Question de pointure [Cali]

Voilà une autre nouvelle, mais je ne sais pas trop quoi en penser, alors je vous la soumets ^^




- Bien. Je vous prie de l'attendre dans un des fauteuils. Je vais l'appeler, elle devrait descendre dans quelques minutes.

L'homme se détourna de l'accueil pour aller s'installer dans un coin de la pièce aménagé de tapis et de sièges. Elle a du goût, pensa-il. Il avait l'impression de faire tache. Vêtu simplement d'un jean et d'un polo saumon, il ne pesait pas lourd à côté de son voisin, habillé lui des pieds à la tête chez ce qu'il se doutait être un grand couturier. Il n'y connaissait rien en mode, mais ce gars-là avait vraiment la classe. Ceci dit, la personne qu'il venait voir ne devait plus fréquenter que des individus de ce genre.

Jane Thempton. Ils avaient été proches à une époque. Amants, pour être précis. A l'époque déjà, elle rêvait de grandeur. Elle voulait voyager, être respectée, ne dépendre de personne. Il semblait qu'elle avait réussi. Ambitieuse, ça oui, elle l'était. Mais il espérait qu'elle n'avait pas enterré l'ancienne fille qu'elle était. Celle dont il était tombé amoureux.
Bien sûr depuis de l'eau avait coulé sous les ponts. Elle était partie à la fac aux US et n'était jamais revenue. Partie sans donner de nouvelles. Pas un signe de vie. Alors il avait continué sa vie, et l'avait finalement oubliée dans un petit coin de son cœur.
Et puis un jour, revenu de voyage d'un pays du bout du monde, il avait entendu parler d'elle à la radio. Apparemment elle avait ouvert un hôtel au centre-ville il y a quelques années, et grâce à son talent et à ses relations, elle avait réussi à en faire le lieu de réunion des plus grandes personnalités, aussi bien politiques qu'artistiques.
Cette semaine là justement l'hôtel accueillait une rock star dont le nom lui était inconnu. Je vais paraître minable ! Elle connaît tout, tout le monde. Moi, je ne connais que les rites culturels des populations d'Amazonie ! Il rit.

Cela attira l'attention du costard-cravate d'à côté. Il le regarda de haut puis se leva pour rejoindre l'accueil. Il demanda lui aussi à avoir Mlle Thempton. Cela le surprit, même s'il n'aurait pas dû l'être. Il était certainement un associé. Un gars important avec qui elle allait dans les soirées mondaines, à faire des sourires et à enlacer hypocritement leurs meilleurs ennemis.

Ce gars se présenta au nom de Edward Pullman. Évidemment, lui, on ne le fit pas patienter. Le pingouin en noir l'invita à le suivre, et ils se dirigèrent dans un large couloir habillé de riches lampes, de tapis rouges et de miroirs.
Attendez !

Les deux hommes se retournèrent avec un air agacé. Il essaya d'utiliser leur langage.

- Hum. Permettez-moi de vous accompagner, messieurs. Je viens aussi voir Mademoiselle Thempton.

L'employé de l'hôtel parut décontenancé d'abord, puis il questionna du regard le gars en costard-cravate. Ce dernier soupira puis lui fit comprendre d'un signe de la main qu'il pouvait les accompagner.
Arrivés devant un ascenseur, le pingouin les laissa monter seuls. Il s'excusa, leur indiqua l'étage et le chemin à suivre, puis retourna à son poste tandis que les portes se refermaient sur les deux visiteurs.
Afin de se donner une contenance alors qu'ils montaient, Pullman lissa son costard avant de joindre ses mains devant lui, l'attitude hautaine. Cela fit sourire discrètement son voisin.

- Pour quelle raison venez-vous voir Mademoiselle Thempton ? Demanda finalement Pullman, à sa grande surprise.
- Euh, je viens pour... A vrai dire je ne sais pas vraiment pourquoi. Nous étions proches il y a quelques années, puis je l'ai perdue de vue, et finalement j'ai appris qu'elle était là. Je profite de l'occasion pour lui dire bonjour, je suppose.
- Ah. C'est bien le genre de Jane, de s'éclipser du jour au lendemain.
- Oh, j'ai touché un point sensible l'ami, pensa-il. Et vous, sans indiscrétion ?
- Nous avons rendez-vous. Elle est ma petite amie. Au fait, Edward Pullman, se présenta-il en lui serrant la main.
- Dan Thomas. Oh, excusez-moi si j'ai été...
- Il n'y a pas de mal, coupa Pullman. Je sais que Jane est très... courtisée. Mais elle a toute ma confiance. Et vous faites partie du passé, n'est-ce pas ?

Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent sur un nouveau couloir où les deux hommes s'engagèrent. Pullman était devant et marchait d'un pas fier. Thomas, un peu en retrait, la démarche moins sûre, regardait autour de lui. Cet hôtel était décidément magnifique, majestueux. Jane avait bien réussi sa vie, finalement. Elle avait imposé ses goûts, ses volontés. Elle a même mis son compositeur préféré en musique d'ascenseur, pensa Dan.

Il imaginait déjà son bureau : une trentaine de mètres carrés, moquette claire, grande baie vitrée donnant sur des jardins à la française, meubles en bois ou au contraire à la pointe du design, avec une double porte communiquant sur une suite au cas-où elle ait à passer la nuit sur place. Il y aurait aussi sûrement une antichambre où on le ferait attendre en attendant que Pullman s'entretiendrait avec elle.

Jane avait accompli son rêve. Sa profession la faisait souvent changer de pays, elle était considérée comme une reine ici. Et elle a trouvé chaussure à son pied.

A l'angle du couloir, Pullman stoppa net. A quelques mètres de lui lui, plaquée contre un mur par un homme inconnu, Jane gémissait de désir. C'est à moitié nue mais cachée par son amant qu'elle le vit. Les yeux et la bouche grands ouverts de surprise, elle s'écria :
- Edward !

Puis elle reconnut Dan.
- Dan ?! Mais qu'est-ce que tu fais là ?!


Il faut croire que la chaussure était trop petite. Ou trop grande, ça dépend comment on voit le truc.

Votre personnage serait-elle nymphomane ?
Peut-être simplement ambitieuse au point de le devenir.

En attendant, elle doit être malheureuse.

J'aime bien votre manière de nous faire ressentir ce que vit votre Dan et sa manière de considérer la société nantie.

Citation :

Il faut croire que la chaussure était trop petite. Ou trop grande, ça dépend comment on voit le truc.

Cette phrase n'est pas satisfaisante et pas assez bien écrite pour une chute :

Il faut croire que la chaussure soit trop petite ou trop grande ; tout dépend de la manière dont on regarde les choses.
OU :
"Fallait-il croire que la chaussure fût trop petite ? Non ! Serait-elle trop grande ? En fait, cela dépend simplement de la manière dont on regarde les choses."

je la trouve bien moi, sa dernière phrase.

Moi aussi.
Une phrase trop chargée se détacherait trop du ton du texte je trouve.