*Bonjour tout le monde ceci est mon premier texte. J'espère qu'il va vous plaire !
Bonne lecture !
*
Papa… Papa ? Je ris, je ris de tristesse, je ris de tristesse à l’idée que je me fais de toi, à l’idée de me dire que tu n’en a rien à foutre de moi. Je ris. Je ris seule, dans le noir, du néant profond que tu as créé entre toi et moi, entre nous en quelques sortes. Je ris… ou plutôt je pleure. Bien sûr, je pleure, pourquoi je rirais ? Ce n’est pas drôle après tout. Je pleure à l’idée d’un dialogue, que je me suis créé, qui hante mes rêves chaque nuit où nos sommeils sont si proches et que nous, nous sommes si éloignés. Un échange qui n’est pas si abstrait finalement, presque chaque jour je dois le répéter encore et encore. Pourquoi ? Pour différentes raisons toutes plus innocentes les unes que les autres. Alors oui, la voilà, cette conversation…
« - […] Et ton père ?
- Je n’ai pas de père.
- C’est impossible.
- Pourquoi ça serait impossible ?
- Parce que.
- Mais si vas-y ose me dire pourquoi ?
- Non.
- Tu n’as pas d’avis ? Tu penses que c’est impossible parce que c’est comme ça dans ta tête et que ça l’a toujours été ?
- C’est impossible et c’est comme ça.
- C’est impossible ? Tu crois vraiment que c’est impossible ? Tu crois vraiment que c’est impossible que l’on ne connaisse tellement pas son père et que l’on en arrive à la conclusion qu’il n’existe pas ? Qu’il n’a jamais existé. Tu crois vraiment ? Tu penses que c’est impossible de se dire que nous n’en avons pas, pour ne pas souffrir ? Tu crois ? Tu crois que c’est impossible de ne pas le connaître, qu’il ne veuille pas de nous, que notre cœur soit renfermé et durci comme la pierre parce qu’il nous a créé mais qu’il ne veut pas assumer les conséquences de ses actes, qu’il ne veut pas assumer ses erreurs ? Ses erreurs oui, car à ses yeux je suis une erreur, je suis son erreur. A ses yeux, n’importe quoi. Pour lui je n’existe pas. Je suis sûrement parmi de petites erreurs presque inoffensives, qui ne gâchent pas sa vie et dont il n’a pas peur. Je suis l’erreur qui l’emmerde, clairement, le plus. Bien sûr, une erreur qui veut le connaître, apprendre qui il est, connaître tout de lui comme un vrai père. Devenir une erreur aimée et peut-être réparée. Devenir une belle erreur, quelque chose dont il est fier, une erreur qu’on ne regrette pas, une erreur qu’on ne regrette plus… Devenir quelqu’un de bien, grâce à son père. Devenir quelqu’un de bien à ses yeux. Devenir sa fille… Quelque chose de normal en soit non ?
- Hum… Peut-être…
- Tu crois qu’un jour, il s’excusera ? Tu crois qu’un jour, il construira un pont dans les abîmes qu’il a fabriqué en moi ? Tu crois qu’un jour, après avoir construit un pont, il viendra réchauffer la glace qu’est devenu mon cœur ? Tu crois qu’un jour, il se mettra à ma place, qu’il comprendra et qu’il s’en voudra ?
- …je ne sais pas…
- Je ne crois pas… Ou plutôt je n’y crois plus. Oui, parce que j’y ai cru…il y a si longtemps… Parce qu’au fond, il ne m’aime pas, même il m’en veut d’exister… Il a peur que je vienne perturber sa petite vie bien tranquille, il a peur, il a peur que son erreur apparaisse au grand jour et qu’elle le couvre d’humiliation. Au fond, moi, ce que je veux, c’est qu’il me parle, me comprenne et m’explique. Tu crois qu’un jour ça arrivera ? Tu crois qu’un jour, j’arrêterai de pleurer, seule, dans le noir, en l’attendant, lui, qui ne viendra jamais, en l’espérant, lui, qui ne viendra jamais ? Moi, je n’y crois pas, ou plutôt, je n’y crois plus. C’est sûrement lâche d’abandonner et de baisser les bras en pleine bataille mais, pour moi, ça l’est encore plus d’abandonner et d’ignorer ses erreurs plutôt que de les réparer… Oui, parce qu’à force, les erreurs se cassent (et se multiplient)…
- C’est beau ce que tu dis.
- Non ça n’est pas beau. C’est triste.
- Pourquoi ça ne pourrait pas être les deux à la fois ?
- Parce que je n’en ai pas envie.
- Regarde, je n’avais pas envie de te croire…
- Ce n’est pas pareil.
- Tu tiens tant à le retrouver ?
- Oui.
- Pourquoi ? Il te fait du mal alors pourquoi vouloir trouver quelqu’un qui te détruit ?
- Je ne sais pas… Il y a des choses parfois que l’on ne peut pas comprendre il faut juste les accomplir. Et ensuite on en n’est libéré à tout jamais.