Une autre petite nouvelle, avec une petite pointe d'autodérision.
Quand on peut faire simpleLes derniers visiteurs sortent du musée. C’est l’heure de la pause déjeuner pour Monir et moi. Je suis un gardien. Mais attention, pas n’importe quel gardien. Je m’occupe du musée des sciences de Genève, plus particulièrement de la partie sur la Mécanique Quantique.
Qu’est-ce que la mécanique quantique ?
Pour tout vous dire, je ne sais pas vraiment, même si d’après ce que j’ai compris ça a un rapport avec un chat zombie.
« La pièce la plus importante de ce musée, m’avait dit le professeur Vonkraken le jour de mon arrivée, c’est le chat de Schrodinger.
Vous voyez cette boite en métal au centre de la salle de physique moderne ?
A l’intérieur se trouve la plus grande preuve de la mécanique quantique.
En effet, cette théorie explique que tout se trouve dans une superposition d’états. Mort et Vivant par exemple.
Et que c’est l’observation qui force la matière à choisir un état. Un peu abstrait je l’avoue pour un concierge, mais que voulez-vous.
Un jour, le grand physicien Erwin Schrodinger décida de créer une expérience déterminante pour prouver cette théorie. Il mit dans une boite un atome radioactif qui avait exactement une chance sur 2 de se désintégrer. Sa désintégration entrainait le cas échéant l’ouverture d’une fiole de poison qui tuait un chat se trouvant dans la boite. Et le plus beau était que tant que l’atome n’était pas observé, il était à la fois intact et désintégré !
Donc le chat se trouvait être à la fois mort et vivant. Vous observez donc aujourd’hui le seul chat mort-vivant de la terre »
C’était plus ou moins le charabia qu’il sortait à tous les visiteurs, remarque méprisante sur ma condition à part.
De toute manière, je suis quand même assez fier de veiller sur la partie la plus importante du musée. Avec une expérience qui date de 1935.
Une idée traverse les brumes de mon cerveau, pour atteindre la partie consciente. Mais je l’arrête juste à temps. S’il y a bien quelque chose que j’ai appris ici, c’est de ne jamais avoir d’idée en étant entouré de génies des sciences.
On prend très facilement un coup à son égo en voyant 10 docteurs en physique se foutre de vous.
Je me contente de nettoyer la pièce, en attendant que les visiteurs reviennent. Ils doivent être à la dernière conférence du prof Vonkraken, intitulée
« Ce que la mécanique quantique permet de déduire sur la nature de l’ame »J’y serais bien allé si j’avais une once d’intelligence. Mais je ne suis qu’un concierge après tout.
C’est à ce moment que l’idée revient en force, traversant les barrières mentales que j’avais minutieusement érigées. Et je suis saisi d’un sentiment de panique, car je sais que quelque chose cloche.
Il faut à tout prix que j’ouvre cette foutue boite. Seulement, elle est scellée. Je cours chercher mon chalumeau dans mon casier. En passant devant la salle de conférence, je la ferme à clé de l’extérieur. Les physiciens ont la fâcheuse habitude de perdre leurs clés, ce qui me donne quelques minutes supplémentaires.
Après 5 minutes de recherche dans mon bordel, je retrouve l’objet de mon désir, et je reviens dans la salle du chat en courant. J’entends des coups à la porte de la salle de conférence.
Bonne nouvelle, ils n’ont pas encore trouvé les clés.
Debut de l’ouverture de la caisse. Vite, je n’ai pas le temps ! Le chalumeau detruit doucement les dernières résistances de la boite, et je l’ouvre.
C’est alors que j’éclate de rire !
« Couillon de physicien, je dis »
Il avait oublié que la vie d’un chat tient parfois à autre chose qu’un atome radioactif.
L’oxygène par exemple.