J'ai retrouvé ça dans mes vieux fichiers ; un petit texte écrit pour un exercice (d'où sa faible longueur). C'est sans prétention aucune, je ne le retravaillerai pas, mais je l'aime bien, alors je voulais le partager avec vous
J'avance doucement entre deux immeubles détruits, tentant de me fondre dans le décors. La plupart des bâtiments sont en ruine ou à moitié démolis par les éclats d'obus qui ont plu pendant la dernière heure, ce qui ne facilite pas le camouflage. Un peu plus loin, j'entends les râles de douleur d'un blessé. Un gars de nos rangs ?
Je rajuste mon épaisse cuirasse d'arcotum, tire mon calibre FS-45 de l'étui sanglé contre ma cuisse et en désamorce le cran de sûreté.
Ok. Juste dix mètres à faire pour arriver au tas de gravas suivant.
Je souffle un grand coup, regarde à droite, à gauche. Personne. Je m'élance. Une rafale de mitrailleuse s'élève soudain. Des balles sifflent à mes oreilles, me manquent de très peu. L'une d'elles s'enfonce même dans l'épaulière de ma protection, mais j'atteins mon abris sans encombre.
"Dans ta gueule !", pensais-je avec satisfaction.
Bon, étape suivante, rejoindre Livel et le reste de l'équipe. Le bombardement nous a séparés et j'ai dû me réfugier dans une ancienne aéro-gare – de loin le bâtiment le plus résistant. Seulement la mission n'attend pas et je dois absolument les retrouver. Pas question de sortir mon visio pour les contacter, l'ennemi me repérerait aussitôt sur ses ondomètres. Bordel, par où je vais maintenant ?
J'avise une ruelle sur la droite, entourée d'immeubles relativement épargnés, dont les toits n'ont pas l'air occupés. Par ici la sortie... Dès que je quitte mon abri, un fantassin adverse se précipite vers moi. Je ne réfléchis même pas. Je lui lâche une salve de FS à bout portant. Toute sa poitrine n'est bientôt qu'un grand trou fumant et son masque, arraché par l'impact, laisse apparaître des traits ravagés par nos gaz vésicants.
"Pas d'bol".
Je n'ai pas le temps de m'apitoyer sur son sort (d'ailleurs je n'en ai pas envie). J'ai des choses bien plus importantes à faire. J'ai enfin atteins la rue. Comme prévue, elle est calme et offre une ombre bienvenue avec les lunes qui tapent comme des soleils et transforment l'atmosphère en fournaise. Heureusement, ma combinaison d'arcotum a été conçue pour réguler au maximum la température; mais je cuis quand même... J'ai l'impression que les semelles de mes rangers font un écho pas possible mais je ne vois toujours personne.
J'ai la gorge sèche. Seulement un enfoiré a percé ma gourde ce matin, dans une fusillade. J'aperçois une boutique de spiritueux en tous genres. Ils vont bien avoir un truc à boire quand même ! Mouais. Juste un vague truc infect qui pue à trois mètres et un bidon d'eau tiède avec un arrière-goût métallique. Tant pis. Ça fera l'affaire jusqu'à ce que je rejoigne mes partenaires.
Apparemment, je suis dans une rue marchande. C'est bourré de magasins divers. Toutes les vitrines sont cassées et les marchandises ont été cambriolées. Tant mieux. J'aurais perdu du temps à aller fouiller dans les caisses et du temps justement, j'en ai pas. Livel, bordel, où es-tu ? Le point de rendez-vous est à deux minutes d'ici, et il n'y a encore personne. Merde ! J'espère que vous n'êtes pas tombés dans une embuscade.
Je suis sur le point de grimper me trouver un poste d'observation pour en avoir le cœur net lorsqu'un mouvement proche devant moi attire mon attention. Je me jette dans une encoignure de porte, mon flingue prêt. Le type ne m'a pas vu. Curieux ça. Il n'a pas l'air de porter d'armure. Il n'est vêtu que d'une chemise grise, sale et couverte de sang, d'un pantalon déchiré et d'une longue cape noire. J'aime pas ça. Ça pue le coup fourré à plein nez. Je resserre ma prise sur mon FS, paré à toute éventualité. L'homme se met soudainement à humer l'air et se tourne à moitié. Un autre arrive à sa hauteur. Lui, par contre, porte l'uniforme Aezanor. Ok. Qu'est-ce qu'ils vont me faire, là ?
Le deuxième arrivant dit quelques mots au premier, qui tend le doigt dans ma direction. Oh oh. Mauvais ça.
L'Aezanor crie quelque chose dans sa langue, que je ne comprends pas. Le type en chemise crasseuse pousse un long hurlement, se courbe et sa silhouette devient floue pendant quelques secondes. Lorsque je peux le distinguer à nouveau, il n'y a plus qu'un seul homme. L'autre s'est transformé en un farmor, un félin géant des jungles de Péricia.
"La nuit, tous les chats sont gris." Je souris méchamment. "Et j'aime pas les chats."
Je braque mon flingue droit devant alors qu'il se dresse de toute sa hauteur – trois mètres quand même – et je tire. A dix mètres, j'aurais dû faire mouche et lui exploser le crâne. Sauf qu'un bouclier d'énergie s'est crée devant lui.
Et merde.
Je n'attends même pas de voir le rictus se dessiner sur le visage de l'homme. Je tourne les talons et fuis sans demander mon reste.