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Vignoly était surnommée « la petite Venise » à cause de son réseau de petits canaux qui étaient de simples curiosités avant Carthage, mais dans l'Après ils avaient repris vie. Ils fourmillaient de petites barques, chaque maison avait son petit débarcadère, dont beaucoup servaient également de boutiques. Alec et Ellie choisirent d'emprunter la voie terrestre, mais les rues étaient encombrées par des foules de badauds qui rendaient la progression difficile. Il leur fallu plus de vingt minutes pour atteindre leur ancien lycée, un grand bâtiment en brique du centre ville. Il avait été reconvertis en hôpital plusieurs mois auparavant. L'entrée était gardée par une demi-douzaine de miliciens du conseil vêtus d'uniformes de police, et armés de pistolets-mitrailleurs.
Alec donna les rênes de son cheval à Ellie.
— Occupe toi d'eux, lui dit il. Je vais faire la livraison.
— Ok.
Alec n'aimais pas laisser Ellie seule, mais la présence des miliciens de sa tante le rassurait. Il pris les sacoches contenant la pénicilline. avant de s’engouffrer dans le bâtiment.
Les couloirs de l’hôpital-lycée grouillaient de soignants pour la plupart pas beaucoup plus âgés qu'Alec, ou de patients en tunique d’hôpital qui déambulaient. Alec entra dans le bureau de la directrice sans même frapper, l'habitude.
— Salut tatie.
La trentenaire blonde en blouse blanche quitta son bureau pour venir serrer le jeune homme dans ses bras.
— Tu viens pas assez lui reprocha-t-elle.
Il recula de quelques pas.
— Faut bien que quelqu'un garde un œil sur Ellie.(il brandit sa sacoche) ta pénicilline.
Laura saisit la musette avec un petit sourire.
— Heureusement que ton père avait fait des réserves, dit elle.
Alec croisa les bras sur sa poitrine et fixa sa tante avec un petit air taquin avant de lui glisser :
— Qui avait insinué qu'il était timbré ?
— J'ai jamais dit timbré, esquiva Laura
— Ouais, j'ai dit ça pour être plus cool. Aller tatie, je te laisse.
— Reste un peu.
— Désoler, mais Ellie m'attend.
Un sourire entendu apparu sur le visage de Laura.
— Quoi ? s’agaça Alec.
— Rien, rien...
— Aller, tu t'est imaginer quoi encore ?
— Rien, j'ai simplement remarquer que tu te souciait beaucoup d'elle maintenant, bien plus qu'il y a un an.
— Il y a un an on avait encore un pays et des parents.
Laura ne sut pas quoi dire. Alec fit volte face pour sortir du bureau, mais la directrice l’arrêta en lui saisissant le bras à l'instant où il allait franchir le seuil.
— Soyez prudents au retour, lui-dit-elle.
— Comme toujours.
Mais Alec remarqua alors qu'elle était plus inquiète que d'habitude.
— Il se passe quoi tatie ?
Elle hésita à parler, mais son neveu l'encouragea à parler.
— Les Francisques se sont installés sur l'ancien aérodrome.
— Quoi ? Tu est sérieuse ?
La directrice confirma d'un léger hochement de tête avant de préciser :
— Et ils ont reçu du nouveau matériel, des armes lourdes.
— Quel genre ?
Laura alla prendre une pochette cartonnée dans un tiroir de son bureau. Elle la donna à son neveu qui l'ouvrit. Le dossier contenait une dizaine de photos de surveillances. Plusieurs montraient des soldats en uniforme vert olive, mais sans identification, débarquer des caisses mystérieuses d'un énorme avion de transport, et sur d'autre c'était des blindés qui sortaient d'un avion. Et sur une dernière photographie Alec vit des soldats cagoulés et sans identification, arme en bandoulière, alignés comme pour une parade.
— D'où ils tirent tout ce matos ? demanda Alec
— Russe et chinois semble-t-il.
Le jeune homme réfléchit pendant quelques instants avant de dire :
— Carthage, ça serait eux ?
— Certains le pensent, mais nous n'avons aucune preuve, alors ça reste du domaine des spéculations.
— Ça a été pris quand ?
— Hier, vous devriez venir habiter à Vignoly, ce serait plus sûr.
— Je préfère qu'ont reste au pavillon de chasse, sans vouloir te vexer tatie.
Le jeune homme redonna la pochette à sa tante en lui assurait qu'ils allaient être prudent avant de quitter le bureau.
Alec retrouva Ellie devant la fontaine de la place, où les montures étaient entrain de s'abreuver. Évidement, elle n'était pas restée où il l'avait laisser.
— Un tour sur le marché ? proposa Alec.
Ellie accepta aussitôt.[/quote]