceux de la maison. Un rouquin mangeur de caramel, chat de mon grand père.
Un tigré, nommé Pipiou, comme la marque des petits poids Pipiou dont j’aimais la publicité. Il était mon chat précepteur.
Ils y avaient les invités, avec ou sans carte d’invitation. Du reste, les chats se passent largement d’invitation officielle avant de vous envahir, ils sont toujours sûrs de leurs causes, car ils sont chats.
Ils y avaient les chats errants des maisons abandonnées et des jardins désertés auxquels ma grand -mère prenait grand soin d’acheter des bas morceaux au boucher. Je précise immédiatement que c’était la seule œuvre caritative de ma grand-mère qui était foncièrement misanthrope.
Dans la mesure où vous vouliez bénéficier de ses soins, il était, au départ, nécessaire de se changer en chat, sinon, dehors !
Les chats m’ont appris avant toute chose la paresse (ce ne fut pas très dure à apprendre) et l’indifférence au lendemain (cette leçon je ne les apprise que tres tardivement).
Ils m’ont appris que la raison et le bon droit ne sont pas véritablement nécessaires sur cette terre pour en bénéficier de ses bienfaits.
Il s m’ont appris à sentir avec mes sens et le toucher. Ils m’ont appris la limite du cerveau, et de ne rien négliger de l’instinct.
Ils m’ont appris l’étude et la patience.
Je dois à mon chat personnel un entrainement de GI : reptation sur le parquet, camouflage sous les tapis, incrustation dans la malle, pêche au poisson rouge dans le petit point d’eau du jardin, espionnage de l’ennemi, intérêt pour la cuisinière.
Par ailleurs, ce chat soldat acceptait de jouer à la poupée et circuler en landau dans le jardin.
Oui, s’il ne m’a jamais appris à dessiner une ellipse, je lui doit l’apprentissage de l’étude des croissants de lune, mon chat fut le meilleur et le plus patient de mes percepteurs.
Les serres

La maison château possédait une grande serre.
Chaque fleurs, pots, outils (balances, broyeurs de graines, sécateurs) venaient là pour se reposer de l’été, ou simplement bénéficier d’un peu d’oubli.
Je me rappelle de ce capharnaüm, poussiéreux et sans ordre, fauteuils en rotin, cheval à bascule, une vigne qui poussait tout le long du toit et dont l’abus de soleil donnait un grain des plus sucré.
A travers les verrières, les étés étaient étouffants et je jouais avec les poids de la balance.
A travers les verrières, le froid pénétrait tout, le givre se collant aux vitres multiples et laissait couler de longues larmes au destin torturé. J’aimais cette période où entendre la pluie semble si dense, sur le rebord de la verrière qui me protégeait.
Poussières, terreaux, graines de fleurs, graines de poulailler, raphia, sac en jute, tout s’entassait, et plus encore dans mon esprit, ne correspondait à aucun sens.
J’ai joué longtemps dans ce lieu, absurde comme une œuvre à la Tinguely .
Ile déserte, abandonnés des adultes, sauf de Robinson, mon grand -père, préoccupé de ses cultures et de ses vivres.
En réalité j’ai toujours gardé une fascination pour les serres. Souvent, je viens y faire des photographies, lorsque l’évasion du végétal de sa cage de verre ne peut laisser de doute. Ainsi, j’aime beaucoup les serres du jardin des plantes, dont les couleurs sont difformés par le plomb contenu dans le verre constituant la verrière. Ainsi le bananier s’écrase contre la vitre, le palmier s’échappe par le toit et j’attends un jour prochain la libération ces lianes. A moins, bien sûr, que la disparition de quelques curieux puissent satisfaire l’appétit de ce petit monde végétal.
A ce titre je glisserais un mot pour le ficus géant de ma grand-mère. La maison tenait sur 4 étages, de souvenirs. Celui-ci était installé dans un creux de lumière et semblait devoir prospérer sans fin. Quelques bambous, ficelles, et les tiges partaient à l’infini à l’invasion de tout l’étage, visible de tous le grand escalier en bois (qui devait jouer un rôle sinistre par la suite).Ce ficus donnait feuilles, racines, pousses, bizarreries végétales, voir lubrique, dans une infini variété et production illimité.
Ce n’était plus une plante, mais autre chose, quoi, je l’ignore, mais j’ai depuis toujours cru aux fleurs carnivores ou aux plantes de l’espace.

-Le grenier
Mon grand père régnait en maître dans son domaine à l’exception de d’un endroit:
-le grenier
Le grenier, perché au sommet de la maison, comme tout grenier était le domaine de ma grand-mère.
Ma grand -mère possédait une de ces vieilles machines à coudre à pédales, pelote de fils dessus, aiguilles folles dessous, tissus glissés de force dans le tout.
Rien ne résistait à ma grand- mère et à sa machine.
D’un cœur gonflé à bloc elle confectionnait mes déguisements (en Alsacienne, pour le cas ou cette région viendrait de nouveau à nous être repiquée !), les vêtements de mes poupées (et donc de mon chat), rideaux, vêtements…
Ma grand- mère était une ancienne modiste à chapeau.
Ainsi, ce grenier, ses boites en carton, ses velours et ses dentelles appartenaient à un mode qu’elle regrettait.
Moi je la regardais faire, hypnotisée par le fonctionnement de la machine, le dévidement des pelotes de fils, la réalisation des boutonnières, l’instruction des nacres ou des plumes.
Ma grand- mère eut était heureuse en couturière du Lido, et moi ravie de descendre correctement mon escalier avec toutes ces plumes.
Parallèlement, malgré tout ce vacarme et sa concentration ma grand-mère me racontait l’histoire de ma famille.
Ce travail était largement aidé par un nombre imposant de photographie de l’époque.
C’était juste un peu compliqué, du fait de veuvage successif (suis-je l’arrière petite fille de Landru ? )
Et donc de remariage, suivi de nouvelles naissances, de demi, de moitié, que je renonçais à compléter.
Enfin, si la serre servait de mémoire au jardin, le grenier servait de mémoire à ceux qui avaient été et tous avaient une place, moi, également.
Peu raconte cette étonnante invention que la photographie et nos portraits de famille, sévère et sépia. Rigidités des mœurs, rigidité des cœurs et de leurs mariages arrangés.
L’argent de la dote se lisait sur le front des jeunes filles, l’importance du trousseau et du vaisselier.
L’homme amenait la terre et l’ordre d’un nouveau foyer .Père contre mari, étrange complexe d’Oedipe non réglé.
Le monde était un commerce aux lieux établis jusqu’àses lieux de perdition aux filles fichées.
La dureté des traits de mes ancêtres me poursuit parfois, et du faire appel à toute les fées d’OZ pour les oublier.
Enfin , ce grenier, avec son œil de bœuf donnait sur le jardin et je pouvait compter les arpents de mon bonheur et ignorer les intrus.
Egalement j’essayais éventails, vieux sacs, vieux manteaux, chaussures, robes.
Ne plus être la petite fille de sous le toit, mais la diva qu’une peine d’amour avait fait perdre pour toujours sa voix et son public.
Visons dépenaillés, foulards troués, pendentifs divers, au fond de vieilles poussières.
Il est des maisons maudite qui digèrent telles une fleur carnivores ses propriétaires, ce grenier n’aurait jamais du posséder de porte aux poignés de sortie.
Ainsi tel Alice, j’eu grandi, grandi, dans ce grenier, sans jamais en sortir.
Sauf que j’ai bouffé la madeleine….
Et puis il y avait le soleil,
Et puis il y avait l’herbe et la mousse
Et puis il y avait des points d’eau.
L’un particulièrement me fascinait (enfin ils plus que d’autres)
Cela naissait d’une mini cascade, à moitié enfui entre les mousses et les fougères. Tout au fond du jardin.
Au fond du bassin, un sable d’or pur luminescent au milieu des bulles de l’eau jaillissante.
Gouttes des fougères, humidité tenace des mousses retenant des fraises des Indes (immangeable sauf pour nos tortues et nos limaces), sol promis aux richesses du Brésil.
Du sable, du simple sable, mais enfant on ne doute pas de que la misère soit l’exception et que la main puisse toucher les ailes des anges.
Cette mini cascade nourrissait une petite rivière qui bordait le jardin, doté de son petit pont.
L’été je retirais mes vetements, jouait avec les poissons, poursuivait les chats avec mon arrosoir (il existe un vieux film de cet exploit)
Je construisais une cabane avec des branches et un vieux tapis, manger les fruits du jardin.
Nu au soleil, l’herbe douce, le grand père qui riait, les parents qui ne riaient pas.
Car oui, c’est un fait, je ne parle peu des adultes, surtout de mes parents.
Alors pourquoi trainer un épilogue qui s’écrit au fond d’une maison de santé.
Abrégeons, comme l’idée de ce séjour qui me parait bien inutile et bien tardif.
Ce texte écrit par hasard, dans son déroulement à dérouler mon cerveau comme un bigorneau mort.
Mais c’est le hic de cette histoire.
Je parle d’une maison, de ses animaux, de ses fleurs et de son maître.
Les adultes sont absents.
Pour la simple raison que je les ais effacés.
Dans cette maison-château, refuge de mon enfance, les cris étaient de misent, les règlements de compte, parents, grand-parents, femmes-hommes, belle-mere, belle-fille.
La vérité du mensonge est de croire au silence lorsque tout le monde se hait, sans répit, sans remède.
Adulte, je n’ai jamais compris ce qui les poussait à vivre ensemble.
Adulte je pouvais trouvais une solution en pensant à une maison de fou aux portes qui claques, mais j’ai préféré garder le souvenir des maitres des clés, des fleurs, des fruits verts et des chats.
Adulte je continue à collectionner les jouets ,les crayons de couleurs et les chats.
Mais le rêve ne peut sauver de tout, et c’est pour cela que je me hâte d’écrire ce texte douloureux.
Les colères de mon père passait comme l’orage sur la mer et ses traits n’était plus les mêmes. Ube
Un jour de trop, un jour d’excès, dans la haine du cœur de tous, mon grand-père pris une carabine.
Il ajusta mon père, qui par reflexe se mit à terre.
Je ne fus donc pas orpheline.
Moi du haut de l’escalier de la maison château je vie tout.
Mais la mémoire joue de drôle de tour.
Je n’oublie pas cette nuit, j’oublie après, le déménagement, la nouvelle maison immédiatement détestée (seul mon chat Pipiou survécu au naufrage))
Par la suite je ne pus que voir mes grands parents qu’en cachette, face à des parents hystériques.
Jamais je ne donnai tord à mon grand-père.
La maison château fût détruite pour un immeuble standing sans âme.
Ma grand-mère est morte seule dans un hôpital d’une hémiplégie, quelques années après.
Je n’aie peu lui dire adieu par interdiction paternelle.
Je hais les médecins depuis ce jour.
Mon grand père est mort un plus tard.
Ce sont mes fantômes, protecteurs et destructeurs.
Ma fascination des maisons hantés et des vampires ne doivent pas être recherché loin.
Ni des familles maudites.
Je crois que la vie est un choix.
Un choix vers les autres,
Ou choix vers ses souvenirs et quelques orbites creuses protégées de noires mantilles.
Oui, la servante au grand cœur dont vous étiez jalouse m’a donné ma vie et ma mort…
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