Melian

Je leur raconterai la petite scène en bois face à la mer, promesse de folles ambiances nocturnes et excuse parfaite pour prolonger les nuits chaudes de l'été, comment l'air lourd et électrique a gagné les rues et nous a traqués jusqu'à l'obscurité nous faisant fuir la ville, les gens, la musique, nos démons jusqu'à nous retrouver seuls, enfin seuls, complètement seuls. Épuisés par la vie, exaltés par l'amour, comment nous avons poursuivis l'insomnie aux quatre coins de la ville endormie, nos pas légers dans l'herbe froide et sur le bitume chaud, loin des sentiers battus, là ou les rêves sont tous les mêmes. Ne faisant plus qu'un, comment Morphée a fini par nous rattraper bien après l'aube et la fraîcheur de la rosée, sur le sable chaud ou nous avons laissés l'empreinte de nos désirs brûlants.

Je leur dirai les voyages en train, les routes, les marchands sur les bas cotés, leur fruits à la chair aussi douce que la vie et aussi sucré que notre amour, les champs de lavande que nous avons respirés, cheveux au vent et dont le parfum se mariait si bien avec le tien, plus sauvage, comment tu as promis de m'épouser debout dans cette église en ruine, parce qu’elle était comme moi, un peu cassée mais toujours debout, unique et pleine de charmes, nos vacances dans cette petite maison la ou se fini la terre, à ne rien faire d'autre que s'aimer, un peu, beaucoup, jusqu’au vertige et à se perdre, et qu’aucune marguerite n'aurait pu prédire la profondeur de notre amour ni la hauteur de notre chute.

Je leur révélerai que j'étais muse à mes heures, égérie malsaine de ton idéal, silhouette cassée sous le poids des reproches, leur citerai tes poèmes, tes mots doux, les grands mots puis les gros, ceux qui dépassent les pensées et repoussent chaque fois les limites, l'hiver, ses tempêtes et comment la mer prend vie parfois, l'animosité avec laquelle elle venait se cogner contre les rochers à l'image de ta main sur ma joue, que ça t'a échappé, que tu étais en colère, que je le méritais, petits gestes et grandes excuses puis l'inverse et comment moi je t'ai cru sur parole, comment j'ai arrêté de vivre autrement qu'à travers tes yeux, collier de fleurs, harnais puis corde au cou.

Je leur expliquerai qu'on survit, que j'ai survécu, que la fin d'une histoire peut en créer de plus belles encore, comment je t'ai perdu toi mais que j'ai rencontré l'amour de ma vie.