A tout, il y a toujours une première fois.
Avec la naissance, vient la virginité.
La liste infinie de ce qu'on ne sait pas,
L'immensité de ce que l’on a pas essayé.
Dans les premiers temps, les uns après les autres
Tombent au champ d'honneur des pans d'innocence,
Cadavres de rêves qui un jour furent nôtres.
Une guerre au beau nom ma foi : c'est l'enfance.
Puis viennent dans nos vies tous les premiers émois,
Prémisses de fièvres encore honteuses.
Le corps s'enflamme et l'on ne sait pas pourquoi,
Et c'est, dit-on, l'adolescence heureuse.
De la jeunesse fougueuse, que retenir ?
Tout ce qui est inscrit, profond, dans nos corps.
Le premier amour fou, les premiers désirs,
Cet ardent brasier auquel on pense encore.
Puis viennent seuls le plaisir et le sexe.
Peaux qui se touchent et êtres qui s'emmêlent.
Quand Aimer peut être juste un prétexte,
Prénoms presque oubliés : c'est Lui ou Elle.
De ces années de famille, parfois d'enfants,
D'amis, de serments solennels, de promesses,
Mais aussi de doutes, de stupre et de sang,
Peut-on compter ce qu'a sauvé la tendresse ?
Pour la fin aussi, il y a une première fois.
Et une dernière. C'est parfois réconfortant.
Se dire : "Tout cela je ne le reverrais pas",
C'est pouvoir apprécier enfin chaque moment.
Mais quand viendra le dernier moment ici bas,
Quand sera donnée l'ultime virginité,
J'espère que c'est à l'Amour que l'on pensera.
Le plus beau : celui qui n'aura jamais été.
Lorelei.
Novembre 2009.