noël en banlieue

Noël en banlieue

Ces petits pavillons qui tricotent la banlieue:
-de meulières et de lierre dressés.
-populaires : de brique et de ciment.
Des petits porches abritent des pots d'azalées.

Pavillons,
Mystérieux et vides.
Un chemin de gravier perdu entre de hautes herbes trempées, battues par les premiers froids.
Un chemin que traversent quelques chats de passages.
Des assiettes vides sur l'escalier.

Pavillons,
Triviaux et pleins,
Remplis de coussins de crochet, de vélos jetés sur le ciment, les œillets d'indes bien en rang,
L’os du chien,
Le ballon de l'enfant.

Je vis ainsi,
trottinant de trottoir en trottoir,
a surveiller la vie des jardins,
les gels d’hiver sur les choux bleus du petit potager,
les nénuphars d’un jardin d’eau, les poissons roues glissent doucement dans une eau verte pleine de mousses.

A guetter le passage des saisons et le nid des oiseaux.
Les abris fideles au standing des donneurs d'asiles
Du chalet à balcon,
au simple trou dans une bouteille plastique,
il y a des oiseaux de pauvres,
et des oiseaux de riches,
aux mêmes chants des petits matins transis.

Ma promenade continue, ma vieille leçon de choses qui montre comment le monde tourne:
-un gros potiron menaçant de soupes à n'en plus finir
-des branches de rhubarbe que l’escargot grignote laissant de son passage un travail de dentelle fine.
-le cerisier dépassant majestueux les murs, auquel je m’accroche pour voler ses fruits
je suis un peu chenapan aussi ,
je suis un peu chapardeuse,

Nous sommes en décembre, il ne fait pas froid, les anticyclones se partagent le continent et nous sommes du bon coté de la frontière encore une fois...
Le col ouvert,
un pull jeté sur l’épaule,
je regarde les boules dans les pommiers,
les pères noëls accrochés aux fenêtres,
la guirlande pendue aux oreilles des nains de jardins,
les ampoules de couleurs aux fenêtres,
les couronnes aux portes.
Chacun met un zèle particulier a décorer son bout de chez lui, fut il riquiqui.
La méthode Coué du bonheur en quelque sorte...

Mais lui il n’a nul pareil,
un jardin de nulle part,
un jardin sans adresse,
je veux dire sans travail,
des fleurs, des arbustes au hasard,
va comme tu pousses,
un peu de ci, un peu de ça,
la truffe du chien sous la boite à lettre,
un bout d'herbe un peu terne.

il met d'abord
et c'est une question entendue
il met une crèche
la mère ,le père, l'enfant
l'âne, le veau
le dromadaire
le palmier vert en plastique
le roi noir
des lapins blancs
un autre palmier en plastique
blanche neige
un agneau
deux phoques dans leurs piscines
un esquimaux dans son igloo
des ours polaires et des phoques
la banquise
une poupées babies tout étonnées de se trouver là
frigorifiée dans sa robe à fleurs
son lit, sa chaise
sa maison
des écureuils dans les arbres
un daim de guirlande

Sur tout cela,
suspendues à un fil,
brillent des étoiles de neiges,
elles illuminent la nuit et ce monde en miniature,
imposant une nuit sainte aux lutins,
à la petite foule en ribambelle,
a cette convocation du coffre à jouet,
ils sont tous là,
réunies pour un grand soir qui durera quelques semaines,
et l'enfant doit surveiller son bien,
s'il ne veut retrouver nounours à genoux dans la crèche,
coincé entre Gaspar, Melchior et balthazar,
et dans sa boite, sous le cellophane, Dark Vador, lui-même, n'en mène pas large devant cette invitation, têtue et générale, à participer à la fête, à cette obligation de petit bonheur agencé là entre deux rues et sous un lampadaire.

Que dire d'autre,
Que les rêves d’adultes, comme les fièvres tardives, peuvent être plus dangereux que ceux qui nous taraudent enfant.
Que l'adulte en déraison ne souffre pas de report au lendemain,
Qu’il veut absolument,
il veut parfois,
par nécessité,
il veut parfois,
son père noël...



j'ai fait un certains nombres de photos de ce jardin,mais paresseuse j'ai mis ces photos sur mon adresse facebbok,donc:anne fontaine,bry sur marne,94 360.