Myrkvie

Citation :

le seul à l'avoir remarqué (et personnellement je trouve que le mot "remarque" juste après fait un peu répétition)

J'ai remplacé "remarque" par "commentaire" mais ça ne me plait pas vraiment, je vais voir si je peux le remplacer par autre chose.

Citation :

-une infime brise soufflait être les arbres ???

Quand je suis fatiguée, j'écris vraiment n'importe quoi, je sais. être => entre

Pour la taïga sauvage des temps modernes, c'est exactement ce que j'essayais de faire passer... les peuples sont évolués, mais vivent dans un monde finalement peu avancé, au milieu de la nature etc... je suis contente que tu aies décelé ça .

Le prochain extrait sera plus long
Pour les mots et expression, sur ce passage il y a beaucoup de répétitions que j'essaie d'éviter, moi j'aime bien utiliser des verbes qui ne correspondent pas forcément mais je comprend que ça ne convienne pas a tous le monde.
Ensuite, je ne cherche pas a faire dans l'original, c'est juste pour me défouler. Je pense que la relation entre mes deux personnages est bien moins importante que leurs personnalités.

Merci pour le "faillirent", ça cou*nvient mieux en effet
Comme je disais plus haut, je ne veux absolument pas faire de la grande littérature, j'ai juste besoin de donner vie ames personnages (Syyyyyylph <3<3=)

MYRKVIE


/Titre du chapitre pas encore trouvé/


De l'autre côté du grand désert de glace, au-delà des plaines inhabitées de Kyzangue, niché sur les plus hauts sommets de la chaîne de montagnes au milieu des volcans, se trouvait le peuple Saahien. Ils ont été souvent chassés et exterminés, mais pas dessus tout, craints : au centre de toutes les guerres qui divisent le pays, les armées de Saah sont présentes. Leurs cracheurs de feu étaient connus dès l'enfance, tout le monde redoutait une attaque des nomades du grand nord.
Personne ne connaissait leurs véritables intentions, partout où ils passaient des incendies pleuvaient, en une nuit même les plus grandes cités disparaissaient sous les flammes sans laisser aucun survivant.
Chaque village tentait de se protéger comme ils le pouvaient. Tous avaient leur système de défense, tous, faillibles. Les répliques étaient vaines, les Saahiens se volatilisaient avant que qui que ce soit ne comprenne ce qu'il venait de se passer.

Automne de l'an quarante-neuf (Nouvelle ère) – CYAN
Abrégé de l'Histoire Kyzanguoise - Receuil anonyme.
*


Je me retournai, la classe se vidait rapidement - en tout cas, plus que d'habitude -. Ils avaient tous l'air excité et heureux, comme chaque année a cette époque-là. Même moi, j'avais du mal à me retenir de sourire.
« Dépêche-toi... Il faut qu'on repasse chez toi, si on traîne, on va tout rater. »
Sylph se leva sans se presser en me regardant droit dans les yeux comme pour me provoquer. Elle voyait bien que je piétinais sur place. Je bouillonnais, encore une fois j'étais déchiré entre l'envie de l'étrangler et celle de la prendre dans mes bras tant elle me faisait rire. Elle agita ses longs cheveux châtains aussi gracieusement qu'un dindon top modèle et couru pour me rejoindre a la porte.
« Oui, et ? Ce sera la même chose l'an prochain. C'est parce qu'il n'y a rien d'autre à faire le reste du temps que tu y tiens.
- C'est parce que tu préfèrerais crever plutôt que ranger ton masque de pseudo asociale que tu ne veux pas y participer.
- Crétin.
- Idiote.»
Je savais que je n'aurais pas dû dire ça, elle allait me bouder pendant une petite heure, mais j'étais quand même fier de ma répartie : j'arrivais rarement à faire taire mon amie. Sylph (son nom entier, c'est Sylphie) est assez petit, mais très fine, très belle aussi, la seule à attirer l'attention au collège ; les garçons, généralement, ne s'intéressent pas ou peu aux filles d'ici, ils préfèrent se ridiculiser auprès des jeunes des camps indépendants Saahiens. Elle ressemble aux Sorcières du Désert qui sont représentées sur toutes les illustrations des livres pour enfants : la même démarche aérienne, l'air absent et les yeux rêveurs, mais contrairement aux sorcières, les siens sont gris, et non noirs. Pourtant, elle non plus n'est pas d'ici. Les habitants de Cyan sont plus grands, leurs traits plus marqués. Je devais être le seul à l'avoir remarqué, depuis que je la connaissais je n'avais jamais entendu une seule remarque, alors que les étrangers sont mal vus en ville.
Nous étions maintenant dehors, une infime brise soufflait être les arbres de la forêt en face de l'école. Je sentis Sylph se raidir, mais il me fallut un peu plus de temps qu'elle pour comprendre ce qui n'allait pas. Derrière le bois se trouvait un immense plateau couvert de sable glacé infiniment fin (on raconte même que, pris dans un tourbillon, les chances de survie sont nulles, tellement les grains peuvent être tranchants.), étendu jusqu'aux premières plaines du nord de la Kyzangue. Jamais aucun vent ne se levait à cet endroit, encore moins si près des habitations.
Sylph se mit à marcher lentement vers les grilles de la sortie sans quitter l'ombre que projetait la canopée sur le sol tapissé de feuilles mortes. L'air prenait de la vitesse et filait de plus en plus vite à nos pieds, sans bruit, pourtant quand mon amie me parla je l'entendis à peine.
« Vite, on reste pas ici... »
Je ne lui répondis pas. Quelque chose bougeait dans l'obscurité des troncs, c'était un mouvement diffus, à peine perceptible, que Sylphie détectait en un clin d'œil quand elle le voulait bien.
Elle m'attrapa le bras pour me forcer a avancer.
« Géza, on se casse. »
Je dérivais une dernière fois vers les branchages, et je vis ce qui était à l’origine des petits remous près des racines.
Un renard m'observait, les oreilles bien dressées sur son crâne. J'allais dire quelque chose quand je vis une lueur dans ses yeux. Un éclair d'intelligence qui n'avait rien d'animal.
J'ouvris la bouche, puis le refermait ; j'aurais tout le temps d'en parler à Sylph plus tard. Au ras de la terre, la poussière se déplaçait rapidement. Anormalement rapidement.

La rumeur des voix gonflait à mesure que nous approchions de la place centrale de Cyan, il faisait doux, le soleil tapait fort, haut dans le ciel. Le temps et l'ambiance aidant, j'en oubliais presque ce qu'il venait de se passer. Chaque année, le 1er juin, des cracheurs de feu saahiens venaient se montrer en spectacle à Cyan ; puis ils montaient vers le sud et finissaient par retourner dans leur désert. Ils arrivaient tout droit des camps des familles de l'Armée de Saah situés à la lisière des terres gelées. Ici, peu les considéraient comme des êtres humains à part entière, on les tolérait le jour de fête, mais ils étaient chassés le reste du temps ; leur peuple avait fait trop de mal dans le passé, et encore aujourd'hui.

Contrairement aux autres jours, les rues bleues de Cyan étaient vides, les rideaux tirés, les portes fermées. Les rares passants se pressaient tous dans le même sens. Ceux qui n'assistaient pas à la fête restaient chez eux, mieux valait ne pas traîner dehors pendant que les cracheurs de feu étaient de passage. Je fixais un instant la lente course des nuages au dessus de moi, tout était bleu pâle à m'en donner mal à la tête. Les routes et les maisons Cyanoises étaient toutes incrustées de pierres très rares, trouvées au fin fond des sables, d'un éclat pur et sans défaut. Les premiers hommes installés dans ce qui deviendrait Cyan avaient autrefois pillés le désert et en avaient ornés les ébauches d'habitations de l'époque, la tradition perdurait encore et il était impossible de poser les yeux où que ce soit sans voir de ces petites pierres.
« Et donc, ton Renard ? »
Je sursautais, tellement absorbé par mes pensées et concentré sur le sol pour ne pas recevoir le soleil dans les yeux que mon amie m'était complètement sortie de la tête. Sylph marchait à quelques pas de moi en sifflotant et venait de s'arrêter d'un coup comme si elle s'était rendu compte de quelque chose, mais sa question avait été prononcée du bout des lèvres sur un ton presque désintéressé.
« Quoi ?
- Tu sais très bien ce que je veux dire, les bêtes sauvages n'approchent pas des écoles, c'est trop bruyant pour eux. »
Je réfléchis un instant. Je ne voulais pas la mêler à des histoires qui ne la concernaient peut-être pas : après tout, c'est moi qui l'avait vu, pas elle ; et l'éclat dans les yeux du renard aurait très bien pu être un simple reflet, couplé à la chaleur et l'agitation de ces derniers jours.
« Je pense que... tout le monde était déjà parti depuis un moment, c'était vraiment calme quand on a passé les grilles... » commençai-je prudemment.
C'était idiot, je le savais, n'importe quel animal se serait enfui à notre approche, j'étais malheureusement incapable de trouver mieux. Sylph haussa les épaules avec un soupir, elle ne me croyait pas.
« C'est pas normal tout ça.
- Je sais. »
Son joli visage se ferma, elle refuserait sûrement de me parler avant de longues minutes, elle détestait que je n'aille pas dans son sens.
Je me réfugiais à mon tour dans un coin de mon esprit en comptant les dalles de l'allée qui menait jusque chez mon amie. Depuis tout petit je ne m'étais jamais habitué à tout ce bleu trop puissant et quand je vis enfin la grande maison de briques et de terre rouge pâle j'eus hâte de me mettre à l'abri à l'intérieur.
La lourde porte en bois noir de l'entrée grinça sinistrement quand je l'ouvris, tout ici avait l'air si fragile qu'à chaque mouvement je me faisais le plus doux possible pour m'assurer de ne rien casser. Les poignées des meubles et des ouvertures étaient en argent gravé de symboles saahiens d'une finesse étonnante, malgré le temps passé à fréquenter cette famille je m'émerveillais autant de la beauté de la bâtisse que la première fois.
L'entrée découvrait aussitôt une vaste pièce quasiment vide. Les fenêtres étaient toutes grandes ouvertes, même les charnières arboraient des motifs compliqués formés de boucles et de courbes. Une lumière chaude se déversait dans ce que le père de Sylph appelait un salon, mais la salle comportait peu de mobilier, seule une table en planches de récupération brisées et deux chaises du même genre occupaient l'espace. Les murs blancs étaient éclaboussés de tâches pourpres (c'est Sylph qui avait tenu à se charger de la décoration), qui donnaient à l'endroit un aspect de salle de torture.
« Monte, j'arrive. » me grommela mon amie.
Elle n'était décidément pas prête de le pardonner. Mon enthousiasme un peu refroidi, je me dirigeai vers l’escalier en colimaçon trônant au centre du rez-de-chaussée.
La « tour », qui était l'endroit où dormait Sylph et s'élevait au-dessus du toit, était une petite chambre circulaire dont toutes les façades étaient vitrées ; illuminant un grand lit défait, une armoire et plusieurs étagères remplies de livres. L'un d'eux, un ouvrage épais à la reliure de cuir et aux pages jaunies et craquelées. J'avais commencé ce livre le samedi précédent, mais n'étais pas revenu depuis. Je m'étonnais que Sylphie n'y ait pas touché.

Je me laissais tomber sur les draps froids avec lassitude en l'attrapant au passage, avec un vague regard vers l'extérieur. Je pouvais voir le désert, les quartiers à l'alignement anarchique de Cyan, le soleil qui jouait à fuir les nuages derrière le contour des montagnes de Saah au loin... Chez Sylph, tout devenait apaisant, ça sentait bon la bougie et la propreté. J'ouvris le livre au hasard, il dégageait un enivrant parfum de poussière que j'adorai. Le papier était doux sous mes doigts, en lettre d'or, sur la tranche, on pouvait lire « Abrégé de l'Histoire Kyzanguoise - Recueil de témoignages anonymes des événements de la douzième à la dernière année de la nouvelle ère».
Je commençais à lire les premiers mots du paragraphe.

Citation :

Sinon c'est peut être un peu plus que "ne pas aller dans le même sens..." Là Geza a quand même presque menti à Sylph et elle pourrait l'avoir senti ? Je sais pas c'est toi qui vois...

Géz ment mais... il sait très bien que Sylph ne va pas la croire, donc oui, pour moi c'est juste qu'il ne veut pas être du même avis, ou du moins qu'il ne veut que Sylph sache qu'il pense comme elle.
... je suis pas claire ? :p

Citation :

Petite suggestion, je déplacerais le "Commençai-je prudemment" après le "je pense que..." ça permettrait de rajouter un peu d'emphase sur la pause dans la conversation, et ça nous donnerait tout de suite l'information sur qui parle.

Bonne remarque

Ca devait être un défaut non voulu, quand je l'ai écrit, car je fais rarement des phrases sans verbe.
Merci pour les deux autres phrases

Les cracheurs de feu Saahiens en sont l'élite, ils sont éduqués très jeunes à manipuler les flammes, à blesser et tuer. Les civils sont considérés comme aussi dangereux que les militaires, cependant ils ne s'exercent pas aux mêmes disciplines ; de nos jours, les individus étrangers à l'Armée usent de leur talent dans des domaines plus pacifiques, notamment dans l'art.
[...]
Aucune attaque des nomades du Grand Nord n'a été recensée depuis l'an soixante-dix-neuf, leur période la plus active est datée de l'an treize à l'an soixante-seize. D'autres populations ont été décimées depuis, mais peu de preuves concrètes accusent les Saahiens. Seuls les panaches de fumée venant noircir les nuages signent leur passage ; dans le coeur de tous les Kyzanguois.

Été de l'an quatre-vingt-onze (nouvelle ère) – SAAH
Abrégé de l'Histoire Kyzanguoise – Recueil Anonyme.


Trois coups sourds me sortirent de mon rêve plein de monstres de flammèches, fondant sur les villes endormies à peine éclairées par les étoiles. Et dire que j'allais les voir ce soir ! Le peuple le plus destructeur de la Kyzangue, l'Armée la plus petite, mais la plus puissante du pays !
Sylph passa la tête dans l'encadrement de la porte, elle ne portait plus ses habits de travail, mais avait revêtu d'une veste en toile noire plus légère.
« On y va ? »
Je sentais au tremblement de sa voix qu'elle n'en avait elle-même pas spécialement envie, ou peut-être était-ce le fait qu'elle avait dû se promettre de ne plus m'adresser la parole ?
« Oh, mais... » chuchotai-je du ton le plus doux dont j'étais capable « Si madame ne veut pas, je ne compte pas l'y forcer. »
Une petite moue presque amusée passa sur les lèvres de mon amie avec l'éclair d'un sourire : j'avais gagné.
« Oui, mais non, c'est bon, si ça peut te faire plaisir. »
Je me levai en vitesse, des points d'un blanc éclatant éclaircissaient le ciel qui prenait une teinte rose-orangé, et déposai le livre à son emplacement initial. Sylphie dut lire l'euphorie dans mon expression que j'essayais de garder la plus sereine possible, car elle me jeta à la figure avec mépris :
« S’il me suffisait d'agiter un flambeau sous ton nez pour t'impressionner...
- T'as pas besoin de ça pour m'impressionner. »
Elle se tourna vers moi comme si elle allait me répondre, mais elle se retint et se contenta de grogner un mot qui devait se rapprocher de « Hein ? »
« Laisse tomber. »

En bas, les fenêtres étaient maintenant fermées, on avait aligné des chandelles au sol, près des murs. De grandes ombres rougeâtres s'élevaient jusqu'au plafond et vacillaient à chacune de nos respirations, fantômes lumineux. Un grand homme, un peu maigre avec des cheveux aussi clairs que ceux de Sylph, et qui lui ressemblait beaucoup, penché à la table sur une lettre manuscrite, il lisait à la faible lueur des bougies. Il portait des lunettes rectangulaires dont la monture semblait avoir été cassée et rafistolée de nombreuses fois.
« Bonsoir Dam. »
Le père de Sylph se redressa légèrement, son regard me traversa sans vraiment prendre conscience de ce qu'il voyait comme s'il venait de se réveiller d'un sommeil pénible, rempli de cauchemars. Il y avait de l'inquiétude dans ses yeux. Il finit pourtant par me saluer dans un sursaut de lucidité, plia la feuille en deux et se leva, l'air un peu perdu, et la mimique me rappela tant celle qu’arborait parfois Sylph que je crus un instant avoir mon amie devant moi.
« Salut Géza. »
Dam abaissa les paupières pendant un long moment, j'eus l'impression qu'il reprenait un peu pied avec la réalité. Il s'approcha en tirant un petit objet gris brillant de son gilet et se pencha vers moi en le mettant dans ma main. Je dus lutter pour percevoir ce qu'il me chuchota ensuite, tant il débita sa phrase rapidement.
« Ne t'en sers que si c'est vital, je ne veux pas que Sylph le voie. »
Les chandelles se reflétaient de manière étrange sur lui, il me paraissait presque menaçant. Je mis le bout de métal froid dans ma poche, un peu surprise ; Sylph nous fixait soupçonneuse, mais ne dit rien.
Je la suivis dans le froid de la nuit, en claquant la porte derrière moi, sous les derniers mots de Dam :
« Si je ne suis pas là quand vous , ne vous inquiétez pas, j'ai encore beaucoup de choses à faire. »

Allongé contre le mur de la maison d'en face, le renard nous regardait, tranquillement, sans aucune peur.

Je suis heureuse de te voir encore commenter mes textes, et aussi heureuse de te revoir.
Myrkvie est une histoire qui me tient à coeur, à laquelle je pense depuis des années. On n'y retrouve certes pas le même style que dans ce que j'ai pu écrire auparavant, mais j'ai trouvé qu'il ne convenait pas à ce genre d'histoire. J'espère que j'arriverai a transmettre un peu de légereté avec mes personnages que j'aime beaucoup beaucoup beaucoup.

Texte en réécriture. Merci pour les corrections (tu remarqueras que j'ai un peu eu la flemme de les faires, mais comme je vais changer plusieurs paragraphes *, ça laissera place a d'autres fautes :p)

Merci !

Il faisait froid. À peine quelques minutes passées dehors et j'étais déjà gelé, je sentais mes doigts s'engourdirent à chaque seconde ; la température avait sensiblement baissé depuis la première apparition du renard. Je frottais vainement mes mains l'une contre l'autre pour tenter de les réchauffer en le surveillant.

Il était affalé sur l'allée en gravier et me dévisageait sans crainte, ni agressivité. Sans rien. Ses pupilles braquées sur moi me mettaient très mal à l'aise, j'aurais voulu que quelqu'un intervienne pour mettre fin à ce terrible face à face, mais la rue était déserte. Tout le monde se trouvait sur la place centrale à attendre les cracheurs de feu.
Il ne bougeait pas, on aurait pu le croire empaillé (ce qui m'aurait arrangé) ; le vent qui venait tout droit des plaines, jusqu'aux montagnes, à l'est, ébouriffait sa fourrure flamme. Je devais le reconnaître, il était magnifique, et il y avait quelque chose de beau dans son immobilité. Les détails des motifs de son pelage, presque invisibles, me semblaient plus délicats que chez d'autres renards que j'avais étudiés.
Avec Sylphie, il nous arrivait de nous poser à l'orée des bois et d'attendre, parfois pendant plusieurs heures, qu'un animal daigne se montrer. Nous ne le faisions plus depuis quelques mois, je le regrettais beaucoup. C'était un exercice difficile qui demandait de la patience et énormément de calme, Sylph craquait souvent avant que nous aillions pu voir quoi que ce soit.

Sylph. Je cherchais de l'aide auprès de mon amie, mais elle était déjà loin, elle ne m'avait pas attendu. Elle n'avait rien vu. Une vague de désespoir m'assaillit mêlée d'une irrésistible envie de rire ; j'étais tellement ridicule ! Comment une simple bête pouvait-elle me neutraliser ainsi ?
Je suivais le moindre virement de moustache, tellement absorbé que je ne m'étais pas rendu compte que je retournais le cadeau de Dam dans ma poche depuis un moment ; ce qui devait être une lame dérapa, suivit d'une grande douleur dans ma main gauche. Je la sortis précipitamment, du sang gouttait sur le sol.
Je ne m'attendais pas à une coupure si profonde, ma vue se brouilla un instant, mais j'eus le temps d'apercevoir un éclair roux filer entre mes jambes.

Tout tremblant, je titubais vers le trottoir pour pouvoir m'asseoir, calmer mon cœur et examiner l'entaille.
J'avais réussi à tacher mon pantalon et ma chemise, des traînées rouges séchaient sur mes bras, mais le sang continuait de couler. La blessure n'était pas ni étendue ni particulièrement profonde, pourtant ça n'arrêtait pas, j'avais affreusement mal, il fallait que je fasse quelque chose. N'importe quoi.
Je me relevais doucement, les jambes encore fragiles qui refusaient de me soutenir correctement, un bourdonnement dans les oreilles.

« Salut toi ! »
Je me redressai d'un coup, le sifflement s'accentua. J'eus soudain vraiment envie de vomir ; je m'effondrai dans les bras du garçon qui venait de m'appeler.