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| | Création RP : Mentalius et Djevelen/ Serpentaire et Karagorn | |
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Djevelen Roi des posts ? Oui, ça me va
Nombre de messages : 1281 Age : 22 Localisation : Dans les vapes... Loisirs : Etre ici, tout simplement. Date d'inscription : 30/08/2016
| Sujet: Création RP : Mentalius et Djevelen/ Serpentaire et Karagorn Lun 12 Déc 2016 - 15:20 | |
| Ici, nous posterons l'histoire qui se déroule entre les deux réunions ! Nous serions heureuses si nous avions des retours, bye ! - Partie 1 :
Karagorn était arrivé la veille.
Il était venu à Zodiaque, le royaume des astroniens, accompagné d’une garde rapprochée composée des meilleurs guerriers qu’Imaro pouvait compter, dans le but de récupérer les armes que Serpentaire lui avait promises. Le voyage, long et fastidieux, l’avait profondément ennuyé et il avait été content d’arriver. Lui et ses hommes avaient dû traverser les hautes montagnes d'Aquila pour rejoindre la cité, ce qui leurs avaient pris cinq jours. Néanmoins, bien que l’on soit déjà six mois après la réunion commerciale, le peuple des astroniens ne l’avait absolument pas considéré comme un précieux allié et son accueil avait été dérisoire. Rares étaient ceux l’ayant reconnu. La souveraine n’avait même pas prit la peine de venir le saluer en personne et il s’était vu conduit dans les bas-fonds de la ville pour y passer la nuit. Excédé d’être ainsi relégué au rang de simple paysan, c’est d’une humeur noire qu’il se présenta le lendemain matin au palais royal.
Serpentaire l’accueilli cette fois-ci avec un sourire tranchant littéralement avec l’humeur de son allié. Elle avait fait exprès de le mettre en rogne car elle aimait le voir en colère. Elle trouvait qu’ainsi, il était capable de décisions dont nul n’aurait osé ne serait-ce que penser, et qui pouvaient être les seules valables. Vêtue d’un kimono aux motifs floraux dans les tons bleus-violets, elle avait rassemblé ses cheveux en un harmonieux chignon maintenu à l’aide de baguettes. A ses cornes étaient accroché des breloques brillantes et certainement symboliques qui éclairaient son visage de reflets mordorés.
Les deux dirigeants marchèrent lentement, sans dire un mot, à travers les couloirs stylisés et gravés de runes diverses en attendant l’heure du rendez-vous. Enfin, quand celle-ci fut arrivée, ils parvinrent à une aile isolée du palais. En son centre se trouvait un magnifique jardin d’hiver où poussaient des variétés de fleurs et de plantes si nombreuses qu’il eut été vain de vouloir les énumérer. Recouvert d’un dôme de verre par lequel s’infiltraient les rayons du soleil matinal, une douce chaleur se propageait dans l’immense serre. Des chants d’oiseaux totalement inédits trahissaient la présence d’espèces inconnues, sûrement ramenées de nombreux voyages princiers. Savamment dosé par l’assemblage des fleurs, des parfums entêtant montaient au nez des visiteurs. Serpentaire conduisit Karagorn jusqu’à un pavillon surélevé. Sur celui-ci, une table et des chaises joliment ouvragées étaient disposées de sorte à accueillir n’importe quel visiteur. Un pichet trônait sur un guéridon de fer forgé, ainsi que des verres et des fruits exotiques.
Une vieille dame attendait les deux souverains. Droite dans son fauteuil en osier, elle fixait les nouveaux venus d’un air suspicieux. Des écailles vertes entouraient ses yeux de jade, lui conférant une aura mystique. Ses cheveux blancs, parés d'un voile noir brodé de ronces, sa peau tendue, ses longues mains fines et sa robe noire contrastant avec le kimono de la reine, la faisait paraître sans âge. Il s’agissait de Dame Eve, la grand-mère de Serpentaire. Cette dernière s’avança prestement tout en saluant la vieille femme d’un geste, certes expéditif, mais tout à fait poli. Karagorn, quant à lui, s’inclina profondément devant la doyenne. Eve le jaugea d’un regard exigeant, puis toussota, signe qu’il pouvait se redresser.
« Seigneur Karagorn, prenez place je vous prie. »
Sa voix grinçante et hautaine résonna dans l’espace clos, interrompant le chant des oiseaux. Karagorn, méfiant, suivi le conseil de cette vieille harpie. Elle était connue partout dans Historia comme étant une femme méprisante et cruelle que rien ne pouvait émouvoir.
« Bien, reprit-elle, en espérant que vous ailliez fait bon voyage, je propose que nous en venions tout de suite au sujet qui nous réunis ici aujourd’hui. »
Karagorn, énervé par le misérable accueil qu’on lui réservait depuis la veille, répondit tout autrement qu’il ne l’aurait fait d’habitude.
« Cela va de soi que nous n’allons pas parler de la coiffure de la reine Alanta ! grogna-t-il. En revanche, pouvez-vous m’expliquer pourquoi vous devez y assister, Dame Eve, alors que vous n’êtes même pas à la tête du royaume ? »
La vieille femme le fixa d’un regard grondant de colère tandis que Serpentaire s’enfonçait un peu plus dans son siège.
« Ecoutez-moi bien, commença la mégère en avançant son buste, vous n’étiez pas né que je détroussais déjà bien des chevaliers enorgueillis par leurs fonctions et les pendaient par leurs tripes sur la place publique ! Je suis ici pour conseiller ma petite-fille car je ne suis pas sûre qu’elle prenne des bonnes décisions ! »
Cette dernière préféra ne rien dire, dépitée. Dame Eve chaussa ses lunettes rondes, cerclées de fer, et soupira.
« Bon, revenons à nos crapauds. Ma petite-fille m’a informée qu’elle vous avait promis cinq de nos Eunectes, nos nouvelles armes hyper-développées. »
Elle s’interrompit et leva sa main droite couverte de tatouages entremêlés.
A cet instant, au grand étonnement de Karagorn et de Serpentaire, un garde surgit de nulle part et s’approcha furtivement avant de s’accroupir devant sa maîtresse. Celle-ci murmura « Qu’on me l’apporte » et le soldat reparti en inclinant la tête. Quelques secondes plus tard, il revint avec, dans ses mains, une boîte d’un rouge satiné.
La harpie s’en empara avant de renvoyer le garde.
« Cher Karagorn, voici donc l’Eunectes, l’arme révolutionnaire que nous allons vous céder, ainsi que quatre autres. Je suppose que ma fille ne vous a rien divulgué sur celle-ci ? -Je ne sais que le minimum, avoua Karagorn, impatient d’en apprendre plus. -Le minimum ? releva Dame Eve d’une voix pincée. C’est-à-dire ? Qu’entendez-vous par minimum ? » A ce moment, Serpentaire réagi :
« Tout va bien, je lui ai seulement dit qu’elles permettaient de contrôler l’esprit de l’ennemi. Rien de plus, soyez en certaine. -C’est déjà trop, murmura la doyenne, excédée. Mais bon, nous n’allons pas nous appesantir sur la question. Reprenons. »
Et c’est d’un mouvement fluide qu’elle retira le couvercle de la boîte d’où elle sorti précautionneusement une boule de circonférence moyenne, un peu plus large qu’une main. Le dispositif était fait d’un métal que Karagorn n’avait jamais vu. Striée de fines entailles faisant le tour de l’engin qui renvoyait les rayons lumineux, l’arme était magnifique, si tant est que l’on puisse utiliser ce genre de qualificatif pour un instrument de guerre. Voyant qu’Eunectes créait une forte attraction sur Karagron, Eve la lui plaça dans les mains, un sourire fourbe au coin de son visage. Délicatement, le seigneur l’observa sous toutes les coutures. Elle était d’une douceur étonnante pour une chose de métal et il était difficile d’en ôter ses mains. Tandis qu’il l’observait, Eve reprit :
« Cette arme est donc conçue, comme vous le savez, pour contrôler l’esprits des ennemis. En effet, si vous la lancez sur le camp ennemi, la vitesse du vent entrant dans ses rainures l’ouvrira et son contenu se répandra sur l’armée adverse. -Son contenu ? s’étonna le tyran, s’arrachant avec difficulté à la contemplation d’Eunectes. »
La vieille femme hocha la tête, mais ce fut au tour de Serpentaire de lui expliquer :
« Faites attention en la maniant. A l’intérieur se trouve notre arme destinée aux êtres vivants. En effet, l’arme n’est pas la boule en soi, mais plutôt ce qui en occupe l’intérieur. Invisibles à l’œil nu même par des Elessariens, les micros-puces s’y trouvant peuvent, grâce à l’air, s’accrocher aux corps présents sur leurs chemins. Ensuite, elles injectent un liquide anesthésiant ayant pour propriété l’endormissement des fonctions motrices du porteur. Puis, avec des bandeaux munis d’une multitude de capteurs portés par nos experts, nous pouvons contrôler à distance les infectés. »
Ebahi devant technologie aussi poussée, Karagorn se contenta d’acquiescer lentement. Intérieurement, il jubilait. Avec pareilles armes associées à sa puissante armée, il allait pouvoir conquérir bien plus de royaumes qu’il n’en avait jamais rêvés. Il replaça délicatement Eunectes dans sa boîte que Dame Eve s’empressa de confier de nouveau à son garde embusqué derrière les arbres entourant le pavillon.
« Je ne regrette vraiment pas d’avoir passé cet accord avec vous, minauda le tyran tout en se frottant les mains… Me garantissez-vous leurs bons fonctionnements ? »
Là encore, le soldat apporta un parchemin couvert d’une écriture délicate sur un signe d’Eve. Serpentaire intercepta le papier avant sa grand-mère, qu’elle fixa d’un air outrée. Elle n’en pouvait plus d’être spectatrice alors que c’était elle qui avait passé cet accord et, surtout, à la tête des astroniens !
« Par ce contrat signé de ma main, commença-t-elle en présentant le document à Karagorn, nous vous assurons l’état de nos machines. Eunectes est en parfaite santé, si l’on peut dire. Pour tous problèmes techniques, vous serez bien évidemment dédommagé en conséquence. -En parlant de dédommagements, la coupa l’homme vêtu de noir, combien coûtent vos petites merveilles ? »
Karagorn n’était pas dupe. Il se doutait bien que de telles armes n’étaient pas gratuites. Les deux femmes se regardèrent et hochèrent la tête. D’un commun accord, Serpentaire reprit la parole :
« Nous sommes enclines à vous en faire don. »
Karagorn s’étouffa.
« PARDON ?! s’étonna-t-il en toussant fortement. »
Avant de reprendre, la reine sourit.
« Sous certaines conditions, bien sûr. Voyez-vous, nous serions heureuses de vous offrir plus d’armes que ce que stipule le contrat si vous nous protégez. En effet, si nous vous donnions cinq armes, Historia se plierait presque entièrement à votre volonté. Néanmoins, nous, les fournisseurs, n’ayant pas une armée aussi développée que la vôtre, nous mourrions. En effet, nous avons les armes et vous avez l’armée. C’est pourquoi, nous sommes d’accord pour vous fournir plusieurs armes en échange de votre protection. »
Karagorn n’en croyait pas ses yeux. Il était venu jusqu’ici pour se faire livrer cinq armes, avait été reçu comme un chien, traité comme un pauvre et voilà qu’on lui proposait, en somme, autant d’arme qu’il le voulait ? Il en aurait sauté de joie ! Il s’empara prestement du contrat, en vérifia brièvement le contenu, puis le signa d’une traite. Les deux femmes, heureuses, se tordaient les mains. Et alors que Karagorn allait prendre congé, Eve s’enquit :
« Seigneur Karagorn, maintenant que cette histoire est réglée en bonne et due forme, il me tarde de vous poser une question. Me le permettez-vous ? »
Le tyran se figea. Il n’aimait guère le ton de la mégère. Il cachait quelque chose qui, il le savait, ne saurait lui plaire. Cependant, bien qu’il l’eu souhaité de toute son âme, il ne pouvait se dérober à ses bienfaiteurs. Il se crispa tout en répondant à la vieille femme :
« Mais faites donc, je vous en prie… »
Eve frappa dans ses mains et ses lunettes glissèrent sur son nez, laissant apparaître ses petits yeux perfides. Serpentaire, quant à elle, fixait toujours sa grand-mère, interloquée.
« Voyez-vous mon ami, je ne voudrais en aucun cas empiéter sur votre vie privée, mais il me semblait primordial d’en apprendre plus sur notre allié le plus précieux… minauda Dame Eve, envahissante. »
Et voilà. Karagorn était coincé. Elle l’avait elle-même défini comme un ami et son allié le plus précieux. A son plus grand dam, il était désormais obligé de répondre. « Maudite soit-elle ! » Jura-t-il intérieurement.
« En effet, il me semble important de savoir si vous comptez vous marier. »
Le tyran et Serpentaire ne s’était absolument pas attendus à cela. L’un se contenta de fixer son interlocutrice avec un air de parfait crétin tandis que l’autre se prit à observer son invité, une lueur perçante dans les yeux.
« … me… marier ? répéta Karagorn d’une faible voix. »
Intérieurement il bouillonnait. Qu’est-ce que cela voulait dire ? Qu’est-ce qu’elle en avait à carrer de son mariage ?! Et que l’on ne vienne pas lui dire que c’était pour savoir si elle se ferait une alliée en plus, parce que c’était totalement faux. Elle se doutait bien qu’il n’allait pas s’unir avec la souveraine d’un autre royaume étant donné qu’ils étaient tous ses ennemis, enfin ! Soudain, Karagorn surprit quelque chose qui le laissa pantois. Dame Eve avait jeté un micro-regard vers Serpentaire. Un micro-regard teinté d’appréhension. Ce constat le fit exploser de rire. Les deux femmes sursautèrent de ce bruit soudain qui avait fait cesser les chants d’oiseaux ayant repris quelques instants plus tôt. Karagorn, lui, était aux anges. Cette mégère n’était donc pas si forte que cela ! Elle avait réussi à créer le doute et peut-être même la peur en lui, mais un seul regard de sa part venait de tout gâcher ! De grâce, on ne pouvait faire plus mauvais en termes de discrétion !
Karagorn se calma avant de reprendre d’une voix forte :
« Par Kaaros, il fallait le dire directement, voyons ! -Dire quoi ? interrogea Serpentaire, les yeux plissés.
L’homme s’adressa à Eve.
« Il fallait le dire que vous vouliez que je me marie avec votre petite-fille, cela aurait été plus court ! s’exclama-t-il en riant de nouveau. -HEIN ?! s’insurgea la concernée. »
Elle se tourna vers sa grand-mère qui fixait le tyran, visiblement horrifiée d’avoir été démasquée.
« Qu’est-ce que cela veut dire ? exigea la souveraine. »
C’était d’un ton autoritaire, d’un ton de reine, qu’elle avait posé la question. Un ton qui laissait entendre que, s’il n’obtenait pas de réponse, ça se passerait très mal. Même pour Dame Eve.
Cette dernière ayant compris le message, mais néanmoins de mauvaise foi, nia.
« Je ne vous permet pas pareilles affirmations, s’écria-t-elle la voix chevrotante. Je… Jamais je ne vous donnerais ma petite-fille ! »
La petite-fille en question fixait sa grand-mère d’un air affligé. Elle la trouvait désormais déplorable. Jamais elle ne s’était affichée comme ça ! De plus, elle avait manigancé quelques chose dans son dos, comme à son habitude, mais, pour la première fois s’était faite prendre avant qu’elle n’ait réussi !
« C’est tant mieux, reprit Karagorn, interrompant les pensées de la souveraine. Sachez qu’elle n’est absolument pas à mon goût. -Comment osez-vous… commença Eve d’une voix si aigue qu’elle en devenait ridicule. »
Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase que déjà Karagorn prenait congé :
« Sur ce, bonne matinée mesdames ! »
Et il s’enfonça dans la verdure ambiante, ses bruits de pas cachés par le pépiement des oiseaux reprenant.
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| | | Djevelen Roi des posts ? Oui, ça me va
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| Sujet: Re: Création RP : Mentalius et Djevelen/ Serpentaire et Karagorn Ven 16 Déc 2016 - 17:23 | |
| Alors, on ne peut pas qualifier cette partie de partie deux car elle ne suit pas la partie une. Elle a lieu après la cérémonie du mariage. - Voilà ! Désolé pour la taille :
Lorsqu’il arriva dans la chambre de sa femme, Karagorn se retrouva encore dans une de ces pièces qu’il ne faisait que traverser depuis dix minutes : une grande salle ouverte à l’aide de colonnes torsadées et sculptées. Il lâcha un grognement d’exaspération. Il détestait ce type d’architecture, surtout lorsqu’il devait y dormir ! Le froid entrait par toutes les ouvertures et gelait la moindre parcelle de peau n’étant pas enfouie sous quarante kilomètres d’épaisses couvertures. Rien qu'en y pensant, le tyran fut parcouru d’un désagréable frisson. Encore vêtu de ses vêtements de cérémonie, Karagorn s’avança dans la vaste pièce. Et alors qu’il commençait seulement à se détendre quelque peu après tout ce qu’il s’était passé dans la journée, une douce mélodie vint irriter ses oreilles. Il grogna de nouveau. Comment voulaient-ils qu’il dorme dans un endroit aussi froid si, en plus, des guignols s’amusaient à grattouiller leurs instruments démoniaques ?! Il sorti précipitamment de la pièce et se dirigea dans la direction d’où provenait la musique, fermement décidé à trancher les mains de cet énergumène qui l’empêchait de dormir ! Là ne fut pas sa surprise, en débouchant sur un charmant petit jardin aux mille couleurs, de surprendre Serpentaire jouant de la harpe. Entourée d’arbres, de fleurs, et gracieusement assise sur une souche, on eut dit une nymphe d’un autre monde. Ses cheveux noirs relâchés sur ses épaules graciles lui conféraient une aura mystérieuse. Sur son cou reposait un serpent aux écailles multicolores ondulant au rythme de la mélodie. Seules les lanternes et les lucioles permettaient d’y voir quelque chose. Karagorn, non sans une profonde hésitation, s’avança dans ce monde à part, hors du temps. Serpentaire, occupée comme elle l’était, n’avait pas entendue arriver le chef guerrier. Elle se laissait porter par la musique enchanteresse naissant sous ses doigts et, se croyant seule, se mit à chanter dans sa langue. Ce n’est que lorsqu’elle entendit une branche craquer derrière elle qu’elle s’arrêta net. Elle se tourna prestement, imitée par le serpent accroché à son cou. « Que faites-vous là, Karagorn ? s’insurgea-t-elle un peu trop sèchement au goût de son mari. -Je venais voir qui était à l’origine de cette musique pour lui sommer d’arrêter, répondit-il nonchalamment en haussant les épaules. -Et bien c’est chose faite ! » Et Serpentaire, excédée, se leva tout en lui lançant un regard noir. Cette après-midi, lors de leur mariage, il n’avait nullement respecté les coutumes astronnienes. En règle générale, les mariés s’attachaient ensemble les poignets d’un ruban rouge. Cette union matérialisée par le filin était le symbole de leur amour mutuel. Karagorn, lui, avait refusé pareille entrave à ses gestes, pour ne citer que ses mots. Serpentaire en avait été profondément meurtrie. Pour elle, c’était une injure sans pareilles. « Allez, rentrons, reprit le monarque. Je vais déjà passer une mauvaise nuit à cause de vos pièces ouvertes au froid nocturne, inutile, en plus, de s’éterniser ici. » Et tandis qu’il tournait le dos à Serpentaire, se mettant en marche sans attendre de réponses, cette dernière l’interrompit : « Attendez ! Nous avons encore une chose à accomplir pour sceller notre union ! » Karagorn s’immobilisa, avant de se tourner et cracher d’une voix irritée : « Je croyais que vous, les astroniens, en tant que peuple bien plus gracieux que les autres habitants ce monde, vous aviez le sexe en horreur. » En effet, toujours d’après les coutumes astronnienes, le sexe était chose immonde. Les plaisirs charnels étaient considérées presque comme une hérésie. Karagorn, lorsque sa femme le lui avait annoncé, était entré dans une colère noire, non pas parce qu’il y tenait particulièrement, mais parce qu’il avait l’impression que les astroniens se considéraient au-dessus de tous les êtres humains de ce monde. Comme des dieux n’ayant pas besoin de se laisser aller aux plaisirs des mortels. Pendant qu’il parlait, la reine avait saisi une lanterne simple, juste faite de toile beige. Néanmoins, elle reprit d’une voix outrée : « Je ne parlais pas de ça, nous devons allumer une lanterne avant de la laisser s’envoler dans le ciel pour montrer au monde que nous nous sommes mariés. -Vous êtes la reine, reprit son conjoint, la nouvelle aura tôt fait de se répandre telle une traînée de poudre dans tout le pays. » Cette fois, c’en était trop pour la jeune mariée. Elle éructa : « J’ai dû me taillader l’avant-bras comme si j’étais suicidaire pour mélanger mon sang avec le vôtre et me faire tatouer vôtre stupide emblème sur l’épaule ! » Elle se dénuda le bras, laissant ainsi apparaître le dessin au tracé encore légèrement rouge de deux serpents ailés s’entremêlant harmonieusement comme preuve de ce qu’elle avançait. « J’ai respecté toutes vos foutues coutumes ! Et vous, vous n’avez même pas la politesse de faire de même ? Ce n’est tout de même pas si compliqué de garder un fil rouge attaché au poignet durant une journée, non ? Serait-ce trop lourd pour vos biceps ? » Lorsque Karagorn répondit, sa voix n’était plus qu’un grondement sourd. « Je vais de ce pas vous rappeler certains éléments de VOS coutumes ! Vous vous êtes tailladée le bras telle une suicidaire avec le sabre qu’il est coutume, chez VOUS, d’offrir aux mariés. J’ai fait de même avec le sabre que VOUS m’avez offert. De plus, toujours selon VOS coutumes, les personnes reliées par un ruban rouge sont des personnes qui s’aiment. Or, il n’y a pas une once d’amour dans notre mariage ! Pas besoin, donc, de s’encombrer de choses inutiles. » Serpentaire, indignée, fixait le tyran d’un regard qui n’annonçait rien de bon. Elle avait envie de lui sauter à la gorge et de lui faire ravaler ses propos à grands coups de points. Elle n’en fit rien car, à son plus grand étonnement, il reprit : « Je vais tout de même allumer cette fichue lanterne avec vous… » Ses yeux fixèrent le sol. « … Plus vite ce sera terminé et plus vite je pourrais aller dormir. » Et sur ces mots, il s’avança vers elle et s’empara de la lanterne qu’elle tenait encore entre ses mains. Lorsqu’ils rentrèrent en contact, ils se figèrent. Chacun observa l’autre dans les yeux, voulant déceler les émotions de leur conjoint. Karagorn baissa les siens vers l’objet qui était désormais en sa possession, qu’il alluma à l’aide des autres lanternes accrochées aux branches. Et, dans un même geste, ils lancèrent le frêle objet dans les airs, par une trouée entre les arbres. Contrairement à ce à quoi s’était attendue Serpentaire, son mari resta à ses côtés jusqu’à ce que la lanterne disparaisse dans l’obscurité de la nuit. Puis, tous deux se retirèrent dans leur chambre. Karagorn se dirigea immédiatement vers le lit qui avait été préparé pour lui tandis que la souveraine tirait les lourds rideaux servant à fermer les larges ouvertures. Elle se défit de son kimono afin d’enfiler une robe plus légère. Elle s’étonna de voir que Karagorn avait eu la décence de détourner le regard. Il avait levé les yeux vers le plafond, découvrant ainsi une fresque représentant la voûte céleste. Pour rien au monde il ne l’aurait avoué, mais il la trouva magnifique. Malheureusement, il se savait totalement incapable de nommer une seule des constellations représentées. L’astronniene, un sourire aux lèvres devant son air béat, se glissa dans son propre lit et souffla les bougies placées à son chevet. Et alors que Karagorn pensait qu’elle s’était déjà endormie, elle murmura d’une voix douce : « Mugalayu, Karagorn. » Il resta un moment interdit, ne sachant s’il avait rêvé ses quelques mots ou si elle les avait réellement prononcés. « Pardon ? finit-il par chuchoter en retour. -Cela veut dire bonne nuit, Karagorn. » Ce dernier, étonné, se surprit à répondre : « … Mugalayu, Serpentaire… » La reine sourit puis se tourna sur le flan et s’endormi.
Karagorn resta éveillé pendant une grande partie de la nuit, trop occupé à réfléchir à ce qu’il venait de faire et à grelotter. Serpentaire… Reine des Astroniens… Il s’était marié… Il fixa la jeune femme, magnifique dans son sommeil. Comment faisait-elle pour dormir avec simplement une fine couverture sur sa peau nue ? Il avisa sa main, reposée sur les draps. Un ruban rouge y était attaché. En soupirant, Karagorn l’attrapa et s’attacha le bout qui dépassait à son poignet avant de se recoucher et de sombrer dans un sommeil sans rêves.
La matinée était déjà bien avancée lorsque Serpentaire se réveilla. Les rayons du soleil entraient par les interstices entre les grands pans de tissus et les colonnes ouvragées, si bien qu’elle dû se cacher les yeux un instant, éblouie. La reine était désormais tournée vers son mari, déjà éveillé. Elle devina à sa mine sombre que le sommeil l’avait déserté pendant une bonne partie de la nuit, qu’il avait dû passer à ruminer sur tous les sujets lui étant passé par la tête. « Bonjour, murmura-t-elle d’une voix pâteuse, encore chaude de sommeil. » Le tyran sursauta, tiré de ses pensées. Il tourna la tête vers elle mais, étrangement, évita son regard, comme gêné. « Bonjour, grommela-t-il. » Serpentaire sourit. Elle trouvait son air d’enfant insatisfait plutôt drôle. « Cela fait longtemps que vous êtes réveillé ? le questionna-t-elle. » Karagorn paru décontenancé par sa question, mais il hocha néanmoins la tête. Il affichait un air penaud que la jeune femme ne lui connaissait pas. « Je me suis réveillé avec les premiers rayons du soleil, soit il y a environ quatre heures. -Pourquoi ne vous-êtes-vous pas levé ? s’étonna la jeune femme en se redressant enfin. » Karagorn toussa et elle crut voir ses joues s’empourprer. « Enesavpa… kanlenlev… grommela-t-il en guise de réponse. -Comment ?! Qu’avez-vous dit ? -J’ai dit : Je ne savais pas quand est-ce qu’il fallait l’enlever ! -L’enlever ? releva la souveraine qui ne comprenait désormais plus rien. -Le dénouer si vous préférez ! -Mais dénouer quoi ?! -MAIS CECI ! cria-t-il à plein poumons tout en tirant sur son bras. » Avec stupéfaction, l’astronniene remarqua enfin que leurs poignets étaient reliés par un ruban rouge. Elle ouvrit la bouche, voulu parler, se ravisa, sourit. Elle porta sa main libre à sa bouche et réfléchi. Elle était émue par ce geste qui représentait tant pour elle et qui avait était si difficile pour lui, elle le savait. Cependant, elle savait aussi que Karagorn n’accepterait aucun remerciement ni aucune parole de sa part. Ce dernier fuyait son regard, se contentant d’attendre sagement une quelconque réponse. « Le temps est écoulé, vous pouvez l’enlever. » La douce voix de Serpentaire, si avenante pour une fois, fit tiquer Karagorn. Il se tu et entreprit de dénouer le lien qui les retenait de sa main libre. Néanmoins, l’expérience se révéla impossible. La reine, voyant son trouble, ne dit pas un mot, mais l’aida comme elle pût de son autre main. Enfin, leurs poignets libres, Karagorn ne perdit pas de temps. Il se leva de son lit et s’éclipsa par une tenture que le vent avait écartée.
Karagorn arpentait les couloirs du palais royal d’un pas vif et pressé. Il semblait déterminé, mais quiconque l’aurait suivi aurait remarqué que le monarque se déplaçait totalement au hasard dans le château. Il suivait ses pas qui le menaient où ils le voulaient. Dans sa tête, il se repassait sans cesse les événements du matin. Comment avait-il pût être si fragile ? Lui, Karagorn le tyran sanguinaire ?! Il n’en revenait pas. Hier il s’était marié et aujourd’hui, il avait fait plaisir à sa femme. Il avait vu son regard briller d’émotions contenues et les coins de sa bouche se retrousser en un discret sourire. Il avait aussi senti, ce qui était sûrement pire, une sensation inconnue lui traverser l’esprit et commencer à le pervertir. Il ne pouvait rester ainsi. Déjà qu’il s’était marié par erreur, à cause de ce foutu traité manigancé par la vieille harpie, il ne pouvait pas, en plus, perdre son sang-froid. Après tout, il avait eu de la chance. Il aurait pu se retrouver marié à une femme de bas-rang ou même avec une reine bien moins intéressante que Serpentaire. Cette dernière lui fournissait des armes en échange de la simple protection de son royaume et n’était point sotte comme l’était souvent les femmes en ces époques troubles. Elle avait un franc parlé qui lui plaisait, mais elle était plus douce que lui, ce qui pourrait s’avérer un atout de taille par la suite. Ensuite, son peuple allait être heureux de voir que leur souverain ne resterait pas seul à jamais et, surtout, d’apprendre la venue d’armes sans égales. A force de marcher, le roi était parvenu devant deux portes de bois qui auraient pu laisser passer un géant. Des effluves de mets divers et variés parvinrent alors au nez de Karagorn, dont le ventre gargouilla. Il sourit. Après tout, lui aussi ressentait la faim ! Et il entra dans la salle à manger.
Et la petite suite : - Voili voilou... :
Après la fuite de Karagorn, Serpentaire s’était levée et avait revêtit une ample tunique, croisement entre un kimono et une robe. Celle-ci était recouverte d’arabesques semblables aux branches d’un arbre. Sur l’une d’elles se trouvait même un dragon. Elle mit quelques bijoux mettant en valeur son cou et son visage. En passant une main dans ses cheveux, qu’elle avait laissés lâches pour cacher ses cornes, une couleur vive attira son regard. Du rouge. Le ruban était resté attaché à son poignet, seul témoin de la première nuit qu’elle avait passé avec son fuyant mari. Elle le laissa là. Une fois prête, elle quitta la chambre. En passant par la même tenture que son époux, elle repensa à sa réaction. Elle avait trouvé celle-ci amusante et plutôt étonnante de sa part. L’idée de le déstabiliser de nouveau lui traversa l’esprit et elle sourit à cette pensée. Il n’appréciait sûrement pas, mais elle aimait le voir exprimer des sentiments autres que la colère et la haine. De plus, cela lui offrirait un divertissement bienvenu en ces temps troubles. Elle traversa les longs et silencieux couloirs de la bâtisse d’un pas lent pour réfléchir au calme avant d’affronter la masse de gens qu’assurait son titre. Malgré son caractère orgueilleux, Karagorn avait su lui faire plaisir deux fois et, pour quelqu’un comme lui, cela avait dû être une véritable épreuve. Mais, il avait finalement respecté toutes les coutumes astronnienes ! Elle rit. Cela avait dû être si éprouvant pour lui ! Il était sûrement en train de conter des mots doux à son égo en ce moment même, assit sur une potence et caressant la tête fraichement coupée d’un de ses gardes pour tenter de se réconforter! Amusée par ses pensées saugrenues, elle pénétra dans la salle à manger, où elle tomba nez-à-nez avec ce qu’imposait sa fonction : une horde de dames de compagnie et, bien sûr, sa grand-mère. C’est d’ailleurs à peine si cette dernière ne lui sauta pas dessus en hurlant avec rage : « Alors, j’espère que tu as fait payer à Karagorn son impolitesse d’hier ma fille ! Hein ? » Serpentaire fixa Eve, exaspérée. « Il a allumé avec moi la lanterne et a respecté absolument toutes nos coutumes. Je crois qu’il s’est largement excusé ! -Tu oublies le ruban rouge ! -Non, Eve, il a attaché le ruban à son poignet cette nuit, pendant que je dormais, soupira Serpentaire. » Dame Eve observait sa petite-fille, ses yeux jaillissant de leurs orbites, comme saisis d’envies suicidaires. « Il… Il n’est peut-être pas aussi bête que je ne le pensais… » Et, sans demander son reste, elle s’éclipsa, au grand soulagement de Serpentaire qui n’en pouvait plus de ses sautes d’humeurs. La souveraine s’assit à sa place, au milieu de la table royale. Une fois assise, une de ses servantes, Cérynie, femme biche, se pencha vers elle et lui demanda : « Le seigneur Karagorn désira-t-il quelque chose en particulier ? » D’autres serviteurs déposèrent le déjeuner de Serpentaire devant elle alors qu’elle répondait : « Il ne m’a rien dit, mais envoyez quelqu’un demander à ses gardes ce qu’il lui plairait. » La jeune femme se retira en murmurant : « Bien madame. » Enfin, le ballet de valets s’arrêta et la reine pût de nouveau profiter du calme. Elle attaqua son repas. Une tasse de chocolat chaud dans une main, elle se composa une assiette de fruits divers et variés ainsi que de poisson. Elle rajouta à tout cela un bol de riz, saisit ses baguettes, et commença à manger. Quand elle eut dévoré environ la moitié de son assiette, Cérynie revint, accompagnée d’autres serviteurs. Ces derniers apportaient un grill ainsi qu’un grand plat garni de nombreuses tranches de viande cuite. Serpentaire sourit. « Pourquoi est-ce que cela m’étonne… ? marmonna-t-elle. » Cérynie pouffa. « Tous les domestiques se préparent à ses crises. Nous espérons qu’il soit clément avec nous, mais surtout avec vous. Déclara-t-elle, humblement. » Elle déposa ensuite des couvert près de la pitance de Karagorn et reparti rapidement. Et alors que Serpentaire allait se lever pour partir, les portes de la salle à manger s’ouvrirent de nouveau, laissant passer son mari, majestueux dans sa cape noire brodée d’or. Tous les serviteurs présents fixèrent le tyran pénétrer dans le réfectoire d’un air apeuré. Ce dernier était d’ailleurs totalement insensible à ces regards braqués sur lui. Seul lui importait de se mettre à table. Ce n’est que lorsqu’il arriva devant la place qui lui était due, conduit par un jeune homme tremblant de peur, qu’il remarqua la présence de Serpentaire. Il se figea et perdit de son assurance. « Karagorn ! s’exclama-t-elle joyeusement. -…Serpentaire. » Karagorn détourna les yeux et s’assit à sa place, ce qui était parfaitement impoli pour sa reine. Cependant, si celle-ci s’en formalisa, elle ne le montra pas, se contentant de reprendre : « Ne vous trouvant point, je me suis permise de manger sans vous très cher. » Karagorn opina du chef, entamant ses lamelles de viandes. « Si vous le voulez, le grill est à votre entière disposition… observa-t-elle avec un sourire en coin. » Elle observa le seigneur avaler tranches sur tranches, admirative. Ce n’est pas elle qui aurait été capable de manger autant en si peu de bouchée sans paraître sale. Elle devait au moins lui reconnaître cela. Amusée, elle prit néanmoins le temps de lui dire une dernière chose avant de filer s’occuper des tâches quotidiennes qui lui incombaient : « Au fait, lors de nos repas, nous serons seuls. Ce qui veut dire que… Dame Eve ne sera pas avec nous ! » Et pour la première fois, une étincelle de joie brilla dans le regard de Karagorn. « En voilà enfin une bonne nouvelle ! s’exclama-t-il, aux anges. » Serpentaire pencha la tête sur le côté, lâchant un petit soupir d’exaspération. « Ah, au fait, Serpentaire, reprit son mari… -Oui ? -Pourquoi avez-vous gardé le ruban… ? » La jeune femme jeta un coup d’œil à son poignet et passa une main dans ses cheveux. « Oh… Simple oubli de ma part… Je l’enlèverais… plus tard ! murmura-t-elle en guise réponse. » Et elle s’éclipsa.
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