Atelier d'écriture Communauté d'écrivains en herbe |
| | Exercice d'écriture hebdomadaire | |
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Invité Invité
| Sujet: Exercice d'écriture hebdomadaire Mar 26 Aoû 2014 - 10:50 | |
| Cette semaine, je suis tombée sur un article parlant des exercices d'écriture de John Gardner. Ce monsieur est un américain qui, si j'ai bien compris, a longtemps donné des cours de creative writing, et a même été un pionner en la matière. En lisant la traduction qui suivait des trente exercices qu'il propose, il m'est venue une idée : Nous sommes sur un forum d'entraide en écrivains, la plupart encore amateurs, qui se nomme Atelier d'écriture. Atelier d'écriture, à la base, fait référence à ces cours de creative writing qui ont lieu le plus souvent à fréquence hebdomadaire. Alors pourquoi ne pas essayer de relever ici le défi de faire un de ces exercices chaque semaine? Chaque lundi ou mardi, je posterai un des exercices, et à vous de l'appliquer. Pour cela plusieurs options : vous pouvez rendre votre copie ici, directement à la suite de ce sujet, tant que ça se résume à quelques paragraphes, ou bien vous pouvez être plus ambitieux, surpasser la consigne et poster un texte, peut-être une nouvelle même, dans les galeries. Il pourrait également être intéressant de profiter des séances skype du vendredi soir pour discuter de ces exercices et lire quelques productions.Je ne sais pas si je suis trop ambitieuse en proposant cela, mais j'avais le sentiment qu'il fallait tenter, et que ça pourrait intéresser ne serait-ce qu'une ou deux personnes, ça serait déjà quelque chose.Sans prétentions aucune, voici donc le premier exercice de la liste, et voyons comment les choses se goupilleront!1 Écrivez le paragraphe qui apparaîtra dans le corps d’une fiction juste avant la découverte d’un corps. Vous pourriez peut-être décrire le personnage approchant du corps qu’il va trouver, ou le lieu, ou les deux. Le but de l’exercice est de développer les techniques qui à la fois attirent le lecteur vers le paragraphe qui va suivre, éveillant son désir de poursuivre, et le retenant sur ce paragraphe par son propre intérêt. Sans l’habileté d’écrire de tels paragraphes à valeur de prologue, on ne peut jamais développer un vrai suspense.___________________________________________________________________________________________________________________________ Et pour rendre à César ce qui est à César, voici ma source : http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4011 |
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| Sujet: Re: Exercice d'écriture hebdomadaire Jeu 28 Aoû 2014 - 0:35 | |
| Eh bien, je vais essayer...
Ma mère a toujours dit que les portes, celles qui séparent l’intérieur de l’extérieur, devraient rester fermées, tout le temps. Si on sort de la maison, on n’oublie jamais de fermer la porte à clé. Toujours close, jamais ouverte de façon indécente dévoilant son intimité. Bon, il se trouve que Clara ne suit absolument pas les consignes de maman. La lumière est allumée et son antre se dévoile complètement. C’est la bouche affamée d’une plante carnivore attendant le passage du moucheron. Il fait nuit, et l’univers entier semble vouloir m’écraser. Je suis un peu excité. J’avance doucement, à pas feutrés, comme un animal sauvage. Je prends l’escalier, je jette un œil sur les côtés puis je pose enfin mon pied à l’intérieur. Et ça y est. C’est le souffle d’une explosion sensorielle, je suis entré dans un espace complètement différent, étranger, peut être hostile. Je perçois l'espace autour de moi avec une précision extrême.Mon cœur bat à tout rompre et envoi le sang à une vitesse folle dans tout mon corps. C’est le tambour de guerre, le gigantesque tam-tam préventif qui rythme chacun des pas. Visuellement, on a l’impression que l’air devient plus épais, il est recouvert d’une nappe de tensions, d’un voile d’humidité. Les os craquent, notre nuque se bloque, il y a aussi cette petite raideur dans notre dos, cette pression légère celle qui nous lie à notre sortie de secours, notre petit nid douillet, la forêt protectrice. Il y a une sorte de fil accroché à mon dos qui est relié directement à l’extérieur, ainsi, au moindre signe de danger, je me tire. Je me tire tellement vite que même les meilleurs sprinters du monde ne pourrait pas me rattraper, je serais un putain de guépard tracté par une formule un. Je continu à avancer jusqu’à sentir une odeur de fromage pourrie. Je jette un œil dans la cuisine et je vois une mare de sang. Explosion dans mon crâne. Perte momentanée d’équilibre. Fissure d’effroi. Une voix intérieure hurle à plein poumons.
Dernière édition par Pelemite Molax le Jeu 28 Aoû 2014 - 11:08, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Exercice d'écriture hebdomadaire Jeu 28 Aoû 2014 - 2:30 | |
| Je me lance ! Les derniers rayons du soleil filtraient à travers la petite fenêtre de ma chambre, ou plutôt, de ma geôle. Je me perdis un instant dans la contemplation du ciel chargé de nuages de dentelle, puis me résignai à contre cœur à interrompre mon après-midi de flânerie ; je savais que j'étais attendue. Il m'attendait. Quelle n'avait pas été ma surprise lorsque m'était parvenu il y a quelques minutes ce petit morceau de parchemin où il était simplement écrit : Retrouvez-moi dans le salon, immédiatement. Depuis cet instant, l'horreur habitait mon cœur, ainsi qu'une once d'espoir : je ne pouvais m'empêcher de me demander si ce rendez-vous avec mon geôlier signifiait ma libération. Je me levai du tas de couvertures qui me servait de lit - mes jambes tremblaient - et fis quelques pas hésitants vers la porte. Le gardien, apercevant mon mouvement à travers la petite fenêtre taillée à même le bois, s'empressa de l'ouvrir. Mes yeux s'écarquillèrent : c'était la première fois qu'il m'était offert de sortir de ma cellule depuis mon arrivée, des semaines plus tôt - soit une éternité à mes yeux. Je m'engageai ainsi dans les couloirs du château, l'appréhension et la tension croissant en moi à chaque pas. Enfin, j'arrivai dans une pièce majestueuse, mais je n'eus pas le loisir d'en observer les détails ; mon regard fut immédiatement attiré par des taches écarlates disparaissant derrière le canapé sur le mur du fond. Mon cœur se mit à battre la chamade tandis que mes yeux se posaient sur l'individu méprisable qui me faisait face, nonchalamment installé, les jambes croisées et les mains derrière la nuque, un léger sourire au visage. - Approchez, murmura-t-il de sa voie doucereuse. J'ai... une surprise pour vous. J'ignore avec quelle force mes pieds me guidèrent alors vers lui. Mon corps entier était secoué de frissons incontrôlables ; je savais que je n'allais pas tarder à sombrer dans l'inconscience. - Quelqu'un est venu pour vous, tout à l'heure, m'apprit-il sur le ton de la conversation. Quel idiot ! (Il laissa échapper un petit ricanement.) Comment ce vieillard a-t-il pu croire un seul instant qu'il en ressortirait vivant, et avec vous de surcroît ? Ridicule ! Enfin ; tel père, telle fille ! J'étais maintenant à sa portée ; il m'attrapa le poignet et m'attira à lui. J'avais l'impression de flotter : la scène qui se déroulait devant mes yeux me semblait irréelle, comme si j'étais dans un rêve ; ou plutôt, un cauchemar. Je fermai les yeux, espérant que lorsque je les rouvrirais, je me trouverais dans mon lit, chez moi, à des lieues d'ici. - Allons, approchez, ne soyez pas timide ! m'enjoignit-il. Ouvrez les yeux ! Il me gifla et je lui obéis sous le coup de la surprise. Mon regard glissa derrière le canapé... |
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| Sujet: Re: Exercice d'écriture hebdomadaire Mar 2 Sep 2014 - 8:13 | |
| Bravo à vous deux, je trouve que vous avez très bien relevé le défi!Les autres, n'hésitez pas à vous joindre à nous cette semaine.Voici donc le deuxième exercice :2 Prenez un événement très simple : un homme descend d’un bus, trébuche, regarde autour de lui avec embarras, et découvre qu’une fille sourit. (Voir Raymond Queneau, Exercices de style) Décrire l’événement, en utilisant les mêmes personnages et les mêmes éléments de mise en place, de cinq différentes manières (changement de style, de ton, de structure des phrases, de voix, de distance psychique, etc). Faites en sorte que les styles soient radicalement différents, sinon l’exercice est gâché.___________________________________________________________________________ |
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| Sujet: Re: Exercice d'écriture hebdomadaire Lun 15 Sep 2014 - 9:25 | |
| Hem, j'aurais bien voulu qu'il y ait au moins une participation avant de poster l'exercice suivant. Personne n'est motivé? Vous n'êtes pas obligé d'avoir posté le premier pour poster le deuxième.
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| Sujet: Re: Exercice d'écriture hebdomadaire Lun 15 Sep 2014 - 18:59 | |
| Il me manque encore la cinquième version. J'en ai que quatre... |
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| Sujet: Re: Exercice d'écriture hebdomadaire Lun 15 Sep 2014 - 19:54 | |
| Voila mes propositions. Parfois je n'étais pas sûr d'avoir exploité la situation comme il était demandé enfin bon... - Texte 1:
Ne loupez jamais la marche. Jamais.
Vous finirez par vous retrouvez dans une situation embarrassante. C’est la perte totale de crédibilité. Lorsque quelqu’un trébuche, que pense inconsciemment la plupart des gens ? Ils pensent que vous avez peu de confiance en vous, que vous marchez de manière précipité, cette agitation provoque des mouvements non maitrisés et maladroits. Vous perdez votre crédibilité. Complètement. Les gens vous ont déjà classé dans une catégorie, placer dans le dossier et ranger dans le tiroir. Vous allez mettre un certains temps avant qu’ils ne décident de changer le contenu de ce fameux dossier. L’univers social est une jungle, l’apparence et le comportement à l’égard de nos congénères c’est important. On ne veut pas se retrouver dans des situations délicates.
Je viens de me vautrer comme un sac à patate devant une nana. Et vous savez quoi ? Elle me sourit ! Ce petit sourire pincé se voulant compatissant qui dit « Oups ! C’est gênant ». Imaginez un peu la tronche que je tire à présent. Tous les passagers ont vu la scène et j’étais le premier à sortir. Et ça y va hein, ça rigole, ça s’exclame ! Les plus philanthrope et compréhensifs sont venus m’aider à me relever. Cette situation gênante vient de constituer leur histoire, l’évènement de la journée qu’ils vont s’empresser de partager et de de raconter à leur entourage. C’est ce que j’appelle une situation qui craint un max. Gardez votre sang-froid et prenez le temps de sortir hors du bus. Peu importe si ça fait chier les passagers arrière, vous devez rester maitre de vous-même. Sinon vous finirez comme moi dans une situation embarrassante.
Ne louper jamais la petite marche.
- Texte 2:
Michel n’avait pas dormit correctement depuis trois jours, ses yeux pochés témoignaient de sa fatigue abyssale, cela faisait trois jours que son voisin de chambre se réveillait en sursaut en pleine nuit. Il criait de sa petite voix de crécelle qu’une araignée allait le dévorer vivant, qu’il pouvait sentir son haleine alcoolisé juste au dessus de sa tête. Il rajoutait qu’elle portait un chapeau noir. Comme si ça avait une quelconque putain d’importance à trois heures du matin. Michel et ses collègues se levaient pour aller s’assoir près de lui et essayer de le réconforter. Ils lui apportaient un verre d’eau, lui prenaient la main, on aurait dit des collégiennes. Ca va aller Franck. Tout va bien se passer. Il n’y a pas d’araignée dans cette chambre. Et encore moins avec un chapeau. Pourquoi tous ces problèmes devaient arriver les derniers jours du voyage scolaire ? Michel sentait qu’il en avait encore pour longtemps. Il avait tiré la courte paille et c’était lui qui devait accompagner Franck à l’hôpital. Quand tout le monde est descendu du bus pour rentrer au bercail, il a fallut qu’il y est la cerise sur le gâteau, la crème sur la biscotte, Franck s’était pitoyablement viandé au pied d’une fillette en descendant du bus. Une fracture au bras. Et dire que c’était une si belle journée…
- Texte 3:
La nuit, l’Homme et la machine avançaient tranquillement vers un objectif commun. Les cliquetis mécaniques constituaient une bonne part de l’ambiance sonore du bus. C’était l’intérieur d’un monstre en métal où régnait une musique fonctionnel ; c’était l’orchestre d’une bête dénuée de chair et de sang mais dont les boyaux sont habité d’une singulière existence. Tout est propre, lisse, impeccable, aucune odeur n’est perceptible, c’est comme voyager à l’intérieur d’un fantôme ; coupé du temps et de l’espace ; un souvenir oublié. L’objet animé qui n’existe déjà plus.
Des files infinis de lampadaires étaient placé de chaque côté de la route et leur lumière brûlante se retrouvait affiché de manière saccadé sur le plancher et les sièges du bus ; c’était le rythme du voyage. Ces éclats contrastaient avec l’intérieur bleu cobalt, la couleur de la nuit et l’aspect des ombres. Les monochromes bleus azurins sortant des fenêtres changeaient de tonalité à chaque secondes. Et en plein milieu de cet espace se trouvait l’homme à l’imperméable gris et aux lunettes à montures dorés. Il était debout, face au spectacle visuel qui s’offrait à lui ; complètement perdu dans une étrange méditation.
Enfin, la course folle s’arrêta, le moteur ronronnait doucement puis les portes s’ouvraient dans un mouvement lent et délicat. Elles invitaient le passager à sortir. Après quelques secondes, l’homme se décrocha de sa contemplation puis se dirigea mécaniquement vers la sortie. Les portes se refermèrent d’un coup et accrochèrent sa chaussure ; l’homme vacilla; tomba sèchement sur le sol; il regarda autour de lui avec méfiance. En relevant sa tête, il vit quelque chose qui l’effraya plus que tout au monde, c’était l’image de sa petite fille qui souriait. Le sourire ingénu, le regard plein de vie, les pommettes roses qui s’évanouissent dans l’obscurité ambiante. L’homme resta à terre plusieurs secondes, plusieurs minutes, avant de se relever.
- Texte 4:
Ils tombent tous en sortant du bus. Personne ne fait attention à eux. Moi ça va faire la dixième fois aujourd’hui que je m’écroule sur le sol. C’est la dixième fois que je me détruis les coudes, que la paume de mes mains saigne, que je m’écorche les genoux. Personne ne viendra me tirer de là. Je suis en phase totale avec ma destruction corporelle. Je ne suis pas seul. A l’intérieur du bus, les passagers s’écrasent le nez contre les barres d’appuis, ils se rentrent dedans lorsque le bus fait des arrêts brutaux. Bien sûr, cela ne s’arrête pas aux transports en commun, cela s’étend bien plus loin. Dans la rue, les gens se mangent des murs, des poteaux, des lampadaires, et toujours avec cette même énergie, cette même fureur qui les habites. La destruction corporelle les anime, c’est le plaisir simple de sentir la douleur et la dégradation. Je me relève toujours sonné, je regarde aux alentours et je vois devant moi une jeune fille avec un petit rictus. Elle a des bleus sur le visage, des lèvres enflées, la peau des bras pleines de croûtes. Je lui rends un sourire jovial qui dévoile l’absence de nombreuses dents puis je reprends ma route en faisant bien attention à ne pas louper le lampadaire. Ils tombent tous en sortant du bus et personne ne fait attention à eux.
- Texte 5:
Je n’ai pas beaucoup réfléchi en descendant du bus, j’étais dans ma bulle, dans un espace personnel. Mes pensées tournaient, tournaient encore et encore. Elles m’empêchaient de voir le monde autour de moi.
« Toute activité nécessite un minimum de concentration. Si on n’est pas capable de se concentrer alors on ne peut pas faire grand-chose. »
Je trébuche sur un obstacle. Je chute.
« Aujourd’hui notre cerveau ressent le besoin d’être stimulé en permanence, ce qui a pour conséquence la réduction de notre concentration. »
A ce moment-là, je ne réfléchis plus. Mes réflexes s’activent et me sauvent la mise. Mes mains s’éclatent contre le sol mouillé, glissent un peu, et s’écorchent.
« Si tu ne peux pas te concentrer alors tu ne peux plus penser par toi-même. Tu te fuis. »
J’ai chaud. Je sens que mon visage devient rouge face à cette situation embarrassante. Sans aucune raison, je pense aux paroles de mon père. Sans aucune raison, je pense à sa chemise à fleurs, à son short kaki. Sans aucune raison, je me souviens de son odeur, de ses grosses mains éraflées, de sa voix rauque.
« Lorsque tu t’ennuies, tu te retrouves avec toi-même. Et c’est désagréable. Ne t’inquiète pas. Tout va bien, c’est le début de ton traitement. »
Je me relève rapidement avec toute la force de mes maigres jambes. Je me retrouve nez à nez avec une demoiselle aux cheveux châtain, le sourire aux lèvres, les bras écartés. Je me souviens de la dernière fois que j’ai pris ma sœur dans mes bras. C’était il y a des lustres. Maintenant mes yeux sont ouverts.
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| Sujet: Re: Exercice d'écriture hebdomadaire Mer 17 Sep 2014 - 9:00 | |
| Allez, je me lance. Je poste les deux exercices du coup. Pour le premier j'ai peur d'avoir fait plus qu'un paragraphe, et je trouve que c'est pas terrible terrible. Pour le deuxième, je crois que je suis tombée un peu dans le même travers, changeant beaucoup de point de vue et pas toujours beaucoup de style. Dites-moi ce que vous en pensez : - Exercice 1:
Je frissonne en passant la porte. C'est étrange, Granns ne laisse jamais les fenêtres ouvertes d'habitude, elle a horreur des courants d'air. Et que signifie cet appel manqué en plein milieu de la journée? Elle connaît mes horaires par cœur, elle sait que je passe toujours la voir le soir avant de rentrer chez moi. Qu'avait-elle à me dire qui ne pouvais attendre? Et si c'était vraiment si urgent, pourquoi ne pas avoir laissé un message?
« Granns, je suis là ! »
J'entends le chat miauler depuis la cuisine. J'attends qu'il vienne se frotter à mes jambes comme chaque fois qu'il m'entend arriver le soir, mais au lieu de ça il miaule une deuxième fois, visiblement du même endroit.
« Eh bien, personne n'est content de me voir aujourd'hui ? » m'exclamai-je sur un ton que je voulais léger.
J'enlève ma veste et mes chaussures pour ne pas salir le parquet que Granns prend la peine de cirer presque tous les jours et me dirige vers la cuisine. Pour son âge, Granns a gardé une très bonne audition, cela m'étonne qu'elle ne m'ait pas entendu. Peut-être est-elle concentrée sur quelque délicieuse recette de gâteau. J'en salive en repensant à son marbré au chocolat. J'espère simplement qu'elle ne perd pas la tête. Que ferais-je si en entrant dans sa cuisine un jour, elle ne me reconnaît pas ?
Mais ce que je trouvai en arrivant dans la pièce emporta bien loin toutes ces considérations.
- SMS:
« Suis dans le bus, serais sûrement en retard. Tu m'attends à la machine à café? » Le roulis de la machine le force à se retenir aux barres de maintient, il peine à écrire à une seule main sur son énorme smartphone. « RE : premier jour, dois pas faire attendre les élèves sinon fichée pour l'année. Désolée. » Le véhicule donne un coup de patin, tous les passagers font un bond en avant. « Arrivé, je me dépêche. » « RE : La cloche a déjà sonné. » Il attrape sa mallette dans la cohue générale, tente de ranger son smartphone sans le faire tomber, se fait bousculer. « Bordel ! Ces jeunes, aucun respect ! Je vais devoir faire cours en costume crado, je me suis étalé en sortant du bus. » « RE : tu vas en baver. Cette année c'est des teignes. » « Super, merci. Pas un pour m'aider quand je suis tombé. Il y en a même une qui se marrait. » Tout en continuant de pianoter sur son gadget, il se met à courir pour sortir de la gare routière.
- Diary:
Cher journal, Ma liseuse n'a plus de batterie, heureusement que j'ai pensé à t'emmener pour combler tous les temps d'attente de la journée. Là je suis dans la salle de classe, j'attends que le prof' arrive. Pourtant je n'étais pas en avance... Tout à l'heure, quand ma liseuse a lâché, après avoir pesté contre elle intérieurement je me suis mise à regarder les gens. De toute façon nous étions presque arrivés. Tu sais qui j'ai reconnu dans la foule ? Monsieur X., le professeur de géographie. Toujours en train de jouer avec son téléphone, je suis sûre qu'il ne connaît pas la moitié de ses fonctionnalités ! Il fallait le voir, avec ses habits démodés, sa vieille mallette de cuir et son smartphone deux fois trop grand pour lui. Je n'ai jamais aimé Monsieur X. Il est toujours ailleurs, mais pas dans le genre rêveur. Moi j'aime bien les rêveurs. Non, lui il ne fait simplement pas attention à ce qui l'entoure. D'ailleurs, en sortant du bus, il a trébuché sur ses propres pieds et s'est étalé de tout son long. Personne n'est allé le voir pour l'aider. Je trouve ça un peu triste. Moi je ne pouvais pas, je suis trop petite, et puis je ne suis qu'une élève, je serais passée pour quoi ? Mais certains souriaient, et ça c'est un manque de respect je trouve. En tout cas en se relevant il avait l'air furieux, je plains les élèves qui l'auront en première heure.
- Poétique:
Prisonnier, esclave de la technologie, Aveugle à ce qui l'entoure, Sourd au roulis du monde mécanique, L'homme dans le bus, avec son costume gris, Symbole de son temps à la main, Communique avec ses semblables.
Il semble être mon exact opposé, Est-ce moi, qui suis décalé ? Alors que l'Homme trébuche et tombe Comme un malvoyant, Je m'estime supérieur, En accord avec le monde, En accord avec mon corps.
Mais c'est alors que je surprend Un regard, un sourire compatissant. Est-ce à cet homme ridiculement moderne Qu'elle adresse ce sourire si tendre ?
Il me semble soudain que je suis bien seul, Je songe à me procurer un gadget ; Serais-je alors à même de communiquer Mieux qu'un singe qui trébuche ?
- Épique:
Alors que nous attendons tous, sur le pied de guerre, un grondement retentit au loin. Une masse sombre s'approche de nous. Les troupes se resserrent, trépignent d'impatience tandis que l'appareil se rapproche en vrombissant. Lorsqu'il est sur nous, la bataille s'engage. L'ennemi surgit de ses entrailles en flots ininterrompus tandis que nous tentons tant bien que mal de pénétrer la bête. Les femmes et les enfants hurlent leur désarroi tandis que nous prenons d'assaut le véhicule. Une fois en place, je me met en garde pour tenir ma position. J'aperçois déjà des blessés dans le camp adverse. Un homme est à terre, à l'endroit où je me trouvais quelques instants auparavant. Dans le chaos de la bataille, je distingue également une silhouette immobile. Une jeune femme qui sourit. Est-ce l'ange de la mort venu emporter le malheureux ? L'appareil se remet en mouvement, emportant le reste des troupes vers de nouvelles conquêtes.
- Romance:
Je l'ai revu aujourd'hui. J'en ai le cœur qui bat follement chaque fois que j'y repense, les mains qui tremble, les jambes molles. Je suis sûre que cette fois il m'a remarqué, mais j'ai peur de ce qu'il a pu penser. J'étais tellement absorbée dans ma contemplation que je n'ai pas réagi lorsque je l'ai vu tomber. J'aurais dû voler à son secours ! J'aurais pu me rapprocher de lui, le toucher, m'assurer qu'il allait bien... Mais je suis restée paralysée, incapable de penser. C'est comme si mon cerveau cessait de fonctionner dès que je l'apercevais, que mon corps ne répondait plus que pour m'envoyer des signaux contradictoires. Lorsqu'il s'est relevé, son regard a croisé le mien, et je n'ai pas pu m'empêcher de sourire. Et puis il est parti précipitamment, disparaissant une fois de plus de ma vie. Quand le reverrais-je ? Prend-il tout les matins ce même bus ? Peut-être reviendrais-je demain...
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Exercice d'écriture hebdomadaire Mer 17 Sep 2014 - 10:57 | |
| Bonjour,
J'aime bien les deux derniers. Quel rapport avec le premier extrait ? |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Exercice d'écriture hebdomadaire Mer 17 Sep 2014 - 13:17 | |
| Le premier c'était juste ma participation à l'exercice de la semaine précédente ^^ |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Exercice d'écriture hebdomadaire Mer 17 Sep 2014 - 15:39 | |
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Exercice d'écriture hebdomadaire Jeu 18 Sep 2014 - 13:45 | |
| Bonjour, Je n’ai jamais écrit et n’ai aucune prétention quant à la qualité de mon écriture. J’ai toujours voulu essayer, donc je me lance. Pour l’exercice 2, qu’est-ce que un style ? Voici, en attendant, ma participation à l’exercice 1 : - Ex 1:
Dans une cuisine exigüe éclairée par la lumière diffuse d’une bougie, Marie épluchait des patates. Il s’agissait là, d’une de ses corvées favorites : tout en rêvassant, elle laissait s’envoler ses moindres préoccupations et profitait, enfin, du répit que lui offrait le silence. Malheureusement, cette accalmie tant désirée fut promptement écourtée par un bruit tonitruant qu’elle sembla reconnaître ; sa raideur inaccoutumée et son regard terrifié ne mentaient pas : un coup de feu venait de retentir. À ce cahot succéda un silence assourdissant. Figée par la peur, incapable de contrôler la moindre de ses pensées, l’angoisse l’envahissait. Elle voulait crier, appeler à l’aide, mais les mots lui restaient, à son grand désarroi, en travers de la gorge. Après plusieurs minutes à s’efforcer d’éviter de concevoir le pire par peur que celui-ci se réalise, elle se résolut enfin à se mouvoir. Un chandelier à la main, elle entreprit de se rendre vers la scène probable du malheur qu’elle n’avait cessé d’imaginer. Son cœur battant à tout rompre, elle commença à monter l’escalier. La réussite de cette entreprise dépendant d’un dantesque combat de l’esprit ; chaque marche montée fut une authentique prouesse. La douce lumière que lui procurait précédemment la bougie rajoutait inévitablement à l’effet dramatique de la situation. Après un temps qui lui sembla interminable, elle arriva en haut de l’escalier. Au bout du couloir, une lumière transpirait à travers l’interstice laissé par une porte. Marie rassembla son courage et prit une profonde inspiration ; elle ouvrit la porte.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Exercice d'écriture hebdomadaire Ven 19 Sep 2014 - 10:14 | |
| Et moi, je me lance pour l'exercice n°1 --- Étrange. C'est tout un frisson qui parcoure mon corps tendu. C'est tout un espoir qui gonfle mon cœur. C'est tout un flot de sentiments qui déferle en moi en un tumulte incontrôlable. Cette petit excitation mêlée à la peur, cette joie mêlée à l’inquiétude. Je l'avais vue ce matin, dans sa longue robe vermeille, ses cheveux noirs rejetés en arrière pour laisser voir son fin visage ou brillaient deux yeux émeraude. Elle était magnifique. Elle s'était approchée de moi, avait parlé, ri, sourit avec moi, puis elle m'avait tendu ce petit billet que je tiens entre mes doigt : « viens me voir ». Et maintenant je suis comme un idiot, à hésiter depuis un quart d'heure devant sa porte, je n'ose la prévenir de ma présence, j'ai envie de fuir ce lieux, cette sensation désagréable qui resserre mon cœur, mais je reste. Enfin, je prends mon courage à deux mains et je frappe. Pas de réponse. Elle m'avait dit qu'elle serait peut être encore dans son bain lorsque j'arriverais, et elle m'avait dit que je pouvais entrer et l'attendre dans le salon, que de petits gâteaux étaient posés sur la table basse, devant le canapé. J'entre. Et là, je la vois : Sa robe vermeille qui aurait été blanche sans le sang qui la teintait, ses cheveux noirs rejetés en arrière, collés au sol par un poisseux liquide rougeâtre qui s'étendait sur le carrelage blanc, découvrant son fin visage, livide, et ses yeux devenus noirs. Elle est morte. Puis aussi le deux: Exercice 2 : 1 - Spoiler:
Je marche sur le trottoir, perdu dans mes pensées, la mine sombre, d'un pas pressé. J'ai un rendez vous important dans une quinzaines de minutes, et j’espère pouvoir arriver à l'heure. Je vais entrer dans le bâtiment principal de l'entreprise lorsque mon pieds bute lamentablement sur une marche, et je m’étale de tout mon long. Lorsque je relève la tête, aperçoit une femme qui me regarde, un sourire gêné, l'air de dire « oups, c'est gênant ». Je rougis jusqu'aux cheveux et repart d'un pas plus pressé, impatient de quitter ce regard amusé.
2 - Spoiler:
C'était un vendredi, j'allais au bahut pour faire cour, comme d'hab, j’étais pressé parque le principal m'avait sortit que si c’était encore en rtard aux cours, y'm mettrait deux heures de colle, et le mercredi je devait aller voir la course de funcars avec mon père. J'entre dans la cour et là, blam ! Je m’étale comme un imbécile par terre. Et devine quoi, c'était devant Clara. J’étais pas bien !
3 - Spoiler:
Et bien voilà ! C'était heu... mardi après-midi. Je, je, j’étais partit faire des courses avec heu... Ha oui ! Avec mon père. Et heu... Bas ça c'est mal passé Parce-qu’en fait et bien du coup je me suis gamelé, mais heu... devant tout le monde quoi ! Et bas j’étais pas, pas, pas très fier quoi !
4 - Spoiler:
Hé bien cet incident ne se reproduira plus, enfin je l’espère. C'est inadmissible ! Je monte les escaliers, ceux qui mènent aux bureaux, la tête ailleurs car je venait de sortir d'une conférence importante. Et là, la marche sur laquelle j’étais glisse et je m'écroule sur le sol, devant les trois quarts de mes employés. Imaginez, c'est une honte, je passe pour quoi maintenant ? Et en plus cette fille qui mer regarde moqueusement. Non, je veut que l'on répare cet escalier tout de suite.
5 - Spoiler:
Oui, et donc je suis descendu de ma Rolls, comme d'habitude, sur le tapis rouge, tout était parfait. Et là cet imbécile de chauffeur sort et met son pieds en travers du mien. Bon, ne vous inquiétez pas, je ne me suis pas fait mal, mais j'ai eut peur d'être ridiculisé. Enfin heureusement que, comme d'habitude, j'ai reprit en main al situation, imaginez, le regard d'un millier de fanes posé sur un acteur qui ne sait pas tenir debout. Non, j'ai bien fait de m'en remettre à mes superbes talents de comédien.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Exercice d'écriture hebdomadaire Lun 22 Sep 2014 - 21:11 | |
| Le prochain exercice s'annonce franchement ardu, moi je vous le dis, du coup n'hésitez pas à continuer de faire des propositions pour les deux premiers.
3 Écrivez trois phrases vraiment longues : chacune représente une pleine page dactylographiée (ou 250 mots), chacune impliquant une émotion différente (par exemple la colère, la méditation, le chagrin, la joie). But : contrôler le ton dans une phrase complexe. |
| | | sombrefeline Héros Légendaire
Nombre de messages : 2284 Age : 38 Localisation : Le Grand Nord Loisirs : Ecrire, dessiner, coudre et taquiner ses semblables avec des bouts de métal coupant Date d'inscription : 21/04/2012
| Sujet: Re: Exercice d'écriture hebdomadaire Mer 24 Sep 2014 - 20:38 | |
| Personne d'autre pour relever le défi de Cerise? | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Exercice d'écriture hebdomadaire Mer 24 Sep 2014 - 21:24 | |
| dur! (j'ai fait une phrase d'un mot, c'est déjà bien non? ^^) |
| | | Sombrebarman Roi des noix de coco
Nombre de messages : 199 Age : 28 Localisation : Toulouse Date d'inscription : 20/11/2011
| Sujet: Re: Exercice d'écriture hebdomadaire Dim 28 Sep 2014 - 13:50 | |
| Whooo, une phrase fait un général 15 mots, à l'époque la moyenne c'était 30/40 et là tu nous demande une phrase de 250 mots ? Ok, j'essaye x)
Pour moi, c'est une nouvelle en fait.
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| | | Sombrebarman Roi des noix de coco
Nombre de messages : 199 Age : 28 Localisation : Toulouse Date d'inscription : 20/11/2011
| Sujet: Re: Exercice d'écriture hebdomadaire Dim 28 Sep 2014 - 14:01 | |
| Bon, je suis pas trop sûr de la ponctuation, mais on va faire avec... - Spoiler:
Cette rage, mon ventre qui brûle, mon cœur qui s’accélère, mes poings qui se serrent, cette envie de meurtre qui monte en moi, plus aucun sentiment, plus de pitié, juste cet instinct primaire qui me force a calculer mes chances, à analyser les forces de l’autre, à observer le terrain : murs, pierres, bâton ou poing, je cherchai mon arme, la chose qui serviras à tuer, une masse lourde et froide qui deviendras chaude et poisseuse lorsque je frapperai de toutes mes forces dans son petit corps énervant et trépignant, son corps de sot, son corps ingrat, qui s’agite, qui aboie, qui feule, qui sourit ; cet être qui me met hors de moi, qui me pousse à braver l’interdit, à me réduire ou m’élever, je ne sais pas : à l’état de meurtrier ou de prédateur, à changer qui je suis, pour qui se prenait-il, pour être celui qu’il n’est pas, petit être ignorant qui il est, qui je suis, où nous sommes, ce qu’il devrait faire ou pas ; il continue, avec ses mimiques sur exagéré, ces phrases futiles qu’il débite à tue tête et qui le font sourire niaisement ; c’est ça : rie de ta bêtise, tant qu’il en est encore temps, tant que tu el peux, tant que tu tient sur tes petites jambes rabougries, tant que ta petite bouche ne touche pas le sol, tant que ton nez est encore droit, viens je t’attend, rapproche toi, fais moi ce plaisir, souris, Viens !
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Exercice d'écriture hebdomadaire Lun 29 Sep 2014 - 7:53 | |
| J'avoue que l'exercice est franchement pas facile, pour le coup c'est dommage que le site où je l'ai trouvé ne donne pas un exemple^^ Par exemple si je lisais ta phrase hors contexte sombre, je te demanderais certainement de la découper x) |
| | | Sombrebarman Roi des noix de coco
Nombre de messages : 199 Age : 28 Localisation : Toulouse Date d'inscription : 20/11/2011
| Sujet: Re: Exercice d'écriture hebdomadaire Lun 29 Sep 2014 - 20:27 | |
| Bah, je suis d'accord avec toi, mais en même temps une phrase de 250 mots... C'est bizarre quand même comme exercice. | |
| | | blendman Mouais, moi, je m'y connais déjà pas mal
Nombre de messages : 58 Age : 94 Localisation : en haut Loisirs : utiliser des crayons ou des touches Date d'inscription : 07/08/2012
| Sujet: Re: Exercice d'écriture hebdomadaire Mer 28 Jan 2015 - 14:22 | |
| salut Je me suis essayé aussi aux exercices, c'est vraiment marrant à faire. Sauf les phrases de 250 mots, je n'ai fait qu'une seule phrase, au secours Exercice 1Sur celui-ci, je me suis amusé à ajouter un petit cliffhanger, because, ben, j'adore ça ^^. - Spoiler:
Kate avait frissonné toute la journée. Retrouver son appartement après une telle journée de travail était une véritable bénédiction. Elle pourrait enfin se sentir au chaud et en sécurité chez elle. Son habitation se trouvait dans une résidence ultra-sécurisée. Seule une clef magnétique avec empreinte digitale permettait d'ouvrir sa porte. Et un gardien surveillait jour et nuit les intervenants qui montaient et descendaient des appartements. Elle arriva aux alentours de dix-neuf heures, salua Mitch le gardien, s'engouffra dans l'ascenseur et s'arrêta à son étage. Elle ferma le battant après être enfin entrée dans son sanctuaire, la tête ailleurs. Toute la journée, elle avait reçu des appels anonymes. Elle n'en comprenait pas la raison et ne savait pas non plus qui était son interlocuteur qui se contentait de ne rien dire. Elle n'entendait pour ainsi dire que sa respiration, saccadée, profonde, angoissante. Ce qui l'avait surprise et inquiétée, ce n'était pas qu'il appelle sur son téléphone du bureau. Il arrivait que des petits malins s'amusent à lui faire des blagues vaseuses. Mais lorsque son portable reçut le dernier appel, elle reconnut cette respiration et le silence qui en disaient long sur l'identité de celui qui l'appelait. Elle chassa ces idées lugubres de son esprit et alluma la télévision. Les images des dessins animés défilaient sur l'écran. Son lieu de résidence était plutôt confortable, mais une odeur de renfermé flottait. Kate entrebâilla la fenêtre pour amener un peu d'air frais dans la pièce. Tout à coup, son téléphone sonna. Angoissée, elle décrocha le combiné. — Allo, qui est-ce ? demanda-t-elle fébrilement. Ce silence, la même respiration, pas de doute : celui qui l'avait harcelé toute la journée continuait à l'intimider. — Je vais appeler la police, je vous préviens, hurla-t-elle. — Kate ? Allo ? C'est moi, Mike ? Mon téléphone fonctionne très mal depuis ce matin. J'ai essayé de te joindre au moins six fois aujourd'hui, à ton bureau et sur ton portable. Mon numéro devait être masqué, à cause des nouvelles mesures de sécurité que ma société a mises récemment en place. La jeune femme poussa un profond soupir de soulagement. Toute la tension qu'elle avait accumulée durant la journée retomba d'un coup. À l'autre bout du fil, Mike, son conjoint parvenait enfin à la joindre. — Mike, souffla-t-elle. Tu ne peux pas savoir à quel point j'ai flippé toute la journée. À chaque fois que tu m'as appelé, je n'ai entendu qu'une sorte de respiration profonde et pesante. — Je pense que c'est à cause du nouveau ventilateur de mon ordinateur. Je te téléphone avec le système Phone de mon PC, mais ce n'est pas au point. Malgré l'air frais qui entrait par la fenêtre, l'odeur persistait. Le relent provenait de la cuisine. La jeune femme s'approcha, contourna le meuble qui lui servait de table froide et aperçut alors le corps sans vie, qui traînait sur le carrelage brillant. Kate lâcha le téléphone. L'homme qui gisait sur les carreaux de la cuisine, la tête en sang, n'était autre que Mike, son fiancé.
EXERCICE 2Pour cette exercice, je me suis aussi amusé un peu (après tout c'est le but ^^). J'ai essayé d'ajouter un petit défi : faire en sorte que tous les textes lus l'un après l'autre forment une histoire complète, qu'on découvre petit à petit, avec de nouveaux éléments à chaque fois dans chaque texte. - Texte "satirique":
Je déteste les bus. Toutes ces satanées personnes qui reniflent, me collent, me bousculent, ou lisent des livres insipides, tous ces cloportes, je les ai en horreur. Cette maudite machine, cette infâme mécanique sur roue qui crache son immonde vapeur nous ballote à chaque virage, comme si elle prenait un malin plaisir à voir notre tête s'écraser sur les vitres. L'odeur de dessous-de-bras des petites gens m'indispose ! J'ai hâte de sortir du ventre de ce monstre de métal. Voici enfin mon arrêt. Je n'en peux plus, je retenais ma respiration dans ce fatras de corps. Je me précipite, culbute ceux qui se mettent sur ma route et descends les marches prudemment. L'un d'eux me fait un croche-pied, je le sens. C'est pour cela que je finis les deux fers en l'air, le nez sur la chaussée. En relevant la tête, je vois alors son visage, doux comme un baiser et d'une beauté sans pareil. Ses yeux bleus m'examinent avec désir. La jeune femme qui m'observe me sourit. Ses dents sont d'une blancheur éclatante.
- Dialogue (Réunion):
— Chaque jour, Marcus Montrouge prend le même bus, à la même heure, selon le même trajet. — Vous en êtes sûr ? demanda celui qui vérifiait l'opération. — Évidemment. Aujourd'hui, il va se précipiter pour sortir. Il déteste les espaces clos, et le contact humain. Nous injecterons dans l'atmosphère un composé organico chimique qui augmentera la transpiration. — Je lis dans son dossier qu'il est claustrophobe et fait de l'agoraphobie. — Tout à fait. C'est pour cette raison qu'il va se prendre les pieds en descendant en hâte les marches de l'autobus. Comme prévu, il terminera sa chute sur le pavé. Les gens autour de lui ricaneront, nous y contribuerons aussi. Mais il s'en moquera. — Effectivement, il est indiqué que notre agent, Éloïse, lui sourira lorsqu'il relèvera la tête. — C'est la tâche qu'on lui a assignée. — Et tout cela se déroula demain, à quelle heure ? — Dix heures trente-huit, très précises. — Donc, à dix heures trente-neuf, il sera abattu ? — C'est Éloïse qui se chargera de cette mission. Tout est indiqué dans le dossier que nous vous avons fourni.
- Intervention (militaire):
Présence de Marcus Montrouge dans le bus confirmé. Tout se passe comme convenu, à vous. Le témoin bougonne, il ne se doute de rien. Il y a une bousculade. Il ne réagit pas, stop. Poursuivons la mission. Arrêt en vue. Pas d'attroupement intempestif. Aucun obstacle visible. Indiquez au chauffeur de décélérer et d'ouvrir les portes coulissantes. Le témoin se dépêche. Confirmation que la marche est bien défaillante. Le pied a bien glissé, je répète : le pied a bien glissé. Le témoin est sur le sol. Jusque-là, tout est conforme. Il relève la tête. Lancez l'activation de la séquence de l'androïde Éloïse. Confirmation que la jeune femme est face à lui. Son programme analyse la scène. Résultat de l’algorithme : elle lui sourit.
- Compte-rendu informatique:
10 h Mise en route du système d'intelligence artificielle. Nom : Éloïse - Modèle N° 7 Cible : Marcus Montrouge Objectif : élimination. Programme chargé. Arrivée sur les lieux à 10 h 34. Temps avant impact : 4 minutes. Lieu d'impact : CHR-Calmette. Vérification de la température, du taux d'humidité, de la luminosité : les paramètres sont corrects. Connexion au système de contrôle des bus. Vérification de la circulation, analyse des données : aucun retard n'est annoncé. Information sur le véhicule : Autobus de la compagnie Transpole, Couleur vert sapin. Le bus se trouve à deux arrêts du lieu d'impact – environ 900 mètres. Impact dans moins de 3 minutes. Le bus suit le trajet défini par le programme. Vérification de la cible : la caméra thermique a identifié une masse corporelle similaire à celle de Marcus Montrouge. Les capteurs introduits dans le bus montrent qu'il s'agit bien de Marcus Montrouge (97 % de probabilité). 10 h 37 Le véhicule s'arrête à l'arrêt de bus. La cible sort du car et se prend les pieds dans les marches. Il se retrouve à l'endroit défini par le programme, à sept centimètres près. Il relèvera la tête dans 4 secondes. La cible a levé la tête, calcul de la réponse lancé. 10 h 38 Résultat : Envoyer une onde photonique à travers l'incisive N° 2. Programme du sourire lancé. L'onde photonique est envoyée à 10 h 38 et atteint l’œil droit de la cible. Le temps d'exposition est de deux secondes cinquante-quatre centièmes. Le rayon se propagera le long du nerf visuel en six secondes et viendra interrompre les liaisons synaptiques quatorze secondes plus tard. La cible décédera avant que les secours ne puissent arriver sur place. 10 h 39 L'agent Éloïse a quitté les lieux de l'impact, après vérification de la mort de la cible. Opération réussie – succès confirmé.
- Article de journal:
Vendredi 18 mai 2029, à 10 h 38, le corps de M. Marcus Montrouge a été retrouvé sur la chaussée, sans vie. D'après le médecin légiste qui a procédé aux premières analyses, lors de son arrivée sur les lieux, il pourrait s'agir d'une attaque cérébrale, sans cause extérieure. Les nombreux témoins de la scène ont déclaré que l'individu anxieux, vraisemblablement pris d'une crise de panique, s'était jeté dehors. Dans la précipitation, son pied a heurté une marche métallique. Avant de décéder, il a relevé la tête, comme pour essayer de demander de l'aide, en vain. Alentour, les passants n'ont pas réagi, une jeune femme blonde aux yeux gris lui a même souri. Il semble que personne n'ait compris que Marcus mourrait dans la minute.
- Conversation téléphonique d'un plouc:
Yo mon frère, ça roule ? Ouais, chui dans le bus, là. Y'a un de ces mondes, ça donne trop la gerbe. J'te jure. Ouais, et puis, ce bus, ça pue de partout, on croirait qu'ils ont essuyé leur sueur sur les sièges. J't'assure, man. Attends, tu bouges pas, j'viens de voir un mec avec un costard qui est trop la classe. Je vais lui chourave son porte-feuille discretos. Yo, c'est re-moi. Comment que je lui ai piqué son porte-feuille au mec. Il a rien capté, l'bastringue. Y m'a r'gardé, genre « je déteste tout le monde, vivement que j'me casse de ce bus pourrave, vous êtes tous des cons... ». Tu vois l'genre ? Ouais, attends, je regarde dans son porte-feuille si y'a du flouze. Yes ! Ta mère en string, comment y'a plein de pognons. Trop d'la balle. P'tain, on va se faire une méga teuf. Quoi ? Comment qui s'appelle ? Bouge pas tes miches, je regarde ça. J'ai trouvé une carte d'identité et une lettre. Tiens, y'est marqué son nom sur sa carte d'identité : Michel Montrouge. Drôle de nom, ça. Il fait quoi ? Ben là, il sort du bus. Il a rien vu, j'te dis, il est trop naze. Ah non, attends ! Le boulet, il vient de se ramasser la gueule sur les pavés ! Hahaha, si j'te jure, il s'est rétamé comme une merde, la honte de sa vie de ma mère. Et... Wouha, putain, la gonzesse, là devant lui. J'te jure, d'la bombe, man. Genre Barbie, cheveux jaunes et yeux de biche qui te chatouillent le slip. Oh, punaise, elle sourit à l'autr'tâche. Ben, merde, y'en a qu'ont du bol. Il va p't-être se la faire. Remarque, il bouge plus là, il a du s'casser un truc, ce naze. Quoi ? Sa lettre ? Ouais, j'te lis ça. Y'est marqué :
Cher Michel. Je serai absent tout ce mois-ci. Pourrais-tu, s'il te plaît me remplacer au bureau pendant mon absence et te faire passer pour moi ? Pour éviter les soupçons, habille-toi comme moi, prend la même ligne de bus et fais mon travail, les gens n'y verront que du feu. Je te rapporterai un cadeau lorsque je rentrerai de vacances. Je t'embrasse, ton frère jumeau, Marcus.
Ouais, c'est tout. Trop naze, j'te dis. Ben, là, le gros Michel y'a l'air mort, il bouge plus. Rah, merde, la blonde elle s'est cassée, dommage j'aurai pu la brancher avec mon regard de sphinx. EXERCICE 3 Je n'ai écrit qu'une seule phrase, parce 3 phrases de 250 mots, "ça l'fait trop pas" (comme dirait Joey dans Friends ^^). Et puis, bon, ben difficile de ne pas perdre le fil avec une phrase de mastodonte comme celle-là ^^. - la colère:
S'il est des mots que certains individus grossiers, rustres, que dis-je carrément vulgaires, heureux de satisfaire leurs curiosités tout en allégeant leur conscience moribonde, aiment à placer au centre de conversations privées, en général auxquels personne ne les a invité ou plus précisément auxquelles ils se sont d'eux-mêmes incrustés, ce sont ces mêmes mots, des verbiages dépourvus de sens et de qualité, crachés de leur bouche difforme, qui provoquent en moi, au centre de mon cortex cérébral saturé de ce sentiment que je ne peux retenir, la montée inexorable et progressive de la colère - comme monte la nausée à vrai dire, en plus difficile encore à calmer -, cette confidence intime sachant évacuer l'horreur et la frustration que provoquent de telles situations, qui, fort heureusement, ne se produisent qu'à de très rares occasions, au travers desquelles nous pouvons juger la personnalité de celles et ceux qui nous entourent, sans pour autant jeter l’opprobre sur la condition dans laquelle ils ont évolué, bien que l'on s'attende, si on les étudiait un tant soit peu, à découvrir que leurs années d'enfance furent au moins aussi douloureuses, voire bien plus agréables que celles que nous-mêmes avons vécus, ce qui, de ce fait, déclenche chez nous cette ire irrépressible et délirante que nous pouvons juste déversé, ne sachant pas la contrôlé, avec fracas sur le carrelage luisant où les pas de ces importuns ont dansé avec délectation quelques instants précédents notre éclat qui les éclabousse alors, tant mieux pour nous, tant pis pour eux.
Voilà, ça m'a bien plu tout ça ^^. | |
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