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 concours n°31-Votes

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Texte n°1
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Texte n°8
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Niko
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Niko


Masculin Nombre de messages : 2812
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Localisation : Un pied à Minath Tirith, un autre à Riva, le coeur à Port-Réal et la tête sur tatouine
Loisirs : Me prendre pour un rongeur, embêter le chat et faire plein de câlins
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MessageSujet: concours n°31-Votes   concours n°31-Votes Icon_minitimeSam 26 Mai 2012 - 20:04

Voici venu le temps de voter pour le concours n°31.
Bravo à tous les participants.
Fin des votes le 9 juin à 20h.

Texte n°1 :

Une nuit comme les autres


La nuit était belle, la lune brillait, mince croissant au milieu des étoiles dans le ciel de Sainte Victoire. Il faisait frais quand même et Honoré Rocheclaire resserra contre lui son manteau à la sortie du théâtre.

Octavie était suspendue à son bras, superbe dans sa toilette de soirée, toute en froufrous et en dentelles. Elle pépiait gaiement racontant à oncle Maximilien et à Ripley ce qu’elle avait compris de la pièce. Pas grand-chose à vrai dire.

Les groupes s’égayaient en sortant du théâtre. Les belles dames avaient sorti leurs atours les plus raffinés : robes à tournure, jupons de mousselines, corsages en soierie. Les hommes avaient opté pour des costumes sombres, avec une touche de couleur parfois : une lavallière nouée avec art, un mouchoir en soie. Tous, y compris Honoré et son oncle, arboraient une canne, au pommeau soigneusement travaillé.

Le boulevard Alexandre II était brillamment éclairé. Un peu plus loin, un lampiste finissait d’allumer les derniers réverbères au gaz. Leur lumière jaune était rassurante et agréable. Nombres des grandes maisons qui bordaient l’avenue étaient elles aussi illuminées. La grande bourgeoisie qui vivait là aimait donner des fêtes. Sainte Victoire, la ville lumière.

Il était à peine dix heures. Honoré n’avait pas envie de rentrer. Il proposa donc de descendre le boulevard jusqu’à l’arrondissement suivant. On déciderait là-bas ce qu’on ferait. Sa proposition fut acceptée par un pépiement joyeux d’Octavie.

Honoré écoutait d’une oreille le babillage joyeux de sa nouvelle conquête. Heureusement qu’oncle Maximilien lui faisait la conversation. Honoré n’avait plus qu’à répondre « oui, oui », de temps en temps. Il pouvait alors observer la ville, sa chère Sainte Victoire.

Les grands hôtels particuliers laissèrent peu à peu à la place aux maisons plus modestes. Les luxueux théâtres et restaurants devinrent des cafés populaires et des ginguettes.

La porte d’un cabaret s’ouvrit à leur passage et une demoiselle peu vêtue et passablement éméchée fit signe à Honoré d’entrer. On dansait, riait et chantait ferme à l’intérieur. Des ouvriers, des domestiques, mais aussi des employés de bureau. Et quelques petits bourgeois venus s’encanailler pour une soirée. La bière et le vin devaient sans nul doute couler à flot.

Honoré adorait ce genre d’endroit. De jour, chacun restait bien à sa place, on ne se mélangeait pas. Mais la nuit, dans les cabarets à Sainte Victoire, tout était permis. Tout le monde dansait avec tout le monde. On n’était plus un bourgeois, un ouvrier, ou une fille de chambre. On était un Victorien. Et les Victoriens savaient faire la fête et le montraient.

Honoré était tenté, il refusa tout de même l’invitation de la fille d’un geste de la main. En notant néanmoins le nom et l’adresse du bistrot pour y revenir à l’occasion. Il tira Octavie, qui lorgnait toujours vers l’intérieur, bouche bée.

Ils continuèrent leur chemin. Même dans les petites rues, les réverbères avaient été allumés. Les Abominations n’aimaient pas trop la lumière. Et les Victoriens, par conséquence, l’adoraient.

Un peu plus loin, ils croisèrent un petit groupe de jeunes, foulards autour du cou et casquette sur le crâne. Ils étaient occupés à se disputer pour savoir combien de temps le nouveau gouvernement tiendrait avant d’être renversé par l’Assemblée. Le dernier avait duré deux semaines. Honoré misait sur un mois pour celui-là.

Les jeunes gens arrêtèrent leur conversation sur leur passage. Certains dévisagèrent Ripley avec un mélange de curiosité et de peur. Honoré soupira. Les androïdes, avec leur drôle de peau grisâtre, étaient encore peu répandus. Il fit presser le pas.

Les éclats de rires et des bribes de chansons leurs parvenaient des cafés, des maisons. On avait beau se trouver dans la partie la moins riche de l’arrondissement, comme chez les gens aisés, les réjouissances battaient son plein. On buvait de la bière, et non du champagne. On dansait la gavotte, et non la valse, mais pour Honoré, ça ne changeait rien.

On faisait toujours la fête, à Sainte Victoire. On avait les plus grands théâtres. Les meilleures chanteuses, les plus belles actrices se disputaient le privilège de venir s’y produire. A Sainte Victoire, les rues étaient larges, pavées. On pouvait y circuler en fiacre, en véhicule à vapeur, ou même à pied. Il faisait bon s’y promener. Même dans les petits quartiers, la nourriture était délicieuse. Sans parler du vin. Qu’il fasse jour ou qu’il fasse nuit, il y avait toujours de la lumière, toujours quelque chose à voir, à faire.

Oh bien sûr, il y avait toujours le risque de voir s’ouvrir une Singularité en bas de chez soi, qu’une abomination en sorte et vous boulotte le bras. Mais dans le monde entier, tout le monde était logé à la même enseigne. Et au moins, en vivant à Sainte Victoire, on pouvait se targuer d’habiter la plus belle ville existante.

Un vrombissement dans le ciel leur fit lever la tête. La masse sombre et imposante d’un dirigeable passa au-dessus d’eux. Le patrouilleur « Le Vigilant », vu la forme et le bruit de ses moteurs à vapeur.

- Ça ne sent pas très bon ! gémit Octavie en posant un mouchoir de dentelle sur son nez délicat.

- C’est l’un des inconvénients de la Haute Vapeur, très chère, répondit Maximilien. Cela nous permet de faire fonctionner nos machines et de combattre efficacement les Abominations. Mais il faut reconnaître que l’odeur n’était pas très agréable.

Honoré acquiesça machinalement aux paroles de son oncle, alors que son regard se tournait vers l’est de la ville. Les usines. Là d’où sortait le dirigeable. Et tant d’autres choses.

Même en pleine nuit, les hauts fourneaux restaient allumés et les cheminées crachaient leur fumée grasse et noirâtre. Les ouvriers se relayaient pour produire les outils, les machines, les armes dont Saint Victoire avait cruellement besoin.

De jour, Honoré trouvait cette partie de la ville atrocement laide. C’était le seul quartier de Sainte Victoire qu’il n’aimait vraiment pas. Des bâtiments volumineux et sans grâce. Des murs ternes noircis par les fumées. Sans parler des bus à vapeur amenant toute les huit heures un flot d’ouvriers, ramenant ensuite chez eux ceux qui avaient finis leur journée, le visage crasseux, abrutis de fatigue.

A côté des usines, les banlieues avaient fleuri. Peuplées par des paysans, fuyant les Singularités et les Abominations ; ou venant simplement chercher un travail. Ils s’entassaient dans les masures bâties en catastrophe, dans des taudis insalubres.

Ils n’avaient pas d’eau, pas de quoi se chauffer, à peine de quoi manger. Mais eux aussi profitaient de la lumière de Sainte Victoire. Leur seul rempart.

Honoré contempla les lueurs lointaines des hauts fourneaux et des banlieues. De jour, c’était affreux. De nuit, il arrivait à trouver une certaine beauté à tout cela. Un charme maladif.

- J’ai mal aux pieds et je suis fatiguée. Je voudrais rentrer, se plaignit alors Octavie.

- Nous ne sommes plus très loin du boulevard des Innocents, dit Honoré, on trouvera un fiacre là-bas.

Ils prirent une rue et obliquèrent vers le boulevard en question. Ils rencontrèrent un petit groupe. Cinq personnes, vêtues de l’uniforme bleu des Mercuriens, comme on les appelait.

- Commandant Rocheclaire, professeur Rocheclaire, madame Ripley, dit l’adjudant du groupe en s’inclinant devant eux.

Honoré lui rendit son salut, ravi d’entendre quelqu’un appeler Ripley « Madame » et non « Androïde », comme c’était la coutume.

- En patrouille ? demanda Honoré.

- Tout juste, mon commandant, répondit l’adjudant. On fait juste un contrôle de routine.

- Parfait, parfait, dit Honoré.

Il ne put s’empêcher d’observer discrètement le groupe, vérifiant au passage qu’ils avaient tous leur équipement. Une lampe au mercure, un fusil, un revolver ou un lance-grenade pour chacun. Tout y était. Les Abominations n’avaient qu’à bien se tenir. Honoré hocha la tête en guise d’approbation.

- Bien, je vous laisse vaquer à vos occupations. Bonne chance à vous, adjudant, dit Honoré.

En repartant, il dut presque traîner Octavie, qui regardait deux jeunes hommes en uniforme avec de grands yeux écarquillés.

Ils atteignirent bientôt le boulevard des Innocents. Honoré fut soulagé de retrouver une vaste avenue bien éclairées. Pas de fiacre en vue, par contre.

- Comment on va faire pour rentrer ? demanda Octavie d’une voix plaintive.

- Nous allons bien finir par trouver un fiacre, répondit Honoré.

- On ne pourrait pas plutôt avoir une de ces nouvelles machines à Haute Vapeur ? Tu sais, celles qui roulent très très vite.

- J’ai peur que ce genre de machine soit expérimental, très chère, dit Maximilien.

- Et de toute manière, c’est réservé aux Mercuriens pour les interventions d’urgence, trancha Honoré.

Octavie grommela quelque chose. Mais avant qu’elle puisse répliquer plus amplement, un bruit strident retentit. Ripley tourna la tête et se figea comme un chien de chasse. La sirène d’alerte de la patrouille des Mercuriens. Honoré lâcha le bras d’Octavie.

- Je vous la confie, mon oncle ! dit-il à Maximilien. Ripley, avec moi !

Ils coururent en direction de la sirène.

La chose était là, au coin de deux ruelles. Masse humanoïde sombre, enveloppée dans des vêtements en lambeaux. Trois membres de la patrouille étaient à terre. Un autre reculait en étraignant son bras droit, tordu selon un angle improbable. Le dernier, un gamin terrifié, sonnait frénétiquement la sirène d’alerte.

Honoré ne perdit pas de temps. Alors que la chose avançait, il récupéra son gantelet énergétique, l’enfila à la main gauche et chargea. Un coup de canne. L’Abomination ne bougea pas. Bien. Une catégorie un. Ce serait facile. Un deuxième coup de canne pour ouvrir sa garde et un coup de poing au niveau des côtes. La créature pivota et attrapa au vol le bras d’Honoré. Puis elle le saisit à bras le corps et le souleva au dessus de sa tête comme s’il ne pesait rien. Bon. Peut-être pas une catégorie un en fait. La chose le lança. Avec un cri, Honoré atterrit sur un tas de poubelle, une nouvelle invention d’un préfet de Sainte Victoire, fort utile dans le cas présent.

Il se releva et se remit en garde, alors que l’Abomination fonçait sur lui. Deux détonations retentirent. La chose hurla et s’arrêta avant de se tourner vers Ripley. Elle tenait deux fusils au canon court, un dans chaque main. La chose siffla de colère et avança. L’androïde tira une nouvelle fois. L’Abomination hurla et se recroquevilla sur elle-même. Balles au mercure. Bien. Ripley lâcha les fusils et sortit une grenade au nitrogène de son sac. Mauvais ça par contre. Honoré se releva et courut le plus vite et le plus loin possible. Le souffle de l’explosion le jeta au sol, aux pieds de l’androïde.

Honoré se releva en toussant. Il épousseta ses vêtements.

- Le coup de la grenade, c’était bien nécessaire ? demanda-t-il à Ripley.

- La situation le justifiait, répondit l’androïde de sa voix monocorde.

- Les autres auraient pu être blessés, fit remarquer Honoré en désignant les deux membres de la patrouille encore en vie.

Ils étaient recroquevillés contre un mur et n'osaient plus bouger.

- Ils vivront, décréta Ripley après un bref regard.

Honoré contempla le peu qui restait de l’Abomination. Les murs avaient pris un sale coup aussi. Ça faisait encore une rue qu’il faudrait condamner. Ça augurait beaucoup de paperasse. Les gens du coin ne seraient pas contents. Les Victoriens adoraient deux choses : faire la fête et râler. Ils aller pouvoir s’en donner à cœur joie pour la deuxième.

Dans le ciel de Sainte Victoire, le dirigeable « Le Vigilant » fit un nouveau passage. Il se mit à pleuvoir. Au loin leur parvenait les échos d’une fête.

Champagne en début de soirée, fusillade pour finir en beauté. Encore une nuit comme les autres à Sainte Victoire.

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Dernière édition par Niko le Sam 26 Mai 2012 - 20:11, édité 1 fois
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Niko
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MessageSujet: Re: concours n°31-Votes   concours n°31-Votes Icon_minitimeSam 26 Mai 2012 - 20:05

Texte n°2 :

Lokh-ta :

Lokh-ta était la capitale d’Hydjal, un grand pays aride. Les paroles de ses habitants étaient capables d’être aussi secs que les tempêtes de sables et en même temps d’être aussi doux que la pluie bienfaitrice qui rend le désert, pendant deux mois, aussi beau que n’importe quelle plaine. En effet, quand la saison des pluies arrivait, il suffisait d’une nuit humide pour faire germer toutes les plantes et fleurs éphémères, transformant cet enfer en paradis. Les jukan’s revenaient alors apportant avec eux la promesse d’une année prospère.
La ville, comme le désert, était changeante. Formée en cinq niveaux, elle s’étendait sur une immense procession rocheuse que l’on appelait le mont des espoirs. Chaque niveau était cerné d’une muraille de pierres blanches qui reflétaient le soleil tel d’immenses miroirs. Tout autour, il n’y avait rien. Seuls le vent et le sable unis dans leur étrange danse, tantôt faites de violence, tantôt douce et sereine, l’entouraient. Nul ne pouvait savoir quand le ciel leur serait favorable pas même les Vialnor’s, ces sages prédisant l’avenir. Le dieu Bental, incarné dans cette étendue aride soumettait les habitants de cette région à rude épreuve.
Malgré le climat plus ou moins toujours le même, on pouvait discerner quatre saisons.
La première, Lincho, était la saison des pluies. On y célébrait la vie et les fermiers pouvaient enfin se mettre au travail, devant produire, en deux mois, autant que ceux des prairies pendant un an. De plus tous les habitants essayaient de récolter le maximum d’eau pour ne pas avoir à la payer à un prix presque inabordable aux autorités.
La seconde et la quatrième, les Enoth’s, qui se ressemblaient très fort, étaient de longues périodes sèches pendant lesquelles le soleil tapait si fort, qu’il était impossible de commercer. Les rares qui s’y soient essayé étaient morts de soif. Malgré la chaleur, le mont des espoirs restait vert grâce aux gigantesques réserves d’eau des grottes qui le parsemaient.
La troisième, Erin, était la plus impressionnante. Le sable, par un phénomène physique inconnu, se transformait et le désert devenait une sorte de mer. C’était un immense piège car on pouvait si enfoncer très facilement si on allait pas assez vite. Et aussi que, contrairement à la vraie mer où l’on pouvait facilement retourner à la surface, le sable empêchait ceux qui l’avait défié de bouger. Les malheureux étaient alors étouffés et mouraient dans d’atroces souffrances.
Des créatures avaient su s’adapter à cet environnement comme les nasil’s, de grands requins des sables. Ces bêtes pouvaient atteindre dix mètres de long et leur gueules devaient posséder plus de cent dents aiguisées. Avec ces prédateurs impitoyables, arrivaient aussi des milliers de poissons au rostre aussi dur que de la pierre ce qui leurs permettaient de traverser le sable très rapidement. De cette particularité venait leur nom : les bizol’s au nez d’argent.
Les gens du coin avaient su profiter de cette opportunité. Ils avaient construit de grands navires élancés et rapides pour capturer ces petits animaux. Le tout, pour ne pas sombrer au milieu des dunes, était de toujours rester en mouvement. Dans le même temps, ils avaient pu créer un commerce grâce à ces bateaux, leur permettant de refaire des provisions.
La ville en elle-même était très hiérarchisée, chaque un des cinq niveaux était attribué à une caste ou un niveau social.
Ainsi, au premier niveau, qui fut le dernier construit, s’étendait les faubourgs. À par les plus pauvres qui s’y étaient installés, on pouvait aussi y trouver le quartier des pêcheurs ainsi que les quais pour leurs navires. Les quartiers des bouchers et des poissonniers s’y étaient aussi implantés car l’odeur qu’ils dégageaient incommodait les plus riches. On pouvait également y voir le quartier des potiers et le quartier des verriers puisqu’ils avaient besoin du sable et de l’argile comme matière première. Ils trouvaient le premier assez facilement puisque le désert s’étendait devant les remparts contrairement au second pour lequel il fallait se rendre à une petite carrière à ciel ouvert.
Il n’y avait pas beaucoup d’eau dans ce niveau se qui entraînait aussi qu’il n’y ait pas beaucoup de plantes. Seuls quelques cactus pouvaient supporter le sol sec puisque seuls quelques puits permettaient d’avoir un peu de cet or bleu.
Les maisons étaient construites en torchis, un mélange de paille et d’argile séché et possédaient en outre un toit plat où les habitants laissait sécher leur linges ou autre. C’étaient des habitations rudimentaires n’ayant comme principale fonction que le logement. Elles étaient donc très rarement percées de fenêtres qui, le plus souvent, n’étaient que de simples trous dans les murs.
Les rues, mis à part les principales, n’étaient que de simples chemins de terre battue où charogne et immondices foisonnaient. Elles ne possédaient pas d’égouts et ces derniers s’étalaient donc au milieu de la route dégageant une odeur putride
Le deuxième niveau, qui étaient aussi le plus grand, quand à lui, était construit sur la pente du mont des espoirs et portait le nom de croissant des pierres. On pouvait y trouver les quartiers des forgerons et des tanneurs ainsi que celui des menuisiers.
Les habitants de ce niveau menaient un meilleur train de vie que ceux des faubourgs et pouvaient parfois s’offrir de petites folies. Leurs maisons était faites de pierres grossières mais on pouvait voir, sur certaine façade, de grandes gravures. Elle représentaient diverses choses : de monstrueuses créatures à de petites fleurs. Une chose identique au premier niveau était sans conteste les toits de ses constructions qui, dans un cas comme dans l’autre, étaient plats. Les rues aussi étaient différentes. Ici, elles étaient toutes faites de pavés droits et bien alignés qui paraissaient former de belles formes géométriques.
C’est aussi là que l’on avait planté les vergers, les potagers et les champs qui composaient plus de la moitié de la superficie totale du deuxième palier. De nombreux fruits et légumes exotiques y poussaient toute l’année car, malgré la sécheresse apparente du sol, il regorgeait d’eau en dessous des cultures.
Le troisième niveau, en grande partie occupé par des bâtiments militaires, était nommé le quartier du sang. Ce nom venait principalement du fait que c’était là que se passait la majorité des mises à mort. Outre les habituelles casernes où s’entraînaient les soldats, il y avait aussi des écuries et de nombreuses tours s’élevaient à intervalle régulier sur des hauts murs crénelés. À chaque point cardinal, se dressait une majestueuse forteresse. Malgré leur but premier, la défense, les architectes n’avaient pas laissé de côté les détails et les ornementations.
Ces bâtiments avaient été conçus de forme carrée et possédaient chacun une cour, ou plutôt un patio, entouré de majestueuses colonnes. Au centre de cette petite place était placée une fontaine. Le reste des constructions n’étaient pas en reste bien que peu de personnes, mis à part les soldats, ne pouvaient y entrer.
Une des autres caractéristiques de ce palier étaient les grottes qui s’y ouvraient dans les falaises du côté sud. Il y avait beaucoup de cascades ce qui avait permis aux agriculteurs de moudre leur grain grâce à des moulins souterrains.
Le quatrième niveau formait la basse demi-lune et était en fait le quartier bourgeois. On y trouvait, outre ceux qui avaient bien réussi, les nobles, de nombreux marchants, dont leur guilde et diverses petites organisations. L’eau, très abondante, irriguait de grands parcs à l’allure d’oasis et permettaient aux riches d’avoir leurs jardins privés. Leurs maisons, toutes aussi belles qu’impressionnantes, étaient décorées de carrelages colorés et de longs tapis au style persan.
Malgré le pouvoir du roi, ici c’était la guilde des marchands qui faisait la loi. Très riche, elle ne reculait devant rien pour arriver à ses fins. Les gardes ne bronchaient même pas car la corporation les payait grassement. Cette dernière avait ses propres tueurs ainsi que ses propres lois.
Au cinquième et dernier niveau, la haute demi-lune, était établit le palais royal. Entouré d’immenses jardins, le bâtiment était un lieu de démesure. Tout n’y était que richesse et rêves. Il était construit en trois parties : les appartements de la familles royale, le conseil, et le tribunal.
Les premiers servaient également de prison personnelle du roi où il pouvait faire torturer des gens pour son simple plaisir. C’était un monarque qui avait plus l’air d’un dictateur puisque toutes les lois, votées par le conseil et qui ne lui plaisaient pas, étaient abolies. Il faisait payer de nombreux impôts à ses sujets les rendant petit à petit plus pauvres et lui devenant de plus en plus riche.
De plus, il dépensait cet argent inconsidérément, détruisant des soulèvements imaginaires de la plèbe et menant des guerres inutiles. Il payait aussi des sommes astronomiques pour les services d’un sorcier qui saurait « peut-être » le rendre immortel.
Cette ville, qui de loin ressemblait à un paradis, était en fait un piège plus mortel encore que le désert environnant. Un peu comme le rouge de la plante carnivore qui attire ses proies à elle. À l’intérieur des murs de Lokh-ta, trop de familles avaient déjà souffert, trop de sang avait coulé. Une colère grandissante montait dans l’esprit des habitants. Ils rêvaient de liberté et, pour cela, il n’y avait qu’une solution : la révolution.

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MessageSujet: Re: concours n°31-Votes   concours n°31-Votes Icon_minitimeSam 26 Mai 2012 - 20:06

Texte n°3 :

L'homme qui marche :

J'avance. Le ciel pleure au dessus de moi. Ses larmes coulent, claquant sur les pavés, inondant les trottoirs pour se muer en ruisseaux ou rivières en furie. J'ai froid. J'ai peur. Il n'y a personne dans les rues. Je tousse. Je suis si fatigué. Mon sac sur l'épaule est si lourd. Maman. Encore une journée, encore un effort. Demain, j'aviserai. La pluie tombe, et je continue à marcher.

Je pénètre à l'intérieur de la ville, dans ses ruelles, ses couloirs. Il fait noir. La cité devant moi s'étend à perte de vue, je ne vois pas l'horizon. Il n'y a que cet enchevêtrement de blocs, de bitume, de béton. Dans toutes les directions. Immeubles de pierre et d'acier aux petites fenêtres. Gris, sombres. Sales. Ça pue. Une drôle d'odeur plane dans l'air. Elle est plus forte ici. La crasse, la pourriture, le fer, le sang. Relents de mon monde, de ma vie, incarnation de toutes mes peurs. Je m'arrête soudain. Je suis trempé, les murailles qui se dressent tout autour ne me protègent en rien. De sinistres formes courent autour de moi, je les sens dans les ombres, elles me frôlent les jambes, se poursuivent, me touchent. Pour elles non plus, je n'existe pas, je ne suis qu'un fantôme, une âme errante, prisonnier d'une vie qui n'est pas la sienne et qu'il ne comprend pas.
Je lève les yeux vers les nuages, mais je ne vois que les tours. Si hautes, si terrifiantes. Et cette fumée qui englobe tout. Elle est partout, elle noie mon univers sous un voile opaque, se nourrissant de mes rêves et de mes espoirs pour grandir encore, se renforcer. Il n'y a pas de lumière, il n'y a que cette brume. Je la traverse, tente de me forcer un passage à travers son corps, de me libérer de ses bras, mais elle me rattrape toujours. Je la vois dans mes cauchemars, elle est la première chose que j'aperçois en ouvrant les yeux le matin, elle est ce que je redoute, l'avatar de mes démons. Elle est ma vie, et je ne connais qu'elle.
Tout comme cette ville, tout comme la nuit. Le soleil n'existe plus, ses rayons ne passent pas les remparts que nous avons dressé. Nous avons crée un monde sans lumière, contemplons le.
Contemplons le. Et pleurons avec le ciel. La terre fume, vomissant de la vapeur qui monte en volutes pour danser avec le brouillard. J'ai repris ma marche, je passe à travers elles. Des bouches d'égouts, s'élèvent de funestes cris, je ne veux pas les entendre. Ça hurle, ça grogne, ça rugit. Non, non, non, eux non plus n'existent pas. Je ferme les yeux, me bouche les oreilles. Je ne veux pas entendre, personne ne m'a aidé moi, alors pourquoi... ? Chacun dans sa malheur, dans sa douleur... Douleur, c'est le nom de cette ville.

Je me rapproche. Pas après pas. Je sens le changement dans l'air. Cette lourdeur, cette atmosphère oppressante, cette chaleur. J'ai toujours froid, je tremble, mais je sens cette tiédeur qui envahit tout, pénètre les immeubles et jusqu'à l'intérieur de nos corps. Je transpire, je sue, je pue. Moi aussi, la même odeur. Elle est moi, et je suis elle. Un de ses maillons, un simple engrenage. Et c'est pour ça que j'ai envie de mourir.

Le sol tremble. On se bat déjà dans son cœur. Les petits soldats du diable s'affrontent dans un ballet qui ne connaît pas de fin. Il y a un volcan sous terre, c'est la bouche de l'Hadès, et c'est là que je vais. Je suis un enfant de Satan également, un simple pion dans la partie d'échecs que se livre des puissances qui me dépassent. Né dans les Taudis, mon avenir s'y arrête. J'avance, mais pourquoi faire ? Survivre. Une journée de plus. Jusqu'à demain. Et recommencer. Encore et encore, jusqu'à ce qu'on soit trop vieux, trop las et qu'on nous jette enfin, nous laissant crever ou nous sacrifiant dans les flammes des fours pour Sa Gloire.
Elle vit, elle me regarde, elle me surveille. Elle lit dans mes pensées, ouvre mon cœur pour y déterrer mes plus obscurs secrets. Je ne suis rien pour elle, si je disparais, elle me remplacera aussitôt. Il y a en a des milliers comme moi, des millions. Des milliards. Des milliards de poupées, sans âme et sans conscience, qui tentent vainement de trouver une raison d'exister. Et dont il suffirait de couper les fils pour qu'elles s'effondrent, sans vies, retournées à l'état de simple morceaux de bois. Tout juste bon à brûler.

Ils apparaissent peu à peu tout autour de moi. Les autres. Eux, mes semblables, dont les visages noirs, jaunes ou gris semblent tous crées à partir du même modèle. C'est une armée de clones que je rejoins, un bataillon silencieux dont les regards vides et les épaules voûtés témoignent de la même lassitude. Ils sont des centaines, et je ne suis que l'un d'entre eux. Une simple enveloppe vide, un homme qui n'en est plus un. Des bras, des jambes, reliés à des fils maniés par quelqu'un de plus doué que moi.

C'est ce qu'on nous a appris. Baisser la tête, supporter. Il n'y a aucune échappatoire. Les cités-dortoirs, les forteresses de l'immonde, et au loin le Mur. Brillant, majestueux, gigantesque avec au delà peut être la vie et la lumière. Mais plus vraisemblablement rien. A part le désert et la mort. C'est ce que nous avons gagné, notre récompense ou notre punition.
Personne ne sait ce qui s'est passé, comment nous en sommes arrivés là, et personne ne veut savoir. Quel intérêt ? Elle nous protège, nous nourrit, c'est tout ce qu'il faut connaître. Et en retour, nous devons contribuer à sa grandeur.
Alors je marche. Chaque jour de ma vie, je rejoins la cohorte d'hommes, de femmes et d'enfants qui se dirigent vers son cœur ou ses poumons en une file silencieuse. Je ne les reconnais pas, ils peuvent être n'importe qui. Tous en haillons, tous ont froid, sont maigres, beaucoup boitent ou tanguent, ivres de douleurs. S'ils tombent, ils savent qu'ils ne se relèveront plus.

Nous écrasons les vaincus. Des gémissements montent des ombres sous les immeubles. Nous savons tous ce que c'est, nous ne nous arrêtons pas. Ça pourrait être nous. Les esprits damnés, les rejetés, ceux qui se sont écroulés. Ils meurent, ils pourrissent sur place, oubliés d'elle. Elle les a déjà remplacé de toute façon. Vieux, invalides, brisés par la vie et le labeur, ils sont restés ici, entre deux mondes, entre les fours et les dortoirs, incapables de rejoindre ni l'un ni l'autre. Chaque jour, leur appel à l'aide résonne comme une cruelle litanie qui rythme notre avancée. Chaque jour, d'autres perdus les rejoignent. Chaque jour, je me sens un peu plus proche d'eux.
La route s'élargit, et des rues annexes convergent toute une autre foule. La pluie s'arrête, et un mince souvenir de l'aube apparaît. Je ne m'arrête pas, je suis le flot au risque de me faire écraser. Je lève seulement la tête. Mais il n'y a rien. Au loin, si loin au dessus de moi les tours de béton se rejoignent, formant des ponts et des arches. Et encore plus haut, il y a la brume, la fumée, la preuve de notre passage.

Quelqu'un tousse à côté de moi. Une vieille femme. Elle tombe à genoux la main sur la bouche. Du sang, de la couleur dans ce monde terne. C'est la fin pour elle. Je la dépasse sans un dernier regard. Elle n'a pas la force de hurler. Elle mourra. Seule. Abandonnée de tous. La ville l'avalera comme tant d'autres avant elle.
Nous ralentissons. Mon fardeau sur l'épaule devient de plus en plus lourd. Nous nous rapprochons, et nos jambes ne veulent plus avancer. Les derniers immeubles, un souffle chaud, brûlant, le sol tremble, une odeur de souffre, de sueur et de sang. Les flammes sortant des tours, des cheminées, du cœur même de la terre. Une vallée encaissée. La peur la plus primale qui monte dans mon ventre. Le rituel de chaque jour. Une sirène sonne dans un vacarme assourdissant.
Quelques instants plus tard, les libérés s'en vont, ils passent devant nous. Dans leurs yeux, une étrange sorte de soulagement, mais aussi la fatigue. Ils parviennent tout juste à avancer. Les Taudis sont loin, beaucoup n'y arriveront pas.
C'est notre tour maintenant. Une file se forme, je m'y insère. Les Forteresses de l'Immonde s'étendent à l'infini devant nous. Usines et mines à ciel ouvert où s'acharnent des milliers de petites formes, luttant pour notre survie à tous, pour une journée de plus dans ce monde. La terre est un cratère béant, tout est noyé sous un voile de fumée opaque. Ça me brûle les poumons, j'ai la gorge sèche, j'ai soif. Dans douze heures, tout sera fini, je pourrai rentrer. Au loin, une petite lumière qui brille, puis d'autres et encore d'autres. Elles entourent la ville sur des centaines de kilomètres. Je sais ce que c'est, j'en rêve chaque nuit, à chaque instant. Le Mur. L'horizon, la liberté, ou la mort.

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MessageSujet: Re: concours n°31-Votes   concours n°31-Votes Icon_minitimeSam 26 Mai 2012 - 20:07

Texte n° 4:

ATLANTYSA

L’étrange sous-marin, qui ressemblait à un avion sans aile surmonté d’un large cockpit en verre descendait vers le fond de l’océan, et seuls ses phares perçaient l’obscurité.
Nérée nageait toujours à côté d’eux et Minoa se demandait comment un dauphin pouvait descendre à une telle profondeur. Elle interrogea Jeremy qui pilotait l’engin d’une main sûre :
« Où allons-nous ?
- Cherchez dans vos souvenirs et dites-moi si le nom d’Atlantysa vous rappelle quelque chose. »
Elle fouilla dans sa mémoire, ce mot lui était à la fois familier et inconnu… Tout en cherchant, elle sursauta et cria :
« Nous allons nous écraser au fond !
- Mais non, juste passer la faille pour atteindre notre but. »
Alors qu’ils approchaient, elle aperçut l’entaille qui se confondait avec les rochers environnants, dans laquelle plongea l’engin. Elle regarda autour d’elle avec curiosité : il n’y avait rien qu’une lueur qui grossissait devant eux.
Bientôt, Jeremy indiqua :
« Voilà Atlantysa ! »

Le sous-marin débouchait dans une gigantesque grotte brillamment éclairée, à la voûte haute d’une centaine de mètres. Au fond de cette caverne entièrement envahie par la mer se dressait un immense dôme transparent sous lequel se devinaient les bâtiments d’une ville. Plusieurs dômes plus petits, reliés par des tunnels de la même matière, étaient construits autour.
Minoa demeura interdite à cette vue.
Jeremy lui jeta un coup d’œil :
« Alors, vous reconnaissez votre ville natale ?
- Ma… ?!? Au nom du ciel, Jeremy, qu’est-ce que c’est ?
- Atlantysa, la dernière cité des Grands Royaumes de la Mer, qui comprenaient l’Atlantide, la Crète et Mû. »
Abasourdie, elle fixait le spectacle qui s’offrait à elle : sous le dôme, elle apercevait des édifices disparates : certains ressemblaient aux palais minoens, d’autres à des temples grecs, et l’architecture des derniers évoquaient les temples monumentaux de l’Amérique Précolombienne. Elle protesta :
« L’Atlantide et Mû sont des légendes !
- Vous oubliez que toute légende a un fond de vérité… Regardez devant vous, ça vous semble n’être qu’une légende ?
- Et cette cité serait la dernière qui reste ?
- Oui. Autrefois, les civilisations les plus puissantes s’étaient alliées, et plusieurs villes comme celles-ci, où se mélangeaient les trois cultures, ont été érigées. Mais seule Atlantysa, qui était une expérimentation, a survécu.
- Une expérimentation ?
- Les technologies d’Atlantide et de Mû étaient tellement avancées qu’ils décidèrent de créer une cité au fond de la mer, sous un dôme de verre. Après plusieurs essais infructueux, Atlantysa vit le jour, et nos ancêtres n’ont cessé de la perfectionner au fil des siècles.
- Et les autres, que leur est-il arrivé ?
- Elles étaient situées à la surface, les Grands Cataclysmes les ont toutes balayées. »
Minoa reporta son attention sur la ville dont ils approchaient et reprit :
« Alors ses habitants sont des Atlantes ?
- Non, des Atlantysiens, descendants à la fois des Atlantes, des Minoens et des Lémuriens. Au fil des siècles, ils n’ont plus formé qu’un seul peuple.
- Qui dirige la ville ?
- C’est un roi qui descend des dirigeants Atlantes et Minoens : sa famille est sur le trône depuis des siècles.
- C’est donc une monarchie ?
- Pas seulement. Nous avons aussi un Grand Conseil, qui regroupe différents dignitaires, les chefs militaires et les Grands Prêtres de nos religions.
- Il y en a plusieurs ?
- Les Minoens adoraient la Déesse Mère, les Atlantes Poséidon, et les Lémuriens le Soleil. Il est donc logique qu’ils soient restés les dieux tutélaires d’Atlantysa. »
Minoa regarda autour de la bulle, où une activité intense régnait : des sous-marins de différentes tailles, mais aussi des plongeurs vêtus d’une simple combinaison, qui nageaient avec des dauphins. Elle secoua la tête, incrédule :
« Comment peuvent-ils nager à une telle profondeur ? Avec la pression, c’est impossible !
- Elle n’existe pas dans la grotte, c’est comme s’ils nageaient sous la surface de l’eau.
- Et les dauphins ?
- Nous leur greffons à la naissance un appareil qui leur permet de la supporter. Ensuite, ils sont dressés comme des montures, beaucoup d’Atlantysiens en possèdent un. Nérée est le vôtre depuis votre enfance. »
Elle se tourna vers le dauphin qui nageait toujours près d’eux : ainsi elle n’avait pas rêvé, elle connaissait bien cet animal, comme elle en avait eu l’intuition.
Jeremy la sortit de ses pensées :
« Nous arrivons, je vais vous emmener voir votre famille.
- Attendez, s’il vous plaît, j’aimerais mieux visiter la cité avant ! »
Il hésita, puis se dit qu’après tout, retrouver d’abord sa ville natale pourrait être une bonne chose. Il prit un micro et parla dans une langue étrange, à la fois familière et inconnue pour Minoa. La conversation dura quelques minutes, sans qu’elle n’y comprenne rien, puis Jeremy se tourna vers elle :
« C’est réglé, nous allons d’abord voir la ville, et après vous les rencontrerez. »

Le sous-marin s’engagea dans un tunnel ouvert dans le bas du dôme principal : ils firent surface dans un bassin et allèrent se garer le long d’un quai, s’accrochant à une sorte de rampe de métal. L’endroit était le port de la ville, où d’autres submersibles y étaient amarrés.
Jeremy ouvrit le cockpit et sauta d’un geste souple sur le quai, puis se retourna et lui tendit la main pour l’aider à monter.
Elle jeta un coup d’œil vers l’eau :
« Où est Nérée ?
- Il a rejoint le bassin des dauphins, un peu plus loin : c’est là qu’ils se regroupent en attendant que leurs maîtres viennent les chercher. Suivez-moi, et n’hésitez pas à poser toutes vos questions, je suis là pour y répondre. »
Elle le suivit, remarquant que les gens la dévisageaient avec curiosité, mais détournaient les yeux quand elle leur rendait leur regard.
Jeremy la guida jusqu’à un véhicule semblable à une voiture décapotable sans roue ; elle prit place dans le siège passager tandis qu’il s’installait aux commandes. Il tira une manette et l’engin s’éleva dans les airs, lui offrant une vue panoramique sur toute la ville : elle remarqua qu’il y en avait d’autres qui sillonnaient les hauteurs de la cité :
« Vous vous déplacez toujours comme ça ?
- Oui. C’est plus pratique pour aller d’un point à l’autre d’Atlantysa. Mais nous pourrons marcher un peu dans les rues si vous le souhaitez. »
Elle hocha la tête et désigna le plus grand bâtiment qui surplombait la ville :
« C’est un palais minoen là-bas ?
- Le palais royal, le siège du pouvoir et la résidence de la famille royale et de la cour. Oui, il a été construit sur le modèle de Knossos. Nous irons là-bas tout à l’heure. »
Minoa le détailla : il ressemblait aux reconstitutions qu’elle avait vues des palais minoens : les bâtiments rectangulaires étaient en briques, recouverts d’un crépi blanc et ornés de frises jaunes. Des colonnes rouges encadraient les portes et soutenaient les balcons, d’autres formaient une colonnade autour d’espaces extérieurs de circulation. Il s’élevait sur trois étages et rappelait la réputation de labyrinthe de Knossos. Au sommet se répétait la même sculpture géométrique de pierre aux deux pics, représentant des cornes de taureau ou la double hache, un des symboles minoens.
Elle lui demanda :
« Vous y allez souvent ?
- J’en suis un habitué de par ma fonction, je dirige le centre scientifique, une des institutions d’Atlantysa.
- Le centre scientifique ? Qu’est-ce que c’est ?
- Pour vous, un mélange entre un laboratoire de recherche et une université : nous y enseignons certaines matières aux adolescents qui sortent de l’école principale, et des chercheurs continuent d’y perfectionner nos technologies.
- Où est ce centre ?
- C’est le bâtiment où nous arrivons. »
Minoa tourna la tête et vit qu’ils se posaient dans une petite cour, devant un édifice de pierre lui aussi inspiré de l’architecture minoenne. Un large perron s’élevant sur quelques marches courait sur le devant de la construction ; au-dessus de la porte principale en bois sculptée, entourée de colonnes rouges, étaient gravés trois symboles : le trident, le soleil et la double hache. Elle les fixa, avant de suivre son guide à l’intérieur.
Le hall et les couloirs étaient ornés de fresques colorées aux motifs géométriques, plus discrètes que celles de Knossos. Ils traversèrent des salles d’aspect moderne, remplies d’appareils étranges.
Jeremy l’entraîna vers une petite salle à l’écart, meublée d’une vingtaine de sièges et d’un écran fixé au mur du fond.
Minoa s’étonna :
« Vous avez un cinéma ici ?
- Non, c’est la salle des cours d’histoire. Ca ne vous rappelle rien ?
- Pourquoi, ça devrait ?
- Vous ne vous souvenez pas de l’attaque du monastère d’Arkadie ?
- Celle que j’ai cru revivre en visitant le site ? Alors c’était une reconstitution filmée destinée à des cours ?
- Non, pas une reconstitution, mais les événements de cette journée effroyable tels que les ont filmés nos caméras, et que vous avez vus quand vous étiez enfant. »
Minoa le fixa, méfiante :
« Le cinéma n’existait pas en 1866, c’est impossible !
- Pas pour nous ! Nous avons maîtrisé cette technologie dès le 15ème siècle… vous avez vu bien d’autres moments d’histoire par ce biais, l’attaque des pirates à Spinalonga, par exemple. Je sais que ces images vous sont revenues une fois sur place.
- En effet…
- Venez, vous avez encore bien d’autres choses à redécouvrir. »

Ils gagnèrent une autre partie de la ville. A leur arrivée, Minoa fut surprise du mélange anarchique des différentes architectures.
En face d’elle se dressait un temple blanc aux colonnes classiques, qui lui rappelait le Parthénon, à la différence que ses colonnes étaient bleues et que seul un trident de la même couleur ornait son fronton.
Sur sa gauche, un nouveau bâtiment minoen était décoré de fresques colorées sur l’extérieur, qui représentaient des processions de porteurs d’offrandes.
Le côté droit de la place était occupé par une petite pyramide de pierres massives, évoquant l’architecture maya.
Elle demanda à Jeremy :
« Où sommes-nous ici ?
- Aux Temples : en face de vous, c’est celui de Poséidon, à gauche celui de la Déesse Mère, et à droite celui du Soleil. Les principaux cultes de nos ancêtres sont regroupés ici. Venez, nous allons commencer par celui des Atlantes. »

Ils passèrent le porche encadré de colonnes du temple de Poséidon. A l’intérieur, des fresques et des bas-reliefs évoquaient la mer, des vagues, des dauphins, des tritons, et d’autres créatures aquatiques qui semblaient vivantes.
Après avoir remonté une colonnade, ils débouchèrent dans une vaste salle à ciel ouvert, occupée par une statue du dieu haute d’une dizaine de mètres. Jeremy lui précisa en souriant :
« Elle vient de l’Atlantide, nous avons retrouvé ses morceaux dans les ruines du continent, et nos artistes l’ont restaurée ici. »
La sculpture était composée en majeure partie d’un métal étrange aux doux reflets : Jeremy lui répondit avant qu’elle ne pose la question :
« C’est de l’orichalque : on l’utilisait beaucoup en Atlantide. Malheureusement la mine a disparu en même temps que le continent. Les vêtements et le visage sont en argent, en nacre et en pierres précieuses. »
Elle restait bouche bée devant l’œuvre d’art : elle semblait tellement réelle, malgré sa taille immense, qu’on s’attendait à voir le dieu bouger ou parler.
Jeremy l’entraîna vers un passage derrière la statue : elle hésita :
« Ce n’est pas réservé aux prêtres ?
- Si, et à quelques privilégiés dont nous faisons partie. Venez, ça va vous plaire ! »
Ils traversèrent un cloître entouré de fines colonnes bleues en turquoise ; au centre de la cour se dressait une fontaine d’argent ornée de deux dauphins qui jouaient et crachaient des jets d’eau dans le bassin en dessous d’eux.
Ils arrivèrent devant une porte plaquée d’argent que Jeremy ouvrit, avant de s’effacer pour la laisser entrer.
Elle resta sur le seuil, subjuguée par ce qu’elle voyait : du sol au plafond, des dizaines de rayonnages étaient couverts de livres et de piles de parchemins roulés. Elle entendit le sourire qui transparaissait dans la voix de son guide :
« Un de nos trésors, la Grande Bibliothèque, protégée par Poséidon. Certains manuscrits viennent de l’Atlantide, ils ont pu être sauvés du cataclysme par des voyageurs qui les ont apportés ici avant.
- Et les autres ?
- Certains de nos concitoyens ont parcouru le monde et nous les ont rapportés. C’est la plus ancienne bibliothèque du monde, et la plus précieuse par les trésors qu’elle renferme. »
Minoa en fit le tour, s’émerveillant de ce qu’elle voyait, avant qu’il ne l’entraîne hors des lieux.

De retour sur la place, ils montèrent les degrés de la pyramide pour atteindre la plate-forme qui se dressait à son sommet, sur laquelle était érigée une construction carrée dans laquelle ils entrèrent.
Les murs étaient gravés de glyphes rassemblés en longues frises : après la richesse des fresques du temple de Poséidon, l’endroit semblait presque nu. Au fond, un autel de pierre brut était surmonté par un mur vide, sur lequel était seulement gravé un immense soleil.
Elle se tourna vers lui :
« Et maintenant ?
- Je vais vous montrer le centre de la ville, où vivent la plupart des habitants. »

Ils arrivèrent bientôt dans de larges rues pavées, bordées de chaque côté par des immeubles de deux à trois étages à l’architecture plus neutre : les bâtiments étaient carrés ou rectangulaires, couverts d’un crépi blanc uniforme, aux ouvertures soulignées d’un encadrement jaune pâle.
Les rues étaient animées, des gens marchaient, d’autres s’interpellaient et s’arrêtaient pour discuter par petits groupes.
Jeremy reprit son rôle de guide :
« Ici ce sont les quartiers d’habitation, chacun de ces immeubles comporte plusieurs appartements. »
Il lui désigna un autre quartier en contrebas, composé d’édifices aux façades brunes qui ressemblaient à des échoppes :
« Là-bas, c’est le quartier des artisans et des commerçants, où se fournissent les habitants pour tout ce dont ils ont besoin.
- Et pour la nourriture, comment faites-vous ? Vous la ramenez de la surface ?
- Non, nous avons des champs sous les dômes secondaires, ainsi que des vergers : nous produisons une grande partie de notre alimentation grâce à eux. Ici notre mode de vie est différent de la surface, dicté par notre environnement : nous nous nourrissons surtout des produits de la mer, poissons, crustacés, coquillages, et aussi des algues.
- Pas de viande ? Il m’a pourtant semblé apercevoir des taureaux quand nous avons survolé un des dômes en arrivant.
- Ce sont les taureaux sacrés, qui sont réservés pour les jeux tauromachiques en l’honneur de la Déesse Mère. Ce serait un sacrilège de les tuer pour les manger. »

Ils approchaient d’une sorte de petit fort aux murailles hautes de plusieurs mètres, en pierres épaisses qui semblaient assemblées sans mortier, comme si leur forme avait été conçue pour qu’elles s’imbriquent parfaitement et tiennent sans aucune aide. Minoa pensa aussitôt aux bâtiments incas qu’elle avait vus dans ses livres d’Histoire.
Jeremy lui indiqua :
« Ici c’est la garnison de la cité.
- Vous avez des soldats ? Auriez-vous des ennemis ?
- Pas particulièrement, mais nous nous méfions des hommes de la surface : s’ils venaient à découvrir notre cité, ils pourraient avoir de mauvaises intentions, et si notre technologie tombait entre leurs mains, ça pourrait être catastrophique. »

Ils se promenèrent un peu dans la ville, puis Jeremy regarda sa montre et lui annonça :
« Il est temps d’aller retrouver les membres de votre famille à présent.
- Où sont-ils ?
- Au palais.
- Ils vivent là-bas ? Ce sont des gens importants ? »
Son interlocuteur hésita, puis finit par avouer :
« Très importants… Votre mère était la sœur du roi, et par conséquence, vous êtes une princesse. »

Sous le choc de cette révélation, Minoa se laissa entraîner jusqu’au palais. Son cœur battait toujours la chamade tandis qu’elle y pénétrait et suivait Jeremy au travers de longs couloirs décorés de fresques minoennes aux couleurs vives, dauphins, femmes apprêtées, princes au maintien plein de noblesse, porteurs d’offrandes et bien d’autres sujets encore qui ne laissaient pas un seul espace blanc sur les murs. Tout en avançant, la jeune femme se fit la remarque que l’endroit dégageait un mélange étrange : un décor antique, mais des éléments d’une technologie avancée, comme ces lumières électriques qui baignaient les couloirs d’une douce clarté.
Les couloirs ressemblaient à une ruche, des serviteurs s’activaient, des soldats montaient une garde vigilante, et dans certains endroits, des petits groupes discutaient, s’arrêtant de parler à leur passage, pour reprendre ensuite à voix basse.
Minoa et son guide parvinrent à une large porte de métal ornée de symboles en relief, toujours les mêmes, le trident, la double hache et le soleil. Deux gardes, sur un geste de Jeremy, en firent pivoter les lourds battants et ils entrèrent dans une salle entièrement peinte en rouge, décorée de fresques de griffons stylisés, comme dans la salle du trône de Knossos. Au fond de la pièce, une petite estrade était surmontée de deux trônes imposants en pierre, au haut dossier bosselé, entourés de chaque côté de sièges plus petits.
Seuls quatre personnes se trouvaient dans la salle, assises sur cette estrade. L’homme installé sur le plus grand trône se leva et leur ordonna : « Approchez ! »

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MessageSujet: Re: concours n°31-Votes   concours n°31-Votes Icon_minitimeSam 26 Mai 2012 - 20:08

Texte n°5 :

Une ville morte de soif


Il rentrait chez lui. La démarche titubante et l'oeil hagard, il avançait encore et toujours. Sa peau s'était brunie sous le soleil brûlant. Un squelette vivant. Une dépouille qui marchait. Il ne suait pas. Son corps n'avait même plus une goutte d'eau à perdre.

Derrière lui, un désert de terre, de sable et de roche s'étendait à l'horizon. A perte de vue. Comme s'il n'avait pas de fin.

Une ville se rapprochait devant lui à chacun de ses pas. Sa ville. Le jeune homme décharné rentrait au bercail.

Il jeta un dernier regard dans son dos, comme pour contempler le chemin qu'il venait de parcourir. Le simple fait de tourner la tête lui arracha une grimace de douleur. Son corps tout entier semblait demander grâce. En vain ! Jamais le garçon ne s'arrêterait ! Il n'abandonnerait pas les siens : tous leurs espoirs reposaient sur lui. Il était leur seule chance de survivre.

Le sol roussi était partout le même, sur des centaines de kilomètres. Désespérément, infiniment, terriblement, tristement identique.

Il ne tarda plus à faire son entrée dans la ville. Touchant au but.
Un champ de ruines... La ville n'était rien de plus. Où étaient-ils passés, tous ces nombreux hommes et femmes qui foulaient les rues de la ville ? Le jeune homme n'avait pas connu ce temps faste où sa cité rayonnait. Où des millions de personnes y habitait.

Aujourd'hui ils n'étaient plus qu'une petite centaine à séjourner dans les vestiges de la métropole fantôme. Une poignée de familles. Les derniers courageux à être restés. Les seuls survivants du désastre qui avait secoué la ville. Les rescapés de la disparition de l'eau, le liquide sacré, breuvage vital.

Le jeune homme progressait, lentement mais sûrement, recroquevillé sur lui même. Sa fatigue était telle qu'il ne parvenait plus à se maintenir debout.

Le jeune homme portait dans le creux de ses bras une gourde. Une grosse gourde rougeâtre. Près de deux litres d'eau. Un trésor. Une fortune inestimable. Deux litres d'eau... Assez pour assurer la survie de sa famille pour la semaine au moins.

Il serait accueillit par les siens tel un héros.

Sa respiration haletante se fit plus régulière, comme s'il sentait son périple toucher à sa fin et que cela lui redonnait un sursaut d'energie. Il traversa les anciens quartiers de la cité. Tout n'était que désolation. Casinos ravagés par le feu. Fontaines vides et détruites. Immeubles écroulés, dévastés. Une ville vétuste. Une ville de ruines, tout simplement.

Des dizaines de rues, encombrées de débris, s'éloignaient de tous les côtés. Le jeune homme marchait lentement, inexorablement, vers les siens. Il connaissait les lieux et savait où aller. Les derniers habitants de la ville se trouvaient à l'autre bout de celle-ci, dans les sous-sols de ce qui avait jadis été un hôtel de ville. Sous terre... Le seul endroit où la température restait respirable. Là, un semblant de fraîcheur rendait la vie supportable. C'était tout ce que les malheureux habitants pouvaient demander de la vie. Supportable, à défaut d'être agréable...

Horek, car c'était le nom du jeune homme, croisa les restes de ce qui avait été un restaurant. Sur le fronton du bâtiment à demi écroulé, deux mots étaient écris. Le nom de l'ancien restaurant. Un lieu où, problablement, nombre de grandes figures politiques avaient dû déjeuner. Ces hommes politiques qui, justement, s'étaient par la suite désintéressés de la ville, la laissant à l'abandon pour ne plus jamais seulement prononcer son nom. Tout cela Horek ne le savait pas. Il n'en avait aucune idée et ne pouvait en aucun cas le deviner. Le nom du batîment retint l'attention du garçon. Deux mots. Deux mots inscrits dont il ne connaissait pas la signification.

Depuis toujours, Horek avait été intrigué par ces curieux signes gravés ou peints sur la roche. Cela devait avoir un sens pour ceux qui avaient habité la ville du temps de sa splendeur. De cela il était sûr. Mais quel sens ?

Il ne savait pas lire. Plus personne ici ne savait lire. Au fur et à mesure des générations tout ce qui ne servait pas à survivre avait été oublié. La lecture faisait partie de cette culture perdue. De la même façon, le jeune homme, du haut de ses quatorze ans, ne se doutait même pas de ce qu'avait été un restaurant. Ce mot avait disparu depuis des lustres de leur vocabulaire.

Sa silhouette courbée tourna au détour d'une rue. Ses pieds nus laissaient leurs traces dans la poussière qui couvrait le chemin. La rue avait jadis été faite de bitume. Mais le bitume avait disparu sous la terre et le sable que le vent apportait du désert.

Un nouveau virage, puis Horek se sentit transporté de joie. Une joie immense mêlée à du soulagement. Enfin ! Il était dans sa rue ! Plus que quelques pas. Une dizaine, une centaine tout au plus. Il tournerait ensuite au milieu des décombres d'un ancien bâtiment effondré depuis des siècles.

Son pas s'intensifia. Toujours plié en deux, il se mit à accelérer, courant presque.

Dans quelques instants il serait chez lui ! Arrivé ! Enfin son supplice prendrait fin.

Comme il entrait dans les ruines du bâtiment dont le sous-sol leur servait de demeure, il se trouva face à un escalier. Il n'hésita pas une seconde mais descendit, péniblement, s'agrippant à la rampe pour ne pas tomber et dévaler les marches sur les fesses. Une petite minute. Soixante secondes, trop longues, interminables.

Enfin il fut en bas. Ouvrant la porte qui menait vers l'ancien parking qui leur tenait lieu de maison, il en franchit le seuil, titubant toujours.

De nombreux regards se tournèrent vers lui, bientôt suivis de cris de joie.

Un sourire au visage, heureux. Horek s'écroula.

La gourde bien fermée lui échappa des mains et roula sur le sol. Ses yeux clignèrent une dernière fois. Un instant. Il croisa le regard de son petit frère. Neuf ans, et plus robuste que tous parmi eux. Tous était squelettiques, décharnés mais lui était costaud, presque trapu.

La mère de Horek ramassa la gourde et se pencha sur son fils ainé. Toute sa famille se groupa autour du jeune homme pour le secourir de leur mieux.

Le sourire de Horek s'affaissa. Sa dernière prière, sa dernière pensée alla à son frère. Pourvu qu'il ait plus de chance que lui !

Sans bruit, au milieu des siens, l'esprit de l'enfant s'envola vers les cieux.

À tout juste quatorze ans, Horek n'était plus...

Mort en héros, acclamé par les siens.

Une victime de plus de cette ville morte de soif. Il y en avait eu d'autres, il y en aurait d'autres.

Une victime de plus de cette ville qui, jadis, était celle des plaisirs.

L'âme de l'enfant s'élevait lentement, invisible aux yeux de tous, vers l'azur du ciel, au dessus de la ville.

Au dessus de Las Vegas.

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Loisirs : Me prendre pour un rongeur, embêter le chat et faire plein de câlins
Date d'inscription : 31/05/2007

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MessageSujet: Re: concours n°31-Votes   concours n°31-Votes Icon_minitimeSam 26 Mai 2012 - 20:09

Texte n°6 :

Bercé par le chant du vent, marbré de soleil, Alès s'éveille. Aussitôt, son cœur s'emballe, ses extrémités frémissent. C'est aujourd'hui, enfin. La tombée de cette nuit annoncera le discours du nouveau roi. Marseille, l'indomptable. La lutte a été longue et surprenante, mais en fin de compte, gagnante. Le Quartier sud est vainqueur, ils sont désormais les maîtres de la ville, cette belle France.
Alès se lève péniblement, ses artères sont douloureuses, son centre d'habitude si calme tremble d'impatience. Il fluidifie une de ses avenues afin de se déboucher les sorties, se débarrasse de picotements dans un boulevard. La campagne électorale l'a laissé bien pitoyable, quoique pour son âge, il ne s'en sort pas trop mal ! Sans plus attendre, il commence les préparatifs de son voyage. La journée sera dure et le déplacement épuisant. Il emporte de quoi s'alimenter en cours de route, des matières premières au cas où il aurait besoin de s'acheter quelque chose, puis s'élance sur le chemin, plus guilleret qu'il ne l'a jamais été au départ d'une excursion.

Loin derrière, le ressac de la mer lui parvient, un son signe de bonne fortune selon la tradition. Le parfum marin embaume, apportant une senteur d'embrun, de corail et d'algues. Le grès doux et la sable fin craquent et s'enfoncent sur son passage. Le bonheur, quotidien, indétrônable. Eux seuls arrivent à le comprendre.
Un éboulement de calcaire dévoile une présence, qui s'identifie immédiatement :
– Ami Alès !
– Oy ! Mon Avignon, sacré Avignon ; déjà debout en ce si doux matin ?
– Et comment déjà debout ! Je veux, oui ! Reposer alors que France est en émoi, impossible, j'ai trop bataillé pour cela. Et si nous continuions ce trajet ensemble ?
– Pas de problème, même avec plaisir, tiens !
Á un croisement, ils bifurquent vers la gauche, s'engagent dans une gorge étroite entre deux collines, délaissant la chaleur et la quiétude de leur foyer familier. Cela dit, le paysage qui s'offre désormais à eux n'a pas grand-chose à envier. Le Quartier des artistes : Un nom logique pour un endroit si beau ! Une gigantesque cité, dont les montagnes surplombent les visiteurs avec hautain et hauteur vertigineuse. Les cheminées des volcans crachent leurs fumées noires dans l'air, ajoutant une nuance de teinte, un contraste avec la neige qui recouvre les toits. Certains sont si imposants, grattant le ciel, qu'ils brillent et scintillent comme du verre poli, reflétant l'astre du jour. En contrebas, d'une vaste vallée émane un sentiment de paix et de liberté, exhale l'expression, la créativité. La diversité des roches est étonnante, détonante, par leurs couleurs, leur agencement et leurs odeurs. Elle crée une fresque magnifique qui se mêle à l'herbe et à la terre pour ne plus former qu'un ensemble cohérent.
– C'est exceptionnel, n'est-ce pas ? Ah, ces artistes ont si bien œuvré qu'à chaque fois, mon cœur balance entre ce lieu et le nôtre. Regarde les volcans, j'y ai travaillé durant ma jeunesse, à récolter des matériaux pour la compagnie Cristalline. Parfois, je chapardais quelques quartz, gypses et autres mets délicieux ; c'était le bon temps, que je regrette souvent... Oh, Alès, voici ici le puits de Sancy ! Point culminant des monts d'or, et en fait de tout le Quartier des artistes. Bien sûr, ce n'est pas un véritable puits, puisque l'on tire l'eau depuis le bas, mais jamais on ne vit de réserve de boisson aussi haute ! Et là, voilà le Plomb du Cantal. Drôle de nom, je l'avoue, pourtant approprié, étant la principale source de métallurgie de la ville. Sais-tu qu'un sabotage a failli la condamner, en l'an 115 avant Paris ?
– Non, et cela ne m’intéresse certes pas ! Tu es une vraie mine de connaissance – si tu me permets ce calanbourg. Une fois lancé, tu ne t'arrêtes qu'après avoir épuisé tout le stock !
– Vraiment ? Mais je n'ai pas encore parlé de l'extraction délicate des minuscules pierres précieuses, de la félonie qu'exercent les habitants du Mont-Blanc, des richesses qui nous attentent patiemment sous nos boulevards ! De l'incendie ravageur de la montagne noire, des débats animant les artistes pour savoir s'ils doivent toujours émigrer, de la ô combien passionnante fabrication des plus beaux chefs-d’œuvre de notre ère ! Et bien, si cela ne te plait pas, je me tairais donc !
– Tu as trouvé le moyen d'en dire suffisamment...

Après plusieurs heures de silence à écouter le placide écoulement des cours d'eau, la subtile musique de la pierre frottant contre la terre, Alès et Avignon s'apprêtent à quitter ce bel endroit par sa frontière septentrionale. Cependant, à peine une pente descendue, ils font une rencontre rare et imprévue. Le maître Lyon, membre imminent du conseil municipal, croise leur chemin et les hèle :
– Ola, les sudistes, comment va ? Bien, je suppose, après votre victoire d'hier !
– Effectivement ! C'est étrange, vous êtes plutôt excentré de votre Gorge des Lois. Pourquoi ce détour pour vous rendre au discours ?
– Oh, rien de mystérieux là-dedans. Traverser le centre du Quartier pauvre ne m’enchantait guère, alors je me suis décalé jusqu'à sa bordure. Mais dites-donc, hein, mes amis ?! Vous semblez fatigués, et le soleil est déjà haut dans le ciel, puis-je vous offrir de vous poser, puis de vous nourrir avec moi ?
– Ce n'est pas de refus, tiens !
Ils profitent d'un lac, dont le contenu jaillissait par jets impressionnants, afin de s'abreuver et de se nettoyer. L'image du Quartier des artistes s'y réfléchit, comme un hymne d'adieu aux partants, ou de bienvenu à ceux qui arrivent. Alès s'autorise une palette entière de basalte, avant de poursuivre avec quelques miettes de marbre. Il s'est étendu, ces derniers temps, mieux vaut-il éviter l'agglomération. En revanche, ses deux compagnons ne se privent de rien, repas complet, lourd et, s'il se réfère au boucan puis aux tremblements d'Avignon, succulent. Il voit même les bords de Lyon s'effriter, se dilater.
– Dites-moi, maître, comment se porte la scène politique ?
– Depuis ce formidable coup d'éclat ? C'est la folie dans tout France ! Des émissaires s'introduisent à l'assemblée toutes les cinq minutes, des messagers exténués traversent la ville de part en part, transportant des propositions d'alliance, de trêve, des paquets de matières premières non déclarées. Si Marseille est passé avec la majorité, il ne fait pas l'unanimité, loin de là ! Les clans hostiles ou en guerre se sont ralliés à Paris en espérant freiner la déchéance de leur puissance. Nombre de fédérateurs respectés ont changé de camp, et plusieurs groupes indépendants qui n'étaient pas entrés dans le conflit se sont mis de la partie. Par exemple, la compagnie Ardoiserie menace de doubler la valeur de leurs produits si le pouvoir passe de l'autre côté. Alors qu'à part eux-mêmes, personne ne veut de cette ardoise infecte ! Mais ils ont la confiance et le soutien du Quartier historique et celui du nord, nous sommes donc obligés de les prendre en compte, de les écouter, et même d'accepter certaines revendications ! Leur porte-parole, Brest, est très malin en plus d'avoir des espions un peu partout. Si nous le soupçonnions de comploter contre le roi, futur ou non, maintenant, c'est chose sûre. Ses acolytes semblent être, entre autres, Lille, Nantes, Caen, et aussi bas que La Rochelle !
– Qu'en est-il de la vielle Strasbourg ? Reste-t-elle toujours neutre ?
– Neutre, non ; pire, oui ! Elle hait Paris depuis longtemps, mais elle déteste aussi Marseille – une histoire de jumelage qui aurait mal tourné, elle voulait être au-dessus, ou je ne sais quoi... Enfin bref, elle a carrément soulevé l'intégralité du Quartier des affaires, se considérant comme la reine légitime de France ! C'est un coup dur, pour nous et pour le département européen. Elle et ses partisans contrôlent de nombreuses zones de stockage, d'approvisionnement, que cela soit du meilleur grès de votre sud, des tonnes de charbon, du beau cristal et de la poudre de diamant ; il va être difficile d'assaisonner nos roches dans les mois à venir. Donc, en une phrase, Strasbourg nous tient par les ronds-points !
– Comme vous dites... Annoncez-moi au moins une bonne nouvelle, le Quartier des sciences est-il encore l'allié de Marseille ?
– Sous l'autorité de Bordeaux, oui ! Je ne pensais pas qu'il puisse tenir la pression, avec ses problèmes de boisson, mais il est plus robuste qu'il en a l'air ! Indéfectible loyauté au Quartier sud, incorruptible, un bon choix de conseiller, m'avancerais-je.
Avignon, goinfré jusqu'à en mégalopoler, se joint enfin à la conversation :
– Ah, excusez-moi, mais je verrais plutôt Toulon, ou peut-être sa sœur Toulouse, qui s'est bien mieux développée ces derniers temps. Oh, au fait, je passe du rubis au saphir, mais voudriez-vous connaître la terrible félonie des habitants du Mont-Blanc, maître Lyon ?
– Pas vraiment, non... Il faudrait plutôt se dépêcher, vu avez vu l'heure ! Nous allons finir par manquer l'avènement !

Afin de récupérer sur leur retard, le trio décide de couper par le parc central, au lieu de le contourner. Bien qu'il soit moins facile d'accès, le nombre exponentiel de membres d'un parti et de spectateurs intenables approchant du Quartier touristique les ralentirait plus encore. Alès contemple avec déception la verdure clairsemée que produit la culture artificielle, qu'il ne tarde pas à trouver mal conçue. Des carrés d'herbe sèches, de plants mûrs, de fleurs jaunes et vertes, sans aucun sens commun ; parfois piquetés de forêt rabougries. Cette mosaïque ne dégage rien de particulier, ni ne dessine une idée précise. Sur sa droite, les plaines vides et lugubres du Quartier pauvre ne pallient pas du tout ce triste décor.
Heureusement, un élément mobile du paysage fait son apparition, envers dansant et attirant d'une charmante connaissance qu'Alès s'empresse d'interpeller :
– Hé, Orléans, pucelle de mon cœur !
– Très marrant... soupire-t-elle en se retournant. Je te remercie, Alès, de rappeler que je suis injumelable, c'est très aimable de ta part.
Elle réduit légèrement sa vitesse, de façon à être rattrapée. Les politesses sont échangées, surtout avec maître Lyon, demandes subtiles de succession et de départ au conseil, flatteries, informations officieuses ; une discussion banale entre une ambitieuse et un puissant. Elle est très douée, remarque Alès, remarquant aussi que Lyon n'est pas indifférent, puis finit par faire remarquer :
– Je croyais que la religion n'avait pas sa place en politique, et inversement.
– La religion... On voit que tu n'es pas, comme moi, chef héraut de la déesse Atlantide, sinon tu saurais que la religion est devenue impopulaire. Les prêtes fuient, pourquoi ne ferais-je pas de même ?
– Tu veux dire que tu désertes les rangs des fidèles ? N'est-ce pas interdit ?
– C'est... Disons déconseillé, pour des raisons d'ordre divin. Mais je ne suis pas une fanatique, si j'arpente les voies à prêcher et à recruter, ce n'est pas pour le bon plaisir d'Atlantide. Je désire simplement la croyance. La croyance nous aide, elle nous guide et nous réconforte, peu m'importe que cette foi soit pour Ys, Olympe, Gomorrhe ou Lémuria.
– Nous sommes sur la bonne route ?
– Aujourd'hui, tous les chemins mènent au vieux Paris ; à Marseille le lendemain... Alors, Orléans, vous ne voyez pas d'inconvénient à croire aux dogmes des sectes ?
– Ah, prise au piège ! Ceux qui ne comprennent pas le péril que représente les sectes ne méritent rien de plus que les sectes. Je suis la première à reconnaître le manque de preuve de notre mouvement, mais tout de même, vénérer des roches imaginaires ?! Se mettre au service d'un aliment, si rare et savoureux soit-il, relève du délire ! A l'enfer, les Adamantium, Mithril et Cavorite ! Cela ne vaut rien.
– Exactement, c'est comme l'arnaque du Mont-Blanc.
– Tu nous les fissure, avec ton Mont-Blanc...
Enfin, les limites de cette terre morne se manifestent, relâchant la tension d'Alès et de Lyon, dérangés par le danger qui pouvait venir de l'ouest. Les premiers commerces parsèment la ligne d'horizon, vendeurs de pierres, de matières premières – à échanger contre lesdites pierres, marchands de renseignements, de rumeurs, d'histoires à dormir debout ; trafiquants de rien, d'espoir et de rêves. L'immense vallée, grande place solitaire, entourée d'une couronne de misère, exhibe ses richesses et son pouvoir à la foule entassée en une masse indistincte, mal à l'aise, joyeuse, nonchalante, provocatrice, conservatrice ; trichant sur le choix des places, choisissant de se bousculer plutôt que de respecter le calme, calmant les prédicateurs Parisiens qui annoncent la fin de la ville. Tout cela sous un ciel orangé, qui s'anime pour saluer le soleil couchant, ce qui promet la venue et la gloire du discours de Marseille.
Le discours qui changera tout.
– Mes amis, nous voici à la fin du voyage.

Les arabesques de métal tourbillonnent sur le sol. Le centre du Quartier touristique est recouvert de ces sculptures, lignes courbes, cercles de diamant, entrelacs d’or ; si lisses qu’ils glissent et surprennent multitude d’ignorants. En l’exact milieu, une estampe imprécise de Paris gravée dans l’acier jure avec cet amas de relief, comme si le monarque cherchait à se rendre humble à la mémoire de son peuple, plus qu’il ne l’a été véritablement.
Alès se tient là, songeur, sirotant un zeste de lave acheté au préalable contre deux plaquettes de zircon, rien que ça. Le liquide chaud afflue dans ses venelles, enivrant. Il s’aperçoit, presque inconsciemment, qu’il aurait préféré rester en compagnie d’Orléans. Lyon est partit rejoindre les conseillers, elle, a désiré monter afin de profiter d’une vue imprenable. Seul Avignon l’a suivi, bavardant désormais avec la petite Créteil, toute mignonne et rougissant de cette attention.
– … Cette erreur de chiffre est donc volontaire ! Ainsi, le Mont-Blanc ne fait pas quatre mille-huit-cent-dix mètres, mais bien mille-huit-cent-dix mètres ! Une fraude monumentale, juste pour un titre qu’ils ne méritent pas !
Sacré Avignon, coureur de carrefours. Il ne changera jamais.
Le silence, soudain, se fait. Ça y est. Le moment est venu. Marseille, auréolé d’une lumière vive, d’une hautaine fierté autant démonstratrice qu’intime, s’avance vers eux sous un tonnerre de cris et de vivats. Incroyable, absolu messie, en tout point ; et comme un tsunami emporte les vagues, un cyclone enrôle les autres vents, Alès est prêt à se donner contours et âme. Il n’est pas l’unique, à murmurer sa stupéfaction, à gémir de honte et d’humiliation devant la perfection qui les réduit à de vulgaires enfants, indignes de penser, indignes d’exister. Paris, jamais, n’aura été aussi noble et autoritaire, quel qu’artifice utilisé pour le maintien de sa stature. Dieux, déesses, s’effaceront sous les coups de sa puissance, la magnificence de sa beauté. Orléans a raison, il a foi, il croit ; gloire à Marseille !
Cela lui arrache le cœur, il se force pourtant à se retourner, guettant la messagère. Elle se trouve sur une colline proche, absorbée par la solennité de la cérémonie. Étrangement, à ses côtés se tient Strasbourg, sombre, toujours droite et altière ; mais aussi Bordeaux, rouge d’ébriété, avec un air indescriptible ne dégageant qu’un sentiment de… tristesse. Cette association, alliance contre-nature, lui parait suspecte. Que se passe-t-il ? Pourquoi sont-ils ensemble, pourquoi ces expressions ? Il remarque alors plusieurs antagonistes, Paris lui-même, Brest, Lille, Caen et Nantes, également Toulon, séparé de sa sœur, Lyon, le plus résigné du monde. Et derrière, d’autres encore forment un groupuscule moins important, la compagnie Ardoiserie, les joailliers Diamantins ; les adeptes masqués de Sodome, suivis de près par ceux de Gomorrhe, ainsi que l’impressionnante secte Adamante.
Tous sont menaçants. Tous. Une ligue entière, déterminée à détruire et à détrôner. Comment est-ce possible ? Comment peuvent-ils oser ?! Et Orléans, qui semble être dans le coup !
Ni Marseille, ni ses gardes n’avisent la situation, pris par la folie de la foule, par la gravité de l’évènement. Dans ce vacarme et cette agitation, il est impossible de les prévenir. Alès ne sait que faire, il ne peut rien faire ! Il crie à Avignon de le précéder, renverse et rudoie ceux qui ne se poussent pas assez, remonte, fait face à la tempête. Il n’est plus qu’à quelques mètres, encore un effort, parvient au pied du promontoire ; trop tard. Sinistre, rauque, Strasbourg ordonne à son nouveau clan de reculer. Aussitôt, la terre tremble, elle bascule et se fissure. Alès trébuche, ses boulevards flanchent, il tombe, accompagné de la plupart des spectateurs. Des jets de vapeur sortent du métal, un grincement retentit, des hurlements d’agonie, pour le malheur des rescapés qui sentent leur tour venir. Ils ne savent ni comprennent, lui en connait déjà trop. Un attentat, horrible, vil, commandité par tous les ennemis de Marseille coalisés. La terreur et le désespoir lui presse le cœur. Eux n’ont subi que l’onde de choc d’une arme dévastatrice, concentrée de magma, d’acide ou d’autres poisons meurtriers ; Marseille n’a pas survécu, il n’a pas pu. Il est mort, mort, c’est terminé…
Et en effet, les secousses s’achèvent, remerciées par des soupirs de soulagement. Ils n’ont pas compris. Pas encore. Alès pleure. Il aurait voulu partir avec lui, avec son maître, son roi. Lui, qui n’a pas réussi à le protéger, il ne vaut pas de continuer ou de vivre !
La voix de Strasbourg – calme, comment peut-elle être calme après ce qu’elle vient de faire ! – résonne à travers la place, tel un glas, une fatalité, qu’elle a soigneusement préparée.
– Adieu, Marseille. France est à moi.

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MessageSujet: Re: concours n°31-Votes   concours n°31-Votes Icon_minitimeSam 26 Mai 2012 - 20:10

Texte n°7 :

New HawaÏ


«Alors ton voyage à New Hawaï? Raconte !

— C’est exactement comme dans les brochures. Vraiment impressionnant. Tout y est. Déjà quand tu arrives, il y a le soleil. Aveuglant. Tout le monde porte des lunettes, impossible de faire autrement ! Ensuite tu prends toutes les odeurs en plein dans les sinus. Avec l'océan juste à côté, tu respires autre chose que les odeurs de la ville. Là ça sent la nature.

— J’ai déjà vu des brochures. On ne dirait pas la campagne non plus.

— Ah non, ce n’est pas la campagne. Justement, ils sont bien en avance sur nous. Ici tu vois partout des maisons métalliques, toutes identiques, il y a de la fumée, des gens stressés partout. Sans compter ces saloperies de voitures en lévitation avec leurs émanations qui t’arrachent les narines et tout ça. Là-bas, ce n’est que des téléporteurs. Il y a même un réseau public ! Pas question de combinaisons anti-champs magnétiques, ils portent même encore les chemises à fleurs que tu vois dans les livres d’histoire.»

Les deux amis avaient le sourire aux lèvres. L’un se remémorait ses souvenirs, l’autre essayait d’imaginer une vie sans porter les combinaisons de protection atmosphérique.

«Et les fameuses maisons que Farteck fabrique uniquement pour N’Hawaï, c’est comment ?

— Elles flottent ! Elles sont toutes à environs 5 mètres du sol ! J’ai lu quelques articles sur l'histoire de la ville au musée. Ils manquaient tellement de place avec l’augmentation de la population que le gouvernement Hawaïen à développer le projet des habitations qui lévitent. Pourtant nous sommes habitués à voir des trucs qui flottent dans les airs. Entre les voitures, les trains à sustentation, ou les flysurfs...

— Ah d’ailleurs, j’en ai une bonne sur les flysurfs, j’te raconte après. Mais comment rentrent-ils chez eux ?

— Ils disposent d’un module de téléportation pas plus gros qu’une carte de crédit. Elle est connectée directement au module de réception dans la maison avec un code de paramétrage unique. Ça te donne vraiment une impression magique. Des rues entières planent. Les blocs de sustentations sont vraiment stables. Aucuns accidents, aucune collision entre des habitations n’a eu lieu à l’heure actuelle. Je suis allé au musée comme je t’ai dit. Le seul bâtiment à toucher le sol avec l’aéroport. Bon l’aéroport c’est un aéroport. Très moche quoi. Tout gris, métallique, avec des panneaux solaires partout et des antennes partout. Bref. Par contre le musée. Une merveille. Ils ont gardé l’architecture ancienne. Comme nos arrière-grands-parents ont connus dans les années 2000. La façade est superbe. Il est imposant, vraiment massif. De chaque côtés s’élèvent deux colonnes en pierres sculptées ornées de plusieurs motif, tantôt arrondis, tantôt anguleux.»

Il fit quelques gestes pour expliciter sa description à son ami, et reprit:

« Au milieu de la façade au-dessus de la porte en bois – si, si, je te promets, c’est une grande porte en bois ! affirma-t-il, devant le regard choqué de son ami. Donc j’en étais où ? Ah ouai, au-dessus de la porte il y a une énorme rosace. Je crois que c’est des Français qui l’ont faite. L’intérieur est bien plus moderne. Quelques statuettes et des meubles d’époque. Sinon pour le reste c’est du grand classique. L’hôtesse holographique pour nous aiguiller dans les allées, les robots à commandes vocales qui vont chercher les livres dans les rayons de 10 mètres de haut. Le détail sympa c’est les traducteurs instantanés en libre-service. Ils sont capables de te traduire tout le livre que tu veux lire depuis n’importe quelle langue connue.

— Ça peut servir pour les cours d’Allemand ça...

— Tu m’étonnes ! Donc j’ai lu un peu tout et n’importe quoi dans divers livres. Par exemple, N’Hawaï est l’un des derniers endroits sur Terre où le stress mondial n’a pas réussi à s’emparer de la population. Les horaires de travail sont flexibles pour faciliter la vie de tous les jours. L’école, même combat, très peu de cours sont obligatoires, et le niveau des élèves vaut largement le nôtre. Je me suis aussi documenté sur le “héros” local. Celui qui a entamé la révolution technologique vers 2020 : Barack Obama !

— L’ancien président américain ?

— Ouai ! Il a intégré le gouvernement Hawaïen après ses deux mandats pour faire de l’île une vitrine de la puissance technologique des U.S.A. Et comme il voulait quelque chose d’unique il a orienté le développement sur ces fameuses maisons volantes, sur la fiabilité des installations et surtout il a réussi à démocratiser les dématérialiseurs universels, pour ensuite en faire des téléporteurs. Les hawaïens ont directement eu confiance en lui et l’on suivi les yeux fermés.

— Pourquoi on n’a eu personne pour s’occuper de tout ça chez nous ? On se récolte toujours les “nouveautés” qui ont 5 ans... Et mis à part ça, le centre-ville vaut quoi? C’est comme ici avec les panneaux de pubs géants, les andro-vendeurs, etc.

— Oui, de ce côté-là pas beaucoup de changement. C’est même pire par endroit. J’ai vu pas mal de personnes se plaindre que tout était enregistré. Chaque fois qu’ils achètent quelques choses, des habits, de la nourriture, toutes ces données sont enregistrer dans la base centrale cachée sur l’île – tout le monde pense qu’elle est sous la mairie. Et du coup dès qu’ils reviennent dans ce magasins, les même produits leurs sont directement présentés. C’est vrai que ça avait l’air chiant et vraiment impersonnel comme stratégie de vente.

— Ouai, c’est pas réjouissant si ça se mondialise. Sinon, tu penses retourner là—bas pour tes prochaines vacances ?

— J’en sais rien encore, mais tu devrais y aller au moins une fois toi. Rien que pour ressentir l’atmosphère sereine et l’aspect général de la ville. Ici tu ne vois que du béton, de l’acier et des écrans. N’Hawaï, c’est remplis de gens souriants, d’odeurs insolites et – comme il y a beaucoup de place et d’ombre avec les maisons en l’air – il y a de l’herbe partout. De grands parc, remplis d’arbres qui délimitent les zones: celle des aires de jeux pour les enfants et les jeunes, celle des espaces relax avec les bancs et la zone culturelle avec des jeux de piste sur la ville, des stations d’écoute de musique et des “imovie” partout.

— Quoi la nouvelle tablette d’Apple ? Elle est déjà sortie là-bas ? Bordel mais on est toujours à la bourre ! Ça m’énerve !

— Oui, aucuns doutes. J’ai essayé, tu peux regarder un film, une série ou la télévision de n’importe où. J’ai adoré. J’ai pris pleins de photos et j’ai fait des vidéos, je te montre tout ça dès que la compagnie retrouve mon bagage – ouai, même avec autant de technologie, ils paument toujours nos valises.

— Je suis impatient de voir tout ça !»

Les deux amis rirent ensemble et passèrent le reste de la journée à imaginer ce que leurs vies seraient à New Hawaï.

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Texte n°8 :

"Mon dieu ! Mon dieu ! Pourquoi m'as tu abandonnée et t'éloignes tu de moi sans me secourir et sans écouter mes plaintes ?" Car aussi lourd que fut mon fardeau, ai-je ne serait-ce qu'une seule fois failli à tes yeux ? N'éprouves tu point de compassion envers ta fidèle débitrice ? Désormais vaincue, je gis à tes pieds. Mourrante dans la brise printanière aux senteurs boisées de ma sylve natale. Réminiscence d'une ére de splendeurs aux couleurs de l'harmonie. Autours de ma frêle silhouette humide de rosée, je sens la vie. Grouillante. Bruyante. Rayonnante. Et je me souviens. Evoque des temps à jamais écoulés dans le fleuve de mon histoire. Reine déchue aux ailes brisées, je survole en rêve ce qui fut jadis mon royaume. Immense matrice aux entrailles bourdonnantes des enfants de la Terre. Mon peuple. Incroyables architectes d'une cité de miel et de marbre au coeur d'une forêt de pins. Uniquement protégée par la vigilance constante des Gardiens. Mes amants et courtisans. Péres de nos tribues. Indispensables à leur agrandissement mais également chargés du bien être de chaque citadins.
Tel le choeur envoutant d'un millier de voix, les échos lointains de leurs chants m'invitent à les rejoindre. A entrer dans la danse. Communicative choréographie à la parfaite synchronisation dont j'étais la maîtresse. Et pourtant jamais il ne me fut permis de me fondre en ce nuage clair-obscur. De me mouvoir à l'unisson de leur saccades. Condamnée des mon premier souffle à la solitude qu'incombait mon rôle de souveraine. Conditionnée à diriger. Donner la vie dans l'atmosphère surchargée de la gigantesque pouponnière au parfum de gélée royale. Nourriture divine confinée en vue de l'hiver dans les entrepots hexagonaux de cires. Distribuée à part égal entre mes sujets avides de mets délicats dés leur plus tendre enfance. Jeunesse aussi dorée que les minces cloisons de leurs éblouissantes chambrettes. Aussi éphémère que le fil de mes pensées.
Seconde après seconde. Goutte par goutte, je savoure les derniers instants. Remonte à contre courant la trame de ma destinée au tracé imprecis mais profondement imprimée dans chaque pouce du dense reseau de cavernes et couloirs parfaitement entrenus. Présente sur chaque parois constituée de fines lamelles de cires chauffées, renforcées de fils de propolis. Matière isolante à la consistance de l'acier petrie, maçonnée, polie par des ouvrières à l'incroyable dextérité. Point de structures métalliques ni de murailles de pierres. Uniquement un enchevêtrement de fluides naturels recueillis par le travail expert de centaines de milliers de butineuses. Dernières survivantes de la bataille contre les Varroas. Fléau destructeur qui anéantit ma patrie. Mon royaume. Responsable de notre exil. De nos errances La plus éprouvante des épreuves de l'histoire mon couronnement. Aujourd'hui encore il me semble percevoir lorsque se leve le vent, les cris d'agonies des victimes. La panse déchirée. Les entrailles arrachées. Paralysées par le mal grandissant en eux.
Submergée par un flot d'intenses émotions, résonnent alors doucement en moi des paroles de lumières. De paix et d'espoir. Promesses de renouveau. Symbole de ma renaissance. De l'émergence de mon empire lorsque je crus déjà une fois mon monde perdu " L'éternel est mon berger, je ne manquerais de rien. Il me fait reposer dans de verts paturâges. Il me dirige prés des eaux paisibles. Il restaure mon âme. Il me conduit dans les sentiers de la justice à cause de son nom". Sous la chaleur du soleil. A la flamme vacillante des astres cette prière apaisa mes souffrances. Guida mes enfants à travers champs et collines. A la recherche d'un nouvel Eden aprés avoir franchis les portes de l'Enfer. Etrange procession de pelisses, sombres et or, nous survolions des champs dévastés, des océans aux vagues ensanglantés, éclaireuse en tête. Tel des pèlerin en quête de rédemption cherchant Jérusalem. Perdues dans les méandres de notre terreur, des souvenirs encore vifs du carnage nous conservions cependant une infinie foi en la vie. Blessés mais assoiffées de sensations, nous gouttions chaque corolle s'offrant à nos gorges séches. Dégustions le nectar jusqu'à la lie, tel un vin béni des dieux. Puisions ainsi l'élixir qui nous permis de renaître de nos cendres. De nous élévés dans les cieux devenus gris par la défaite. De batir un second empire.
Hommage à nos soeurs perdues que je m'apprête en ce moment même à rejoindre.
Rendue ivre par la caresse du vent je repense dans un ultime soupir à la merveilleuse solidarité cependant dénuée de sentiments de mes compatriotes. Inextricable chaîne hiérarchisée dont j'étais le maillon suprême. Discipline indispensable à la survie d'une monarchie en laquelle régne une coordination parfaite entre chaque membres. Dans une communauté regniant la solitude car ce mot signifie inévitablement périr.
Le coeur soudain léger. Libre comme jamais encore auparavant, j'observe avec fierté de mon lit de mort au milieu des herbes hautes, le vas- et- vient incessant de mes congénères. A l'affût de la moindre ressource. Du moindre bouton de fleur non fecondé. Batisseur de l'extrême à l'ingéniosité sans bornes. Masse flamboyante de ténèbres et de lumière confiné au coeur d'une société organisée mais pourtant anarchiste divisée en castes. Cependant chacun tributaire des autres. Du bâtissement des chambrettes à l'extension de l'immense forteresse en vue des nombreuses naissances dont la charge m'était incombée. Donnaient forme à la merveilleuse cité ambrée. Rayons par rayons. Meticuleux et pourvu d'une organisation hors norme, ouvrières, pourvoyeuses et magasiniére se relayent chaque jours dans le fondement de notre immense empire, récoltant, déchargeant, travaillant le nectar avant de lui donner la forme caractéristique de nos cellules. A notre image. Tel une signature indélébile dans le coeur de la matière. Un gigantesque poumon se soulevant au rythme du battement d'aile d'âmes toutes liées entre elles par une unique volonté. Vivre. Encore et toujours.
D'ores et déjà, de nouvelles existences émergent. Se reveillent dans l'immense couveuse glandiforme aux arômes de terre fraîches et de fleurs. Dont il ne me fut à peine donner de sentir la saveur sucrée. Derniére pensée. Dernier souvenir d'un foyer à jamais perdu tandis que lentement, presque imperceptiblement mon esprit s'envole. Rejoint son ultime demeure.

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MessageSujet: Re: concours n°31-Votes   concours n°31-Votes Icon_minitimeSam 26 Mai 2012 - 21:28

En tant que nouvelle, ai-je le droit de voter ?
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MessageSujet: Re: concours n°31-Votes   concours n°31-Votes Icon_minitimeSam 26 Mai 2012 - 21:36

bien sur! Very Happy
moi, je vais mit mettre!
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MessageSujet: Re: concours n°31-Votes   concours n°31-Votes Icon_minitimeSam 26 Mai 2012 - 21:37

Bien sûr si tant que tu lis tout etc ... En quoi être "nouvelle" t'interdirais de donner ton avis ?




(t'as vu comment chui gentil ! faut voter pour moi hein ! Razz )
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MessageSujet: Re: concours n°31-Votes   concours n°31-Votes Icon_minitimeSam 26 Mai 2012 - 21:39

elle sait même pas c'est lequel! lol!
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MessageSujet: Re: concours n°31-Votes   concours n°31-Votes Icon_minitimeSam 26 Mai 2012 - 21:40

Les gens ont pense qu'on débloque des compétences à l'XP Wink
L’excès des MMO...

::crazy::

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MessageSujet: Re: concours n°31-Votes   concours n°31-Votes Icon_minitimeSam 26 Mai 2012 - 21:46

Cool ! Smile donc je vais commencer à lire et je dirai avec plaisir mon avis ! Very Happy
Je participerai volontiers aussi à un prochain concour ou jeu d'écriture. Même si je ne suis pas douée, c'est juste par plaisir.
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MessageSujet: Re: concours n°31-Votes   concours n°31-Votes Icon_minitimeSam 26 Mai 2012 - 21:53

Citation :
elle sait même pas c'est lequel!
Je sais ! sinon j'aurais pas dis ça : faut pas tricher ! Cool
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MessageSujet: Re: concours n°31-Votes   concours n°31-Votes Icon_minitimeSam 26 Mai 2012 - 22:21

Ah ! 8 textes ! Avec toutes les personnes qui ont "râlé" sur le sujet, j'ai eu peur qu'il n'y ait pas d'émulation, mais si ! cheers

Bon, ben... Va falloir lire tout ça ! study
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MessageSujet: Re: concours n°31-Votes   concours n°31-Votes Icon_minitimeSam 26 Mai 2012 - 22:24

Citation :
Ah ! 8 textes ! Avec toutes les personnes qui ont "râlé" sur le sujet, j'ai eu peur qu'il n'y ait pas d'émulation, mais si
c'est vrai : je suis arrivé sur le post en me disant "bon deux trois textes à lire ça sera vite fait" et finalement... Bah j'y ai passé plus d'une demi heure à lire les textes attentivement...
J'ai donc voté, mais, j'avoue cependant ne pas avoir eu de "coup de coeur". les textes sont bon, très bon même mais je ne me suis pas sentit transporté...
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MessageSujet: Re: concours n°31-Votes   concours n°31-Votes Icon_minitimeSam 26 Mai 2012 - 23:13

J'ai hésité entre deux textes, c'était dur de choisir entre les deux. Dommage qu'on ne puisse pas en mettre deux parce que c'était vraiment kif kif.
Cela dit, j'arrête de parler de peur de faire des gaffes, :p
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MessageSujet: Re: concours n°31-Votes   concours n°31-Votes Icon_minitimeSam 26 Mai 2012 - 23:49

Hakkrat a écrit:
Ah ! 8 textes ! Avec toutes les personnes qui ont "râlé" sur le sujet, j'ai eu peur qu'il n'y ait pas d'émulation, mais si ! cheers

Rooh, on rale pas, on s'exprime c'est tout Wink
Cela dit je redoutais moi aussi un peu de ne découvrir que deux outrois textes, finalement ça me fera même de la lecture pour la nuit ::rolling::
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MessageSujet: Re: concours n°31-Votes   concours n°31-Votes Icon_minitimeDim 27 Mai 2012 - 9:51

C'est pour cela que j'ai mis "râlé" entre guillemets. Wink


EDIT : ça y est, j’ai lu !

Tout d’abord, félicitations à tous les participants qui se sont donnés la peine d’essayer d’écrire quelque chose. devil

Quelques-uns ont tenté de contourner un peu le sujet pour ne pas tomber dans de la description pure, tombant parfois dans le hors-sujet. Certains ont traité le thème de manière originale… en oubliant un peu que c’était surtout la ville qui devait l’être. D’autres se sont un poil trop centrés sur leurs personnages, faisant passer leur ville au second plan. Mais il y en a qui se sont bien débrouillés. Finalement, ce n’était pas facile, donc bravo quand même !

Un texte en particulier a retenu mon attention, et mon vote est allé pour lui.
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MessageSujet: Re: concours n°31-Votes   concours n°31-Votes Icon_minitimeDim 27 Mai 2012 - 14:50

A voté !

Difficile, car deux textes ont retenu mon attention. J'aurais bien aimé pouvoir voté pour les deux Smile

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MessageSujet: Re: concours n°31-Votes   concours n°31-Votes Icon_minitimeDim 27 Mai 2012 - 17:39

Ca y est, j'ai tout lu et voté.

Toujours un très bon niveau d'écriture, bravo à tous.

Par contre, j'avoue ne pas avoir eu de "coup de coeur" cette fois-ci, pas d'étincelle pour un texte en particulier contrairement aux derniers concours. J'ai donc voté pour celui qui me semblait le plus original.

Ce qui m'a manqué aussi, c'est un peu d'humour et de légèreté, il y a certaines villes où pour rien au monde je ne voudrais habiter, pourtant ce n'était pas le sujet sur la fin du monde cette fois-ci !
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MessageSujet: Re: concours n°31-Votes   concours n°31-Votes Icon_minitimeDim 27 Mai 2012 - 18:56

J'ai voté, Very Happy

c'était de beaux textes, bravo à tous! Super
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MessageSujet: Re: concours n°31-Votes   concours n°31-Votes Icon_minitimeDim 27 Mai 2012 - 19:37

C'est très serré pour l'instant dans les votes !
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MessageSujet: Re: concours n°31-Votes   concours n°31-Votes Icon_minitimeDim 27 Mai 2012 - 19:41

Votez pour le texte 7 ! Au moins il y aura pas de déçu...
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MessageSujet: Re: concours n°31-Votes   concours n°31-Votes Icon_minitimeDim 27 Mai 2012 - 20:10

De jolis textes Smile

En revanche, au-delà de 5-6 participants, on devrait pouvoir voter pour 2 textes je trouve ::rolling::

Je n'ai pas encore voté, j'hésite... scratch

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