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 Journal d'une Résistante

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MessageSujet: Journal d'une Résistante   Journal d'une Résistante Icon_minitimeDim 5 Jan 2014 - 1:27

Bonjour à tous ! J'ai commencé un roman, et j'ai déjà posté le début sur plusieurs forums, mais la plupart du temps j'obtenais des réponses du style "j'aime" ou "j'aime pas"... Donc voilà j'espère qu'ici je vais avoir droit à de vraies bonnes critiques Very Happy (ne m'épargnez pas Smile)
Par contre pour le titre c'est pas définitif, j'y ai pas encore trop réfléchi...

Lundi 9 janvier 2158

 Ma responsable de vie m'a conseillé de commencer un journal intime, comme le faisaient les gens de l'Ancienne Génération... alors voilà, je me lance. J'ignore ce que ça va donner au long terme. De toute façon, ce journal finira par être recyclé, et tous mes écrits seront perdus. Mes écrits. Ce mot laisse une impression bizarre sous mon stylo, un parfum inconnu s'en dégage. Plus personne de nos jours n'a d'écrits. C'est une pratique antique.
 Apparemment, j'ai tendance à me disperser, d'après le Dr Maubert. Tenir ce journal est censé m'aider à me canaliser, à me concentrer sur un projet précis. Je comprends pourquoi elle m'a dit ça.

 Tout à l'heure, j'étais chez ma voisine en classe de biologie, une fille agaçante aux yeux rapprochés qui donnent sans cesse l'impression qu'elle louche. Nous devions préparer un devoir en binôme - j'ai toujours détesté le travail en groupe. À mon grand plaisir, nous étions installées en face de la fenêtre, qui donne sur la Seine ; j'ai passé mon temps à regarder passer les paquebots. Je sais d'après le Dr Maubert qu'ils transportent tout un tas de marchandises à destination de lointaines villes. Je m'imaginais à bord de l'un d'eux, partant pour l'inconnu ; hélas, ce n'était qu'une stupide rêverie. Je sais bien que ça n'arrivera jamais. La plupart des gens restent leur vie entière dans la ville où ils naissent ; il faut une situation spéciale pour déménager. Il arrive cependant à certaines personnes de voyager un peu au moment de leurs études. Tout en observant le reflet du soleil dans l'eau, je me disais que ce serait peut-être mon cas : j'aimerais tant voir une forêt, de la nature à l'état pur... Ce dernier sujet a occupé mes pensées pendant un long moment.
 Je n'ai pas réussi à écrire une seule phrase constructive de tout le temps où je suis restée chez cette fille.
 
 Je ne crois pas que les Autorités approuveraient ce que je suis en train de faire, si elles étaient au courant. J'ai trouvé la cachette idéale pour mon journal : une légère fissure entre les couches de béton de deux immeubles face au mien.
 Je connais l'ampleur des risques que je prends en assurant la rédaction de ce journal, seulement... je dois avouer que c'est justement cet aspect dangereux, illégal, qui m'attire. Je croyais bien être la seule personne possédant de côté un peu rebelle, jusqu'à ce que je ne découvre la véritable face du Dr Maubert. Cette femme est tout simplement extraordinaire ; lorsque je plonge dans ses yeux tels deux fenêtres ouvertes sur un monde perdu depuis une centaine d'années, et que j'écoute ses récits si fantastiques sur le monde d'autrefois, contés par son envoûtante voix aussi limpide qu'un long ruisseau... j'ai tout simplement l'impression de vivre un rêve éveillé, de faire un saut dans le passé.
 Il a fallu cependant beaucoup de temps pour qu'elle me dévoile cette facette de sa personnalité : pendant des années, je l'ai crue comme tous les autres, menant sa vie de manière automatique, ne montrant aucun intérêt pour autre chose que ce dont elle était censée s'occuper, se contentant de suivre le chemin de sa destinée tracé par d'autres personnes qu'elle-même sans se poser de question. Mais elle est décidément tout l'inverse ! Si elle avait vécu il y a un siècle, elle aurait sûrement été... quel est ce mot, déjà... ? Ah, oui : actrice.
 Le Dr Maubert m'a plusieurs fois parlé du cinéma ; je trouve cela vraiment passionnant, comment ces gens arrivaient à créer des œuvres filmées, employant parfois des moyens colossaux pour fabriquer ce qu'ils appelaient des « effets spéciaux », dans le seul but de divertir les gens, de leur offrir des moments de loisir et de détente.
 J'adorerais continuer à écrire ainsi pendant des heures sur les merveilles de l'Ancien Monde, mais il est tard : c'est mon tour d'aller chercher les repas à la grande réserve, et si je ne me dépêche pas, mes parents, Phil et Lu, auront sans doute des soupçons. Le Dr Maubert a été très claire : je ne dois en parler à personne, pas même à ma propre famille.



Mardi 10 janvier 2158

 Toute la journée, j'ai pensé au moment où je pourrai enfin retrouver ce petit cahier que j'appelle maintenant « mon journal ». Le fait d'écrire dedans me procure des sensations que je n'avais jamais ressenties auparavant. Coucher ses pensées sur papier... c'est tout simplement magique. Beaucoup plus profond que de taper sur une tablette 3D, ou même une 2D, on en trouve encore de nos jours. J'ai hâte de parler de tout ça au Dr Maubert, mais je ne la vois malheureusement qu'une fois par semaine, le lundi, à 18h.
 Je me souviens quand j'ai appris à écrire à l'E.F.P (établissement de formation professionnelle). Je devais alors avoir cinq ou six ans. Nous passions des heures à tracer maladroitement des lettres tremblantes ; mais j'aimais ça. À vrai dire, c'est de loin l'activité qui me plaît le plus - ou plutôt, qui me déplaît le moins - à l'E.F.P : nous nous y entraînons en cours de langue française de temps en temps, pour ne pas perdre la pratique, « au cas où on aurait un problème avec notre tablette 3D, on ne sait jamais » ; mais je m'amuse parfois chez moi à copier à la main certains devoirs avant de les taper. Lorsque Phil et Lu l'ont découvert, ils n'ont pas aimé et ont essayé de m'en dissuader : ils avaient peur que ce ne soit considéré comme une infraction si quelqu'un venait à le découvrir, et qu'on me punisse  ; mais devant mon entêtement, ils ont rapidement laissé tomber. Le Dr Maubert, elle, m'y a toujours encouragée. C'était d'ailleurs, quand j'étais petite, l'un de rares sujets où elle faisait preuve de bienveillance avec moi.

 J'ai essayé de discuter avec mon frère jumeau, Thibault, tout à l'heure ; j'aimerais tant lui montrer que le monde dans lequel il vit n'est qu'un pâle reflet du paradis qu'il était autrefois. Mais il n'a rien compris, ayant grandi plongé dans des idéaux aussi rigides qu'une planche de bois - mais pas incassable. Il a posé sur moi ses yeux de couleur verte tirant sur le bleu -  comme les miens -  qui gardent sans cesse cet air éteint, désintéressé, quand je suis venue le trouver dans sa chambre, alors qu'il faisait son travail pour l'E.F.P.
 « Je peux te parler une minute ? »
 « Bien sûr. Qu'est-ce qu'il y a ? »
 Je me suis assise sur son lit, cherchant les mots, puis ai commencé, hésitante :
 « Tu ne t'es jamais demandé... ce qu'aurait pu être ta vie si... tu avais vécu dans l'Ancien Monde ? Si tu pouvais être le maître de ta destinée, faire tes propres choix, exercer le métier dont tu as envie ? Épouser la femme que tu aimes, et non une qui t'aura été désignée ? ...Avoir le nombre d'enfants que tu souhaites ? »
 Il m'a dévisagée, apparemment profondément choqué par ces suggestions.
 « À quoi ça rime ? D'où te viennent ces idées complètement ridicules et dépassées ? »
 « Ces idées n'ont rien de ridicule. Tu n'y as donc jamais réfléchi ? »
 « Jamais. »
 « Même pas une fois ? »
 « Jamais. »
 J'ai préféré laisser tomber. Ça ne sert malheureusement à rien de discuter avec lui. Comment mon propre frère peut-il être si différent de moi ?
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MessageSujet: Re: Journal d'une Résistante   Journal d'une Résistante Icon_minitimeDim 5 Jan 2014 - 8:00

Il faudrait commencer par te présenter ici : https://ecrire.forumactif.org/f2-presentation-des-membres avant de demander à ce qu'on commente un texte. Ce site est basé sur l'échange.
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MessageSujet: Re: Journal d'une Résistante   Journal d'une Résistante Icon_minitimeDim 5 Jan 2014 - 10:27

Oups désolée... :-/
C'est fait Smile
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MessageSujet: Re: Journal d'une Résistante   Journal d'une Résistante Icon_minitimeDim 5 Jan 2014 - 11:12

Alors, on peut critiquer donc :

Première chose, c'est surtout personnel, mais les romans entiers sous forme de journaux intimes, je suis vraiment pas fan. Le plus gros défaut de cette technique, c'est que le héros ne semblera jamais en danger, car il écrit après coup. Il ne peut même pas vraiment transmettre la sensation de danger, vu qu'il voit les évènements avec du recul. De même, il ne peut pas vraiment y avoir de surprise. Donc niveau suspense...

Citation :

« Je peux te parler une minute ? »
« Bien sûr. Qu'est-ce qu'il y a ? »
Je me suis assise sur son lit, cherchant les mots, puis ai commencé, hésitante :
« Tu ne t'es jamais demandé... ce qu'aurait pu être ta vie si... tu avais vécu dans l'Ancien Monde ? Si tu pouvais être le maître de ta destinée, faire tes propres choix, exercer le métier dont tu as envie ? Épouser la femme que tu aimes, et non une qui t'aura été désignée ? ...Avoir le nombre d'enfants que tu souhaites ? »
Il m'a dévisagée, apparemment profondément choqué par ces suggestions.
« À quoi ça rime ? D'où te viennent ces idées complètement ridicules et dépassées ? »
« Ces idées n'ont rien de ridicule. Tu n'y as donc jamais réfléchi ? »
« Jamais. »
« Même pas une fois ? »
« Jamais. »

Dans le cadre d'un journal intime, écrire des dialogues comme ça me semble totalement déplacé et surtout pas naturel. De même que les autoréférences.

Ensuite au niveau de l'écriture, je trouve illogique que d'un coté ce soit visiblement interdit, mais que de l'autre on apprend quand même a le faire. C'est idiot, l'état chercherait plutôt à enterrer totalement l'écriture, voir toute forme d'expression écrite, même taper sur des touches. On peut donc même supposer que tout ce fait par la voix, permettant aussi à l'état de contrôler qui dit quoi, par simple système de reconnaissance. C'est comme si on interdisait de conduire, mais qu'on nous l'apprenait quand même par sécurité. Et la justification d'une possible panne est mal choisie. Après tout, on peut facilement déduire que les appareils de communication et d'écriture sont tellement communs que les faire remplacer ou remplacer est facile. Après tout, on le fait déjà maintenant avec les téléphones et les tablettes.

De même si c'est interdit trouver des crayons et du papier sera difficile. Même un vieil écran tactile demandera des efforts à trouver, voire à faire fonctionner (problème de compatibilité électrique, d'usure des composants...)


Par contre, je salue l'effort, en 2158 le 9 janvier est effectivement un lundi.
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MessageSujet: Re: Journal d'une Résistante   Journal d'une Résistante Icon_minitimeDim 5 Jan 2014 - 11:45

Louen Oldwolf a écrit:
Alors, on peut critiquer donc :

Première chose, c'est surtout personnel, mais les romans entiers sous forme de journaux intimes, je suis vraiment pas fan. Le plus gros défaut de cette technique, c'est que le héros ne semblera jamais en danger, car il écrit après coup. Il ne peut même pas vraiment transmettre la sensation de danger, vu qu'il voit les évènements avec du recul. De même, il ne peut pas vraiment y avoir de surprise. Donc niveau suspense...

Citation :

« Je peux te parler une minute ? »
« Bien sûr. Qu'est-ce qu'il y a ? »
Je me suis assise sur son lit, cherchant les mots, puis ai commencé, hésitante :
« Tu ne t'es jamais demandé... ce qu'aurait pu être ta vie si... tu avais vécu dans l'Ancien Monde ? Si tu pouvais être le maître de ta destinée, faire tes propres choix, exercer le métier dont tu as envie ? Épouser la femme que tu aimes, et non une qui t'aura été désignée ? ...Avoir le nombre d'enfants que tu souhaites ? »
Il m'a dévisagée, apparemment profondément choqué par ces suggestions.
« À quoi ça rime ? D'où te viennent ces idées complètement ridicules et dépassées ? »
« Ces idées n'ont rien de ridicule. Tu n'y as donc jamais réfléchi ? »
« Jamais. »
« Même pas une fois ? »
« Jamais. »

Dans le cadre d'un journal intime, écrire des dialogues comme ça me semble totalement déplacé et surtout pas naturel. De même que les autoréférences.

Ensuite au niveau de l'écriture, je trouve illogique que d'un coté ce soit visiblement interdit, mais que de l'autre on apprend quand même a le faire. C'est idiot, l'état chercherait plutôt à enterrer totalement l'écriture, voir toute forme d'expression écrite, même taper sur des touches. On peut donc même supposer que tout ce fait par la voix, permettant aussi à l'état de contrôler qui dit quoi, par simple système de reconnaissance. C'est comme si on interdisait de conduire, mais qu'on nous l'apprenait quand même par sécurité. Et la justification d'une possible panne est mal choisie. Après tout, on peut facilement déduire que les appareils de communication et d'écriture sont tellement communs que les faire remplacer ou remplacer est facile. Après tout, on le fait déjà maintenant avec les téléphones et les tablettes.

De même si c'est interdit trouver des crayons et du papier sera difficile. Même un vieil écran tactile demandera des efforts à trouver, voire à faire fonctionner (problème de compatibilité électrique, d'usure des composants...)


Par contre, je salue l'effort, en 2158 le 9 janvier est effectivement un lundi.

 C'est-à-dire, les autoréférences? Ce que tu trouves qui ne va pas, c'est que je mette des guillemets plutôt que des tirets? En fait, je voulais que ça fasse vraiment comme si elle rapportait les paroles... mais bon après je sais pas, c'était peut-être pas une bonne idée :-/

 Et en fait, ce que je voulais dire, c'est que l'écriture "d'imagination" est interdite, mais que c'est nécessaire qu'ils apprennent à écrire vu qu'ils ont une éducation (je vois pas comment on peut suivre un enseignement sans savoir écrire, ce serait un retour en arrière d'abolir toute forme d'écriture, non? Il faut que ce monde soit quand même plus évolué que le notre). Bon, par contre c'est vrai que c'est bizarre qu'elle apprenne à écrire comme ça, en fait au début j'avais pas précisé où elle avait appris à écrire et quelqu'un m'avait fait la remarque, du coup j'ai rajouté un passage... mais je vais le changer.

En tout cas, merci pour ton commentaire Smile
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MessageSujet: Re: Journal d'une Résistante   Journal d'une Résistante Icon_minitimeDim 5 Jan 2014 - 12:00

Non, ce qui me gène, c'est justement qu'elle rapporte exactement les paroles. Dans un journal intime, il est plus logique je trouves que les dialogues soient comme ça :

Citation :
Et machin m'a dit qu'il aimait pas le poulet. Mais j'ai bien sentit qu'il me mentait.

Non, tu peux parfaitement avoir une éducation sans écriture. Cela c'est fait durant des années. Plus évolué, ne veut pas dire mieux. Après tout, avec l'aide technologique et informatique, on pourrait très bien imaginer un société qui ne prône plus l'éducation, afin de mieux contrôler ses habitants.

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MessageSujet: Re: Journal d'une Résistante   Journal d'une Résistante Icon_minitimeDim 5 Jan 2014 - 13:32

Oui c'est vrai... je l'ai pas écrit vraiment comme un journal intime, plus comme recueil de souvenirs qu'elle écrit jour après jour. Mais par contre l'éducation est un point important dans mon histoire.

Voilà le deuxième jour modifié, et la suite :

Mardi 10 janvier 2158

 Toute la journée, j'ai pensé au moment où je pourrai enfin retrouver ce petit cahier que j'appelle maintenant « mon journal ». Le fait d'écrire dedans me procure des sensations que je n'avais jamais ressenties auparavant. Coucher ses pensées sur papier... c'est tout simplement magique. Beaucoup plus profond que de taper sur une tablette 3D, ou même une 2D, on en trouve encore de nos jours. J'ai hâte de parler de tout ça au Dr Maubert, mais je ne la vois malheureusement qu'une fois par semaine, le lundi, à 18h.

 Je me souviens quand elle m'a appris à écrire. Je devais alors avoir cinq ou six ans. Je passais des heures à tracer maladroitement des lettres tremblantes ; mais j'aimais ça. À vrai dire, c'est de loin l'activité qui me plaît le plus. Je me suis souvent demandé comment le Dr Maubert se procure ces feuilles et ces stylos. Quand j'étais petite, les moments que nous passions à écrire étaient les seuls où je partageais une véritable complicité avec elle, et où elle faisait preuve de bienveillance avec moi. Elle disait que c'était notre petit secret, et que je ne devais en parler à personne. J'aimais ce ton de confidence qu'elle employait, ça me donnait l'impression d'être importante.

 J'ai essayé de discuter avec mon frère jumeau, Thibault, tout à l'heure ; j'aimerais tant lui montrer que le monde dans lequel il vit n'est qu'un pâle reflet du paradis qu'il était autrefois. Mais il n'a rien compris, ayant grandi plongé dans des idéaux aussi rigides qu'une planche de bois - mais pas incassable. Il a posé sur moi ses yeux de couleur verte tirant sur le bleu -  comme les miens -  qui gardent sans cesse cet air éteint, désintéressé, quand je suis venue le trouver dans sa chambre, alors qu'il faisait son travail pour l'E.F.P.
 « Je peux te parler une minute ? »
 « Bien sûr. Qu'est-ce qu'il y a ? »
 Je me suis assise sur son lit, cherchant les mots, puis ai commencé, hésitante :
 « Tu ne t'es jamais demandé... ce qu'aurait pu être ta vie si... tu avais vécu dans l'Ancien Monde ? Si tu pouvais être le maître de ta destinée, faire tes propres choix, exercer le métier dont tu as envie ? Épouser la femme que tu aimes, et non une qui t'aura été désignée ? ...Avoir le nombre d'enfants que tu souhaites ? »
 Il m'a dévisagée, apparemment profondément choqué par ces suggestions.
 « À quoi ça rime ? D'où te viennent ces idées complètement ridicules et dépassées ? »
 « Ces idées n'ont rien de ridicule. Tu n'y as donc jamais réfléchi ? »
 « Jamais. »
 « Même pas une fois ? »
 « Jamais. »
 J'ai préféré laisser tomber. Ça ne sert malheureusement à rien de discuter avec lui. Comment mon propre frère peut-il être si différent de moi ?



Mercredi 11 janvier 2158

 Il s'est passé quelque chose de tout simplement incroyable aujourd'hui : il a neigé. Cela fait des années que ce n'est pas arrivé ! Le spectacle de ces flocons cotonneux dansant et virevoltant dans le ciel est tout simplement magique. Cependant, ça n'a pas duré bien longtemps, et les trottoirs se sont vite retrouvés maculés de boue. J'ai aperçu un groupe d'enfants tout à l'heure ; ils se lançaient des boules de neige, riant aux éclats comme ils le font rarement, pour ne pas dire jamais. C'était si beau, si touchant, que je n'avais qu'une envie : les rejoindre et m'amuser avec eux... mais c'était sans compter le groupe de représentants de l'Autorité, parfaitement reconnaissables dans leurs combinaisons bleu marine, qui se tenaient à quelques mètres et les observaient d'un air désapprobateur ; ils ne toléraient leur jeu uniquement parce qu'ils étaient petits : et j'ai songé que si je me joignais à eux, ils m'arrêteraient sans doute.
 Je suis longtemps restée hésitante sur le bord de la route. J'étais partagée. Et puis finalement, j'y suis allée. J'ai couru jusqu'au petits, manquant de me casser le figure une bonne dizaine de fois, et ai jeté une boule de neige à l'épaule de l'un d'eux, un petit garçon. Il s'est tourné vers moi ; ses minuscules prunelles chocolat se sont fixées sur mon visage que j'espérais être chaleureux. Le fait que je sois une intruse l'a apparemment déstabilisé, car il m'a scrutée quelques secondes, ne sachant quelle attitude adopter. Le jeu continuait autour de nous. Et enfin, une lueur de défi a brillé dans son regard, et il a répondu à mon affront. J'ai éclaté de rire lorsque j'ai reçu son projectile en pleine face. Tous les autres se sont alors mis à me viser, et je leur ai livré un combat impitoyable. Je me suis bientôt retrouvée complètement trempée et transie de froid ; mais je m'amusais comme une petite folle ! Mon rire se mêlait à ceux, argentins, des enfants autour de moi.
 Soudain, une main de fer m'a brutalement saisi le bras gauche. Mon cœur s'est mis à battre la chamade lorsque j'ai reconnu un représentant de l'Autorité. C'était évident. Je savais que mon action ne passerait pas inaperçue. Il m'a entraînée sans rien dire dans un dédale de rue, me soulevant à moitié par sa poigne d'acier. Il n'avait pas besoin de m'indiquer notre destination : je la connaissais parfaitement.
 Le centre de discipline.
 C'est un grand bâtiment rectangulaire, peint en bleu clair ; mes parents m'ont un jour expliqué que cette couleur est censée représenter le calme, l'apaisement. J'ai néanmoins toujours trouvé qu'il donne à cet édifice un air malfaisant, trompeur, car son aspect est décidément trop innocent pour être sincère.
 La double-porte s'est ouverte devant nous en un grincement pour le moins désagréable, et nous avons pénétré à l'intérieur de ce lieu en quelque sortes « sacré », que je connais plutôt bien, m'y étant déjà retrouvée quelques fois - aux alentours de une ou deux par an. Sur notre droite se trouvait un petit guichet, derrière lequel se tenait un représentant de l'Autorité à l'air blasé ; face à nous, un banc austère en marbre ; enfin, un couloir perdu dans l'obscurité partait à gauche. J'ai été traînée jusqu'au comptoir. Le deux collègues se sont salués d'un signe de tête.
 « Infraction de catégorie 10, a annoncé celui qui m'avait escortée jusqu'ici. Comportement inhabituel et enfantin. »
 Les infractions que j'ai déjà commises n'ont dépassé cette catégorie-là qu'une fois : lorsque j'avais huit ans, j'avais recueilli un moineau à l'aile blessée trouvé par terre sous un arbre, et m'en était occupée pendant une dizaine de jours avant que l'on ne s'aperçoive que la quantité de pain que l'on me distribuait n'était pas égale à celle dans mon ventre, et que l'on découvre l'animal. J'avais versé toutes les larmes de mon corps lorsqu'un représentant de l'Autorité était venu me l'arracher. Je connaissais le sort qui lui était réservé : la mort. Phil et Lu m'avaient longtemps observée sans bouger tandis que je hurlais mon désespoir, puis s'étaient enfermés dans leur chambre pour discuter. Je crois que c'est ce jour qu'ils ont compris que je ne serai jamais comme mon frère, un enfant sage et obéissant qui ne pose pas de problème. L'infraction commise était alors de catégorie 9. Je me suis demandé quels types d'infractions sont répertoriés dans les catégories inférieures.
 Le second représentant de l'Autorité a sorti un petit instrument gris perle de la taille de mon pouce : un détecteur. Il l'a posé sur la peau sous le creux du coude de mon bras gauche, où se trouve une fine cicatrice presque invisible maintenant. Un léger bip s'en est échappé : l'appareil avait repéré la puce implantée dans mon bras à ma naissance et enregistrait toutes les informations qu'elle détenait.
 « Salle D34 », a répondu l'autre, replongeant instantanément dans les papiers qu'il était en train de lire avant que nous n'arrivions.
 Nous nous sommes dirigés dans le couloir ; le bruit de nos pas résonnait. Au bout de quelques mètres, nous nous sommes arrêtés devant une porte noir à l'aspect sombre et inquiétant.
 « Veuillez patienter quelques minutes », m'a enjointe le représentant de l'Autorité avant de disparaître à l'intérieur.
 L'angoisse me tordait le ventre alors que j'attendais en silence. L'idée de m'enfuir ne m'a pas traversé l'esprit une seule seconde : mon identité avait été transférée dans leur système informatique, dès lors je ne pouvais plus m'esquiver. Ils n'auraient aucun mal à me retrouver. Malgré le fait que je savais parfaitement ce qui m'attendait pour l'avoir déjà vécu à plusieurs reprises, je ne pouvais empêcher mes genoux de flageoler.
 Finalement, la porte s'est rouverte, et une représentante de l'Autorité, une femme d'une quarantaine d'années sans doute, m'a fait signe d'entrer. Je me suis retrouvée dans une petite salle, entièrement tapissée de miroirs. Les contours d'une porte se détachaient sur le mur d'en face.
 « Asseyez-vous », m'a ordonné la représentante de l'Autorité, indiquant la petite chaise métallique qui trônait au milieu de la salle, seul mobilier de la pièce.
 Je me suis exécutée, tendue.
 « Je vais maintenant vous poser une série de questions. Mais vous devez connaître la procédure : je vois que ce n'est pas la première fois que vous commettez une infraction mineure. Faites attention : le limite entre le passable et l'illégal est très mince. (J'ai dégluti, mal à l'aise) Bien, commençons. Quel est votre nom ? Votre âge ? Votre activité professionnelle ? »
 Je n'ai pas compris le but de ces interrogations. Elle connaissait très bien les réponses, et savait même la seconde à laquelle je suis née, ainsi que le centre médical et la salle.
 « Je m'appelle Ambre Ladoise. J'ai dix-sept ans, et je suis en dernière année à l'E.F.P »
 « Très bien, Ambre. Vous avez donc commis une infraction de catégorie 10 : vous avez délibérément imité le comportement d'enfants. Pouvez-vous expliquer votre comportement inconvenant ? Que vous est-il venu à l'esprit ? »
 À l'entendre, j'avais l'impression d'avoir commis un véritable crime. Je n'ai pas pu m'empêcher de le lui faire remarquer :
 « Je n'ai rien fait de mal. Ce n'est pas la peine de me traiter comme si j'avais volé, ou vandalisé... »
 Je me suis mordu la lèvre avant d'aller plus loin, furieuse contre moi-même, les joues rougissantes. Maintenant, l'interrogatoire allait sans doute durer plus longtemps, et les mesures qui en découleraient seraient encore plus sévères.
 La représentante de l'Autorité m'a dévisagée, les lèvres pincées, pendant ce qui m'a semblé une éternité. Elle s'est finalement décidée à briser le silence :
 « Votre acte est loin d'être moindre. Il remet en cause tout le fondement de notre société, tout notre système : chacun doit impérativement rester à sa place. C'est l'une des lois les plus fondamentales de notre société. Un enfant ne peut pas se mettre à faire des expériences de chimie, telle que vous, vous ne pouvez pas adopter le comportement d'une gamine à votre âge. »
 Je n'avais pas prévu cette pique : j'ai eu l'impression de recevoir une gifle.
 « Bien, reprenons où nous en étions : que vous est-il venu à l'esprit lors de votre moment de folie passagère ? »
 Je me suis raclé la gorge ; les jointures de mes mains étaient devenues blanches à force de serrer le bord de la chaise.
 « Euh... Je n'en sais rien... J'ai vu ces enfants se lancer des boules de neige, et j'ai éprouvé l'envie de les rejoindre. »
 À mon grand plaisir, ma voix s'est raffermie sur cette dernière affirmation.
 « Pourquoi ? Qu'est-ce qui vous a attirée ? »
 « Eh bien... Ça  faisait si longtemps qu'il n'y avait pas eu de neige, je suppose que ça m'a excitée... J'aurais du mal à expliquer. »
 La représentante de l'Autorité n'a pas insisté, à mon grand soulagement, et les questions qui ont suivi n'avaient plus rien à voir avec l'incident de tout-à-l'heure. Elle m'a interrogée sur les cours que je suivais, ce qui m'intéressait, m'a demandé ce que je ressentais à la perspective des Examens Finaux qui approchaient... Je suppose qu'elle essayait de comprendre ce qui « n'allait pas » chez moi. Elle m'a finalement relâchée au bout d'un peu plus d'une heure, concluant notre entretien par le rappel du courrier qui allait me parvenir sous peu, indiquant la peine à laquelle je serai condamnée. À tous les coups, ce sera des heures supplémentaires avec ma responsable de vie (perspective à laquelle je me réjouis), sans doute accompagnées de TIG, ça ne m'étonnerait pas.

 En rentrant, lorsque j'ai parlé de tout ça à Phil et Lu, ils se sont contentés de me dévisager d'un air navré, semblant déçus. Mon cœur s'est serré dans ma poitrine. Ils avaient meilleure opinion de moi : ils pensaient que j'allais cesser les bêtises de ce genre, qui étaient pourtant l'une de mes caractéristiques.
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Morrigan
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MessageSujet: Re: Journal d'une Résistante   Journal d'une Résistante Icon_minitimeDim 5 Jan 2014 - 13:49

Conseil : attends d'autres avis avant de poster la suite.
Trop de texte d'un coup peut décourager d'éventuels lecteurs Wink
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MessageSujet: Re: Journal d'une Résistante   Journal d'une Résistante Icon_minitimeDim 5 Jan 2014 - 15:19

Ok, je m'arrête là
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MessageSujet: Re: Journal d'une Résistante   Journal d'une Résistante Icon_minitimeMar 11 Fév 2014 - 18:01

c'est vraiment dommage que tu ait arrêté, car moi j'accrochais a ton histoire.

Un monde sans fantaisie, complètement oppressant, ou se conduire en enfant est interdit a un certain age... c'est le genre d'histoire qui me plait.
De plus la forme du journal est bien trouvée. le style d'écriture colle bien a cet univers. Les faits et les impressions les plus fugitives de l'auteur du journal sont retranscrites, ce qui n'arrive pas dans un récit "au temps présent".
Le dialogue du premier chapitre ne m'a pas choqué. la façon dont il est écrit, de manière sèche, sans artifice, rajoute de l'effet a la lecture.
C'est le genre d'histoire qui peut avoir toute sortes d'évolutions.
Il est dommage de s’arrêter en si bon chemin. si tu lis ceci, je t'encourage a reprendre Wink
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MessageSujet: Re: Journal d'une Résistante   Journal d'une Résistante Icon_minitimeMar 11 Fév 2014 - 19:31

Seigikirei a écrit:
c'est vraiment dommage que tu ait arrêté, car moi j'accrochais a ton histoire.

Un monde sans fantaisie, complètement oppressant, ou se conduire en enfant est interdit a un certain age... c'est le genre d'histoire qui me plait.
De plus la forme du journal est bien trouvée. le style d'écriture colle bien a cet univers. Les faits et les impressions les plus fugitives de l'auteur du journal sont retranscrites, ce qui n'arrive pas dans un récit "au temps présent".
Le dialogue du premier chapitre ne m'a pas choqué. la façon dont il est écrit, de manière sèche, sans artifice, rajoute de l'effet a la lecture.
C'est le genre d'histoire qui peut avoir toute sortes d'évolutions.
Il est dommage de s’arrêter en si bon chemin. si tu lis ceci, je t'encourage a reprendre Wink

Ah mais non j'ai pas arrêté d'écrire cette histoire, j'ai arrêté de la poster c'est tout Smile(enfin c'est vrai que dernièrement j'écris beaucoup moins...) En tout cas merci beaucoup pour ta réponse je suis contente que ça te plaise Very Happy

Voilà la suite si ça t'intéresse Smile

Vendredi 13 janvier 2158

 Encore une journée normale, fade, sans saveur. Je me suis réveillée à 7h30 ce matin ; j'ai pris mon petit-déjeuner en compagnie de mes parents et de Thibault. Phil était, comme de coutume, vêtu de sa combinaison grise symbolique des ingénieurs de l'usine de meubles où il travaille ; Lu, elle, portait une combinaison mauve foncé, travaillant dans l'administration ;Thibault et moi-même en arborions une verte, typique des étudiants. Je n'avais pas faim, mais je me suis néanmoins forcée à finir entièrement mon petit-déjeuner : c'est une des règles les plus importantes pour être en bonne santé. Chacun doit manger complètement sa portion à chaque repas : le rendez-vous que nous avons chaque mois au centre médical la détermine, faisant en sorte que nous ayons un IMC parfait, et sert à sélectionner les aliments que nous mangeons pour réguler notre énergie en fonction de nos besoins.
 
 À L'E.F.P, chaque cours a semblé durer des siècles. Avant, j'arrivais à supporter ces heures d'un ennui effroyable, mais depuis quelques mois maintenant j'ai de plus en plus de mal. C'est si lassant, un peu comme étaler de la confiture sur une tartine puis la manger, et recommencer, indéfiniment : le parfum, par conséquent le goût, n'est pas toujours le même, mais le geste, lui, l'est. J'ai aussi remarqué il y a peu que les voix des professeurs ont une puissante vertu soporifique ; étonnant que je ne m'en sois jamais aperçue auparavant.
 J'ignore ce qui a changé chez moi, peut-être est-ce le dévoilement de la vraie personnalité du Dr Maubert et ces récits qui m'ont ainsi transformée ; quoi qu'il en soit, j'ai l'impression de m'être enfin réveillée après des années de sommeil, d'avoir émergé d'un rêve incolore pour me frotter à la réalité, qui n'est pas plus belle. Cela a occasionné un autre important changement dans ma vie : avant, j'avais quelques amis à l'E.F.P, des personnes avec qui je traînais à midi et le dimanche. Notre relation n'avait rien de formidable, il n'existait pas de réelle complicité entre nous ; le temps semblait moins pénible à passer en groupe que seuls, c'est tout. Mais je n'en pouvais plus, de parler sans cesse des mêmes choses, et surtout de devoir me taire, de ne pas pouvoir montrer ma vraie personnalité et ma perception des choses. Je me suis mise à les mépriser, ces adolescents avec lesquels j'étais souvent allée me promener au bord de la Seine, ou avais discuté de tout ce qui n'importe pas, comme des repas, des Examens Finaux, des cours, des professeurs, du type de personnes avec lesquelles on est susceptible de se retrouver marié. Mais tout cela ne m'intéresse plus : je m'interroge sur des choses bien plus importantes, telles que le sens de la vie, ou la liberté. Participer à ces conversations vaines me semble au-dessus de mes forces.
 C'est pourquoi à l'heure du déjeuner, je me suis encore retrouvée seule au bout d'une table, comme j'en ai la coutume désormais. J'ai déchiqueté le bout de pain de mon panier repas en petits morceaux avant des les avaler tout rond devant l’œil perçant d'un surveillant. Ce sentiment de solitude n'était pas désagréable, étrangement. Plutôt apaisant.
 L'après-midi, nous avons assisté à une conférence sur les différentes filières d'études possibles à la sortie des Examens Finaux. Je n'en ai retenu que ces trois petites phrases : 
 « Les premiers aux tests sportifs et aux tests de logique sont affectés au service de formation militaire. Nous n'en recrutons généralement guère plus de un ou deux par lycée chaque année, voire aucun. C'est l'une des filières les plus importantes. »
 J'ai immédiatement su que c'est ce que je désire faire. Je ne souhaite pas passer ma vie à faire un métier lassant et monotone ; je veux une vie d'action, de danger. Je veux vivre, tout simplement.
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MessageSujet: Re: Journal d'une Résistante   Journal d'une Résistante Icon_minitimeMar 11 Fév 2014 - 20:39

Une fois de plus, c'est un bon chapitre : )
Je commence a entrapercevoir l'évolution des choses. Le coup des tenues vestimentaires et de l'uniformisation de la société marche bien malgré que ce soit un peu cliché dans les récits de ce genre.
J'aime beaucoup la façon dont sont décrits les sentiments de ton personnage.
Un détail: je pense que tu devrais a chaque chapitre rajouter la date du jour ou il est écrit, afin que ca fasse plus journal intime et que l'on ait une idée du temps qui passe entre chaque écrit.
Pour le reste c'est bien, j'ai vraiment envie de voir la suite! il va falloir qu'elle s'accroche si elle veut entrer dans l'armée!

Je vais te conseiller 2 petites choses pour finir:
Déjà, j'aime attribuer a une histoire ou un passage un thème musical.
alors pour ton histoire, j'ai hésité entre deux chansons de Saez (un vrai révolté contre notre société) et j'ai choisi celle la:
Pilule: https://www.youtube.com/watch?v=bg4zfSYTJKc

Sinon, je suis un fan d'animation japonaises, et je pense que vu ce que tu écrit, tu aimeras ce que je vais te conseiller:
Psyco pass.
En gros ca traite d'un univers très proche du tien:
On se retrouve dans le 22eme siecle, a une époque ou les humains ont fait grandement évoluer leur technologie et ont inventés le système sybille:
Un logiciel informatique qui "classe" les humains en catégories et évalue leurs capacité afin de décider au mieux de quelle carrière leur convient le plus et tuti quanti.
La plus grande réussite de ce système est le Psycho pass, un détecteur de pensée négatives qui permet de savoir si une personne est instable psychologiquement, et donc a des chances de commettre un crime, ce qui permet de l’arrêter. Grace a ce système le crime a quasi disparu.
C'est juste un bijou de réflexion sur les hommes et la société, et sur le mythe de l'utopie.

Je ne t'en dis pas plus ce serait un peu long, mais je te conseille de le regarder.
http://www.dpstream.net/manga-3764.html
Normalement tu accroche dés les premières secondes ^^
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MessageSujet: Re: Journal d'une Résistante   Journal d'une Résistante Icon_minitimeVen 14 Fév 2014 - 23:06

Mais je les ai mises les dates :O
Et sinon je suis ravie que ça te plaise toujours ! :DEt j'aime bien la chanson, c'est brutal xD
Par contre pour l'anime j'ai regardé le début mais ça m'a pas trop plu, je suis pas très manga en fait Embarassed (Peut-être à cause du fait que je me suis sentie plein de fois exclue de conversations à ce sujet xD)

Voilà la suite (un peu plus longue je crois):

Samedi 14 janvier 2158

 Le mail du centre de discipline m'est parvenu ce matin : j'ai reçu trente heures de rendez-vous avec ma responsable de vie en plus de celle hebdomadaire, ainsi que trente heures de TIG. Cette dernière nouvelle ne m'a pas vraiment réjouie, bien que je sois contente de passer du temps supplémentaire avec le Dr Maubert.
 « C'est plutôt généreux de leur part », m'a fait remarquer Lu en entortillant autour de son index une mèche de ses longs cheveux noirs. Vu le nombre de fois où tu as écopé de ce genre de punitions, ils auraient pu augmenter la sentence. »
 Nulle note de soulagement ou de reconnaissance n'a pointé dans sa voix ; son ton était toujours aussi plat que d'habitude, semblable à la surface parfaitement rectiligne de l'océan quand il est calme - nous avions plusieurs fois visionné, en guise de loisir les soirs de week-end, des documentaires où il apparaît ; néanmoins, je n'ai jamais vu la mer en personne. Phil, lui, n'a fait aucun commentaire en lisant le courrier ; il s'est contenté de plisser les yeux en lisant, puis de me rendre ma tablette 3D, inébranlable.
 
 La journée m'a semblé s'étirer indéfiniment, jusqu'à ce que je me retrouve à attendre devant cette petite porte de couleur sombre, arborant un écriteau sur lequel était inscrit en lettres d'argent « Dr Maubert ». À 18 heures tapantes, elle a enfin coulissé, m'indiquant qu'il était temps que j'entre.
 Le bureau du Dr Maubert est plutôt petit, d'une demi-douzaine de mètres carrés environ ; les murs sont d'une blancheur immaculée, donnant un aspect médical à la pièce, et le sol est recouvert de lino. Une grande baie vitrée occupe presque toute la surface du mur du fond, donnant sur un petit jardin intérieur, composé pour l'essentiel de chemins reliant les différentes portes entre elles, bordés de petits arbustes taillés en cônes. Le tout est plutôt agréable, voire apaisant à regarder, mais j'ai souvent pensé que ce serait tellement plus joli si on laissait les arbres et l'herbe pousser librement, et si on plantait quelques fleurs ici et là.  
 Le Dr Maubert me dévisageait de derrière son bureau presque immaculé, comportant uniquement sur sa surface en verre une tablette 3D et une petite lampe diffusant une vive lumière blanche. Elle m'observait avec un air inquiet ; pour la première fois, j'ai remarqué qu'elle n'était plus toute jeune. De très légères rides commençaient à creuser le sillon de ses joues et son front (bien qu'on ait fait ces dernières années d'énormes progrès sur le ralentissement des effets de la vieillesse, au bout d'un certain âge, cela devient inévitable), et ses yeux de la couleur du caramel brillant de sagesse semblaient avoir vu défiler des centaines d'années.
 Toute l'impatience que j'avais ressentie à l'idée de la voir est subitement retombée, et je l'ai saluée d'une voix étranglée. Elle m'a répondu par un bref signe de tête avant de m'inviter à m'asseoir dans le fauteuil devant son bureau, comme j'en ai la coutume, tandis que la porte se refermait derrière moi sans un bruit.
 Un silence écrasant a régné quelques secondes : j'ai compris que quelque chose était anormal. Le Dr Maubert semblait chercher ses mots, comme on le fait avant une importante déclaration, mais mon impatience a pris le dessus :
 « Dr Maubert... il y a quelque chose qui ne va pas ? »
 Son regard m'a alors transpercée telle la lame d'un poignard parfaitement aiguisé.
 « Oui. »
 Je l'ai rarement vue ainsi ; d'habitude, elle est toujours ravie de s'entretenir avec moi et paraît apprécier la complicité que nous partageons.
 « Ah... Euh... Il s'est passé quelque chose qui vous a contrariée ? »
 « C'est le moins qu'on puisse dire, Ambre. »
 J'ai baissé les yeux et me suis mordu la lèvre, embarrassée : elle avait prononcé ces dernières paroles sur un ton qui voulait dire : « C'est toi qui me contrarie, Ambre. » Encore une fois, mon impulsivité a pris le dessus, et je n'ai pu m'empêcher de l'interroger, soucieuse :
 « J'ai fait quelque chose de mal ? »
 Elle a éclaté d'un petit rire sans joie qui m'a fait l'effet d'une douche glacée. Je me suis alors rappelé le motif de ma présence ici : j'avais commis une infraction. Cependant, c'était loin d'être grave : peut-être avait-elle été mal informée ?
 « C'est à cause de mon infraction, c'est ça ? J'ignore ce qu'on vous a raconté, mais ne vous inquiétez pas, il ne s'est rien passé de dramatique : j'ai juste... »
 Sa voix a claqué tel un fouet :
 « Je suis au courant de ce que tu as fait. »
 Je l'ai regardée, confuse.
 « Eh bien alors... ? »
 « Alors, j'avais confiance en toi, Ambre. Combien de fois t'ai-je répété qu'il est primordial de ne pas faire de vagues ? J'ai placé en toi beaucoup d'espoirs, je ne veux pas être déçue. Je ne dois pas être déçue. Je crois que tu ne mesures pas l'importance de tout ça. »
 « Mais... c'est pas si grave... Je veux dire... c'était qu'une toute petite infraction... Il n'y aura pas de représailles sérieuses. »
 « Et qu'est-ce que tu en sais ? Ils épient nos moindres faits et gestes à la recherche d'une minuscule irrégularité. »
 Elle s'est pris la tête dans les mains. Ma vision s'est troublée et j'ai serré les poings, essayant de ravaler mes larmes qui menaçaient de déborder à tout instant.
 « Je suis désolée. »
 Elle a pris une profonde inspiration, puis s'est redressée ; la colère qui habitait ses traits semblait s'être métamorphosée en une profonde lassitude.
 « Non, c'est moi qui suis désolée, je n'aurais pas dû m'emporter de la sorte. Et puis, si tu ne mesures pas les conséquences de tes actes, c'est en partie ma faute. »
 « ...De votre faute? »
 J'étais dans l'incompréhension totale.
 « Il est temps que nous parlions de sujets importants, Ambre. D'une importance capitale, je dirais même. »
 Cette dernière phrase n'a servi qu'à me plonger dans un état de perplexité plus profond encore. Le Dr Maubert, semblant lire mon désarroi, a repris :
 « Je ne sais pas trop comment te l'annoncer... Je crois que tu t'en doutais un peu, mais ça va sûrement être dur à digérer. Enfin bon, ça reste une bonne nouvelle, ne t'en fais pas. Par où commencer... »
 Ses yeux semblaient perdus dans le vague ; l'impatience s'enflammait en moi. J'avais envie de savoir ce qui se passait. Enfin, son regard s'est de nouveau tourné vers moi.
 « Tu as sans doute remarqué que depuis quelques mois, nos rapports ont changé : je te raconte certaines choses que je ne suis pas censée connaître, et toi, encore moins. Ces histoires sur l'Ancien Monde... Tu te doutes bien qu'il est illégal de de savoir ce genre de choses, et encore plus de les colporter. As-tu déjà réfléchis à tout ça ? Au caractère inédit et très peu légal de nos séances ?
 Oui. Évidemment que j'y avais déjà réfléchi. J'en étais arrivé à la conclusion que le Dr Maubert vient sans doute d'une famille ayant gardé des documents interdits de l'Ancien Monde ; on entend parfois parler de cas similaires, des personnes ayant été prises en flagrant délit avec des recueils, ou des images proscrites venant de l'Ancienne Génération lors d'une fouille de leur domicile par les Autorités : les plupart du temps, cela arrive lors de contrôles de routine. C'est aussi à cause de ces contrôles que je suis obligée de cacher ce journal ailleurs que chez moi... Cette idée vient du Dr Maubert, d'ailleurs.
 « J'y ai déjà pensé, oui. Je suppose que vous, ou des personnes de votre famille ou de celle de votre mari, possède des ouvrages interdits ? Je ne vois pas d'où vous pourriez tirer ce savoir... À moins que quelqu'un, comme vous avec moi, ne vous ai raconté ces histoires ? »
 « C'est un raisonnement parfaitement logique, qui tient debout. Effectivement, j'ai déjà eu accès à des documents interdits. Mais la source de mon savoir est plus complexe que ça. J'appartiens à un réseau de Résistance, Ambre. Et je souhaiterais de tout mon cœur que tu nous rejoignes. »
 J'ai eu l'impression que mon cerveau s'était retrouvé immergé dans un nuage de totale confusion.
 « Un... réseau de... Résistance ? »
 « Nombreuses sont les personnes qui sont opposées au gouvernement actuel, Ambre. On les appelle les Résistants. J'en fais partie depuis des années maintenant. »
 « Vous voulez dire que... vous voudriez revenir à... une démocratie ? »
 Ce mot, « démocratie », sonnait bizarrement dans ma bouche : on ne l'emploie qu'en cours d'histoire ou de géographie, et il a un caractère extrêmement péjoratif.
 « Notre objectif, avant de réinstaurer une démocratie en bonne et due forme, est d'abord de nous battre contre le régime actuel au nom de nos valeurs, différentes de celles qui t'ont toujours été enseignées... mais qui, je le sais, sont présentes dans ton cœur. »
Je me suis levée brusquement, ayant l'impression de vivre un rêve éveillé : cette conversation me paraissait complètement irréelle.
 « Je... Il faut que je réfléchisse », ai-je haleté avant de repousser la chaise, la faisant racler bruyamment sur le lino, et d'ouvrir la porte à la volée.
 Je n'étais plus maîtresse de mes mouvements ; c'était comme si une force invisible me poussait, m'entraînait hors de la pièce.
 « Ambre ! »
 À l'appel du Dr Maubert, je me suis arrêtée subitement, écoutant sa dernière requête, subtilement voilée :
 « N'oubliez pas le caractère strictement personnel et secret de tout ce qui se dit à l'intérieur de ce cabinet. »  
 J'ai hoché la tête en signe de compréhension, bien que le docteur se trouve dans mon dos, puis me suis mise à courir dans les couloirs du centre médical jusqu'à la sortie, me faisant héler par plusieurs médecins ou infirmiers, mais n'en ayant cure.
 J'ignore ce qui s'est ensuite passé ; je sais juste que je me suis retrouvée devant la porte de mon immeuble, le souffle court, en nage. J'ai du courir sur tout le trajet du retour, ce qui est, en soi, très imprudent ; je ne me rends sans doute pas bien compte de la chance que j'ai eue de ne pas être tombée sur un représentant de l'Autorité.
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MessageSujet: Re: Journal d'une Résistante   Journal d'une Résistante Icon_minitimeLun 17 Fév 2014 - 20:19

C'est encore un bon chapitre, dans la suite logique de ce qui est sensé ce passer (l'appartenance du docteur Maubert  a un tel réseau de résistance était assez facile a saisir)
En terme d'histoire, c'est toujours aussi génial a lire.

Cepandant, tu dois te méfier des dialogues, car la forme littéraire adoptée pour ton histoire est en quelque sorte épistolaire.
Le personnage écrit après coup les faits qu'il a vécus et donc doit les retranscrire avec un certain recul.
Donc les suites de répliques ne sont pas vraiment adaptées a une telle forme de récit, car elles ne font pas naturel dans un journal.
Essaie d'introduire des répliques sous une autre forme comme par exemple:


Citation :
À l'appel du Dr Maubert, je me suis arrêtée subitement, écoutant sa dernière requête, subtilement voilée :
« N'oubliez pas le caractère strictement personnel et secret de tout ce qui se dit à l'intérieur de ce cabinet. »  
J'ai hoché la tête en signe de compréhension

A la place, essaie d'écrire quelque chose de ce genre:
"Alors que j'ouvrais la porte, l'appel du Dr Maubert m'interrompit dans mon geste pour m'intimer d'une voix voilée que tout ce que j'avais entendu dans cette pièce relevait du confidentiel le plus absolu. Je ne put que hocher la tête, sans oser la regarder, avant de m'enfuir a toutes jambes."

Continue ainsi sur l'histoire, je suis absolument fasciné par ton style  Very Happy 
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MessageSujet: Re: Journal d'une Résistante   Journal d'une Résistante Icon_minitimeLun 17 Fév 2014 - 23:04

Ok, merci pour le conseil (et pour les encouragements Smile)... Sauf que justement plus j'écris, plus je me dis que la forme du journal intime n'est pas adaptée (parce que j'ai continué par la suite à faire des dialogues de ce genre, et à décrire ses sentiments "sur le coup")... Et du coup je sais pas trop quoi faire, j'ai pas envie de tout recommencer en changeant la forme, ni de totalement laisser tomber et d'écrire autre chose :-/
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MessageSujet: Re: Journal d'une Résistante   Journal d'une Résistante Icon_minitimeMar 18 Fév 2014 - 11:04

A ta place, si le style ne te convient pas, j’essaierai une "transition de style" logique dans l'histoire elle meme:
Je m'explique:
Tu continues sur un certain nombre  de chapitres a écrire sous forme de journal, puis tu inventes une sorte de "fin" au journal et tu entres dans le récit au présent.
Par exemple:
"C'est aujourd'hui que je fais officiellement mon entrée dans la résistance.
Du fait, j'ai décidé de ne plus retranscrire ici mes pensées. Ce journal m'a éveillée au monde, mais je me dois de vivre au présent, d'avancer et de ne plus douter.
Mes pensées, mes opinions, les joies et mes peines, je peux maintenant les confier a des gens qui m'écouteront vraiment, et qui valent mille fois mieux qu'un bout de papier.
Je me sens un peu bizarre... dans 10 minutes, le docteur viendra me chercher pour la cérémonie d'intronisation, je me dois d’être prête.
C'est une page de ma vie qui se tourne alors que je ferme ce journal. un peu comme une deuxième naissance..."

Et a partir de cette "fin des écrits", tu passes a un récit conventionnel.
C'est en tout cas ce que je ferais si j'étais dans ta situation  Very Happy 
Quoique tu fasses, courage!
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MessageSujet: Re: Journal d'une Résistante   Journal d'une Résistante Icon_minitimeMar 18 Fév 2014 - 11:38

Ouais c'est pas bête, mais ça fera bizarre non? J'ai jamais vu de livre où y a un changement de ce genre. Je vois où je pourrai faire ce changement... il me reste à peu près quatre mois de journal à écrire alors. En tout cas, merci beaucoup pour tes conseils c'est super sympa Smile
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