Nora est une jeune demoiselle qui vit dans la haute société et en subit les pressions inhérentes. On attend d'elle qu'elle devienne une dame respectable qui sache naviguer avec élégance dans les soirées et les bals mondains, même si cette perspective ne l'enchante pas du tout. Seulement voilà, dans le monde extérieur, les Punks se déchaînent et très vite, l'univers de Nora explose. Elle se retrouve alors embarquée dans une aventure où s'enchaînent les événements les plus... inattendus.
En voyant la splendide couverture du livre et le titre aux sonorités steampunk (New Victoria), et en lisant la quatrième de couverture et le prologue, j'ai été très attiré par ce bouquin sorti récemment chez Bragelonne, me disant "ah tiens, voilà une histoire qui m'a l'air bien originale".
Hélas, mon agréable première impression a été de courte durée et mes belles illusions se sont vite envolées. Passées les premières pages, j'ai ressenti un malaise grandissant au fil de ma lecture. Peut-être était-ce parce que juste avant, j'avais lu Patrick Rothfuss et sa suite du Nom du Vent, avec un style plutôt impeccable et un vrai travail sur les mots et l'histoire, mais j'ai trouvé que New Victoria faisait preuve de trop... d'amateurisme.
Le style général, au demeurant correct, est assez inégal dans l'ensemble : chaque chapitre est écrit à la première personne, mais les points de vue changent fréquemment, si bien qu'on se retrouve à suivre plusieurs personnages et donc plusieurs histoires en même temps et à des moments où l'on n'en a pas envie. Au lieu de donner du rythme, ces alternances incessantes le brisent et agacent rapidement, obligeant à fournir de sérieux efforts pour poursuivre le fil du récit. Par ailleurs, l'auteur a du mal à définir ses personnages et à fixer leur personnalité : Nora passe par des phases d'hystérie prononcée, d'ironie agressive et de sentimentalisme débordant au travers de ses chapitres, dans un mélange assez incohérent qui fait froncer les sourcils.
Au niveau du fond, on sent des efforts pour être original, notamment avec ce cadre néo victorien. Mais encore une fois, j'ai été déçu à cause du manque de profondeur, et je crois que ma confiance a été définitivement brisée lorsqu'au détour d'une page, l'auteur s'est mise à parler de... zombies. On ne s'y attend pas du tout, mais au lieu d'être positivement surpris, j'ai trouvé cela incongru au point d'en être ridicule. Les choses auraient pu en rester là et j'aurais bien voulu faire encore des efforts pour lire une bonne histoire de zombies, chose que je n'avais jamais faite, mais c'était sans compter sur l'auteur, qui a commis sa deuxième grosse erreur à mes yeux : elle a essayé de se lancer dans une justification scientifique pour expliquer l'existence de ces zombies.
S'en est suivie une douloureuse escalade (ou plutôt dégringolade) dans le ridicule, servie par une trame floue, tellement mal définie qu'à plusieurs moments, je me suis demandé où cette histoire me menait et quels étaient les objectifs des protagonistes. Le calvaire s'est terminé en agonie après la dernière erreur de l'auteur, qui m'a achevé au point que j'arrête ma lecture, après avoir lu les trois quarts du bouquin : la romance à la twilight entre Nora et un zombie adolescent. À partir du terrible baiser qui, malgré mes prières pour qu'il n'arrive jamais, se produit au cours d'un interminable chapitre à l'eau de rose entre ce zombie mort et Nora, j'ai tout simplement arrêté.
En bref, Lia Habel signe un premier roman à l'écriture à mon avis trop jeune et au scénario trop bancal pour pouvoir être apprécié. Ses intentions de base étaient bonnes (élaborer un récit original avec des zombies dans un monde néo victorien), mais son passage à l'écrit a donné un résultat décevant, pâle tentative de copier Twilight en substituant les vampires par des zombies...