Regard
Il vous épie, le plus souvent en silence,
Sonde les moindres recoins de la salle,
Explore chaque détail, chaque apparence,
Et s’appesantit sur quelques visages pâles.
Il vous apprivoise, parfois à votre insu,
Quand vous pensez pouvoir le fuir,
Ne s’attachant pas moins à l’aperçu,
Qu’à ce qu’il pourra en déduire.
Il vous surprend, dans l’instantanéité,
Quand vos petits gestes vous trahissent,
Et de cette esquisse, emplie de spontanéité,
Déchiffre les pensées qui vous envahissent.
Il vous éveille soudain, en croisant le vôtre,
Tel un maître d’éloquence en mal de curiosité,
Qui s’élance, assoiffé, en quête de l’autre,
Espérant qu’il saura lui répondre sans animosité.
Il vous murmure, interrogeant votre science,
Attentif à tout ce que vous pourrez lui donner,
Jusque dans les méandres de votre inconscience,
Découvrant avec émotion ce que vous bâillonnez.
Puis vous le fuyez, l’abandonnant à ses observations,
Peut-être vous a-t-il marqué, vous hante-il encore,
Ou peut-être avez-vous manqué ses quelques attentions,
Lui n’oubliera jamais la lueur de cette aurore.