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 Un monde meilleur.

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MessageSujet: Un monde meilleur.   Un monde meilleur. Icon_minitimeDim 10 Avr 2011 - 20:49

(La présentation de Pandore m'a donné envie de le publier. Un roman qui me tient à coeur et qui parle de ma vallée. Pour ceux qui se souviennent de ma nouvelle "Vieux", l'idée part de là. Bonne lecture !)

- J’ai mal.
Mon corps entier n’est que douleur, mes membres sont lourds, mes os glacés. Je souffre mais ne peux rien dire. Prisonnier de la chair, invalide, inutile, croulant. Les mots ne manquent pas pour définir mon état. D’heure en heure, je sens la vie me quitter, mes dernières forces m’abandonnent. Ainsi la fin ressemble à ça… si j’avais su, je me serai suicidé en bonne santé.
Je suis bloqué sur cette chaise, incapable de faire un mouvement. On m’a mis devant la télévision, mais mes yeux ne peuvent voir les images. Tout est brouillé, y compris le visage de mes proches. Je ne les reconnais plus. Qui sont tous ces gens ? Je ne comprends même plus leurs paroles. Mon esprit divague, mes pensées ne parviennent plus à rester en place. Formuler une simple idée me prend des heures. Qui suis-je ? Pourquoi m’inflige-t-on pareille torture ? Les jours prennent l’apparence de minutes, des secondes paraissent des heures. J’aperçois des gens qui ne devraient plus exister. Leurs ombres me hantent, leur souvenir me terrifie. Ils semblent m’attendre, parfois j’entends leurs gémissements. Ils m’appellent. J’ai peur.

- Il va mieux non ?
- En tout cas, il a l’air. Il a repris des couleurs. Il est bien ici, on s’occupe de lui.
- Vu le prix que ça coute, y a intérêt…
- Tu vas pas remettre ça sur le tapis ! On se partage les frais de toute façon !

Je respire. Le printemps est là, apportant avec lui quantités d’odeurs que je pensais avoir oublié. Les rayons du soleil pénètrent en trombe dans ma chambre, le vent fait voleter les rideaux. L’hiver au dehors est terminé, le cycle recommence, la vie réapparait. Ou devrait l’être. Car pourquoi mes os sont si froids ? Pourquoi mon corps me fait si mal ? La brume tout autour de moi ne disparait pas. Tout est noyé dans un brouillard, les images, les formes, les sons. J’étouffe.
J’entends que ça parle. J’entends des cris, mais ils ne parviennent qu’aux frontières de mon univers. Il y a des gens près de moi, qui sont-ils ? Je veux sentir le soleil sur ma peau, humer le vent, respirer toutes ces odeurs nouvelles. Je lève le bras vers la fenêtre. Dehors, tout est plus clair, je vois un jardin, je vois de la couleur.

- Facile à dire pour toi ! Monsieur est célibataire, monsieur est comptable au Luxembourg, monsieur roule en BM ! Y en a qui ont une famille à nourrir, des gosses et qui ne peuvent pas dépenser la moitié de leur paye pour un vieux… ‘tin, mais qu’est-ce qu’il fait encore ?

Je me rapproche, ma main tremble. J’ai si froid, je vois la lumière, je me penche.

- Mais rattrape le, il va tomber ce con !

Une main sur mon épaule me retient et me pousse en arrière. Je me sens bouger, je m’éloigne de la fenêtre, on me pousse dans un coin de la pièce plongé dans la pénombre. Quel dommage, j’y étais presque. Je baisse la tête et m’endort aussitôt.


Des gens entrent, des gens sortent. Ils passent dans ma vie comme les ombres qu’ils sont. Ils me parlent, mais je n’entends déjà plus. Ils me font peur, les regards que je vois veulent dire tant de choses. Je sens leurs mains poisseuses sur mon corps, je sais qu’ils me déplacent. Un jet d’eau tiède sur ma peau, une odeur de nourriture, la piqure d’une aiguille, un goût âpre et sec dans la gorge. La pluie tombe au dehors.
Qui suis-je ? Les jours défilent et je me souviens de moins en moins. On ne m’appelle plus, mon nom s’est perdu. Mon passé se rappelle en moi par bribes, se mêlant à mon présent pour former une toile chaotique. Des visages apparaissent, je revois l’enfant que j’étais, les amis que j’ai cru oublier. Le temps fait machine arrière, le maintenant n’a plus aucune importance, je vis dans mon esprit embrumé.

- Ca a été à l’école aujourd’hui ?
- Papa, j’ai 38 ans…
- C’est bien, c’est bien… le petit Bruno t’a-t-il encore cherché des noises ? J’ai parlé à sa mère hier, elle a promis de lui tirer les oreilles.
Il soupire. Mon garçon a toujours été timide mais il ne veut pas que je m’occupe de ses affaires à sa place. Ce gosse a sa fierté, c’est bien, mais à son âge, c’est aux parents de faire la police.
- J’irai te voir samedi à ton match, je te le promet. Vous avez gagné contre Florange la dernière fois, mais c’était à domicile, vous aviez l’avantage. Je me souviens d’un petit numéro 9 qui t’avait bien donné du fil à retordre, fais attention.
- Oui, papa. Oui, papa…
Le petit visage rieur de Martial me regarde avec tendresse. Il a son ballon sous le bras. Je veux me lever pour aller jouer avec lui, mais étrangement mon corps ne répond pas. Suis-je malade ? Pourquoi garde-je le lit ? Mes jambes sont lourdes, mes bras beaucoup trop maigres.
- Martial, va chercher ta mère. Je me sens… je me sens bizarre….
- Papa… maman est morte depuis deux ans. Calme toi maintenant, dors, tu es fatigué.
Un voile passe sur mes yeux. Ma tête pèse des tonnes, le monde tourne autour de moi. Je replonge dans un rêve que je ne quitterai plus.


« Viens dans mon pays
Viens voir où j’ai grandi
Tu comprendras pourquoi la violence et la mort
Sont tatoués sur ma peau comme tout ce décor. »



Je me rappelle de ces odeurs, de ces brumes sur les hauteurs en hiver, de ce ciel gris, du martèlement continu des usines. Je me souviens de nos jeux entre ville et champs, de la douceur d’un baiser, de ces soirs d’été où je m’endormais, bercé par le cognement des rails qui s’entrechoquaient, des sirènes qui annonçaient la fin du service, de nos promenades sous les étoiles, de ce parfum de chocolat chaud quand je rentrais de l’école.
C’était un monde qui venait de naître, un univers riche en potentiel qui n’avait été crée que pour moi. La forêt, le ruisseau, la campagne, les hautes tours d’acier crachant des feux d’artifices par leurs cheminées, les senteurs de bois et de sueur, les mains calleuses et fortes de mon père, son regard si profond. Tout me revient en mémoire, je rêve d’une époque qui ne survit plus que dans le cœur de quelques anciens, d’un monde aujourd’hui disparu, où tout était peut être plus simple et plus joyeux, d’un souvenir qui va disparaitre au moment où je fermerai les yeux.
Cette vallée est en moi plus que de raison. C’est sa terre qui forme mes os, c’est sa poussière que j’ai respiré pendant tant d’années, ses sources qui coulent dans mes veines. C’est le pays où j’ai grandi, celui qui m’a construit et m’a fait devenir un homme. Nos deux destinées sont liées et se conjuguent pour former mon histoire. Et quand je mourrai, nous redeviendrons un. J’attends ce moment, je veux me noyer en elle, revenir au temps de mes dix ans, retrouver cette fougue et cette joie, m’enfoncer plus profondément dans mes souvenirs, tout recommencer. Tout recommencer, mourir pour avoir la chance de redevenir un enfant. Ici même, dans la Vallée des Anges, celle que j’ai tant aimé et détesté à la fois. Revivre la vie que j’ai déjà vécu.

- Michel, Michel, réveille toi. Tu ne vas pas dormir toute la journée ! Il est presque midi !
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MessageSujet: Re: Un monde meilleur.   Un monde meilleur. Icon_minitimeVen 22 Avr 2011 - 13:40

( La suite d'un monde meilleur. Ça par contre, ça n'avance pas...)

Cette voix. Je la connais. Je croyais l’avoir oublié. Je me souviens. Maman. Ce jour d’été, les grandes vacances venaient de commencer et comme pour tous les enfants du monde, elles étaient pour moi synonymes de liberté absolue. Dormir, manger, jouer, la vie était si simple à cette époque.
Ma mère. Je la revois dans toute sa beauté. Disparus les rides, la fatigue, la lassitude, le poids des années, elle est magnifique, resplendissante. Parfaite. Son visage m’est encore caché dans l’ombre, mais c’est elle, son parfum, son odeur, sa voix. Mon esprit la fait revivre pour mes yeux une dernière fois.

- Qu’est-ce que je vais faire de toi ? Le fils des voisins est passé aux alentours de 10 heures, vous aviez rendez-vous il parait. Je lui ai dit que tu dormais. La prochaine fois, assume tes responsabilités. Tu dis quelque chose, sommeil ou pas sommeil, tu t’y tiens.

Je me lève en baillant pendant que ma mère me jette un pantalon et une chemise puis va ouvrir la fenêtre. Le soleil entre dans ma chambre, apportant avec lui les bruits du dehors. Ca parle, ça crie, ça rigole, la rue est animée. En arrière plan, les bruits de l’usine.

- Qu’est-ce que tu as prévu aujourd’hui ? Habille toi en tout cas, ne t’avise surtout pas de trainer en pyjama toute la journée. Et si tu m’aidais dans le jardin ?

Le voile se lève et j’aperçois son sourire. Tu me manques tellement, maman. Elle resplendit, plus jeune que dans mon souvenir, plus belle encore. Heureuse dans son petit palais d’ouvrier. Pourrai-je arrêter le temps sur ces jours merveilleux ?
Je soupire, la tête encore embrumé par le sommeil et répond dans un marmonnement.

Comme dans un rêve, les images défilent et je ne parviens à les contrôler. Ce n’est pas la réalité, juste un souvenir. Je ne suis que le simple spectateur de ma vie.

Je marche dans les bois. L’aventure m’appelle et moi et mes compagnons explorons sentiers et chemins inconnus, nous enfonçant de plus profondément dans la forêt pour rechercher notre Graal. Chaque pas est une découverte, chaque clairière rencontrée un oasis au milieu du désert. Nous grimpons sans savoir où nos pas vont nous mener. Nous sommes des explorateurs des jungles africaines, des résistants traqués par les allemands, des pirates sur une île déserte. Nous sommes Buck Danny ou Spirou, des soldats américains, des chevaliers du Moyen-âge. Je suis le Roi Arthur en train d’arpenter mon domaine.
Le monde était à nous, nous avions dix ans et les collines et les champs n’étaient pour nous qu’un vaste terrain de jeu. Dans la terre et la poussière, entourés d’arbres millénaires, contemplant la vallée en contrebas, nous vivions des aventures extraordinaires, bien loin du commun de nos parents.

- Ils ne sont pas loin, je les sens.
- Comment peux tu les sentir ? On les a semé, j’te dis.
- Ah ouai, ben je les sens, c’est tout. Ils sont derrière nous, accélérons le pas !
- Ils vont voir ce qu’ils vont voir. On va reconstruire une cabane, et la prochaine fois, c’est nous qui les attaqueront !

Une peur d’enfant, une colère injustifiée, une rivalité qui perdurait depuis des années. Deux bandes qui jouaient au ballon ensemble le matin pour guerroyer l’une contre l’autre l’après-midi. Des sièges de forts, des cailloux lancés, des attaques éclairs et des replis stratégiques. L’Axe contre l’Alliance, De Gaulle contre Hitler, les gentils contre les méchants, les Japonais contre les Américains. On s’espionnait, on élaborait des plans, des tactiques de batailles, c’était à ceux qui construiraient la plus belle cabane ou qui gagneraient la prochaine partie de football.
Combien de fois suis-je rentré chez moi couverts de bleus et de boue, sourire aux lèvres après une victoire contre nos ennemis jurés ? Je me prenais de bonnes paires de claques de la part de mon père, mais même lui n’arrivait à effacer la fierté qu’il lisait dans mes yeux. Alors je lui racontais mes aventures de la journée, nos découvertes, nos coups d’états et on riait ensemble pendant de longues heures. La vie était belle, elle était devant moi et je comptais bien en profiter un maximum.

- C’est bon, ils ne nous rattraperons plus. Ils ne viennent pas dans cette partie de la forêt. Leur mère leur interdit d’aller aussi loin !
- D’ailleurs, on est où ? Quelqu’un est déjà venu par ici ?
- Je sais pas… Pas loin d’Hayange certainement. Peu importe. On continue ? J’ai vu un bois de sapins dans cette direction avant. On va jeter un coup d’œil ?
- Ma mère non plus ne veut pas que je m’éloigne trop… Si quelqu’un lui dit, j’aurai des ennuis…
- Moi je suis pour ! Il est encore tôt, place à l’aventure !
- Bon, on fait quoi alors ?

On était un groupe de cinq gamins, bambins nés pendant la guerre et qui grandissaient dans ses ruines. Enfants marqués à jamais par l’Occupation et qui tendaient inconsciemment vers le soleil, adolescents effrontés qui n‘avaient pas conscience du rôle qu‘aurait leur génération et des attentes de leurs parents, garnements qui pleuraient encore la nuit en rêvant des bombardements.
1950, nous entrions dans la deuxième moitié du siècle. Le monde pansait ses plaies, reconstruisait ses villes et tentait en vain d’établir une paix durable. Plus jamais ça, l’espoir renaissait dans les cœurs. Le peuple travaillait durement, le sourire était sur toutes les lèvres. Fini, fini, fini, l’humanité entrait dans une nouvelle ère.

Des bruits dans les buissons, des hurlements, plusieurs courses rapides, des pierres qui volent dans notre direction.

- C’est eux ! Retraite, retraite, on se sépare !

Un combat, une douleur dans l’épaule, un poids sur mon dos, un goût de fer dans ma bouche, ils sont plus nombreux et plus grands. J’en vois deux qui s’acharnent sur le petit Bernard, Alain qui est isolé en train de tenir tête à trois autres pendant que les jumeaux disparaissent entre les arbres et qu’on me maintient la tête contre le sol.
Je crie, je me débats, je pleure, je grogne mais rien n’y fait. Didier et ses copains nous ont eu, ils me bourrent de coups de pieds, nous crachent dessus avant de partir en rigolant.

- La prochaine fois, ce sera bien pire ! A plus les nuls !

- D’où ils venaient ces cons ?
- Aucune idée… et m***e, on s’est fait avoir comme des débutants. Qui a dit qu’on les avait semé ?

Bernard pleure en tenant un bout de sa chemise déchirée. Ses lunettes pendent bizarrement, et il lui manque un verre. Le grand Alain a bien souffert en voulant résister à ses adversaires, il saigne du nez, a une vilaine éraflure au front et son polo est dans un triste état. De mon côté, je crois que je me suis cassé une dent en plus d’avoir mon orgueil sévèrement touché. Le retour à la maison ne va pas être drôle. J’espère que papa n’est pas encore rentré du travail…


Mon corps ne m’obéis plus, mes intestins se vident sous moi, je sens ma propre odeur fétide emplir l’air. Je pourris sur place, mes pensées peinent à s’enchainer, mes paroles sont incompréhensibles. Je ne suis qu’un cadavre qui s’obstine à exister.
Ai-je encore droit au titre d’humain ? Que signifie d’ailleurs être homme ? Des images de ma vie continuent à défiler devant mes yeux. Un rêve peut il avoir des souvenirs ?
Je revois cet enfant, cet homme et ce vieillard se mêler, échangeant leur place dans le cours du temps. Le sablier s’écoule, les événements se mélangent, je ne suis sûr de rien. Tout cela a-t-il vraiment eu lieu ?


Les cris, les larmes, la douleur sur mes joues, l’humiliation. Mon père me prend par la main et nous allons chez Didier. Les parents s’expliquent, hurlent, se demandent mutuellement des comptes. Ils ne comprennent pas, ce n’est qu’un jeu, une bagarre d’enfant. Didier se cache derrière sa mère et nous nous échangeons un regard. Je baisse la tête. Les adultes n’ont rien à faire dans notre monde. C’est notre rêve, notre univers. Je pleure. Pourquoi le monde des grands est il tellement froid ?

Les jours s’enchainent et on oublie. Les punitions se succèdent, nous amenant à la prochaine bêtise. L’été se poursuit, on ne compte pas les semaines. Entre jeux et bagarres, corvées et partie de ballon effrénées, ce temps paraissait durer éternellement. Sous le soleil, pluie ou vent, nous passions nos journées dehors, à crapahuter dans les collines, inconscients de ce qui se passait en dehors de notre univers.
La clameur des usines nous suivaient dans nos explorations, leurs fumées nous guidaient, on n’était jamais loin d’elles. Nous étions des enfants du fer, fils de mineurs ou d’ouvriers, polonais, italiens, ukrainiens ou slovènes, étrangers dans un monde qui les avait acceptés.

Ma mère était allemande, mon père polonais. Ils s’étaient rencontrés avant la guerre, elle travaillait dans la vallée comme infirmière, lui comme lamineur dans l’aciérie des De Wendel. Avant les troubles, avant la haine qui allait submerger l’Europe, ils se sont aimés et ont décidé de construire leur vie ici. J’y suis né. J’y ai grandi et je savais qu’un jour, j’y mourrai.
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MessageSujet: Re: Un monde meilleur.   Un monde meilleur. Icon_minitimeJeu 28 Avr 2011 - 3:06

Ah voilà, on sent tout de suite que c’est plus travaillé ! Dis- moi, Ilaan, que fais-tu dans la vie, et d’où viens-tu, si ça n’est pas trop indiscret ?

C’est fluide et bien écrit, pas de problème là-dessus. Par contre, c’est un peu fouillis : tu mêles présent et souvenirs, c’est un peu flou dans la mise en forme. Comme tu te bases dans des villes réelles (Florange, le lux…), tu pourrais situer mieux les dates, le contexte « historique ». Cela enrichirait à mon sens ton histoire.
Améliore aussi les transitions entre « rêve » et réalité (soit en les introduisant par une ou deux phrases, soit avec un signe entre les paragraphes, par exemple.) à mon sens, n’en fait pas une histoire trop longue et « sélectionne » les souvenirs, pour ensuite peut-être articuler les parties « dans la réalité » autour – si tu vois ce que je veux dire !

Sinon j’aime beaucoup le point de vue intérieur d’un ancien atteint d’Alzheimer, j’en vois souvent au travail et je me demande toujours comment ils ressentent les choses. Comme tu le décris, je pense ! Ou pas loin, qui peut savoir ?
C’est touchant, en tout cas. Continue !


Citation :
Les rayons du soleil pénètrent en trombe dans ma chambre
Nan, sont trop rapides pour qu'on les voit arriver! Very Happy La formulation me gène, tu donnes un impression de mouvement qui ne colle pas. "Pénètrent à flot"? (basique mais efficace^^)

Citation :
Le cognement des rails qui s’entrechoquaient
Dis moi que la vallée de la Fensch est mieux entretenue que ça! Je ne pense pas que tu es voulu dire que les rails s'entrechoquaient entre eux? Shocked

Citation :
Je réponds dans un marmonnement.
Réponds quoi ou comment? (un oui, un non, positivement, par la négative... Autre chose?)
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MessageSujet: Re: Un monde meilleur.   Un monde meilleur. Icon_minitimeJeu 28 Avr 2011 - 18:16

Qui je suis et ce que j'ai fait ? Ça demanderait déjà un roman pour te raconter ma vie... On en parlera si on se rencontre un jour. On habite pas loin, ça peut se faire, un week-end !

Actuellement, je me suis posé, je travaille comme facteur, et je revenu suis chez moi, dans cette fameuse Vallée de la Fensch ( Moselle, tu dois connaitre Thionville je pense, et ben c'est pas loin). Je me suis réconcilié avec mon lieu de naissance, et je ne vois plus l'intérêt de délocaliser mes histoires.


Ouaip, c'est prévu de trier les souvenirs et de faire un roman court. Pas moyen que je fasse un Ken Follet sur ce genre de récit... Je garde la fresque historique pour mon futur Jeanne !
Pour les transitions entre souvenirs et réalités, je réfléchis encore. Je veux que le lecteur ressente la folie du personnage, qu'il soit aussi perdu, que lui non plus ne sache plus différencier ce qui est réel de ce qui ne l'est pas. A voir comment je m'y prendrai.

Par exemple, j'aime bien le "J’espère que papa n’est pas encore rentré du travail…" suivi de " Mon corps ne m’obéis plus, mes intestins se vident sous moi,". C'est censé choqué le lecteur, le tirer de son endormissement progressif !

Pour le cognements des rails, mon image n'a pas l'air de coller ! Je voulais parler des rails à la sortie de l'usine, quand elles sont chargés sur les trains ou les camions. Ce bruit a marqué mon enfance, ce son de cloche qui rythmait mes journées et mes nuits.


Un monde meilleur parle de ce temps qui a disparu et qui revient dans les histoires de mon père, ou dans celles des anciens que j'ai connu. Ce ne sera pas du style : "c"était mieux avant". J'ai l'intention de faire un roman qui pourra se lire sur plusieurs niveaux. Gentillets pour certains, acerbes pour d'autres.
C'est ma vallée, je la connais, j'y ai grandi, j'y ai aimé, j'y ai pleuré, j'y ai joué. Beaucoup de souvenirs évoqués seront certainement les miens, ou qui auraient pu être les miens. J'espère bien avoir le talent nécessaire pour mener ce projet à bien.

Merci pour ton commentaire, je tiendrai compte de toutes tes remarques. La suite arrivera probablement samedi.
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MessageSujet: Re: Un monde meilleur.   Un monde meilleur. Icon_minitimeSam 30 Avr 2011 - 22:07

( J'avais promis la suite pour samedi, et la voilà donc. Une petite page seulement.)

La mort. Je la sens prendre possession de mon corps. Son odeur fétide emplit l’air, j’entends déjà la Grande Faux. Elle se rapproche, je suis déjà tout à elle. Mon esprit erre, la réalité n’a plus de sens, le néant m’appelle. J’ai froid, si froid.
Des brumes, des ombres, un brouillard. Mon monde est noyé sous un voile éthéré. Je vois des visages, des sourires apparaître sur le mur. J’ai peur, mais ne peut pas crier. Ils m’attendent déjà.
Pourquoi, pourquoi, pourquoi, pourquoi… ? Pourquoi avoir vieilli ? Pourquoi n’ai-je pas pu rester le petit garçon insouciant que j’étais et qui ne pensait qu’à explorer combes et forêts ? Pourquoi le temps a-t-il passé ?
Toute cette vie, toute cette existence. Tant de jours, d’heures, de secondes. Je pensais que ça durerait éternellement, que je serais toujours jeune. Et aujourd’hui, me voilà. Vieux et fou, pourrissant sur place, avec de rares moments de conscience pour seul contact avec la réalité.
C’est ainsi. Je pleure et attends. J’attends cette mort qui me libérera, ce froid glacé qui me prendra définitivement. Et l’oubli. J’ai vécu, mais à quoi cela aura-t-il servi ? On se souviendra de moi comme le déchet que je suis maintenant. Tout ce que j’ai fait, tout ce que j’ai pensé… Un aboiement dans le parc. Sam…

- Attrape le ballon ! Essaye un peu, tu l’auras pas !
Je cours, mon ballon de football au pied. Je dribble, je rigole, je m’amuse. Sam me poursuit, essayant d’attraper le cuir, il jappe gaiement, vif et rapide, mais je le suis plus. J’ai douze ans et je suis heureux.
Ma mère est dans le jardin, et elle sourit en nous regardant. Je suis Jean Baratte face à Ferenc Puskas en finale de la coupe du monde. La foule est en délire, j’accélère, je feinte, je tire, but ! J’imagine la joie, le bonheur, la gloire, moi soulevant le trophée. Le Real de Madrid, le Stade de Reims et le Milan AC se battent pour m’avoir. Qui choisirai-je ? Rejoindrai-je Kopa ou m’aventurerai-je vers d’autres cieux ?

- Attention aux automobiles, Michel ! Ce n’est pas un terrain de football ici !
Je soupire. Ma mère vient de me ramener sur terre. J’ai mon ballon sous le bras, et Sam trépigne d’impatience en attendant que je le relance.
Sam était un berger des Pyrénées. Un beau chien à l’œil intelligent, futé et malin comme personne. Il était encore tout jeune à l’époque, tout juste deux ans, mais il avait déjà sa taille d’adulte. Je me souviens de mon anniversaire, quand mon père est apparu avec un chiot dans les bras. « cadeau de tes dix ans » avait-il dit. Je ne l’ai jamais remercié assez. Sam et moi sommes rapidement devenus inséparables. L’un n’allait pas sans l’autre, et ma petite bande l’avait également adopté. Il nous accompagnait pendant nos longues promenades à travers champs et bois, affrontant le mal et terrassant les infidèles. Il était mon meilleur ami, et sa disparition n’en a été que plus douloureuse.

Ce chien me manque. Etrange qu’on puisse autant s’attacher à un animal. Et pourtant… pourtant aujourd’hui, je me souviens de Sam. Je l’entends japper à côté de moi, je le verrai presque au pied de mon lit, sur son joli coussin tricoté. Je le sens, son ombre hante encore ma mémoire. Y a-t-il un paradis pour les chiens ? Me reconnaitra-t-il quand je l’y retrouverai ? Je l’espère. Pendant quatre ans, nous avons partagé la même existence, ressenti les mêmes joies, connu les mêmes peurs. J’ai oublié tellement de gens. J’ai des visages en tête mais je ne saurai y mettre des noms. Mais je me rappelle de Sam, ce gros chien joueur et affectueux que j’ai fini par trahir. Pour la seule raison qu’il n’était pas assez cool.

Est-ce le moment pour en parler ? Le temps me permettrait-il une diversion ? J’avais… j’ai 15 ans, et je me considère déjà comme un adulte. Le certif’ est loin, et je gagne déjà ma vie. Je suis en deuxième année au centre d’apprentissage de Knutange. Futur lamineur, comme mon père. Je partage mon temps entre l’école, le travail et les sorties. J’ai une mobylette, une fauvette de 1955 et je me sens comme le roi du monde.
Je suis jeune, séduisant, libre, indépendant avec bientôt un travail à l’usine, que demander de plus ?
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MessageSujet: Re: Un monde meilleur.   Un monde meilleur. Icon_minitimeMar 3 Mai 2011 - 20:45

Citation :
On se souviendra de moi comme le déchet que je suis maintenant. Tout ce que j’ai fait, tout ce que j’ai pensé… Un aboiement dans le parc. Sam…
La transition me fait "drôle", un peu maladroit, ça vient comme un cheveu sur la soupe. L'aboiement est déjà le souvenir, ou c'est parc de la maison de retraite? (je pense la deuxième, mais un petit détail dans la phrase serait bien^^)

Citation :
Sam était un berger des Pyrénées. Un beau chien à l’œil intelligent, futé et malin comme personne. Il était encore tout jeune à l’époque, tout juste deux ans, mais il avait déjà sa taille d’adulte.
Cette phrase aurait été bien en étant encore dans le souvenir, au présent, à mon sens. avec un saut de ligne ensuite pour le "je me souviens..."

Citation :
J’avais… j’ai 15 ans, et je me considère déjà comme un adulte. Le certif’ est loin, et je gagne déjà ma vie.
Encore la transition un peu maladroite : on voit bien que tu reviens à un souvenir, mais je ne pense pas que ça se passe d'un coup dans sa tête, en passant du "j'avais" à "j'ai". Je suggèrerais plutôt quelque chose comme "J’avais 15 ans, et je me considérais déjà comme un adulte...

Le certif’ est loin, et je gagne déjà ma vie. Je suis en deuxième année au centre d’apprentissage de Knutange. ..."

Voilà ! Sinon, c'est toujours très bien. J'aime le mélange passé et présent, juste attention aux transitions (c'est un exercice difficile!)

Citation :
Qui je suis et ce que j'ai fait ? Ça demanderait déjà un roman pour te raconter ma vie... On en parlera si on se rencontre un jour. On habite pas loin, ça peut se faire, un week-end !
Oui, c'est vrai! cheers
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MessageSujet: Re: Un monde meilleur.   Un monde meilleur. Icon_minitimeJeu 14 Juil 2011 - 10:26

(Bon ça fait longtemps ce texte... j'avais fait un paragraphe en plus il y a quelques temps, le voici.)

Un cerveau peut être, un cœur ou une âme.

Je roule dans le centre ville de Nilvange, une jolie fille me tient fermement par la taille. C’est dimanche matin. Le culte vient de se terminer et j’ai le reste de la journée pour moi. Je dépasse les voitures, je prends des raccourcis par les trottoirs, me faufile entre les passants, mon amie rigole derrière moi. Je sens ses mains sur mon ventre et ma poitrine, son parfum de muguet emplir mon air, ses cheveux. Elle est vraiment jolie, une fleur à peine éclos, une enfant qui n’a pas encore connu les peines et les tracas de l’existence. Son nom… je ne m’en souviens plus. Il y a en a eut tellement. Des Isabelle, Daisy, Marguerite, Aurélie, Jennifer… toutes les femmes de ma vie ont le même visage, le même sourire, la même douceur. Je ne me rappelle pas. Etait-ce déjà Catherine ?

Je fonce, rien ne peut m’arrêter. Je longe la rue Victor Hugo, dépasse la mairie, accélère dans la descente de l’église en prenant bien soin d’effrayer tous les cathos qui viennent en sens inverse. Ca klaxonne, ça montre du poing, ça crie et m’insulte, c’est rock’n’roll. Elle rit de mon imprudence, Catherine est aux anges, je sens son excitation, son étreinte se resserre, peut être qu’enfin ce sera le grand jour ?

On remonte par le stade pour pénétrer dans une petite ruelle à gauche. Rue Pierre Curie, j’ai un copain qui y habite. Un type un peu plus vieux.
Il nous attend déjà devant la porte, une cigarette à la main et un sourire aux lèvres.
- Jolis habits. Vous avez servi d’enfants de cœur aujourd’hui ?
Romain Wisniewski, mon modèle de l’époque. Un grand bonhomme aux cheveux longs, toujours une barbe de plusieurs jours, un travail depuis quelques années comme électricien à la Sollac et à tout juste dix neuf ans, déjà une maison à lui. Il était libre, indépendant, et je l’enviais énormément.
- Je vous salue Marie !
Je m’incline avec grâce, et il me tend une cartouche de Gauloises. Quelques francs changent de main, puis je m’en allume une. Catherine a déjà la sienne entre ses lèvres.
- Arrivage direct du Luxembourg. Prix d’ami bien sûr.
La clope du prolétaire, comme on l’appela plus tard. Elle nous correspondait bien. Nous étions jeunes, paumés, avec pour seule rêve de bosser et de gagner trois sous. Nous n’avions pas encore conscience du monde alentour, rien n’existait en dehors de nous, et même nos révoltes étaient motivés par des objectifs égoïstes.
- Alors, cette messe comment ça s’est passé ?
- Chiante à en crever, tu t’attends à quoi ? Le pasteur a parlé, a bavassé sur Jésus et sur la Rédemption… au temple, c’est déjà l’enfer, alors j’imagine même pas chez les cathos… T’as de la chance, toi…
- Et ouai, mon pote, c’est ça être adulte. Ni dieu, ni maître. Vous attendez quoi pour quitter vos vieux ? Imaginez, plus d’église, plus de couvre-feu, vous pouvez fumer autant que vous le voulez…
- Des comptes à rendre à personne, des fêtes tous les jours, la musique à fond… !
Catherine enchérit en faisant de grands gestes. C’est vrai que les parents sont soulants. J’ai presque seize ans, bon sang, j’ai passé l’âge de me faire chaperonner. La liberté, la joie, les sorties, c’est tentant, vivement que j’ai mon propre appartement !
- Les jumeaux sont passés tout à l’heure. Ils organisent un petit truc vers 15-16 heures à la Vierge. On se fait une petite aprèm tranquille pour profiter du soleil avant le début de la semaine, retour du taf ou de l’école. J’apporte la bière, vous êtes partants ?
Rien de prévu. De l’alcool, mes potes, Catherine, peut être d’autres jolies filles…
- Bien sûr, compte sur nous !
- Cool, à toute alors.
Romain écrase sa clope et sans un regard en arrière nous quitte en refermant sa porte. Il a la classe quand même.
- Bon, on bouge aussi ? Il se fait tard, ma mère va râler si je loupe l’heure du repas. Elle a fait un gigot…




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