Ce n'est toujours pas un poème ni une nouvelle. Mais je vous partage ce petit texte :
A l'état sauvage
J’explose, j’implore et j’ignore combien de temps mettra mon sang à circuler dans mes veines enragées. Je suis fatiguée, désemparée, crispée ! Nous sommes prisonniers, prisonniers de nous-mêmes. Enfermés dans notre système rêvant à une vie de bohème. Nos tempes martèlent nos idées. Nos corps subissent les coups que nous nous infligeons. Et nos envies fondent avec les violons. Nous sommes affligés par nos pressions. Vendus pas nos gestes de révolte et aimés pour nos suspicions. Nous mourons à petit feu face au temps qui se fait vieux. Tout est barricadé autour de nous. Le ciel étoilé se fait de plus en discret. Seuls les immeubles montrent leurs faces cachées, dévoilant l’aspect effrayant de la nuit dévergondée. Nous allons manquer d’air à suivre nos horaires, nos montres et notre atmosphère ! Nous n’avons plus le temps d’apprécier, plus le temps d’aimer et encore moins de s’apprivoiser. Nous pouvons appeler au secours, rien n’accourt. Nous sommes seuls dans cette peine perdue. Et pourtant nous croisons des milliers d’inconnus.
Je dois m’arrêter. Je dois respirer. Nous le devons tous. Nous ne savons plus apprécier les couleurs d’une matinée sous la rosée. Nous ne connaissons plus le chant des rossignols ni l’histoire d’un bourgeon en fleur. Nous sommes fugaces et sans audace. Nous avons rêvé à un monde civilisé courant vers une utopie sacrée. Mais nous avons tout délaissé, tout oublié. Nous n’avons plus de temps à nous accorder. Ou peut-être un peu à des événements sans affinités. Ne serait-il pas plus sage de repartir à l’état sauvage ? Ne serait-ce quelques secondes pour refaire le tour de notre monde. Ou quelques jours, pour vivre pleinement à son tour.