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 Amadeo e Agostino

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MessageSujet: Amadeo e Agostino   Amadeo e Agostino Icon_minitimeMar 10 Aoû 2010 - 18:41

Voici la première moitié du premier chapitre d'un roman que je co-écris avec mon fiancé. Je fais un chapitre sur deux (et l'histoire débute sur celui-ci) - je lui demanderai s'il accepte que je poste ses chapitres, sinon je ferai des petits résumés, mais de toutes façons au début les deux parties sont indépendantes.

Une rue sombre d'Irée, minuit. Un de ces coupe-gorges, une de ces petites ruelles si étroites que l'on ne pouvait s'y croiser sans se plaquer contre les murs. Des murs sales, gris et puants. Là, les gardes de la maison Varia ne risquaient pas de le retrouver. Il faut dire que, en toute modestie, Agostino était l'un des voleurs les plus discrets et talentueux de la ville.
 
Il aimait à se penser comme un Prince des voleurs, lui qui aurait tant souhaité être noble mais venait de la plus basse extraction. Au moins était-il plus noble dans son cœur que la plupart des rois : il s'efforçait d'aider les plus pauvres et de rétablir la justice, à son humble niveau. Ainsi allait-il porter ce qu'il venait de dérober à une jeune femme qu'il avait rencontré et qui était près de se faire chasser du minuscule taudis qu'elle habitait et qu'elle payait la fortune de soixante sous par mois. Agostino avait été touché par le charme de ses grands yeux affamés et s'était promis de l'aider à s'en sortir. Sans aucune pensée lubrique. Ou presque.
 
Un aboiement dans la nuit le fit se presser. Un aboiement lointain, qui n'avait peut-être aucun rapport avec ses poursuivants, mais s'ils avaient vraiment lancé des chiens à ses trousses il était dans une position délicate.. Au bout d'un quart d'heure de course, de ruelles étroites en ponts richement sculptés, il s'arrêta pour reprendre son souffle et tendit l'oreille. Plus d'aboiement au loin. Aucun pas de garde lourdeau. Il les avait bel et bien semés.
 
Il était de toutes façons arrivé devant le Mahuri. Deux kilomètres au sud un pont – certainement le plus beau de la ville, du moins le plus imposant – permettait de le traverser. Mais s'il voulait être sûr que d'hypothétiques chiens perdent sa trace, il avait plutôt intérêt à prendre une gondole. Il en repéra une qui arrivait, prête à accoster une centaine de mètres plus loin. Elle transportait trois jeunes femmes nobles, visiblement ivres si l'on en jugeait à leur rire bruyant. La grosse lanterne qu'elles transportaient n'était pas des plus discrètes non plus. Le temps que la gondole accoste il était tout près, dans l'ombre d'un pont. Il les laissa s'éloigner et héla le gondolier.
 
« Viens-là mon brave ! Fais-moi traverser ! »
 
Le gondolier regarda avec dédain cet homme mal vêtu qui se prenait pour un riche. Il prit néanmoins les deux sous que valaient le voyage, et déposa Agostino sur l'autre rive. Il était fatigué de voir toute la journée des dames et des seigneurs, de se faire parler comme à un esclave même par les plus humbles et de ne jamais gagner que deux sous. Même s'il était loin de faire partie des plus pauvres, le fossé qui le séparait de la noblesse l'écœurait.
 
Agostino continua à pieds vers sa petite maison, proche du Mahuri. Sa passion pour la noblesse n'était pas neuve, et il aimait pouvoir regarder l'autre rive juste en sortant de chez lui. Toute la partie est de la ville, là où vivaient les riches : un monde différent.

Il se réveilla tôt le lendemain, impatient de vaquer à ses affaires. La prise de la veille était tout de même l'une de ses plus belles : pas d'or, mais des colliers de perles, des bracelets assortis et des bagues de tailles diverses. Il mit à son doigt celles qui avaient appartenu au maître de maison et mit son habit de velours bleu encre, qu'il avait dû demander à l'un de ses contacts peu recommandables. Jamais il n'aurait pu, lui, demander à un tailleur de lui faire un si bel habit ! Il l'aurait souhaité, tant souhaité, mais jamais il n'aurait osé. Certaines conventions sont des murs... Il avait donc un costume qu'il avait payé une fortune, mais qui avait appartenu à quelqu'un d'autre. Il ne voulait pas savoir ce qu'il était advenu de ce quelqu'un.
 
Ainsi vêtu, et pas peu fier comme à chaque fois qu'il enfilait cet habit, il alla voir sa mère, qui vivait avec son frère aîné. Il sourit en croisant son voisin, qui le regardait d'un air stupéfait quoique déjà habitué aux excentricités du personnage ; les regards envieux des passants le comblaient : ils le prenaient pour un seigneur en visite ; ainsi paré, il se sentait toujours un autre homme. Celui qu'il aurait voulu être. Dieu avait dû se tromper en le faisant naître dans une famille pauvre, et non dans les draps de soie qu'il méritait. Ses parents, toutefois, avaient su reconnaître en lui une graine d'aristocrate. Sa mère, surtout, et il réalisait régulièrement son rêve en la visitant si richement vêtu. Il lui racontait des histoires de la cour, des affaires politiques et des anecdotes un peu osées sur des dames dont il inventait jusqu'au nom.
 
La maison de son frère n'était guère plus grande que la sienne, et ils y habitaient pourtant à six. La belle-sœur d'Agostino était une femme gentille, mais exaspérante, et elle lui rappelait régulièrement pourquoi, à presque trente ans, il n'avait jamais cédé aux sirènes du mariage. La seule chose bonne qu'avait jamais fait cette femme – sa cuisine était immonde – était ses enfants. Il aimait à jouer l'oncle prodigue, leur apportant dès qu'il le pouvait des jouets de quatre sous. Dès que leur mère lui ouvrit la porte, les trois bambins se précipitèrent vers lui. Il tapota gentiment la tête de l'un, fit un compliment sur un autre qui avait tant grandi, non il n'avait pas apporté de jouet aujourd'hui mais il avait repéré un très joli tambour chez le marchand, il allait falloir être sages les enfants ! Bon, s'il vous plait, laissez-moi, je dois aller voir votre grand-mère.
 
La mère d'Agostino se tenait comme d'habitude dans un coin de la pièce, tricotant lentement de ses doigts rongés par l'arthrose. Dans le même fauteuil que celui où il était venu au monde. La vieille était presque aveugle, mais elle avait reconnu la voix de son fils cadet, et sourit en l'entendant approcher. Un sourire édenté qui comblait Agostino. Il s'agenouilla devant sa mère et lui parla tout doucement. Il ne racontait pas autant d'histoires aux autres habitant de la maisonnée, il aurait craint d'être démasqué. Mais pour le bonheur de sa mère, il avait été anobli après avoir sauvé la vie d'une demoiselle, qu'il avait épousé. Hélas, sa santé fragile lui interdisait de visiter sa belle-famille.
 
« Regarde le bijou que m'a offert le baron de Samari pour me remercier de l'avoir invité à ma réception du mois dernier ! Il voulait y voir la duchesse de Merino qu'il poursuit d'une cour acharnée, et vu ce rubis il semblerait qu'il ait été satisfait ! »
 
Il posa les doigts de sa mère sur la pierre qui ornait sa bague. Elle palpa avec avidité ce bijou qui lui semblait venir d'un autre monde. Il posa son autre main sur le velours de son pourpoint. La vieille était aux anges. Elle lui posa quelques questions : que se passe-t-il d'autre à la cour, que fais-tu de ton temps (il organisait des réceptions, mangeait des mets délicieux et écoutait de la musique au palais du Roi), comment va ta femme, dis-moi encore à quoi elle ressemble, quand viendra-t-elle me rendre visite ? C'était toujours le moment où Agostino devait s'éclipser, prétextant mille affaires importantes. Il reviendrait la voir bientôt. Et la vieille était si heureuse qu'elle passait sur l'absence de réponse à la dernière question. Les nobles n'étaient pas comme elle, de toutes façons. Elle admettait de ne pas pouvoir tout comprendre.
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MessageSujet: Re: Amadeo e Agostino   Amadeo e Agostino Icon_minitimeMer 11 Aoû 2010 - 8:34

On découvre le personnage, sa personalité. Bonne entrée en matière.
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MessageSujet: Re: Amadeo e Agostino   Amadeo e Agostino Icon_minitimeJeu 12 Aoû 2010 - 14:06

Bonjour,

je profite de la fin de mes vacances pour découvrir de nouveaux textes.

je vais laisser de côté l'orthographe (à moins que tu ne veuilles une correction) pour me concentrer sur le style et le contenu.

Citation :
il s'efforçait d'aider les plus pauvres et de rétablir la justice, à son humble niveau
un Robin des bois citadin?

Citation :
Ainsi allait-il porter ce qu'il venait de dérober à une jeune femme qu'il avait rencontré et qui était près de se faire chasser du minuscule taudis qu'elle habitait et qu'elle payait la fortune de soixante sous par mois
phrase longue avec beaucoup de qui qu'... à reformuler.

Citation :
Un aboiement lointain, qui n'avait peut-être aucun rapport avec ses poursuivants, mais s'ils avaient vraiment lancé des chiens à ses trousses il était dans une position délicate..
là également, une phrase à redécouper différemment.

Citation :
Elle transportait trois jeunes femmes nobles, visiblement ivres si l'on en jugeait à leur rire bruyant. La grosse lanterne qu'elles transportaient
répétition de "transportait"

Citation :
Il les laissa s'éloigner
je suppose que ce sont les jeunes femmes qui s'éloignent. A expliciter car à aucun moment tu ne dis qu'elles déscendent de la gondole.

Citation :
de se faire parler comme à un esclave
la formulation mérite d'être retravaillée.

Citation :
et mit son habit de velours bleu encre, qu'il avait dû demander à l'un de ses contacts peu recommandables. Jamais il n'aurait pu, lui, demander à un tailleur de lui faire un si bel habit
répétition de "mit" et de "habit". la phrase peut être allégée: "et enfila son habit de velours bleu encre acheté à l'un de ses contacts peu recommandable", par exemple.

Citation :
Il tapota gentiment la tête de l'un, fit un compliment sur un autre qui avait tant grandi, non il n'avait pas apporté de jouet aujourd'hui mais il avait repéré un très joli tambour chez le marchand, il allait falloir être sages les enfants ! Bon, s'il vous plait, laissez-moi, je dois aller voir votre grand-mère.
ouf... tout ça dans un souffle et sans précisier que c'est du discours direct.

[quote] Dans le même fauteuil que celui où il était venu au monde[/quote) on vient plutôt au monde dans un lit, non?

Quelques maladresses de style mais l'ensemble est plaisant. Voilà un personnage qui ne semble ni tout noir ni tout blanc et qui promet de devenir intéressant. Ce début donne envie de savoir ce qui va lui arriver.


Dernière édition par barla le Mer 18 Aoû 2010 - 10:58, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Amadeo e Agostino   Amadeo e Agostino Icon_minitimeVen 13 Aoû 2010 - 23:43

Et bien je n'ai rien à redire. Vous remarquerez que mes critiques ne sont pas constructives, et je m'en excuse sincèrement.
C'est que je n'ose pas critique un récit, parce que je n'y arrive pas.
Un peu facile à dire, mais c'est pourtant la vérité.
J'attends la suite Very Happy
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MessageSujet: Re: Amadeo e Agostino   Amadeo e Agostino Icon_minitimeSam 14 Aoû 2010 - 9:07

Ose te lancer, Lowni, on ne va pas te manger ^^. Tu dis simplement ce que tu aimes ou pas, s'il y a des phrases qui te déplaisent et pourquoi, si tu vois des fautes, ce que tu penses en lisant... ce genre de choses.

Si tu n'oses pas, tu peux aller t'entraîner sur mon roman et dire tout ce qui te passe par la tête, je ne m'en formaliserai pas (c'est vrai qu'il faut un peu se faire la main pour bien commenter) Wink
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MessageSujet: Re: Amadeo e Agostino   Amadeo e Agostino Icon_minitimeSam 14 Aoû 2010 - 10:25

Moi aussi j ai du mal. Mais j essai d aider comme je peux, c est pas parfait, mais en lisant ce que dise les autres. Tu comprends un peu ce qu on attend d une critique.
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MessageSujet: Re: Amadeo e Agostino   Amadeo e Agostino Icon_minitimeSam 14 Aoû 2010 - 20:24

Merci Smile (Lowni, je ne critiquerai pas ton absence de critique constructive, j'ai moi-même beaucoup de mal...)

Barla, je prends note précieusement... L'orthographe ça ira, merci, j'ai déjà un père qui me les corrigera sans doute toutes quand je lui ferai lire, il ne peut pas s'en empêcher.

Le robin des bois citadin, oui, c'est l'idée (on l'avait défini dans ces termes, d'ailleurs), mais rassure-toi il ne va pas rester dans le cliché. Pour le discours direct, c'est dans mes habitudes et mes préférences de ne pas le préciser, mais j'essaierai de donner un peu de "souffle" à la phrase.



Il s'enfonça dans les profondeurs de la ville. Si les ruelles étroites du quartier ouest, celles qui n'étaient empruntées que par les domestiques, étaient sales et puantes, celles du quartier est atteignaient des sommets car personne ne songeait jamais à les nettoyer. Certains étaient même plutôt arrangés par cet état de fait repoussant qui dissuadait les autorités de s'y aventurer. C'était sans doute le cas du contact d'Agostino, ce bon ami qui lui achetait toutes les recettes de ses vols pour les revendre en dehors d'Irée. C'était justement le jour où, comme toutes les semaines, il recevait dans le quartier.

Agostino avait toujours apprécié la compagnie de cet homme, dont l'élégance détonnait avec son environnement. C'était un riche marchand qui, certes, ne se paraît pas de ses plus beaux atours pour tremper dans la boue de l'est, mais portait toujours quelques bijoux ostentatoires pour signaler son rang. Il ne risquait pas les attaques puisque, comme Agostino, la plupart de ceux qui s'attaquaient aux riches dépendaient de lui pour revendre leur récolte. Quand Agostino arriva devant sa porte, dans une petite bâtisse de bois des plus quelconques, Gabrio Lantini (du moins était-ce le nom qu'il leur donnait) était d'ailleurs occupé. Il entendait des éclats de voix sans arriver à discerner s'il s'agissait d'enthousiasme ou d'une discussion plus violente. Le valet, un jeune homme muet qui ne risquait pas de répéter quoique ce soit sur les activités de son maître, le fit asseoir dans la pièce principale. Lantini n'aimait pas trop que ses clients traînent devant son cabinet. Après un quart d'heure qui lui sembla interminable, le marchand le convia enfin dans la chambre. Son visiteur précédent avait évidemment disparu par une porte dérobée – Lantini ne lésinait pas sur la sécurité. Il lui offrit un sourire bienveillant.

« Monsieur Santucci ! Alors, vous avez fait de bonnes affaires ? »

Agostino sortit de son sac les bijoux qu'il avait dérobé, et posa également les deux bagues qu'il avait aux doigts. Lantini commença son inventaire à grand renfort de moues déçues et de hochement de tête enthousiastes.

« Alors... Un collier de perles, beau, très beau ! Celui-ci, par contre... la qualité est moindre. Le bracelet va avec ? Nous pourrons sans doute en faire quelque chose... Ce rubis ? Mais il est faux ! Bon, je vous le prendrai avec le lot, je ne vais pas vous le laisser sur les bras... Les bagues de la demoiselle, très belles, très belles. L'autre bague de monsieur n'est pas mal non plus. Je vous achète le tout à un écu et quatre-vingt-dix pistoles . Allez, j'ai reçu une bonne nouvelle aujourd'hui, je vous arrondis ça à deux écus, mais c'est un peu plus que sa valeur ! »

Agostino était aux anges. C'était plus qu'il n'avait espéré pour aider la jeune femme à payer son loyer ; avec ça, il allait pouvoir se faire oublier quelques temps. Lantini glissa dans une bourse l'équivalent de deux écus en pistoles et rangea les bijoux dans le coffret qu'il gardait toujours à ses pieds. Puis, après les courtoisies d'usage, il le fit sortir lui-aussi par la porte dérobée.

Iria, la jeune femme en question, habitait à peu près à l'opposée de l'office de Lantini. Pendant tout le trajet, Agostino marcha d'un pas guilleret. Il voyait déjà la si pure, si douce expression de la demoiselle lorsqu'il lui annoncerait que ses problèmes étaient terminés. Quelle reconnaissance elle aurait alors envers lui ! Et ce joli corps, abîmé par la dénutrition mais encore si désirable, pressé contre le sien ! A force de rêveries joyeuses, il se retrouva à destination sans avoir vu le temps passer. Il frappa à sa porte et se délecta du petit pas empressé qu'il entendait. En ouvrant, elle eût un mouvement de recul et son visage se figea de terreur, mais elle se ressaisit aussitôt et rit de manière charmante.

« Messire Agostino, ce n'est que vous ! Cet habit de propriétaire ! C'est le vôtre ? Que vous êtes beau ! Entrez, entrez, je vous en prie !»

Elle lui laissa la seule chaise de la maison, qu'il accepta après beaucoup de protestations. Elle aussi se montra gênée lorsqu'il lui offrit dix pistoles pour payer son loyer. Elle commença par refuser, arguant qu'elle était une femme respectable et qu'elle n'accepterait jamais qu'un homme l'entretienne ainsi, mais en regardant le tout jeune enfant qui dormait dans un coin et qui, pour sa famille, l'avait déchu à jamais du titre de « femme respectable », elle finit par se laisser convaincre. Agostino lui plaça les pièces dans la main et referma les doigts un par un. Puis, sans la lâcher, il l'accompagna poser l'argent avec ses maigres économies, prit la main libre et remonta le long de son poignet, de son bras, de son épaule.

L'enfant dormait à poings fermés.

[Fin du premier chapitre]
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MessageSujet: Re: Amadeo e Agostino   Amadeo e Agostino Icon_minitimeSam 14 Aoû 2010 - 20:32

J'aime beaucoup, vivement la suite.
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MessageSujet: Re: Amadeo e Agostino   Amadeo e Agostino Icon_minitimeMar 17 Aoû 2010 - 13:29

Voici donc le début du deuxième chapitre. Attention, on change de personnage... et d'écrivain ! (je transmettrai vos critiques au fiancé) J'espère que ça ne pose pas de problème qu'il ne fréquente pas le forum (j'ai bien évidemment son autorisation), je trouve ça plus clair pour le suivi de l'histoire...


Amadeo Di Fillatello était de ces hommes de la petite noblesse d'Irée. Un homme simple qui vivait de ses rentes. Un homme dépossédé de ses terres, vendues par sa famille des générations plus tôt. Un homme qui aimait le luxe et la belle vie de chevalier. Un homme qui mettait sa fierté et son honneur au-dessus de toute autre vertu. Un homme profondément croyant et patriote. Un noble comme les autres, en somme. Profondément ennuyeux mais convaincu d'être on ne peut plus intéressant.

Mais Amadeo était surtout un homme amoureux. Quoiqu'amoureux fut un doux euphémisme en ce qui le concernait. Amadeo était follement épris d'une femme de la haute noblesse, une de ces femmes de qualité, dont le raffinement faisait la convoitise du bas-peuple. Il lui avait mené une cour endiablée, l'avait couverte de présents jusqu'à se ruiner et, depuis quelques mois, avait gagné ses faveurs.

Avec elle, il avait connu les joies de l'amour, le plaisir de se balader main dans la main sur les canaux d'Irée, de se retirer dans le secret d'une alcôve pour converser, de se glisser sous ses draps de satin pour s'unir à elle. Car elle lui avait fait le plus grand des présents, sa virginité, gage d'amour et promesse de mariage à venir. Oh ! Bien sûr, le beau monde ignorait tout de leur relation, elle se devait rester secrète et les masques si prisés de la noblesse iréenne aidaient en cela. Car si cela était venu à se savoir, la société aurait déchaîné les feux de l'enfer sur la pauvre femme. Et Amadeo aurait préféré mourir que de voir son aimée souffrir.

Cette femme s'appelait Francesca, duchesse de Brescia. Sa famille avait pour fief une petite région du nord du Royaume d'Aria. Brescia était riche grâce à son agriculture qui nourrissait tout le royaume et la famille ducale avait envoyé ses enfants Francesca, son frère cadet Guillermo et leur jeune soeur Lucia en Irée afin qu'ils trouvent à se marier à la cour de la cité-état. Leur frère aîné était, lui, resté auprès de son père afin de reprendre le domaine d'ici quelques années.

Aujourd'hui, Amadeo avait rendez-vous avec la belle Francesca. Il s'était vêtu avec soin en se levant. Pourpoint bleu et culottes noires passées sous ses bottes de cuir parfaitement cirées, sa fine moustache taillée pour l'occasion et ses cheveux bouclés impeccablement coiffés. Il n'avait vu sa promise depuis près d'une semaine, sept longs jours, et s'était fait aussi beau que possible pour elle.

Son valet vint le trouver : Mademoiselle Di Brescia était arrivée, ainsi que sa suivante. La précision fit sourire Amadeo qui savait à quel jeu de séduction se livraient les deux serviteurs. Il se hâta de descendre au salon retrouver son aimée. Il l'y trouva, toujours aussi belle. Sa perruque blanche était parfaitement accompagné par son beau visage poudré que réhaussaient deux yeux de saphir. Sa robe jaune mettait parfaitement en valeur sa silhouette aux formes généreuses. Amadeo se sentit fondre en la voyant.

"Madame, la salua-t-il. Votre présence en ces lieux me comble de joie."

Francesca effectua une révérence parfaite et pris place dans un des petits fauteuils, rare luxe que pouvait encore se permettre le chevalier Di Fillatello après toutes les dépenses qu'il avait du faire pour la séduire et entretenir sa flamme. Mais Amadeo était de ces hommes pour qui l'amour n'a pas de prix, aussi n'avait-il eu aucun remord à dilapider ses maigres économies.

"Monsieur, répondit-elle, c'est un honneur que de me trouver en votre demeure aujourd'hui."

Amadeo tiqua légèrement. Francesca n'était d'ordinaire pas si réservée. Elle avait un caractère flamboyant et délaissait volontiers les formules de politesse, surtout lorsqu'elle était seule avec son amant. Quelque chose devait lui causer quelque soucis, songea-t-il. Malheureusement, il eut été fort inconvenant de le lui demander avant qu'elle n'ai manifesté un désir d'en parler, aussi préféra-t-il éluder et changer de sujet :

"J'ai ouï-dire que votre frère cadet s'était fiancé avec la dernière fille du baron Delle Coce. Toute la cour bruit de cette rumeur, est-ce vrai ?

- Absolument cher ami. Mon frère Guillermo devrait épouser Cecillia Delle Coce au prochain solstice d'été, et je suis certaine que cela sera l'occasion de réjouissances comme Irée n'en a que rarement connu.

- Je l'espère de tout coeur, Madame."

La conversation se poursuivit ainsi durant quelques heures, roulant sur les banalités, enchainant les lieux communs et les ronds-de-jambes avec la minutie d'un maestro guidant son orchestre.
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MessageSujet: Re: Amadeo e Agostino   Amadeo e Agostino Icon_minitimeMer 18 Aoû 2010 - 6:01

Une écriture fluide, encore une description intéressante.
Je pense connaitre le probleme de la belle francesca.
Spoiler:

Aller VITE, VITE, VITE la suite.


Dernière édition par Mysticus le Lun 30 Aoû 2010 - 18:24, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Amadeo e Agostino   Amadeo e Agostino Icon_minitimeMer 18 Aoû 2010 - 11:36

je commente la deuxième partie du chapitre 1, avant de passer au suivant:

Citation :
Certains étaient même plutôt arrangés par cet état de fait repoussant qui dissuadait les autorités de s'y aventurer
je ne vois pas trop "arranger" une rue pour qu'elle soit repoussante. ne vaudrait-il pas mieux dire que certains lieux sont voloontairement aissés das cet état et que les habitants ne s'en soucient pas, au contraire, car cela dissuade les autorités de s'y aventurer?

Je trouve qu'il y a quelque chose qui ne colle pas dans ta description de Lantini. Si c'est un revendeur de marchandise volée, ce n'est pas à proprement un riche marchand (enfin, il peut être riche, d'accord, mais pas vraiment considéré comme un marchand). C'est plutôt un intermédiaire avec de vrais marchands qui, eux, ont pignon sur rue dans des lieux plus chics. Ou alors, il joue les deux rôles à la fois: un obscur, celui de receleur, et un officiel. Mais dans ce cas, il faut préciser qu'il a, par exemple, une boutique dans un autre lieu où il revend ce qu'il achète dans ces rues sordides.

Citation :
Puis, sans la lâcher, il l'accompagna poser l'argent avec ses maigres économies,
il y a quelque chose de maladroit dans la formulation de cette phrase, surtout "il l'acompagna poser l'argent"

Citation :
Puis, sans la lâcher, il l'accompagna poser l'argent avec ses maigres économies, prit la main libre et remonta le long de son poignet, de son bras, de son épaule.
elle se laisse faire directement? Juste parce qu'il a payé? C'est un abus de position, du coup je trouve Agostino nettement moins sympathique. Son beau geste est trop intéressé.

Rien d'autre à dire sur le plan général, les mêmes forces et faiblesse que dans le premier post.


Deuxième chapitre:

Le portrait est amusant.
Par contre:
Citation :
Un homme simple qui vivait de ses rentes
Citation :
Un homme qui aimait le luxe et la belle vie de chevalier
ces deux phrases ne sont-elles pas contradictoire?

Citation :
l'avait couverte de présents jusqu'à se ruiner
de toute façon, un noble dépossédé de terre est en général déjà ruiné puisqu'il ne travaille pas. d'ailleurs, d'où peuvent lui venir ses rentes dans ce cas?

Citation :
le plaisir de se balader main dans la main
expression un peu trop familière en comparaison avec le style général.

Citation :
Car elle lui avait fait le plus grand des présents, sa virginité
Hola, elle est bien imprudente, cette jeune femme. Dans le contexte d'époque (parce que ça n'a pas l'air d'une histoire moderne), elle a un comportement soit de courtisane (d'ailleurs, se faire offrir des cadeaux par un homme au point de le ruiner, est bel et bien un comportement de courtisane plutôt que de jeune fille de bonne famille), soit stupide. Une telle liaison risquerait d'être connue. S'ils veulent se marier, ils auraient dû le faire avant d'aller plus loin. A moins que l'histoire se passa à une époque plus proche de la nôtre que je ne le crois.

Et en plus, elle est Laissée comme ça par sa famille, jeune fille belle, seule et sans surveillance... ça me paraît peu crédible.

Bien que l'auteur du texte ne soit pas le même, ce n'est pas suffisamment sensible pour gêner le lecteur. Pour l'instant, les passages sont courts, ce sera peut-être plus visible par la suite. de façon amusante, lesmaladresses sont du même genre pour tous les deux, mais peut-être relisez-vous ensemble?

Quoi qu'il en soit, si l'histoire et attrayante, j'aimerais être sûre de l'époque (XVIIIè?) Si je ne me trompe pas, il y a des incohérences dans le comportement des personnages, à moins qu'ils ne soient volontairement exceptionnels.

à bientôt pour la suite

Wink
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MessageSujet: Re: Amadeo e Agostino   Amadeo e Agostino Icon_minitimeDim 22 Aoû 2010 - 10:11

Génial.

Des personnages très réussis et inattendus, un univers à l'esthétique évidente, très visuelle... Que demande le peuple ?

J'aime énormément, on est immédiatement happé par l'histoire et surtout les personnages, c'est simple clair efficace... Toutes les remarques que j'aurais pu faire ont déjà été faites, j'ai juste envie de voir la suite. Smile
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MessageSujet: Re: Amadeo e Agostino   Amadeo e Agostino Icon_minitimeDim 22 Aoû 2010 - 21:27

Merci de vos réponses Smile

Mysticus : Hé non ! Tu vas voir...

Barla : je prends toujours note. Pour "arranger", il me semblait que ma phrase était claire, peut-être as-tu mal lu ? Ils n'arrangent pas la rue, c'est cet état de fait qui les arrange. Lantini est effectivement acheteur et revendeur, j'essaierai de le préciser (c'était tellement clair dans ma tête que je croyais l'avoir écrit). Pour la fille, j'essaierai de détailler un peu plus pour que ça ait l'air moins "forcé", puisque le but du premier chapitre est de rendre Agostino sympathique.

Pour le deuxième chapitre, maintenant : nous pensions que le simple fait d'être noble donnait une rente, nous allons réétudier la question et peut-être lui laisser un peu de terre. Et effectivement, il aimerait mener une vie qui est au dessus de ses moyens (mais il vit quand même dans le bon quartier et squatte les réceptions huppées). Quant à Francesca, nous voulions montrer que la noblesse, sous des dehors très rigides, était assez débauchée. Elle ne risque pas d'épouser Amadeo (trop d'écart de rang et de richesse) et il est si envoûté (et si peu influent) qu'il ne peut pas lui faire grand chose...

L'époque est assez typée Renaissance, mais cela reste un monde fictif où nous avons fait quelques aménagements (par exemple, les femmes sont habillées dans le style Louis XVI, les hommes dans le style Louis XIII) - et les moeurs sont assez typées "Liaisons dangereuses".

Voici donc la fin du deuxième chapitre, made in
le male.

Puis vint le temps pour Francesca de prendre congé. Bien trop tôt au goût d'Amadeo, qui espérait profiter de sa présence un peu plus longtemps, et ce d'autant plus qu'elle avait semblé mal à l'aise tout au long de la conversation. Il se leva en même temps qu'elle et demanda :

"Ne voulez-vous pas vous attarder un peu, Madame ? Nous pourrions diner ensemble."

Francesca se retourna vers lui, ferma les yeux et prit une profonde inspiration. Elle parla très vite, comme si elle récitait un texte appris avant de venir mais qu'elle n'avait jamais trouvé le courage de prononcer.

"Cela m'est impossible, Monsieur, car l'on m'attend chez moi. Mon mari m'attend pour le diner et une femme de ma condition ne peut le faire attendre."

Pour Amadeo, ce fut comme si on l'avait frappé en plein ventre. Il chercha sa respiration, sentit ses joues s'empourprer. Il haleta et reussi à prononcer quelques mots. Des mots qui demandaient une explication.

"Cela s'est fait hier, cher ami. Je ne vous ai point prévenu car je pensais que vous tenteriez quelque chose pour empêcher mes épousailles. J'étais venue aujourd'hui pour vous exposer les faits et vous faire mes adieux. Je crois bien que nous n'aurons plus jamais l'occasion de parler, cher Amadeo."

Elle se détourna et s'en alla.

"Au revoir, Monsieur. Ou plutôt : adieu."

Amadeo resta là, interdit. La pire chose possible venait de lui arriver. Quelque chose lui criait de la rattraper, qu'il pouvait encore la convaincre de faire marche arrière. Mais il ne pouvait pas bouger. Son corps refusait de bouger, alors que son esprit se fixait sur l'horrible vérité. Il avait été trompé, abusé. Son amour si flamboyant ne comptait pas. Tout n'était que mensonge.

Et par dessus le marché, quelqu'un d'autre que lui allait profiter de Francesca, de cet amour qui lui était à jamais refusé.

Il s'élança brusquement. Il devait savoir. Il devait savoir qui avait réussi à conquérir le coeur de Francesca. Qui lui ravissait sa promise et tout espoir. Il lui attrappa le bras. Le mot sortit seul de sa bouche. Un mot, un seul, qui exprimait toute la détresse de cet homme trahi.

"Qui ?"

Francesca se retourna lentement, si lentement. Ses lèvres fines s'entrouvrirent et remuèrent, formant un nom qu'Amadeo ne connaissait que trop bien.

Les yeux du chevalier s'écarquillent. Son bras retomba mollement et la duchesse en profita pour s'éclipser tandis qu'il restait là, en proie à la stupéfaction.

Pas lui. Pas cet homme qu'il avait toujours considéré comme un ami proche. En voilà un ami. Il avait fait semblant de l'apprécier, de l'aider. Mais tout ça n'était que du vent. En prétextant l'amitié, il lui avait ravi sa moitié, sa vie, son âme. Et lui, pauvre Amadeo, se retrouvait seul, au milieu d'une rue bordant le fleuve, les larmes coulant seules sur ses joues. Les gens se retournaient sur son passage, en se moquant, car un homme ne devait jamais pleurer, en aucune occasion.

Le chevalier se retourna et fila à travers Irée. Il traversa le pont et un dédale de ruelle. Après avoir marché ce qui lui semblait une éternité, traversé les quartiers les plus pauvres, il entra dans la première taverne qu'il rencontra.

Il ne lui restait plus rien, rien qu'une bourse pleine de pièces. Assez pour boire dans ce trou. Assez pour oublier.

Il s'assit et commanda une pinte de l'alcool le plus fort qu'on pouvait lui servir...
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MessageSujet: Re: Amadeo e Agostino   Amadeo e Agostino Icon_minitimeLun 23 Aoû 2010 - 5:58

Ça ça pique les yeux. Une bonne fin de chapitre.
Je me tromperai pas la prochaine fois. geek


Dernière édition par Mysticus le Lun 30 Aoû 2010 - 18:23, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Amadeo e Agostino   Amadeo e Agostino Icon_minitimeLun 23 Aoû 2010 - 11:25

Citation :
L'époque est assez typée Renaissance, mais cela reste un monde fictif où nous avons fait quelques aménagements (par exemple, les femmes sont habillées dans le style Louis XVI, les hommes dans le style Louis XIII) - et les moeurs sont assez typées "Liaisons dangereuses".
ah, d'accord, c'est un mélange volontaire alors... Pas de problème (cependant les costumes d'homme style Louis XIII, à côté des robes Louis XVI, ça risque de jurer un peu Razz ). En fait, moi je visualisais en style Louis XV (donc j'avais fait un mix entre les deux visiblement). Mais je ne voyais rien dans le mode de vie assez ancien pour faire Renaissance.


Suite du commentaire:

Citation :
Cela m'est impossible, Monsieur, car l'on m'attend chez moi. Mon mari m'attend pour le diner et une femme de ma condition ne peut le faire attendre."
révélation inattendue... attention, trois fois "attendre". Même si une répétition peut se comprendre dans un dialogue car c'est du langage parlé, là ça fait quand même un peu trop.



Citation :
Il haleta et reussi
réussit

Citation :
"Cela s'est fait hier, cher ami
les noces sont de la veille? C'est bien rapide. des personnages de haute condition, à n'importe laquelle des époques dont vous vous inspirez, avaient souvent une fête de plusieurs jours pour leurs noces. C'est d'autant plus surprenant qu'elle trouve la possibilité de s'éclipser pour voir Amadeo dès le lendemain (la liberté des femmes jusqu'au XXè siècle étant quand même très réduite)

Citation :
La pire chose possible venait de lui arriver. Quelque chose lui criait de la rattraper, qu'il pouvait encore la convaincre de faire marche arrière
répétition de chose. Euh, non, pas possible de faire marche arrière. A moins d'être amants même si elle est mariée...

Citation :
Le mot sortit seul de sa bouche. Un mot, un seul, qui exprimait toute la détresse de cet homme trahi.
répétition de seul

Citation :
Les yeux du chevalier s'écarquillent
s'écarquillèrent

Citation :
Pas lui. Pas cet homme qu'il avait toujours considéré comme un ami proche. En voilà un ami. Il avait fait semblant de l'apprécier, de l'aider. Mais tout ça n'était que du vent. En prétextant l'amitié, il lui avait ravi sa moitié, sa vie, son âme. Et lui, pauvre Amadeo, se retrouvait seul, au milieu d'une rue bordant le fleuve, les larmes coulant seules sur ses joues. Les gens se retournaient sur son passage, en se moquant, car un homme ne devait jamais pleurer, en aucune occasion.
encore répétition de seul... en fait, le fait que les hommes ne doivent pas pleurer n'est effectif qu'au XIXè. Avant, les hommes pleuraient très fréquemment, même en public, sans que cela soit considérer comme un faiblesse.

Citation :
un dédale de ruelle
ruelles

Et bien, bon passage. Ah le pauvre innocent, trompé dans son pur amour par une femme cruelle Twisted Evil .
un peu court, à quand la suite?
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MessageSujet: Re: Amadeo e Agostino   Amadeo e Agostino Icon_minitimeVen 27 Aoû 2010 - 19:06

Merci Smile

Barla : Merci pour la correction, surtout les détails sur l'époque Smile Pour les noces, nous allongerons un peu le délai ! Et bien sûr, il n'y a aucun espoir de vraiment faire "machine arrière"... sauf dans les rêves tordus d'Amadeo.

La suite, donc. Troisième chapitre, de mon cru.


Le coucher de soleil le rendait mélancolique. Cette même lumière qui tombait sur les sublimes demeures et sur les maisons miteuses, mais qui rendait pourtant les premières sublimes tandis que les secondes semblaient plus laides encore. Agostino, lui, n'aimait rien tant que le regarder sur la place devant le palais, à voir entrer les ducs et les marquis. Malgré son costume de velours, il se tenait un peu à l'écart, craignant de se confronter aux véritables nobles, écrasé par leur majesté naturelle. Et il se sentait prodigieusement triste, quoique prodigieusement joyeux.

Le petit monde d'Irée, le seul qui fut important, défilait au portail doré. Les couples se tenaient par le bras ; les groupes de femmes marchaient côte à côte en poussant des petits rires aigus, leur manège habituel pour se faire remarquer des potentiels maris. Elles étaient incontestablement les reines d'Irée, ces dames : le salon était leur domaine, elles faisaient briller leurs pierreries et leurs teint poudré aux lampes de toutes les réceptions et de leurs perruques blanches et hautes elles dépassaient même les hommes. Ce soir-là, comme souvent, le bal était masqué et si les hommes se paraient de loups discrets, les femmes déployaient des trésors d'inventivité avec des masques finement décorés, aux couleurs éclatantes, aux formes animales (le chat, quoique peu présent dans la ville à cause de l'eau omniprésente, était leur représentation favorite) et aux ornements précieux.

Agostino aurait tout donner pour se glisser au bras d'une de ces dames, pour rentrer dans ce sublime palais qu'il ne connaissait qu'en rêves. Mais malgré les masques, un valet vérifiait que seuls les invités franchissaient le portail. Lui, comme tous ces misérables qui étaient nés roturiers, ne pouvait que rester devant, pas trop près pour qu'on ne le remarque pas, et laisser l'envie les dévorer tout entiers. Lui faisait partie, grâce aux bons soins de sa mère qui l'avait confié au prêtre du quartier, des rares pauvres qui savaient lire ; et son sort lui semblait semblable à une tragédie antique, à celui de ces héros qui malgré leur courage et leurs mille qualités étaient condamnés par une malédiction.

Quand la nuit fut tombée, et que tous les invités de la soirée furent rentrés, Agostino quitta la place déserte. Une fine bruine se mit à tomber. C'était le début de l'automne et, dans cette région du sud d'Adia, il ne faisait pas encore bien froid ; la pluie s'intensifia, toutefois, tandis qu'il traversait le Mahuri. Le gondolier avait une large capuche, mais lui n'avait rien prévu ; il avait bien vu les nobles se vêtir de capes de velours doublées de soie, mais il n'avait pas de quoi s'en payer une. Il laissait donc la pluie ruisseler sur son habit, sur son visage ; l'eau assombrissait encore son humeur, et il éprouva une soudaine envie de se jeter dans le canal.

Il arriva pourtant à pieds secs sur l'autre rive. Les pas qui le ramenaient chez lui lui semblaient extraordinairement pesants, et il appréhendait le moment où il serait seul dans la froideur de son « foyer ». Il envisagea quelques secondes d'aller chez son frère, mais la seule idée de sa compagnie médiocre le dissuada. Il finit par rentrer dans une taverne en bordure du Mahuri et demanda un repas. Les quelques ouvriers qui dînaient là, célibataires ou veufs pour la plupart, n'émettaient pas un mot ; ils étaient déprimants. Agostino jeta un regard contrarié à la serveuse qui lui apportait son bol de soupe et qui était fort laide. Le breuvage brûlant calma sa colère contre tout ce beau monde, mais il était dépité. Affligé de la petitesse de sa vie.

Amorphe, il regardait les hommes qui s'étaient mis à jouer aux dés sans aucune envie de les rejoindre. Il commanda une bière à la place et s'apprêtait à se soûler lorsqu'un homme très bien habillé rentra dans la taverne. Agostino l'invita aussitôt à sa table, et l'inconnu se commanda un verre de vin d'une voix un peu floue. Ses yeux étaient plein de détresse et son haleine chargée d'alcool. A bien y regarder, et malgré un maintien presque parfait qui lui permettait de garder la tête droite, il était passablement ivre. Sa présence en ces lieux étonnait Agostino, car le quartier Est comptait assez de tavernes pour que les nobles désireux de s'encanailler n'aient pas à trop se mêler à la plèbe.

« Votre costume est beau mais vous semblez bien triste, mon ami. »

L'inconnu tenta un sourire, sourire si blême malgré sa peau hâlée qu'Agostino eût mal pour lui. Ne sachant que répondre à ce désespoir il se présenta poliment, et le nom que l'homme lui donna en retour manqua de le faire s'étouffer. Lorenzo della Marena, il connaissait ce nom qui était celui de l'un des ducs les plus riches de la ville. Qu'arrivait-il à cet homme pour qu'il soit si anéanti ? En buvant son verre de vin (et en en commandant aussitôt un deuxième) les larmes lui montèrent aux yeux et il laissa échapper son pitoyable secret.

« Je me suis marié hier et, déjà, je suis trahi !
Trahi ? L'avez-vous surprise dans les bras d'un autre homme, le jour même de vos noces ?
Je ne sais dire ce que j'aurais préféré... Je la croyais pure, mais lorsque vint la nuit ! Hélas ! Triste révélation, ma promise avait déjà connu la chose ! »

Agostino l'avait déjà connue bien des fois, la chose. Ce avec toutes sortes de femmes, et aucune qui fut la sienne ; aussi, et comme c'était un homme honnête, il avait développé une certaine indulgence. Le drame de son compagnon lui parut plus léger, presque risible. C'est alors que naquit l'idée, monstrueuse et alléchante, qui commença à grandir en lui. Il voulut offrir un deuxième verre de vin à son compagnon, mais celui-ci insista pour l'inviter. Ils finirent tout de même avec un verre d'alcool devant chacun d'eux. Puis deux, puis cinq, et autant de vidés. Lorenzo semblait se décomposer un peu à chaque gorgée, comme si l'alcool lui faisait oublier toute sa retenue. Il pleurait, devant tout le monde.

« Dire que moi, je m'étais réservé pour elle ! » éructa-t-il dans sa rage.


Agostino manqua s'étouffer. Cet homme qui était si riche, qui sans être beau n'était pas déplaisant, n'avait jamais connu de femme ? Lui-même, se disait-il, n'aurait jamais pu s'en passer.

« Etiez-vous dans les ordres, pour une pareille rigueur ?
Que non ! Et dans la marine, pourtant, il y avait bien des débauchés... Mais jamais, jamais je ne les ai laissé m'entraîner vers une fille de joie ! Je suis un homme honnête ! J'ai toujours voulu... je... ma femme... »

La phrase se termina en borborygmes d'affliction. Agostino lui tapota l'épaule et, malgré son ébriété, l'homme eût un mouvement de dégoût contenu et vida son sixième verre d'un coup. Malgré les six verres, et les nombreux autres qu'il avait sans doute avalé avant d'échouer dans cette taverne, il ne paraissait pas sur le point de vomir. En discutant avec lui, il apparut que la boisson était son seul vice et que pour lui, être honnête consistait à se priver de bien des plaisirs. Toutefois, le ton terne dont il parlait des grandes réceptions (qu'il n'aimait pas, mais où paraître était son devoir de fils unique), des banquets sans fin (qui l'ennuyaient et auxquels il préféraient les repas frugaux des casernes) et des divertissements de la cour les illuminait encore plus aux yeux du larron.

« Vous semblez bien fatigué, mon ami.
Je ne suis pas fa... fatigué !
Soyez raisonnable... vous allez bientôt vous écrouler sur la table. Je pense qu'un peu d'air frais vous ferait du bien. Puis-je vous accompagner dehors ?»
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MessageSujet: Re: Amadeo e Agostino   Amadeo e Agostino Icon_minitimeDim 29 Aoû 2010 - 20:55

Les deux personnages ont déjà quelque chose en commun Wink

A quoi pense donc Agostino? Quelle est cette idée? Je suis intrigué
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MessageSujet: Re: Amadeo e Agostino   Amadeo e Agostino Icon_minitimeLun 30 Aoû 2010 - 13:22

je viens commenter la suite de ce récit avec plaisir


Citation :
Et il se sentait prodigieusement triste, quoique prodigieusement joyeux.

je comprends qu'il peut ressentir les deux à la fois, par contre, je trouve la formulation un peu excessive avec ce "prodigieusement"...

La différence de costumes hommes-femmes me surprend un peu. Il est peu d'époque où les hommes naient pas montré une même coquetterie que les femme (à part l'époque moderne). Qaund les femmes portaient beaucoup de perruques, maquillages, bijoux, froufrous divers, les hommes en portaient également. (c'est comme le fait d epleurer dont tu parlais dans un autre post. Cette idée nous vient de la vision "virile" de l'homme du XIXè siècle)



Citation :
Agostino aurait tout donner
donné

Citation :
Lui, comme tous ces misérables qui étaient nés roturiers
tu peux alléger la phrase pour éiter trop de pronoms relatifs: "Lui, comme tous ces misérables nés roturiers,..."

Citation :
Il finit par rentrer
utilise "entrer" plutôt que "rentrer"

Citation :
Agostino l'invita aussitôt à sa table,
je pense qu'il faut d'abord que tu détailles l'homme en question, pour qu'on comprenne pourquoi Agostino l'invite et pourquoi l'autre, pourtant d'un autre milieu, accepte.

Citation :
L'inconnu tenta un sourire, sourire si blême malgré sa peau hâlée
hâlée? Si c'est un noble, à une époque semblable à celle que tu décris, pour un élégant, le teint blanc est de rigueur.
La suite confirme, c'est bien un noble.


Citation :
Le drame de son compagnon lui parut plus léger, presque risible
personnellement, j'enlèverais le "plus".


Je suis quand même surprise qu'un homme de si haute condition, même désespéré, aille noyer sa peine dans ce genre de lieu où il risque surtout de perdre la vie. Et confier sa peine à un inconnu. Et l'honneur dans tout ça? N'oublions pas l'importance que cette notion revêtait par le passé.

Citation :
« Dire que moi, je m'étais réservé pour elle ! » éructa-t-il dans sa rage.
cela aussi, c'est exceptionnel. Il était de bon ton que les hommes aient déjà de l'expérience en arrivant au mariage. La virginité n'était pas une vertu identique pour les deux sexes (d'autant qu'elle est vérifiable chez une femme pas chez un homme)


Citation :
Agostino manqua s'étouffer. Cet homme qui était si riche, qui sans être beau n'était pas déplaisant, n'avait jamais connu de femme ? Lui-même, se disait-il, n'aurait jamais pu s'en passer.
il me semble que, plutôt que d'être surpris, Agostino devrait être très amusé de cette mésaventure.



Moi aussi, j'attends de voir comment Agostino va se servir de la situation à son avantage. mais là, il a de quoi faire, il a une sacrée chance.


Le style et le contenus sont plaisants, je lirai la suite sans hésitation. j'espère que mes commentaires pourront t'aider un peu. Wink
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MessageSujet: Re: Amadeo e Agostino   Amadeo e Agostino Icon_minitimeMar 7 Sep 2010 - 1:13

Mon "prodigieusement triste et prodigieusement joyeux" j'y tiens, je voulais absolument le placer quelque part. C'est un état d'esprit que j'ai déjà ressenti, et je trouve la répétition nécessaire, sans doute pour montrer toute l'ampleur du sentiment.

Pour les hommes, ils prenaient certes grand soin de leur apparence (je pense qu'on pourra le découvrir plus tard dans le roman, dans les coulisses de la noblesse... je vais essayer de ne pas faire de spoiler ^^), mais disons qu'ils soignent la sobriété (ce qui ne les empêche pas de se tailler la moustache avec une précision psychorigide)

Pour le teint hâlé, j'imagine que même si on expose un méditerranéen (cheveux bruns, peau mate) au soleil le moins possible, il a tout de même un teint foncé. Mais je replacerai peut-être le terme par "mat", pour donner moins l'impression qu'il est bronzé.

Et pour la virginité de Lorenzo... oui, c'est sans nul doute quelque chose d'exceptionnel ! Je changerai un peu la réaction d'Agostino (je ne mets pas les chapitres corrigés tout de suite, désolée, parce que comme on travaille à deux dessus et qu'on voudrait retravailler les textes à deux c'est un peu compliqué)





Il se laissa faire sans un mot, et laissa tomber son corps amorphe sur l'épaule de son compagnon. Agostino chancela sous le choc. Il laissa au tavernier un généreux pourboire qui lui valut un grand sourire, et traîna Lorenzo hors de l'établissement. Ils avaient fait trois pas à peine lorsque ce dernier se mit à éructer. Agostino le poussa en hâte vers le bord de la rue, qui dans ces quartiers n'était même pas protégé d'une rambarde. A peine l'ivrogne eût-il atteint cette bordure qu'il vomit dans le canal. Heureusement, à cette heure-ci, les passants étaient très rares.

Depuis un moment déjà, avant leur sortie de l'auberge, les défenses de l'homme étaient dissolues dans l'alcool ; il ne montrait même plus d'aversion à l'idée de se faire toucher par un roturier, mais le dégoût avait changé de camp. Le visage boursouflé par les larmes, les yeux et le nez rouge, maintenant du vomi dans les cheveux en désordre : il offrait un spectacle tout à fait repoussant. Agostino le releva en limitant au maximum le contact, un exercice périlleux qui ne le dispensait pas de l'odeur.

« Je vais vous accompagner quelque part pour vous... nettoyer » cracha-t-il avec une grimace.

Sourire éperdu de reconnaissance au dessus du corps amorphe. Malgré ses muscles respectables, Agostino peinait à traîner ce poids mort. Au prix de nombreux arrêts, il finirent néanmoins par arriver dans une impasse étroite, terminée par une fontaine rudimentaire. L'eau sembla faire du bien à l'ivrogne, et Agostino aspergea tout le haut de son corps, nettoyant sa veste souillée. Puis il le reprit sur ses épaules et lui planta sa dague dans la nuque, sans qu'il ait le temps de crier. Le sang se mit à couler et se mélangea aussitôt aux cheveux châtains ; il était encore plus lourd ainsi. Heureusement, l'alchimiste n'était pas loin.

Le sang battait à ses tempes mais, surtout, il avait une drôle de sensation de légèreté. C'était la première fois qu'il tuait quelqu'un et, jusqu'ici, il n'avait pas été sûr de mener son projet à exécution. Il avait l'impression de ne plus être lui-même, ce qui était à la fois inquiétant et jouissif. Les remords viendraient plus tard, sans doute. Pour l'instant, il avait quelque chose à faire qui serait sans doute la plus grande révolution de sa vie. Néanmoins, le corps était si lourd qu'il occupa bientôt toutes ses pensées ; d'autant que, pour ne pas paraître trop suspect aux yeux des rares passants, il avait passé le bras de l'homme sous ses épaules et le soutenait comme s'il était simplement ivre. Une tâche difficile, quand l'homme ne bougeait même pas les jambes. Il arriva chez l'alchimiste avec soulagement.

L'officine n'avait rien à voir avec celles du quartier Ouest vastes et lumineuses, aux devantures ostentatoires. Celle-ci était invisible pour qui ne la connaissait pas, et indissociable de la crasse ambiante. Il frappa. Pas de réponse – pas forcément étonnant au cœur de la nuit. Mais l'alchimiste était un ami et Agostino savait qu'il logeait là. Il tambourina de plus belle et, au bout de longues minutes d'angoisse avec son cadavre sur l'épaule, la porte s'ouvrit enfin.

« Serafino ! Enfin ! J'ai besoin de toi ! »

L'homme était hirsute, ses cheveux bruns ébouriffés et vêtu d'une chemise de nuit ; il avait l'air de fort méchante humeur, mais Agostino le poussa à l'intérieur, entraîna son cadavre et referma la porte. L'alchimiste commença une phrase furieuse, mais s'arrêta net en voyant le corps inanimé. Son visage s'adoucit dans une expression de perplexité.

« Ah... oui, il semblerait en effet que ce soit une urgence... Je peux savoir ce qui t'as poussé à faire ça et ce que tu attends de moi ?
Mais Serafino, c'est la chance de ma vie !
Excuse-moi, je ne fais pas bien le lien entre la chance et le cadavre qui empuantit mon officine.
J'ai besoin que tu me fasse une potion de métamorphose.
Ah toi tu ne m'amènes pas seulement les cheveux et le sang... tu croyais peut-être que je moulinais tout le corps pour faire ma mixture ?
Je... je ne savais pas de quoi tu avais besoin. Et je ne voulais pas qu'il revienne me poser des problèmes.
Je te fais donc une potion de métamorphose permanente ? Je te préviens, c'est cher... Et tu te débarrasseras de cette charogne toi-même, je ne fais pas ce genre de choses. »

Mais malgré son agacement apparent et les stigmates de l'oreiller encore sur son visage, il fourmillait d'excitation. Ses affaires n'étaient plus ce qu'elles étaient à une époque, quand toute la noblesse magouilleuse venait se fournir chez lui. D'autres alchimistes avaient ouverts depuis, aussi malhonnêtes mais plus propres, et sa clientèle avait migré. On venait désormais le voir pour des remèdes à trois sous et des poudres pour conserver les aliments. La potion de métamorphose, qui était beaucoup plus intéressante à préparer, allait surtout lui rapporter une coquette somme. Lorsqu'il commença à s'activer autour de son établi, il était tout à fait réveillé. Il coupa une mèche de cheveux, puis ouvrit le poignet du mort et commença à pomper le sang qui avait déjà commencé à coaguler.

« Tu n'aurais pas pu te contenter de l'assommer ? Si tu me l'avais amené demain matin, là, le sang aurait été fichu.  Bon, va me faire disparaître ça. Et leste le, qu'il ne revienne !»

Agostino prit la corde que lui tendait l'alchimiste et sortit avec le cadavre, priant pour que personne ne sorte dans la rue. Il le tenait toujours sur son épaule, comme un camarade ivre mort, mais il semblait de moins en moins vivant. Il s'arrêta à deux rues de là, dans une impasse. A l'affut du moindre bruit, il dépouilla le corps de ses vêtements, puis il ramassa deux pavés mal scellés et les attacha aux pieds de Lorenzo. Le canal était à deux mètres, prêt à dévorer le crime et à l'enfouir dans l'oubli ; mais le corps lesté était plus lourd que jamais. Après avoir essayé sans succès de le soulever, il se résolut à devoir le tirer et le pousser, centimètre par centimètre. Un coup de pied final envoya dans les limbes Lorenzo della Marena, né près de la mer, enfoui dans un de ses affluents. Les pavés étaient rougis par le sang et brillaient légèrement sous la lune. Sale. Agostino n'était pas habitué au sang. Il prit dans ses mains l'eau du canal et la jeta sur les pavés ; avec l'obscurité, il avait du mal à voir si les pavés étaient propres. Sans doute pas, mais c'était une raison de plus pour filer rapidement.

Pendant ce temps, l'alchimiste avait presque terminé sa potion, qu'il faisait chauffer à la flamme d'une lampe à huile et qui prenait une jolie couleur mordorée. Agostino observait ce travail avec respect et fascination. Puis Serafino referma la fiole un peu sèchement et la lui tendit : « Je peux retourner me coucher, maintenant ? » Tournant les talons, il se ravisa : « Tu me dois trente pièces d'or. » Agostino les lui donna, un peu étourdi par la somme ; heureusement que, dans sa nouvelle vie, trente pièces d'or ne représenteraient plus rien.

Chez lui, malgré la fatigue, l'impatience prit le dessus. La potion à la main, il contemplait sa maison, sa vie qu'il quitterait bientôt. Le doute l'effleura un instant : voulait-il vraiment partir ? Mais le croire était hypocrite : partir, il ne voulait que ça. Il pensa à sa mère et à son frère, a la charmante demoiselle dont il avait payé le loyer, mais ces images étaient bien fades ; et lorsqu'il se rendit compte qu'il n'était attaché à rien, il vida la fiole d'un trait.

Il ressentit une intense brulure dans l'estomac, et la douleur se propagea immédiatement dans tous ses membres. Pris de spasmes, il tomba en avant. Sa vue s'assombrissait, à moins que ce ne fut la seule douleur qui lui parasita l'esprit ; il avait l'impression de se faire déchirer de toutes parts, et pourtant la sensation venait de lui. De ses tripes incandescentes et déchiquetées. Il se laissa aller à la souffrance insupportable, incapable même de hurler. Enfin, après quelques minutes de torture, il sombra dans l'inconscience.
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MessageSujet: Re: Amadeo e Agostino   Amadeo e Agostino Icon_minitimeMar 7 Sep 2010 - 22:32

Ouch ! le mariage ! ça ça fait mal Smile (voui j'ai pris un peu de retard.) Je ne pense pas qu'il y ait besoin d'allonger les délais, même si on peut tout à fait parler de promesse de mariage. Même parmi la plus noble société on peut agir sur une impulsion... Un petit peu de scandale bien géré renforce la réputation même dans les temps anciens. Bref je trouve que c'est très bien fait très efficace déjà comme ça. ^^

passons au troisième chapitre :
Citation :
Cette même lumière qui tombait sur les sublimes demeures et sur les maisons miteuses, mais qui rendait pourtant les premières sublimes tandis que les secondes semblaient plus laides encore
Je trouve que la première phrase serait plus efficace sans les "qui" : Une même lumière tombait sur... mais rendait les premières...

Citation :
, ne pouvait que rester devant, pas trop près pour qu'on ne le remarque pas, et laisser l'envie les dévorer tout entiers
Là je trouve que ce serait plus clair de mettre la fin au singulier.

Citation :
; et son sort lui semblait semblable
là je vais pinailler : sembler semblable, ça sonne un peu bizarre à l'oreille ^^


J'aime beaucoup l'idée du plus riche duc de la ville venant noyer son chagrin dans la première taverne qu'il a trouvé, et le conflit interne est à la fois ridicule, amusant, humain et compréhensible... (ceci dit francesca n'est vraiment pas douée pour ne pas savoir simuler l'inexpérience... surtout face à un homme n'ayant jamais avant... )


deuxième partie :

Citation :
Puis il le reprit sur ses épaules et lui planta sa dague dans la nuque, sans qu'il ait le temps de crier. Le sang se mit à couler et se mélangea aussitôt aux cheveux châtains ;
alors d'abord : affraid affraid affraid j'avais pas vu venir du tout. Très bon retournement de situation. sur la forme j'ai un peu de mal à voir le mouvement... le gars est sur ses épaules et il lui plante la dague dans la nuque... je visualise mal.

Citation :
Il le tenait toujours sur son épaule, comme un camarade ivre mort, mais il semblait de moins en moins vivant.
deux il de suite qui désignent une personne différente... ça fait un peu bizarre. surtout avec un troisième juste après qui change encore.



Très inattendu ce chapitre... le choix d'Agostino d'abandonner complètement sa vieille identité est tout à fait justifiié par le début de l'histoire et très... "dérangeant" (donc intéressant.) Ce serait peut être intéressant d'un peu plus décrire son état mental juste avant qu'il ne saute le pas... et puis l'alchimiste pourrait être un peu plus prudent (c'est quand même un truc qui pourrait très mal tourner et lui retomber dessus...) mais à part ça chapeau, la suite Smile
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MessageSujet: Re: Amadeo e Agostino   Amadeo e Agostino Icon_minitimeMer 8 Sep 2010 - 12:58

tout d'abord, je n'ai pas lu les commentaires précédents par manque de temps. Tu m'excuseras donc s'i je répète ce qui a déjà été dit.

Citation :
Agostino le poussa en hâte vers le bord de la rue, qui dans ces quartiers n'était même pas protégé d'une rambarde.
je trouve que la phrase pourrait être un peu allégée. Proposition (pour exemple): "... vers le bord de la rue qu'aucune rambarde ne protégeait". Eventuellement, tu peux rajouter le "dans ces quartiers" mais je ne pense pas que ce soit nécessaire.

Citation :
il finirent néanmoins
ils

Citation :
Puis il le reprit sur ses épaules et lui planta sa dague dans la nuque, sans qu'il ait le temps de crier
inattendu.
je ne voyais pas Agostino comme ça, prêt à ce genre de chose. Je me suis trompée sur son compte. Qaund à l'action ele-même, je trouve qu'elle manque un peu de sentiment. Ou de présentation, je ne sais pas comment dire. ça va trop vite, c'est trop vite passé pour que moi, en tant que lecteur, j'éprouve quelque chose. Même pas de choc ou de surprise.
je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire...


Citation :
il avait passé le bras de l'homme sous ses épaules et le soutenait comme s'il était simplement ivre. Une tâche difficile, quand l'homme ne bougeait
peut-être à reformuler pour éviter de répéter "l'homme"

Pourquoi il n'a pas attendu d'être plus près de chez l'alchimiste pour le tuer? A moins que les rues ne soient très passantes.

Attention, tu oublies la ponctuation de ton dialogue, ça le rend difficile à suivre.
Hum, une potion de métamorphose, comme c'est pratique...

Citation :
D'autres alchimistes avaient ouverts depuis
ouvert
la vie ne doit êtrre drôlement compliquée et changeante si on peut avoir accès comme ça à des sorts aussi puissants.

Citation :
Il le tenait toujours sur son épaule, comme un camarade ivre mort, mais il semblait de moins en moins vivant.
elle sonne étrangement, cette phrase. je suppose que c'est le mort qui paraît de moins en moins vivant (en un sens, c'est logique ^^)

Citation :
Les pavés étaient rougis par le sang et brillaient légèrement sous la lune
plusieurs de tes phrases peuvent gagner encore en légèreté, notamment en enlevant l'auxiliaire être. Exemple: " Les pavés rougis par le sang brillaient légèrement sous la lune"

Citation :
Il prit dans ses mains l'eau du canal et la jeta sur les pavés ;
l'eau du canal est à fleur de rue? il me semble qu'en général, il est difficile d'atteindre l'eau d'un canal depuis le bord. En tout cas, c'est comme ça pour ceux que je connais.

Citation :
Agostino les lui donna, un peu étourdi par la somme
il les avait sur lui ? Une somme aussi importante, c'est surprenant. S'il ne les avait pas, ça le rendrait débiteur de l'alchimiste, ça pourrait faire peser sur lui des difficultés supplémentaires.
Juste une autre chose: l'alchimiste ne lui a pas demandé avant de commencer le sortilège s'il avait la somme? Il me semblerait logique au contraire qu'il ait demandé son paiement avant.

une petite phrase serait la bienvenue pour dire qu'il prend congé de l'alchimiste

Citation :
Mais le croire était hypocrite
je ne comprends pas trop. Selon moi, ça veut dire que croire qu'il veut partir est hypocrite, alors que c'est le contraire (croire qu'il peut regretter de partir)

Citation :
Sa vue s'assombrissait, à moins que ce ne fut la seule douleur qui lui parasita l'esprit ;
parasitât



Il va donc prendre la place d'un personnage puissant. ça risque de ne pas être si facile de se montrer crédible. D'autant plus que si la noblesse a l'habitude de faire appel à des alchimistes, elle connaît ce sort de métamorphose. Et donc, elle doit se méfier fortmeent de tout comportement suspect.

j'attends avec curiosité de voir la suite de cette idée fort intéressante Wink
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MessageSujet: Re: Amadeo e Agostino   Amadeo e Agostino Icon_minitimeMar 14 Sep 2010 - 21:30

Merci Smile

Barla : Mmmm, le sort de métamorphose n'est pas forcément très connu, c'est qu'Agostino est un filou ! Il est bien entendu illégal, mais certains nobles trainant dans des affaires louches pourront effectivement le connaître.

Elgringo : A l'époque, le simple fait que la dame ne saigne pas était un aveu de non-virginité...

La suite, Amadeo, écrit par le boyfriend (que je vais fouetter de ce pas pour qu'il écrive plus vite Twisted Evil


Chapitre IV : Lena

"Allons, calme-toi Amadeo."

La jeune femme qui avait prodigué ce conseil était assise dans un des fauteuils du chevalier. Elle était la cadette d'Amadeo de quelques années et était d'une grande beauté avec son visage ovale aux traits fins et bien dessinés, ses cheveux châtains noués en chignon mais dont deux mèches ondulées s'échappaient et venaient encadrer ses beaux yeux verts. Lena, car c'est ainsi qu'elle s'appelait, scandalisait toutes les nobles dames, par sa tenue et ses manières. En l’occurrence, elle portait une robe bleu pastel qui découvrait ses épaules et une partie de sa poitrine rebondie.

Amadeo, quant à lui, était habillé comme l'as de pique. Le cheveu hirsute, la moustache ébouriffée, l’œil hagard, il arpentait la pièce.

"Comment veux-tu que je me calme, Lena ? cria-t-il. J'ai été trahi, trahi m'entends-tu ?

- Je t'entends Amadeo. Veux-tu me faire le plaisir de t'assoir, que nous discutions ?"

Amadeo prit une profonde inspiration et s'installa en face de Lena. La jeune femme esquissa un sourire, qui s'évanouit lorsque le chevalier se leva et repris son manège. Elle soupira et se résigna.

Elle connaissait Amadeo depuis longtemps et savait qu'elle ne parviendrait pas à lui faire entendre raison. Il était trop borné. Surtout lorsqu'une femme était en jeu. Elle faillit sourire en se rappelant de leur propre histoire, quelques années plus tôt. Elle était alors encore jeune, et Amadeo, jeune adulte, était irrésistible. Aujourd'hui il était simplement ridicule.

"Bon, dit-elle, explique-moi au moins ce que tu comptes faire, si ce n'est rester debout."

Amadeo ne comprit pas la remarque cinglante, ou du moins n'en tint pas compte. Il était habitué à la verve de Lena, à ses répliques cinglantes, ces mêmes répliques qui faisaient d'elle une femme redoutée à la cour, où elle n'épargnait personne, des ducs aux chevaliers en passant par tout ce que la noblesse comptait d'incapables ou de gens présentant le moindre petit défaut.

"Ce que je compte faire ? J'ai un millier d'idées qui me traversent la tête, toutes plus morbides les unes que les autres.

- Tu comptes te venger, donc."

La phrase avait été assenée avec une froideur telle qu'Amadeo s'arrêta un instant. Puis il reprit son manège et dit :

"Me venger ? Quelle idée saugrenue, Lena. J'en serais bien incapable, quand bien même je le voudrais. Francesca me tient. Elle m'a lâchement abandonné pour un ami. Et cet ami est puissant et influent. Et puis, comment la faire souffrir, je l'aime !"

Lena se redressa sur son fauteuil, un sourire malveillant qu'Amadeo ne lui connaissait que trop bien assombrissait son beau visage.

"Si son mari est si influent que ça, tu n'as qu'à la couper de lui. Brise leurs liens, jette le discrédit sur elle et sa famille. Irée est encore pire que le reste d'Adia pour ce qui est de la bêtise de ses habitants, pour leur attachement à ce qui parait.

- Pourquoi ferai-je ça, Lena ? Elle ne m'a finalement rien fait.

- Rien ?!"
Lena criait presque, la fureur déformait ses traits.

"Regarde-toi. Tu as les yeux rougis par les pleurs, tu es totalement anéanti, tu n'es que l'ombre de toi-même, et tu oses me dire qu'elle ne t'a rien fait ? Elle t'a trahi, elle t'a pris et jeté comme un vulgaire chiffon. Elle était avec toi et projetait en même temps son mariage avec ton ami. Elle t'a utilisé, brisé, et tu me dis qu'elle ne t'a rien fait ? Arrête de te voiler la face et regarde la vérité Amadeo : tu ne trouveras pas la paix avant de t'être vengé."
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MessageSujet: Re: Amadeo e Agostino   Amadeo e Agostino Icon_minitimeMer 15 Sep 2010 - 11:43

alors alors, voyons ça.

Attention dans les descriptions de ne pas trop accumuler les "avait" ou "était"

Citation :
Lena, car c'est ainsi qu'elle s'appelait,
je pense que "car c'est ainis qu'elle s'appelait" est inutile. La formulation n'est pas très élégante et, de plus, on devine sans peine que c'est son nom.

Citation :
habillé comme l'as de pique
n'est-ce pas un peu moderne comme expression? (j'avoue que je n'en sais rien, je pose juste la question)

Citation :
le chevalier se leva et repris
reprit

Citation :
ses répliques cinglantes
répétition de "cinglante"

Citation :
Lena se redressa sur son fauteuil, un sourire malveillant qu'Amadeo
je mettrait un point plutôt qu'une virgule

L'emportement final de Lena me laisse imaginer qu'elle est encore amoureuse Wink
passage agréable à lire mais un peu trop court... Allez, une petite suite?
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MessageSujet: Re: Amadeo e Agostino   Amadeo e Agostino Icon_minitimeMar 26 Oct 2010 - 10:18

Lena n'est pas la soeur d'Amadeo?
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MessageSujet: Re: Amadeo e Agostino   Amadeo e Agostino Icon_minitime

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