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| | Les 5 Talismans [roman] | |
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Niko Héros Légendaire
Nombre de messages : 2812 Age : 36 Localisation : Un pied à Minath Tirith, un autre à Riva, le coeur à Port-Réal et la tête sur tatouine Loisirs : Me prendre pour un rongeur, embêter le chat et faire plein de câlins Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Les 5 Talismans [roman] Dim 6 Avr 2014 - 22:56 | |
| Bonsoir, Suite à la suppression de la section Table Ronde, je remets ici le lien vers les premiers chapitres. La liste sera complété au fur et à mesure de l'achèvement des chapitres. Lien de téléchargement Les 3 premiers chapitres déjà fini sont en spoil sur ce topic afin que ceux ne les ayant pas lu puissent les consulter et je commence au chapitres 4 pour être dans la continuité. Les résumés des chapitres sont en spoil ci-dessous- Spoiler:
Chapitre I –Bheriak –Dhaydrill : Bheriak l’assassin est à Dhaydrill sur demande d’un bourgeois de la cité. Faisant partie d’une organisation nommée la Confrérie des Ombres, il obéit aux ordres des Grands-Maitres lui intimant de se mettre à la disposition du bourgeois. Ce commanditaire souhaite que Bheriak recueille des informations sur un groupe de notables ayant étendu un pouvoir tentaculaire sur Dhaydrill et menaçant d’en prendre le contrôle. Mais, en secret, Bheriak semble plus intéressé par le mystérieux noble à la tête du groupe, un dénommé Eliwys.
Chapitre II –Orgos- Imar : Orgos est un jeune Arcaniste de l’Ordre Imarien. Depuis plusieurs nuits, il s’isole afin de méditer sur de nombreux événements étranges qui semblent éclater aux quatre coins du continent de l’Ercan. Questionné par son amie elfe Nhyaku, l’Alter Enchanteresse de l’Ordre, sur les raisons qui le poussent à s’intéresser à ces histoires, Orgos déclare qu’il ne cherche qu’à explorer les mythes et légendes anciens.
Chapitre III –Bheriak – Dhaydrill : Bheriak se rend au cimetière de Dhaydrill afin de se recueillir sur une tombe appartenant vraisemblablement à une femme. Seul dans la nuit, il se remémore sa vie à Dhaydrill avec sa mère, douze ans auparavant. Il se remémore la nuit de l’intrusion de l’homme aux yeux jaunes qui l’avait forcé à quitté la cité et à rejoindre la Confrérie des Ombres. Malgré la sensation qui le taraude, Bheriak accomplit son recueillement sans remarquer de l’intrus qui l’observe aux alentours.
Chapitre IV – Orgos – Imar : Orgos déambule dans les couloirs de la Forteresse d’Imar en songeant à sa conversation avec Nhyaku. Une étrange sensation derrière son oreille l’empêche de mettre de l’ordre dans ses pensées. Poussé par une pulsation, il traverse le parc entourant la Forteresse et s’aventure dans les ruines de l’ancien village entourant le domaine des Imariens. Il y retrouve les Gardiens de la Forteresse qui monte la garde. Il commence à échanger avec leur capitaine et son second sur les événements troublant le continent jusqu’à ce que le second soit demandé afin de régler une intrusion dans les ruines. Orgos reste avec le capitaine lorsqu’une alerte éclate. Un des intrus a fait irruption dans le camp des Gardiens dans un état catatonique.
Dernière édition par Niko le Jeu 12 Juin 2014 - 14:39, édité 3 fois | |
| | | Niko Héros Légendaire
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| Sujet: Re: Les 5 Talismans [roman] Lun 7 Avr 2014 - 19:47 | |
| chapitre 1- partie 1- Spoiler:
-BHERIAK- -Dhaydrill, Garthay- Le soleil déclinant teintait le ciel d’un feu orange et rose. Les nuages semblaient éclaboussés d’une rivière dorée au-dessus de la plaine qui s’étirait apparemment sans fin au sud du Garthay. La fraicheur de la soirée avait enveloppé la cité de Dhaydrill en chassant pour quelques heures la chaleur étouffante qui l’avait assaillie depuis plusieurs jours. De toute évidence, l’été s’était bel et bien installé dans le royaume au grand bonheur des caravanes marchandes qui remontaient depuis le Latium. A la porte ouest de la cité, les deux gardes de faction étaient nonchalamment appuyés sur leurs lances. Avec la lumière qui baissait, leur service allait bientôt arriver à son terme. Une autre journée aussi monotone que les précédentes à contrôler et aiguiller les chariots qui se succédaient toute la journée. Parfois, un accrochage entre deux véhicules qui se croyaient plus pressés que l’autre provoquait un peu d’animation. Des menaces fusaient, des noms d’oiseaux volaient, accompagnés parfois des restes d’un diner ou du contenu d’une gourde, mais cela allait rarement plus loin. Et le lent flux de la circulation reprenait rapidement son cours. En même temps, les deux hommes ne s’étaient pas engagés dans la garde urbaine pour connaitre le frisson de l’aventure et de l’inconnu. La paie était bonne, les tours de garde étaient agréables, et le travail relativement lucratif dans une ville marchande remplie de négociants plus ou moins honnêtes. Le bon mot dans la bonne oreille, avec un petit bonus, arrangeait souvent les affaires de tout le monde. Pendant que leur capitaine finissait de remplir le rapport sur les entrées et sorties de la journée, les deux gardes échangeaient alcool et ragots en attendant de pouvoir fermer les portes pour la nuit. Les dernières caravanes étaient passées depuis un bon moment et les travailleurs devaient déjà être en train de se diriger vers les tavernes ou les bordels. La silhouette émergea au bout de la route comme une apparition fantomatique. La luminosité déclinante empêchait de déterminer au premier coup d’œil s’il s’agissait d’une sorte d’ombre. Mais au bout de quelques instants, le doute n’était plus permis, un voyageur à pied approchait. Avec le soleil dans son dos, seule une forme sombre se détachait sur l’horizon en feu. Mais à mesure que l’arrivant s’approchait, sa physionomie se détailla. Il était jeune, aux alentours de la vingtaine au jugé. Ses cheveux noirs mi longs étaient retenus par une lanière de cuir qui formait une queue de cheval sur sa nuque. Ses vêtements fonctionnels poussiéreux et ses bottes de cuir souple portant des traces de boue séchée indiquaient son expérience de la route. Sur ses épaules était jetée une cape en laine qui avait dû connaitre des jours meilleurs. A sa taille, une large ceinture de cuir fatigué laissait pendre une sacoche aussi plate qu’une feuille. Son visage était calme tandis que ses yeux verts jetaient un regard vide sur ce qui l’entourait. Arrivé à la hauteur des deux sentinelles, l’inconnu s’avança pour franchir l’arche de pierre. −Halte là, mon gars ! lança l’un des gardes, retrouvant ses automatismes. Il nous faut votre nom ! −Et en quoi cela vous intéresse-t-il ? −C’est la règle. Après la fermeture des portes, tout entrant doit fournir son nom ! −Bizarre, répliqua l’inconnu sarcastique. Je ne vois aucune porte. Cette cité aurait-elle une barrière magique pour la protéger ? −Tu te crois drôle, peut-être ? cracha le garde en faisant nerveusement jouer son arme sous le regard éteint de son vis-à-vis. A cet instant, le capitaine émergea de du baraquement. −Qu’est-ce qu’il se passe ? demanda-t-il, furieux. −Un récalcitrant à la règle, capitaine ! −C’est vrai, étranger ? −Je ne suis qu’un humble voyageur cherchant un refuge face aux ténèbres, lâcha le voyageur. La physionomie du capitaine sembla garder sa sévérité réglementaire, et pourtant l’espace d’un instant, ses yeux s’étaient écarquillés de surprise. −Et d’où venez-vous au juste ? −De partout et nulle part à la fois… Le capitaine fixa l’inconnu quelques instants avant de lâcher : −Dean, laisse-le passer ! −Euh, vous êtes sûr, capitaine ? −A ton avis, andouille ? Le voyageur dépassa les deux gardes abasourdis qui avaient du mal à mettre de l’ordre dans leurs idées. Au passage, il décocha un sourire condescendant au dénommé Dean avant de franchir la porte et de disparaitre dans la cité. Le capitaine s’apprêtait à tourner les talons pour rentrer dans le baraquement quand le garde Dean l’interpela. −Je ne saisis pas bien, capitaine. −Comme beaucoup de choses qui t’entourent. −Pourquoi l’avoir laissé passer ? insista le planton déboussolé. Que faites-vous de la règle ? Vous n’avez demandé ni son nom, ni sa qualité. Vous ignorez d’où il vient, ni pourquoi… −Dean, l’interrompit son supérieur sans même daigner se retourner, tu te souviens ce que je t’ai dit l’autre jour ? Au sujet de savoir parfois fermer ta gueule et détourner les yeux ? −Il me semble que oui, capitaine. −Eh bien, passes à la pratique à présent. Et le capitaine pénétra dans le baraquement en laissant planer un ouragan d’interrogations dans la tête de son subordonné. De l’autre côté des remparts, le voyageur déboucha sur l’artère centrale de la ville. La Sulfureuse, comme l’appelaient les gens du cru, plongeait au cœur de la cité depuis la porte de l’ouest jusqu’à la place centrale où se concentraient le palais du gouverneur, les offices des notables et de l’administration, ainsi que le temple de la cité. En réalité, le terme de double temple était une désignation plus correcte puisque Dhaydrill n’avait pas été fichu de se décider entre Goibhnui et Skadi pour requérir la protection d’une seule et même divinité. D’après les rumeurs qui circulaient, la prêtrise de la ville avait abandonné l’idée de trancher après la bataille rangée qui avait laissé un véritable charnier sur le parvis de l’édifice religieux. La masse qui dominait les toitures fit d’un seul coup remonter un flux de souvenirs et d’émotions contradictoires dans l’esprit du voyageur. Cela faisait si longtemps depuis sa dernière fois à Dhaydrill et, au premier coup d’œil sur la Sulfureuse, certaines choses n’avaient pas vraiment changé en ville. Le long de la rue s’alignaient toujours les enseignes des lieux d’alcool, de débauche et de jeux. D’ailleurs, une foule croissante de travailleurs, de bourgeois et de curieux commençait à affluer sur les pavés avec le soleil qui disparaissait derrière les hautes murailles. Sous peu, certains de ses établissements résonneraient des liturgies des ivrognes, des bagarres entre excités ou empesteraient l’alcool et le sexe. Voire tout cela à la fois. Tout cela lui rappelait certes de bons souvenirs, mais l’inconnu n’était pas là pour avoir la nostalgie du passé. On lui avait fixé un rendez-vous et il était hors de question de se faire espérer. Il détestait autant attendre que de devoir faire patienter les autres. Remontant légèrement la Sulfureuse, il repéra la fontaine ornée des vagues de l’océan. Sur la droite, une rue s’enfonçait rectiligne dans les quartiers modestes des artisans et des spéculateurs. Les murs en pierre nue et les colombages reflétaient les situations modestes de la population habitant cette partie de la ville. A plusieurs mètres au-dessus du sol, du linge finissait de sécher, des paniers oscillaient d’une fenêtre à l’autre, des femmes s’interpelaient bruyamment en vis-à-vis avec leur accent nasal si caractéristique. Au milieu de la seconde intersection un gigantesque frêne se dressait. Autour de sa base était lovée et enroulée une sculpture en bois monstrueuse. À la fois serpent et dragon, ses griffes mordaient le tronc et son corps sinueux, parfaitement détaillé, enserrait le tronc vénérable, depuis sa queue grosse comme deux bras de forgeron jusqu’à sa gueule grande ouverte dressée vers la cime. Seule lui manquait la voix pour cracher ses insultes venimeuses. Bien que parcouru d’un frisson soudain, le voyageur s’arrêta quelques instants afin de contempler l’arbre de Nidhogg. Et lorsque ses yeux remontèrent sur le tronc, il aperçut une boule rousse. Un écureuil, tête en bas, était agrippé à l’écorce. Les pupilles orange du rongeur croisèrent brièvement celles vertes de l’homme et le petit animal remonta fébrilement vers la cime du frêne. Le voyageur sourit. Il ne croyait plus aux symboles depuis bien longtemps. Il repartit par la gauche et remonta une rue pavée sur une centaine de mètres avant de déboucher devant une série de plusieurs façades en pierre rouge. Sur la seconde, il aperçut les deux statues de nymphes en bois surgissant des flots. D’un seul coup d’œil, il repéra le passage voûté sur la droite du bâtiment et s’y engagea.
Dernière édition par Niko le Mer 9 Avr 2014 - 20:34, édité 1 fois | |
| | | Niko Héros Légendaire
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| Sujet: Re: Les 5 Talismans [roman] Lun 7 Avr 2014 - 19:48 | |
| Chapitre 1 - partie 2- Spoiler:
De l'autre côté, le voyageur déboucha sur une grande cour où s'alignaient sur trois côtés les commerces les diverses et les habitations d'artisans ou d'ouvriers. Le fond s'ouvrait sur un immense espace vert où se devinaient les arbres, les bosquets et les reliefs qui le constituaient. Sur la façade gauche, l'enseigne indiquée était clairement visible. En-dessous, trois petites marches permettaient d'accéder dans une échoppe d'où s'échappaient les échos du burin contre la pierre. La pièce où l'inconnu pénétra était moyennement haute de plafond. Deux petites ouvertures circulaires permettaient d'éclairer l'intérieur d'une lumière diffuse. Une odeur caractéristique signalait que l'air tait imprégné par la poussière en provenance de l'activité dans l'arrière-boutique. Le long des murs s'alignaient des centaines de réalisations en pierre ou en bois qui attendaient selon toute vraisemblance d'être livrées. Rapidement, l'arrivant repéra un ouvrier qui était occupé à inspecter certaines pièces entreposées. −Excusez-moi, l'ami. J'aimerais finaliser une commande pour mon Maître. −Bien entendu. De quoi s'agit-il ? −D' une représentation des trois Ondines Vierges en basalte. −Aucune sculpture n'est faire dans un tel matériau, répliqua l'ouvrier en fronçant les sourcils. Vous devez faire erreur. −La commande est pour le Iarl Osfrid Eriksson de Hlogand. Dites le à votre patron. L'ouvrier fit la moue, mais s'éloigna d'un pas énergique vers le fond de l'entrepôt.
Profitant de ce moment de répit, le voyageur retourna près de l'entrée afin d'échapper à l'air irritant de l'intérieur. À la lumière déclinante du jour, les premiers flambeaux étaient allumés dans la cour par les résidents. Encore deux petites heures et la nuit aurait envahie les ruelles de la cité. Dans l'arrière-boutique, les premiers ouvriers commençaient à quitter l'atelier. Jetant un regard autour de lui, le voyageur remarqua soudain la longue rangée d'objets accrochés sur le mur à gauche de la porte. Au milieu de la collection hétéroclite, le regard du jeune homme se posa sur une étrange masse à manche court de forme archaïque. Le genre d’objet capable de foudroyer l’existence d’un homme avec autant de promptitude que les feux du ciel. −Magnifique et intriguant à la fois, n’est-ce pas ? La voix avait semblé résonner dans la pièce comme au fond d’une caverne. D'une porte latérale, un homme d'une quarantaine d'année venait de rentrer. Ses vêtements étaient chics tout en gardant une certaine sobriété. Assez clinquant pour indiquer un personnage important sans pour autant détonner dans un atelier d'un Maître sculpteur. Somme toute, un bourgeois propriétaire d'un commerce et venu inspecter les comptes avec le contreMaître.
−On m'a dit que vous aviez une commande très particulière pour votre Maître, demanda le nouvel arrivant. −Une composition en basalte pour le Iarl de Hlogand. Il veut en faire cadeau au Temple d'Odin à Halsberg. −Votre Maître aurait-il besoin de sagacité pour une quelconque campagne ? −Il doit se rendre dans sur les terres maudites au-delà des Ercyas en réponse à une vieille promesse. Il suppose que toute la ruse, ou la fourberie, du Père des Dieux lui sera nécessaire. Il espère aussi réserver son siège au Valhöll. −À moins qu'il ne soit choisi par Freyja... −Il préfère ne même pas y songer. Le bourgeois jaugea son interlocuteur d'un air suspicieux, les yeux plissés. De longues secondes s'écoulèrent tandis que les deux hommes se dévisageaient. −Je suppose que vous êtes l’envoyé de la Confrérie, déclara enfin le bourgeois. Montrez-moi votre sceau ! −Je vous demande pardon ? −Vous comprenez aisément, je suppose, qu’un homme dans ma situation doit prendre ses précautions. Le voyageur fixa un instant son interlocuteur avant de lâcher un soupir. Il releva sa manche gauche jusqu’au-dessus de son coude afin de révéler une étrange marque aux formes arrondies et entremêlées. −Satisfait ? demanda-t-il hargneusement. −Un peu plus. Comment dois-je vous appeler ? −Assassin sera très bien. −Juste Assassin ? s’étonna le bourgeois. C’est un peu prosaïque, non ? −On m'a donné des surnoms. Il y en a un que je ne supporte pas, quant à l'autre… Disons, qu’il pourrait être dangereux pour ma santé si près du Latium. −A votre guise… Que vous ont expliqué vos Grands-Maîtres ? −Pas grand-chose. Des individus semblent vous poser quelques désagréments. −Pas ici, intervint le bourgeois. Préservons-nous des oreilles indiscrètes, et il y en a beaucoup dans les murs de notre cité. Et dans ton cas, certaines dont tu ne soupçonnes même pas l’existence, songea l’assassin.
Son commanditaire l'invita du regard à le suivre hors de la pièce. S'apprêtant à tourner les talons, l'assassin ne put s'empêcher de jeter un dernier regard à l'étrange arme fixée au mur. −C’est supposé être une ancienne relique, précisa le bourgeois. Une arme ancienne forgée, selon le mythe, par les Nains et qui pouvait faire rugir le ciel. −Fascinant… Si on accorde le moindre crédit aux légendes anciennes. −N’est-ce pas votre cas ? −Le Schisme m’a désintéressé de ces questions-là, répliqua l’assassin. A présent, je ne vénère qu’une seule chose, ajouta-t-il en se frottant le pouce et l’index. −Je vois, ironisa son interlocuteur. Je constate que vous êtes en excellente disposition pour discuter de notre petite transaction.
Les deux hommes empruntèrent un long escalier en bois qui les conduisit dans un petit bureau avec une vue au-dessus de l'entrepôt. −Un petit remontant ? demanda le bourgeois. −Sans façon. Dites, je m'étonne, tout ceci est à vous ? −Pas vraiment. Disons que le propriétaire avait bêtement contracté une forte dette envers un de mes amis. Je lui ai alors loué son échoppe contre la promesse qu'il n'irait pas rempierrer des routes pour rembourser mon ami. −Je suppose que ce brave homme s'est senti obligé de vous faire gracieusement cadeau du loyer ? −Que voulez-vous, répliqua le bourgeois en fixant l'horizon par une fenêtre, les gens sont plus généreux avec une lame sur la gorge que si on leur demande juste poliment. −En effet, mais l'espace boisé à l'extérieur aurait comme même été plus à l'abri des oreilles indiscrètes. −Cela aurait paru trop étrange si on nous voyait. −Dommage, regretta l'assassin, car seuls les corbeaux auraient pu surprendre notre échange. −Quelque soit votre opinion, je pense qu'il est grand temps de passer à l’affaire qui nous concerne. En effet, mon vieux, plus que temps…
Dernière édition par Niko le Mer 9 Avr 2014 - 20:35, édité 1 fois | |
| | | Niko Héros Légendaire
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| Sujet: Re: Les 5 Talismans [roman] Lun 7 Avr 2014 - 19:51 | |
| -Fin Chapitre 1-- Spoiler:
−Vos Grands-Maîtres ont succinctement résumé la situation. Certains de mes amis sont aux prises avec un groupe de notables de la ville. −Des concurrents politiques gênants ? −Que je vous explique. Il y a plusieurs mois, le groupe en question a commencé à se réunir dans un cercle de réflexion restreint. Ils y débattaient de sujets aussi variés que les opportunités économiques de la cité, les projets de réglementations présentés au gouverneur ou d'un jugement rendu. −En somme, rien de bien extraordinaire, fit remarquer l'assassin. C'est ce que font la plupart des regroupements de ce genre. −Effectivement, d'autant plus que leurs réunions n'étaient pas tenu secrètes. Ils critiquaient parfois le conseil urbain, mais sans plus. Et puis, brusquement, la situation a radicalement changé. −C’est-à-dire ? demanda l’assassin. −Un étrange individu du nom d'Eliwys est apparu en ville. Il semblait surgir de nulle part. Lui se présentait comme appartenant à une famille influente de la côte est du royaume, mais personne n'avait entendu évoquer son ascendance auparavant. Ainsi donc, nos craintes étaient fondées. −Petit à petit, poursuivit le bourgeois, il a commencé à s'immiscer dans les activités commerciales et économiques de la cité. Jusqu'à peser très lourdement dans plusieurs secteurs-clés. Et il a commencé à se rapprocher du groupe de notables. −Voici un adversaire plus que redoutable. −Et ce n'est pas peu dire. Il a même fini par en prendre le contrôle. Une chape de mystère s'est soudain abattue sur les rencontres auxquels participent ses membres. Mais le plus inquiétant reste le fanatisme quasi aveugle qu'il a réussi à générer. −Et en quoi cela vous inquiète ? s'étonna l'assassin. −Sous son impulsion, plusieurs membres connus du groupe se sont positionnés à des fonctions clés dans l'administration, le conseil urbain et d'autres instances de la cité. En manœuvrant bien, et en temps voulu, nous craignons qu'il puisse prendre le contrôle total de la ville. J'imagine que cela peut te paraitre inquiétant, mais crois-moi que si nos craintes sont fondées, cela te semblerait un bien moindre mal... −Mais, il reste votre gouverneur, non? ? −C'est un vieillard au crépuscule de sa vie. Lorsqu'il mourra, la règle veut que le chef du conseil urbain assure ses fonctions en attendant que le roi désigne un nouveau gouverneur. −Donc, vous voulez que je fasse le ménage. −Le ménage ? s’étonna le bourgeois. −Terme technique. Je reformule : vous voulez que j'élimine ce Eliwys avant qu'il ne puisse agir. −Pas exactement. Si vous l'éliminiez, cela risque de donner encore plus de poids à ses partisans. Nous voulons que vous soutiriez des informations. −Un psychomancien vous serait plus utile qu’un assassin dans ce cas, non ? −Disons que quelqu’un à l’aise avec une arme nous parait plus pertinent, renchérit le bourgeois. Pour délier les langues entre autres. Sommes-nous clair ? −Mouais, on ne peut plus clair... Besoin de certaines informations en particulier ? −Tout ce que vous pourrez tirer de votre victime, dit le bourgeois. Nous savons qu'ils se réunissent quelque part le long de l'Allée de Ratatosk. Profitez-en pour agir. Cherchez la rune de Mímir : c’est leur signe de reconnaissance. −Un souhait concernant l'informateur ? −Les morts ne racontent pas ce qui leur est arrivé. −Compris, acquiesça l'assassin. Et pour la suite ? −L'auberge du Taureau Blanc sur la Sulfureuse. Un des nôtres vous y attendra entre la troisième et la cinquième heure pendant une semaine. Soyez là. −Ça, c'est mon problème. Je remplirai ma part du contrat, tâchez d'avoir ma rétribution. −Cette tâche est d'une grande importance. −Comme elle le serait pour tous ceux crispés sur un quelconque pouvoir, je suppose, maugréa l'assassin. −Je vous demande pardon ? −Non, rien. Ce n’était qu’une réflexion personnelle sans importance. Et maintenant, s’il n’y a rien d’autre à ajouter, j'aimerais faire un tour en ville avant qu'on ne distingue plus rien.
Dernière édition par Niko le Mer 9 Avr 2014 - 20:36, édité 1 fois | |
| | | sombrefeline Héros Légendaire
Nombre de messages : 2284 Age : 38 Localisation : Le Grand Nord Loisirs : Ecrire, dessiner, coudre et taquiner ses semblables avec des bouts de métal coupant Date d'inscription : 21/04/2012
| Sujet: Re: Les 5 Talismans [roman] Mar 8 Avr 2014 - 14:58 | |
| Pour moi, niveau longueur, ça va. Après faut voir pour les autres. Les nouveaux, des avis? | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Les 5 Talismans [roman] Mer 9 Avr 2014 - 2:16 | |
| Première partie lue!
Au début, j'ai eu un peu peur quanf tu as commencé à décrire la ville, mais j'ai été agréablement surpris. Le premier post ne donne pas assez d'infos sur l'inconnu, je vais devoir lire la suite pour comprendre ce qui se trame ^^ |
| | | Niko Héros Légendaire
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| Sujet: Re: Les 5 Talismans [roman] Mer 9 Avr 2014 - 18:10 | |
| Chapitre 2 - partie 1- Spoiler:
-ORGOS- -Forteresse d’Imar, Lothorïa- Majestueuse et imperturbable, la monumentale chaîne montagneuse se jetait à l’assaut du ciel de toute sa masse rocailleuse. Au fil des siècles, ses parois vertigineuses et ses sommets perdus dans le brouillard avaient alimenté une foule de légendes, d’anecdotes et de fantasmes aussi variés que peut l’être l’imagination des vivants. Les grottes avaient tour à tour servi de refuge aux Griffons némésiens, aux Trolls carnivores, et même à des esprits féminins détournant les voyageurs de leur route pour s’en nourrir. Mais le récit le plus connu qui entourait ces montagnes évoquait un Dragon qui, un jour, captura une jeune paysanne pour son amusement. Mais devant la beauté de la jeune fille, son cœur de pierre fut touché et il tomba désespérément amoureux de l’Humaine. Refusant de la laisser partir, le Dragon conduisit la paysanne dans sa grotte située sur un des à-pics de la montagne. Là, il tenta de montrer ses sentiments à la jeune fille, mais son aspect reptilien terrorisait plus qu’autre chose sa captive. Pensant surmonter cet obstacle, le Dragon se changea en un fringant homme tel que l’imaginait la belle paysanne. Mais, là encore, ses yeux et son corps reflétaient toujours sa nature profonde. Alors, le cœur déchiré et ne pouvant se résoudre à la laisser partir, il laissa l’Humaine dans la grotte. Jour après jour, il se postait près de l’entrée de la grotte et écoutait la paysanne chanter face à l’horizon. Chaque nuit, il déposait des provisions et un cadeau qu’il avait trouvé ou fabriqué pour l’élue de son cœur. Comprenant finalement qu’il ne pouvait se cacher derrière une apparence trompeuse, le Dragon retourna vers la jeune fille sous son apparence véritable. Arrivé dans la grotte, il fléchit les pattes, baissa la tête jusqu’au sol et exprima ses sentiments dans la langue de la paysanne. Touchée, la jeune femme accepta la compagnie du Dragon à condition que ce dernier adopte sa forme humaine et non reptilienne. En contrepartie, il dut se résoudre à oublier son amour impossible. Les années passèrent dans un bonheur grandissant. Le Dragon devenait de plus en plus humain, et la paysanne commençait à entrevoir la nature profonde de son beau et ténébreux compagnon. Malheureusement, un jour, le Dragon rentra à la grotte couvert de sang. Il était mourant. Sa tête écailleuse sur les genoux de sa compagne, il pleura sur son amour étouffé et, dans un dernier soupir, deux grosses larmes perlèrent de ses yeux jaunes qui prirent la forme de deux cœurs rouges qui semblaient faire écho à celui de la paysanne. Enfin atteint par l’amour impossible de son monstrueux soupirant, elle laissa éclater sa peine et son cri résonna dans toute la montagne. Décidée à honorer, de manière tardive mais sincère, son compagnon, la femme préleva les crocs du Dragon et les amena en différents points de la montagne. Là, les dents se mirent à pousser et de nouveaux sommets pointus partirent à l’assaut du ciel en hommage à la bête qui avait aimé l’Humaine. Et depuis ce jour, ce lieu fut connu sous le nom des Dents du Dragon. Partout dans la barrière rocailleuse, au détour des sentiers et des cascades bondissantes, la magnificence du paysage avait imprégné le folklore de tous les peuples qui s’étaient succédé dans la région. Jusqu’à l’arrivée de l’Ordre et l’établissement de la Forteresse d’Imar quelques trois siècles auparavant. Avec l’air vivifiant qui lui battait le visage, Orgos avait les yeux rivés sur l’horizon. Il réfléchissait. Du sommet de la tour d’astronomie, sa vue portait loin sur la plaine de la Lothorïa qui s’étirait à perte de vue aux pieds des Dents du Dragon. La suprême sérénité de la montagne contrastait avec la tempête qui rugissait dans l’esprit du jeune homme. Ses pensées étaient en ébullition. Avec un semblant de méthode, il tentait d’en contrôler le tourbillon afin de les trier et de les relier entre elles. Disposant du rang d’Arcaniste au sein de l’Ordre Imarien, Orgos était au courant des récents messages qui étaient parvenus à la Forteresse ces derniers jours. Des rumeurs plus ou moins fondées galopaient depuis lors dans les couloirs, chacun y allant de son analyse. Les Arcanistes interrogeaient les Maitres plus expérimentés au détour d’un rayonnage de la bibliothèque ou dans une salle d’expérimentation. Mais tout le monde avait en réalité le regard tourné vers les sept Enchanteurs du Conseil dans l’attente de leurs conclusions. A bien y réfléchir, les premières nouvelles avaient commencé à affluer juste après que les guetteurs postés à l’Œil-Faucon aient signalé une aurore boréale ayant embrasé le ciel trois jours et trois nuits d’affilés. Au même moment, plusieurs ports de la côte ouest du Garthay avaient été démantibulés au cours d’une tempête aussi soudaine que bestiale. Dans les montagnes du sud, des caravanes marchandes s’étaient évaporées avec leurs escortes comme si elles n’avaient jamais existé. Et à la limite de l’Hyperboréale, des villages avaient été impitoyablement massacrés par une force aussi vicieuse qu’invisible. Dans les méandres de l’esprit d’Orgos résonnait encore le récit de ces pécheurs garthöms qui affirmaient avoir aperçu une masse allongée fendre les flots au plus fort de la tempête. Des événements qui avaient balayé le continent, ces rapports étaient les seules choses concrètes à avoir pu être rassemblées. Comme la plupart de ses frères, le jeune Imarien présumait qu’un jeu de lumière, combiné à l’hystérie générée, avait suffi à créer d’étranges hallucinations collectives pour ces esprits crédules. Malgré tout, une étrange sensation d’inconfort persistait à nouer l’estomac de l’Imarien. Une peur refoulée qui lui remontait de l’estomac avec un goût amer et bileux sans qu’il parvienne à clarifier ses idées. Peut-être cherchait-il simplement un prétexte pour décrocher son esprit de la cérémonie à venir.
-ORGOS- -Forteresse d’Imar, Lothorïa- Majestueuse et imperturbable, la monumentale chaîne montagneuse se jetait à l’assaut du ciel de toute sa masse rocailleuse. Au fil des siècles, ses parois vertigineuses et ses sommets perdus dans le brouillard avaient alimenté une foule de légendes, d’anecdotes et de fantasmes aussi variés que peut l’être l’imagination des vivants. Les grottes avaient tour à tour servi de refuge aux Griffons némésiens, aux Trolls carnivores, et même à des esprits féminins détournant les voyageurs de leur route pour s’en nourrir. Mais le récit le plus connu qui entourait ces montagnes évoquait un Dragon qui, un jour, captura une jeune paysanne pour son amusement. Mais devant la beauté de la jeune fille, son cœur de pierre fut touché et il tomba désespérément amoureux de l’Humaine. Refusant de la laisser partir, le Dragon conduisit la paysanne dans sa grotte située sur un des à-pics de la montagne. Là, il tenta de montrer ses sentiments à la jeune fille, mais son aspect reptilien terrorisait plus qu’autre chose sa captive. Pensant surmonter cet obstacle, le Dragon se changea en un fringant homme tel que l’imaginait la belle paysanne. Mais, là encore, ses yeux et son corps reflétaient toujours sa nature profonde. Alors, le cœur déchiré et ne pouvant se résoudre à la laisser partir, il laissa l’Humaine dans la grotte. Jour après jour, il se postait près de l’entrée de la grotte et écoutait la paysanne chanter face à l’horizon. Chaque nuit, il déposait des provisions et un cadeau qu’il avait trouvé ou fabriqué pour l’élue de son cœur. Comprenant finalement qu’il ne pouvait se cacher derrière une apparence trompeuse, le Dragon retourna vers la jeune fille sous son apparence véritable. Arrivé dans la grotte, il fléchit les pattes, baissa la tête jusqu’au sol et exprima ses sentiments dans la langue de la paysanne. Touchée, la jeune femme accepta la compagnie du Dragon à condition que ce dernier adopte sa forme humaine et non reptilienne. En contrepartie, il dut se résoudre à oublier son amour impossible. Les années passèrent dans un bonheur grandissant. Le Dragon devenait de plus en plus humain, et la paysanne commençait à entrevoir la nature profonde de son beau et ténébreux compagnon. Malheureusement, un jour, le Dragon rentra à la grotte couvert de sang. Il était mourant. Sa tête écailleuse sur les genoux de sa compagne, il pleura sur son amour étouffé et, dans un dernier soupir, deux grosses larmes perlèrent de ses yeux jaunes qui prirent la forme de deux cœurs rouges qui semblaient faire écho à celui de la paysanne. Enfin atteint par l’amour impossible de son monstrueux soupirant, elle laissa éclater sa peine et son cri résonna dans toute la montagne. Décidée à honorer, de manière tardive mais sincère, son compagnon, la femme préleva les crocs du Dragon et les amena en différents points de la montagne. Là, les dents se mirent à pousser et de nouveaux sommets pointus partirent à l’assaut du ciel en hommage à la bête qui avait aimé l’Humaine. Et depuis ce jour, ce lieu fut connu sous le nom des Dents du Dragon. Partout dans la barrière rocailleuse, au détour des sentiers et des cascades bondissantes, la magnificence du paysage avait imprégné le folklore de tous les peuples qui s’étaient succédé dans la région. Jusqu’à l’arrivée de l’Ordre et l’établissement de la Forteresse d’Imar quelques trois siècles auparavant. Avec l’air vivifiant qui lui battait le visage, Orgos avait les yeux rivés sur l’horizon. Il réfléchissait. Du sommet de la tour d’astronomie de la Forteresse, sa vue portait loin sur la plaine de la Lothorïa qui s’étirait à perte de vue aux pieds de la montagne. La suprême sérénité du paysage contrastait avec la tempête qui rugissait dans l’esprit du jeune homme. Ses pensées étaient en ébullition. Dans un vain effort, il tentait d’en contrôler le tourbillon. Son rang d’Arcaniste au sein de l’Ordre Imarien lui permettait d’être au courant des messages qui affluaient depuis quelques temps à la Forteresse. Les coursiers en provenance de tout le continent se succédaient depuis quelques jours, rapportant des nouvelles plus énigmatiques les unes que les autres. Des rumeurs folles n’avaient pas tardé à galoper dans les couloirs, de salles d’études en laboratoires d’alchimie, jusqu’aux cuisines et aux écuries. Orgos se souvenait que, lorsque les guetteurs postés à l’Œil-Faucon avaient rapporté avoir aperçu une aurore boréale embrassant le ciel durant trois jours et trois nuits, le phénomène avait été accueilli avec la curiosité d’un phénomène certes exceptionnel, mais somme toute anecdotique. Et puis, une première missive était arrivée, puis une seconde, et une nouvelle encore. Le rythme de succession des cavaliers au portail de la Forteresse s’était fait de plus en plus frénétique, jusqu’à faire la queue à la porte des membres du Conseil. L’un rapportait que plusieurs ports de la côte ouest du Garthay avaient été anéantis au cours d’une tempête aussi soudaine que bestiale. Plusieurs corporations signalaient que, dans les montagnes du sud, des caravanes marchandes avaient tout simplement disparues. En provenance du nord, certains évoquaient des villages entiers de l’Hyperboréale massacrés en l’espace d’une nuit sans pitié pour les âges ou les sexes. Un peu partout se propageaient comme un murmure les histoires de formes sombres et grinçantes rôdant dans les campagnes et s’introduisant dans les masures isolées. Dans les tavernes, le paysan et le colporteur racontaient d’insolites rencontres avec des bêtes aux yeux incandescents de vert ou de jaunes. Dans la tête d’Orgos résonnait en boucle la retranscription du récit de plusieurs pécheurs garthöms qui affirmaient avoir aperçu une masse fendre les flots au plus fort de la tempête. En temps normal, de tels événements n’avaient malheureusement rien d’exceptionnel. Les routes enneigées engloutissaient régulièrement des caravanes qui disparaissaient au fond d’un ravin. La rudesse des terres de l’extrême nord provoquaient parfois l’annihilation de villages entiers par une épidémie ou au fil d’une épée. Et puis les colères de la Mère-Nature étaient bien souvent l’origine de grands malheurs dans tel ou tel endroit du continent. Mais la normalité semblait n’avoir pas grand-chose à voir avec les événements qui pullulaient sur le continent. Des esprits naïfs pouvaient s’imaginer une mauvaise saison, une succession malheureuse d’infortunes, ou la volonté de quelque dieu en colère. Orgos, comme plusieurs de ses frères, n’étaient pas de ceux-là. Une étrange sensation d’inconfort persistait à nouer l’estomac de l’Imarien. Une peur latente qui lui remontait de l’estomac avec un goût amer et bileux sans qu’il parvienne à clarifier ses idées. Après tout, peut-être cherchait-il tout simplement un prétexte pour décrocher son esprit de la cérémonie à venir.
Dernière édition par Niko le Mar 17 Juin 2014 - 19:53, édité 1 fois | |
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| Sujet: Re: Les 5 Talismans [roman] Mer 9 Avr 2014 - 20:39 | |
| Chapitre 2 - partie 2- Spoiler:
Perdu dans ses réflexions, il ne remarqua même pas la femme qui se tenait à sa droite. Ce fut le bruit de pas sur la pierre de la terrasse lui fit tourner la tête. L’Elfe qui approchait était élancée, le teint pâle comme tous les Eldrïns, les cheveux roux tressés en couronne. Elle avançait d’une démarche légèrement raide, un souvenir amer d’enfance qui n’avait jamais complétement guéri. Le jeune homme savait que, malgré son handicap, la démarche de l’arrivante pouvait être aussi silencieuse que la danse d’une feuille dans le vent. Elle tenait donc à annoncer son arrivée. −Je ne voulais pas te déranger, dit l’Elfe. On m’a dit que les étoiles étaient particulièrement belles ce soir. −J’ai juste été surpris, je ne m’attendais pas à voir quelqu’un aussi tard à l’observatoire. −Alors, je peux ? −Mais, je t’en prie, Nhyaku. Il me semble y avoir assez de place pour deux personnes ici. L’Elfe fit quelques pas pour venir se placer dans le dos du jeune Imarien. Quelques instants, elle resta le visage levait vers le ciel avec un air émerveillé et grave. Le silence enveloppa de nouveau la tour, un silence seulement brisé par le vent. −Fascinant, n’est-ce pas ? demanda soudain l’Elfe. −Que veux-tu dire ? −L’immensité du ciel, la stabilité des étoiles, la force de ces montagnes. Ne ressens-tu pas une force à l’œuvre lorsque tu plonges tes yeux dedans ? −Le terme reposant me viendrait plus aisément à l’esprit, répliqua Orgos. De cette hauteur, on peut ressentir toute la force et la souveraineté de ces montagnes. Ça fait réfléchir sur notre place dans ce vaste monde. −Mais te connaissant, j’ai comme même du mal à imaginer que tu puisses monter ici nuit après nuit uniquement afin de contempler le paysage. Décrochant ses yeux du paysage, Orgos se retourna à moitié vers son interlocutrice. L’Elfe se tenait à quelques pas derrière lui, appuyée sur son bâton de frêne. La jupe irisée de sa robe bleutée voletait mollement dans l’air frais lui donnant presque l’apparence d’une de ces statues de pierre qui gardaient les routes. Surtout, son regard était braqué sur le jeune homme. Des iris d’un vert profond qui brillait par instant dans la nuit à la lumière de la Lune. À quoi songes-t-elle ? se questionna Orgos. Son regard tentait de percer les pensées de l’Elfe face à lui. L’image imperturbable d’une sagesse aussi profonde qu’incompréhensible. −J’avais besoin de m’isoler, admit Orgos. Et c’est le seul endroit tranquille que j’ai pu trouver. −Aurais-tu des problèmes pour rechercher une telle solitude ? −Pas du tout, je voulais réfléchir sans être parasité par des éléments indésirables. −Comme tes frères et sœurs ? suggéra Nhyaku. −Eux, le Conseil, leurs regards désapprobateurs, leur hypocrisie. Tout ça m’empêche de me concentrer −Tu sais, répliqua l’Elfe, j’ai toujours été intrigué par l’étrangeté du processus cognitif des Humains −Si par étrange, tu sous-entends différent de celui des teins, alors en effet le système cognitif humain est étrange. −Et bien pour y remédier, lâcha Nhyaku, je te conseille d’essayer la méditation. Ça te libérera l’esprit, te calmera les nerfs, et en plus c’est un excellent remède à la susceptibilité. Cette fois, Orgos se retourna complétement. L’Elfe derrière lui n’avait pas bougé d’un pouce, elle était toujours appuyée sur son bâton de frêne, mais quelque chose de terrifiant avait changé dans son regard. Avant même qu’il puisse répliquer, le jeune homme reçu comme un coup dans la poitrine qui manqua de le faire chanceler. Sa tête se mit à tourner et son estomac menaçait de refouler ses sucs dans sa gorge. Les prunelles sans fond de Nhyaku avaient suffi à faire remonter chez lui un malaise incontrôlable. Ainsi, c’est donc ça. Le mystérieux regard des Eldrïns. À la fois répulsif et hypnotique pour celui qui y plonge. Elle s’est jouée de mon impulsivité. J’aurai dû me méfié, car le piège était un peu gros. −Je n’aurais jamais imaginé que tu recourrais à de telles méthodes. Pour beaucoup, cela serait interprété comme un viol mental. −Vois-y une marque de sollicitude. −Sollicitude ? releva Orgos. Vas-tu enfin me dire ce que tu veux à la fin ? Parce que visiblement ce ne sont pas les étoiles qui t’intéresse. −À dire vrai, je m’inquiète pour toi. −Parce que je viens m’isoler au sommet de la tour d’astronomie ? L’Alter Enchanteresse n’a-t-elle pas d’autres préoccupations en ce moment ? −Tu seras bientôt un Maitre de l’Ordre, Orgos. Mon rôle est aussi de les protéger et de les diriger, au cas où tu l’aurais oublié. −Nhyaku, ton inquiétude n’est pas justifiée. Je n’ai besoin que de m’isoler afin de clarifier mes esprits. −Rechercher la solitude pour réfléchir n’est pas normal. Tu ne peux te couper de ceux qui t’entourent. −Tu raisonnes uniquement avec ton esprit d’Elfe, répliqua Orgos. La psyché humaine est un peu plus intimiste. −Ce qui me conforte à la qualifier d’incomplète et de subversive. Enfin, sur un point tu as au moins raison, je voulais te parler de quelque chose.
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| Sujet: Re: Les 5 Talismans [roman] Mer 9 Avr 2014 - 20:41 | |
| Chapitre 2 - partie 3- Spoiler:
Orgos se retourna en soupirant. Il savait très bien de quoi voulait lui parler son amie. Il l’avait deviné depuis un moment déjà. Pour être parfaitement honnête, il était même étonné que l’Elfe ne soit pas venu lui parler plus tôt. Dans le vent, sa veste de cuir brun battait contre ses côtes tandis que son regard était fixé à l’horizon. Le fleuve Iridas miroitait dans le lointain tel les écailles de quelque gigantesque serpent. −Je me suis laissée dire que ton attitude avait changé depuis quelques jours. Donc, comme je le supposais, voilà où elle voulait en venir. Apparemment, mes recherches ont l’air d’en intriguer plus d’un. −Ton inquiétude est-elle uniquement due à tes fonctions d’Alter Enchanteresse, Nhyaku ? −Je m’inquiète en tant que ton amie, imbécile ! répliqua l’Elfe. Tu passes beaucoup de temps dans les archives ou à la bibliothèque, et ça ne te ressemble pas ! Que comptes-tu y trouver ? −Des réponses. −C’est ce qu’on attend en règle générale de tels endroits. Mais encore ? Même s’il s’agit de Nhyaku, puis-je lui faire confiance ? On lui a peut-être demandé au Conseil de me questionner. En même temps, l’amitié repose sur la confiance et elle est mon amie. Je sais qu’elle ne me tournera pas le dos. −Que sais-tu au sujet d’Oksval ? demanda Orgos. −C’était un petit port prospère jusqu’à il y a quelques jours. La cité vivait principalement de la pêche et... −Oui, oui. Je voulais dire : que sais-tu des récits qui se colportent sur ce qui s’est passé là-bas ? −La forme dans la mer ?! s’étonna Nhyaku. Ne me dis pas que tu épluches les archives de l’Ordre pour les élucubrations de quelques pêcheurs incultes ? −Je n’y aurais aucun intérêt si une seule personne avait eu cette vision. Là où ça a piquait ma curiosité, c’est qu’environ une vingtaine de personnes ont affirmé avoir aperçu la silhouette. −Et ça te suffit à prendre au sérieux ces inepties ? −Grandes Divinités, non ! s’écria Orgos. Mais toute hallucination, collective ou non, a une origine ancrée quelques part dans l’inconscient des peuples. −Et qu’est-ce que cela t’apportera ? La voix était si proche qu’Orgos sursauta. Sans un bruit, l’Elfe était venue se placer juste à côté du jeune Imarien. Elle s’était déplacée aussi silencieusement qu’une feuille et se tenait dans la même posture qu’auparavant comme si elle n’avait fait que glisser au-dessus des dalles de la terrasse. −Rien de spécial. Je suis juste… curieux. −Et rien de plus ? insista Nhyaku. Juste de la curiosité ? −Je ne vois pas en quoi le fait de s’intéresser à quelque chose sans idée de profit te dérange. −Parce que ça n’a aucun sens. ! Pourquoi étudier quelque chose pour ne rien en tirer ? Vas-tu apprendre un nouveau sortilège ? Non ! Vas-tu en tirer une leçon ou un enseignement ? Non ! Alors, pourquoi perdre ton temps avec ça ? −Appelle ça la passion. Pour les vieilles histoires et la tradition. Découvrir le passé des peuples par leurs histoires. −Il faut vraiment être Humain pour raisonner ainsi. −C’est bizarre, répliqua Orgos, j’aurais pensé qu’avec l’immense connaissance des Branches Elfiques, les Elfes seraient plus curieux du monde qui les entoure. −Cette immense connaissance nous a été léguée par nos ancêtres qui la reçurent en cadeau lorsque notre peuple vivait encore à Ljalfheim. Cette connaissance est immuable et ne nécessite ni correction, ni complément. −En me basant à mon tour sur les critères des miens, je pourrais qualifier d’arrogante et d’étriquée la pensée des Elfes. −Je ne te suis pas, admit Nhyaku. −L’inconnu offre des possibilités uniquement bridées par les possibilités de l’esprit. Cette idée ne titille pas un tant soit peu ton imagination ? −Notre connaissance est basée sur ce qui fut et ce qui est. L’hypothétique futur ne vaut pas la peine de s’y attarder puisqu’il ne sera jamais conforme à nos attentes. En se basant sur le passé et le présent, nous pouvons nous adapter à tous les événements et en tirer l’expérience la plus profitable. −Quelle morne et étroite vision, grommela Orgos. −Je te demande pardon ? −L’ouverture d’esprit est une notion fondamentale pour beaucoup de mes semblables −À voir ce que ceux de ta race ont fait en Elmendrïn, on pourrait qualifier tes grands principes de fumeux. −Tu confonds avec la tolérance, répliqua Orgos avec un petit air condescendant. C’est un autre problème. −Intrigant, murmura Nhyaku. Même après des années à vous côtoyer, je ne comprends toujours pas, les Humains. Enfin, si tu n’y vois pas d’inconvénient, je commence à fatiguer.
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| Sujet: Re: Les 5 Talismans [roman] Mer 9 Avr 2014 - 20:41 | |
| Chapitre 2 -partie 4- Spoiler:
Nhyaku tira la jambe jusqu’à un banc de pierre et s’y assit en poussant un soupir de soulagement. À la vue de la frêle silhouette, Orgos ne put s’empêcher de songer à l’illusion générée par l’apparente fragilité de l’Elfe. Celui qui se frottait à Nhyaku risquait un douloureux rappel que sa position de second sous le Prime Enchanteur n’était pas plus due au hasard qu’à la chance. Les traits de l’Eldrïn étaient d’une extrême finesse, comme taillés dans de l’albâtre. Sous la lumière de la Lune, de subtils reflets marron et azur semblaient miroiter sur sa peau. Un rappel du lien particulier des Elfes avec l’air et le vent. Orgos savait que l’Elfe était arrivée très jeune à la Forteresse. Elle ne devait pas avoir plus de cinq ans lorsque Maître Hyndho l’avait trouvée dans les ruines de la demeure de ses parents en Elmendrïn. La propriété avait subi un pillage de la part d’un bataillon de l’armée Latys à la fin de la campagne d’invasion de l’Elmendrïn par l’Empire du Latium. Les soldats avaient commencé à mettre à sac la demeure et s’étaient amusés avec les parents de Nhyaku sous les yeux de la fillette. Puis, quelques uns avaient amené la petite dans une bâtisse et avaient voulu abuser d’elle. Ce fut leur dernière erreur. Lorsque Maître Hyndho avait découvert la jeune Eldrïn, ce qui restait des corps des soldats se résumait à une bouillie chaotique de tissus, d’os, de chair et de métal. Les murs de la bâtisse témoignaient des déflagrations de fureur de Nhyaku. La future Imarienne était dans un état catatonique, agitée de convulsions violentes, les yeux hagards fixés devant elle, et murmurant des paroles dénuées de sens. Le Maître Imarien avait passé trois jours à la calmer et à tenter d’évaluer sa résonnance manaïque. Puis, il l’avait emmenée avec lui jusqu’à la Forteresse. Il avait réussi à recoller les fragments de l’esprit de Nhyaku, mais n’avait pas pu faire de miracle pour le genou gauche de la jeune Eldrïn qu’une barre de fer et des poings gantés avaient irrémédiablement démoli.
Orgos songea, non sans une certaine ironie, que le passé de l’Elfe faisait étrangement écho à sa propre histoire. Tous les deux avaient été sauvés d’une mort quasi-certaine par un Maître qui les avait ramenés à la Forteresse. La différence, c’était que le sang qu’Orgos avait sur les mains lorsque Maître Lishka l’avait découvert ne résultait pas d’une expérience spontanée du Vouloir, mais dégoulinait de la lame d’un poignard. Suivant le fil de ses pensées, il revit la pièce au sol carrelé, ressentit de nouveau sa joie perverse devant le corps sans vie du fermier. Le visage de sa sœur flottait au-dessus de la scène avec ses yeux pleins de bonté et de courage. Mais elle était partie à jamais. Orgos tentait d’effacer cette période de ses pensées, mais les images le poursuivaient inlassablement pour le hanter.
−L’Elmendrïn te manque ? demanda soudain le jeune homme. −Tout dépend ce que tu entends par là. Le pays de mon enfance est mort sous les sandales des Latys. Ce n’est plus qu’une terre de silence et de peur. −Alors tu n'as jamais éprouvé l'envie de retourner là-bas ? Revoir l'endroit où tu avais vécu ? −Tu ne peux même pas imaginer. Et lorsque j'ai pu réaliser ce rêve, ça n'a été que pour trouver des ruines où les fragments de ma mémoire s'accrochaient et les voix des morts hurlant dans mes oreilles. −Tu n’en as retiré aucun accomplissement ? −De l’amertume, de la colère, un peu de détresse. Je n’ai pas ressenti l’instant comme une fin en soi, mais plutôt comme le commencement d’un nouveau voyage. Et puis d’abord, c’est quoi toutes ces questions ? −Je me suis toujours demandé ce que j’éprouverais si je revenais à l’endroit où j’avais grandi, expliqua Orgos. J’ai pensé qu’en sachant ce que toi tu avais ressenti, ça m’aiderait un peu. −Je ne savais pas qu’il t’était impossible de retourner dans ton pays d’origine. −Disons plutôt que l’endroit où je vivais a été détruit. −Mais il doit subsister des ruines ! −Il ne reste que peu de vestiges d’une caravane de cheminants après l’action du feu et une vingtaine d’années, lâcha Orgos. −Il y a eu un accident ? −De ceux perpétrés par les Gardiens de la Fédération Kherias. Ils ont trouvé des manières très pittoresques de jouer avec le feu. −J’ignorais cela… −Seuls Maître Lishka et la Prime Enchanteresse Ishana étaient au courant…
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| Sujet: Re: Les 5 Talismans [roman] Mer 9 Avr 2014 - 20:43 | |
| Chapitre 3 - partie 1- Spoiler:
-BHERIAK- -Dhaydrill, Garthay-
La cité était plongée dans le silence. L’obscurité avait envahi les rues et ruelles, envoyant les citadins dans leurs lits jusqu’à ce que la Rayonnante Sol succède dans le ciel à son ténébreux frère Måne. De temps à autre, la torche d’une patrouille de la garde urbaine déchirait les ténèbres en faisant danser les ombres contre les façades. Puis, la nuit engloutissait de nouveau la rue et le silence retombait.
Sur la colline à l’est de la ville, une ombre avançait parmi les pierres formant diverses formes. Il y avait des cercles, puis des ovales jouxtant des rectangles et des triangles. La lune dans le ciel plongée la scène dans une lumière bleutée apaisante. Tel un esprit, l’ombre semblait flotter au-dessus du sol à la recherche d’une formation en particulier. Un triangle près des grands cèdres. Les conifères étaient aisément repérables sur le flanc de la colline. À leurs pieds, les blocs de granit semblaient mouchetés de petites lucioles.
Blotti contre le tronc d’un des cèdres, un triangle était parfaitement identifiable. Sa pointe supérieure était constituée par une pierre sculptée en une silhouette vaguement féminine. L’assassin resta quelques instants immobile avant de rabattre son capuchon. À cet instant, plusieurs sentiments s’entrechoquaient dans son esprit. Une indéniable sensation de vide abyssal qui s’ouvrait, un tournis lui vrillant la tête, et une violente pointe dans le ventre. Submergé par ses émotions, il s’accroupit, la tête entre les mains, devant la tombe.
Il resta dans cette position quelques instants à tenter de mettre de l’ordre dans ses idées et à calmer les tremblements qui le parcouraient. Malgré les années, la blessure était toujours là, béante et douloureuse. Rien ne pouvait la soulager. Levant les yeux au ciel, l’assassin se plongea dans l’infinité des étoiles afin d’apaiser son esprit. Cela l’aidait dans les moments difficiles à se calmer. Ses muscles se relâchèrent lentement, sa respiration redevint plus régulière, sa chair de poule s’atténua pour finalement disparaitre. Depuis son arrivée en ville, il avait redouté ce moment, il avait appréhendait sa réaction, mais il se devait de venir se recueillir. Farfouillant dans sa bourse de ceinture, il en tira un petit caillou blanc parfaitement lisse qu’il posa avec respect et délicatesse sur le bloc de granit face à lui.
Ayant accompli son rituel, l’assassin pivota pour se retrouver face à Dhaydrill. De sa position, il embrassait du regard la cité dans sa globalité. Dans la nuit, celle-ci se révélait telle qu’elle était. Face à lui, la Sulfureuse brillait comme une rivière d’or dans l’obscurité. L’avenue principale de la ville avait la réputation de ne jamais dormir et d’offrir des divertissements et de la consommation sans discontinuer aux locaux ou aux visiteurs de passage. Dans la partie nord de la cité, des zones lumineuses signalaient les résidences qui accueillaient une quelconque réception. Pour la nuit, la bourgeoisie marchande et l’aristocratie oisive, composantes du gratin urbain, allaient se côtoyer dans une hypocrite courtoisie. Au sud de la Sulfureuse, on devinait à la lumière de la lune une architecture plus tordeuse et moins démesurée. Quelques rapides lueurs permettaient de jeter des ombres fantomatiques dans la nuit, mais tout y était plus calme. Ouvriers, manœuvres et artisans préféraient se retrouver autour d’une table de jeu dans l’une des tavernes de la Sulfureuse. Et surplombant les deux encéphales de Dhaydrill, l’assassin observait.
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| | | Niko Héros Légendaire
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| Sujet: Re: Les 5 Talismans [roman] Mer 9 Avr 2014 - 20:43 | |
| Chapitre 3 - partie 2- Spoiler:
Accroupi dans l’herbe, les mains croisées devant la bouche, il observait la ligne sombre formée de part et d’autre de la Sulfureuse par les bâtiments. Il prenait le temps de se familiariser avec cette ville qui lui était à la fois si familière et si étrangère. Douze ans. Cela faisait bien douze ans qu’il n’était pas revenu à Dhaydrill. Il était parti comme un enfant et revenait tel un homme, un meurtrier. Sa mère, leur maison au-dessus de la boulangerie, l’odeur du pain chaud, les fleurs à la fenêtre, le crépitement de la cheminée, les cris des enfants dans l’escalier extérieur, tous ces souvenirs remontèrent d’un coup dans la mémoire du jeune homme. Et comme à chaque fois qu’il repensait à cette époque, la boule revint le heurter en plein estomac. L’homme au regard vide et au teint pâle se tenait au milieu de la pièce, ses yeux jaunes scintillant dans la nuit, et au-dessus de l’enfant un son rauque et plaintif. Quelques jours plus tard, il laissait Dhaydrill derrière lui en se jurant de ne jamais y revenir…
Alors qu’il repensait à cette nuit, douze ans dans le passé, la pression derrière son oreille l’alerta. En un instant, il fit volte-face, la lame du poignard entre le pouce et l’index, le bras droit fléchi prêt à projeter l’arme. Les yeux de l’assassin balayèrent la pente face à lui à la recherche de la moindre ombre ou du moindre mouvement. Prudemment, il se releva en jetant de plus larges coups d’œil autour de lui. A peine plus apaisé, il rengaina sa lame et commença à descendre la colline en direction de la ville.
Mais tandis que le jeune homme s’éloignait, deux points jaune luisants s’allumèrent entre les branches basses du cèdre. Et un sifflement entre la délectation et la moquerie ondula dans la nuit.
Quelques instant après, l’assassin dépassait les dernières sépultures et s’engageait dans les ruelles tout en tentant de chasser la désagréable sensation qui lui martelait la tempe. Même s’il n’avait rien repéré ni personne, il préférait rester sur ses gardes. Il sentait tout autour de lui planer la présence, vague poisseuse et perverse qui imprégnait l’air et les murs. Elle glissait sur la pierre, coulait entre les pavés, s’immisçait dans la chair. L’assassin sentait une ombre accrochée à ses pas le talonner et l’oppresser psychiquement. Le toucher était à la fois subtil et horriblement dérangeant. Comme si la présence tentait d’extraire ses pensées les plus intimes. Exactement comme l’avait rapporté le veilleur qui avait contacté la Confrérie…
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| Sujet: Re: Les 5 Talismans [roman] Sam 12 Avr 2014 - 9:11 | |
| Chapitre 4 - partie 1-ORGOS- -Forteresse d’Imar, Lothorïa- Le couloir menant à la Crypte des Anciens était plongée dans l’obscurité. Le silence était pesant dans cette partie reculée de la Forteresse d’Imar. C’était l’endroit le plus ancien et le plus secret de tout le sanctuaire ancestral de l’ordre fondé cinq siècles auparavant par un homme énigmatique qui se faisait appelé Ylhvar. Les histoires rapportaient qu’il avait été le premier à avoir touché les arcanes de la Volonté avant de répandre ce savoir à travers le continent. Mais rien ne filtrait quant à son histoire, ces faits et gestes ou son origine. Certains attestaient qu’il était arrivé du sud, d’au-delà des Terres Sauvages ou qu’il avait fui les prédicateurs kherias. D’autres juraient qu’Ylhvar était né dans les montagnes de Corgriffes où il avait découvert et développé le Vouloir. Qui, ou quoi, que fut en réalité Ylhvar, une énigme entourait le fondateur de l’Ordre Imarien. Un mystère qui déchirait depuis des siècles chercheurs universitaires, archivistes de l’Ordre et docteurs théocrates. Seul dans les couloirs austères et sans fin, Orgos errait sans but, comme un pantin perdu dans ses pensées. Il n’arrivait pas à se débarrasser de la désagréable sensation qui lui comprimait le ventre, lui enserrait la poitrine et remontait jusque dans sa gorge. L’impression de pulsation derrière son oreille lui prédisait une formidable migraine matinale qui n’améliorait en rien son humeur. Il avait commencé à ressentir cette sensation pendant qu’il conversait avec Nhyaku. D’abord éloignée puis de plus en plus sourd. À présent, il déambulait dans les couloirs de la forteresse en résistant à l’envie de se fracasser le crâne contre un mur ou de se malaxer le cerveau à mains nues. C’était comme après une cuite au sorti d’un cabaret de Uwydh. Au hasard des couloirs, Orgos croisait certains de ses frères ou sœurs en pleine méditation dans l’une des nombreuses niches aménagées à cet effet. Par endroit, un groupe de deux ou trois silhouettes encapuchonnées de noir psalmodiaient des litanies anciennes. Au cours de son noviciat, Orgos détestait l’obligation de participer à ces rituels qui le déprimaient profondément. Malgré l’heure avancée, certaines salles étaient encore ouvertes. Dans la bibliothèque, l’archiviste et ses aides étaient occupés à répertorier et classer de nouveaux ouvrages. Des murmures s’échappaient d’une salle commune où un Maître échangeait avec un personnage aux vêtements flottants. Dans certaines zones de la Forteresse, l’activité ne s’arrêtait quasiment jamais. Il pouvait y avoir du monde dans une salle d’expérimentation, dans les caves d’exercices ou encore entre les rayonnages de la bibliothèque. La nature des expériences menées et le contenu de certains volumes faisait que seuls les Arcanistes, les Maîtres et les Enchanteurs étaient autorisés à séjourner à la Forteresse. Orgos avait gagné ce droit quelques années auparavant en accédant au rang d’Arcaniste. Il avait réussi les épreuves sous le regard de Maître Lishka, celle qu’il avait accompagné durant les années où il n’était qu’un simple Initié, et la Prime Enchanteresse de l’époque, Ishana. Six années s’étaient écoulées depuis et à présent, le jeune homme s’apprêtait à accéder au rang de Maître de l’Ordre. Il savait pertinemment que cette prochaine élévation faisait grincer des dents au sein du Conseil. Certains des sept Enchanteurs, qui composaient l’organe directeur de l’Ordre, ne pouvaient accepter que quelqu’un de vingt ans, fut-il doué comme Orgos, accède prématurément à une position aussi élevée. Le jeune homme n’avait que peu de respecte pour ces anciens gonflés à l’âge et à l’honneur. La plupart n’avait un siège que parce qu’ils s’étaient trouvés être les plus anciens à un moment donné. Orgos n’avait jamais été vraiment impressionné par la vanité et l’orgueil. | |
| | | sombrefeline Héros Légendaire
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| Sujet: Re: Les 5 Talismans [roman] Mer 16 Avr 2014 - 17:19 | |
| - Citation :
- Le couloir menant à la Crypte des Anciens était plongée dans l’obscurité. Le silence était pesant dans cette partie reculée de la Forteresse d’Imar.
C’était l’endroit le plus ancien et le plus secret de tout le sanctuaire ancestr Trois fois « était » dans ce passage, je pense qu’il faudrait alléger. - Citation :
- par un homme énigmatique qui se faisait appelé Ylhvar
appeler - Citation :
- Il avait commencé à ressentir cette sensation pendant qu’il conversait avec Nhyaku. D’abord éloignée puis de plus en plus sourd.
J’aurais accordé avec « sensation », et donc mis « sourde ». - Citation :
- À présent, il déambulait dans les couloirs de la forteresse en résistant à l’envie de se fracasser le crâne contre un mur ou de se malaxer le cerveau à mains nues
Je ne comprends pas, j’avais l’impression que pour l’instant, sa migraine n’en était qu’au premier stade, pas au point de se frapper la tête contre les murs. - Citation :
- Le jeune homme n’avait que peu de respecte
Respect Un court passage, qui présente la Forteresse et où Orgos s’apprête à rencontre un mystérieux personnage. L’ambiance à la fois studieuse et ésotérique des lieux est assez bien rendue (même si je pense que tu pourrais pousser un peu plus les descriptions). J’ai eu un peu de mal avec l’avalanche de noms et de titres, mais c’est peut-être parce que j’ai lu les derniers chapitres il y a un petit moment déjà, et que j’ai oublié certains détails sur les magiciens. Voilà, sinon, j’attends la suite pour me prononcer quant au cheminement de l’histoire. | |
| | | Niko Héros Légendaire
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| Sujet: Re: Les 5 Talismans [roman] Mer 16 Avr 2014 - 19:57 | |
| Merci Sombri' pour tes commentaires ! Je pense que le délai entre les deux posts t'ont un peu décroché de l'univers, je vais essayer de tenir la cadence pour ne pas trop vous perdre. Sinon, qu'est-ce qui t'as fait penser qu'Orgos allait rencontrer un autre personnage ? | |
| | | sombrefeline Héros Légendaire
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| Sujet: Re: Les 5 Talismans [roman] Mer 16 Avr 2014 - 21:35 | |
| Ben vu que tu passes un paragraphe entier à décrire ce gars mystérieux, je me doute qu'il va apparaître à un moment dans l'histoire. Je me trompe? | |
| | | Niko Héros Légendaire
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| Sujet: Re: Les 5 Talismans [roman] Jeu 17 Avr 2014 - 0:02 | |
| Tu parles de Ylhvar ? C'est le fondateur de l'Ordre, 5 siècles avant l'histoire. | |
| | | Niko Héros Légendaire
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| Sujet: Re: Les 5 Talismans [roman] Dim 20 Avr 2014 - 21:11 | |
| Chapitre 4 - partie 2Perdu dans ses pensées, Orgos réalisa soudain qu’il venait de déboucher dans le grand hall d’entrée de la Forteresse. Son regard balaya la mosaïque qui s’étalait sur le dallage. L’allégorie qu’elle représentait avait toujours fasciné le jeune Imarien. Une forme vaporeuse au jeune visage féminin étendait son grand manteau sur un paysage vallonné et y apportait la vie. Dans le ciel rugissait une gigantesque présence de feu qui cascadait d’arbres en rochers. A son contact, la désolation se répandait sur toute chose telle un tapis de désespoir. Et pourtant, dans un cercle perpétuel, la forme vaporeuse était ranimée des cendres et faisait resurgir une nature encore plus éclatante que précédemment. Le jeune homme resta quelques instants dans la pénombre à contempler la magnificence de la mosaïque. Il en émanait un dynamisme et une émotion qui rendaient les fragments de dalles presque vivants. Immobile, le silence commença à envelopper Orgos comme un grand manteau de solitude. Il l’assaillait de partout à la fois. Chutant des hauts plafonds, dévalant les deux escaliers face à lui, rampant sur le sol. C’était à la fois une sensation oppressante et reposante. Et puis, le regard de l’Imarien se porta vers l’extérieur. Comme il était coutume, la porte à double battants permettant de pénétrer dans la forteresse était grande ouverte. Une tradition qui remontait à l’époque où la route des caravanes était beaucoup moins sûre. A l’extérieur, le petit parc qui entourait le bâtiment jouait de reflets d’ombres et de lumière sous la pâleur de la Lune. Un petit sentier s’étirait devant Orgos et plongeait dans la nuit. Le jeune homme commença à marcher tout en poursuivant le fil de ses pensées. De nouveau, la sensation de pulsation derrière son oreille revint le titiller. Un malaise s’était installé dans son bas ventre et refusait de le lâcher. Pourtant, il n’y avait aucune raison de craindre un quelconque danger. Aucun loup ou renard n’osait s’aventurer si près de la Forteresse. Les lynx guettaient plutôt les caravaniers isolés, quant aux ours ils étaient trop balourd pour passer inaperçu dans une telle végétation. Rejetant son angoisse, Orgos poursuivi son cheminement. Les arbres de part et d’autre du sentier formaient comme un berceau de verdure que la Lune teintait de bleu. La nuit était silencieuse, seulement troublé par le vol silencieux des oiseaux et le bruissement des petits rongeurs dans les fourrés. Telle une litanie monotone, le vent sifflait le long des à-pics qui ceinturaient quasiment de chaque côté le paysage. Dans le dos d’Orgos, la masse gigantesque de la Forteresse d’Imar prenait appui sur la paroi. Celle-ci se prolongeait de chaque côté en arc de cercle pour former une muraille rocheuse. Ainsi était l’Enclave de LuneSœur. Au bout de quelques minutes, le jeune homme déboucha à la limite de l’enceinte intérieure de la forteresse. Cette limite était marquée par une simple arche de pierre, Yhlvar, au-dessus du sentier. Aucun mur, aucune barrière ne séparait le domaine de l’Ordre du reste de LuneSœur. Dans la fraicheur de la nuit, Orgos se tint quelques instants sous l’arche de pierre. La construction semblait comme tombée du ciel tant elle paraissait incongrue et isolée dans le paysage environnant. Le symbolisme de la porte spirituelle entre le monde des Communs et celui des Initiés était bien entendu la raison de sa présence en ces lieux. De simple pierre granitique, elle ne comportait aucune inscription, aucun dessin ou aucune sculpture. La pierre nue était le symbole de la force mentale, du discernement, du savoir et de la droiture. Tout ce que devait acquérir un futur Maitre de l’Ordre Imarien… Bonne lecture !
Dernière édition par Niko le Dim 27 Avr 2014 - 21:40, édité 1 fois | |
| | | sombrefeline Héros Légendaire
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| Sujet: Re: Les 5 Talismans [roman] Mar 22 Avr 2014 - 16:19 | |
| Pas grand-chose à dire sur ce passage, la description passe bien et permet de bien se représenter les lieux. Par contre, je pense que tu peux poster des extraits un peu plus longs (3 pages word), parce que là, il est un peu difficile de se faire une idée de l’histoire en lisant une page à la fois.
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| | | Niko Héros Légendaire
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| Sujet: Re: Les 5 Talismans [roman] Mar 22 Avr 2014 - 18:01 | |
| OK. Le truc, c'est que c'est difficile à juger car le format que j'ai choisi est celui d'un bouquin de poche. Alors pour moi ça fait un paquet de pages | |
| | | sombrefeline Héros Légendaire
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| Sujet: Re: Les 5 Talismans [roman] Mar 22 Avr 2014 - 18:52 | |
| C'est la règle qu'on a établi sur le forum : environ 3 pages word standard (soit grosso modo 2 000 mots), comme ça, ça fait un extrait suffisamment conséquent pour valoir un commentaire détaillé, mais sans devenir un pavé non plus. | |
| | | Niko Héros Légendaire
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| Sujet: Re: Les 5 Talismans [roman] Jeu 24 Avr 2014 - 2:30 | |
| Chapitre 4 - partie 3De l’autre côté de l’arche de pierre se découpaient une multitude de formes massives et chaotiques qui déchiraient l’obscurité. Orgos s’engagea sur le vaste espace dénudé qui s’étirait jusqu’à la paroi qui refermait l’enclave. A présent sorti du parc de la Forteresse, le vent venait tourbillonner tout autour de lui le faisant frissonner dans sa légère tunique. Pas après pas, les formes devenaient plus distinctes. Les restes de murs et de poutres surgirent des ténèbres pour les proues de navires fantômes. Les toits calcinés s’étaient écroulés depuis bien longtemps et seuls avaient résisté au temps les structures de pierre. La carcasse de l’ancienne ville qui bordait autrefois le domaine des Imariens s’offrait à présent pleinement à la vue du jeune homme alors qu’il approchait de l’artère centrale. Aucun mur n’avait jamais ceinturait la ville. La proximité de la Forteresse avait donné durant plus de cinq siècles l’illusion d’une parfaite sécurité. Du moins jusqu’à ce que des hordes vomies des neiges du nord ne ravagent l’Ercan. Le cataclysme de feu et de glace avait submergé les Dents du Dragon comme tant d’autres endroits sur le continent. La ville avait été dévastée, sa population massacrée, ses richesses pillées. Avec opiniâtreté, les Imariens avaient bien tenté de protéger LuneSœur, mais avec la plupart des leurs éparpillés à combattre aux côtés des Royaumes de l’Alliance ils n’avaient pu que limiter la catastrophe. Et la ville était morte dans ses cendres... Les herbes folles avaient envahies depuis bien longtemps les pavés de l’artère principale du hameau fantôme. Le mortier des joints s’était effrité depuis bien longtemps sous l’action du vent et de la pluie. Les façades n’avaient d’ailleurs pas été épargnées. Les structures, déjà ébranlées par les violents combats qui avaient balayés l’enclave, étaient à présent fissurées, voir partiellement effondrées. Le torchis volait en poussière, d’énormes ensembles de pierres s’étaient écroulés dans la rue ou vers l’intérieur des bâtiments. Par endroits, des pans entiers de murs avaient même basculés sur les habitations voisines engendrant des zones de chaos indescriptibles. Et au milieu des gravats et de la terre, des poutres de charpente ou de soutien émergeaient, pourries et brisées comme les restes de quelque gigantesque monstre mort là depuis des siècles. Par endroit, pendait encore une enseigne rongée par la rouille. On devinait l’emplacement de différentes corporations qui s’étaient établies dans la ville. Le tanneur, une taverne, des échoppes, des artisans, une maison de tolérance, les officines de guérisseurs ou d’herboristes. Il était difficile d’imaginer qu’une communauté dynamique avait prospéré à cet endroit moins de cinquante ans auparavant. Tout était à présent si gris, si mort. Alors qu’il dépassait plusieurs habitations de brique au toit plat, Orgos aperçu les lueurs d’un feu qui miroitait dans l’obscurité. En tendant l’oreille, il percevait même les voix étouffées dans la nuit. Au milieu de ce qui avait dû être autrefois le hall principal d’une demeure cossue, un groupe d’hommes et de femmes était rassemblé autour d’un vaste brasier. Entre les anciennes colonnes de granit s’empilaient un nombre invraisemblable de caisses, de paniers et de tonneaux. Des râteliers chargés d’armes s’alignaient le long des murs. Dans l’air, la bonne odeur de viande grillée signalait que du lynx était au menu du soir. Des tonneaux de bière et de vin étaient déjà en perce et déjà certains avaient dégainé leur flutes et leur cithares afin d’égayer la soirée. Malgré l’apparent esprit festif, les Gardiens de la Forteresse ne relâchaient pas leur vigilance. Dans la pénombre, les silhouettes des sentinelles se devinaient sur les murs et les terrasses. Quasiment rien n’échappait au regard perçant de ces guerriers habitués à scruter les ténèbres. Depuis l’époque des Grandes Guerres, ces mercenaires protégeaient l’Ordre Imarien de tous les intrus. Seul ou en bande, certains téméraires tentaient leur chance attirés par la somme de connaissances accumulée ou tout simplement par leur valeur marchande. Orgos commençait à s’avancer dans le cercle de lumière lorsqu’une voix s’éleva : −Eh bien, que vois-je céans ? Ne serait-ce pas un futur Maitre ? −J’ c’ois ben qu’si, l’ami, répliqua une autre voix. Contournant la brasée, deux individus s’avancèrent en direction d’Orgos. La lueur du feu faisait briller les plaques de métal qui tapissaient leurs plastron comme s’il s’agissait de statues d’argent. Le premier personnage était plutôt élancé et svelte, le regard hautain et le sourire sarcastique. Sa moustache lissée et ses vêtements flottants lui donnaient un étrange côté aristocratique. Un genre de voyou gentilhomme. Dans son dos était accrochée une grande épée au manche gainé de cuir. Le second individu détonait complètement de son compagnon. Il était plutôt trapu, sa barbe et ses cheveux en bataille lui donnait un air sauvage et bourru. Le marteau de guerre qui pendait dans son dos renforçait le côté guerrier implacable. −Capitaine Argael, Chef-Veilleur Kilghan, salua Orgos. −Pa’lions just’ment d’toi, mon gars, dit Kilghan. Milord, ici présent, m’faisait part d’la nouvelle qu’t’allais b’entôt être nommé Mest’e de c’ton Ordre. −Il parait en effet. Et je constate que les nouvelles vont vite dans le coin. Qui t’as mis au courant ? −Des rumeurs filtrent depuis votre Forteresse, expliqua Argael. Même les commis entendent ce qui s’y passe. −Bref, c’que Milord veut dire, c’est qu’un d’vos gens a mis au courant not’chef qui me mis au c’rant. −C’est exactement ce que j’ai dit ! protesta Argael. −Possible, mais j’l’ai exp’imé ‘vec d’une syntaxe p’us compréhensible et sans d’user du détour. −Encore faudrait-il comprendre un traitre mot intelligible. Ton accent de Nidavellien empêche de saisir le sens de ce que tu racontes. Orgos ne put s’empêcher d’esquisser un sourire amusé tant ce genre d’échange était fréquent entre ces deux-là malgré le respect mutuel que se portaient ces deux grands guerriers. L’éducation sophistiquée d’Argael le faisait bien souvent prendre les autres, et Kilghan en particulier, de haut. Il restait hautain et paternaliste avec les recrues et les cadets. Le jeune Imarien le suspectait d’appartenir à une quelconque famille noble du Dorgoll ou du Latium. À l’inverse, Kilghan était le parfait archétype du guerrier bourru, bagarreur et combattif. Pour lui, il n’y avait aucun doute possible : ses traits, son armure et son accent l’identifiait immédiatement comme originaire du Nidavel. Sa famille, humaine comme tant d’autres venues s’installer là-bas, avait fini par se mélanger avec celles des Nains déjà implantées formant des lignées apparentées aux Humains et aux Nains, mais dissociable des deux espèces. −Est-ce que par hasard il vous reste quelque chose à boire ? demanda Orgos. −Mon gars, y a t’jours quequ’chose à boire dans l’coin pour maint’nir les hommes motivés. −En effet, il semblerait que l’alcool a sur les organismes de certains un effet stimulateur et bravache. Mais n’arrange en rien l’haleine, j’en ai peur. −Co’que tu peux l’marquer, ironisa Kilghan sarcastique, Milord a t’jours quequ’problèmes ave’ les p’tits plaisirs d’ce monde. −Pour ma part, répliqua Orgos, une simple chopine me suffira amplement. J’ai besoin de réfléchir. Ses deux interlocuteurs échangèrent un regard lourd de sens interrogatif avant de lui faire signe de les suivre. | |
| | | sombrefeline Héros Légendaire
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| Sujet: Re: Les 5 Talismans [roman] Jeu 24 Avr 2014 - 12:16 | |
| - Citation :
- Les restes de murs et de poutres surgirent des ténèbres pour les proues de navires fantômes.
Je ne suis pas sûre de comprendre le sens de la phrase. - Citation :
- Aucun mur n’avait jamais ceinturait la ville
Ceinturé - Citation :
- par les violents combats qui avaient balayés l’enclave
balayé - Citation :
- Orgos aperçu les lueurs d’un feu
Aperçut - Citation :
- not’chef qui me mis au c’rant.
me mit - Citation :
- ce genre d’échange était fréquent entre ces deux-là
deux là ; J’ai eu un peu de mal à accrocher au début de ce passage, j’étais totalement perdue et j’ai dû relire la fin de l’autre passage pour me rappeler de quoi il retournait (mais je pense que ma confusion est due au fait que j’ai lu ce texte morceau par morceau). La description au début est pas mal et donne quelques infos sur l’histoire, même si je dois avouer que je suis toujours paumée avec les noms. Entre les noms de races, de royaumes… j’ai du mal à m’y repérer, mais là aussi, le fait que je lise morceau par morceau au lieu de tout d’une traite ne doit pas aider. Autrement, l’ambiance de « feu de camp » entre soldat est bien rendue, tu arrives bien à camper tes personnages (même si les dialogues de l’un sont presque illisibles). Rien d’autre à dire sur ce passage. | |
| | | Niko Héros Légendaire
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| Sujet: Re: Les 5 Talismans [roman] Jeu 24 Avr 2014 - 17:40 | |
| - sombrefeline a écrit:
-
- Citation :
- Les restes de murs et de poutres surgirent des ténèbres pour les proues de navires fantômes.
Je ne suis pas sûre de comprendre le sens de la phrase. Oui, il y a une erreur : Les restes de murs et de poutres surgirent des ténèbres comme les proues de navires fantômes. | |
| | | sombrefeline Héros Légendaire
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| Sujet: Commentaires - Les 5 talismans Jeu 24 Avr 2014 - 18:07 | |
| oui, c'est plus clair comme ça | |
| | | Niko Héros Légendaire
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| Sujet: Re: Les 5 Talismans [roman] Lun 28 Avr 2014 - 21:34 | |
| Chapitre 4 - partie 4Les trois hommes s’éloignèrent de la flambée afin de s’installer autour de longues tables en bois où s’alignaient plats et cruches. Bien qu’étant encore des mercenaires au service de l’Ordre Imarien, l’organisation des Gardiens avait fini par prendre définitivement ses quartiers aux abords de la Forteresse. Avec le temps, ses membres avaient commencé à investir et à aménager les anciennes ruines du village pour en faire un camp paramilitaire. A l’écart de l’agitation, Orgos prit place sur un banc avec Argael à sa gauche. Kilghan attrapa une cruche de vin, s’en servit une rasade et en proposa du regard aux deux autres. Refus poli d’Argael, alors qu’Orgos se saisit d’un gobelin afin de se faire servir. −Alors, demanda Argael, qu’est-ce qui te préoccupe ? −Que savez-vous des dernières nouvelles du Garthay et du Dorgoll ? −D’ bien ét’anges rumeurs circulent ces d’niers temps, répondit Kilghan. Parait qu’d’étranges choses s’y passent. −On parle beaucoup d’Oksval, ajouta Argael. Mais c’est les histoires en provenance des Terres Glacés qui interpellent le plus. Les rumeurs parlent de villages fantômes et de disparitions subites. Il y a quelque chose de vrai dans tout cela ? −J’en ai bien peur, confirma Orgos. D’après ce que j’en sais, des villages sont retrouvés vidés de leurs habitants sans aucune raison apparente. −Des marchands d’esclaves ? −Je ne pense pas, grimaça l’Imarien en se massant derrière l’oreille droite. En règle générale, ce genre d’individus se sert dans les possessions de leurs victimes. Alors que là, rien. Pas d’effraction, pas d’exécution pour l’exemple. −Tu ne songes comme même pas à des pillards ? −Plutôt à des soldats en fait, répliqua Orgos. −C’est impensable, voyons ! s’écria le capitaine des Gardiens. Insinuerais-tu qu’une armée opère actuellement dans l’Hyperborée ? −Je sais, c’est dur à croire. Et pourtant, c’est la seule hypothèse pouvant expliquer des attaques aussi précises en si peu de temps. −Mais, p’quoi ? intervint Kilghan. Et p’is plus important, qui s’rait assez con pou’ faire ça ? −C’est la question que je me pose depuis quelques jours, mon ami, soupira Orgos. A ce moment, une sentinelle accouru dans le cercle de lumière. Il s’arrêta devant la table, apparemment à bout de souffle. −Excusez-moi, chef. Mais je crois que vous devriez venir. Les guetteurs ont repéré des formes étranges à la limite du périmètre. Kilghan jeta un regard furibond à la sentinelle, puis à Argael, avant de se lever en grommelant. D’une démarche nonchalante, il s’éloigna derrière son subalterne. −Kilghan aurait-il un problème ? questionna Orgos. −Probablement avec le fait de devoir déplacer sa grosse carcasse, ironisa le capitaine des Gardiens Le connaissant, il devait se réjouir à l’idée de vider quelques chopines. −Quel rapport avec toi ? −Après avoir été élu capitaine, j’ai instauré la règle que le Chef-Veilleur devait coordonner les patrouilles interceptant les intrus. −Je comprends qu’il t’en veuille un peu… −Il grogne par principe, mais il connait notre tâche et ce qui est nécessaire pour l’accomplir. Mais sa nature le pousse à râler lorsque l’appel de la bière lui est soustrait. −Et tu n’as pas peur qu’il ne néglige sa mission ? −Et pourquoi cela ? s’étonna Argael. Il sait ce qu’il convient de faire. Et ce n’est pas quelques têtes brûlées qui se croient plus doués que leurs prédécesseurs qui vont l’importuner. Je m’attends presque à la revoir dans quelques minutes en trainant les pieds avec le même air nonchalant qu’il avait en nous quittant. −Ne prendrais-tu pas tout cela comme un jeu ? −Mon cher Orgos, si tu avais passé quelques nuits de veille avec nous, tu saurais que les seuls intrus sont les lynx de montagne et les blancs-becs du Nidavel. −Evidemment, vu comme ça, sourit Orgos en portant son gobelet de vin à ses lèvres. De nouveau, la pulsation revint lanciner l’Imarien derrière son oreille droite. Un battement sourd comme du sang martelant ses tempes. −Mal au crâne ? s’enquit Argael. −En quelque sorte. J’ai une étrange sensation depuis ce soir qui ne veut pas s’en aller. Ce n’est pas douloureux, juste… Désagréable. −Une sensation comme un battement ? −C’est exact. Le ressens-tu aussi ? −Moi non, mais deux de mes hommes m’ont reporté la même chose. Je pensais que ce n’était que la fatigue. −Voilà qui est étrange, songea Orgos. Puis-je leur parler ? −Tu auras du mal. Ils sont prostrés sur leurs couchettes et réagissent à peine. Avant que tu arrives, je songeais à attendre le matin et envoyer chercher quelqu’un à la Forteresse. Au même instant, une grande agitation éclata du côté du feu de joie. Des cris résonnaient, des bottes claquaient contre le dallage, et des clameurs s’élevaient dans la nuit. Argael et Orgos jaillirent de leurs sièges et se précipitèrent vers le hall de rassemblement des Gardien. Le vaste espace était en proie à une frénésie inquiétante. D’un simple coup d’œil, l’Imarien repéra la masse près du feu. Le corps d’un homme, un maraudeur, était allongé sur le dos, le visage marqué et suant, du sang coulait de sa tempe et ses vêtements portaient des traces de lacérations. Ses membres étaient agités de tremblements et il hoquetait des mots sporadiques. −Qui est cet homme ? hurla Argael pour couvrir l’agitation. Que s’est-il passé ? −A priori, un des intrus, Cap’taine, répondit un homme à proximité. Il semble avoir été attaqué. −Ce n’est comme même pas Kilghan qui l’a mis dans cet état ? s’étonna le capitaine. −J’en doute fortement. Je dirais plutôt qu’il est tombé sur un lynx en train de chasser. Le type n’a aucune parole cohérente, alors on ne sait pas trop ce qui lui est arrivé −Vous permettez ? intervint Orgos. L’Imarien enserra le front de l’homme de sa main droite. Aussitôt, un flux de sensations et de bruits le submergea comme une grande vague −L’esprit de cet homme a été fracassé. Surement par la terreur à laquelle se sont mêlées une rage et une soif de sang insatiables. Un rugissement semble le hanter. −C’est donc bien une bête. −Et une enragé, oui ! réagit Argael. Kilghan et ses hommes doivent être sortis du périmètre. Il faut les prévenir du danger ! −On s’en occupe, Cap’taine. Le souci c’est qu’entre nous et eux se trouve notre prédateur. Et il doit déjà avoir repéré le groupe du Chef. −Alors, bougez-vous le cul ! ordonna Argael. Chaque seconde est vitale. Et prenez garde à vos propres fesses. Des Gardiens avaient déjà plongés dans les ténèbres. Orgos releva les yeux vers le capitaine. −Les capacités de Kilghan et de ses hommes vont être mises à rude épreuves. −Ils sont formés pour ça. Les Gardiens s’entrainent pour ce genre de situation. −Mais tu réalises comme même qu’ils n’ont aucune idée de ce qui va leur tomber dessus ? demanda l’Imarien. −Je sais, soupira Argael. Sans compter que notre prédateur peut ne pas être seul. Mais Kilghan est un dur à cuire, aussi retord qu’un serpent et aussi rusé qu’un renard. −J’ai comme même une vilaine sensation à propos de ce qui hante l'esprit de notre ami. Fin du chapitre 4 | |
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