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 Les vilipendes du sendris [roman]

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Sunpatty
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MessageSujet: Les vilipendes du sendris [roman]   Les vilipendes du sendris [roman] Icon_minitimeLun 23 Fév 2015 - 13:52

Je pense que ce sera la dernière modification de mon texte ici. J'hésite encore entre tout supprimer et reposter morceaux par morceaux ce qui raccourcirait les textes mais en mettrait  plusieurs, sachant qu'un chapitre pourrait être morcelé en plus de trois morceaux. plus de chapitre mais le nom des protagonistes.les premiers posts seront conservés tel quels et au lieu d'étoiles de séparation je remettrais le protagoniste et l'endroit où il se trouve. Si vous préférez que je supprime tout et que je morcelle laissez-moi un message.


Si j’avais su ce qui arriverait au monde, je me serais abstenu de désobéir, n’écoutant rien, ni personne, j’ai commis l’irréparable, qui nous a valu d’être bannis, ma famille et moi. Je m’appelle Jon Valendis, ceci est mon histoire. Mon crime ? Être allé sur les terres sacrées des plaines interdites. Ces plaines habitées par des esprits bénéfiques les « Lumens »étaient gardées, car elles abritaient aussi des esprits maléfiques, dont j’ignorais l’existence jusqu’à aujourd’hui. Ma curiosité me les a fait découvrir, me valant d’être maudit durant de longues années. Souvenez-vous de moi, Jon Valendis « Le Maudit » Ceci s'est déjà passé mais les souvenirs sont toujours aussi vivaces. Vivez mon histoire comme je l'ai vécue, comme si vous y étiez.




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Dernière édition par Sunpatty le Dim 12 Juil 2015 - 18:35, édité 29 fois
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MessageSujet: Les vilipendes du sendris [roman] Darian et Penn   Les vilipendes du sendris [roman] Icon_minitimeMar 3 Mar 2015 - 21:22

Ce passage n'est pas raconté par Jon valendis mais par une personne extérieure  à l'intrigue qui met le point sur certains détails et qui raconte ce qu'il se passe ailleurs pendant le périple de Jon.




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Dernière édition par Sunpatty le Ven 11 Mar 2016 - 1:16, édité 23 fois
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MessageSujet: Les vilipendes du sendris [roman] Darian : Les cachots   Les vilipendes du sendris [roman] Icon_minitimeJeu 5 Mar 2015 - 19:12

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  Darian et ses amis vous attendront Ici


Dernière édition par Sunpatty le Ven 11 Mar 2016 - 1:20, édité 28 fois
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MessageSujet: Les vilipendes du sendris [roman] Darian et Penn    Les vilipendes du sendris [roman] Icon_minitimeSam 7 Mar 2015 - 0:53

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Si vous commentez, soyez prudents: Le danger rode


Dernière édition par Sunpatty le Sam 26 Mar 2016 - 13:07, édité 23 fois
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MessageSujet: Les vilipendes du Sendris : Jon   Les vilipendes du sendris [roman] Icon_minitimeDim 8 Mar 2015 - 1:47

Jon: sur la route entre Taris et la capitale

 

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Dernière édition par Sunpatty le Sam 3 Juin 2017 - 23:10, édité 9 fois
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MessageSujet: Les vilipendes du Sendris :Jon (suite et fin)   Les vilipendes du sendris [roman] Icon_minitimeMar 17 Mar 2015 - 17:56

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Dernière édition par Sunpatty le Sam 3 Juin 2017 - 23:09, édité 3 fois
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MessageSujet: Les vilipendes du Sendris: Darian, La capitale   Les vilipendes du sendris [roman] Icon_minitimeLun 6 Avr 2015 - 22:53

Tendris: La réunion secrète

 
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Dernière édition par Sunpatty le Dim 18 Juin 2017 - 1:06, édité 6 fois
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MessageSujet: Les vilipendes du sendris [roman] Darian (suite)   Les vilipendes du sendris [roman] Icon_minitimeVen 17 Avr 2015 - 0:48

Darian et l'oiseau


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Dernière édition par Sunpatty le Jeu 22 Juin 2017 - 21:46, édité 9 fois
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MessageSujet: Les vilipendes du sendris [roman] Darian (suite)   Les vilipendes du sendris [roman] Icon_minitimeDim 3 Mai 2015 - 18:04

Fastrade, la reine:  Visite des cachots


Malgré sa réticence, Darian la conduisit vers l’entrée des sous-sols, devant laquelle L’attendaient huit gardes, quatre de sa mère et ceux de sa garde personnelle. Fastrade avait donné des consignes à Guilbert avant l’attaque des « Glors ». Mise au courant à propos de l’évasion, elle avait fait le nécessaire pour que personne ne se pose de questions, sauf peut-être le geôlier de Talmir. Le premier, « l’huître », avait été arrêté à la fin de son service lorsqu’il remonta des cachots. Il attendait patiemment son acolyte, bien à l’abri derrière des barreaux.
 La souveraine entra dans les souterrains et pénétra dans le bureau de Guilbert. La maison du gardien chef était conçue de telle façon que l’arrière ouvrait sur le couloir menant aux geôles. Il y avait installé son bureau. C’était par cette porte qu’il accueillait les gardes venant lui faire leur rapport. Derrière lui une autre ouverture permettait d’accéder à la tour du médecin, qui elle-même donnait, d’une part sur l’hôpital, d’autre part sur une cellule où étaient amenés les détenus malades du premier étage.  Lorsqu’il aperçut la reine et son fils par le guichet percé dans le mur, Guilbert leur ouvrit et s’inclina.
  « Votre Grâce, Altesse.
  — Bonjour Guilbert. Quels sont les gardes présents ?
  — Les vôtres Madame, selon vos consignes. Au second ce sont les nouveaux stagiaires, les amis de votre fils moins impressionnables face aux faux geôliers de votre mari et ce brave Holmett. Les plus jeunes seront désormais affectés à l’étage intermédiaire.
« Bien, dorénavant ce sont mes hommes qui se chargeront de la surveillance des prisons. Cette tour sera fermée. Mes capitaines ici présents se chargeront de les informer. Seules vos cellules resteront actives.»        

  Guilbert salua les subordonnés de la souveraine, tout en leur jetant un regard suspicieux. Il suspectait l’un des deux d’avoir accidentellement causé la mort de sa fille, mais ne dit mot. Il reporta son attention sur la souveraine.
 « Il n’y a plus tellement de prisonniers qui y séjournent, vous savez.
 —Je ne l’ignore pas, mon fils m’a tout expliqué. Ces cellules serviront désormais aux détenus blessés ou malades . Ce sera plus pratique pour le médecin. Je ferais en sorte qu’il n’y ait plus de prisonniers. S’il advenait que des nobliaux se fassent arrêter, je veillerais personnellement à ce qu’ils soient logés dans l’aile Sud du château. Vous y installerez vos propres appartements.
 — Votre mari...
 — Mon mari n’y trouvera rien à redire, il ne faudrait pas qu’il oublie que ses gardes lui ont été fournis par mon père. Les siens ayant décidé de le laisser tomber après le massacre des serviteurs. Avez-vous préparé ce que je vous ais demandé ?
 — Oui Votre Grâce, voici le dernier registre tenu par votre beau-frère. » Elle s’empara du livre et le remit à un de ses capitaines :
 « Je vous remercie. Je vous le ramènerais dès que possible.
 — Prenez le temps qu’il vous plaira.
 — Le médecin est-il auprès de mon neveu ?
 — Bien sur, mais comme celui-ci était agité, il a dû renvoyer dans son bureau l’homme que votre fils lui a assigné. Le malade refusait de se laisser approcher malgré la présence du Celisien. Certes, l’homme est assez impressionnant mais il semblerait que le pauvre garçon ne tolère que la présence de l’écuyer du prince. Même le médecin ne peut l’approcher.
 — Agité ? Comment cela ?
 — Quatre gardes de votre fils sont allés le chercher sur son ordre.
 —Darian ? Pouvez-vous m’expliquer ?
 — Bien sur, Mère. Je suis allé voir Talmir hier dans la soirée. Après avoir appris par les stagiaires que trois hommes en noir venaient le voir régulièrement et en constatant son état déplorable, j’avais donné l’ordre à « la baleine » de le faire monter.
 — Pourquoi ne pas l’avoir demandé à Penn ?
 — Il n'est au courant de l'évasion prévue ce soir que depuis ce matin, Mère... Comme il ne me parlait pas de transfert, j’en ai conclu que mes ordres n’avaient pas été exécutés. Je l'ai donc envoyer chercher Talmir avec quatre gardes.
 — J’espère que vous n’avez pas traumatisé ce petit. Il était agité lorsqu’il est arrivé ici. Un des gardes a même été blessé. Votre  écuyer est parvenu à le calmer avec beaucoup de mal.» Guilbert avait la singularité d’appeler petit tous les jeunes hommes qu’il côtoyait.  
Heureusement que nous avons Penn sous la main. Je comprends que Talmir ait été apeuré. Pensa la reine. Darian agit parfois sans réfléchir. Il idolâtre tellement son cousin qu’il s’imagine que la prison ne l’ait pas changé.  J’espère qu’il ne sera pas trop déçu.
 « A propos du prisonnier, votre fils ne m’a rien dit. J’ignorais que c’était votre neveu.
 — Je lui avais conseillé de rester prudent, il ne sait pas encore à qui il peut faire confiance.
 — Sage décision... Et donc en ce qui le concerne?
 — Je viendrais lui rendre visite plus tard. Je vais d’abord faire une inspection des cellules.
 — L’obèse est à son poste. Je n’ai pas eu le temps de l’intercepter et de lui dire que le détenu avait été transféré.
 — Il pensera sans doute à une des mystérieuses disparitions...Il n’osera peut-être pas remonter le pauvre. » Se moqua Darian. Sa mère le reprit et lui fit signe de la suivre après avoir remercié le garde.

 « Sauf votre respect Votre Grâce, je vous conseillerais de rester vigilante. Les deux gigolos que votre mari a engagés ne m’inspirent guère confiance.
 — Ne vous en faites pas, mon brave Guilbert, avec eux, je ne risque rien. »  Elle désigna ses hommes.


Dernière édition par Sunpatty le Dim 18 Oct 2015 - 18:23, édité 4 fois
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MessageSujet: Les vilipendes du sendris [roman]: Darian (suite)   Les vilipendes du sendris [roman] Icon_minitimeSam 16 Mai 2015 - 23:53

Fastrade et Darian les cachots


 
 Darian s’impatientait, il avait hâte de revoir son cousin et la pressa un peu. Il attendait près de la lourde porte en chêne. J’aurais tant voulu qu’elle change d’avis. Il ne lui plut pas de la mener au delà du premier étage, mais elle insista, craignant ne pas en avoir l’occasion plus tard. A contrecœur, il accéda à sa demande.

  Une lanterne à la main, il lui tint le bras afin de l’aider à descendre les degrés sans encombre. Sur le premier palier, il tenta à nouveau de lui faire rebrousser chemin mais celle-ci lui répondit par la négative.

  « Vous m’aviez promis de me montrer les conditions de captivité des détenus. Au retour de votre père je n’aurais pas cette liberté d’aller et venir. » Il n’ajouta rien et continua néanmoins. Malgré l’odeur acre de moisissures, d’humidité et le salpêtre s’infiltrant sur les pierres, la souveraine supportait stoïquement la même épreuve que son fils précédemment. Darian l’admirait pour son courage, il en était fier.

  En compagnie de Talmir et de son oncle, il avait déjà eu l’occasion de descendre dans ces méandres souterrains, mais ne parvenait toujours pas à se faire à cet air irrespirable. Il y avait aussi vécu trois jours et trois nuits lorsqu’il avait été fait prisonnier par son propre père. Ce sentiment d’étouffement, ce malaise qu’il ressentait le ramenait toujours à cette épreuve.

  Darian l’avait prévenu que ce ne serait pas facile d’y descendre. Ouvrant la marche deux de ses hommes et deux de sa mère encadraient un porte clés qu’ils avaient sommés de les suivre. Le jeune homme débutait sa formation, Guilbert lui enseigna son rôle et lui  apprit à reconnaître les bonnes clés pour chaque porte. Il allait pouvoir se faire la main rapidement. Les porte-clefs escortaient les gardes jusqu’aux cellules. Ce travail fut mis en place par la reine afin d'aider ceux qui avaient perdu un membre de leur famille lors de la traîtrise de son mari.Les hommes chargés de conduire les détenus n’appréciaient pas l’air putride des cachots et encore moins perdre du temps pour trouver la bonne clef, ce qui les agaçait au plus haut point. Dans les escaliers, la reine en comprit désormais la raison. Ses gardes plissaient les narines de dégoût, se demandant quelle lubie pouvait bien la pousser dans cet immonde endroit.

  Darian n’aimait pas s’encombrer d’hommes aussi nombreux. Les rares jours où il parvenait à s’éclipser du château, il ne partait qu’avec Penn. Sa seule présence lui suffisait.
Le peuple des pluies, adulé et craint en même temps, était un peuple mythique au destin particulier. Il avait à charge d’absorber les douleurs de l’humain auquel chaque membre était relié par un lien invisible. Tous sans exception, quittaient leur île pour rechercher leur double ou binôme afin de devenir leur âme lige. Darian regrettait que Penn ne soit pas le porte-souffrance de Talmir, ni le sien, mais espérait égoïstement qu’il ne trouvât jamais son double afin de ne pas avoir à se séparer de lui.Il continuât à descendre les degrés de pierres. Arrivés à l’étage intermédiaire, sur la gauche s’ouvrait un petit corridor d’où lui parvenait des sanglots. A l’entrée de ce couloir le local, dont le guichet donnait sur le palier, était identique à celui où se trouvait Holmett. Les deux apprentis y jouaient aux cartes. Lorsqu’ils aperçurent le prince et sa mère, ils les saluèrent. Dirk et Brian  Northforlk, tous deux écuyers âgés de quatorze et quinze ans au moment des faits, avaient opté pour la vie et ployé les genoux devant l’infâme tyran. Qui pourrait le leur reprocher ? Blessé à une jambe, Brian ne devait la survie qu’à son frère qui perdit un œil dans la bataille. Pour se protéger la tête il avait récupéré le heaume de son maître, mais une flèche perdue était malencontreusement parvenue à se frayer un chemin, au travers de la fine ouverture lui permettant de voir

Ces deux là ne diront rien, ils ont peur de mon père, songea le prince. Je leur ai fait une proposition : les incorporer parmi mes hommes après leur formation de geôlier, même si Brian boitera toujours, il est bon cavalier. Son frère n’est pas en reste, J’ai eu l’occasion de le combattre en entrainement dans la cour. Malgré son œil manquant il est toujours aussi expert dans l’art de l’esquive. Il a appris à utiliser ses autres sens l’ouïe et l’odorat en s’isolant des nuits entières dans la forêt.

  Darian regretta ne pas avoir prêté attention à ces cellules la veille.  Il s’était contenté de se diriger vers le cachot de son cousin. Il se mordit la lèvre, prêt à subir l’interrogatoire de sa mère. Alors qu’elle s’apprêtait à emprunter le corridor, à la suite de ses hommes, il la retint :
 «  Mère avez-vous vraiment l’intention de tout  visiter ? Mon cousin n’était pas à cet étage. Ne devrions-nous pas plutôt remonter et rester avec lui ?
 — Votre cousin ne risque rien. Penn est auprès de  lui. Vous avez entendu Guilbert. Talmir ne tolère qu’un étranger auprès de lui. Vous n’auriez pas du l’envoyer chercher de cette façon. Après ce qu’il a subi, nous n’allons pas lui imposer notre présence si brusquement. Le temps que nous visitions les cellules, Penn l’aura certainement rassuré son prince.
 — Les gardes étaient la garantie qu’il puisse le transférer sans moi. Ils s’y sont mal pris.
 — Vous êtes encore bien naïf mon fils. Vous auriez du leur expliquer la meilleure façon de procéder. Vous les avez laissés seuls prendre leur décision. Nous en reparlerons. Menez-moi donc dans l’ancienne cellule de Talmir. Je veux voir ce que me cache encore mon perfide mari et dans quelles conditions il le tenait captif.
 —Ce n’est pas ici Mère, mais plus bas sur la droite. Je ne sais ce que vous trouverez par-là. » Il désigna le couloir de gauche. « Je n’y suis pas allé. Je m’inquiétais surtout pour Talmir.
 — Allons voir alors. » Il la suivit à contrecœur. Il avait surtout hâte de remonter.

 La souveraine ne s’attendait pas à ce qu’elle allait découvrir. Dans l’un des cachots séjournaient des enfants assez âgés pour devenir des pages ou des écuyers. Son mari les gardait en otage depuis six mois pour s’assurer que leurs parents ne tenteraient rien contre lui. Ils ne seraient libérés que lorsque leur père lui prêterait allégeance.

 Il avait promis que les enfants seraient bien traités et les voici amaigris, terrifiés. ? Je pensais qu’il les avait envoyés chez quelques uns de ses vassaux. Comment ais-je pu être aussi aveugle?  

 Un des gardes éclaira la cellule. Bien qu’il fasse encore jour peu de lumière y pénétrait, laissant des coins d’ombre par ci, par là.  Elle ordonna au geôlier qui les accompagnait d’ouvrir la cellule et entra. Les enfants terrifiés s’éloignèrent de la grille. Huit ans à peine pour certains d’entre eux et des yeux si grands qu’ils semblaient dévorer leur visage émacié. Le plus âgé, quatorze ans environ, se plaça instinctivement devant les plus jeunes. Lorsqu’elle fut proche d’eux, il tendit ses bras leur faisant barrage. Il porta les yeux sur Darian puis sur la souveraine. L’air déterminé il ne bougea pas d’un cil.  L’un des enfants, une petite fille,se glissa sous les bras de son frère et s’approcha d’elle, s’agrippant à ses jupes. Le jeune garçon, l’attrapa et malgré ses protestations la remit derrière lui.
 «  Tu n’as rien à craindre de moi, mon grand. Je veux vous aider. »
 L’aîné, jeta un regard par dessus son épaule, et désigna les hommes de son menton. Elle comprit le message et conseilla à ses gardes de reculer, ils effrayaient les enfants. Il finit par s’agenouiller devant elle. Ce petit doit être si désespéré pour qu’il s’incline devant  moi...Son père risque de ne pas apprécier. Je vais lui envoyer un messager avec mes armoiries, il sera mieux accueilli qu’avec celles de mon mari. Je vais lui dire que ses enfants seront sous ma responsabilité pendant deux ans et passé ce délai je les renverrais chez lui. L’ainé sera formé pour être l’écuyer de Darian. Ainsi il pourra laisser partir Penn, le moment venu.



Dernière édition par Sunpatty le Dim 18 Oct 2015 - 18:25, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Les vilipendes du sendris [roman]   Les vilipendes du sendris [roman] Icon_minitimeMar 26 Mai 2015 - 0:40

Fastrade et Darian: Les cachots

 
Elle leur caressa la tête pour les rassurer. Ils n’avaient pas vu le soleil depuis si longtemps... Leur corps était couvert de croûtes et leur chevelure de parasites.
  « Je vais envoyer quelqu’un vous chercher. Vous n’allez pas rester ici. Ce soir vous ne dormirez plus dans ce cachot, mais dans un bon lit.Vous serez lavés, coiffés et nourris correctement.» Le jeune garçon la remercia. Les enfants se mirent à pleurer de plus belle lorsqu'elle les quitta.Elle entendit alors l’aîné leur chanter une douce mélodie qui les calma aussitôt.
  Dans la cellule suivante un homme s’agrippa aux barreaux de la grille si brusquement que la reine sursauta :
  « Suis-je en train de rêver ou entends-je vraiment une douce voix ?» Il se pinça la joue. « Ah non, je ne rêve pas. Que vient donc faire une telle beauté dans un endroit aussi sordide ?  Avez-vous commis un quelconque délit pour être sous si bonne escorte ou alors cela signifie-t-il que je sois mort?» Il passa son bras au travers des barreaux « Venez donc partager ma cellule. Certes, ce n’est pas très douillet mais vous ne trouverez rien de plus confortable que mes bras.
  — Écartez-vous, ne parlez pas ainsi à la reine ! » Le garde qui venait d’intervenir frappa sur les barreaux pour le faire reculer. D’un geste la souveraine lui signifia que ce n’était rien. Ce prisonnier, elle le connaissait. C’était le fils d’un des barons exécutés par son mari.
  « La... la... la reine ? Toutes mes excuses, Votre Grâce.
  — Quel est votre crime ?
  — Ne pas avoir plié le genou devant Sa Majesté Kal. Comment pourrais-je servir un homme qui a fait exécuter mon père, après qu'il ait tendu l'embuscade au prince en échange de fief. A la place il a été accusé de trahison et pendu.
  — Je vois... » Ainsi donc il a fait condamner ceux qui avaient agis sur ses ordres.Elle réfléchit un instant avant de reprendre : « Ce soir vous serez transféré dans une autre cellule. Il se peut que j’aie un travail pour vous, si vous l’acceptez vous serez libre d’ici quelques jours. J’enverrais quelqu’un vous chercher.
  — Tout ce qu’il vous plaira  Votre grâce, tant que vous ne m’obligez pas à prêter allégeance à votre mari.
  — Ne vous en faites pas pour ça. Ce n’est pas dans mes intentions. Vous travaillerez pour mon fils et moi . J’ai une dette envers votre père. Malheureusement mon mari ne m’a pas permis de l’honorer. »
  Darian toucha le bras de sa mère :
  « Mère, si père venait à l’apprendre.
  — Il n’en saura rien. » Je me sens responsable de tout ce qui arrive. Si tu savais dans quelle condition tu es venu au monde. J’ignorais alors que mon envie d’enfant allait semer la mort pour tes seize ans. Elle s’adressa à nouveau au prisonnier :
 « Deux de mes hommes viendront vous chercher cette nuit. »
  Elle jeta un regard à un de ses accompagnateurs qui acquiesça d‘un signe de tête. Ils quittèrent la cellule.
  Dans les suivantes ils trouvèrent un homme si malade qu’il n’avait même plus la force de se lever. Les rats le dévoraient sans qu’il ne les chasse.Quelle désolation. Il ne se rends même pas compte qu'il sert de nourriture aux rats.
  « Abrégez ses souffrances. » Combien vais-je encore en trouver dans cet état ? ?
  Dans la suivante, allongé sur le sol un Celisien semblait souffrir le martyr, s’agitant comme si la mort s’emparait de lui. Au bout de quelques secondes il se redressa sur son séant l’air triste et se releva. Comme si de rien n’était il secoua sa tunique pour la débarrasser des morceaux de pailles qui s’y accrochaient, avant de lever la tête vers elle.
  « Il est mort n’est-ce pas ?» D'un signe de tête elle acquiesça.
  — Que fait un homme des pluies ici ? » L’homme éluda sa question d’un geste. Il sortit sa dague sacrée. Croyant la reine en danger un garde voulut s’interposer et fut étonné lorsque l’arme s’effrita sous les doigts fins  de son porteur. Un immense sourire illumina son visage.
  « Je suis libre.
  — Vous étiez lié à lui ?
  —  Je l’ai senti mourir. Je suis heureux que tout soit terminé pour lui. Une chance qu’il n’ait pas souffert »
  Lui mais pas vous, fils de la pluie. Vous avez senti les rats le dévorer. Il ne devait certainement pas s’en rendre compte. Il ne cherchait pas à les chasser. Il a même esquissé un semblant de sourire en voyant l’arme qui allait le frapper.
  « Vous n’avez pas répondu à ma question. Que faisait un Celisien dans ces prisons? Personne ne vous emprisonne normalement.
  — Je voulais être avec mon double mais ils n’ont pas voulu nous mettre dans la même cellule.
  — Vous êtes un peuple bien étrange...Naitre pour souffrir à la place des autres. »
  Le Celisien observa la reine et son fils.
  « Je suis béni car j’ai accompli la moitié de mon chemin, mais je devrais attendre ma mort, revivre et chercher à nouveau mon double, je n’ai pas accumulé assez de souffrance. Je me réjouis aussi de savoir qu’un de mon peuple réalisera son rêve. Il sera relié au traqueur des « Glors ». Je ne peux vous révéler son nom mais il est dans le Sendris. Il est maintenant temps pour moi de retourner sur mon île diamant. » La reine fit ouvrir la grille. Il sortit. Posant sa main sur le bras de la souveraine, il ajouta
  « Si je puis me permettre Votre Grace. Pourrais-je  vous donner un conseil ?
  — Faites donc.
  — Ralliez-vous aux Elfes, vous ne le regretterez pas. » Les elfes...Ils ne se mêlent jamais des querelles des humains. Pourtant cet oiseau...
  «  Merci du conseil Monsieur ?...
  — Je vous en prie pas de Monsieur. Gauvain suffira, Votre Grâce. » Il se tourna vers le prince qui jusque là était resté silencieux. « Faites appel à nous en cas de besoin Prince Darian. Et attention plus bas. Protégez votre mère. » lui dit-il par télépathie.
  Le jeune Dauphin était perplexe. Il le regardait s’éloigner. Il savait que l'inconnu ne craignait rien, que les gardes le laisseraient passer, ceux de sa race étant vénérés comme des divinités.
Les gens de la pluie se ressemblent-ils tous ? Toujours le sourire quelque soit les circonstances. Un sens du devoir hors du commun, et une acceptation de la souffrance comme si elle était normale. Qu’a-t-il voulu dire par protégez votre mère ?
  La troupe fit demi-tour et s’engagea à nouveau dans l’escalier. Au fur et à mesure de la descente, l’angoisse et l’inquiétude étreignait le cœur de Darian


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MessageSujet: Re: Les vilipendes du sendris [roman]   Les vilipendes du sendris [roman] Icon_minitimeSam 30 Mai 2015 - 15:51

Darian et les stagiaires : Les cachots

   
Alors qu’ils atteignaient le dernier guichet, des cris résonnèrent dans le couloir. C’était une voix apeurée, celle du geôlier.
   « Que... que faites-vous ici ?
   — Nous venons rendre visite à notre cher prince. » Quelqu’un venait de dégainer son épée.
  « Vous... vous ne deviez pas arriver main..., maintenant. Il... Il n'y a pas de pr...prin... prince ici.
  — Notre Roi nous a ordonné de lui rendre visite aussi souvent que nous le souhaitions...Vous lui aviez envoyé un message, nous en sommes la réponse... Nous devons terminer le travail. Ouvrez  la cellule sinon je vous débite en tranches »
  Darian ne reconnaissait pas l’autre voix. Il passa devant les soldats, leur fit signe d’attendre et surtout de rester près de la reine. La lourde porte était restée entrouverte.
Ne devrait-elle pas être fermée ? Darian se plaqua contre le mur et jeta un œil. Des « Kal’urs ».
  L’homme agita furieusement son arme devant « La baleine. »
  « Grouilles toi ! Nos amis s’impatientent » Il désigna trois autres hommes placés dans l’ombre, derrière lui. Ils ont hâte de tâter de la chair royale. Le roi nous a conseillé d’accélérer le processus.» L'homme donna un grand de son épée sur la table faisant sursauter le gardien.
  —Tout...tout...tout de suite. »
  Le processus ? Quel processus ? se demanda Darian.

  Le geôlier ventripotent se leva en ronchonnant. Il quitta son pantagruélique repas un instant et repoussa la table. Il  ouvrit la grille tremblant et les laissa entrer, attendant près de celle-ci. Il n’y mettait jamais les pieds et se contentait de déposer la nourriture au sol, obligeant ainsi le détenu à se déplacer jusqu’à la grille. Il en profitait alors de lui jeter les détritus de son propre festin. Parfois il mettait la gamelle tout contre les barreaux et en profitait de le frapper de la poignée de son arme, s’il mangeait avec les doigts au lieu de faire comme les chiens. Talmir en vint à ne plus se déplacer jusque la grille.
 
  « Où est-il ?! Où est le prisonnier ?! » Le  « kal’urs » semblait furieux.
  « Je...je... je l’ignore. Je...je...je croyais qu’il était ici.
  — Vous croyez ?» Le geôlier recula effrayé. « Vous étiez pourtant sensé le surveiller ! Sa Majesté ne vous avait-elle pas fait comprendre qu’il pouvait être dangereux pour lui ? » L’homme recula davantage jusqu’à ce que le mur l’empêcha d’aller plus loin.
  « Ou...oui. Mais... mais...mais... De... Demandez aux nouveaux...Ils savent peut-être quelque chose.
  — Les nouveaux n’ont pas été choisis pour ce rôle de confiance et  ont reçu des ordres strictes, ne pas se mêler de vos affaires.  Ce détenu vous avait été confié.Il y a des disparitions étranges entre ces murs et celui-ci ne devait pas disparaitre.
  —Il, il, il y est peut-être encore, vous ne devez pas avoir bien regardé. Il fait si sombre là dedans.
  — Venez vérifier par vous-même.» l'individu le tira par le bras pour le faire avancer.
   « Laissez-moi ! » Il se débattit, deux « Kal’urs » tentèrent alors de l’attirer dans la cellule.
  « Mes amis vont s’amuser avec toi alors, et puis pour une fois ils vont se régaler. Entendre quelqu’un leur demander grâce  est plus jouissif pour eux que de simples grognements.
  — Laissez-moi ! Je vous en prie. » Il se pencha en arrière, essayant tant bien que mal de résister. Il se laissa trainer. Deux miliciens se postèrent derrière lui et le poussèrent.  Des cris et des hurlements parvinrent rapidement à Darian et sa mère.
  « Pitié ! Laissez-moi. »Un bruit de lutte montait du corridor. L’obèse, entièrement nu, parvint à se dégager et à s’extirper du cachot, en rampant, nez en sang.
Le pauvre, je le plaindrais presque. Ces cris Talmir a du les pousser sans qu’il ne lève le petit doigt. Je dirais bien à mère de remonter, mais elle n’acceptera jamais. Je ne peux pourtant pas rester indifférent.


Dernière édition par Sunpatty le Dim 18 Oct 2015 - 18:28, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Les vilipendes du sendris [roman]   Les vilipendes du sendris [roman] Icon_minitimeVen 5 Juin 2015 - 23:14

Darian le justicier


 
Les « Kal’urs » apparurent de nouveau. L’un d’entre eux asséna un violent coup de pied au geôlier qui se remit à hurler. Petit à petit, les cris laissèrent place à des gémissements.Les prisonniers, attroupés près de leur  grille, se mirent à rire. Un peu de spectacle dans leur triste quotidien ne leur ferait pas de mal. Darian ne les distinguait pas, mais aperçut leurs mains au travers des barreaux cherchant à happer l’infortunée victime.
  «Eh les gars, matez-moi ce cachalot échoué.
  — la marée a du être vachement forte pour qu’il atterrisse ici. » Des éclats de rire résonnèrent dans le couloir. Les miliciens imposèrent le silence par le seul fait de lever les yeux vers eux.
  Le geôlier gisait toujours sur le sol. Il ne bougeait pas.
  « Regardez-moi ce gros plein de soupe, ce pleutre, et c’est lui qui devait garder le prisonnier ? » Déclama un « kal’urs ». Il le poussa du pied. « Ce n’est que de la viande flasque et avariée, même mon chien n’en voudrait pas.
  — Faut croire que notre roi a le sens de l’humour. Il n’a même pas osé sortir son arme.
  — C’est à nous qu’il aurait du confier la garde du prisonnier.»
  Un « Kal’urs » lui donna un nouveau coup de pied dans les flancs.
  « Nous allons fouiller les cellules à tous les étages, si tu l’as caché quelque part, nous finirons par le retrouver. Debout gros tas, Donne-nous les clefs." A ces mots les prisonniers reculèrent au fond de leur cachot.
  — Je n’ai que celle de ce cachot. Ce sont les stagiaires qui ont les autres.
  — Bien alors allons trouver ces stagiaires. Arwan, Pierc, suivez-moi. Vous trois on vous laisse votre joujou.»

  Les stagiaires...songea aussitôt le prince.

  Darian jaugea la situation et recula. Le couloir n’était pas assez large pour que les gardes interviennent avec leur lance. Il se mit à hauteur du guichet et s’agrippa au rebord. Gurvan l'aperçut le prince et donna un coup de coude à son voisin. Leurs regards se croisèrent et il mit un doigt sur ses lèvres pour leur imposer le silence. Un de ses hommes lui fit la courte échelle. Il se hissa et atterrit de l’autre côté. Les deux apprentis-gardes, Niort et Gurvan se tapirent au fond de leur bureau, entendant les miliciens remonter le couloir. Holmett, après avoir barricadé l’entrée, attendait bien campé sur ses pieds. Il jeta le trousseau de clef au prince et reporta son attention sur la porte. Darian les donna au capitaine des lanciers.
  « Fermez la porte du couloir, afin qu’ils ne puissent sortir. Holmett et moi allons nous occuper d’eux.
  — Darian, c’est de la folie.
  — Mère. Je frapperais trois coups si ça tournait au vinaigre. Mais j’aimerais mieux vous savoir en sûreté.
  — Nous avons nos gardes.
  — Je veux qu’ils restent avec vous. Le peu d’espace entraveraient leurs mouvements. Il nous faudrait des épéistes pas des lanciers. » Darian se tourna vers ses hommes.
  « Capitaine faites ce que je vous dis. Quant aux autres préparez-vous à évacuer ma mère si nécessaire. Ils approchent.»  Dans le petit bureau, Darian se mit lui aussi en position pour intervenir. Les pas des miliciens se firent de plus en plus proches. :
   « Nous devons le retrouver, sinon c’en est fini de nous. »
Darian s’adressa aux deux jeunes hommes.
  «  Vous pouvez partir si vous le désirez.
  — Nous voulons devenir des gardes nous n’allons pas fuir à la première bataille.
  — Voilà qui est bien dit. » Il leur fit signe de se tenir prêt.
  Deux coups furent frappés violemment à la porte.
  « Ouvrez ! Nous avons ordre de fouiller les cellules. Le prisonnier fou a disparu !» N’obtenant pas de réponse, l’homme fit signe à Pierc de la défoncer avec sa hache. Niort sursauta lorsqu’il vit le fer percer le bois du panneau. Plusieurs coups plus tard, l’ouverture fut assez grande pour laisser passer un des « Kal’urs »
 « Surprise ! » cria Darian en portant la première estocade. Le milicien, déséquilibré, franchit la brèche en sens inverse et se retrouva cul par-dessus tête. Ses compagnons s’empressèrent de le relever. Darian emprunta le même chemin, les bouscula et se rua dans le couloir, imité par Holmett, Niort et Gurvan. Il jeta un regard sur sa droite. Près de l’ancienne cellule de Talmir, les trois autres s’acharnaient toujours sur le geôlier qui ne s’était toujours pas relevé. Darian l’entendit sangloter.
Je ne peux le laisser ainsi, sans défense. Je ne serais jamais un bon roi si je laissais frapper un homme à terre, même la pire des ordures.
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Dernière édition par Sunpatty le Dim 18 Oct 2015 - 18:30, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Les vilipendes du sendris [roman]   Les vilipendes du sendris [roman] Icon_minitimeJeu 11 Juin 2015 - 19:17

Darian et la reine: les cachots, suite et fin

  « Quelqu’un avec moi ! Holmett tu t’occupes de ces trois là. Si besoin fais entrer les gardes.» Pendant Qu’Holmett et Gurvan s’occupèrent du premier trio, il se rua sur les autres, suivi par Niort.

  « Tiens donc Son Altesse en personne. Le fils à maman, le prince de rien du tout. »
  Manfred Lancaster, l’homme qui a changé de camp aussitôt qu’il apprit la mort de son roi.
  « Vous ! J’aurais du me douter que mon père n’engageait que des scélérats dans sa milice.
  — Un fils de traître qui trahit son père. Voilà qui n’est pas courant. C’est de famille ?
  — Gardez votre salive pour vous, Judas! Vous avez abandonné mon cousin dans l’embuscade tendu par mon père ! Vous étiez son second garde du corps et vous avez fui.
  — Vous ne savez pas de quoi vous parlez !
  — Dix-huit ans ! Il devait fêter ses dix-huit ans ce jour là ! Il n’a trouvé que la mort parce que l’un de ses deux gardes du corps a préféré déserter.
  — Vous ne savez rien. Vous ne savez pas ce qui m’a fait fuir !
  — Et je n’ai pas envie de le savoir.»

  Le dénommé Manfred dégaina son épée et engagea le combat. D'esquives en pirouettes, Darian évita ses attaques. L’arme du « kal’urs », une épée à deux mains, le ralentissait . Il balaya l’espace restreint d’un coup horizontal avec la ferme intention d’atteindre le prince au cou. Darian se baissa. Au moment où il se redressa son adversaire fit revenir son arme dans l’autre sens, c’est alors que Niort plongea, bouscula le prince et frappa par en dessous, envoyant voltiger l’épée contre le mur,qui retomba dans un bruit assourdissant. Sur sa gauche, la baleine gisait toujours sur le sol en position fœtale. Un «Kal'urs», le menaçait, un pied posé sur sa tête, la pointe de son espadon sur la gorge.
  « Voilà bien le genre d’homme que vous êtes, des lâches ne s’en prenant qu’aux plus faibles ou désarmés.
  — Pourquoi vous inquiéter pour lui ? Il a envoyé un message à votre père afin de signaler votre trahison.
  — Cela n’a aucune importance, il n’a fait que son devoir.» Même s’il a dénoncé mes manigances, je ne peux le laisser.

  A l’autre bout du couloir, la situation était plus critique. Gurvan blessé au bras, était assis dans un coin, Holmett debout devant lui, le protégeait tant bien que mal. Acculés près de la porte il frappa violemment trois coups. Les gardes entrèrent alors. Maîtrisant rapidement les « Kal’urs. »
  Darian et Niort, encore aux prises avec deux miliciens étaient encouragés par les détenus qui s’accrochaient aux barreaux de leur cellule. Apercevant les gardes venus en renfort, les « kal’urs » cessèrent le combat et se ruèrent vers le fond du couloir, talonnés par Darian et ses hommes. Le corridor se prolongeait après la cinquième et dernière cellule. Ils tournèrent à droite et ... disparurent. Il n’y avait aucune porte, aucune trappe, rien et pourtant ils n’étaient plus là. Lorsqu’ils revinrent sur leurs pas « la baleine » s’était rhabillée. Il avait la joue rougie et avait perdu deux dents sous la violence des coups. Il remercia le prince de l’avoir sauvé.
  « Gardez vos remerciements. Vous allez tout de même payer le mal que vous avez fait. Vous avez un aller simple pour les galères de Rhodyan pour crime de lèse-majesté et tentative d’assassinat du prince héritier : Talmir Dotan.
  — Je...Je n’ai jamais tenté de tuer le prince. J’ignorais que c’était lui. On m’avait dit qu’il était mort.
  — Peu importe vous deviez le surveiller et aussi le protéger or vous avez fait l’inverse. Il est inacceptable qu’un détenu soit martyrisé dans sa cellule !
  — Je ne faisais qu’exécuter les ordres de votre père. Ils me disaient venir de  sa part.
  — Et vous ne vous donniez pas la peine de demander un laissez-passer ?  
  — C’était des « Kal’urs », ils n’obéissent qu’au roi.
  — Je pense plutôt qu’ils vous soudoyaient en vous offrant de la nourriture. Plusieurs fois les stagiaires s’étonnaient de leurs présences et vous leur répondiez qu’ils étaient médecins. Que ce soit votre collègue ou vous, vous ne donniez que cette réponse. Comment entraient-ils ? Estimez-vous heureux que ma mère m’ait recommandé de vous envoyer aux galères. Cela aurait été différent si vous aviez réellement été un gardien de prison.
  — Plutôt ça que la pendaison. J’espère que je n’irais pas seul.
  — « L’huître » fera aussi partie du voyage rassurez-vous. Il vous attends sagement en haut, chez Guilbert .
  — Ce n’est peut-être pas grand-chose, mais restez sur vos gardes. J’ai prévenu votre père à propos du prisonnier. Je vous dois au moins ça. J’espère qu’il n’est pas trop tard. Vous ne me croirez sans doute pas, mais j’ignorais réellement qui il était.»
  Darian regarda l’homme avec mépris. Son pourpoint taché de gras et de vin, montrait qu’il n’était pas du genre à attirer la confiance  Même un geôlier, aussi ingrat que soit son travail, peut faire un minimum d’effort pour être présentable.
 « Ne comptez pas sur ma bonté d’âme pour faire en sorte que votre captivité vous soit plus douce. J’aurais pu vous laisser mourir sous leurs coups. Vous n’auriez eu que ce que vous méritiez. Je n’aime tout simplement pas que l’on s’en prenne aux personnes sans défenses. A travailler à de sales besognes, on en récupère le revers de la médaille. Pour ma part vous n’êtes rien, pas même un garde. Je sais fort bien que mon père vous a recruté dans les bas-fonds où vous semiez la terreur, ainsi que votre complice. »

  Malgré l’air féroce et le regard mauvais de l’homme devant lui, n’importe quel prisonnier en pleine possession de ses moyens armé ou agile, n’aurait aucun mal à le maîtriser, prenant en compte son embonpoint.
  Talmir en aurait été capable. Il s’est rendu pour me protéger et je n’ai pu le faire sortir avant...

  Un des hommes de la reine prit la place du geôlier, s’installant nonchalamment sur la chaise. Il repoussa l’assiette encore pleine du goinfre, le plat où baignaient encore dans leur jus de bonnes tranches de rôti et un panier empli de fruits. Et bien en tant que geôlier il ne se refusait rien...songea-t-il. Il s’empara d’une pomme qu’il dévora avec assiduité,  posa ses pieds sur la petite table de bois, ouvrit sa sacoche et en retira le journal remis par Guilbert. C’était un recueil à la couverture en cuir orné de lettres dorées. L’ancien roi y consignait ses dernières recommandations adressées aux geôliers qu’un de ses serviteurs récupérait une fois par semaine, afin qu’il lise les observations du gardien en chef. La reine et son fils se penchèrent au-dessus de lui, éclairés par la lanterne qu’un garde maintenait bien haut
  « Au moins, mon beau-frère reposera en paix. Mon sang et celui de mon fils ne seront pas souillés par la tyrannie de son cadet... » Elle se tourna vers un de ses gardes :
 « Clérald, envoyez un messager  prévenir Valtán le gardien des plaines.  Sa tête est mise à prix, qu’il quitte au plus vite son poste. Donnez-lui ceci. C’est un signe de reconnaissance et cela aussi.» Elle tendit un message écrit de sa main et un insigne représentant le blason de l’ancien roi. « Surtout prévenez-le de garder un œil sur Jon Valendis...Qu’il veille à ce que rien de fâcheux ne lui arrive.
  — A vos ordres. Puis-je vous en demander la raison ?
  — Une promesse que j’ai faite à la reine Fiona. Rien que vous n’ayez besoin de savoir pour le moment.
  — Votre serviteur, Ma Dame...
  — Vous irez ensuite voir si le page de Darian est de retour. » Elle se tourna vers le garde qui parcourait les dernières notes. « Qu’en pensez-vous Jocastre ?
  — D’après ce que votre beau-frère a mentionné, il avait prévu de reloger les détenus dans des cellules plus aérées et aussi qu’il était désespéré que les travaux n’aient pas encore démarrés... Le charpentier et le chef des bâtisseurs s’étant mystérieusement envolés....
  — Dont un a été retrouvé ici, dans ce cachot. D’après les ouï dire, ils se seraient volatilisés après avoir quitté le château, certaines rumeurs faisaient même allusion à de la sorcellerie. Vous assignerez une dizaine d’hommes à la surveillance des Tailleurs de pierre et tous ceux qui s’occuperont des travaux, si je parviens à en recruter. Les ordres de Firmin seront exécutés, je demanderais à mon père de financer le projet, cela m’évitera de toucher au trésor royal.
  — A vos ordres.
  — Dès que vous aurez terminé l’inspection des cachots, et le transfert des détenus au premier étage, endroit où ils devraient normalement se trouver.
  — Comme il vous plaira. Et pour les autres, ceux qui ne sont pas de sang noble ou en passe d’être exécuter ?
  — Emmenez-les dans l’autre tour. Vous les installerez dans les premières cellules, leur exécution étant proche. Pour les derniers, installez-les dans les cellules les moins insalubres. Vous choisirez aussi parmi vos hommes, les meilleurs éléments pour surveiller cet étage. Comme ce n’est pas un travail plaisant, ils auront une double solde de ma part. Trois par trois, ils seront affectés ici et relayés toutes les quatre heures. Neuf serait un minimum, dix-huit serait mieux. Je veux qu’ils arpentent régulièrement les couloirs et les cachots. Qu’ils notent chaque bruit suspect Chaque matin vous enverrez quelqu’un chercher les rapports. Il se passe des choses étranges dans ces lieux et je les découvrirais.
  — Et si votre mari soupçonnait quelque chose ?
  — Ne vous inquiétez pas pour ça. J’en fais mon affaire... Je veux que tout soit en place ce soir.
  — Bien Ma Dame... » Elle tourna les talons, suivie de Darian  « Ah, j’allais oublier, Jocastre. Prenez les enfants comme pages et écuyers. Ils sont quatre. Un pour vous et un pour Clérald, la fillette sera à mon service. Envoyez-les chaque matin voir le précepteur de Darian, il sera enchanté d’instruire d’autres enfants...par la même occasion vous formerez l’ainé, il deviendra un écuyer pour mon fils.
  — Mère, Penn me convient parfaitement.
  — Penn partira un jour Darian, tu le sais. »
Oui, il retournera auprès de Talmir. Et s’il trouvait son binôme ?...
  « Je crains pour votre vie Mère...N’est-ce pas un peu...
  — Votre père ne me fera rien, si c’est ce que vous voulez dire. » Il restait néanmoins inquiet pour elle.
  « Avec les « Glors » dans les parages, nous devons nous attendre à tout.
  — Vous avez peut-être raison mais votre père ignore que j’ai des alliés précieux. Vous ne tarderez pas à faire connaissance avec l’un d’entre eux, si ce n’est déjà fait. Allons donc voir votre cousin. Le pauvre Penn doit s’impatienter.
  — Puis-je vous poser une question, mère ?
  — Je vous écoute.
  — Pourquoi affecter des gardes à l’étage du dessous si vous condamnez la porte ?
  — Question pertinente. Vous auriez fait un bon roi. Il parait que des prisonniers disparaissent mystérieusement d’après Guilbert. Hormis Talmir gardé par des individus suspects, certains des détenus se sont volatilisés. Les gardiens s’étonnaient que plusieurs cellules fussent vides au matin. Il semblerait qu’ils disparaissent entre deux rondes... C’est parce qu’ils désertent chacun leur tour que j’ai mis en place les stagiaires, et Holmett depuis deux semaines.»

  Deux geôliers par étage...cela ne suffit pas. Penn m’avait bien parlé d’ombres et de bruits suspects. 


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MessageSujet: Les vilipendes du sendris [roman] Penn et Talmir   Les vilipendes du sendris [roman] Icon_minitimeDim 14 Juin 2015 - 19:16

Penn et Talmir: les cachots, premier étage.


  Penn agenouillé près de son prince, essaya tant bien que mal de le faire manger. Dérogeant à la règle de la bienséance, il n’hésita pas une seule seconde à le gronder, comme le ferait avec lui un père ou un frère. A l’écart, le médecin, désigné par la souveraine,  préparait une mixture pour le fortifier et soigner ses blessures. Sceptique à propos du rétablissement du prisonnier, il reconnut néanmoins que les habitants de l’île des pluies avaient une certaine promptitude à soigner et guérir les maux les plus variés.
  « Avalez ça mon Prince. C’est une bonne soupe au lard, comme vous l’aimez, avec quelques lentilles. Votre tante et votre cousin ne devrait plus tarder. Je les entends remonter des cachots. Quelle folie qu’elle ait insisté pour s’y rendre. » Talmir tourna la tête en gémissant, repoussant la cuillère.
  « Ne faites pas l’enfant. Je vous prie. Ce n’est pas digne d’un homme de votre rang.»  

  D’un mouvement brusque, l’héritier envoya promener le bol de soupe. Celui-ci se renversa sur son infortuné écuyer. Malgré le liquide brûlant  traversant ses vêtements, Penn se releva sans une plainte et nettoya les dégâts.
  « Vous me décevez !» Il avait haussé le ton et le sermonna comme un enfant. « Vous devez reprendre des forces. Ce soir, à la nuit tombée nous allons quitter cette cellule.»  Penn était malgré tout inquiet  sur la réussite du plan. Talmir est si faible...Et s'il était incapable de marcher aussi longtemps? Darian a-t-il prévu un autre plan?
  « Vous êtes différent. Quoi qu'il en soit, je suis et je resterais toujours votre serviteur, votre écuyer. J'ai parfois l’impression que vous me reprochez de rester avec Darian.» Les larmes perlaient à ses yeux et sa voix tremblotait légèrement. Plus que la brûlure c’était l’indifférence de son maître qui le perturbait. « Vous pensez certainement que je vous ai trahi. Ce serait déshonorer mon peuple, ce genre de bassesse. C’était la seule solution pour que nous puissions rester en vie, vous et moi. »

  Talmir tourna la tête et darda sur lui son regard las, conscient cependant des efforts qu’avaient fait Penn pour ne pas le laisser dépérir. Avait-il seulement envie de redevenir comme avant ?
  Tu en as assez fait pour moi, Penn. Pourquoi n'es-tu pas parti lorsque je te l'ai demandé? Tu n'étais pas obligé de rester. Je voulais que tu t'éloignes de Tendris, du fort, de moi...Que tu accomplisses ton rêve. Pourtant tu es toujours là. Oh Penn, ne remarques-tu pas que je n'ai plus rien d'un prince?

  Le Celisien ne baissa pas les yeux. Je ne dois pas faiblir se dit-il.
  « Je voulais que votre cousin m’enferme avec vous. Il a refusé parce que ce n'était pas ma place. Je pense plutôt qu'il avait peur que son père ne me fasse exécuter, comme vos serviteurs... Darian m’a proposé de venir travailler aux cachots la nuit, pour qu'ainsi je continues à être à votre service. J’ai veillé sur votre sommeil, pris soin à  ce que vous n’ayez jamais froid et déprimais chaque matin, lorsque je devais vous quitter...Tout ça pour quoi ? Pour rien !»

  Talmir grimaça en tentant de s’asseoir. Le jeune serviteur s’empressa de l’aider et lui glissa un autre coussin sous la nuque.
  « Je comprends que ces années de détention vous aient quelque peu affaibli, mais avant vous ne baissiez jamais les bras quelque soit la difficulté.  J’ai beaucoup d’affection pour vous, mon prince. Je n’aime pas le changement qui s’est opéré en vous. Vous n’êtes guère présentable. Vous êtes  sale, pas rasé, les cheveux en broussailles et vous refusez que je remédie à cela. Vous devez reprendre des forces. Nous allons enfin quitter ces lieux infects. Vous vous rendez compte ?  Votre tante va venir vous faire ses adieux. Que va-t-elle penser de vous ? Vous ne pouvez plus parler et je le déplore mais je reste persuadé qu’à l’instant où votre main se posera à nouveau sur une épée, vous retrouverez vos réflexes d’antan. »

  Talmir grogna. Penn avança une main vers le visage anguleux du prince mais il la repoussa.
  « Cela fait deux semaines que vous refusez que je prenne soin de vous.  Je ne puis rester à vos côtés. J’ai besoin d’un maître qui garde toute sa dignité et refuse de plier sous le joug. Le véritable Talmir n’abandonnerait pas et se saisirait de la chance qu’on lui offre. Vous n’êtes plus celui que j’admirais...Vous faites honte à votre père, à votre rang, à votre sang ! Vous êtes un imposteur mais pas mon véritable prince.» Talmir baissa les yeux. Penn avait-il touché un point sensible ? Il baissa la tête et reprit :
  « Ma condition de fils de la pluie ne m’oblige en aucun cas à rester avec vous. Je le faisais parce qu’à mes yeux vous étiez un grand homme, un futur roi et que j’avais tout à gagner en restant à vos côtés. Mais au fond, je me suis trompé. Vous n’êtes pas ce seigneur qui  gouvernera le Sendris.» Tout en prononçant ces paroles, il  ferma les yeux. Faire croire à son maître qu'il lui faisait honte lui brisait le cœur. Cela fera-t-il réagir Talmir, lui fera-t-il reprendre conscience qu'il était en vie et qu'il devait renaître?   Il l’observa du coin de l’œil, se redressa et s’empara de sa petite cape qu’il jeta prestement sur son dos. « J'abandonne. Vous m'avez  donné mon congé il y a quatre ans, je le prends donc. Je vais faire part à Darian de ma décision, veuillez me pardonner Mon Prince. J’ai été heureux de travailler à vos côtés.»
  Il tourna le dos au jeune malade et fit un pas vers la sortie. Talmir le retint brusquement par sa tunique, émettant un son incompréhensible dont l’intonation suffit à faire comprendre à Penn de rester. Nonchalamment, il se retourna vers lui. Le détenu lui jeta un regard suppliant, l’implorant de ne pas le laisser. Sur cette paillasse, recouvert de chaudes couvertures, il avait plus l’apparence d’un chien, d’un enfant sauvage que d’un jeune noble. Penn en eut pitié et lui prit la main.
  « Je ne peux vous abandonner même si je sais qu’un jour viendra où je ne pourrais faire autrement, dès que j’aurais découvert mon double.» 
  Le prince acquiesça d’un hochement de tête et d’un son guttural différent. « Quel dommage que ce ne soit pas vous. J’aurais immédiatement compris et ça vous aurait épargné bien des souffrances. Vous connaissez mon rêve et n’ignorez rien de la destinée des habitants de l’ile des pluies... » Il fut interrompu lorsque la porte s’ouvrit.  

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MessageSujet: Re: Les vilipendes du sendris [roman]   Les vilipendes du sendris [roman] Icon_minitimeMar 11 Aoû 2015 - 1:34

Il se tourna vers les nouveaux arrivants et mit un genou en terre.
« Votre Grace....Prince Darian.
— Relevez-vous, Penn. » La souveraine l’examina. « Que vous est-il donc arrivé?
— Oh, ce n’est rien, j’ai uniquement été maladroit. » Répondit-il en baissant la tête.
La mère de Darian lui releva le menton tout en observant à la dérobée le prince déchu.
« Dites-moi la vérité.
— Je suis désolé. » S’adressait-il à son maître ou à la reine ? Au deux surement. Il jeta brièvement un regard à Talmir et reprit : «  Il ne veut rien avaler et a envoyé promener son bol de soupe. »

 La reine était anxieuse. De nombreux jeunes hommes ayant entendu dire qu’il y avait une chance que le prince fut en vie, décidèrent de se faire passer pour lui... Devant la recrudescence de ces usurpateurs, son mari les fit enfermer et ordonna qu’on leur tranche la langue avant de les libérer dans la nature. Elle fut aussi prévenue de l’arrivée imminente du jeune Jon à Tendris.

Si les rumeurs sur Jon sont fondées, il va se jeter dans la gueule du loup. Mon mari est tout sauf un tendre avec ceux qu’il a banni. Je pourrais plaider sa cause et lui rappeler la malédiction de Jon. D’un autre côté si  tout ce déroule comme Darian et moi l’avons prévu, je ferais en sorte que Talmir les rejoigne. Il devrait être possible de les faire se rencontrer. Talmir appréciera sûrement de revoir son ancien garde du corps.

 Elle examina la pièce pour se changer les idées. Visiblement Guilbert et ses fils veillaient au confort des prisonniers, en changeant régulièrement la jonchée, même dans les cellules inoccupées. Celle dans laquelle avait été transféré Talmir était la plus spacieuse et disposait d’une cheminée et d’un plancher. En ce jour, elle faisait plutôt office de salle de soins, dont un côté accédait à la tour du praticien. Le souverain précédent en avait supprimé la fonction de cachot. Cela rendait plus pratique l’évacuation des malades contagieux ou des défunts vers l’hôpital, sans ameuter les habitants de la cité. Des cloisons séparaient la couchette surélevée, du lieu d’aisance, et deux ou trois ouvertures dans le mur assuraient le renouvellement de l’air. Il est bien mieux logé ici, même si cela reste une cellule. Demain il sera libre.La souveraine s’approcha du jeune prince pendant que son fils interrogeait le soigneur.  

« Allez-vous changer mon cher Penn. Je vais veiller sur lui jusqu’à votre retour.
— Sauf votre respect, Votre Grâce, j’aimerais rester. » Ils se regardèrent silencieusement.
Il  est vraiment bien ce jeune homme. Talmir ne pouvait rêver mieux comme écuyer.

« Comme il vous plaira. Je ne veux pas vous chasser. » Il lui avança l’unique siège de la cellule et resta debout à ses côtés pendant qu’elle s’adressait au blessé.  

« Mon pauvre Talmir. Mon mari n’est qu’un monstre, moins sans doute que vos tortionnaires, mais un monstre tout de même. »

 Elle approcha lentement la main vers le visage du prince déchu. Il ne se déroba pas à ce geste. Elle lui caressa la joue. Talmir leva les yeux vers elle et pencha légèrement la tête de côté, appuyant davantage sa joue sur cette main douce et chaude. Il faisait penser à un enfant innocent cherchant à déchiffrer le comportement des gens. D’emblée, il sut lui faire confiance. Avait-il reconnu sa tante ou est-ce tout simplement parce qu’elle était la seule présence féminine qu’il vit après quatre ans? Elle l’aida à s’asseoir, posant délicatement son bras derrière son dos. Il grimaça et se laissa aller. Il posa la tête sur l’épaule réconfortante de la reine attendrie.

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MessageSujet: Re: Les vilipendes du sendris [roman]   Les vilipendes du sendris [roman] Icon_minitimeLun 7 Sep 2015 - 22:54

Talmir et la reine: quelques heures avant l'évasion

  Il paraissait si fragile, lui qui autrefois  était si robuste.
  Deux ans plus âgé que Darian mais le cœur lourd de tristesse. Il a déjà souffert plus que la normale. Il a eu un bien triste anniversaire. Comment réparer ce que j’ai provoqué ? Tout ça parce que je voulais donner un fils à mon mari.
 
  « Ce soir, tu seras libre eu égard à ta mère, Talmir. Je ne te laisserais pas croupir un jour de plus dans ces lieux infects. Je suis navrée. J’aurais du te faire sortir avant. »  Je ne pensais pas qu’il te garderait quatre années entre ces murs.

  La voix du médecin  la tira de ses réflexions. « Excusez-moi, Votre Grâce. »
  Il s'avança suivi de Darian portant le plateau d’onguents. Penn s’en empara aussitôt le suppliant  du regard, c’était son rôle de s’occuper de Talmir. Celui-ci ne put lui refuser et se mit en retrait. 

  Darian regardait, avec tendresse et un peu de jalousie sa mère caresser les cheveux broussailleux de son cousin.
  Il ne m’a pas reconnu. J’avais l’impression d’être un étranger pour lui. Il paraissait avoir peur de moi. Il est touchant de les voir ainsi. Au moins, il n’a pas repoussé ma mère.
  « Excusez-moi » Reprit le médecin avec sa voix de stentor. « Il faut que je lui nettoie ses blessures Ma Dame.
  —J’aimerais vous aider. Ma présence le calmera peut-être. »
 Sans insister davantage, le vieil homme procéda aux soins. Il déshabilla avec délicatesse le blessé, toujours lové contre la mère de Darian. Son  dos avait tellement saigné que ses vêtements adhéraient à ses plaies. Talmir se dégagea brusquement de l’étreinte, se débattit, poussant  des cris à faire se dresser les cheveux sur la tête. Il s’agitait dans tous les sens. Il ne supportait pas que cet inconnu le touchât et le poussa violemment. Déstabilisé, le vieil homme chuta envoyant valser le plateau tenu par Penn. Talmir hoqueta. Son regard était apeuré.   Darian tenta de le raisonner et fut bousculé à son tour.
  « Laissez-moi faire... »
  L’héritier se calma légèrement en entendant la voix doucereuse de Penn mais continuait à gémir.
  « Laissez-moi vous examiner Mon Prince. » le blessé le bouscula un peu « C’est moi. Penn. » Talmir répondit par le langage des signes que lui avait enseigné Penn. Darian tentait d’en saisir le sens. Il connaissait quelques bribes mais pas suffisamment hélas pour comprendre.
 « Il aimerait que vous nous laissiez seul. » annonça Penn, répondant ainsi à la question muette de Darian.
  Darian se tourna vers sa mère. « Je pense qu’il vaudrait mieux faire ce qu’il demande mère. Talmir est entre de bonnes mains. »
  La souveraine se leva à contrecœur, prit la main de Talmir et se pencha pour déposer un baiser sur son front.
  « Je ne laisserais plus jamais votre oncle vous humilier. Ce soir vous pourrez dire adieu à ces sinistres murs. » Elle le laissa le cœur serré.   Il est devenu une épave...Je n’ai retrouvé, ni force, ni volonté dans son regard devenu si terne, si triste que j’en suis meurtrie.
Talmir désigna le soigneur et la porte d’un geste furieux.
 « Non, mon prince. Cet homme ne vous veut pas de mal. Il va vous soigner. C’est le médecin. »
  D’un non énergique de la tête, Talmir montra son désaccord.
  « Entendu, il ne vous touchera pas, mais il doit rester. Vous êtes si borné par moment. Il m’expliquera ce que je devrais faire. Faites-moi confiance, comme par le passé.»

  Talmir se résigna. Comment résister à l’attraction de l'enfant de la pluie ? Son père lui-même en était incapable. Un regard ; un sourire ; peu importe, pouvait le faire prendre une autre voie. Les habitants de Célise étaient destinés à veiller sur le monde après leur mort pour peu qu’ils aient pu accomplir leur mission sur terre. Leur charme naturel et leur attraction particulière calmaient les esprits les plus belliqueux ou réticents.  Le médecin guida donc le jeune Celisien dans ses gestes. Penn s’attela à la tâche en chantonnant et retint un frisson de dégoût. Des zébrures couvraient le dos de Talmir. Son bras était couvert de morsures, pas des morsures de rats mais bien d’homme. 
  Pendant deux semaines il a refusé que je m’occupe de lui. Il ne voulait pas que je voie ce qu’il endurait. Pour m’épargner ou pour laisser Darian dans l’ignorance ?
  Penn s’empara de l’onguent du soigneur et sous ses directives en badigeonnât le dos du prince. En le frictionnant, il perçut des ondes négatives qui le mirent mal à l’aise.
De l’essence de « Glors ».  Je comprends mieux la dégradation de sa santé et son refus de communiquer. Elle lui fait perdre le sens des réalités et rends méconnaissables tout individus. Il ne les voit que sous un aspect effrayant voire monstrueux. En tant qu’enfant de l’ile des pluies, je suis le seul qu’il reconnaisse. Mon pouvoir a ralenti le leur. Maintenant que je sais ce qui le perturbe, je serais à même d’être plus efficace pour l’aider. Reste à savoir pourquoi et comment je ne pouvais percevoir cette essence au sous-sol.

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MessageSujet: Re: Les vilipendes du sendris [roman]   Les vilipendes du sendris [roman] Icon_minitimeVen 18 Sep 2015 - 22:26

 Penn et Talmir quelques heures avant l'évasion.

  « Votre cousin est très inquiet pour vous, Mon Prince. Il est déçu que vous ne l’ayez pas reconnu. Il ne cesse de répéter qu’il ne méritait pas un trône volé et que cette place vous revenait. Il veut vous la rendre. Mais pour ça il vous faut guérir, vous battre.»

  Talmir s’agita à nouveau. Darian allait lui rendre sa place. Eu égard pour son père, il honorera son héritage. D’un geste, il repoussa ses couvertures et entreprit de se lever. Penn chercha à le retenir.
  
  « Mon Prince, ce ne serait pas prudent. Attendez encore un peu avant de vous lever. Reposez-vous et recouvrez vos forces.»

  Il jeta une œillade inquiète à son maître et y lut une détermination farouche, de celles qui signifiaient que rien ne l’arrêterait. Talmir se redressa, prit appui sur l’épaule de son serviteur, sans que celui-ci ne cherche à le dissuader davantage. Bien qu’il ne fût pas d’accord, le médecin vint prêter main forte au tandem. Malgré ses blessures lancinantes et sa faiblesse apparente, Talmir fit un pas chancelant, traînant. Une ébauche de sourire lui vint aux lèvres. D’un son guttural étrange, il fit comprendre à ses porteurs de le lâcher. Il tituba. Sa main prit appui contre le mur. Il fit un pas seul, puis deux, comme un enfant apprenant à marcher. On sentait monter en lui le plaisir. Son dos le tiraillait mais il avançait. La jambe droite, plus faible que l’autre, traînait encore un peu.
« C’est un miracle. » s’étonna Penn 
  Cela faisait déjà une semaine que le prince n’avait pas marché. Les violences qu’il avait subies et l’essence de « Glors » l’avaient rapidement affaibli. Son état avait empiré en trois jours. Deux de plus et Penn aurait surement découvert un cadavre. Le voir à nouveau marcher était vraiment incroyable, même s’il ne doutât pas que son pouvoir y fut pour quelque chose.
«  Je n’en reviens pas moi-même, lui qui refusait tout soin il y a à peine quelques heures. Ainsi c’est donc vrai. Les enfants des pluies savent guérir les âmes meurtries.
—Disons que nous savons persuader.
— Non, la magie des « Lumens » dort en vous, jeune Penn, ne me prenez pas pour un idiot.
— Vous avez peut-être raison, mais ne comptez pas sur moi pour révéler notre secret. J’ai senti l’énergie des « Glors » en lui. C’est ce qui l’épuisait, mais je ne sais comment elle a pu l’atteindre. Je l’ai annulée, du moins je l’espère. »
 
 
  Talmir revint vers eux lentement et prit place sur le tabouret, épuisé mais heureux. Le médecin lui tendit une potion fortifiante qu’il avala mimant une grimace de dégoût. L’odeur du produit le rebutait. Contre toute attente, il accepta un petit morceau de pain. Il rayonnait, semblait reprendre goût à la vie. Mais son sourire s’effaça aussitôt lorsqu’il entendit la clé jouer dans la serrure et vit la porte s’ouvrir. Il se laissa tomber et se dirigea à quatre pattes derrière l’estrade, se faisant tout petit, tremblant comme une feuille. Penn ne comprit pas comment son maître pouvait être aussi effrayé à vingt-deux ans alors que quatre ans auparavant il défiait même la mort.
 
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MessageSujet: Re: Les vilipendes du sendris [roman]   Les vilipendes du sendris [roman] Icon_minitimeMer 30 Sep 2015 - 0:55

Darian et Talmir: deux heures avant évasion
 
   Guilbert entra apportant le plateau repas. Il jeta un regard circulaire dans la pièce, découvrit Talmir apeuré et se détourna aussitôt, ne voulant pas ajouter à la gêne occasionnée. Peu lui importait de qui il s’agissait, mais s’il était le protégé de la reine ce devait être quelqu’un d’important. Il ne connaissait pas le prince, ignorait même qu’il fut encore en vie. Il savait que c’était le neveu de la reine sans plus. Il se tourna vers Penn, afin de ne pas effrayer davantage le jeune prisonnier.
 
  « Sa Majesté la reine, me fait vous dire qu’un messager du roi Kal venait d’arriver. Sa Souveraineté devrait être de retour demain peu après l’aube. Il serait plus prudent d’avancer votre départ. La traversée des souterrains étant longues, vous risquez d’atteindre la forêt au moment où le roi en sorte. »
  Le médecin fit les cents pas, le menton dans sa main.
  « Nous allons donc mettre en place le plan B, sortir au vu et au su de tout le monde.
  — Je crains ne pas comprendre.
  — Voyons, vous n’ignorez pas que cette cellule communique avec ma tour, elle-même menant d'un côté à l’hôpital, de l'autre à l'intérieur de votre maison. » Il désigna le rideau placé contre le mur.
  « Je le sais très bien mais comment allez-vous le sortir discrètement ?
  — Une fois dans la tour, je n’ai plus qu’à prendre la porte menant à la clinique. Personne à part moi n’emprunte ce passage. Nous irons donc ensemble. Le trajet est court. Une fois dans l’établissement mon assistant le déposera sur un brancard. Il m’est arrivé bien souvent de sortir des corps où des malades contagieux de la ville ou de la prison, en général à la nuit tombée.
  — Vous allez le faire passer pour mort.
  — Ou si mal en point qu’il devra être mis en quarantaine au mouroir de la ville. Les crécelles ça a du bon pour mettre à distances gardes ou villageois.
  — Et même le roi fera un écart si vous le croisez. » 

  Tout le monde se retourna. Darian venait apparaître, de la tour les bras chargés de vêtements. 
  «  Je connais mon père, il a une peur bleue de la maladie. » Il se tourna vers Penn. « Dans deux heures, les hommes de ma mère vont être aux portes. Ils ont du intervertir leur tour de garde avec ceux de mon père. Encore une de ses règles stupides. Il ne veut être accueilli que par ses gens. Tu sais ce que cela signifie. Je ne serais pas de la partie avec vous, ce que je regrette. Mère et moi devons aussi être présents à son retour. C’est d’ailleurs pour cela qu’il nous fait prévenir par son messager. Je te fais confiance pour la marche à suivre. J’espérais tant faire un bout de chemin avec vous.» Il fit la moue. 
  « Voilà des vêtements pour mon cousin et toi-même. Je les ais sélectionné parmi le tas que m’avait apporté mon page. Vous vous rendrez chez les chasseurs, la maison est à une vingtaine de kilomètres de la forteresse. Je vous y rejoindrais demain dans la journée ou au plus tard dans la soirée. Mon père sera tellement soul et épuisé qu’il y a de grandes chances qu’il dorme après un bon repas. Jon Valendis est encore dans les parages et sa présence pourrait attirer les « Glors ». Restez sur vos gardes surtout. »
  Penn se tourna vers le médecin qui n’avait pas l’air inquiet et examina les vêtements pour Talmir: Des chemises de chanvre ; des pantalons de même matière ; des surcots de toile et un manteau en peau de daim dont la large capuche bordée de fourrure de loup dissimulera aisément ses traits. C’étaient des tenues de baroudeur un peu dépenaillées pour un prince mais qui le mettront à l’abri pour les recherches. Après le départ de Guilbert, Penn s’approcha de Talmir et se mit à sa hauteur.
 
  Talmir, recroquevillé, avait suivi l’échange sans se montrer. S’il s’était habitué à la présence du médecin, il voyait d’un autre œil celle de ce jeune homme blond qui semblait s’obstiner à rester et qui lui avait semblé trop familier, la veille. Il avait beau faire sombre mais il se souvenait parfaitement de sa visite. Il s’était comporté différemment aussi, ne l’avait pas molesté, mais il resta méfiant. 
  Les gardes venus me chercher venaient de la part du prince. C’est moi le prince, pas lui. Mon père est le roi. Penn m’appelle toujours comme ça... Il examina ses mains aux doigts décharnés, ses frusques rapiécées et compara son allure à la prestance naturelle de son cousin. Non, ce ne peut être moi. Le prince est bien habillé. Le roi est mort... pensa Talmir.
  «  Vous pouvez sortir de votre cachette Mon Prince, vous ne craignez rien. »
  Son père a tué le mien. Darian...Qu’est-ce qu’a dit Penn déjà ? Le silencieux croisa les bras. Son écuyer le rassura lui désignant le nobliau.
  « C’est votre cousin, voyons. Il ne vous fera aucun mal. Rappelez-vous, il vous a sauvé la vie. »

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MessageSujet: Re: Les vilipendes du sendris [roman]   Les vilipendes du sendris [roman] Icon_minitimeMar 13 Oct 2015 - 17:19

Talmir,Penn et Darian (deux heures avant l'évasion: les retrouvailles)

   Talmir l’examina attentivement d’un œil nouveau. Sauvé la vie...Oui, sans doute...Je n’ai pas encore mon esprit bien clair. Son père a tué le mien et m’a fait trancher la langue, ça je m’en souviens. Puis-je faire confiance  au fils ? C’est lui le prince maintenant, moi je ne suis plus rien...Sans sortir de ses retranchements, Talmir continua à scruter son cousin.

   Darian n’osait s’approcher. Me reconnaitra-t-il ? J’ai tellement changé. Songea–t-il.
   En quatre ans, il avait forci. La dernière fois que Talmir l’avait vu il était maigre, n’avait aucune force et commençait à peine son entrainement à l’épée. Son cousin
 Talmir me charriait souvent avec mes jambes baguettes de tambour. C’était son expression favorite. Il aimait me rappeler que j’étais épais comme une brindille et qu’un coup de vent pourrait me faire m’envoler. J’en riais afin de ne pas lui montrer le mal qu’il me faisait. Je l’idolâtrai, c’était un prince, un futur roi. 

   Parfois Talmir était si dur avec lui, qu’il refusait de lui parler pendant plusieurs jours, jusqu’à ce qu’il vienne le voir de lui-même. Ce n’était pas toujours facile avec lui, mais ça m’a endurci, maintenant On dirait que les rôles se sont inversés.
   Sous le regard inquisiteur de son cousin, Darian ne put oublier que son père voulait faire de lui un guerrier digne de ce nom et l’avait obligé à s’entrainer quatre heures par jour dès l’âge de quatorze ans. Réticent au début, l’adolescent qu’il était alors, avait fini par accepter. Il adorait Talmir et l’enviait pour sa force, sa carrure, son courage. Près de lui il faisait grise mine: plutôt maigrelet il n’aimait pas les sports de combats. Il préférait accompagner sa cousine Gillie avec son luth lorsqu’elle jouait du piano. Tout deux formaient un duo si talentueux que même les plus grands musiciens ne tarissaient pas d’éloges envers eux. Son cousin se moquait gentiment de lui, de son apparence fragile et de sa maigreur, mais il donnerait tout pour revenir en arrière .C’est une remarque de son père qui lui avait mis la puce à l’oreille
« En apprenant à te battre tu deviendras aussi fort que Talmir. Tu pourras alors le vaincre dans une joute s’il t’en prenait l’envie. Les hommes de notre famille doivent savoir se battre. Prends exemple sur lui et je serais fier de toi. »  
   La perspective de démontrer à son cousin qu’il pouvait lui aussi manier l’épée l’avait encouragé à s’améliorer. Il lui prouverait qu’il n’était pas qu’un gringalet et un musicien de pacotille, comme celui-ci aimait l’appeler.      Chaque fois que Darian venait au château, Talmir l’encourageait et parfois même l’entrainait. Que de bons souvenirs que ces moments là.

   Deux ans plus tard, Darian déchanta lorsqu’il apprit le projet macabre de son père auquel il devrait participer lui aussi.
   Comme chaque année il avait pour mission de rejoindre le convoi du prince afin de donner le signal du retour, mais cette année, il avait  reçu l’ordre d’anéantir Talmir.
   Je ne le voulais pas. Mon père m’avait sous estimé s’il s’imaginait que j’allais me ranger de son côté. J’ai toujours rêvé d’un combat contre mon cousin, mais à la loyale pour prouver ma valeur, pas en tant qu’ennemi. Cette fois-ci, je ne lui obéirais pas.

   Au moment du départ, Darian avait croisé Penn dans les couloirs en proie à la peur. Le regard effrayé qu’il lui lança lui fit comprendre qu’il le craignait.
   Je ne l’avais jamais vu dans cet état. Il avait plu ces derniers jours et il était couvert de boue. Son manteau recouvrant sa tunique était crotté de bas en haut. Il était venu trouver son roi pour obtenir des renforts et il l’a découvert à moitié mort. Les mains tâchées de sang, il avait cherché à les dissimuler. Il voulut s’enfuir en m’apercevant et lorsque je l’ai vu regarder en direction du cabinet de mon oncle j’avais compris. Mon père venait d’accomplir son forfait et Penn l’avait croisé.
   Darian avait du lui courir après, l’attraper et lui demander ce qui l’amenait au château. 
   
   Il se méfiait de moi...J’ai dû user de persuasion pour qu’il m’écoute. « Retournes auprès de ton maître, va le protéger. Je vais amener des renforts. Je ne suis pas mon père, je ne lui ferais aucun mal. »
 
   Quelques minutes plus tard, Darian partit accompagné d’une dizaine d’hommes. A son arrivée à l’emplacement du guet-apens, tout était terminé. 
   Que s’est-il passé ? 
   Cinq Lords, du côté de Kal, avaient emmené dix hommes chacun. Une cinquantaine contre une dizaine peu ou pas armé, le prince, ses quatre gardes du corps, deux valets et deux palefreniers chasseurs, armés de simple arcs. Et debout au milieu des cadavres, face à quelques rares ennemis, Penn se démenait, empêchant les hommes encore valides de s’approcher davantage. 
   Quatorze ans et déjà si dévoué. La force, la grâce et le courage des siens le servaient bien. Très peu osaient l’affronter de peur d’encourir la vengeance de son peuple. 
   Nul ne bougeait. En observant plus attentivement, Darian aperçut une bannière flottant sur une lance plantée en terre. Lord Castelbrown, un retardataire pour les festivités. Il voyageait toujours avec son fils Gustav, tombé dans la bataille et une cinquantaine d’hommes d’armes. Voyant son prince en difficulté, il était naturellement venu l’aider. Sont-ils tous tombés ? S’était demandé Darian à ce moment. Est-ce possible que tous soient morts ?

   Ce n’est qu’ensuite qu’il constata les arbres déracinés, les pierres déplacées. La plupart des hommes n’avaient pas été tués par une arme, dans un camp comme dans l’autre, un ennemi inconnu les avait décimés.
   
   Ce n’était pas qu’une bataille, c’était une hécatombe. Cinq survivants du côté ennemi, à peine deux chez le lord. Darian, arpentait le charnier, lentement, prenant garde à ne pas marcher sur un blessé. Il chargea cinq de ses hommes d’entasser les morts et aux autres d’achever les moribonds et de faire prisonnier les survivants. Il passa au dessus d’un corps, en poussa un  du pied, planta son épée dans un autre. Partout où il posait son regard, il y avait du sang, des boucliers défoncés, dont certains avaient encore un bras qui le tenait. Des râles d’agonie, des prières marmonnées, des blessés qui suppliaient qu’on fasse cesser leur supplice, mais toujours pas de Talmir. La boue les entravait, ils peinaient à avancer. Penn, le chariot. Darian repéra le véhicule. Il était renversé, un essieu brisé. Un chasseur était bloqué en dessous. Penn aperçut le fils du traître et le menaça d’un arc. Il avait perdu son épée dans la bataille. Il engagea une flèche, banda l’arc, puis finalement le baissa. Derrière l’écuyer, une roue détachée, s’était plantée dans la boue. Darian aperçut alors une silhouette, cachée derrière. 
   Je reconnus Josh, baignant dans la mélasse et le sang, près de lui un ou deux hommes de mon père. Il protégeait quelqu’un de son corps. Je me souviens de la colère dans son regard, mais aussi de l’effroi, comme si ce qu’il avait vécu dépassait l’entendement. Il avait pointé tremblant, son épée vers moi, avec le peu de force qu’il lui restait, secondé par l’infatigable Penn, qui l’avait rejoint après avoir récupéré une épée.C’est alors que je vis Talmir, face contre terre.
   Darian avait tenté de toucher son cousin mais Penn avait pointé une nouvelle fois son arme vers lui. Il aurait pu me tuer, aurait du le faire, mais il me connaissait et savait que je respectais toujours ma parole. Après avoir rassuré ses protecteurs, en déposant mes armes, je dévêtis mon cousin et échangeai ses vêtements avec ceux d’un de ses gardes tombés. Tous étaient méconnaissables, leurs membres avaient été arrachés, leurs crânes défoncés. Penn n’a jamais voulu me dire ce qui les avait réduits en bouillie, mais je compris que ce n’était pas quelque chose d’humain. La magie des « Lumens » avait contribué à la survie de Talmir et de Josh,  j’en étais persuadé.

   Tout à ces souvenirs pénibles, Darian ne quittait pas des yeux son cousin. A quoi peut-il bien penser ? S‘imaginait-il que je resterais un gringalet toute ma vie ? 
   Avec patience il attendit la fin de l’inspection. Il sentait le regard du jeune prince déchu le scruter dans les moindres recoins. Finalement, n’y tenant plus, il mit un genou à terre et se plaça à sa hauteur. Talmir recula encore un peu malgré tout sans le lâcher des yeux.
   Mon cousin, mon prince, mon roi. C’est ce qu’il est pour moi.
   
   Debout près d’eux, le soigneur marmonnait répétant dans sa tête ce qu’ils devraient faire. Il vérifia aussi ses onguents et autres soins qu’il devra remettre au duo puis se saisit du tabouret et alla s’asseoir contre un mur dans l’ombre pour faire oublier sa présence. Ce qui allait se passer ne le regardait pas. Darian le suivit des yeux avant de reporter son attention sur celui qu’il allait libérer de son enfer. Une main lui serra le genou. Tout d’abord il crut que c’était Penn, voulant le rassurer, mais en baissant les yeux il vit que c’était celle de son cousin. Leurs regards se croisèrent un instant.
« Talmir...Te voila revenu... »
   D’un geste Talmir lui répondit et Penn s’empressa de traduire. « Gringalet » Darian se mit à sourire. Il posa son autre genou à terre et l’étreignit. Il s’écarta un peu pour mieux observer ce revenant.
   L’héritier refit les mêmes gestes « Gringalet » retraduisit Penn
   « Voilà au moins un mot que je reconnaîtrais.
   — Oui, je me souviens maintenant. Tu es Darian, le musicien de pacotille.» Ajouta-t-il un sourire narquois sur les lèvres, aussitôt traduit par Penn.
   Darian l’enlaça une dernière fois et disparut en direction de l’hôpital accompagné par le médecin, le laissant avec son fidèle serviteur. Il venait de retrouver celui qu’il pensait avoir perdu. Il était ravi.

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MessageSujet: Re: Les vilipendes du sendris [roman]   Les vilipendes du sendris [roman] Icon_minitimeDim 18 Oct 2015 - 17:42

Penn et Talmir
 
   Penn aida son prince à se mettre debout et l’aida à se dérouiller les articulations en le faisant marcher. « Nous allons sortir en passant par les sous-sols. Vous vous souvenez des caves de votre père ? »
   Talmir, hésitant, hocha la tête affirmativement. Débarrassé de l’essence des « Glors », il redevenait petit à petit lucide: Les leçons qu’il apprenait; Les promenades à cheval avec son père;Les courses dans l’immense jardin avec Darian lorsqu’ils étaient enfants; Les parties de pêches avec son oncle Kal et puis plus rien. Chaque fois que l’image de son oncle apparaissait dans ses souvenirs, tout redevenait flou. Talmir cherchait à effacer tout ce qui fut lui avant qu’il ne dépérisse dans ces cachots. Il refusait de se souvenir du prince qu’il était avant, mais surtout de celui qui l’avait déchu de ses droits. Pour survivre, il lui fallait faire table rase de son passé, devenir quelqu’un d’autre. Seulement son écuyer voyait les choses autrement...
   Il parvint à persuader Talmir de faire un brin de toilette, de se laisser couper les cheveux et se faire raser, comme au début de sa détention.
  « Enfin, je vous retrouve comme avant. Nous allons à nouveau être ensemble dès que Darian n’aura plus besoin de moi. »
   Penn s’appliqua comme il put à couper les cheveux emmêlés de son maître, prenant soin à ce que la coupe ne fut pas trop soignée. Il la fit inégale, comme taillée à la serpe, glissa la main dans la chevelure princière et lui donna un air encore plus décoiffé. Au final, il décida de ne pas raser Talmir et de lui laisser sa barbe de quelques jours. Il n’était pas peu fier du résultat, son prince avait véritablement l’allure d’un baroudeur.
   Tout ne redeviendra peut-être pas comme avant, mais je prendrais toujours soin de lui, Darian est un bon prince mais ce n’est pas le mien. Lorsque Talmir ira mieux, j’irais avec lui chercher son frère.
   Il repensa à nouveau à ces années de galère. Talmir était un battant, un dur à cuire et pour son écuyer il ne faisait aucun doute qu’il survivrait à cette épreuve aussi difficile soit-elle. Il ruminait, cogitait, tournait comme un lion en cage mais n’abandonnait pas. Il se nourrissait normalement, même si sa blessure encore à vif  le faisait souffrir. S’il y avait une chose que Penn ne pouvait reprocher au souverain actuel, était le fait d’avoir laisser son neveu sans soins. La première semaine un médecin su Nordis venait lui rendre visite escorté par les geôliers, qui étaient nombreux encore avant les disparitions inexpliquées.
   Talmir supportait aussi son incarcération grâce à la venue d’un visiteur inhabituel, un oiseau multicolore, mais pas que... Certains jours, il se métamorphosait en une sublime créature aux cheveux arc-en-ciel qui prenait aussitôt l’apparence d’un rat, si un  de ses gardiens entrait dans la cellule. Ce qu’ils firent de plus en plus rarement, se contentant de déposer la nourriture près de la grille. 
   Jour après jour, Talmir restait assis sous le soupirail, guettant l’arrivée de l’animal. Dès qu’il put communiquer avec Penn, il lui parlait de ce volatile fabuleux. A l’aide d’un bâton, il le dessinait sur le sol en terre battue de la cellule. Penn connaissait cet oiseau multicolore. Il était venu le chercher sur son île et l’avait fait prendre la mer vers sa destinée. Cet oiseau semblait s’intéresser de très près à la famille royale et à sa destinée, car lui aussi l’avait vu à plusieurs reprises. 
   Seulement tout avait basculé il y a deux semaines, l’oiseau ne venait plus ou moins souvent. Talmir refusait de s’alimenter, de s’améliorer dans le langage des signes, ce qui l’inquiétait. Il laissa alors des notes de plus en plus anxieuses dans son journal afin d’alerter Darian. Un jour, en le quittant, il surprit une conversation pour le moins ambiguë entre le roi et un des geôliers.
   « Ce que vous m’apportez là est une bonne nouvelle. La poudre semble être efficace et le diminuer sérieusement, mais c’est encore trop lent. Il faut qu’il soit prêt avant le début des présages. Je ne commettrais pas deux fois la même erreur en envoyant un sujet non terminé. Continuez à noter dans votre journal que le prisonnier va bien afin de rassurer Ma Dame la reine. La prophétie est sur le point de se réaliser. Il faut maintenant qu’il disparaisse pour de bon. Augmentez les doses et laissez entrer les « Kal’urs » qui se présenteront à vous. Ils ont envie de s’amuser un peu et ça accélèrera le processus...»
Le soir même lorsqu’il se rendit à son poste, Penn avait interrogé le balourd dénué de jugeote qui avait toujours la panse pleine mais n’était pas des plus tendres. Chaque fois qu’il prenait la relève, il sentait son regard le transpercer et n’avait qu’une envie le tuer... Il n’ignorait pas que cet homme n’était pas fiable, il suffisait de lui donner de la boustifaille ou du vin pour qu’il se plie aux demandes émanant de types louches. Ce soir là, lorsqu’il interrogea le gros, celui-ci s’était mis à rire franchement lui proposant les mêmes jouissances que le prisonnier s’il caftait quoi que ce soit au bon prince Darian. Bien qu’il l’ait menacé, il n’en saura pas plus de cet homme.
   Tout en préparant son prince pour son évasion, Penn le questionna.
   « Mon Prince, la liberté pour vous est proche. Vous n’aurez plus rien à craindre. J’ai l’impression qu’il vous est difficile de me parler de votre calvaire. Me permettez-vous de lire dans votre esprit ? Ce sera rapide, je vous le promets. » 
   Talmir le regarda de travers. « Je vous en prie mon Prince, il me sera plus facile de vous aider ensuite. Je pourrais même effacer de votre mémoire ces mauvais souvenirs. » L’air interrogatif de l’héritier lui fit comprendre qu’il ne connaissait pas réellement les peuple des pluies. « Normalement je n’ai pas le droit de faire cela. Mais si je veux vous retrouver je pense que c’est nécessaire. L’oiseau me l’a conseillé... » Un sourire se dessina sur le visage de Talmir. Il acquiesça.
   Penn lut l’horreur dans les souvenirs du prince et comprit alors sa réticence à lui expliquer. Il avait peur. Comment, en effet ne pas être effrayé, devant des monstres et sans aucune possibilité d’appeler à l’aide ? Qu’aurait-il pu faire devant des hommes armés alors que lui était si faible ? Penn essuya les larmes qui glissaient le long de ses joues, en repensant à son incompétence. C’était la peur des représailles, rien d’autre, voilà pourquoi il ne m’a rien dit.
    « Je suis désolé. Je ne vous ais été d’aucune aide dans ces moments là... »
   Par geste, Talmir le rassura. Non, il n’était pas responsable de son état. Il avait été d’une grande aide même s’il servait Darian, lui avait-il fait comprendre. Il lui expliqua ensuite qu’Obeline venait le voir aussi dans ses rêves et que ça le calmait, le rassurait :
   « Vous dîtes que je ne suis pas responsable... Vous avez été battu, violé, mordu, torturé en mon absence. J’aurais dû insister auprès de Darian pour qu’il m’emprisonne avec vous. Je vous aurais protégé. Il n’est pas mon prince.
   — Je ne suis pas non plus ton binôme, un jour tu seras obligé de partir, jeune Penn. Tu ne pourras pas servir trois maîtres. Vis ta vie et fasse en sorte qu’elle ne tourne pas uniquement autour de moi. Tu es libre de choisir, tu as toujours eu cette possibilité en tant qu’enfant des pluies. Personne ne vous dirige... » Par gestes, Talmir venait de le libérer une nouvelle fois de sa servitude. Un sourire se dessina à nouveau sur son visage fatigué. Il reprit ses gesticulations. :
   « Si Darian t’avait emprisonné, dis-moi comment pourrais-tu me faire évader ? » Penn se massa la tête. C’est vrai comment le pourrais-je ?
 

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MessageSujet: Re: Les vilipendes du sendris [roman]   Les vilipendes du sendris [roman] Icon_minitimeDim 1 Nov 2015 - 19:16

L'évasion
   
   Aussitôt la nuit tombée, Guilbert vint leur ouvrir la porte de la tour afin de la refermer derrière eux. Penn le remercia et, soutenant son maître, l’aida à gravir les deux marches qui menaient à l’intérieur avant d’emprunter la porte de gauche. Talmir gémissait de douleur, son dos meurtri par le fouet le lancinait au moindre mouvement. Le praticien les attendait à l'entrée de la clinique et lui fit boire un antidouleur, ce qui le calma. Talmir revêtit le manteau de baroudeur et dissimula son visage sous l’immense capuche. Il gardait la tête baissée en permanence afin que nul ne puisse le voir.
   Ils longèrent les couloirs  de l’hôpital sous les regards curieux des soignants. Une infirmière voulut leur prêter main-forte, mais fut refoulée. Le chariot était prêt et l'assistant, un homme de grande taille attendait sur le siège conducteur.
   Talmir frissonna et croisa les bras. Il n’avait pas mis le nez dehors depuis si longtemps, qu’il fut surpris. Tout lui semblait nouveau, gigantesque, vivant. Il resta un moment sans bouger près de la porte, admirant les étoiles. Elles lui paraissaient plus belles ainsi éclairées par la lune. Il respira à plein poumon et toussa. L’air pur lui emplit les bronches et les dégagea de leurs impuretés. Le bras droit du médecin l'impressionnait. Ce guerrier imba était loin de le rassurer, mais Penn lui avait dit qu'il n'avait pas à s'en méfier. Talmir se tourna vers les chevaux un sourire aux lèvres. Il se souvenait. Les chevaux étaient sa passion avant. Légèrement craintif il s’approcha d’eux et les caressa.
   « Mon Prince. Il ne faut pas trainer. Venez. » Penn l'aida son prince à grimper dans le chariot et voulut qu’il se couchât à l’arrière.
   « Allongez-vous ici.  Il ne faudrait pas que vous attrapiez froid.
   — Je suis resté cloîtré quatre années de ma vie. Laisse-moi profiter de ma liberté retrouvée. Tout le monde me croit mort. Je ne dirais pas un mot, personne ne me reconnaîtra.
   — Prince... 
   — Je ne veux pas me cacher.»
   Haussant les épaules, Penn installa Talmir sur le siège, le couvrit d’une fourrure épaisse, lui conseilla de baisser la tête et de bien rester dans l’ombre de sa capuche. Je ne peux l’empêcher. Il a envie de redécouvrir le monde, il en a le droit. Il prit ensuite place entre le conducteur et son prince, posa une couverture sur ses épaules, prenant soin de la poser sur sa tête afin de dissimuler ses traits, et la tint fortement serrée contre lui.
   L’homme fit claquer le fouet et la carriole s’ébranla lentement. Le praticien marchait devant. Le bruit de la crécelle rompit le silence de la nuit et attira l’attention des gardes. Le martèlement des sabots et crissement des roues sur les pavés, retentirent sur les parois  de l’arche qui séparait la cour de l’hôpital de celle de la forteresse.  Le géant conduisait l’attelage. Il maintenait fermement les chevaux, agacés par le son strident de l’objet. Les gardes de faction s’écartèrent automatiquement, laissant l’équipage s’engager sous la porte du château sans encombre. Ils traversèrent la place de Tendris rompant le silence semi-nocturne. 
   C’était l’heure où les soudards se rendaient à la taverne pour prendre un remontant bien mérité après une dure journée de labeur. Avant que la nuit eusse complètement avalé le jour, les ménagères décrochaient leur linge, appelaient leurs enfants et se pressaient de fermer portes et fenêtres. Il faisait encore chaud à cette heure. Talmir regarda une dernière fois la ville qu’il aimait, sans savoir quand il pourrait la revoir.  Il serra la main de son fidèle serviteur. Un garde ivre, tenant à peine sur ses jambes, fit stopper l’attelage.
   « Halte là, personne ne sort de la ville à cette heure-ci. » 
   Il titubait et avançait maladroitement vers eux. Sur la terrasse du dernier tripot ouvert, le patron observait la scène d’un air curieux. Il portait une chaise qu’il allait remiser avant de fermer son auberge.
   Derrière les volets clos, Talmir discerna une pâle lueur de chandelle. Un client ouvrit sa fenêtre, regarda dans leur direction et ferma ses persiennes avant de souffler sa bougie. Un chien aboyait.
   « Mon bon monsieur, si ces malades ne sont pas évacués immédiatement, toute la ville sera dévastée par un fléau. » L’homme ne semblait pas avoir compris et chancelant s’approcha davantage.
   « Je dois fouiller votre chariot. Qu’est-ce qu’il y a là dessous? » Il désigna la bâche.
   «Ce ne sont que des médicaments. Ces hommes semblent avoir la peste ou la mort lente. Ignorez-vous donc que lorsque j’agite ainsi ma crécelle il serait plus simple de vous éloigner?  Voulez-vous condamner les citoyens en empêchant ces deux là d’être évacués ? La peste, la caquesangue, la léprose sont des maladies très contagieuses.
   Talmir baissa encore plus la tête et Penn fit semblant de tousser, s’enroulant davantage dans la couverture. Le garde bouscula le médecin et tendit la main vers le véhicule. Le conducteur s’empara alors du poignard à sa ceinture et descendit du chariot en le menaçant.
   « Toi pas comprendre? Eux malades, eux bientôt condamner ville si pas partir.» Un officier alerté par un fantassin et apercevant le remue-ménage se dirigea vers eux.
   « Un souci messieurs ? » Penn toussa à nouveau.
   « Ah capitaine, vous tombez bien. Ces deux hommes sont extrêmement contagieux, je soupçonne qu’ils aient la peste et cet hurluberlu s’octroie le droit de nous refuser le passage. »
   Le capitaine observa tour à tour le médecin et sa crécelle, jeta un regard à Penn qui toussait encore et tremblait puis rabroua le garde. « Triple idiot. Lorsque le médecin sort ainsi avec sa crécelle, cela signifie « écartez-vous ! » Il va sans dire que vous serez sanctionné sévèrement. Non seulement vous êtes ivre et en plus n’êtes pas de service ! » Il se tourna vers le médecin « Allez-y avant que les portes de la ville ne soient fermées. Si c’était le cas, il est fort probable qu’on vous les ouvrira. Tendris a vu assez d’épidémies.
   — Merci beaucoup capitaine. Sa Majesté sera prévenue de votre geste. »
   Le conducteur grimpa à nouveau et reprit la route. Penn poussa un soupir de soulagement. Il jeta un regard à la dérobée à son maître et remarqua qu’il avait la main posée sur son poignard de baroudeur.    Une fois assez éloignés de la ville, l’héritier posa son index sur la joue de Penn, comme l’avait fait son cousin le matin même. Le jeune Celisien écarta les pans de sa couverture et invita son maître à l’y rejoindre. Mon seigneur et maître sera un bon roi. Je ne voudrais pas qu'il prenne froid. A les voir ainsi, on pourrait croire qu’ils étaient deux frères très unis.
   Talmir avait fini par s’habituer à la présence du géant bien que n’étant pas encore très à l’aise face à lui. Il avait quelque peu oublié que les hommes et les membres d’autres tribus pouvaient être pacifiques. Il apprendra rapidement à lui faire confiance, une fois qu’il aura rassemblé tous ses souvenirs d’avant.
   La nuit était complètement tombée. Penn alluma une lanterne et le cheval avança tant bien que mal sur le sentier. Bientôt ils seraient au chaud dans une cabane de chasseurs. A cette époque de l’année, ils étaient peu nombreux à chasser dans ce coin. Tous préférant se diriger vers le Nord. 
   Talmir épuisé par tant d’efforts, posa sa tête sur l’épaule de son écuyer. Penn remonta encore plus la couverture sur eux deux. Il ne fallait pas que le prince prenne froid. Il se mit à sourire. Vivre au grand-air avec son maître lui ravivait le cœur. Il ne doutait pas un instant qu’il reprendrait rapidement du poil de la bête. Il avait marché, souri, communiqué, mangé. Il ne retrouvera jamais sa voix, ne chantera plus jamais, mais il était resté identique à lui-même. Je ne sais si les autres seigneurs sont aussi gentils avec leur écuyer mais je n’ai jamais eu à me plaindre du mien, des miens devrais-je dire.
   Le cheval dodelina de la tête, tirant le chariot sans peine. Le conducteur  avait cédé la place au médecin et s’était installé à l’arrière.
Le vieil homme arrêta le véhicule, ils étaient arrivés. L’étranger descendit en premier. Talmir s’était endormi et commençait à peser sur l’épaule de Penn. Il en fut rapidement délesté par le guerrier, qui le souleva comme s’il s’agissait d’un petit enfant.
   « C’est ici que nos routes se séparent. J’ai été ravi de vous rencontrer noble Celisien. 
   — Que votre retour se fasse paisiblement Ser. » Penn regarda s’éloigner le praticien et poussa la porte de la maisonnée. Il s’arrêta net sur le seuil. Un homme était dans la pièce, tranquillement assis dans un fauteuil, près de la cheminée.
«  Entrez, je vous attendais »
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MessageSujet: Re: Les vilipendes du sendris [roman]   Les vilipendes du sendris [roman] Icon_minitimeLun 16 Nov 2015 - 23:20

Jon: arrivée à Tendris


  Nous avons quitté Taris hier matin, peu après midi, pourtant j’eus l’impression que cela faisait des jours. Personne ne voulut de nous dans les autres villages même si je me proposai d’aider les habitants à rebâtir. Des personnes compatissantes firent parfois boire notre jument, donnèrent quelques fruits pour ma mère, offrirent du pain ou de la viande à mes parents mais aucune ne prit le risque de nous héberger, ni ne vint me parler. Tous évitèrent mon regard autant que faire se peut, craignant que je ne leur jette un sort, d’autres restèrent à distance raisonnable. Notre cheval s’abreuvait et s’alimentait indifférent à toute cette agitation. Je pris place près d’un arbre, regardant ces gens vivre, pleurer, se lamenter et déblayer. 
   
   Un enfant vint vers moi tout sourire mais un homme, son père sans doute, le tira rapidement par un bras pour le faire changer de direction. Je sentis les regards lourds de reproches sur moi. Je contournai l’arbre, me mis face à la route pour ne plus voir ces visages emplis de colère. 
   Détournant la tête, je reportai alors mon attention sur un oiseau bien étrange, que je n’avais jamais vu auparavant. Il se lissait les plumes dans un rayon de soleil. Les enfants couraient autour de moi et il ne s’envola pas. Rapidement rappelés auprès de leurs parents, ils partirent m’abandonnant à nouveau à ma solitude. L’oiseau était toujours là. Il sautilla un instant, agitant ses ailes. Je crus qu’il était blessé et fut pris de compassion pour lui. Comme s’il ne perçut ma présence qu’à cet instant, il leva la tête et, chose incroyable, voleta vers moi. Il se posa sur mon pied, tourna légèrement la tête à gauche pour me fixer avec son œil marron. Le temps d’un battement de coeur, j’eus l’impression de voir au travers de sa pupille une fille aux cheveux multicolores.  Il avança le long de ma jambe. 
   Je ne te ferais rien bel oiseau. Tu es le seul qui semble comprendre ma souffrance. 

   Il frotta son bec contre ma main et je pris cela pour une signe de réconfort. Un chien de l’autre côté de la route se mit à gronder en me voyant. Il  montrait les dents et je crus un instant qu’il allait bondir sur moi. Mon père fit alors irruption devant moi armé d’un bâton le faisant fuir. 
   Je l’admirai, c’était mon idole. Je ne comptais plus les fois où il nous protégeât des attaques de loups, de voleurs. Moi, j’étais bien trop peureux. 
   Le jeune garçon qui me remplaçait parfois aux travaux des champs, savait se battre aussi bien que mon père. Nous avons le même âge et je les laissais défendre la ferme à eux deux, sans lever le petit doigt, préférant rêvasser ou lambiner. Malgré son bras handicapé, mon père apprit à tirer à l’arc. Sa main à moitié fermée lui faisait office de pince. Je ne pus m’empêcher de penser qu’un jour ou l’autre il faudra bien que j’apprenne à me battre. Mon père se tourna vers moi et me sourit. Je compris qu’il ne serait pour moi une sorte de garde du corps. 
   L’oiseau quitta ma main pour se poser sur son épaule un court instant et s’envola brusquement, me laissant rêveur.  
   Merveilleux, cet oiseau était magnifique. 

   Je ne prêtais généralement pas attention aux animaux autres que les chevaux ou ceux de la ferme, mais ce petit volatile était parvenu à m’émerveiller. Je compris alors qu’un petit rien pouvait changer un homme. L’insouciance de ce passereau, me fit comprendre le sens du mot liberté. Il n’avait rien et pourtant paraissait heureux. 
   Que ne donnerais-je pour être comme lui et ne pas avoir à me tourmenter ? Pourquoi les humains s’arrogeaient-ils le droit d’imposer des lois alors que la vie pourrait être si simple ?

   Ma mère s’approcha sans que je ne  l’entende. Je ne remarquai sa présence que lorsque son ombre se projeta sur moi. Elle n’eut pas besoin de parler, je compris le signal. Il nous fallut repartir. Nous avions eu de la chance que dans ce petit hameau de cinquante âmes nous pûmes nous arrêter un moment. Ce ne sera pas le cas ailleurs. Cette recherche infructueuse pour un abri nous contraignit donc à monter jusqu’à Tendris. Je n’en avais pas spécialement envie mais  j’étais persuadé que le roi reviendrait sur sa décision, qu’il n’était pas différent de l’ancien souverain. J’ignorai alors qu’il était tout sauf compatissant. Encore une fois j’avais agi sans me soucier des conséquences. Je ne cessais de me reprocher ma faute et ne cherchai qu’à la minimiser tout au plus à faire en sorte qu’elle soit moins difficile à vivre. 

   Notre première nuit hors de chez nous fut assez tranquille. Dans chaque forêt, où le gibier abondait, des cabanes étaient mises à disposition pour les chasseurs ou les voyageurs égarés. Une tradition nous venant du Nordis, pays partageant sa frontière avec notre royaume. Chaque cabane était pourvue d’une écurie et d’un petit hangar fermé pour chariot. Nous arrivâmes dans une maison que je connaissais bien, c’était celle de mon ami Keluan dont le frère était un génie. 
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MessageSujet: Re: Les vilipendes du sendris [roman]   Les vilipendes du sendris [roman] Icon_minitimeLun 16 Nov 2015 - 23:28

 Jon arrivée à Tendris (suite)  

   Keluan était ce jeune garçon qui me remplaçait lors des travaux de la ferme. De temps en temps pour se faire un peu d’argent, il accompagnait son frère pour escorter le roi Firmin, et plus tard le prince et son cousin, jusqu’aux endroits où le gibier abondait. Accusé d’avoir blessé le prince Darian l’année dernière, il fut banni avec son ainé.
 
   La demeure semblait intacte. La dernière tempête avait emporté le toit du hangar et ce fut un miracle qu’elle tenait encore debout. Les murs et la porte  avaient résistés sous l’assaut. Pour éviter les vols de chevaux ou même de véhicule, tout se fermait de l’intérieur et communiquait entre eux : Le hangar, l’écurie et enfin la maison. Plus grande que les maisonnettes habituelles, elle disposait d’un système ingénieux permettant d’entrer le chariot dans le bâtiment. Il fallait d’abord longer un couloir assez vaste pour laisser passer deux chevaux attelés de front. On dételait ensuite les animaux pour les loger. Un système de plancher pivotant permettait de tourner le chariot afin de pouvoir le sortir facilement. Il suffisait ensuite de pousser les cloisons pour amener les chevaux devant et les atteler. Nous n’en avions qu’un et heureusement. Je n’ai jamais vu cheval plus peureux lorsqu’il devait aller dans un endroit inconnu, seul mon père parvint à le faire entrer.
   Depuis l’exil de ses propriétaires, la maison était abandonnée. Réputée hantée, ce que mon père et moi-même ne crûmes évidement pas, les chasseurs connaissant son existence n’y mirent plus jamais les pieds. 
   
   L’unique pièce à vivre, séparée du couloir par une cloison était spacieuse et comprenait le nécessaire pour se chauffer et dormir. Par principe ma mère préféra utiliser nos propres affaires. Il était étrange pour moi de partager la même pièce que mes parents pour la nuit, cela me ramenait des années en arrière lorsque je n’avais que sept ou huit ans. Je dormais dans la même pièce que ma mère. Chaque soir, elle tirait un rideau me séparant sommairement de sa couche. Mon père aménageait une remise pour y faire ma chambre, dès qu’il nous rendait visite. Il y travaillait jusque tard dans la nuit parfois, lorsque le temps le permettait. Il ne put la terminer que lors de son retour définitif. Comme la toute première fois où je dormis seul, je dus me réadapter. N’ayant pas le choix, je m’y fis rapidement.  
   
   A l’aube, après une bonne nuit, j’étais prêt à reprendre la route et nous conduire vers notre destin, le pardon ou l’exil. La route devenant moins encombrée et de ce fait plus praticable, nous arrivâmes assez rapidement. Au fur et à mesure de notre progression nous constations que certains hameaux avaient été épargnés et d’autres dévastés. Villeclaire, Mercante, Blancheberge avaient subis de relatifs dégâts tandis que Mornebourg et Talesherbes étaient réduits en cendres et rayés de la carte. La dernière ville, Tarlac fut la moins touchée et pansait ses plaies. Il semblait y avoir eu une sélection. Je me remémorais alors ce que Valtán m’avait appris. Mornebourg et Talesherbes étaient sous la protection du souverain Firmin. Ces villages étaient régulièrement pillés par les villes avoisinantes et notamment Tarlac, qui en plus de faire des razzias dans ces villages, réduisait en esclavage les habitants. Des chevaliers et des soldats avaient donc élus domicile à Villeclaire, Mercante et Blancheberge pour les protéger. Bien que le souverain actuel ait conservé cette coutume, les «Glors » venaient de supprimer tout ceci.
   Mon père observait d’un œil éteint ce désastre. Il avait grandi à Talesherbes auprès d’un père autoritaire, ivre du matin jusqu’au soir, qui le battait pour un oui ou pour un non. Lorsqu’il devint garde de la reine, il le surprit en train de vendre des esclaves sur le marché de Tarlac. Sans aucun remords il le fit arrêter et le livra à la justice du roi Firmin.
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MessageSujet: Re: Les vilipendes du sendris [roman]   Les vilipendes du sendris [roman] Icon_minitime

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