La cité des temps figés commentaire

Tassa, je savais ton humour désastreux mais... A ce point ? :O

C'est exactement comme cela que je décrirai Loren... yes yes yes yes

ET OUI TASSOUILLE, J'AI ENFIN COMMENTE !!!! Very Happy

La quantité de choses que je devais mémoriser était proprement ahurissante.

Vladimir Crowe nous avait demandé d'apprendre à dresser le bilan prévisionnel d'une entreprise, et d'étudier l'impact d'une campagne marketing en termes de notoriété produit. Mei Lang, du haut de son mètre quarante, nous avait prévenus qu'elle passerait un savon monumental à quiconque n'aurait pas mémorisé correctement les lois se rattachant à l'usage de la Création dans un but lucratif. Quand à Antonio Alano, il nous avait, comme à son habitude, inondés de formules et de concepts compliqués. Jared n'était pas en reste, et les prouesses que nous devions réaliser à l'aider de la Création étaient de plus en plus complexes.

Je tirais néanmoins une certaine satisfaction de ma formation, beaucoup de mes questions trouvant finalement des réponses. Quant aux autres, et bien, il me faudrait trouver par moi même !

Par exemple, non, il n'était pas possible d'avoir des enfants à Karnak. Nos corps étaient figés dans le temps, il n'était par conséquent par possible pour une femme de tomber enceinte. Ce qui d'ailleurs angoissait grandement une partie de la population, désireuse d'en avoir. Les nouveaux habitants de Karnak arrivaient au compte-goutte, les enfants compris, et comme ceux-ci ne le restaient pas longtemps psychologiquement (comme le prouvait Mei), la demande pour les adopter était très forte.

Pour ce qui était de l'alimentation en eau, Karnak puisait dans les énormes réserves souterraines d'hydrocarbures que l'on trouvait dans le sol du désert, dont elle obtenait du dihydrogène par extraction chimique. Des condensateurs permettaient également de recueillir l'humidité dans l'air et de la transformer en eau. Cette ressource restait néanmoins limitée, très utilisée et par conséquent très coûteuse. De multiples systèmes de récupération avaient donc été mis en place. Toutes les eaux usées étaient minutieusement traitées, et réinsérées quasiment sans perte dans le système.

Me souvenant de mon interrogation concernant la taille des vêtements qui avaient été mis à ma disposition dans mon appartement, je posai directement la question à Jared.

- Oui, il est quasiment certain que la Création a été utilisée. Mais quant à savoir si la volonté de la personne responsable s'est impactée elle-même pour choisir la bonne taille, ou si elle a modifié la taille des vêtements suite à ton arrivée, ou même si elle a induit que tu arrives toi, avec ta taille correspondant aux vêtements choisis, avant un autre, c'est une question à laquelle personne ne serait en mesure de répondre. Les deux premières hypothèses me paraissent toutefois beaucoup plus crédibles.

J'appris également qu'il n'y avait aucune espèce animale hormis l'homme à Karnak. Les autres animaux ne semblaient tout simplement pas en mesure de modifier le destin que le temps leur avait tracé, aucun ne s'était donc retrouvé ici. Et toutes tentatives pour en introduire avaient échoué. Ce qui avait mis à rude épreuve l'ingéniosité des habitants !

For heureusement, la vie végétale était possible.

- Quant à savoir si elle était là avant l'arrivée des premiers hommes à Karnak ou si ceux-ci l'ont introduit, ne me posez pas la question ! nous disait Antonio. Si je le savais, je ne serais pas là à vous enseigner, malgré mon plaisir à transmettre mon savoir, mais je serais en train de flamber l'énorme bourse de recherche qu'on m'aurait attribuée ! Nous quittons ici le domaine de la science pour rentrer dans celui, beaucoup plus nébuleux, des théories et des légendes qui entourent la construction de Karnak. La Création a été utilisée, voilà qui devrait être évident pour tout le monde. Mais quant à savoir comment ? La quantité d'énergie qu'il a fallu fournir semble tout simplement trop ahurissante. Surtout si on imagine qu'il n'y avait au départ rien d'autre ici qu'un désert.

Violette leva une main timide.

- J'ai entendu dire que ce serait une seule et même personne qui aurait bâti la ville...

Alano fronça les sourcils.

- Voilà qui me paraît fortement improbable. Ce genre de légende n'est effectivement pas nouveau, mais même aujourd'hui, avec toutes nos connaissances et nos moyens, il faudrait une véritable armée de Créateurs pour ne serait-ce que créer un district de Karnak.

Violette était visiblement mal à l'aise d'avoir sottement rapporté ce qu'elle avait entendu, et le ton d'Alano se radoucit.

- Évidement, la ville a dû s'agrandir au fur et à mesure, et tout n'a pas été bâti en une fois, mais cela n'enlève rien au fait qu'un homme seul serait bien incapable d'un tel exploit !

Cette fois, ce fut la main de Margaux qui se leva, à la surprise générale car nous n'étions pas habitués à la voir prendre la parole.

- Euh... j'ai entendu parler des Temporels... je me demandais si vous pourriez nous en dire plus...

- Ah oui, les Temporels... Comme je l'ai déjà dit, nous sommes dans un cours de science. Je ne suis pas théologien. Mais j'imagine que je peux vous en dire deux mots, vous y serez de toute façon confronté tôt au tard. La Temporalité est une religion qui s'est créée à Karnak. L'homme a souvent tendance à créer des réponses enchevêtrées face aux questions qu'il ne comprend pas... mais je m'égare. Les Temporels sont donc des religieux, qui vénèrent le Temps en tant que divinité. Selon eux, les habitants de Karnak sont des élus choisis par ce dieu, Tempus, qui nous a offert cette nouvelle vie. C’est bizarre qu’il vénère le temps alors que  c’est ce dernier qui les a exclu et jeté dans le désert, non ?

Alano rajusta ses lunettes sur son nez et parcourut du regard l'amphithéâtre où nous nous trouvions.

- Toujours selon eux, nous devrions la construction de Karnak à Tempus. Comme nous venons de le voir, la science est incapable aujourd'hui de répondre à cette question, mais de là à... Enfin, chacun est libre de penser ce qu'il veut. La Temporalité a connu un certain succès à Karnak, il doit y avoir aujourd'hui près de vingt pour cent de la population qui adhère à cette croyance, ce qui en fait très largement la religion la plus représentée. L'un de nos triumvirs est d'ailleurs très proche de cette religion...

Margaux reprit la parole, interrompant Alano dans son discours. Sa propre audace la fit rougir, mais ce sujet
semblait l’intéresser particulièrement.

- Qu'en est-il des autres religions ? Je veux dire, celle que l'on retrouvait sur Terre...
- Elles sont toujours présentes, répondit Alano, quelque peu surpris de se faire ainsi couper la parole, mais peu représentées. La majorité des Karnakiens sont athées, et ceux qui ne le sont pas se sont souvent convertis à la Temporalité.

Sa réponse sembla contrarier Margaux, mais elle ne rajouta rien.

Je profitai de l'occasion pour moi aussi demander quelques éclaircissements.

- Monsieur, quelle est l'hypothèse qui vous paraît la plus probable concernant la création de Karnak ?

Ma question intéressait également le restes des étudiants, et nous attendions tous la réponse d'Alano.

- Hum, interrogation intéressante. Il existe plusieurs théories qui ont été avancées par la communauté scientifique, bien qu'aucune ne soit complètement satisfaisante. La plus répandue est qu'à un moment donné, un nombre suffisant de personnes se soient retrouvés ensemble dans le désert de Karnak pour que leurs Créations combinées leurs permettent de survivre. Évidement Evidemment, qu'il y ait eu suffisamment d'individus dans la même zone géographique et au même moment pour produire ce résultat est statistiquement aberrant. Mais la science doit parfois s'incliner devant les miracles de la nature. Prenons l'exemple de la vie sur Terre. Quelles étaient les chances que les conditions soient réunies ?

Nous restâmes tous un moment à méditer là-dessus, et Alano en profita pour reprendre le contrôle de son cours.

- Et maintenant, si vous le vouliez bien, nous allons nous recentrer sur la raison de notre présence ici. Comme je le disais, la vie végétale. Karnak a été aménagé de façon à pouvoir produire de très larges ressources végétales. Beaucoup de toits des infrastructures ont été mis à contribution, mais c'est surtout dans notre sous-sol que les plantations sont concentrées...

Je laissai mon attention se détacher du cours alors que mon regard se portait vers Loren, qui se trouvait assise un peu devant moi. Elle avait attaché ses cheveux en une coiffure sophistiquée, dégageant sa nuque, invitation agréable à admirer le haut de son dos, laissé nue par son débardeur. Elle était vraiment belle, et je pensais de plus en plus à elle...

Ces derniers temps, je ne pouvais m'empêcher de sourire chaque fois que nos regards se croisaient, et les sourires qu'elle me rendait en retour me donnait donnaient l'impression de rugir intérieurement de plaisir.

Je restais un moment à la regarder, laissant mon esprit flotter en un rêve, osé mais joli, n'écoutant plus un mot de ce que disait Alano.

Qu'il aurait été doux de.... mais non.

Je me morigénai. Je ne pouvais pas me laisser aller à de telles pensées. Loren était trop jeune pour moi. Arghh, désillusion !

Qu'importe qu'elle me plaise, je ne pouvais tout simplement pas envisager le fait d'être avec une fille de quinze ans. Rhoo, toujours les principes !

Je secouai la tête, chassant les derniers vestiges de ma rêverie et emmargeant (Tiens, je le connaissais pas ce mot là) juste à temps pour entendre Alano annoncer la fin du cours.

Seven, qui était assis à mes côtés, se tourna vers moi.

- Très intéressant ce cours ! Mais c'est quand même fou qu'avec toute la technologie et la Création à disposition, on soit pas fichu de savoir comment Karnak à été construite !
- En même temps, c'était il y a tellement longtemps... répondis-je.
- Oui, il y a plusieurs éternités... Ça me fait penser, je me demande qui est la personne la plus ancienne à Karnak. Un étudiant en troisième cycle m'a parlé de personnes qui seraient là depuis des millions d'années ! Mais à l'échelle de la ville, cela ne représente qu'un grain de sable...

Alano ne tarda pas à sortir, et Mei vint le remplacer peu de temps après. Elle nous interrogea rapidement sur son dernier cours qui avait porté sur la fondation de l'Ordre des Veilleurs (la période précédant la création de l'Ordre semblait particulièrement chaotique, les règlements de compte se faisant alors à grands coups de Création dans le plus grand mépris des lois).

Satisfaite de ce que nous avions retenu, elle nous annonça un nouveau chapitre, portant cette fois sur l'organisation politique de Karnak.

- Comme vous devez le savoir, il existe trois pouvoirs plus ou moins séparés au sein d'un État démocratique. Le législatif, l'exécutif, et le judiciaire. Karnak est bien une démocratie, est en tant que tel, ces trois pouvoirs sont exercés par des institutions différentes. Mais la situation est ici différente de celle des démocraties sur Terre. Qui peut me dire pourquoi ?

Je ne voyais pas où elle voulait en venir, et à en juger par le silence qui régnait, le reste des étudiants non plus.

- Personne ? s'étonna Mei.

Elle pouvait bien avoir un corps d'une fillette de douze ans, quand ces yeux vous transperçaient de son regard pénétrant, elle était tout à fait intimidante, et les savons qu'elle nous passait lorsque nous ne faisions pas preuve de la vivacité d'esprit qu'elle aurait voulu étaient tout simplement terrifiants. Cela peut paraître cocasse de se faire engueuler par une personne vous arrivant à la taille, mais les mots tranchants de Mei ne laissaient aucun doute sur le fait que c'était elle qui était aux commandes. Chacun s'échina donc à trouver une réponse satisfaisante.

C'est Loren qui prit la parole en premier.

- Et bien, aucun autre gouvernement n'a jamais eu d'Ordre des Veilleurs. Alors je me demandais quel était sa place dans tout cela ?
- Exactement, sourit Mei, découvrant un trou d'une dent de lait qui n'avait pas repoussé et qui jurait avec l'expression très adulte que pouvait prendre son visage. Je vois que mes interventions précédentes n'ont pas été totalement inutiles.

Elle balaya l'amphithéâtre de son regard, s'assurant d'avoir l'attention de tout le monde.

- Quelle est donc la place de l'Ordre dans la répartition des trois pouvoirs ? C'est une question extrêmement importante, car l'Ordre doit avoir l'autorité nécessaire à l'accomplissement de ses tâches sans pour autant empiéter sur le domaine des autres institutions. Actuellement, l'Ordre a un statut indépendant, il n'est relié par aucun lien de subordination aux trois autres pouvoirs. Et, s'il n'a aucun pouvoir législatif, il peut intervenir juridiquement dans les affaires qui relèvent de la Création, comme nous le verrons plus loin. C'est, à mon avis, une très bonne chose.

Seven leva la main.

- Oui ?
- Mais l'Ordre ne fait-il pas partie du système exécutif au même titre que la police ? Après tout, son rôle est de s'assurer que les lois soient respectées.
- Je vois que quelqu'un a regardé l'intervention télévisée d'un de nos triumvirs de la semaine dernière. Faire passer l'Ordre des Veilleurs sous son contrôle, c'est effectivement ce que voudrait l'exécutif, et il ne manque pas de le rappeler à la moindre occasion. Mais ce n'est aujourd'hui pas le cas, et espérons que cela le restera. Voyez-vous, la tâche des Veilleurs les amène à enquêter dans les plus hautes sphères du pouvoir. Les cabinets des hommes politiques sont remplis de Créateurs très doués. La plupart sont d'ailleurs d'anciens Veilleurs. Mais ils sont aussi très surveillés, par nos soins. Les triumvirs jouissent déjà d'un pouvoir et d'une popularité extrêmement forte, en partie grâce à leurs réseaux d'influences et leurs anciennetés, et en partie grâce aux actions qu'ils mènent via la Création. Ce qu'ils font est légal, mais si nous n'étions pas là pour nous en assurer...

Cette histoire de triumvir me laissait dubitatif, et je me renseignais auprès de Seven.

- Tu devrais regarder les actualités de temps en temps, me souffla-t-il dans un sourire. Karnak est dirigé par un triumvirat.

Je n'avais effectivement pas regardé une seule fois la télévision depuis mon arrivée. J'en avais tout simplement perdu le goût lors de mes études sur Terre, trouvant la majorité des programmes affligeants. Et je ne connaissais pas les sources d'informations à Karnak, je n'avais donc tout simplement pas eu l'occasion de les consulter. Je me promis de remédier à cela.
Durant le reste de la séance, Mei nous détailla le fonctionnement des différents institutions Karnakiennes.

A la tête du pouvoir exécutif, il n'y avait pas un seul chef de gouvernement mais un triumvirat constitué de trois triumvirs. Ceux-ci étaient élus au suffrage universel direct pour une durée quatre-vingt dix ans karnakiens. Les élections pour un triumvir avait avaient donc lieu tout les trente ans. Il n'y avait toutefois pas de limites aux nombre de mandats, ceux en place l'étaient depuis un temps considérable, et les élections n'étaient plus qu'une formalité depuis longtemps.
Vous noterez que l'un de nos triumvirs l'était déjà dans sa vie sur Terre. Marcus Crassus, le doyen de notre gouvernement, était un effet aussi membre du premier triumvirat romain.

Je n'en croyais pas mes oreilles. Marcus Crassus, qui était à l'origine de l'alliance avec Jules César et Pompée, ici, à Karnak, et chef du gouvernement ! Mes camarades, eux, ne semblaient pas partager ma surprise. Il fallait vraiment que je me mette à jour en me renseignant sur les actualités !

Le Parlement était composé de deux chambres, le Sénat et la Chambre des Représentants, dont les représentants de la première étaient élus au suffrage universel indirect, et ceux de la seconde au suffrage direct. Les habitants d'un district votaient pour les candidats dudits dudit districtdistricts.

Mei se mit à nous détailler les liens qui existaient entre les deux chambres, ainsi que leurs rôles, leurs pouvoirs et leurs devoirs distinctifs.

Tout cela faisait beaucoup à retenir, et je ne fus pas mécontent quand le cours prit fin. Mon cerveau était sur le point de saturer, et je n'étais pas sûr d'avoir retenu la moitié des subtilités qu'elle nous avait expliqué.

C'était la fin de la journée, et je m’apprêtais à partir quand Mei dit :

- Nathan et Loren, Jared m'a demandé de vous prévenir qu'il vous attendait dans son bureau.

Nous échangeâmes tout les deux un regard étonné.

- A-t-il précisé pourquoi il voulait nous voir ?
- Non.

Voilà qui était intéressant. Je crois bien qu'aucun d'entre nous n'était encore rentré dans le bureau de Jared, et le fait qu'il demande spécifiquement à Loren et à moi de venir ensemble me laissait penser que cela avait avoir avec Hermes Corp.

Après avoir demandé à Mei où se trouvait le bureau de Jared, nous nous y dirigeâmes tous les deux.

Loren était visiblement arrivée à la même conclusion que moi car sur le chemin elle me demanda :

- Tu crois que ça concerne... tu sais quoi ?
- On va bien voir. Mais cela ne m'étonnerait pas, pourquoi vouloir nous voir tous les deux ensemble dans le cas contraire ?

Arrivé au premier étage, nous frappâmes à la porte du bureau, et la voix de Jared s'éleva.

- Entrez.

Le bureau de Jared était spacieux, et confortable ! Les meubles avaient cette teinte du bois ancien, et le sol était recouvert de parquet flottant. Les étagères étaient remplis remplies de livres reliés, et les fauteuils étaient de cuir marron.

- Refermez la porte derrière vous, et venez vous installez, nous demanda-t-il.

Une fois installé, il ferma les yeux un instant. Puis il hocha la tête.

- C'est bon, nous pouvons parler.

J'en savais maintenant assez pour deviner qu'il venait d'utiliser la Création pour que notre conversation ne soit pas écoutée. J'avais même une idée générale de comment il s'y était pris, sans pour autant connaître les détails précis de l'opération. Cette précaution me conforta dans l'idée qu'il nous avait fait venir pour parler d'Hermes Corp, et je ne fus pas déçu.

- Bon, par où commencer... Je ne pensais pas du tout devoir faire appel à vous aussi vite. Vous êtes encore des étudiants de premier cycle, vous venez de commencer votre formation et votre nouvelle vie à Karnak, et vous n'avez pas du tout les compétences pour ce que je m'apprête à vous demander. Mais j'ai bien réfléchi, et je crois que je n'ai pas le choix. Un étrange coup du sort à fait que vous m'avez ou m’ailliez ? accompagné voir Indiah, et vous êtes au courant de l'affaire concernant Hermes Corp. A la base, je vous ai amené avec moi simplement en tant qu'observateur, je pensais que cela pourrait être intéressant pour vous d'avoir un premier contact avec une enquête de Veilleurs. Mais l'affaire se révèle beaucoup plus complique que je ne l'aurais imaginé. Un vrai casse-tête. Et il nous faut du renfort.

- Excusez-moi, mais... commençai-je. Je vous aiderai volontiers, mais je ne comprends pas pourquoi vous faites appel à nous. Je veux dire, vous êtes Enseignant-Veilleur, vous avez un troisième cycle de validé ! Vous avez eu je ne sais combien d'élèves ! Vous devez bien connaître des personnes plus compétentes que nous deux ! Je me souviens même vous avoir entendu dire que vous aviez un contact au sein de la Surveillance Interne de l'Ordre !

- C'est justement ma discussion avec mon contact qui m'inquiète autant. La corruption est enraciné enracinée beaucoup plus profondément au sein de l'Ordre que je ne le pensais. Bien sûr, j'en connaissais déjà les raisons, mais je ne pensais pas le mal aussi solidement implanté... Comment vous expliquer...

Jared se tortilla les mains.

- Le système de l'Ordre est théoriquement bon, j'en suis intimement convaincu. Mais la réalité est loin d'être aussi simple. Voyez-vous, avec les moyens à notre disposition, il est assez simple de surveiller et réguler l'utilisation de la Création du Karnakien moyen. Mais quand on s'attaque aux gros poissons, cela se corse. Les grosses holdings financières, pour prendre un exemple, sont tout à fait au courant d'être étroitement surveillées par l'Ordre. Et elles ont trouvé une parade qui leur laisse une certaine liberté de manœuvre. Comme vous le savez, en échange de sa formation, un Veilleur doit travailler pour l'Ordre un temps prédéterminé. Mais suite à cela, il est libre de partir et d'aller travailler où bon lui semble. Et c'est là où les grosses entreprises et les politiques interviennent. Ils leur proposent de les engager comme consultant à des prix exorbitants, avec des indemnités tellement élevées qu'il n'est pas étonnant qu'un certain nombre d'entre nous se laisse tenter. Et c'est ainsi que les entités que nous sommes censés surveiller se retrouve avec dans leurs rangs des anciens Veilleurs, complètement au courant de nos méthodes d'investigations, et ayant bénéficié d’une formation complète dans l'art de la Création... Sans parler de leurs contacts au sein de l'Ordre. C'est pour cela qu'un Veilleur seul n'a aucune chance de coincer une grosse entreprise pratiquant illégalement la Création, car elle l'utilisera alors elle-même pour s'en protéger. Oh bien sûr, cela ne date pas d'hier, et nous avons l'habitude. Nous travaillons maintenant par groupe de Veilleurs, ce qui renforce notre Création, et nous changeons en permanence de méthode d'investigation, voir en inventons de nouvelles. La balance des pouvoirs joue encore en notre faveur, mais de bien peu.

Loren et moi étions pendu pendus à ses lèvres. Tout cela faisait totalement sens, et je pense que si j'y avais un peu réfléchi, j'aurai imaginé une situation semblable. Mais s'entendre dire précisément quelle était la situation actuelle, par quelqu'un au cœur du système et donc extrêmement bien informé, avait quelque chose d'à la fois bouleversant et fascinant. C'était comme si le rythme de notre formation s'était soudain emballé. emballée

- Mais ce n'est pas le seul souci auquel nous devons faire face. Voyez-vous, l'Ordre des Veilleurs a été conçu pour être complètement indépendant des autres fonctions de l’État, y compris financièrement. Nous ne dépendons d'aucune subvention, l'Ordre génère lui-même ses revenus, il verse les salaires de ses Veilleurs et gère ses besoins mobiliers et matériel. Tout cela a évidemment un coût très élevé, et l'Ordre a dû s'organiser pour faire face à ses énormes besoins. Voyez-vous, nous sommes un service public, et nous pouvons donc difficilement faire payer la majorité de nos prestations. Il arrive parfois que l’État et des particuliers fassent appel à nous dans un but précis, une situation où une grande maîtrise de la Création est nécessaire, et nous sommes à ce moment là rémunérés. Mais cela est loin d'être suffisant. L'Ordre ne perçoit pas de revenus sur une très grande partie de ses activités. Il fallait donc trouver une solution.

Au son de sa voix, je compris que la situation ne lui plaisait absolument pas, et s'il avait parût mal à l'aise au début, il commençait petit à petit à s'énerver.

- L'argent dont nous disposions a donc été investi, afin d'en générer davantage. Placements immobiliers, actions, bons publics, obligations... Le budget était serré, mais le système fonctionnait. Du moins, c'est ce que nous croyons.. Car il se trouve des individus qui sont plus que ravis d'aider l'Ordre dans sa gestion financière, des individus qui ont a cœur que notre santé économique soit la plus saine possible !

L'ironie et la rancœur perçait dans ses paroles, la situation le dégouttait au plus haut point.

-Je parle bien sûr des acteurs économiques majeurs de Karnak. Les pontes des grosses firmes, tout le gratin économique. Évidement, ils ne peuvent pas faire des dons directs à L'Ordre, c'est il légal illégale. Mais ils prodiguent des conseils, proposent des placements juteux. Ma discussion avec mon contact au SIO m'a fait ouvrir les yeux. La direction de l'Ordre se rapproche peu à peu du monde de la finance et des affaires. Et il semble que certains membres du SIO les couvrent, c'est du moins ce que pense mon contact. Quelques-uns de nos dirigeants font donc faire des profits très appréciables à l'Ordre. Mais cela n'est évidement pas gratuit. Ils se sont laissé acheter, et doivent rendre toutes sortes de services en échange de cette pluie d'argent... Comme les prévenir que des Veilleurs s'intéressent à leurs affaires, et qu'ils doivent faire profil bas un temps... Voilà pourquoi je n'ose pas mettre plus de monde dans la confidence. Si même nos plus hauts échelons sont gangrenés... Comment savoir qui est resté intègre au sein de l'Ordre ? Plus je divulguerais l'information que j'enquête sur Hermes Corp, et plus ils auront de chance d'être au courant... Car s'ils n'ont aucun lien direct avec nous, leurs clients eux, en ont. Et je suis sur que la majorité d'entre eux les préviendrait immédiatement qu'une enquête sur Hermes Corp est en cours si elle en avait vent. Voilà pourquoi je me retrouve contraint de me tourner vers vous. Vous venez d'arriver, et je suis entièrement sûr que vous ne trempez dans aucune affaire louche. Vous n'en avez tout simplement pas eu le temps. Et personne n'aurait d'intérêt à vous corrompre. Vous n'avez pas d'intérêt pour eux, vous êtes encore en étude... C'est pourquoi je peux vous demander votre aide, sans craindre de compromettre mon enquête. Et de l'aide, j'en ai besoin.

Ce flot d'informations était tout simplement incroyable. Jared nous décrivait une situation si enchevêtrée, si compliquée ! Et il nous demandait notre assistance pour résoudre cette affaire malgré la difficulté évidente qu'elle représentait... En étions-nous seulement capable ? Serions-nous utile ?

Je pris toutefois rapidement ma décision. Malgré mes doutes, je ne pouvais tout simplement pas fermer les yeux. Nous parlions d'une affaire où nous suspections des meurtres ! Et si Jared disait avoir besoin de nous..

Loren prit la parole :

- Je peux vous poser une question ?
- Oui bien sûr, je comprends que tout cela puisse être effrayant pour vous et...
- Non, il ne s'agit pas de cela. Je me demandais simplement... Pourquoi ne pas faire appel à la Création pour trouver des Veilleurs digne de confiance ? Si vous pensez qu'une partie d'entre eux est corrompus, pourquoi ne pas faire appel à la Création pour tomber sur les bons ?

Ce n'était pas la première fois, mais je restai stupéfait devant l'agilité mentale d'on venait de faire preuve Loren. Cette fille, c'était quelque chose ! Sa façon claire et méthodique d'appréhender les choses m’impressionnait.

La remarque eut même le mérite de faire sourire Jared, impressionné lui aussi par la vivacité d'esprit de la jeune fille.

- Et bien, je vois que mes cours t'ont donné de l'inspiration sur la façon d'utiliser la Création ! Mais cela ne me paraît pas la meilleure solution, et j'aimerai l'éviter si possible. Car vois-tu, je pourrais effectivement très bien utiliser ma Création dans le but de trouver des personnes viables. Mais les taupes au sein de l'Ordre pourrait elles aussi très bien utiliser la Création pour se retrouver mêler mêlées aux affaires qui les intéresses, et sur lesquels elles pourraient vendre de l'information. J'ignore leurs nombres ou leurs capacités Créatives... aussi c'est un risque que je ne prendrai qu'en cas d'absolue nécessité.
La création est-elle indétectable ( de par l’énergie qu’elle doit puiser ou émettre) ? Même pour les initiés ?

Le sourire sur le visage de Jared disparût peu à peu, et ses traits redevinrent sérieux.

- Actuellement, tout tous nos efforts pour éclaircir l'histoire d'Hermes Corp ont échoué. J'ai pourtant fait preuve de la plus grande créativité dans l'utilisation de notre Création ! Mais cela n'a pas suffit. Ce qui me laisse penser qu'ils sont protégés par une force de Création extrêmement puissante et bien pensée (elle doit donc être indétectable :-D) . Il me faut plus de personnel. Et donc, je me tourne vers vous. M'aiderez-vous ? C'est une décision délicate, et je comprendrai si vous aviez besoin d'un peu de temps pour...

- Ma décision est déjà prise, le coupai-je d'un ton décidé. Oui, je vous aiderai.

Loren dodelina de la tête un instant, comme si elle se parlait momentanément à elle même, puis surenchérit.

- Évidement, vous pouvez compter sur nous.
- Fantastique ! Vous m’impressionnez, tout les deux, je ne pensais pas obtenir votre réponse aussi vite.

Le regard de Jared nous transperça alors qu'il nous regardait à tour de rôle, et la gratitude que j'y lis me conforta dans ma décision.

- Maintenant que c'est décidé, il va falloir que je vous forme. En l'état actuel, vous ne me serez pas d'une grande utilité. Et attendre que vous finissiez votre formation prendrait trop de temps. Nous allons donc l’accélérer le plus possible. Et vous prendrez des cours particuliers avec moi. Mais ces leçons doivent rester secrètes. Personne ne doit se demander pourquoi le vieux Jared prend ainsi deux jeunes étudiants sous son aile. Pas dans les conditions actuels. Et je veux minimiser au maximum les risques auxquels vous vous exposerez tant que vous ne serez pas correctement formés. Et il y a aussi le problème du contenu de ces leçons... Je suis bien décidé à vous apprendre des techniques et un savoir qui ne sont normalement qu’accessible aux Veilleurs de troisième cycle... Autant dire, quelque chose que je ne suis pas du tout censé vous montrer pour le moment. Il vaut donc mieux ne pas en parler, et faire ça dans la plus grande discrétion...

Nous nous mîmes donc d'accord sur les horaires auxquels nous devrions rejoindre discrètement Jared. Et c'est ainsi que ma formation auprès des Veilleurs pris un tournant tout à fait inattendu.


Tassa, j’ai adoré ce chapitre ! Comme Nathan, je peine sous la quantité de choses à retenir tant tes explications sont nombreuses et détaillées (je pense même que ça pourrait en saouler certains mais bon…) Ceci dit je crois que cela est nécessaire pour comprendre l’imbroglio du fonctionnement et les conflits d’intérêts qui anime ton petit monde.

J'en viens franchement à me demander quelle genre d'études tu fais ou ce que tu fais dans la vie pour décrire aussi bien tout un système de corruption comme celui-ci. Je me dis que, moi, même si je comprend très bien le truc, j'aurai un mal fou à l'expliquer et le retranscrire comme tu le fais. Ca me scie et ça m'énerve!  

Ces explications achèvent de donner à Karnak une dimension réelle, vraiment vivante. Je vous tire une fois de plus mon chapeau mon cher Tassa, pour la réalisation de ce chapitre auquel je ne vois rien à redire. je pense que la suite de l'histoire sera donc plus tournée vers l'investigation industrielle et financière que dans la découverte de Karnak et son histoire, non? (snif). A vrai dire je pensais que Nathan serait le premier à pouvoir "faire la nique" au temps en sortant de Karnak.

Bref, la curiosité l'emportant toujours alors je te dis à bientôt pour la suite evidemment

Beaucoup de statistiques. Il y a un côté pub pour la sécurité routière je trouve.

1) était rattachée à un cou qui devait bien appartenir à quelqu’un.
Le cou me gêne, j’aurais dit attachée à un corps.
2) Tous, nous autre anomalies temporelles, nous arrivons dans le désert de Karnak, mais peu en sortent
Tu utilises la première personne du singulier dans toute cette partie, donc on s’attend à ce que cette phrase reflète les connaissances de ton personnage qui dit juste avant ne pas connaître ce désert.
3) Ici,rien ne pousse ni ne croit. Quant à la pluie, elle ne tombe jamais, et aucun nuage n’a jamais
masqué le soleil de plomb.
Idem que 2) et il y a encore d’autres exemples ensuite
4) Dans ce je vivais
Il doit manquer un mot, dans ce QUE je vivais ?

1) R.A.S.

1) cnémides – c’est l’élément protégeant les tibias – à la manière des soldats grecs antiques.
Je trouve ça maladroit comme formulation, je verrais plus «..et des cnémides protégeaient leur tibias à la manière des grecs antiques. », pour que ça sonne moins cours d’histoire
2) Lentement mais sûrement
L’expression ne me parait pas coller à un roman, plutôt « peu à peu » ou « progressivement »
3) Toutefois,les
manque un espace après la virgule, et il y a un autre « toutefois » quelques lignes après qui fait répétition
4) dans un ascendeur.
Ascenseur ? Volontaire ou pas ?
5) Je hochai la tête même si ses explications n'avaient guère calmé mon anxiété.
Une virgule après tête ?

1)Il était grand, un peu près ma taille,…
Il était grand, à peu près,… même remarque la phrase suivante

1) Voilà ton insigne qui atteste que te suis une formation de Veilleur…
que tu suis
2) J'avais donc encore de quoi voir venir.
Là encore, l’expression ne colle pas à un roman je trouve.(← avis subjectif j’en convient  )
3) On m'a dit qu'on finissait par s'y faire. Moi en tout cas, je ne m'y suis pas encore fait !
Mais tu vois, je ne suis pas là depuis très longtemps non plus.
On à déjà intégrer que Seven est là depuis peu, il le dit plusieurs fois avant ce passage, je pense que tu peux enlever celui-là.

1) Malgré mes efforts, je ne retins pas le nom des autres personnes présentes, malgré les avoir demandés à mon voisin.
Deux fois « malgré » en quelque mots. « En dépit de mes efforts,je ne ... » ?
2) Bureau des crimes créatif abrégé  parfois BBC.
ctrl+H pour trouver tous les BBC et les remplacer par BCC

1) R.A.S.

1) Vous m’impressionnez, tout les deux,…
Je pense que c’est « tous les deux » non ? Si oui, cette erreur apparaît plusieurs fois.