Du bout des yeux, il effleurait son visage. Caresse à peine voilée, faite à son insu. Depuis son arrivée, il la couve du regard, pour mieux la protéger du monde qui l'entoure. N'osant lui avouer les tourments qui l'obsèdent, il rougit quand elle sourit.
Petite fleur innocente, tu dévoiles tes charmes, comme un bouton de rose s'ouvrirait au soleil. Resplendissante dans ta petite robe blanche, tu n'as aucune conscience de l'attrait que tu as. Tu virevoltes, tu danses, n'écoutant que ton coeur.
Soudain une main s'approche, elle s'accroche à ton bras tel un faucon sa proie. Tu tentes de te libérer, tu te débats, en vain. Face à cette méprisante suffisance, tu n'as aucune chance. Pour ce collectionneur, tu n'es qu'un butin de plus.
La colère monte en lui comme un raz de marée. Comment ose-t-il ternir ainsi une telle beauté? Rester un spectateur lui est impossible, mais agir serait lui avouer son indicible amour. Il se lève, s'interpose, un combat de titans. Il a pour lui la force du juste et gagne, face à son opposant.
Une larme roule le long de sa joue, elle tremble, effrayée de tant de violence. Blessée, elle ignore vers qui se tourner. Elle voudrait disparaître de cette place en fête, mais son corps meurtri refuse cet exutoire.
Timidement il sourit, une main tendue vers elle. Elle hésite et l'observe, n'avance, ni ne recule. Il murmure son nom, comme gage de bonne foi. Elle écoute, apaisée qu'il garde ses distances. Elle se décide enfin, un pas, puis deux et elle est dans ses bras. Oasis de paix et de sérénité.