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 Monnaie future

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MessageSujet: Monnaie future   Monnaie future Icon_minitimeSam 20 Oct 2012 - 18:57

Bon, je n'ai pas posté de nouvelle depuis un certain temps, et il parait que je suis un nouvelliste dans l'âme.
Voila donc ma dernière création, que j'aime beaucoup. J'attends vos avis. Smile

Monnaie future

« Dystopie »
Le mot pourrait être écrit au tableau de manière incertaine, comme si la main avait conscience de l’ironie de la situation. Ou avec rage, violence et indignation, signe d’une résistance presque invisible. Mais non, l’enseignant l’avait inscrit exactement comme tous les autres mots, sans émotions. Une curieuse mise en abime involontaire.
« Les dystopies, ou contre-utopies, commence à réciter le professeur. A la base un sous-genre d’une littérature décadente, la science-fiction, ce terme désigne un régime politique qui prive l’homme de son humanité, par un avilissement de son être, ou par la perte de ses libertés personnelles. Equilibrium ou 1984, œuvres qui datent pourtant de deux siècles, sont d’excellents représentants de dystopie. »
Puis il se tourne vers l’employé de la mairie au fond de la salle, un sourire dégoulinant d’hypocrisie sur le visage.
« Qui peux me dire en quoi notre gouvernement actuel n’est pas une dystopie ? »
« Les dystopies, elles, ont le cran de sûreté de ne pas se cacher, aurait répondu Rachik. »
Il adorait ce genre de phrase sans queue ni tête. Selon lui, elles étaient plus dures à attraper, et donc, telles des fruits murs, gorgées de sens, contre-sens et non-sens. Irvin se rappelle qu’il n’a pas vu son ami depuis plusieurs jours. Il regarde la chaise vide, en se disant que ça ne lui ressemble pas du tout de manquer une occasion de se moquer d’un prof. Peut-être que sa langue bien pendue lui a causé du tort.
A ce moment, l’enseignant se rend compte de sa bourde, et clos le cours rapidement. La peur, toujours la peur. Mais elle ne gêne pas Irvin quand elle s’en prend aux cons. Il est arrivé en cours il y a quatre heures et vingt-trois minutes. Ce cours ci en est à sa dix-septième minute.
Une dissertation maintenant. Malin l’historien. Il obtient une bonne raison de virer l’autre espion de la mairie, et par la même occasion le calme pendant 4 heures. « L’évolution de l’argent à travers les âges. » Un sujet bateau, mais aussi particulièrement vague. Evidemment, la majorité des élèves, en bons toutous, vont séparer leur plan chronologique en « Avant, le mal était là, avec le métal, les billets » et « Maintenant, le maire a sauvé Paris, en renouvelant l’idée même de troc et de monnaie ». Bien sûr, personne ici ne comprend vraiment ce qui se passe. C’est une école de riche après tout. Et c’est bien connu que la plupart des gamins bourgeois ne savent pas d’où vient leur fortune. Amusant, de tous temps on a dit que les riches tuaient les pauvres en leur prenant leur part des richesses. De nos jours, cette phrase est devenue littéralement vraie.
Hum, Il trouve que c’est une bonne phrase d’introduction. Bien sûr, Irvin ne la notera pas. Trop tendancieux, et ne pas accepter la « dictature » ne signifie pas s’en plaindre de manière inefficace et dangereuse dans un stupide travail scolaire. Non, comme d’habitude, il oscillera sur la ligne de l’acceptable, effleurant les sujets graves sans jamais les évoquer réellement. Comme d’habitude, il aura une note moyenne : de bonnes idées, mais trop ambigu, trop dérangeant.
Pour l’instant, Irvin fait un petit somme. C’est déjà ça de pris sur la prochaine nuit blanche. Ce n’est pas comme si le lycée préparait vraiment l’avenir. Est-ce que c’est le cas depuis toujours, ou bien est-ce lié à un changement de paradigme, au basculement vers le totalitarisme déguisé, la barbarie capitaliste ? Bien sûr, aucun être sain d’esprit ne voudrait du communisme maintenant. Trop atroce.
Irvin s’en fout. Il voudrait que son ami soit là. Pour pouvoir échanger des regards complices durant l’examen. Pour se moquer ensemble des conneries du monde. Pour sentir que sa présence ici n’est pas juste un hasard mal foutu.

La sortie, enfin. Fini le lycée, lécher les bottes de tous ces connards. La liberté maintenant. Enfin, au moins une liberté. Peut-être que la salle de jeux est ouverte. Elle est moins fréquentée depuis que les bornes sont remplies de Serious Game, propagande numérique de la mairie, mais ce n’est pas ça qui va fermer la plus grande salle d’arcade parisienne. Non, il va simplement rentrer. C’est plus simple. Ces derniers temps, il se découvre un gout certain pour le calme, le facile, le ruisseau qui coule lentement dans son lit, comme pourrait l’avoir écrit un vieux sage chinois.
D’abord le métro. Même la ligne 1 est entièrement couverte maintenant. La mode est au caché, des transports en commun à la chair. On pourrait appeler ça une régression des mœurs de plusieurs siècles, mais Irvin préfère parler de cycle des tendances. Un cercle hasardeux et chaotique, comme le rond hésitant tracé à main levée par un enfant de cinq ans. Peut-être que cette idée lui plait uniquement parce que cela signifie qu’un jour, Paris sera de nouveau une ville où il fait bon vivre.
Pas énormément de monde dans la rame. Un vieux clochard, à l’odeur aseptisé. Irvin a entendu dire que des centaines de personnes avaient été embauchés pour répandre partout dans la ville du désodorisant pour toilettes. Masquer les odeurs, ça correspond bien à la politique du Maire, mais il pense que c’est une légende urbaine. Pas très loin, deux jeunes filles parlent fort. De maths. Oui, c’est ça, elles discutent de l’injectivité d’un certain nombre d’applications. C’est amusant de voir que les classes préparatoires restent inchangées, même après la fermeture des écoles d’ingénieurs et des ENS. Tout ne mène plus à Rome, mais à l’Ecole Normalisé, établissement qui apprend aux étudiants ce qui est nécessaire à la bonne marche de la cité. Qu’il faut tabasser les clochards régulièrement ? Irvin observe son voisin sans domicile fixe. Deux yeux au beurre noir, probablement une ou deux côtes cassés vu la manière dont il se tient l’abdomen. Et sous son jean usé, une tache sombre de sang coagulé.
Un coup d’œil en coin. « Saint Paul : le marais » affiché. Sa station. Juste quand les portes se referment, il bondit dehors, et réussit sa manœuvre, haletant. Une volée de marche, une porte, suivie d’un autre escalier, et c’est la rue. Aujourd’hui le ciel est d’un bleu pur, mais quelle importance ? Le temps qu’il fait dehors n’a pas tant de pouvoir sur notre météo intérieure. Son trajet en métro a duré douze minutes. Déjà, Irvin est arrivé dans son immeuble. Il salue le gardien : la politesse est importante, et peut vous sauver la vie en ces temps incertains. Rentré dans l’appartement exigu, il n’entend personne. Sa mère et sa sœur sont probablement absentes, à faire les boutiques, inconscientes. Leur moyen de résister à l’horreur. Il traverse le salon parfaitement rangé, le couloir exigu, pour finir dans sa chambre, aux volets fermés et dont l’aération laisse à désirer.
Le sac jeté au hasard dans la pièce, il s’écroule sur le lit, rompu de fatigue. Aucune raison pourtant. Mais tout ce qu’il veut, c’est dormir. Et Rachik. Mais pas dormir avec Rachik tout de même. La brume, telle une lionne dans la savane, le guette. Et lui, pauvre antilope, s’allonge sur le sol. Pourquoi lutter ? Le sommeil vient. Enfin. La liberté.

Un réveil rapide, un petit déjeuner vite expédié, et Irvin sort, après deux phrases lancées au reste de sa famille. En ce moment, il sent que la compagnie pourrait le rendre fou. Et si possible, il aimerait éviter de décimer ses proches avec un trombone. Aujourd’hui, il n’y a pas cours. Officiellement, c’est la révision annuelle des conduites de chauffage du lycée. Mon cul. C’est surtout l’anniversaire du Maire. Cette manie de toujours vouloir conserver les apparences est particulièrement énervante. Que craint le vieil homme du haut de sa tour ? Une révolution ? Oui, c’est surement ça. Après tout, même Hitler et Staline en avait peur. Les rues sont légèrement encombrées, mais bien sûr, aucune parade avec des affiches géantes. Le culte de la personnalité de nos jours demande un peu plus de subtilité. D’ailleurs, Irvin se rend compte qu’il n’a jamais vu une seule photo du dirigeant. Sa représentation mentale n’est qu’un amalgame de méchant des films de James Bond. Des nouveaux, pas des vieux avec l’Aston Martin et les gadgets foireux.
Que faire en cette belle journée de libre ? Une petite balade sur les quais, là où l’ensemble des dealer officiels vend toutes les drogues possibles et imaginables ? Non, il n’a pas d’argent à dépenser pour ces conneries. Dans un musée ? Le personnel est d’un chiant, c’est hallucinant. En fait, pense Irvin, c’est brillant. Les autodafés, ça fait tache. A la place, il suffit de balancer la majorité de la culture considérée comme « mauvaise » dans des musées, et les rendre insupportable, grâce au talent des guides et caissières. La plupart des gouvernements démocratiques s’y étaient essayé au 21ième siècle, mais maintenant, ça marche. La preuve, Irvin choisit autre chose.
Arracher une patte d’un chien, et le regarder se vider de son sang au milieu des rires des enfants, trop occupés à jouer pour remarquer le massacre ? Enfin une bonne idée. Il ne reste plus qu’à trouver un chien. Mais la patience extrêmement limité d’Irvin ne tient pas une minute, et il se met en tête de découvrir de quoi il a rêvé la nuit précédente. C’était agité, violent, comme un orage déchaîné autour de sa psyché. Il est sûr et certain que ce qu’il a entendu, ce qu’il a vu peut-être, aura une influence déterminante sur son avenir. Il y a un « D ». Le motif est très clair, c’est la première lettre. Comme un myope qui cherche à voir un peu plus loin, Irvin se concentre à en avoir mal au crane. « Det ».
La réponse n’est probablement pas le déterminant d’une matrice. En plus, aucune chance que ce rêve prédise le sujet du prochain examen, cette notion ayant été étudiée il y a des mois. Non, il y a autre chose, de plus dangereux. La prononciation mentale de la bribe de mot change, et il comprend : « Dette ». C’est ce qui le dérangeait. Un mot totalement incongru au milieu d’un paysage probablement onirique. Donc une perturbation, en provenance directe de la réalité. Et qui pouvait engendrer des dettes dans la famille, sinon son abruti de père ?
Il s’était surement remis à jouer, pour finir par perdre de l’argent. Et sa femme de lui crier dessus, quand les enfants dormaient. Combien devait-il ? Dix milles cellules, ou bien la cellule était –elle une unité obsolète à ce niveau ? Peut-être un bras, ou un rein. Quelque chose d’utile, et de facilement échangeable, sans être indispensable à son possesseur de départ. Soudain Irvin as froid, sous le soleil chaud de la fin du printemps. Et si les créanciers demandent à la famille entière de payer ? C’était possible maintenant, et parfaitement légal. Un peu du corps de la gamine, de la mère, du père, et bien sûr du sien. Un instant, il se demande s’il choisirait de se faire prélever le morceau de son corps choisi selon la dette, où s’il allait tenter la chance, avec le prélèvement aléatoire : moins de cellules prises, mais l’endroit était joué avec un générateur de nombre. Autant de chance de perdre un morceau de cerveau qu’un doigt, ou même tous ses ongles. Puis, d’un mouvement rapide de la tête, il chasse ces idées. Ne surtout pas ressasser ce genre de chose. Un coup à devenir dépressif. Et Irvin n’a pas besoin de ça.
Il s’assoit sur un banc classé monument histoire, et regarde passer les gens. Une vieille femme, vêtue selon la dernière mode : elle veut paraître encore vivante. Un homme qui accompagne sa fille. Peut-être abuse-t-il d’elle, dans le secret de sa maison. Irvin compte les secondes entre chaque passant. Ça le rassure, lui donne un référentiel pour comprendre le monde. Il passe l’après-midi sur ce banc, puis après le six cent quarante deuxième passant, il se relève.
Malgré lui, sur le chemin du retour, il ne peut s’empêcher de repenser au choix. Savoir où on va souffrir, ou souffrir moins dans l’ignorance ? Oscillant entre les deux possibilités, il manque de rentrer dans un marcheur. L’équivalent d’une trépanation lui donnait des sueurs froides. Evidemment, son père ne pouvait pas devoir une partie de cerveau, à moins d’avoir perdu à peu près un million sept cent quarante-cinq mille deux cent trente-huit courses de chevaux virtuels. Mais ce qu’il pouvait devoir, c’est un demi-organe génital. Etre castré avant d’avoir perdu son pucelage, ce serait vraiment une tragédie.
Finalement, il décide que son dilemme n’a aucun sens, tant qu’il ne connaîtra pas l’étendue des dettes de son père : personne n’est assez con pour essayer de résoudre une unique équation à deux inconnues ; il faut nécessairement un système de deux équations à deux inconnues.
Irvin monte l’escalier de son immeuble sautant les marches quatre à quatre. Il ouvre la porte, la referme, et se dirige cette fois vers la cuisine. D’un des tiroirs, il sort une grosse boite rouge, dont il extrait des cachets somnifères. Il laisse les sirops « pour choisir son rêve » ; tout ce qu’il veut ce soir c’est une léthargie. Il prend deux cachets, les fait passer avec de l’eau et court à toute vitesse vers sa chambre. C’est que c’est de l’action rapide ce médoc. A peine arrivé dans sa chambre, il s’effondre mollement sur le lit, tout habillé et toujours avec son sac en bandoulière. Le sommeil l’a pris comme un coma chaud et doux. Le repos du guerrier. Du marcheur urbain en tout cas.

Le plus surprenant avec un réveil après prise de somnifère, c’est son caractère discontinu. Pas de transition lente à travers les brumes du sommeil, jusqu’à la vision enfin claire d’un jour renouvelé. Non. D’endormi, Irvin atteint directement l’état réveillé sans passer par la case départ.
Il roule sur la gauche, pose ses mains au sol, et se relève en un mouvement. D’abord, obtenir des informations sur son environnement. Il est dix heures trente, comme l’indiquent les trois horloges allumées. Il prend un temps pour compter sa collection, une seconde par élément. Quarante-six. C’est con, aucun réveil, aucune pendule, aucune montre n’a été volée. Pourquoi quelqu’un ferait-il une chose pareille ? Irvin n’en sait rein, mais son besoin de contrôle du temps lui impose cette routine matinale.
Sans même un regard aux détritus, feuilles de cours et autres fournitures de bureau qui jonchent la pièce, il sort de sa chambre. Une légère odeur résiduelle de pancake ; la vieille recette, avec des ingrédients naturels : quelque chose ne va pas. Sa mère n’a besoin de manger de la « vraie » nourriture que lorsque son niveau de stress dépasse le seuil critique.
Un bruit sec interrompt ses questionnements, pour soudant lui remettre en mémoire la révélation du jour précédent : les dettes. Il se dirige vers la source du martèlement, la chambre de sa sœur. Pas d’inquiétude à avoir. Tout va s’arranger. Probablement. Arrivé devant la porte martyrisée, il essaye de l’ouvrir : verrouillée.
« Irvin, c’est toi ?
-Nan, c’est le postier.
-Arrêtes de faire le con. Papa et M’man m’ont enfermés, et je dois absolument aller à un rendez-vous aujourd’hui ! »
Il y a probablement une bonne raison à cette situation. Par exemple, un créancier particulièrement vicieux, prêt à demander la virginité d’une adolescente en payement. Quoiqu’Irvin ne sache pas si Sacha n’a jamais joué à touche-pipi. Avec un homme ou une femme d’ailleurs.
« Tu comptes rester là toute la journée, ou essayer de m’aider ? Ca fait au moins cinq minutes que tu es planté devant la porte.
-Trois cent soixante-douze secondes, répond-il dans un souci d’exactitude.
-Si tu veux, qu’est-ce qu’on s’en fout ! Essaye de voir si les clés ne sont pas loin. »
En effet, Irvin voit parfaitement le trousseau, posé en évidence sur la commode du couloir. Ses parent-ont-ils tablés sur ses grandes capacités de déduction, son respect profond des décisions parentales, ou bien sur la taquinerie naturelle entre frère et sœur ? Un peu des trois, sans aucun doute. Et bien que le cocktail soit peu ragoutant, il le boit.
« Désolé, je ne vois rien qui y ressemble de près ou de loin. Et tu sais comme moi que ces serrures ont une protection anti-crochetage. Bon, je dois y aller. Garde le moral.
-Irv, tu n’as pas intérêt à partir ! Tu m’entends ? Irv ! Irv !! »
Un rapide détour par la cuisine pour attraper les pancakes froids restants, et il sort de l’appartement. Il arrive en vas de l’escalier, leste comme un oiseau. Comment a-t-on pu vivre avec les effets secondaires des somnifères, se demande-t-il, en bon enfant du progrès.
Que faire, en cette belle journée ? Le lycée est exclu, à la fois par flemme et par un besoin pressant de liberté. Irvin marche lentement, au hasard des grandes artères de la ville, jusqu’à finalement trouver un objectif acceptable : retrouver Rachik. Il commence par se rendre d’un pas nonchalant à son immeuble. Rien n’est pressé, et le beau soleil de juin invite à la détente. De la rue de Rivoli, il tourne sur la rue Saint-Paul. Puis dans la rue Charlemagne, où se trouve un lycée construit par un des seuls empereurs français : fermé pour travaux depuis une centaine d’années.
Il se déplace tranquillement à travers l’entrelacs des rues, sans passer par les ruelles sombres et encrassées. Au bout de vingt-six minutes et trente-quatre secondes, il atteint sa destination. Mais la porte de l’immeuble est close, et pour l’avoir croisé plusieurs fois, Irvin sait que le jeune concierge est une vraie raclure.
Autant pour son génial plan, consistant à sonner chez Rachik.
Il fait les cent pas devant la porte, attendant que quelqu’un sorte. Mais personne ne vient, et il aperçoit, caché sur le côté, une ruelle transversale. Dans la sûreté de sa grande rue, il l’examine attentivement. C’est indéniablement une rue mal famée, mais elle semble vide : pas de danger trop important.
Il s’engage avec précaution dans la ruelle, jusqu’à apercevoir une échelle de service qui mène sur le toit. C’est un bon début, et Irvin pose ses mains dessus. Soudain, une forte lumière verte l’aveugle, et il a un mouvement réflexe de recul : l’échelle s’est allumée, éclairant l’ensemble des fenêtres.
Une alarme lumineuse. Seulement, un détail le taraude, et il s’approche à nouveau de l’échelle, cette fois près pour l’allumage. Quand la lumière est, il s’aperçoit qu’il y a effectivement un clochard appuyé sur une benne à ordure, à quelques pas de là. Son visage buriné et crasseux pourrait appartenir à un noir ou à un blanc : la distinction est incertaine avec l’éclairage onirique. Il est figé dans un sourire qui aurait dû être chaleureux, mais qui devenait seconde après seconde plus glauque. Il est probablement mort.
Se rappelant la raison de sa présence dans cette allée sordide, Irvin commence à grimper. Arrivé au troisième barreau, il sent une énorme main s’abattre sur son épaule. Un instant, il croit que c’est le clochard, revenu d’entre les morts pour le hanter. Puis, alors qu’il tombe, il se dit qu’il se fait tout simplement agresser. Mais est-ce vraiment mieux ? Irvin s’étale sur le sol, et est mis à genoux par deux colosses, deux ombres géantes à la limite de son champ de vision
Devant lui se tient un homme d’une trentaine d’année, sautillant et bondissant.
La moitié droite de son corps est couverte d’un costume très sombre, bleu et noir, et l’autre d’une chemise à pois, verts sous l’éclairage de l’échelle, et d’un jean.
« Bonjour, bonjour, bonjours, commence-t-il. Pour t’enlever un poids des épaules, si tu me permets le jeu de mots, sache que ceci n’est pas une agression banale. Non, non, non, nous t’avons suivi depuis chez toi. Tu as bien failli nous perdre dans l’ancien quartier juif, mais nous sommes tout de même des pros. »
Il forme un cul de poule avec sa bouche, et met ses doigts devant, comme s’il en avait trop dit. Mais la mimique exagérée ne fait qu’effrayer Irvin encore plus.
« Pourquoi ? Evidemment, c’est une question tout à fait légitime. Eh bien, nous avons besoin d’un morceau de ton corps. Jusque-là, je pense que tu suis la logique. Mais nous avons besoin d’une partie précise de ton corps, très précise. Et tu n’es pas sans savoir, ils vous l’apprennent au lycée, que cette saloperie de technologie moderne ne permet de prendre un morceau choisi de l’autre qu’avec son consentement. Une histoire de synchronisation des ondes alpha, ou une connerie du même genre. »
Tout en parlant, il sort un phaseur, et le règle, alternant un regard sur son prisonnier et un regard sur l’appareil.
« Mais… marmonne Irvin, en essayant de trouver les bons mots »
Le phaseur lui frappe la tête de gauche à droite, tel une baffe métallique. Il sent le sang dans sa bouche. Son sang génétiquement modifié pour le prémunir des maladies. Il a un gout de vanille.
« Qui, qui, j’ai bien dit qui t’as autorisé à parler ? crie presque son tortionnaire. Tu t’imagines en position de marchander, c’est ça ? Arrêtes de rêver gamin ! »
Un autre coup, de droite à gauche cette fois. Une explosion de vanille. Cela fait trois minutes et cinquante-six secondes que ça dure, pense Irvin presque calme.
« N’importe quoi ! Je fais des efforts, je prépare un petit speech bien rodé pour que tout coule et soit plus amusant, et toi tu bousilles une de mes pauses dramatiques !
Puisque tu t’en fous de mon travail, soyons aussi succin que possible. Si tu n’acceptes pas mon petit marché, voila ce qui va se passe »
Il sort d’un poche un petit revolver, à l’air artisanal et menaçant.
« Je commencerais par ta petite sœur chérie. Ma partie préférée. Donc, je lui maintiendrais les bras et les jambes, ou plutôt mes doux amis ici présents le feront. Ensuite, je lui enfoncerais ce joli canon dans le minou, pour rester poétique. Et je tirerais. Peut-être que tu ne le sais pas, mais il y a eu d’important progrès dans le domaine des armes à feu. Soit doit sûr que la balle lui traversera le vagin, lui perforera l’utérus, et bon an mal an, se frayera un passage jusqu’au cerveau, qu’elle transformera en bolognaise. En fait, pour se rapprocher de la culture populaire, c’est comme les lessives deux en un : elle sera violée et tuée en même temps. »
Irvin vomit juste devant lui. Il ne peut s’arrêter durant plusieurs minutes, tellement horrifié qu’il en perd le décompte du temps.
« Je passe rapidement sur ton père, rien de nouveau sous le soleil : on lui prendra un nombre de cellules aléatoire jusqu’à ce qu’il pane. Une sorte de roulette russe avec un barillet plein. Quand à ta mère, j’adorerais m’en occuper moi-même. Je comprends parfaitement le complexe d’Œdipe dans ton cas. Mais j’ai promis à mes chiens de chasse de leur faire un cadeau. Ils joueront avec et lui passeront dessus, et quand elle sera trop usée, ils la balanceront dans le caniveau. »
Il s’accroupit devant Irvin, la couture de son pantalon à la limite de l’explosion, et un immense sourire sur le visage.
« Alors, tu as fait ton choix ? »
Un instant, court mais bien présent, Irvin examine la possibilité d’abandonner sa famille. Il est terrifié par la mort ou un futur handicap. Mais il ne peut pas faire ça. Ce n’est pas un dilemme, et le psychopathe en face de lui le sait parfaitement.
« D…d’accord, gémit-il à demi voix
-Bien, très bien, s’écrie l’autre, tout en pointant le phaseur sur son crâne. Je vais te prélever un morceau de cerveau, et tu as intérêt à être d’accord. »
Le moment se fige, et pour la première fois de sa vie, Irvin fait l’expérience du temps subjectif. Il ne sait pas combien de temps il lui reste. Il ne connait même pas la sensation d’être phasé, n’ayant jamais vendu autre chose que ses peaux mortes. Le clic, net et précis de la gâchette. « Je suis d’accord », pense-t-il continuellement. Une démangeaison enfle à l’intérieur de sa tête, et quand elle devient insupportable, il s’effondre dans sa flaque de vomi. Mauvais, ça sent mauvais. Et il s’évanouit.

Cela fait six mois. Après l’inévitable coma de quelques jours, Irvin s’était réveillé dans une chambre d’hôpital, sa famille à son chevet. Il avait mis plusieurs semaines à s’apercevoir que sa mère avait un œil en moins, et que son père ne pouvait plus compter que jusqu’à huit sur ses doigts. Tout ceci était causé par les perceptions déformées engendrées par le traumatisme, avait dit le médecin traitant, un vieil homme rassurant. Par contre, ce qui était sûr, c’est que son aire de Broca avait été endommagée. Le centre du langage. En conséquence, Irvin avait perdu toutes ses capacités à écrire et à parler de manière intelligible. Paradoxalement, il pouvait toujours lire et comprendre ce qu’on lui disait, mais c’était une communication unilatérale.
L’ennui l’avait sauvé. Sans rien à faire, jour après jour, il avait commencé à gribouiller le verso des feuilles d’examen. Des croquis très sommaires, mais pas mauvais. Pour tuer le temps, c’était un moyen rêvé. D’abord, des dessins de pendules, d’horloges. De toutes sortes : molles, explosant, aquatiques, solaires, nucléaires. Puis il se lassa. Des horloges, pas du dessin. Il se fait acheter des ramettes et des ramettes de feuilles, qu’il dévorait quasi instantanément, tellement emporté par la fièvre créatrice qu’il en oubliait de dormir. Son obsession se métamorphosa : le temps absolu, régulier, était monotone, et dépourvu de tout intérêt artistique. Irvin testa un nombre incalculable de compositions où le temps jouait une place centrale.
Ses meilleurs croquis de cette époque, que les critiques appellent maintenant « la chambre close », représentait le temps personnel : deux jumeaux, côte à côte et pourtant vieillissant à des tempos différents. La liquéfaction de la dimension temporelle, qui se mêlait à l’espace, comme l’eau s’engouffre dans les pores d’une éponge. Il avait trouvé une passion, une bouée de sauvetage, une raison de vivre. Ses progrès furent fulgurants, et il exposa environ quatre mois après sa sortie de l’hôpital. Il fut incapable de dire combien de temps dura la réception d’ouverture, et s’en foutait totalement. Bien sûr, la vie courante est difficile, et son accident cérébral l’empêche même d’apprendre le langage des signes.
Mais enfin, Irvin est maintenant imbattable au Pictionnary.

« Voilà. La plupart des réunions de l’opposition ont été annulées, pour aller voir l’exposition du gamin. Je dois bien avouer que je suis impressionné par la réussite de votre plan tordu. Je n’aurais jamais pensé que priver ce gamin de la parole ferait de lui un artiste de génie. »
Le mercenaire n’a plus son habit en deux parties, mais son sourire surréaliste reste le même.
« Parce que ce n’est pas n’importe qui, répond le Maire, avec un regard exaspéré. Vous pouvez disposer. »
Avec de grands gestes, l’autre se dirige vers la porte. Il énerve le Maire, à paraître si… vivant. Un fois arrivé, il se retourne.
« Est-ce que… ?
-Non ! Combien de fois faut-il que je vous le dise ? Vous ne toucherez pas à sa sœur. Je vous ai déjà offert deux fillettes cette semaine sans parler de la top-modèle. Ces jouets ne vous suffisent plus ? Alors tirez-vous une balle !
-D’accord, d’accord. Désolé. »
Il passe la porte, puis au dernier moment, pose la question qui le hante depuis six mois.
« Pourquoi est-ce que cette exposition a stoppé la rébellion ? »
Pendant un instant, il est calme, immobile, sérieux.
Le Maire sourit légèrement. Enfin une question intéressante.
« Pour reprendre un aphorisme du grand Marx à ma sauce :
l’art est l’opium des bourgeois. »
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MessageSujet: Re: Monnaie future   Monnaie future Icon_minitimeMar 23 Oct 2012 - 10:07

Citation :
Mais non, l’enseignant l’avait inscrit exactement
l'a inscrit.
Citation :
« Les dystopies, elles, ont le cran de sûreté de ne pas se cacher, aurait répondu Rachik. » Il adorait ce genre de phrase sans queue ni tête. Selon lui...
À ce stade, l'on peut croire que Rachik est le personnage principal. Vite démentit par la phrase suivante, mais cela oblige à stopper la lecture un quart de seconde (trop) pour comprendre.
Citation :
Il regarde la chaise vide, en se disant que ça ne lui ressemble pas du tout de manquer une occasion de se moquer d’un prof.
Mais s'il n'est pas là, quelle occasion aurait-il...
Citation :
Hum, Il trouve que c’est une bonne phrase d’introduction.
Hum ? Qu'est-ce-c'est, le nom d'un élève ? ^^
Citation :
Enfin, au moins une liberté [...] Elle est moins fréquentée.
Citation :
Un vieux clochard, à l’odeur aseptisée
Citation :
Juste quand les portes se referment, il bondit dehors, et réussit sa manœuvre, haletant.
Il doit avoir un important surplus de graisse, pour haleter au premier saut.
Citation :
Pas très loin, deux jeunes filles parlent fort. De maths [...] Sa mère et sa sœur sont probablement absentes, à faire les boutiques, inconscientes.
Je vois que certaines choses n'ont pas changées. Rolling Eyes
Citation :
Rentré dans l’appartement exigu [...] le couloir exigu
Citation :
Mais tout ce qu’il veut, c’est dormir. Et Rachik. Mais pas dormir avec Rachik tout de même.
Ça, c'est génial.
Citation :
Dix milles cellules, ou bien la cellule était –elle une unité obsolète à ce niveau ? [...] Soudain Irvin as froid, sous le soleil chaud de la fin du printemps.
Citation :
Il s’assoit sur un banc classé monument histoire
Historique ?
Citation :
et regarde passer les gens [...] entre chaque passant [...] Il passe l’après-midi [...] six cent quarante deuxième passant.
Citation :
Etre castré avant d’avoir perdu son pucelage, ce serait vraiment une tragédie.
Bah non, il ne connait pas, ça ne lui manquera pas. ^^
Citation :
il sort une grosse boite rouge, dont il extrait des cachets somnifères
Somnifère tout court, d'autant plus qu'il y a un autre 'cachet' plus loin ?
Citation :
Un bruit sec interrompt ses questionnements, pour soudant lui remettre
Citation :
la distinction est incertaine avec l’éclairage onirique.
Un éclairage relatif aux rêves, qu'est-ce c'est ?
Citation :
Son sang génétiquement modifié pour le prémunir des maladies. Il a un gout de vanille.
Fait gaffe, quand même, dans quelles impasses peut t'emmener ton imagination...
Citation :
elle sera violée et tuée en même temps.
Tu m'expliques et l'intérêt, et les conséquences de faire les deux à une micro-seconde d'intervalle ?
Citation :
Irvin est maintenant imbattable au Pictionnary.
Y jouera-t-on encore dans deux siècles ?

Voilà, terminé la nouvelle, "monnaie future, futur Monet", et comment dire... c'était long.
Je ne parle pas que des 25K de caractères, non, en lisant, j'ai eu l'impression de trouver ça lent. D'abord, à cause des deux-trois confusions du premier paragraphe, Rachik, Hum, un employé de mairie dans une école, bref ; mais surtout à cause du personnage principal. Sur le fond, Irvin est un de ces intellos qui déteste la société, le gouvernement, la tricherie, qui veut de la beauté, de la clarté, de la liberté. Pourtant, dans la forme, Irvin se laisse faire, il accepte, il ferme les yeux ; ses volets sont fermés, dans ses moments de liberté, quand il ne veut pas tuer un chien (fout la paix aux chiens), il s'assoit sur un banc et ne fait rien, n'a même plus l'air de penser, puis revient chez lui le plus docilement du monde, prend un somnifère parce que c'est fatiguant de regarder les gens passer, s'endort tout de suite pour éviter de penser, donc. Et recommence le lendemain... En gros, Irvin est un activiste passif ; là où on s'attend à l'action, à 'crache ton venin', on a un adolescent morne et banal.
Du coup, comme dans toute vie d'adolescent banal, il ne se passe pas grand chose d'intéressant, même si les différentes descriptions à la sauce dystopie (je préfère l'uchronie ^^) sont pour la plupart plaisantes et assez cohérentes. Il faut attendre la fin du récit pour avoir quelques sueurs pour lui. En fait, lorsqu'il se réveille à l’hôpital, abîmé, 'muet', je trouve que la vie de ce jeune handicapé surement plein de rancœur aurait été autrement plus géniale à raconter. Dommage, ce passage est plutôt distant, comme une simple conclusion du narrateur, une conclusion de rédaction, en italique. Quant à la révélation finale... Mouais, si tordue ou recherchée que ça en devient moins plausible, l'art est un moyen de diversion, une échappatoire, mais c'est un rouage comme un autre, faisant partie d'un engrenage beaucoup plus vaste.
Je terminerais sur une note positive, ton style est resté le même, mais il s'est amélioré. Smile
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MessageSujet: Re: Monnaie future   Monnaie future Icon_minitimeMar 23 Oct 2012 - 15:17

Bon, je ne suis pas vraiment bon pour les critiques, par manque d'expérience d'une part, et parce-que je suis bien trop bon public. Donc en attendant d'avoir considéré davantage de textes d'un œil suffisamment critique, je vais me contenter de dire ce que je pense de l'ensemble, et surtout de la chute.

Alors, en commençant par les choses désagréables, je trouve dommage de constater que la ville de Paris y semble totalement isolée du reste du monde, au point de paraître avoir son propre gouvernement autonome... La meilleure explication que je voie est un retour à un système de cité-état, mais c'est ton univers, donc je ne peux pas savoir avec certitude, dans la mesure où il n'existe aucun autre indice que le fait que le maire semble être l'autorité suprême.
Ensuite, si on sent une certaine influence cyber-punk avec les organes hypothéqués en remboursement des dettes ou encore le cloisonnement riches/pauvres, je trouve encore une fois qu'on y manque de repères, par manque de détails disséminés par-ci par-là. De plus, même si cela n'engage que moi (enfin encore plus que les autres critiques), la dystopie, si elle est parfaitement plausible, me semble avoir peu de chances de se réaliser, ce qui lui fait perdre beaucoup de son choc. J'aurais personnellement privilégié un cadre classique de méga-corporations, multinationales et autres trusts devenus plus puissants que les États, tout simplement parce-qu'il me semble que c'est ce vers quoi nous glissons en ce moment.
La chute, comme l'a fait remarquer Lemli, me semble un peu tirée par les cheveux... Si l'attrait d'une galerie d'art est supérieur à l'attrait de l'intérêt général pour les opposants au régime, je me pose des questions sur leur dangerosité pour le maire, diversion ou pas...

Maintenant, place aux choses agréables à dire et à entendre ! Paradoxalement, même si je viens de le pointer comme défaut, ta dictature communale est fort originale, et il me semble que l'un des rôles des contre-utopies, et par extension de leurs auteurs, est de pointer les menaces potentielles à l'avènement d'une société véritablement éclairée, dirigée non par des rois ou leurs divers avatars, mais par des philosophes. Cela justement afin d'éviter ces dangereuses dérives. Si je l'ai pointé comme défaut, c'est bien à cause du manque d'indices sur ce qui a amené ton Paris futur à ce qu'il est, et certainement pas à cause de l'idée elle-même. Après tout, ce n'est pas parce-que nous semblons nous diriger vers une société à l'opposé sur certains points (comme la mondialisation) que nous ne pouvons pas envisager un retournement total de situation (avec le repli au point de revenir au stade de cités-états), ne serait-ce que par ras-le-bol de la population des dérives actuelles, entraînant un rejet massif exploité par des gens comme le maire de ta nouvelle. Je fais peut-être de la sur-interprétation, mais il est indéniable que le fait que ta nouvelle me pousse à réfléchir de la sorte est gage d'une certaine qualité.
Enfin, un autre point qui a déjà été critiqué, mais sur lequel je reviens pour en dire du bien, la chute. Je ne serai pas aussi loquace que sur le point précédent, mais cela peut-être interprété comme une critique d'une certaine forme de snobisme de la part des classes supérieures, et souligner en creux le désespoir paralysant, renforcé par la propagande lénifiante décrite dans le reste du texte, des classes inférieures qui devraient normalement être les premières à se révolter.
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MessageSujet: Re: Monnaie future   Monnaie future Icon_minitimeMar 23 Oct 2012 - 17:49

Citation :
« Qui peux me dire en quoi notre gouvernement actuel n’est pas une dystopie ? »
« Les dystopies, elles, ont le cran de sûreté de ne pas se cacher, aurait répondu Rachik. »
Le lien entre les deux phrases donne l’impression que c’est quelqu’un de la salle qui répond, alors que, si j’ai bien compris, il s’agit d’un ami qui n’est pas présent.

Citation :
A ce moment, l’enseignant se rend compte de sa bourde, et clos le cours rapidement. La peur, toujours la peur. Mais elle ne gêne pas Irvin quand elle s’en prend aux cons. Il est arrivé en cours il y a quatre heures et vingt-trois minutes. Ce cours ci en est à sa dix-septième minute.
Répétition trois fois de cours sur ce paragraphe

Citation :
de tous temps
De tout temps

Citation :
il aimerait éviter de décimer ses proches avec un trombone
Ah, moi, je dois me retenir d’agrafer les gens à mon bureau, au boulot

Citation :
Soudain Irvin as froid
A froid

Citation :
sans passer par la case départ.
Et sans toucher 20 000 francs ?

Citation :
Irvin n’en sait rein,
Rien

Citation :
Un autre coup, de droite à gauche cette fois. Une explosion de vanille. Cela fait trois minutes et cinquante-six secondes que ça dure, pense Irvin presque calme.
Euh, ça fait trois minutes qu’il se fait taper dessus ?

Citation :
Il se fait acheter des ramettes et des ramettes de feuilles
Il se fit acheter collerait mieux, je trouve



Au niveau du style

1er paragraphe un peu « heurté », j’ai l’impression qu’il manque des liens logiques entre les enchaînements d’idée. Je pense que tu pourrais développer un peu plus l’environnement : où ils se trouvent, ce qu’ils font…

Le reste de l'histoire est beaucoup plus fluide, par contre.

J'ai beaucoup aimé le style sur le reste de la nouvelle. C’est noir, sombre, désespéré, ton personnage a une voix qui lui est propre.



Au niveau de l’histoire

Quelques petites choses me dérangent dans le scénario :

Ça me parait étrange qu’au cours de sa journée de liberté, il n’essaye pas de retrouver son ami, alors que son absence la veille l’a inquiété

De même, je pense que la fin est un peu trop rapide. Il faudrait développer plus en amont du texte l’impression de révolte qui gronde, le fait que l’autorité du maire est contestée et développer également la réaction des habitants à cet art qu’on leur propose pour mieux les endormir.
Je pense qu’il manque vraiment une scène où les critiques/spectateurs s’extasient devant les tableaux, sans que pour autant leur esprit soit éclairé.


Autrement dans le positif sur l’histoire :

Comme je l’ai dit au niveau du style, cette impression de désespoir presque tangible qui colle aux basques, à certains moments, en lisant le texte, j’ai ressenti une impression d’étouffement.

L’univers que tu décris est plausible, et par conséquent, glaçant. En tout cas, le texte fait réfléchir et ne laisse pas indifférent.


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MessageSujet: Re: Monnaie future   Monnaie future Icon_minitimeMer 24 Oct 2012 - 19:25

Merci pour cette avalanche de commentaires. ^^

En effet, après relecture, la fin est probablement un peu trop vite expédiée. Faeleris, pour l'impression de manquer d'information, c'est voulu en fait. Je ne voulais pas trop de détail, juste que ce qui est nécessaire à la compréhension de l'histoire. Après, de ce que j'ai compris, c'est peut-être un peu gênant. ^^

Je garde l'idée de la scène dans la galerie d'art, ça me plait bien. Et je suis content de voir qu'on a remarqué les petites pointes d'humour que j'ai cachées dans le texte ^^.
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MessageSujet: Re: Monnaie future   Monnaie future Icon_minitimeJeu 25 Oct 2012 - 11:13

Autre chose à laquelle j'ai pensé après coup pour la fin : vu l'enflure que le maire a l'air d'être, je m'attendrais à ce qu'il ait mutilé plusieurs gamins, histoire d'être sûr d'en avoir au moins un qui fasse l'affaire.

Voilà, après, tu en fais ce que tu en veux Very Happy

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