La cité des temps figés commentaire

Tassa a écrit:

Suite à ma rencontre inopiné avec un mur,

→ « inopinée »

Tassa a écrit:

Je sais aussi aujourd'hui que les Veilleurs ne m'aurait pas laissaient partir aussi facilement.

→ « laissé »

Tassa a écrit:

Visiblement, cela ne l’enchantait pas. Jared me montra le bracelet qu'il portait au poignet poignet.

→ Pas besoin d'une correction je pense x)

Tassa a écrit:

haut de quelques étages et en forme carré,  à quelques centaines de mètre de la station. 

→ « mètres »

Tassa a écrit:

Et puis, tu as le parc aux lions tout prêt,

→ « près »

Tassa a écrit:

A gauche de l'entrée, nous primes un escalier et montèrent au quatrième étage.

→ concordance des temps

Tassa a écrit:

J'ai eu ce test avec me ventilateur, puis Jared

→ « le »

Tassa a écrit:

- Ça te dérange ?
- Je ris.
- Vu l'atmosphère, tu ne peux pas empirer grand chose.

→ problème de mis en page

Tassa a écrit:

J'ai du mal à croire que je sois réellement mort. Ça c'est passé si vite...

→ « s'est »

Tassa a écrit:

J'ai foulé le sol de quatre continents, visiter des dizaines de villes différentes.

→ « visité »

Tassa a écrit:

et utilisa un robinet pour faire lentement tombé de l'eau dessus

→ « tomber »

Tassa a écrit:

Une sensation de chaleurs descendit le long de ma gorge,

→ « chaleur »

Tassa a écrit:

 et le sucre que Seven avait ajouté atténué le breuvage, le rendant plus facile à boire.

→ « atténuait »

Tassa a écrit:

Maintenant viens t'asseoir, il faut que je te parles.

→ « parle »

Tassa a écrit:

J'étais encore groggy de sommeil, les cheveux en batailles,

→ « bataille »

Tassa a écrit:

 je ne posais que pas de questions,

→ un « que » en trop

Tassa a écrit:

Et je lui parlais de mon excursion dans le parc, de ma rencontrer avec Tom

→ « rencontre »

Tassa a écrit:

Comment ça se passe exactement, un cour chez les Veilleurs ?

→ « cours »

Jared m’entraînait à sa suite dans les rues de Karnak, et je ne cessais de m'émerveiller de la richesse architecturale de la ville.

Suite à ma rencontre inopiné avec un mur, mon examinateur avait jovialement décrété que mon potentiel de Création était suffisant pour prétendre à une formation digne de ce nom, et qu'il allait lui même s'en charger.

En conséquence de quoi, je passais sous l'autorité des Veilleurs jusqu'à la fin de ladite formation.

Jared m'avait présenté cela comme une excellente opportunité à ne pas rater. Je serai logé, nourri, et recevrai même une petite compensation financière.
A vrai dire, nouveau dans la ville et ne connaissant quasiment personne, je ne vois pas bien comment j'aurais pu la refuser. Je sais aussi aujourd'hui que les Veilleurs ne m'aurait pas laissaient laissés partir aussi facilement.

Si la partie de la ville que j'avais déjà visité été construite à même le sable, je me rendis compte que ce n'était pas le cas partout. Jared me fit à nouveau fait monter dans le tram, et au fur et à mesure que nous nous enfoncions plus avant dans Karnak,  le sol se couvrait de planche de bois, de pavé, de béton et de goudron, et même de matières que je ne reconnus pas.

Quelques rares maisons comportaient un jardin.

- Très dur à obtenir, grommela Jared à l'attention d'une de ces demeures devant mon air étonné. Il faut tout un bataillon de maîtres dans l'art de la Création pour arriver à faire pousser quelque chose ici.

Si je rencontrais un nombre conséquent d'embranchements de tramway, ce qui démontrait la densité du réseau, je vis également plusieurs véhicules individuels sillonnant les rues de Karnak. Ici une moto, là une voiture. Je crus même apercevoir au loin un transport ne touchant pas le sol mais planant à quelques dizaines de centimètres au dessus de lui, mais répet. la distance m'empêcha de m'en assurer.

- Je vais m'occuper de ton état civil tout à l'heure. De la paperasse en perspective...

Visiblement, cela ne l’enchantait pas. Jared me montra le bracelet qu'il portait au poignet poignet.

- Cette petite merveille de technologie fait aussi bien office de papiers que de moyen de paiement. Je t'apporterais le tien quand il sera prêt.

Je parlais peu pendant le trajet, répondant seulement à ces questions. J'avais tant à assimiler ! Si c'était un rêve, c'était le plus réel et le plus détaillé que j'avais jamais fait. Mais je crois qu'au fond, j'avais déjà bel et bien compris que je ne rêvais pas et que je venais de rentrer dans un monde aussi mystérieux qu'intriguant.

Nous sortîmes finalement du tram et Jared m'emmena à un bâtiment rouge, haut de quelques étages et en forme carré,  à quelques centaines de mètre de la station.

- Évidement, ce n'est pas un palace, mais tu ne seras pas très loin de la caserne. Plusieurs étudiants Veilleurs logent ici. Et puis, tu as le parc aux lions tout prêt, ce qui est un point non négligeable.

Il passa son bracelet devant la porte d'entrée qui s'ouvrit d'un coup sec vers le haut, libérant le passage.

A gauche de l'entrée, nous primes un escalier et montèrent au quatrième étage. Un long couloir nous y attendait, bordé de portes aux couleurs métalliques. Le bâtiment semblait contenir un nombre important d'appartements.

Jared s'arrêta devant une porte portant le numéro 416, et sortit à nouveau son bracelet. Quelques instants plus tard, nous étions dans mon nouveau chez moi.

- Je vais te laisser t'installer, j'ai beaucoup à faire pour régulariser ta situation. Je viendrais te chercher dans quelques cleps. Installe-toi et attends moi ici.

Jared s'en alla sur ces mots, me laissant seul pour explorer les lieux. Encore un peu hébété par l’enchaînement d'événements qui venaient de se produire, je restais interdit à regarder la porte qu'il venait de se refermer.

Je me ressaisis assez vite, et me mit à explorer mon nouvel appartement. C'était un gros studio, dans les quarante, quarante-cinq mètres carrés. Le vestibule à l'entrée donnait sur trois portes. A gauche en rentrant, les toilettes, avec une armoire à pharmacie accroché au mur, pleine de produits que je ne connaissais pas. En face de la porte d'entrée, la salle de bain. Celle-ci avait un style différent de ce à quoi j'étais habitué, mais agréable à l’œil. Les meubles avaient des formes non pas carré ou rectangulaire, mais pleine de courbes, arrondies. Les murs, bleus foncés, ondulaient eux aussi. Un miroir ornait l'un d'eux, et des cavités creusées sur les autres faisaient office d'étagères. Une petite baignoire grise claire trônait au centre, mise en valeur par  la lumière tamisée provenant du plafond.

Au fond à gauche du vestibule, la pièce principale, elle aussi avec des murs courbés. Un lit coulissait le long de l'un d'eux, pouvant s'enclencher aussi en position canapé. Le mobilier était assez épuré, mais je bénéficiais d'un espace cuisine, futuriste à mes yeux, dans un coin.

Le gros plus était les trois grande fenêtre de la pièce, rendant le tout très lumineux, et donnant vue sur un parc. Probablement celui dont m'avait parlé Jared. Ceux-ci étant très rare à Karnak, je m'estimais chanceux. Oui, cet appartement me convenait très bien.

Une fois le tour du mobilier fait, je commençais à fouiller les placards. On avait mis à ma disposition vêtements, vaisselle, literie, serviettes. Je m'attendais presque à trouver le réfrigérateur garnie et,  commençant à avoir faim, fut un peu déçu de le trouver vide. commençant à avoir faim.  Mieux comme ça non?

Je me sélectionnais une tenue plus familière, optant pour un chino, une chemise et des baskets. Les vêtements étaient un peu petit pour moi, mais ils ferraient l'affaire en attendant de trouver mieux.

Je tirais le lit et m'affalait dessus. Ce tourbillon d'émotions m'avait laissé épuisé.

Je commençais à somnoler quand on frappa à la porte. Jared était-il déjà de retour ?

J'ouvris et me retrouvais face à un inconnu.

- Salut ! Tu es nouveau ici ?
- Euh... oui.
- Je m'appelle Seven.
- Nathan.
- Je t'ai vu arriver avec Jared alors je me suis dit que j'allais venir vous saluer ! Il est toujours là ?
- Non, il est reparti.
- Je vois. Je suis un de ses étudiants. J'imagine que toi aussi ?
- Exact.
- Et bien ravi de faire ta connaissance !

Seven me tendit la main avec enthousiasme, que je serrais. bizarre comme formulation je trouve

- Quand je vous ai vu, je me suis dit qu'il t'installerait ici, c'était le seul appartement encore disponible. Ça fait longtemps que tu es arrivé ?
- A Karnak ? Non, quelques heures tout au plus.
- Ah oui effectivement, tu es nouveau.
- Comment ça ?
- Nous n'utilisons pas les heures ici. Comme le temps est figé, elles n'ont pas cours !
- Comment faites-vous alors?
- Nous utilisons les clepsies. Comme nous n'avons pas de cycle jour/nuit sur lequel nous baser, nous utilisons le seul moyen à notre disposition pour mesurer le temps : les nouveaux arrivants. Le temps entre deux nouvelles arrivées est mesuré puis divisé en unités. Comme les nouveaux n'arrivent pas à intervalles réguliers, la valeur d'une unité change en conséquence. Vu que tu es là, la durée a encore du changer !
- Mais ce doit être horriblement compliqué ! Comment se donner rendez-vous si l'on a pas la même valeur ?
- Tout les appareils sont synchronisés. Quand la durée d'une clepsie change, elle change instantanément pour tout le monde. Naturellement, la Création nous y aide grandement. La Création et la science. Un cocktail détonnant !

Ce faisant, il leva son bras, me laissant voir qu'il portait un bracelet identique à celui de Jared. J'en déduis que ce bijou faisait aussi office de montre.

- Je vois. Et à propos de l'absence de cycle jour/nuit... Tu veux dire que... qu'il n'y a pas de nuit ?
- Et oui ! Bienvenu à Karnak, où le soleil brille en continu !

Incroyable. Ce monde était décidément bien différent de celui que je connaissais.

- Je suis sûr que tout cela doit te paraître bien étrange. Mais ne t'inquiètes pas, tu verras, tu t'y ferras.

Seven ponctua sa phrase d'un sourire bienveillant.

- Tu sais quoi ? J'ai envie d'aller prendre un verre. Tu m'accompagnes ?
- Maintenant ?
- Et oui, pourquoi pas ? C'est l'occasion de faire connaissance, et puis je pourrais te parler de la vie ici, te présenter la ville. Qu'est ce que tu en dis ?
- C'est que... Jared m'a dit qu'il repasserait ici dans quelques cleps... Un raccourci pour clepsies j'imagine ? Mais j'ignore à quelle durée cela correspond ? Ce n'est pas une question en fait, pas de point d'interrogation.
Tu as le temps, cela doit bien faire plusieurs heures. Allez, tu ne vas pas rester enfermé ici tout seul !

Et il me sourit, un sourire franc, sympathique, en me regardant droit dans les yeux. A vrai dire, j'avais eu ma dose d'émotions et de découvertes pour la journée. Mais quelque chose chez lui me plaisait. Et puis, faire la connaissance d'un futur camarade ne pouvait pas être une mauvaise chose, si ? Je me laissais convaincre.

- OK, je te suis.
- Super ! Tu vas voir, on ne s’ennuie pas à Karnak !

Quelques temps plus tard, nous marchions dans la rue. Seven avait affirmé que nous n'allions pas loin, et puisque je ne connaissais pas la ville, c'était l'occasion de m'y promener un peu.

Il était grand, un peu près ma taille (je fais 1m85). Nous devions aussi avoir un peu près le même âge. Mais la ressemblance s'arrêtait là. Trapu, il faisait dix bons kilos de plus que moi, qui suis longiligne. J'ai les cheveux bruns foncés, courts, et lui abordait une crinière blonde.
Je notais qu'il portait des vêtements assez proche de ce à quoi j'étais habitué et l'interrogeait donc sur l'époque dont il était originaire.

- Je suis né à la fin du vingt-et-unième siècle. Mais tu sais, il n'y a pas vraiment de code vestimentaire ici. Certains préfèrent s'habiller comme du temps où ils vivaient sur terre, d'autres changent du tout au tout ! Cela donne un mélange assez cocasse, mais tu as déjà du t'en rendre compte !

Il y a des personnes qui sont naturellement douées avec les inconnus. Elles inspirent confiances. A peine quelques mots échangés qu'elles sont déjà amis avec l'autre. Bien que pas particulièrement timide, je n'étais pas une de ces personnes.

Mais Seven avait quelque chose qui me mettait à l'aise, et la conversation pris rapidement une tournure enjouée.

- Franchement je suis sûr que tu vas adorer Karnak ! Je ne suis pas ici depuis très longtemps, mais je m'y plais déjà.
- Quand es-tu arrivé ?
- Il y a un peu plus de 500 clepsies. Quand on a aucune notion du temps, c'est assez dur à convertir, mais je pense que cela doit faire l'équivalent de plusieurs semaines.
- Et tu suis l'entraînement des Veilleurs depuis ?
- Oui. Tu verras, l'entraînement n'est pas facile, mais très intéressant. Comment s'est passé ton épreuve ?
- Bien, je crois. J'ai eu ce test avec me le ventilateur, puis Jared m'a demandé de courir, mais je n'arrivais pas à avancer.
- Il m'a fait le coup à moi aussi. Je me rappelle, c'était assez angoissant de ne pas pouvoir faire un pas.
- Et ensuite je me suis retrouvé je ne sais trop comment projeté en avant.  
- Je m'y attendais, Jared ne prends que les élèves qu'il trouve prometteur. Bravo, tu as réussi avec brio une des épreuves les plus compliquées !

Parler me faisait du bien. Savoir que Seven était arrivé et avait subi les même épreuves que moi il y a peu avait quelque chose de rassurant. Nous continuâmes à deviser joyeusement jusqu'à ce qu'il m'indique la façade d'un bâtiment.

- J'aime bien cet endroit, et il a le bon goût de ne pas être trop loin ! L'entraînement des Veilleurs ne rigole pas, on a peu de temps libre, alors c'est toujours ça de pris !

Il y a des devantures qui ne trompent pas. Dans toutes les villes du monde, un bar reste un bar.  Et j'avais devant moi un exemple typique. Quelques tables, pour le moment vide, et deux tonneaux ornés de parasols se tenaient devant l'enseigne. Accrochée derrière la baie vitré, une ardoise annonçant les prix. Le nom du lieu, « L'eau peine bar », était écrit en lettres rouges au dessus. Je franchis le seuil.


La première chose que je remarquais à l'intérieur fut l'atmosphère enfumée. Des bancs de fumée parfumée ça fait un peu trop de é, vapeur pourrait remplacé ;-)englobaient toute la pièce, plongent les meubles et les visages dans un léger brouillard. On passait de la musique, discrète mais entraînante. La décoration était noir et rouge. Les murs et le comptoir du bar étaient fait en pierre, recouverts par endroit de panneaux de bois vernis, le tout conférant un aspect assez chaleureux à l'endroit. Quelques clients utilisaient un genre de narguilé, explication logique de la fumée.

- Allons à l'étage, on sera plus tranquille pour parler.

Je suivis donc Seven qui dénicha une table libre dans un coin. Celui-ci sortit un objet compact de sa veste, que j’identifiais après un court instant comme une cigarette électronique.

- Ça te dérange ?
- Je ris.
- Vu l'atmosphère, tu ne peux pas empirer grand chose.
- Tu as raison. Tu en veux ? J'en ai une deuxième.
- A vrai dire, j'aimerais beaucoup m'en griller une vraie !
- Je ne peux pas t'en offrir, je n'en ai pas! Je trouve le goût de ceci celle-ci ? bien meilleur !
- En fait, je n'aurais pas dit non à une dose de nicotine après toutes ces émotions ! Il y en a dedans ?

Seven secoua la tête.

- Désolé.
- Et bien, faisons comme si !

Je prenais le vapoteur que me tendait Seven, l'allumait et inspirait longuement. La vapeur pénétra ma gorge, remplit mes poumons. Un goût sucré rappelant le café m'envahit. J'expirais à la fois par la bouche et le nez. Ma bouffée créa un nuage dense, à ma grande satisfaction. Je notais que celui-ci était légèrement coloré, d'un gris bleu. Seven recrachait de petits ronds tirant sur le rouge. Amusé, j'essayais de faire de même.

Malgré l'absence de nicotine, fumer me fit du bien, et je pris conscience de la crispation qui avait habité mes muscles à mesure que ceux-ci se détendirent. Je repris une bouffée.

- J'ai du mal à croire que je sois réellement mort. Ça c'est passé si vite...
- Moi aussi. Que t'es-t-il arrivé ?
- Une camionnette. Je n'ai même pas eu mal.
- Mort sur le coup ? Tu as eu de la chance. Pour certains, ça a été très douloureux.
- Ça l'été pour toi ?
- Non, je suis parti rapidement. En fait, on m'a tiré dessus. Je me suis évanoui très vite, et puis je me suis retrouvé dans ce fichu désert.
- Non ! Mais c'est horrible ! Pourquoi t'a-t-on tiré dessus ?
- Un braquage d'une bijouterie qui a mal tourné. J'y cherchais un cadeau pour l'anniversaire de ma mère. Mauvais endroit, mauvais moment.
- Je digérais l'information, et nous restâmes silencieux quelques temps instants serait mieux placé je trouve. C'est Seven qui brisa le silence.
- On boit quelque chose ?
- Je veux bien, mais je n'ai pas d'argent pour payer.
- Aucune importance. Tu connais le Mauo ?
- Non.
- On prend ça alors ! Tu vas adorer !

Il s'était déjà levé avant que je puisse lui demander ce que c'était. Je haussais les épaules. Après tout, quelle importance ? Dans ma vie sur terre, j'ai eu la chance de pouvoir voyager. J'ai foulé le sol de quatre continents, visiter des dizaines de villes différentes. Je suis allé prendre un verre dans presque chacune de ces villes, que ce soit après une dure journée de labeur, pendant un après-midi ensoleillé ou un soir de festivité. Perdu au milieu d'étrangers, j'y ai rencontré des gens extraordinaires. Loin de chez moi, je me suis souvent laissé guider par des locaux. Ils m'ont parlé d'endroits à visiter, de choses à faire, de restaurants à découvrir, de cocktails à essayer. Je ne crois pas avoir jamais regretté une seule de ces expériences.

En attendant Seven, j'étudiais les autre clients. C'est une activité typiquement humaine dont on ne parle quasiment jamais mais à laquelle nous nous livrons tous avec plaisir. Nous aimons observer nos congénères. Quand je me retrouve seul dans un endroit, au café comme ici, ou dans les transports, ou encore à attendre un ami dans le hall d'un cinéma, j'aime regarder les gens autour de moi.

Le premier étage était moins peuplé que le rez de chaussée, mais tout de même loin d'être vide. Pas très loin à ma gauche, deux filles asiatiques étaient en grande discussion, ponctuée d'éclats de rire. L'une d'elle croisa mon regard et je détournais les yeux. Plus loin, un couple d'un certain âge se tenait la main. L'homme avait les bras couvert de tatouages que j'admirais un moment. A droite, un groupe important occupait une grande table, et même si je n'entendait pas ce qu'ils disaient, je pouvais dire qu'ils avaient l'air de s'amuser.

Seven revient avec un plateau, sur lequel était posé un étrange vase à quatre robinets, une bouteille contenant un liquide rouge foncé, ainsi que deux coupes.

- Ça se prend comme de l'absinthe. Tu vas voir, c'est délicieux.
- C'est fort ?

Seven me répondit avec un sourire malicieux.

- Tu sais, on ne meurt qu'une fois dans sa vie. Avoir une autre vie qui se profile ensuite... Si ce n'est pas l'occasion de faire la fête, quelles sont les bonnes occasions ?

N'y trouvant rien à redire, je haussais les épaules. Seven posa une cuillère sur un verre et y mit un sucre, puis et utilisa un robinet pour faire lentement tombé de l'eau dessus. Le liquide se troubla, et il me tendit la coupe.

- Ça me gène un peu que tu m'invites.
- Ne t'inquiètes pas de ça ! Ça me fait plaisir, vraiment. J'ai envie, même besoin, de m'amuser !
- Merci, alors.

Seven se servit également, et je levais mon verre.

- A nous, et à cette nouvelle vie qui commence !
- A cette nouvelle vie qui commence !

Je portais ma coupe à mes lèvres. Une sensation de chaleurs descendit le long de ma gorge, caractéristique des alcools forts. Le Mauo avait un arrière goût de citron, pas désagréable en bouche, et le sucre que Seven avait ajouté atténué le breuvage, le rendant plus facile à boire.

- C'est bon !
- Je te ressers ?
- Avec plaisir.

Quelques temps plus tard, nous marchions sur le chemin du retour. Une douce ivresse m'emplissait. Mes pas ne devaient pas être très droits, mais je n'en avais cure, et nous parlions avec entrain. Alors que j'écoutais Seven me régaler d'une histoire, une pensée me vint.

- Je peux te poser une question ?
- Je t'en prie.
- Tout à l'heure, tu as dit que tu avais envie, même besoin, de t'amuser. Qu'est ce que tu voulais dire par là ?

Seven s'arrêta. Une ombre passa dans ses yeux. Ma question était-elle indiscrète ? Ne voulant pas jeter un froid, je m'excusais.

- Pardon, je me mêle de ce qui ne me regarde pas. Tu n'as pas obligé de répondre.

Il reprit contenance.

- Non, ne t'inquiètes pas. Je vais te répondre. De toute façon, tu t'en rendras vite compte par toi même. C'est juste que... comment dire...

Il chercha ses mots un instant.

- Comme tu le sais, nous sommes morts, et dans un endroit hors du temps. Quand je suis arrivé ici, je me suis rapidement demandé... Que se passe-t-il, ailleurs ? Le temps continue-t-il sa course ? Les personnes que nous avons connu continuent-t-elles de vivre, sans nous ? Sont-elles déjà mortes ? Où même déjà nées ? Et est-il possible de les rejoindre ?

Je l'écoutais, silencieux.

- Si le temps forme bien un boucle, il devrait donc être possible de les revoir non ? Il y a juste à attendre que la boucle revienne à la bonne place. Mais dans ce cas, un autre nous aura-t-il pris notre place ? Et quand bien même... J'ai demandé, autour de moi...

Suspendu à ces lèvres, je ne bougeais pas un cil.

- Personne n'a jamais réussi à quitter cet endroit. Nous sommes coincés ici. Et notre vie passé... et bien elle est hors de notre portée.

Seven sourit tristement, du moins il essaya.

- Ma famille, mes amis... ils me manquent. J'aimerais pouvoir leur dire que je vis toujours, que je pense à eux. Mais je ne sais comment.

Tout d'un coup, je me sentis totalement dégrisé. Je pensais moi même à mes proches, et mon cœur se serra. Les reverrai-je jamais ?
Le reste du chemin se fit dans le silence. Notre enthousiasme avait volé en éclats, et chacun ruminait ses pensées.
La résidence, rouge, nous attendait sagement là où nous l'avions laissé. Seven me raccompagna à ma porte. Avant de partir, il s'excusa.

- Désolé d'avoir cassé l'ambiance.
- Non, ne t'excuse pas. C'est moi qui ai posé la question. Et puis, je comprends...
- Mais tu sais, ce n'est pas parce que personne n'a réussi avant nous que c'est impossible !
- Tu crois ?
- J'en suis sur. Après tout, nous vivons dans un endroit magique, extraordinaire ! Qui peut dire quelles sont les limites de le Création ?
- Pas moi en tout cas.
- Il y a toujours de l'espoir.

Essayait-il de me convaincre moi, ou lui même ?

- En tout cas, j'ai été ravi de faire ta connaissance.
- Moi aussi. Merci de m'avoir invité.
- Tout le plaisir était pour moi. On se revoit très vite !

Il m'adressa un clin d’œil et pris congé.

Je refermais la porte de mon nouveau chez moi et allait m'écrouler sur le lit. Je tombais de fatigue.
Malgré tout, le sommeil fut long à venir. A moitié réveillé, à moitié endormi, je laissais mes pensées dériver.

Je revoyais Bahha et notre traversé dans le désert, la découverte de Karnak. Je revivais ma rencontre avec Jared, mon épreuve à la caserne des Veilleurs. Et je pensais aussi à ma famille et mes amis, laissé en cette année 2012.

Me croyaient-ils morts ? Étaient-ils eux-même morts ? Comme j'aurais aimé les revoir, les serrer dans mes bras. Je n'avais même pas pu leurs dire au revoir.
C'est dans son tourbillon d'émotions et de questions que je sombrais finalement dans le sommeil.Naturellement, celui-ci fut agité, trouble. Je rêvais d'une camionnette me poursuivant à travers des rues recouvertes de sable. Le conducteur, que je ne voyais pas, avait passé une main à travers la vitre et me tirait dessus en même temps qu'il essayait de m'écraser.

On frappa. Je me réveillais en sursaut, couvert de sueur. Je me levais, passant la main sur mon visage en essayant de chasser mes terreurs nocturnes. J'avançais d'un pas chancelant.

Une petite commande près de la porte permettait son ouverture. Je l'actionnais, et elle remonta d'un coup sec.

Un grand chauve se trouvait sur le seuil. Jared.