Tout le monde connait l'adaptation d'Alice au Pays des Merveilles par Disney, mais qui a lu la version originale, romancée, de Lewis Carroll ?
Car avant d'être un dessin animée féérique, Alice était un roman. Roman qui n'a que peu de choses à voir avec le film de Walt Disney.
Tout d'abord quelques précisions. Il y a eu plusieurs versions d'Alice, la première était destinée à un public adulte, mature, tandis que la seconde, commandée par l'éditeur après le succès de la première, est pour les enfants, c'est à dire un conte enchanteur.
C'est de la première version que je parlerai.
Car là, oubliez le gentil petit lapin en retard, la charmant chapelier fou, le non-anniversaire, le chat de Cheshire simplement énigmatique, et pénétrez dans un univers surréaliste, cauchemardesque, un monde où la folie règne en maître, sombre et inquiétant.
Dès que j'ai ouvert le livre, je m'attendais à quelque chose de gentillet, un conte pour enfant dans l'atmosphère du Disney que je connaissais, et après juste quelques chapitres, j'ai compris que je m'étais trompé lourdement. Malsain, c'est le premier mot qui m'est venu à la lecture. Malsain, tellement absurde que j'ai eu l'impression de pénétrer dans l'inconscient d'un fou. Ça ne m'a pas fait sourire, plutôt grimacer.
Les illustrations de mon bouquin ( E-Book pour l'occasion) de John Tenniel confirmaient cette impression. Les personnages sont inquiétants, effrayants, et ce contraste entre l'innocence d'Alice, son comportement et l'univers qui l'entoure est saisissant.
Tim Burton, dans son film s'est approché de l'essence de l'oeuvre originale. On sent bien qu'il a compris l'ambition de Lewis Carroll, on en sort pratiquement aussi troublé qu'à la lecture.
Bien que le réalisateur ait pris quelques libertés, et utilisé les deux mondes crées par Lewis Carroll pour les réunir en un.
Car l'aventure d'Alice au pays des merveilles n'est pas la seule. Il y a eu une suite qui s'intitule de l'autre côté du miroir, et c'est dans cette suite que Tim Burton a puisé la légende du Jabberwocky, du jour frabieux, du Bandersnatch et de l'épée Vorpaline ( qui apparaissent dans un poème en début du roman).
Dans cette suite, pas de poursuite du lapin blanc, de descente dans l'arbre, de jeux de cartes qui marchent, mais une traversée du miroir. Alice atterrit dans un autre monde, et plus encore que dans le Pays des Merveilles, cet univers est absurde. Elle rencontre maintenant des pièces d'échec, la reine rouge et blanche et entame une quête pour devenir Reine à son tour. C'est ici qu'apparaissent Bonnet Blanc et Blanc Bonnet ( les ptits gros dans le film de Burton), la Reine Blanche, Gros Coco et plein d'autres ( mon préféré reste le cavalier blanc !).
L'ambiance est cette fois plus saine que dans Alice au Pays des Merveilles. Ce roman est plus destiné à des enfants, les créatures sont moins effrayantes, le monde est moins fou.
Les Aventures d'Alice au Pays des Merveilles est à lire absolument. Disney, dans son animé à trahi l'oeuvre et cette dernière mérite d'être connue. J'ai ressenti un malaise tout au long de la lecture. C'est la première fois que ça arrive, l'auteur m'a embarqué dans un monde de cauchemars, et j'ai vraiment aimé ça.
De l'autre côté du miroir est tout aussi intéressant, à condition d'aimer les très longs poèmes. Moins magique, moins original, mais quelques personnages sublimes peuplent quand même le récit qui mérite d'être également découvert.
Et en lisant ces deux bouquins, vous comprendrez enfin tout au film de Tim Burton, qui lui leur rend vraiment hommage !