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 CONTE A REBOURS

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jihel
Je commence à m'habituer
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MessageSujet: CONTE A REBOURS   CONTE A REBOURS Icon_minitimeMer 2 Sep 2020 - 17:01

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Il était une fois, autre part, un homme et une femme.
L’homme était grand, blond, svelte et musclé. Ses yeux étaient du bleu que prend la mer sur un fond de corail.
Il était beau, il était nu.
La femme était extraordinairement belle. Ses cheveux noirs descendaient en  cascade jusqu’au bas de son dos. Ses jambes étaient musclées, sa taille mince, ses seins faits pour l’enfant ou l’amant. Sa peau était dorée.
Elle était belle, elle était nue.
Sous leurs pieds l’herbe était comme un tapis doux et chaud, au dessus de leurs têtes, le ciel d’un bleu limpide. L’air était tiède, la végétation luxuriante. De temps en temps un animal sortait des fourrés et s’approchait pour une caresse.
- Dis donc Meuf, dit l’homme d’une voix grasseyante, faudrait peut-être songer à bouffer. J’ai la dalle.
- T’as toujours envie de bouffer, c’est dingue, répond la femme d’une voix de marchande de poissons. Tu vas devenir obèse, garanti. Je te préviens, quand tu passes le quintal, plus question de faire des cabrioles si tu vois ce que je veux dire.
- Rabat-joie ! grommelle l’homme, boudeur.
Ils marchent un instant en silence. Le visage de l’homme s’éclaire.
- On pourrait bouffer une antilope ou un bison, ça doit être goûtu.
La femme hausse les épaules.
- C’est ça, fais toi plaisir, rêve. Tu sais bien que le proprio est pas d’accord. On touche pas aux animaux, on touche même pas aux fruits, ni aux légumes, même pas le droit de brouter un peu d’herbe. Si on a faim, on dit qu’on a faim et on n’a plus faim. C’est simple. D’ailleurs je suis sûr que t’as plus faim maintenant.
- C’est pas juste la faim, j’ai envie de bouffer, c’est pas pareil !
- Tu causes mais t’oseras jamais de toute façon. T’as trop peur du Vieux.
L’homme fait la tête. La femme le regarde méchamment. Soudain son regard se fige sur le bras de l’homme.
- Ah merde, fait-elle, un moustique !
Et sa main part, écrabouillant l’insecte.
Les yeux de l’homme font un focus sur l’insecte écrasé, zooment sur la main de la femme, enchaînent en travelling le long du bras et se terminent en plan fixe sur le visage de sa compagne. Il s’exclame, incrédule
- Mais t’es con ou quoi ? Il allait pas me piquer ! Les moustiques piquent pas ici !
Piquée au vif, la femme rétorque :
- Oui bon, c’était un réflexe. Evidemment tu…
Mais elle ne termine pas sa phrase, interrompue par un violent coup de tonnerre. Les éclairs zèbrent le ciel devenu noir, le vacarme est assourdissant. Soudain le sol tremble, la terre se craquelle, s’entrouvre et finit par les happer comme une gueule affamée.
L’homme et la femme tombent tombent… et se retrouvent… ailleurs !
Ici la terre est aride, le ciel maussade, une petite pluie fine et glacée les fait frissonner. Au loin on voit une créature aux griffes et aux dents acérées mettre en pièce un bambi émouvant…
- Là, j’ai merdé, reconnaît la femme.
- Putain, qu’est-ce qu’on va dire aux gosses, se demande l’homme.
La femme réfléchit un peu.
- Y aura qu’à leur raconter une histoire de serpent et de pomme, ça passera mieux.
Et ils s’en vont, main dans la main, vers un avenir devenu incertain.
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