Voici donc le premier texte que je poste sur le forum. C'est un récit Science-Fiction/Fantasy, mais je pense que l'histoire a un large penchant Fantasy ^^
PROLOGUE (première partie)
Le Soleil du matin se glissait doucement hors de la silhouette massive des montagnes, comme pour jeter un timide regard à ce monde couvert de cicatrices. La forêt, ou plutôt la jungle, qui recouvrait l’intégralité des montagnes obstruait en très grande partie la lumière du jour, et était presque toujours sombre durant la journée. Durant la nuit, elle était totalement noire. Mais qui savait à quel point le visage de cet enfer végétal pouvait changer ? Ce que renfermait le Nouveau Monde dépassait l’entendement humain. L’Homme était incapable de comprendre ce nouvel équilibre, et par conséquent, incapable de l’atteindre, car il était plus fort que lui. C’était là les nouvelles lois qui régissaient l’ensemble de la Terre depuis maintenant plusieurs siècles. L’humanité avait été plaquée au sol, roulée dans la poussière. Dévorée. Désormais, les humains déchus se rassemblaient dans des villages comme ils ne pensaient plus jamais en voir, recherchant les ressources des rivières et la sécurité des vallées les plus dégagées et abondantes en gibier. Ils auraient pu se sentir heureux de vivre simplement, si seulement ils ne vivaient pas dans la crainte constante de se retrouver face à face avec la nouvelle espèce dominante, que l’on nommait « Fléau », « Bête » ou « Dévoreur ».
On racontait des tas de choses sur eux. Tous les contes racontés la nuit à la lueur d’un feu de camp avaient tous un point commun ; ces créatures étaient décrites comme étant immenses. Gigantesques. Cela pouvait expliquer le fait que la forêt semblât façonnée pour un monde de géants ; les arbres étaient titanesques, et culminaient parfois à près d’un kilomètre de hauteur, parfois beaucoup plus dans le cas de l’arbre au pied duquel le village avait été construit. Mais cela ne convainquait pas tout le monde. Car d’autres prétendaient qu’il ne s’agissait que d’esprits aussi immatériels que maléfiques. D’autres encore disaient qu’il n’y avait rien de tout cela, seulement cette forêt impénétrable qui faisait office de prison, et des animaux dont il ne valait mieux pas croiser la route. Et certains n’en parlaient même pas. Cependant, tout le monde faisait en sorte de ne pas laisser la peur régir leur vie ; les humains vivaient au jour le jour, occupant leurs journées à prendre soin des petites installations hydrauliques dans la rivière voisine, à chercher de la nourriture, à éloigner les prédateurs du village, à éduquer leurs enfants. Et ils faisaient tout cela ensemble. Ashley aurait souhaité qu’ils le fassent avec un peu moins d’entrain.
Son père (car sa mère n’était plus parmi eux depuis déjà des années) ne cessait de lui répéter que l’environnement était mortel. Il le répétait à Ashley, sa fille de dix ans, mais aussi à Rayan, son fils aîné de quinze ans. Les deux enfants, comme tout frère et sœur qui se respectait, se chamaillaient fréquemment, mais étaient au moins d’accord sur un point ; l’ennui était de loin plus mortel que leur environnement. Ils avaient un désir d’exploration certain, en particulier Ashley. Sa volonté de savoir s’ils étaient réellement seuls dans cette immense forêt ne cessait de croître. Et cela inquiétait non seulement son père, mais aussi parfois son frère, et même d’autres personnes vivant dans le village. Pénétrer dans la forêt seul, sans savoir quoi faire ni où aller, était une idée terrifiante. Si un seul habitant avait affaire à un Dévoreur, tout le village serait pris de panique comme si tout le monde était impliqué. Mais Ashley ne comprenait pas cela. Elle n’avait pas la plus petite idée de ce à quoi ressemblait un « Dévoreur », et par conséquent, ne comprenait pas pourquoi elle devait craindre cette créature. A chaque fois qu’elle posait des questions à ce sujet, qu’elle cherchait à comprendre, l’adulte éludait la question.
Mais ce n’était pas sa seule préoccupation. Son esprit vagabondait plus loin que n’importe qui, et elle se posait des questions quant au nombre d’êtres humains dans le monde, hormis ceux qu’elle connaissait dans son village natal. L’enfant avait maintes et maintes fois posé la question à son père, ou même à d’autres. Mais personne ne semblait capable de lui apporter la moindre réponse. Cela irritait de plus en plus la fillette curieuse, qui ne pouvait croire qu’ils étaient réellement seuls. Frustrée, elle cessa de contempler la forêt silencieuse à travers la fenêtre de sa chambre, et s’engouffra sous ses couvertures. Mais ce ne fut pas pour longtemps.
Cette nuit-là, un évènement aussi inhabituel qu’angoissant apporta une réponse peut-être trop traumatisante à Ashley. Alors qu’elle essayait de trouver le sommeil, se tournant et se retournant mille fois sous ses couvertures, des cris provenant de l’extérieur lui parvinrent. Des cris paniqués de gens qui se rassemblaient. Curieux... Il n’y avait jamais eu autant d’animation depuis que son père avait été attaqué, une nuit, par un fauve en chasse. Mais cette fois, les circonstances semblaient différentes. Ashley pouvait sentir la tension qui s’installait, la peur qui s’insinuait dans les esprits... y compris dans le sien. Elle se leva, quitta sa chambre et se dirigea vers la porte de la petite maison de bois. Elle l’ouvrit, et fit quelques pas à l’extérieur. La forêt était encore plus menaçante durant la nuit ; la fillette avait l’impression que n’importe quoi pouvait sortir de cette dense végétation, à n’importe quel moment. Mais ce fut la lumière des torches provoquée par l’attroupement non loin de là qui attira son attention. Ashley s’approcha prudemment et, à travers le rassemblement de villageois paniqués, eut une vision qui lui glaça le sang. Ses yeux noisette s’écarquillèrent. Un corps si mutilé qu’il ne semblait que vaguement humain gisait au milieu des remparts vivants qui l’entouraient. On ne pouvait plus distinguer son visage ; tout le haut de son corps était couvert de sang, et également d’un autre liquide visqueux semblable à de la salive. Ashley sut qu’elle ne connaissait pas cet homme à peine vivant, mais son cœur et sa gorge se serrèrent lorsqu’elle le vit. D’où venait-il ? Que s’était-il passé ? Quel genre de créature était capable de laisser de telles blessures ? Quelque chose d’énorme...
La fillette sentit une main se poser sur son épaule. Elle sursauta.
- Viens, déclara son frère, nerveux malgré lui. Rentrons.
Ashley se laissa guider à l’intérieur de la maison, avant que la porte ne se referme après son passage. Rayan la reconduisit dans sa chambre, et tous deux s’assirent l’un contre l’autre au bord du lit, silencieux. Pour la première fois, la fillette ouvrait des yeux effrayés sur le monde, se posant toujours autant de questions.