Atelier d'écriture
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Atelier d'écriture

Communauté d'écrivains en herbe
 
AccueilRechercherS'enregistrerDernières imagesConnexion

 

 LongStoryShort. - Chapitres d'une vie.

Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité
Anonymous



LongStoryShort. - Chapitres d'une vie.  Empty
MessageSujet: LongStoryShort. - Chapitres d'une vie.    LongStoryShort. - Chapitres d'une vie.  Icon_minitimeJeu 13 Déc 2012 - 17:39

(comme conseillé par Morrigan, j'inclus directement la première partie de mon texte dans le message, pour plus de facilité!)

Bonjour à tous, voici la première partie d'une nouvelle que je publie en ligne au fur et à mesure, et qui demande bien évidement à être peaufinée (un parcours scientifique n'aidant pas toujours à se "lancer" dans l'écriture).
J'espère que vous prendrez autant de plaisir à la lire que j'en ai eus à l'écrire. Les parties suivantes, pour les plus interessés (?), sont publiés à cette adresse : http://dranerel.blogspot.fr/ (ou tout commentaire ou critique - acerbes ou non - sont également bienvenus).

Bonne lecture !

Cordialement,

Pierre-Olivier



-------------------------


1. Nuit américaine

"Bonjour, je m'appelle Simon."

Bonjour, je m'appelle Simon, et ce sont les mots que je me répète en boucle intérieurement dans le bus me conduisant au travail, bondé à cette heure de la journée. Les gens dégagent l’après rasage et le sent bon, le déodorant viril et l’haleine de café. On évite de fixer son voisin en plongeant son visage dans un quotidien gratuit, très concentré sur l’examen de l’horoscope du jour auquel on ne croit pas. Le mot d’ordre de la rédaction étant de ne pas froisser le lectorat, les angles sont arrondis, polis, lustrés. Jamais de pensées négatives à distribuer.
Amour : L’âme sœur pourrait surgir au cours de votre journée, ouvrez l’œil !
Travail : Des rencontres intéressantes feront évoluer votre carrière aujourd’hui.
Santé : Quel dynamisme ! Vous respirez la forme et le bien être, on vous envie !

Je me répète ma phrase, en fixant la réaction sur le visage des gens. Aux regards renfrognés que je reçois, je me dis qu'aucun ne possède un don de télépathie. D'ailleurs il semble que moi non plus.

Mon labeur de la semaine, avec mon collègue Enzo, est une pile de dessins représentant des bonhommes à 3 doigts et des maisonnettes qui fument.
Prenez n’importe quelle série ; n’importe quel film dont au moins une scène se déroule dans une école ou une cuisine familiale. Les dessins sur le tableau du fond, tout comme ceux du frigo, ne sont pas vraiment réalisés par des enfants. L’illusion du coloriage qui dépasse, c’est le travail de l’accessoiriste de plateau, mon travail.

Ce qui inclut aussi fausse garde robe dans les armoires.
Ce qui inclut aussi fausse nourriture dans le dit frigo.
Fausses plantes dans le jardin, fausse pluie au dehors, faux flacons de parfums aux tonalités de jaune différentes.

Mon travail se base sur le faux, l’illusion, le « faire semblant ». Le magicien méconnu qui agrafe de fausses listes de courses dans de fausses cuisines en aggloméré, c’est moi. La collection de DVD ou de compilations faites maisons en arrière plan dans le salon, c’est moi. C’est nous.

Enzo dessine une voiture rouge toute carrée, et m’explique que jusqu’à l’âge de 6 ans, les chiffres sont à peine plus assimilés que les lettres et les proportions. Papa, sur mon dessin, a 4 doigts et 2 dans l’autre, en bâtons, et 7 cheveux semblables aux doigts.
Enzo, trop frustré de manipuler des Crayola à 37 ans, fait dans le zèle et l’excès d’études préliminaires.
« A 7 ans, les soleils en coin de page, commencent à devenir des ronds entourés de rayons-bâtons ». Enzo prends du vert pour faire un arbre et ajoute
« jusqu’à l’âge de 8ans, les arbres sont encore vus comme une boule pleine verte sur un rectangle marron. C’est seulement plus tard que les branches ramifiées apparaissent ».

Moi, je remplis grossièrement mon ciel de bleu et pense « Pause ». Je colorie les vitres de ma maison avec le même bleu du ciel et je pense « café ».
Le régisseur plateau choisit 5 dessins parmi la vingtaine préparée, et on les accroche au frigo de la maison familiale typique. Seulement deux parmi ceux-ci sont les miens, Enzo gagne la manche.
Le réa dit « action » et senior Gomina, le père de famille dit quelque chose comme « Chéri, J’irai bien me promener avec ce bon soleil la dehors » et le réa réplique « coupez ».
Fin de la scène, les stagiaires commencent à démonter le plateau pour laisser place au décor suivant.


Puis nous tournons une scène dans une rue extérieur factice.
Quand les gens verront en arrière plan un quartier de voisinage démocrate, ils ne penseront pas une seconde que j’ai moi même fixé les détails qui font disparaître le côté faux du décor.

La magie du cinéma. l’illusion de la télé. l’euphorie des sitcoms auxquelles on s’identifie sans efforts.
Tout cela c’est Nous.

Nous, qui fixons la vitesse de rotation des ventilateurs pour que le réa soit satisfait du bruissement des feuilles dans les arbres.
Nous, qui ajoutons du vernis satiné en spray sur les parterres de fleurs lyophilisées pour les rendre plus colorés et chaleureux à l’écran.
Nous, qui définissons des trajectoires des tondeuses conduites par des figurants pour qu’on les remarque au second plan, dans un flou décroché, sans que l’œil ne soit omnibulé par eux.

Nos noms figurent en avant dernière place du générique, avant les sponsors.

Jeffrey, le réalisateur, fait une annonce par son mégaphone.
« Les gars, changement de programme, on va tourner la 51 cet après midi, nocturne, maison des Smiths, travelling sur le trottoir impair du 21 au 37 »
on échange des regards, puis l’on se met au travail, résigné. Nous tournons finalement en nocturne. Ce qui signifie changement de lumière, moins de reflets et de figurants, aucune tondeuse, et une soixantaine de lampes à éclairer dans les chaumières. Ô, ce dernier point est de loin le moins fastidieux, l’ensemble du réseau électrique étant relié à un panneau d’interrupteurs.

Je me dirige vers celui ci, et en abaissant la manette noté « Maison Morgan-impair », shlak, celle ci s’illumine de l’intérieur, une maquette géante truffée d’abats jours. Et la vie fût.

Maison Rowley, Shlak.
Maison Dambrey, Shlak.
Maison Smiths, Shlak.

D’autres machinistes constituent un rail d’une vingtaine de mètres en quelques minutes, on place la caméra roulante dessus, et l’on parcours le voisinage en biais tout en filmant.

Par terre, j’aperçois ma maison avec sa petite cheminée qui fume, égarée lors du grand chambardement. A côté de mon dessin, des repères au sol faits avec du gaffer noir.
Un technicien au téléphone passe et imprime la marque de sa grosse semelle sur ma maison. Pause café.




Revenir en haut Aller en bas
 
LongStoryShort. - Chapitres d'une vie.
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Dune...
» Bio en chapitres
» Les Cinq Pierres - chapitres à télécharger

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Atelier d'écriture :: Au coin du feu :: Archives contemporain/polars-
Sauter vers: