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 Dans la pénombre de la forêt

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Shifu
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MessageSujet: Dans la pénombre de la forêt   Dans la pénombre de la forêt Icon_minitimeDim 16 Mai 2021 - 19:46

Cela fait presque une semaine que j'ai posté le poème présentant ma chasseuse , maintenant je vais commencé à poster l'histoire. Je l'ai classifié fantastique, mais je dirais qu'elle tient aussi un peu du conte avec un petit côté asiatique comme à mon habitude. Cette histoire fait au totale 25 pages word, j'ai donc dû me résigner à la couper en plusieurs parties mais ça a été trés difficile pour moi de choisir où la couper.
Pour commenter, voici le lien:

https://ecrire.forumactif.org/t7956-dans-la-penombre-de-la-foret#173117

Je vous laisse donc à la découverte de cette histoire qui,à la base, a été écrite pour offrir à une amie pour son anniversaire.

Dans la pénombre de la fotrêt  
1ère partie :

La forêt était dense et sombre mais ce n’était pas un problème pour elle. Cela faisait maintenant des années qu’elle y vivait, elle s’y était habituée. Elle pouvait suivre la trace d’un animal sur des kilomètres. C’était exaltant de courir ainsi les cheveux au vent, libre de toutes attaches… vivant sans aucunes de ses règles imposées par les êtres humains dans les villes.
Ici elle était son seul maître. Elle vivait selon la courbe du soleil. Elle chassait et cueillait sa nourriture aux grès de ses pérégrinations. Parfois il lui arrivait de passer plusieurs jours ainsi à poursuivre un gibier. Si elle pouvait attraper ce cerf et qu’elle puisse en découper une bonne partie avant qu’un prédateur ne vienne lui voler sa proie alors elle aurait de la viande pour presque tout l’hiver qui arrivait à grand pas. De plus elle pourrait utiliser sa peau pour avoir une bonne couverture…
Mais il ne fallait pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. L’animal avait réussi à lui échapper jusqu’à maintenant et il devait être fatigué mais c’était aussi le cas pour elle. Si elle ne l’attrapait pas, il lui faudrait prendre plusieurs jours de repos pour recommencer tout à partir de zéro et cela elle n’en avait pas vraiment envie. Les derniers jours elle trouvait que la température avait baissé un peu trop vite et ça l’inquiétait. Elle pressentait que l’hiver allait arriver bien plus tôt que d’habitude et donc le gros gibier se ferait de plus en plus rare. Alors hors de question d’échouer aujourd’hui.
Elle s’arrêta à l’écoute de la forêt tandis que son regard cherchait le soleil à travers les branchages pour savoir combien d’heures de jour il lui restait. Trop peu à son goût. Décidément elle trouvait que depuis qu’elle s’était lancée dans cette traque, tout semblait lui être contraire. Elle avait sous-estimé l’endurance de l’animal… Le temps avait décidé de tourner à la pluie… Elle avait horreur d’être toute mouillée…Avec le vent dans la cime des arbres, la forêt bruissait de bruits l’empêchant de pleinement concentrer son ouï sur les pas de l’animal qu’elle pourchassait… La fatigue commençait à se faire sentir… Il fallait qu’elle mette un terme à cette traque.
Elle ferma les yeux, se concentrant uniquement sur ce que ses oreilles percevaient. Son pas était lourd, lui aussi était fatigué… mais elle pouvait presque le voir, dressant la tête fièrement à la recherche de son prédateur. Il était prêt à se défendre, à utiliser ses bois… Cependant elle n’avait pas besoin de s’approcher. Une flèche en plein cœur mettrait fin à sa vie. À pas de loup, silencieuse, elle se déplaça pour avoir un bon angle de vue et de tir.
L’animal était vraiment magnifique et impressionnant avec son port de tête presque royal et ses yeux qui paraissaient si intelligents… mais c’était la loi de la Nature, il devait mourir pour fournir de la nourriture à d’autres créatures dont elle. Elle savait qu’il ne pouvait pas la voir, pourtant elle eut l’impression que son regard s’était arrêté quelques secondes sur elle.
Lentement, sans gestes brusques, elle saisit l’empannage d’une de ses flèches et silencieusement la sortit de son carquois. Elle l’encocha et tendit la corde de son arc. Elle prit une profonde inspiration qu’elle bloqua. Elle allait lâcher le projectile quand tel un éclair une masse blanche rayée de noir s’interposa entre elle et sa cible. Elle ne put que regarder l’animal qui l’avait précédé de quelques secondes mettre à mort le cerf. Elle vit clairement les crocs acéré d’un blanc immaculé s’enfoncer dans la gorge de son gibier. Le sang gicla dans sa gueule et sur son pelage blanc. Le cerf s’effondra terrasser et le fauve se retourna vers elle en montrant ses crocs.
Tout dans son attitude lui disait, je suis le maître de ses lieux. Son regard imposait le respect. Son corps respirait la force, ses muscles roulaient sous son pelage. Elle aurait du avoir peur face à ses yeux qui revendiquaient son droit de se repaître en paix. En toute logique, elle aurait dû lentement reculer, pourtant… elle était captivé par ces prunelles bleues et glaciales, sauvage et indomptables… Une sorte de fascination la retenait prisonnière. Ce n’était pourtant pas la première fois qu’elle croisait la route d’un fauve au cours d’une chasse.  
Sans même s’en rendre compte, elle s’était accroupie pour être à la même hauteur que la tête du fauve. Il rugit. Même le bruissement des feuillages sembla s’arrêter. Elle eut l’impression que son cœur allait sortir de sa poitrine tant il battait vite et fort. C’était étrange cette sensation que le temps s’était suspendu entre eux deux. Son regard réveillait quelque chose en elle…
Elle se souvint de cette nuit où elle avait entendu ses parents se disputer. Elle savait que sa famille n’était pas riche et que c’était dur de nourrir tous les enfants… mais elle n’aurait pas pensé que cela aurait été au point de vendre la virginité de leur fille aînée au Maître du domaine. Cette nuit-là, c’était éveillé une soif de liberté, un désir brûlant de courir aux grès du vent, une force sauvage et incontrôlable. Elle avait quitté sa ville natale et s’était totalement coupé des humains. Elle avait certes dû se battre pour réussir à vivre ainsi, ça n’avait pas été sans difficulté. Mais comme ce tigre blanc devant elle, elle n’était pas faite pour vivre autrement que la vie qu’elle s’était choisie.
« Aujourd’hui tu as été le plus fort, cette proie est à toi. »
Elle l’observa encore un moment commencer à dévorer le cerf. Certaines personnes diraient que c’était morbide de rester là, mais elle trouvait une certaine beauté dans la scène qui se déroulait devant ses yeux. La mort, la vie… Elles étaient intimement liées… Le cerf était mort mais en devenant le repas du tigre, il participait à la prolongation de la vie. On devait respecter toute vie que l’on ôtait…où un jour la Nature refuserait de nous apporter notre subsistance.
Le fauve ne se souciait plus du tout d’elle comme si elle était une quantité négligeable, si inférieur en force qu’elle n’était même pas digne d’être considéré comme un danger pour lui. C’était vexant, même si elle savait que c’était la réalité. Elle pourrait certes le blesser mais d’un seul coup de patte lui il pouvait la tuer. Elle n’y pouvait rien, elle n’avait plus qu’à rentrer dans sa cabane pour reprendre des forces.
Elle porta à nouveau son regard vers la cime des arbres. Le ciel commençait à s’assombrir. Il s’était écoulé bien plus de temps qu’elle ne le pensait. Elle allait devoir dormir dans la forêt sans avoir de repas chaud dans l’estomac. Le mieux serait de monter dans un arbre pour y dormir, ce qu’elle fit prestement. De là-haut, elle pouvait voir et entendre le tigre continuer à faire ripailles. Cependant malgré la faim qui tiraillait son ventre, elle s’endormit très rapidement d’épuisement.
Comme souvent ses rêves l’emmenèrent courir dans les bois. Parfois elle se disait que le ciel s’était trompé, qu’elle n’aurait pas du naître humaine mais sous la forme d’un animal sauvage. Cette fois elle essayait de rivaliser à la course avec un lapin… mais quelque chose la heurta… Elle se réveilla en sursaut. Elle avait pourtant grimpé haut dans l’arbre mais la douleur à sa cheville lui confirmait qu’un animal avait essayé de l’attraper.  
La lune ne filtrait que très peu à travers les nuages et le feuillage. Elle ne pouvait pas voir grand-chose au sol. L’arbre fut à nouveau secoué, elle s’y accrocha plus fermement. Elle aurait dû rentrer, elle savait que les bois étaient dangereux la nuit, voir mortelle pour  les êtres humains. Elle saisit son couteau et s’apprêta à défendre âprement sa vie. Elle entendit un bruit sourd comme un choc, un gémissement de douleur puis à nouveau ce rugissement qui imposait le silence à toute la forêt. Incroyable. Impensable… et pourtant le tigre venait de la protéger… ou alors protégeait-t-il seulement le secteur parce qu’il n’avait pas fini de dévorer sa proie ?
Elle perçut un bruit de frottement... ou plutôt comme si on traînait quelque chose sur le sol, puis elle vit une tâche blanche qui ne pouvait être que le tigre s’installer au pied de l’arbre et reprendre son repas. Combien de temps allait-il rester là ? Était-ce uniquement pour la nuit ? Pour la protéger ? Pourquoi un tigre ferait-il cela ? Pendant un bon moment une farandole de questions tourna dans son cerveau, mais cela faisait quatre jours qu’elle était en chasse et qu’elle avait très peu dormi… alors elle finit par sombrer à nouveau dans un sommeil profond ce qui n’était pas dans ses habitudes quand elle dormait ainsi à la belle étoile.
Elle se réveilla au premier chant d’oiseau qui annonçait le lever du soleil et son regard se porta aussitôt vers le sol. La place était vide. Pas de tigre. Pas de cadavre de cerf. Pas de trace d’autres animaux sauvages. Lentement elle se laissa glisser silencieusement à terre. Elle inspecta la terre aux alentours méticuleusement et finalement elle trouva les traces de pas d’un loup qui devait avoir une taille impressionnante. Était-ce lui qui avait essayé de la faire tomber de l’arbre pendant la nuit ? Fort possible. Aucune trace de son rival à la chasse et sauveur. Il lui fallait rentrer.
Du bout des doigts elle effleura l’une des empreintes du tigre. Même sans être là, il continuait à exercer une fascination, attirance sur elle. Elle n’avait aucune raison de le suivre. Il lui fallait rentrer avant la tombée de la nuit… et puis ses habits lui collaient à la peau, elle avait besoin de prendre un bain. Il fallait qu’elle reprenne rapidement la chasse car dans tout son être elle sentait l’hiver arriver, cependant c’était comme si une magie la retenait prisonnière de ce lieu…
Dans la forêt si on voulait survivre longtemps il ne fallait pas rêver mais au contraire garder les pieds bien ancrés en terre. Elle secoua la tête, luttant pour s’arracher littéralement à l’obsession qu’exerçait sur elle la piste d’empreintes laissées par le fauve. Elle se pinça même la cuisse avec force. La logique, sa raison et sa volonté reprirent le dessus et elle se mit en route. Les premiers pas furent difficiles… puis finalement au bout d’un certain temps elle put finalement courir.
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Shifu
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MessageSujet: Re: Dans la pénombre de la forêt   Dans la pénombre de la forêt Icon_minitimeMer 26 Mai 2021 - 22:02

2ème partie :

Elle arriva à sa cabane faite de rondins de bois et de chaume plus tôt qu’elle ne le pensait. Elle ne s’était pas si éloignée que ce qu’elle avait estimé. Lors d’une chasse on tourne souvent en rond. Elle s’arrêta net et dégaina son couteau. Il y avait quelque chose d’anormal. La porte de sa maison était ouverte. Silencieusement elle fit un large tour à la recherche de traces de pas humain… mas n’en trouva aucun. Par contre cette empreinte là elle la reconnaissait bien, c’était celle du tigre blanc. Pourquoi était-il venu ici ? Avait-il simplement suivi son odeur ? Mais pourquoi ? De la simple curiosité chez un animal ? Impossible que ce soit lui qui ai ouvert le porte… ?
Pourtant il n’y avait pas d’autres empreintes… Prudemment elle se rapprocha. Son cœur battait très vite . Le sang pulsait dans ses tempes, dans son crâne. Ses doigts serraient nerveusement le manche de son couteau. Lui aurait-on tendu un piège ? Durant un temps, on l’avait recherché… mais elle avait su se cacher. Plutôt mourir que de se faire reprendre. C’était certain que s’il l’attrapait, le Maître la punirait de s’être enfuie.
Tous ses sens en alerte… Tous ses muscles tendus en prévision d’un combat… elle avança pas après pas. Elle n’était plus la jeune fille chétive qui s’était enfuie de chez ses parents. Son corps avait acquis beaucoup de forces.  Elle ne se laisserait pas attraper. La forêt était son univers, son domaine, sa maison. Elle en connaissait chaque recoin, sentier, ruisseau et même grotte. Il lui serait facile pour elle de s’y cacher si on trouvait où elle avait élu domicile.  
La piste d’empreinte du tigre menait bien jusqu’à la porte.  Aucune trace que des humains soient venus là. De plus en plus étrange…Qu’est-ce que cela pouvait vouloir dire ? Elle entra et jeta un coup d’œil rapide à l’intérieur. Rien n’avait bougé apparemment. À cet instant son estomac lui rappela qu’il y avait trop longtemps qu’elle n’avait pas mangé. Elle attrapa un morceau de poisson séché à grignoter rapidement.
Avant de faire un vrai repas, elle avait énormément besoin de se laver. Elle prit donc des vêtements propres et se dirigea vers la cuvette rocheuse au pied de la cascade, non loin de là. Elle se déshabilla rapidement et entra dans l’eau. Même si elle était froide, après quatre jours de chasse, cela faisait du bien à ses muscles de nager tranquillement dans le petit bassin naturel. Finalement elle cessa de bouger pour juste se détendre, profiter juste de ce moment de tranquillité. Alors qu’elle fixait rêveusement le ciel, deux pupilles fascinantes s’imposèrent dans son esprit.
Ce regard d’un bleu profond était troublant… Si troublant qu’elle avait l’impression que son cœur s’affolait à nouveau. Que lui arrivait-il donc ? Certes c’était un tigre blanc impressionnant et absolument magnifique, mais tout de même…  
Un grognement la tira de ses réflexions. Il était là… Rêvait-elle ? Elle se frotta les yeux. Il était bien là… au bord de la cuvette. Il inclina la tête et lapa un peu d’eau. Son pelage était presque éblouissant à la lumière. Quand il eut fini de boire, l’espace d’un quart de seconde, il lui sembla voir de la malice dans son regard. Impossible… Elle observait fascinée et en admiration le dessin harmonieux de ses muscles alors qu’il marchait jusqu’au tas de vêtements qu’elle avait déposé au soleil pour qu’ils soient un peu chaud.
« Ne touche pas à cela, c’est à moi. J’en ai besoin. »
Mais de la même manière qu’il avait revendiqué son droit sur le cerf qu’il avait tué, Il la fixa de ses prunelles bleues glaciales qui lui disaient : ʺ C’est moi, le Maître de cette forêt. Oserais-tu le contester ? Oserais-tu venir reprendre ce qui maintenant est à moi ?ʺ  
Elle était en train de devenir folle. Jamais un animal ne penserait ainsi. Que ferait un tigre de ses habits ? Pourtant il posa une patte possessive sur ceux-ci tout en continuant de la scruter avec attention. Elle avait même presque que l’impression qu’il la défiait de venir récupérer son bien.
Que faire ? Elle ne pouvait pas rester trop longtemps dans  l’eau ou elle mourrait de froid… Mais son adversaire pouvait la tuer d‘un seul coup de patte aussi ? Pourquoi agissait-il ainsi ? Ce n’était pas le comportement normal d’un animal sauvage. Des sentiments contradictoires se débattaient en elle : l’incompréhension, la curiosité, la peur, la fascination, l’attirance, la révolte… Pourquoi cela lui arrivait-il ? Les hommes avaient déjà voulu lui imposer une vie qu’elle ne voulait pas… et maintenant c’était une bête qui voulait prendre le dessus sur elle. Elle s’était juré à elle-même qu’elle ne laisserait jamais quelqu’un être son maître… Elle était elle-même son propre Maître. Elle vivrait son existence telle qu’elle l’avait décidé. La peur était là… pourtant… elle se mit en marche en fixant ses habits et le tigre à tour de rôle.
« Je t’ai laissé ton gibier. C’était ton droit. Ses vêtements sont à moi. C’est mon droit. »
Pourquoi parlait-elle à un animal ? Elle se sentait ridicule. Elle frissonna. L’eau coula sur sa peau alors qu’elle continuait à sortir du bassin. Le tigre ne la quittait pas des yeux. Il y avait vraiment quelque chose de troublant dans ses pupilles. Elle se sentit rougir alors qu’elle dévoilait progressivement la nudité de son corps. Tout aussi bêtement elle tenta de cacher sa poitrine mais finalement la colère et la révolte reprirent le dessus face au défi qui lui faisait face. Elle avait très froid mais elle se tenait fièrement debout devant l’animal qui ne semblait pas vouloir bouger d’un pouce.
Comme dans la forêt la veille, elle s’accroupit pour être à la même hauteur que son énorme tête. Essayant d’avoir une voix ferme et dur, elle revendiqua à nouveau son droit de récupérer ses vêtements. Il lui répondit par un rugissement qui fit trembler toute la forêt et tout son corps à elle. Sa dernière heure était sans doute arrivée… mais non, les énormes crocs blancs qui étaient bien trop près d’elle ne se refermèrent pas sur sa gorge. Elle le vit se détourner d’elle et disparaître aussi silencieusement qu’il était arrivé.
Jamais de sa vie elle ne s’était habillé aussi vite et avait rejoint sa maison avec une telle précipitation. Elle n’avait pas osé en ressortir pour chercher du bois et faire du feu. Elle avait encore mangé froid et s’était glissé effrayée dans les couvertures pour tenter de réchauffer son corps. Elle pensait ne pas être capable de s’endormir tellement elle craignait les réactions imprévisibles de ce tigre, mais finalement elle sombra tout de même dans un sommeil agité. Difficile de dire si sa somnolence avait été régulièrement interrompu par des rêves ou des cauchemars… mais ce qu’elle savait c’était que le tigre blanc n’avait à aucun instant quitté son esprit.
Elle s’était vue courant avec lui dans la forêt. Elle n’avait pas l’impression qu’il la pourchassait. Il était là quand elle prenait son bain… quand elle ramassait du bois. Dans ses songes, il semblait épier chacun de ses gestes. Du coup, dans la réalité, ses yeux ne cessaient de fouiller l’environnement autour d’elle. Elle avait pu trouver des traces de son passage mais elle ne l’avait pas vu depuis le défi pour ses vêtements, et secrètement, au fond de son cœur, elle se sentait déçue, voir triste qu’il ne revienne pas la voir. Elle ne se comprenait plus. Cela l’agaçait de se réveiller le cœur battant la chamade, en sueur et une certaine frustration taraudant son cœur, son corps. Sans doute était-elle encore sous l’influence de cette fascination qu’il avait de suite exercer sur elle. Cela disparaîtrait sûrement dans quelques jours.
Cela faisait maintenant une dizaine de jours qu’elle avait croisé la route du tigre blanc pour la première fois. Il hantait toujours ses nuits mais elle ne l’avait pas revu réellement. Elle soupira ce qui arrivait souvent ses derniers temps. Cette vie qu’elle avait choisi, qu’elle aimait, maintenant lui paraissait si vide, si terne. Dehors la température avait encore baissé et elle savait pertinemment qu’elle n’avait pas assez de viande pour un hiver long. Il fallait qu’elle parte à la chasse mais elle n’arrivait à se décider à partir. C’était comme si toute motivation avait quitté son corps. Il fallait vraiment qu’elle se secoue, bientôt tout le gros gibier aurait quitté cette partie de la forêt et il lui faudrait aller très loin pour en retrouver. Finalement elle s’était convaincu que courir quelques jours dans les bois l’aiderait à remettre de l’ordre dans ses pensées et dans sa vie.
Déjà trois jours sans trouver de gibier… Cependant ses nuits étaient plus paisibles grâce à l’épuisement physique qu’elle s’imposait. Allait-elle être obligé d’aller chasser de l’autre côté de la montagne ? Elle ne pourrait pas ramener autant de viande si elle devait aller si loin, ça l’ennuyait vraiment. Elle se remit à nouveau à la recherche d’une proie quand il lui sembla au détour d’un sentier voir un mouvement. Elle stoppa net sa course et s’accroupit à l’affût du moindre bruit. C’était un magnifique sanglier qui commençait déjà à avoir son pelage long pour l’hiver. Ce n’était pas de veine.
Certes si elle arrivait à l’attraper, il lui fournirait toute la viande dont elle aurait besoin, mais quand on chassait un tel animal, on n’avait pas le droit à l’erreur… car si vous ratiez votre cible, vous pouviez être certain que la seconde suivante le sanglier chargerait pour vous piétiner. Qu’allait-elle décider ? C’était la première proie qu’elle trouvait en trois jours de recherche. Elle ne pouvait pas se permettre de le laisser s’échapper, elle devait mettre au point une stratégie au cas sa flèche ne le tue sur le coup. Alors qu’elle cherchait un endroit d’où elle pourrait correctement viser sa cible tout en étant à l’abri d’une éventuelle charge, ses yeux rencontrèrent deux pupilles d’un bleu glacial qui l’observait.
Depuis combien de temps était-il là ? Chassait-il ? Pourquoi se posait-elle ses questions alors qu’elle en connaissait les réponses… Inconsciemment elle savait qu’il avait toujours été là depuis qu’elle s’était mise en chasse. Dans son esprit, elle savait qu’il observait le moindre de ses faits et gestes. L’aiderait-il si elle avait un problème ? Ce n’était pas la première fois qu’elle chassait le sanglier… Même si celui-ci était plus gros que les précédents, il n’y avait pas de raison pour qu’elle n’essaye pas de le tuer. Elle avait choisi de ne compter que sur ses propres forces, de ses propres choix. Elle ferait comme toujours face à ce qui se présenterait devant elle. Elle n’était plus une débutante. Elle avait déjà tué de nombreuses fois. Elle était sûre de son arc, de sa force, de sa précision.
Elle encocha une flèche, bloqua sa respiration et tira. Le projectile se planta profondément dans le flanc de l’animal qui, sous le choc, fut envoyé rouler plusieurs mètres en arrière. Pourtant il se releva mais elle était déjà prête à lui asséner le coup de grâce. D’une main sûre et sans hésitation, elle lui trancha la gorge et le sang gicla sur sa main comme une dizaine de jours plutôt dans la gueule du tigre. Elle le chercha des yeux.
Biensûr il l’avait regardé mettre à mort sa proie. Elle s’accroupit pour se mettre à sa hauteur et posa sa main sur le cadavre, revendiquant ainsi son droit sur celui-ci. Pour la deuxième fois elle eut l’impression de voir de la malice dans ses pupilles. Il imposa le silence à toute la forêt par un de ses rugissements. Elle commençait intuitivement à comprendre la signification de ceux-ci : autorité, respect.
Combien de temps resta-t-elle à nouveau prisonnière de son regard ? Mais elle revint à la réalité et se dépêcha de prélever le maximum de ce qu’elle pouvait porter en viande qu’elle emballa dans des feuilles puis elle se remit en route très rapidement pour rejoindre sa cabane. De suite elle sut sans même le vérifier visuellement que le tigre ne la suivait pas et elle ressentit comme un pincement au cœur. Il faisait nuit quand elle arriva chez elle épuisée, mais elle était en sécurité. Il ne lui restait plus qu’à faire fumer la viande pendant plusieurs jours pour pouvoir la conserver.


Pour commenter, voici le lien:

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