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 Mirandèle Anthracite.

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MessageSujet: Mirandèle Anthracite.   Mirandèle Anthracite. Icon_minitimeLun 8 Nov 2010 - 11:39

Le roman que j'ai fait en début d'année. Un conte jeunesse que je place dans la section Fantasy.

Ce manuscrit est né d’un rêve. J’écris depuis que je suis enfant. Je savais écrire avant de savoir parler, mais pris par ma vie d’adulte, le travail et les loisirs, je m’étais éloigné de l’innocence de mon écriture d’autrefois. Mon désir en commençant Mirandèle a été d’essayer de la retrouver.

Ce récit est un conte. Le voyage d’une enfant dans un monde merveilleux. Sujet banal mais que je pense avoir réussi à transformer en une aventure originale.

Je voulais retomber en enfance, tout en gardant une forme adulte. Écrire un conte, qui conserverait le modèle classique mais apporterait une nouveauté dans la narration. J’ai crée un Royaume, le Cœur des Mondes et un certain nombre de mes œuvres suivantes ont et auront cet endroit en commun. C’est un univers infini, un monde sans barrières, relié à toutes les univers et à toutes les histoires. L’incubateur de la Création, et Mirandèle n’en dévoile qu’une minuscule partie.
J’aurais pu plus décrire, j’aurais pu faire voyager mes héros à travers ce pays rêvé, mais je n’en voyais pas l’utilité. Le récit se suffit à lui-même, et les mystères et choses non expliquées laissent la possibilité de créer à l‘infini. L’aventure est courte, scindée en trois actes. L’arrivée, la Grande Forêt, le palais du Veilleur. On y voit ce royaume, on comprend le sens de son existence, on a envie de l’explorer et de découvrir tous les peuples extraordinaires qui peuvent encore l’habiter. La porte est ouverte, et ce pays peut maintenant vivre par lui-même.


J’aime cette œuvre, j’aime ce monde et j’ai envie de le partager. Les enfants ont besoin de rêve, l’imagination est plus importante que tout. L’aventure ne se limite pas qu’aux combats de super guerriers ou de ninjas. Le Cœur des Mondes ne sera jamais terminé, chaque lecteur pourra imaginer et y créer son propre univers. J’ai choisi cette histoire pour vous le faire découvrir et j’espère qu’elle vous plaira.
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MessageSujet: Re: Mirandèle Anthracite.   Mirandèle Anthracite. Icon_minitimeLun 8 Nov 2010 - 11:40

Chapitre 1 : Lominia.

C’était un monde gris. Un univers tout en noir et blanc, petit bout de terre perdu dans le cosmos où la vie s’était développée on ne sait trop comment, habité depuis des siècles par un étrange peuple appelé les Lomms.
Les Lomms ressemblaient aux Hommes que nous connaissons, si ce n’est que tout comme leur monde, ils n’avaient pas de couleurs. Mais cela ne leur manquait pas. Ils avaient toujours vécu ainsi et d’ailleurs ne connaissaient pas cette notion. Pour eux, tout était blanc, noir ou gris et cela leur suffisait.
Il n’y avait que deux saisons sur Lominia, la terre des Lomms, l’hiver, un peu plus froid où tombaient des flocons noirs et l’été, un peu plus chaud où le pâle soleil semblait briller plus fort. Ni trop froid, ni trop chaud, les saisons se succédaient, dans ce monde sans passions où tout paraissait être pour le mieux.
Les Lomms ne connaissaient pas la guerre et leur vie se déroulait dans la plus simple ambition. Ils vivaient comme nous, aussi étrange que cela puisse paraitre. Ils allaient au cinéma, regardaient la télévision ou sortaient entre amis entre deux moments de travail mais guère plus. Leur existence était monotone, aussi terne que pouvait être leur univers. Le rire était également absent de chez eux et je peux le dire, ils s’ennuyaient beaucoup. Mais comme ils ne connaissaient que cette vie, ils pensaient que c’était normal. De toute façon, bonheur et malheur n’existaient pas sur Lominia, les gens vivaient simplement, calmement, suivant une routine qu’ils avaient eux-mêmes établi et qui étaient en adéquation avec leur monde. Personne n’était triste, personne n’était heureux et tout allait bien.

Pourtant, parmi les milliers de Lomms naissant chaque jour apparaissait parfois une exception. Un être sortant de l’ordinaire qui n’avait de Lommien que le physique. L’histoire que je vais vous narrer parle d’un de ses Lomms extraordinaire qui était aussi différent d’un de ses congénères qu’un chat peut l’être d’un chien et à qui arriva une aventure pour le moins extraordinaire.
Mais commençons par le commencement.

Un semblant d’effervescence comme on n’en avait plus connu depuis des dizaines d’années régnait en ce matin d’hiver dans l’hôpital de Blanc Lac, et pour cause ! L’héritière au trône était en train de naître et dans le silence immuable de ces couloirs immaculés, un cri se faisait entendre ! L’enfant nouvellement au monde hurlait ! De mémoire de Lomms, on n’avait jamais vu ça et tout le personnel en avait presque le souffle coupé. Jusqu’aux parents qui ne parvenaient à comprendre pour quelle raison leur enfant produisait un son si étrange et inattendu ! Comment cette petite chose pouvait faire autant de bruit ? Et devant ces questions, le roi et la reine en restaient cois.
Cependant, la mère était aimante et peu importe la singularité de l’enfant, elle en prit soin et lui procura tout l’amour possible.
L’affaire de la princesse pleureuse s’ébruita au dehors et bientôt tout le royaume de Plume d’Ebène fut mis au courant de l’événement mais comme toujours en ce monde, cela n’intéressa guère les foules, à peine dérangées de leur train-train quotidien et on oublia rapidement toute l’histoire.

Les mois puis les années passèrent et on pouvait voir la petite pousser à vue d’œil et affirmer son excentricité. Non contente de réveiller tout le château plusieurs fois par nuit, ses hauts cris perçant le silence absolu, elle faisait des bruits étranges quand elle était éveillée et ses lèvres prenaient des formes aussi déconcertantes au moment où on s’y attendait le moins. Les plus anciens appelaient cela sourire et disaient de ne pas s’inquiéter de ce phénomène qui apparaissait en de rares occasions chez les bambins mais disparaissait en grandissant.
Et pour grandir, ça oui, elle grandissait ! Comme une mauvaise herbe, elle croissait en taille et en vigueur et rapidement en fit voir de toutes les couleurs (le comble pour un monde noir et blanc !) à ses nourrices qui désespéraient de lui faire un jour entendre raison. Mirandèle Anthracite, de son nom n’en faisait qu’à sa tête et ne comprenait pas en quoi son comportement choquait tant de gens !

Un jour, âgée de huit ans, la princesse fit de nouveau parler d’elle. Elle échappa une nouvelle fois à la surveillance des domestiques qui se chargeaient de son éducation, déjoua le regard des gardes ventrus qui étaient censés contrôler les allées et venues des badauds entrant, et sortit du château pour aller explorer la ville.
- Tout est si ennuyeux au château, se disait elle. Je suis certaine qu‘à l‘extérieur, tout est plus drôle et amusant !
Et un après midi, elle fut hors des murs du palais et suivi par Gam, son chien aux grandes oreilles pendantes qui la dépassait bien d’une tête mais était aussi lent qu’un escargot, elle partit en exploration, dans sa petite robe grise, tout heureuse mais inconsciente des conséquences de sa sortie.

Je ne peux affirmer que sa disparition ait réveillé les Lomms du château mais elle provoqua le plus grand remue-ménage que ces vieilles pierres n’aient jamais vu. Et les fondations du bâtiment remontaient à des siècles et des siècles avant la venue au monde de l’héroïne de cette histoire ! Mais, Mirandèle elle, découvrait le monde, trottinant sur ses petites jambes, le gros Gam toujours sur ses talons.
Elle remonta le lac en direction de la ville et de nouveauté en nouveauté vit que le monde n’était peut être pas aussi fabuleux qu’elle l’avait imaginé. Le blanc de la nappe d’eau, rehaussé de quelques filaments gris était aussi calme que pouvait l’être une serviette posée sur un guéridon et les quelques volatiles flottant à sa surface étaient aussi figés et dignes que les gargouilles du château. Le vent soufflait, perturbant à peine ce tableau éternel et Mirandèle, bientôt lassée de ce spectacle s’en fut, impatiente de trouver quelque chose d’intéressant.
Mais que pouvait il y avoir d’intéressant dans un monde comme Lominia ? Les arbres étaient arbresques, le silence trop pesant, les chemins trop parfaits, jusqu’aux nuages qui semblaient trop nuageux ! Et les Lomms de l’extérieur se révélèrent être comme ceux du château.

La petite fugueuse arriva à Blanc Lac, les yeux emplis d’une innocente espérance. Sa curiosité en éveil, elle regardait partout, guère déçue par ses premières impressions et encore confiante en ce que la journée lui apporterait. Malheureusement, en cette heure de l’après midi, la ville ressemblait plus à un désert qu’à la capitale d’un royaume. Tous les Lomms étaient au bureau, et y resteraient jusqu’à dix sept heures précise. L’horaire et le travail étant sacrés, routine suprême que nul habitant de ce monde ne saurait ignorer, les rues de la grande cité étaient donc vides de monde et Mirandèle se trouva bien désappointée.

Le silence… juste le vent sifflait, mais même lui n’osait murmurer trop fort. Le temps semblait immobile, incapable de surmonter la monotonie des secondes. La ville, laide et cloisonnée s’étendait jusqu’à perte de vue et ne paraissait offrir aucune échappatoire. Du blanc, du noir, et encore du blanc… du gris… Et rien d’autre avant l’horizon. Triste univers.
Les pas légers et rapides de la princesse résonnaient sur les pavés, repris en écho par le gros Gam derrière elle qui, la langue pendante et le pas lourd répugnait pourtant à laisser s’éloigner sa petite maitresse.
Nulle boutique, nul jardin ne rompaient l’uniformité des immeubles, qui côtes à côtes formaient une muraille inexpugnable. Blanc Lac était une cité dortoir composée uniquement de gros blocs de bétons, sans beauté, ni saveurs, où apparaissaient simplement de petites lucarnes noires, fenêtres ouvertes sur un monde intérieur aussi froid et glacé.

Pendant des heures, la petite marcha. Elle ne se rendait pas compte du chemin qu’elle faisait, dévorant les kilomètres dans ces rues privées d’âmes. L’après midi passa pour enfin voir arriver le moment où la vie était censée reprendre ses droits dans la capitale de Plume d’Ebène.
Ce fut d’abord comme une ombre. Une sensation étouffante qui fit jusqu’à tressaillir le corps de l’enfant. L’air s’alourdit davantage et le voile silencieux se rompit. Bam, bam, bam… un martèlement sourd et uniforme résonna. Un bruit de pas. Ou plutôt un unique bruit composé de milliers de pas… Dix sept heures piles, le monde des Lomms prenait vie.
Mirandèle rejoignit la grande avenue et vit enfin quelque chose qui sortait de son univers. Des gens. Tant de gens faisant les mêmes gestes, sans un mot, dans une perfection de l’habitude qui semblait presque irréelle. Des plus grands bâtiments clos sortirent une foule telle que la petite croyait rêver. Des centaines de pantins articulés qui marchaient dans une effrayante harmonie. Droite, gauche, droite, gauche… défilé militaire forgé dans la routine pour former une danse macabre et sidérante. Une à une, ces poupées aux fils invisibles retrouvèrent leurs véhicules. D’autres s’entassèrent dans des autobus, apparus comme par miracle au moment où le premier employé arriva à l’arrêt et en quelques minutes, la ville fut aussi déserte qu’avant ce spectacle. Mirandèle entendit un corbeau croasser et le silence retomba. Comme si rien ne s’était passé.

La petite resta sous le choc. Elle s’assit sur le trottoir, les genoux entre les bras, Gam à ses côtés, aussi imperturbable qu’à son habitude et bientôt sans s’en rendre compte, sans même savoir pourquoi, elle pleura. Ses larmes coulèrent doucement. Son monde paraissait irréel. Ce n’était pas les gens du château qui étaient bizarres, c’était tout Lominia ! Où étaient les enfants ? Où étaient les rires qu’elle voulait entendre ? Les cris, le bruit, la vie ! C’était peut être elle qui avait un problème ? Combien de fois ses nourrices lui avaient dit : « Mademoiselle Mirandèle, pourquoi gesticulez vous autant ? Ce n’est pas normal. ». Et bien pire se disait dans son dos…
A quoi bon être né Lomms si c’était pour finir poupée de cire, sans joies, âme ou conscience ?
A cet instant, les gouttelettes de nacre qui tombaient de ses yeux se tintèrent d’un éclat argenté. Ah, l’argent, une couleur surpassant le blanc… Une couleur ? Oui, car croyez le ou non, dans cet univers en noir et blanc naquit la première couleur. Et ce ne fut pas la seule chose extraordinaire qui arriva, car ce n’était que le début.
Un souffle léger et chaud se fit soudain sentir puis un murmure qui prit de l’ampleur jusqu’à évoquer la trombe d’une chute d’eau en furie. La larme de l’enfant s’éleva lentement dans les airs, à quelques pas de son visage. La petite princesse ne remarquait rien, la tête entre les genoux dans un désespoir apparent, mais un étrange événement se produisait devant elle. Etait ce son souhait qui prenait forme, ou une hallucination ? Etait ce le dieu de ce monde qui ordonna un miracle ou un mauvais tour d’un farfadet ? Peu importe, car quand Mirandèle releva la tête, elle vit la chose la plus belle qu’il lui eut été donné de voir. Car devant elle se trouvait la couleur.
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MessageSujet: Re: Mirandèle Anthracite.   Mirandèle Anthracite. Icon_minitimeMar 9 Nov 2010 - 18:42

Quelle humilité! Smile

Sinon j'ai lu ton texte. Ça ressemble bien à un conte.
Pour le moment j'ai du mal à accrocher, mais ce n'est que le premier chapitre...

Par contre, ton intro, elle, m'a accroché, j'ai envie de voir si les attentes que tu penses généré chez le lecteurs sont bien là!
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MessageSujet: Re: Mirandèle Anthracite.   Mirandèle Anthracite. Icon_minitimeJeu 11 Nov 2010 - 19:03

Humilité ? Je ne pense pas avoir été arrogant, mais si j'ai pu le paraître, je te prie de m'en excuser. C'est qu'un conte pour enfants, on est d'accord... pas avec ça que je concourrai pour le Goncourt !

Je ne sais justement pas si le monde que j'ai crée est accrocheur, c'est pour ça que je le poste ici. J'ai fait ce texte en tout début d'année. Janvier-février. Ça commence à remonter ! Depuis j'ai des centaines de pages d'entrainement en plus, mais comme tu le sais, c'est difficile de se commenter soi même. J'ai un très bon souvenir de ce texte, je m'étais beaucoup amusé en l'écrivant mais que c'est difficile à la relecture d'être objectif ! Je veux savoir si la Magie est présente, si la petite fille est touchante, si le rêve que je voulais décrire se ressent.

Voilà le chapitre deux. L'histoire commence vraiment.


Chapitre 2 : Rêve coloré.

Mirandèle ne pouvait détacher les yeux de cet étrange spectacle. Un cercle de couleurs, une porte ouvrant sur un autre monde était apparue devant elle. D’abord simple point argenté, celui-ci grandit pour devenir fenêtre multicolore donnant sur un rêve. L’enfant ne parvenait à faire un geste, ne comprenant pas ce qu’était ce phénomène et surtout ce qu’étaient ces étranges… couleurs ? Non, elle ne connaissait pas ce mot. C’était différent du noir, différent du blanc ou du gris, c’était bien plus. Imaginez avoir vécu dans le noir toute votre vie et d’un coup, voir du rouge, du bleu, du jaune, du vert ! Quel spectacle saisissant cela serait ! C’était ce qui arrivait à Mirandèle, un nouvel univers prenait vie à quelques pas de son visage.
Dans ce monde monochrome, un arc-en-ciel brillait pour la première fois pour les yeux d’une enfant. C’était comme une déferlante d’images et de sensations, un ouragan de beauté. Une Symphonie sans musique.

La fillette se leva et s’avança. Lominia, autour d’elle, n’existait plus. Elle n’avait d’yeux que pour l’anneau de lumière, si proche. Blanc Lac était une nouvelle fois déserte, personne d’autre ne pouvait assister à cet étrange tableau. Il n’y avait que Mirandèle, et Gam, qui lui, baillait à s’en décrocher la mâchoire. Mais l’enfant vivait elle, le moment le plus merveilleux de sa petite vie, ses rêves les plus fous prenaient corps. Elle leva la main, pour toucher la fenêtre arc-en-ciel et d’un coup… fut aspirée à l’intérieur.

Le voyage se passa en un éclair, si vite que l’enfant manqua de trébucher quand elle arriva de l’autre côté. Le monde gris et froid des Lomms n’était plus. Mirandèle était arrivée dans un songe. La petite princesse resta figée, incapable de détourner le regard de ce feu d’artifice permanent qui explosait devant ses yeux. C’était comme si la fillette avait pénétré dans l’imagination d’un peintre farfelu qui ne rêverait que de chaos coloré. C’était un monde en création, comme si un quelconque dieu jouait avec la palette mise à sa disposition, essayant couleur sur couleur, dessinant des fleuves mauves dans les nuages, élevant des montagnes pourpres pour les abaisser aussitôt, posant des forêts émeraudes jusqu’à l’horizon pour ensuite les tourner fuchsia, rouge ou turquoise. C’était un univers en éternel mutation, un rêve éveillé, quelque chose d’impossible qui devenait réalité. Et Mirandèle rit. Elle rit comme elle était la seule Lomms à pouvoir le faire et l’éclat argenté de sa voix se mêla à ce monde pour à son tour le modifier. Des terrasses s’élevèrent, des fleurs naquirent à partir de rien et un chemin pavé d’or se déroula à ses pieds.

Derrière l’enfant, une porte menant à Lominia subsistait, pâle reflet d’un monde auquel Mirandèle n’appartenait plus et dont, elle se détourna sans même y porter un dernier regard.
Petite ombre noire et blanche, la petite princesse d’un royaume oublié sautillait en suivant le chemin que son cœur avait fait naître. Plus elle avançait, plus elle riait et plus son environnement changeait. Des étoiles se dessinaient dans le ciel, des océans se formaient où des îlots émergeaient, des jardins naissaient, des arbres majestueux grandissaient. Dans un déluge de couleurs, l’univers changeait, se transformant encore l’instant d’après.
Des geysers jaillirent du sol, se muant en cascades puis en grands fleuves s’étirant jusqu’au-delà de la vue pour finir par monter vers le firmament sous forme d’un brouillard arc-en-ciel. Soleil et Lune jouaient à cache-cache derrière les nuages, des palais naquirent par le sourire de l’enfant et des chœurs s’y élevèrent rythmant ses petits pas.

Sans savoir où elle allait, sans se soucier de la Porte qui disparaissait au loin, la fillette suivait la sente d’or, de découvertes en nouveautés et de candeur en émerveillement. Lominia n’était plus qu’un souvenir ; ici, il n’y avait pas de nourrices rabat-joies, pas de murs, pas de règles, pas d’ombre ni de noirceur, rien n’était immobile, tout était libre, vivant, amusant ! C’était un paradis imaginaire où tout n’était qu’enchantement.

La petite marchait dans ses rêves, se jouant du labyrinthe que son humeur créait ; quand tout à coup, au milieu du sentier d’or apparut une étrange créature. Un chat ! Un chat de gouttière à la fourrure changeant de couleur au gré des secondes était assis au beau milieu du chemin, dans une impassibilité qui détonnait dans ce mouvement général et paraissait attendre quelque chose ou quelqu’un.
Mirandèle ne le vit pas avant d’être presque sur lui et quel ne fut pas son étonnement quand elle l’aperçut et plus encore quand le petit félin lui parla.

- Alors te voilà enfin, miaaa, je commençais à m’impatienter.
La princesse égarée sursauta. Devant la créature de marbre, elle s’était fait plus petite qu’elle ne l’était et l’avait dépassé, et la voix résonnait de derrière elle quand elle l’entendit. Mirandèle s’arrêta et ne sut que répondre !
Le fauve s’étira, se retourna puis marcha d’un pas assuré vers l’enfant.
- Miaaa, reprit il en souriant si cela eut été possible. Mais ça ira, nous ne serons pas en retard. Suis-moi maintenant où ils commenceront sans nous.
Le danger était inexistant sur Lominia et la mère de Mirandèle ne l’avait jamais mis en garde contre le danger de suivre un inconnu, fut ce un étrange matou multicolore, et la petite, poussée par sa curiosité obéit et trottina derrière son guide.

Le chat ne se montrait pas bien bavard. Il ne faisait que suivre la voie pavée à petits pas rapides, avec juste de fréquents coups d’œil en arrière pour voir si sa compagne le suivait bien, mais de temps en temps il prenait quand même la parole, bien que ses phrases fussent aussi courtes que ne l’étaient ses pattes.
- Miaaa, nous serons bientôt arrivés. Nos amis nous attendent derrière ces montagnes.
Avant même que Mirandèle n’ait pu se demander de quelles montagnes il parlait, celles-ci se dessinèrent à l’horizon, muraille rouge sur fond ocre. L’étrange guide se jouait des changements et les anticipait, une rivière naissait sous ses pieds, un pont apparaissait aussitôt, une colline sur le chemin ? Le temps que les deux compagnons y arrivent, elle avait disparu. Une pluie feutrée commençait à tomber, des arbres grandissaient aussitôt pour protéger les voyageurs. Et la sente d’or restait continuellement droite, perçant ce monde mouvant et infini d’un trait immobile, montant inlassablement jusqu’aux montagnes loin devant.

Les heures passaient et monts et merveilles se succédaient. Les nuages dansaient, des papillons naquirent des vents, d’étranges oiseaux gazouillaient dans les arbres bordant le chemin, chant et musiques s’élevaient de nulle part et le flot imperturbable de cette vie capricieuse continuait.
L’enfant marchait, courageusement elle suivait la petite créature mais bientôt, les kilomètres s’avalant, ses jambes ne purent la porter. Les montagnes s’approchaient, englobant maintenant tout le champ de vision des voyageurs, mais c’était trop pour son corps de fillette et rapidement, le chat s’arrêta à son tour.
- Miaaaa, si ça continue, on va vraiment arriver en retard, dit il en regardant derrière lui, vers les contreforts rocheux. Bon, pas le choix, il va nous falloir prendre un autre chemin.
Mirandèle regarda son guide, en massant ses petits pieds et des larmes commencèrent à perler au coin de ses yeux. Elle essayait de les retenir mais déjà, des nuages noirs se regroupèrent au dessus d’elle, grondant, assombrissant ce monde coloré. Les vents soufflèrent, une pluie cinglante commença à tomber mais…
- Oula, oula, calme toi, petite fille, s’écria le chat. Tout va bien se passer. Tes jambes te font mal, soit, alors envolons nous !
Et sur cette simple phrase, quelque chose qui défiait les lois physiques de Lominia se produisit. Mais nous n’étions pas dans le monde des Lomms et ainsi le Rêve put naître. Des ailes multicolores poussèrent dans le dos du petit félin, qui se mit lentement à flotter. Mirandèle sourit, ses larmes séchèrent aussitôt et l’amusement fit disparaître la fatigue. Le ciel se découvrit, l’averse cessa pour faire réapparaitre le soleil joueur et ses compagnons de cotons.
- Tout est possible, parla le félin ailé en exécutant un petit looping. Il te suffit d’imaginer. Si tu crois suffisamment fort pouvoir voler, alors tu deviendras un oiseau !

La petite princesse se releva, ferma les yeux et dans une grimace, se concentra. Des secondes, puis des minutes passèrent et enfin elle rouvrit les yeux. Les yeux du chat sourirent ; de magnifiques ailes argentées étaient apparues, mues par la foi de l’enfant. Rapidement, elle les remarqua et de son émerveillement fleurit un nouveau printemps. Les arbres se tintèrent de couleurs, de vertes plaines bordées de ruisseaux se révélèrent. L’artiste avait fini de peindre, et Mirandèle avait devant ses yeux un paysage de combes et de vallées, de prairies et de rivières, de champs et de petites chaumières. Un bon soleil jaune brillait dans le ciel azur, une légère brise soufflait apportant une douce fraîcheur, de petits animaux naquirent et se mirent à gambader, des fleurs aux couleurs éclatantes jaillirent du sol et un agréable parfum, comme elle n’en avait jamais connu monta aux narines de l’enfant.
Et Mirandèle, précédée par son étrange guide s’envola. Ses ailes battirent avec grâce et au bout d’un court moment, elle fut capable de jouer avec les vents. Le monde coloré en dessous d’elle vibrait de vie et s’étendait jusqu’à perte de vue. Elle volait, et les plaines, les arbres, et les petites maisons de bois, et même les collines devenaient de plus en plus minuscules, jusqu’à se perdre dans une brume argentée. L’enfant était devenu un oiseau et comprit ce que le mot liberté voulait dire. Tout était plus facile dans le ciel, il suffisait de se laisser porter par les courants ! C’était un monde infini et joyeux, entravé d’aucunes sortes de barrières. Il n’y avait que le soleil souriant et les nuages de flocons et même eux devinrent les amis du petit ange. Ses premières appréhensions passées, elle s’amusait comme si elle était née pour cela. Mirandèle fendait les cieux comme un aigle, elle jouait avec les souffles de Zéphyr jusqu’à aller taquiner les astres.

Mais l’heure n’était pas au jeu, et le chat-guide rappela sa camarade à la réalité.
- Miaaa, il est temps d’y aller, fit il en regardant les montagnes qui, maintenant proches semblaient encore avoir grandi en taille et dont les parois à pic projetaient leur ombre funeste loin sur cette étrange terre d’un autre univers.
Le matou ailé ne semblait pas à son aise dans les hautes sphères et on comprenait maintenant pourquoi il avait fait marcher Mirandèle au lieu de lui avoir conseillé d’imaginer dès le début ! Et l’enfant, qui voyait bien son vol maladroit le comprit également et se dirigea vers ces fameuses cimes.
Les vents devenaient capricieux et plus on se rapprochait des géants de roches et plus leur masse écrasait. Sorties de nulle part, ces montagnes semblaient pourtant là depuis des millénaires et les deux petites créatures qui s’en approchaient en virevoltant paraissaient bien insignifiantes en comparaison.
Aussi haut qu’elle pouvait voler, les sommets couverts d’une neige bleutée étaient cependant encore au-delà de la vue de l’enfant, qui ne pouvait que se demander comment ils allaient bien pouvoir faire pour franchir ce rempart éternel.
Mais guidée par le chat, elle put rapidement répondre d’elle-même à ses questions, car entre deux parois de granit se trouvait un petit passage, un col qui luisait faiblement d’une couleur doré. Le chemin que Mirandèle avait fait naître et qui partait du pied de la Porte se défilait jusqu’ici, passait la chaîne de montagnes et continuait sa route encore loin après celle-ci.

Le col était vaste, s’étendant tant en largeur qu’en hauteur mais niché dans un renfoncement rocheux, on ne pouvait le remarquer avant d’être sur lui et la petite princesse aux ailes argentées put enfin voir ce qu’il y avait au-delà de la muraille de pierres qui bouchait jusque là son horizon.
C’était un paysage complètement différent de l’autre côté. Ici aussi, le peintre semblait avoir fini son travail mais son trait avait changé. Ce n’était plus des vertes vallées, de belles petites maisons, de grandes plaines et des animaux gambadant mais de sombres forêts, de la brume, un ciel bas, envahi de fumées aussi rouge que la braise, strié d’éclairs jaunes cuivré et où résonnait un grondement effrayant qui emplissait l’air et faisait trembler jusqu’à la terre.
Mirandèle restait figée. Qu’était il arrivé au monde joyeux qu’elle avait connu jusqu’alors ? Pourquoi son guide l’emmenait elle là bas ? Elle s’arrêta net, incapable d’aller plus loin. Elle ne voulait pas quitter le rêve. Elle avait peur. Et le cauchemar, comme affamé par sa panique croissante s’avança vers elle.
Les nuages se rapprochaient, le vent soufflait en tempête et les deux voyageurs ailés ne purent bientôt plus résister à sa furie. Le chat criait mais sa voix ne paraissait qu’un murmure, happée par la tourmente. L’enfant luttait contre les bourrasques, mais elle perdait du terrain et plus sa volonté fléchissait, plus le fantasme grandissait. La foudre frappait les parois de la montagne, provoquant des éboulements, faisant tomber des rochers, toujours plus gros, toujours plus proche des deux prisonniers du chaos. En un instant, le rêve avait tourné à la pure angoisse.

Mirandèle s’affaissa sur le sol et ses larmes se mêlèrent à la pluie cinglante qui envahissait le col. Le tonnerre était assourdissant et même le chat laissa tomber les armes, s’arrêtant de crier. L’enfant avait échoué.
Mais, l’histoire ne finit heureusement pas ainsi, car une voix apparut dans l’esprit de la petite princesse et lui parla. C’était une voix douce et sage, calme et posée, et dans les ténèbres, elle apporta le réconfort et l’espoir, et ses mots furent ceux-ci :
- Princesse de l’autre terre, apaise ton cœur et sèche tes larmes. Affronte la grisaille qui embrume ton esprit et relève la tête. Tu as le pouvoir de refaire briller l’astre roi. Sourit… et tout se passera bien.
Un rayon de lumière perça tout à coup la croûte de nuages, et un cri strident surpassa le grondement des cieux. Mirandèle leva les yeux et vit au loin, une forme affronter durement les Vents. C’était un oiseau, un gigantesque rapace qui virevoltait, combattant l’effroi, et elle sourit.
Et ce sourire repoussa la tempête, l’enfant se releva et les souffles glacés cessèrent, puis ce fut au tour des éclairs de s’arrêter et enfin les nuages, à leur tour migrèrent. Le soleil réapparu et des roches autrefois nues, naquirent une myriade de petites fleurs multicolores. Un jardin poussa là où il n’y avait rien.

Mirandèle avait vaincu sa peur et l’orage avait été repoussé. L’astre de feu brûlait maintenant d’une bonne chaleur, les flaques d’eau s’évaporèrent, une herbe verte poussa entourant les fleurs nouvellement nées et des petits papillons s’y agitèrent gaiement.
La chat guide ressortit du petit renfoncement de pierres qu’il s’était trouvé, petit abri de fortune qui ne l’avait protégé en rien. Il était trempé jusqu’aux os mais indemne et ses yeux intelligents regardèrent sa compagne avec un respect non feint. Elle avait réussi là où d’autres auraient échoué, et son désespoir initial se mua en satisfaction puis en une lueur de courage. Peut être qu’elle pourrait y arriver ?
L’enfant regardait encore vers la voûte d’azur et continuait à sourire. L’oiseau qu’elle avait vu dans la tourmente se rapprochait, il descendait des hautes sphères pour enfin pénétrer dans le passage de pierre devenu jardin et se posa à quelques mètres d’elle.
C’était un aigle. Impressionnant, son plumage marron clair devenait ocre au niveau du cou, ses serres jaunes étaient effilées comme des diamants, tout comme son bec crochu. Très grand, il faisait bien dix fois la taille de la petite Mirandèle et son envergure pouvait cacher le soleil, mais la princesse égarée ne le craignait pas. C’était sa voix qu’elle avait entendu alors que tout semblait perdu et c’est cette voix qui résonnait à nouveau dans ses oreilles après quelques secondes de calme observation.
- Félicitations, petite fille, je n’en attendais pas moins de toi. Il suffisait d’un sourire pour vaincre ta peur. Mais tu n’es pas encore prête à affronter la suite. Monte sur mon dos, je t’emmènes au Havre. Tu y apprendras ce que tu dois savoir.

Mirandèle, sans crainte aucune s’exécuta et bientôt, elle volait dans les nuages, plus haut qu’elle n’aurait pu imaginer aller avec ses petites ailes, plus heureuse que jamais, chevauchant une créature de conte et de légendes pour rejoindre un autre paradis.
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MessageSujet: Re: Mirandèle Anthracite.   Mirandèle Anthracite. Icon_minitimeSam 13 Nov 2010 - 16:04

C'est un peu fou, un peu décousu par moments... On dirait un conte improvisé pour endormir des enfants, j'aime bien. Est-ce que c'est la fin?
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MessageSujet: Re: Mirandèle Anthracite.   Mirandèle Anthracite. Icon_minitimeSam 13 Nov 2010 - 16:37

A la base, ça n'aurait pas dû excéder trois, quatre chapitres. L'introduction, l'arrivée dans le monde, l'aventure, le retour. Ce n'était qu'un petit jeu, une histoire qui n'avait été créée que pour une amie illustratrice. C'est son univers, coloré, fou, chaotique, dans ce chapitre je n'ai fait que l'utiliser. Ensuite, ça m'amusais tellement d'écrire ce récit que je n'ai pas pu m'empêcher de broder. Les chapitres suivants seront donc des ajouts à ces deux premiers.
Ça a été improvisé en une nuit, voilà ! Sans trame, sans synopsis, sans savoir où j'allais. Ça se ressent, mais cet effet ne me dérange pas. Il y a beaucoup de descriptions, mais ce style oral permet de ne pas endormir le lecteur. Comme un conte narré au coin du feu.

Il y 15 chapitres en tout ce n'est donc que le début, même si l'histoire n'est pas bien longue.
Merci pour vos avis en tout cas. C'est l'histoire que j'ai fait qui me tient le plus à cœur, mais en même temps la seule dont je ne sais vraiment pas quoi penser.
Bon, la suite !


Chapitre 3 : Le Cœur des Mondes.

L’aigle volait au-delà des nuages, portant la petite Mirandèle et son étrange guide félin. L’enfant riait, savourant chaque instant. L’ombre au loin n’était plus qu’un mauvais souvenir, seul comptait maintenant à sa vue le ciel infini. Elle voulait voyager ainsi jusqu’aux confins du monde, rejoindre les étoiles et bavarder avec la lune. Tout était possible n’est-ce pas ? Mais à ses côtés, le chat en ce moment avait bien d’autres pensées en tête ! Griffes sorties, il s’accrochait éperdument à l’oiseau et refusait de regardait en bas. Virevolter si haut, sans même apercevoir la terre ou les collines, c’était trop pour lui !
L’oiseau géant ne semblait même pas tenir compte de la présence des deux passagers. Leur poids était l’équivalent d’une plume et les égratignes du plus petit le chatouillait à peine. Il planait, porté simplement par les courants, naviguant de l’un à l’autre, allant toujours plus haut par pur plaisir. Roi des cieux, ami des vents, seigneur en son domaine.

Le plumage du rapace formait comme un coussin moelleux et malgré sa joie et son excitation présente, Mirandèle ne tarda pas à sentir ses yeux se fermer. Le temps ici ne paraissait qu’illusion mais l’enfant était épuisé. Son escapade à Blanc Lac, sa venue dans cet étrange monde, cette longue marche sur le sentier d’or, le jeu dans les alizées, la tempête du col… c’était beaucoup d’émotions pour une si petite fille et bientôt elle s’endormit dans les bras de Zéphyr. L’aigle le sentit et calma son vol. Cette douce respiration sur sa nuque le fit sourire et en amorçant sa descente parla au chat, qui lui aussi avait les yeux clos mais pour une autre raison !
- C’est elle alors ? Elle est si jeune… Crois tu qu’elle sera vraiment capable de réaliser ce pourquoi elle est là ?
Le guide de Mirandèle ouvrit un œil et ses griffes se desserrèrent légèrement.
- Nous verrons…dit il. Elle doit encore rencontrer nos amis. Eux décideront. Tout ce que nous pouvons faire c’est l’emmener jusqu’à eux. Tu as vu comme moi, elle a pu repousser la tempête, alors qui sait ?
- Elle n’est pas encore prête, Ashram. Et j’ai peur. Il se rapproche et bientôt, même le Havre ne pourra lui résister.
Et l’aigle plongea. En dessous de lui, les montagnes réapparurent, puis les collines, les vertes vallées, et l’Ombre de l’autre côté.

La petite princesse se réveilla. Elle ouvrit les yeux et encore éblouie par l’astre d’or, qui brillait de mille feux dans le crépuscule, ultime retour de lumière avant la nuit, émit un hoquet de surprise en voyant où l’aigle l’avait emmené. C’était un jardin aux proportions dignes d’une capitale, entouré de parois à pics s’élevant majestueusement vers le firmament. Un lac était en son centre, nourri par maints petits ruisseaux qui descendaient en cascades des sommets. Un doux parfum de printemps régnait en ces lieux enchanteurs et le silence n’était brisé que par le souffle du vent, ponctué de quelques notes de musique qui s’égayaient ici et là. Un lit de feuillages et d’herbes fraîches avait servit de couche à l’enfant mais il n’y avait aucune présence alentour. Où était elle ?
Parures de la clairière, des arbres en fleurs faisaient tomber leurs pétales qui virevoltaient en dansant avant de se poser sur le sol pour former un tapis rose, jaune ou mauve. Une brise soufflait, légère mais fraîche et Mirandèle, malgré son émerveillement grandissant, se surpris à frissonner. Au loin d’étranges tours effilées se dressaient et à leur sommet, on aurait cru discerner des formes ailées.
L’invitée en ce domaine ne savait pas quoi faire. Sa fatigue l’avait quitté, bien qu’elle réfréna un dernier bâillement et elle n’avait qu’une envie, c’était d’aller explorer ce jardin merveilleux. Mais le pouvait elle ?

Tout à ses réflexions, le temps s’écoula sans qu’elle en prenne conscience et bientôt arriva, trottinant sur ses petites pattes, le chat qui s’appelait, comme vous l’avez donc compris Ashram.
- Miaaa, enfin réveillée ? Bien dormi, j’espère ? Nous avons encore du chemin à faire, et là nous sommes vraiment en retard !
Mirandèle sourit en voyant son étrange compagnon. Son pelage avait pris les teintes environnantes, et orange, or et pourpre se succédaient à la vue sans effort apparent de sa part. Ses petites ailes lui donnaient une apparence comique et son air de matou flegmatique contrastait avec ses paroles pressées ! Mais la fillette était heureuse de voir son guide et déployant ses ailes d’argent, elle s’éleva de quelques mètres pour suivre son ami à fourrure qui trottinait déjà en direction du lac et des tours au-delà.

L’enfant volait, à quelques pas de son ami qui disparaissait presque entre les hautes herbes et plus ils avançaient dans ce décor idyllique et plus Mirandèle était enchantée. C’était un paradis, niché au cœur même des montagnes, un Eden aux mille couleurs rempli de vie. Des petits animaux couraient entre les arbres, lapins, mouffettes et écureuils au pelage flamboyant, des papillons dansaient autour d’elle et on entendait maintenant le chant de mille oiseaux innocents.
Le soleil plongeait derrière les cimes de l’ouest et nimbait le paysage d’une brume orangée. Les ruisseaux et le lac scintillaient et reflétaient cette douceur pour auréoler ce jardin d’une autre touche de magie.
Le chat, malgré sa hâte ne marchait pas à l’allure soutenue dont il avait habitué la voyageuse, comme si lui aussi voulait profiter de ce tableau inaccessible avant de repartir vers les ombres. Car bien sûr, ni l’enfant ni son compagnon n’avaient oublié ce à quoi ils avaient échappé et où leurs pas devaient les conduire. Mais ici, dans ce havre rêvé, rien ne parvenait à entacher le moment présent. Ni épreuves passées ou à venir ne tourmentaient les cœurs, et dans cette beauté plus rien n’avait de sens excepté le bonheur.

La nuit était tombée quand les deux voyageurs arrivèrent sur les berges du lac. La nappe d’eau brillait de mille feux, miroir de la lune naissante et des étoiles. De petites lucioles virevoltaient à sa surface, emplissant ciel et eaux d’autant de petites lumières. Des oiseaux marins, cygnes, canards et hérons se mouvaient avec grâce en son cœur et dans le silence du soir, on n’entendait que le battement de leurs ailes.
Tout à coup, à la lumière des astres, un bateau aussi blanc que l’écume apparu, navigant lentement vers la rive où étaient Mirandèle et Ashram pour s’y amarrer sous les yeux ébahis de l’enfant. Ce n’était qu’une grosse barque mais sa forme avait de quoi surprendre. Un cygne, voilà à quoi elle ressemblait. L’oiseau de bois miroitait d’une faible lueur argentée et paraissait être vivant. Ses yeux noirs ébène, son bec doré, la forme effilée de son cou, ses ailes à l’allure si réelles laissaient à penser qu’il pouvait s’envoler. Ses rames battaient toutes seules, sa nage emplie de majesté, glissant sur l’eau tel un spectre était un spectacle saisissant de beauté et quand il s’arrêta devant les deux voyageurs, même le chat n’osa s’avancer tout de go.
Une petite porte s’ouvrit dans le flanc de l’animal, révélant deux bancs étroits.
- Miaaa, je crois que c’est pour nous, finit par dire le matou non sans quelques appréhensions. A toi l’honneur.
Mirandèle se posa, replia ses ailes et s’exécuta avec timidité. Elle entra la première, suivit par son guide, qui marmonna pour lui-même.
- Après le ciel, me voilà à jouer les poissons… Miaaa.
Quand tout deux furent bien installés, la porte se referma et le vaisseau ornemental vogua sur les flots calmes du lac, tanguant à peine.

Le cygne d’argent filait vers l’autre berge, laissant un sillage d’écume derrière lui où brillait quelques paillettes dorées. Un cortège d’oiseaux d’eau douce l’encadrait et Mirandèle sourit en regardant par-dessus bord. Autour d’eux, les lucioles papillonnaient allant jusqu’à se poser dans les cheveux de l’enfant tandis que la lune riait et que les étoiles dansaient.
Sans aide, comme guidé par son propre instinct, le petit navire de bois fendit la quiétude de ce lac de cristal pour enfin arriver sur l’autre rive, et y déposa ses passagers.
Ashram s’empressa de mettre patte à terre mais sa protégée mit un peu plus de temps, les yeux encore brillants du trop court voyage. Avec un petit signe de la main, elle dit au revoir à l’embarcation sculptée et se détourna pour suivre le chat, qui ne l’avait pas attendu. Derrière elle, l’enfant crut apercevoir l’aile du palmipède de bois qui se levait. Le cygne lui avait également fait ses adieux.

L’autre côté du vallon était aussi merveilleux que son opposé. Plus peut être encore, car rehaussé par maintes constructions qui ornaient le paysage. Il y avait des tours, des donjons, des coupoles aux facettes innombrables, des obélisques, édifices majestueux en pierre blanche, en verre ou en cristal, captant la lumière de la lune pour la renvoyer plus pure que jamais. Et tout autour, tournoyant dans les airs, proches ou à la limite de la vue, des dizaines d’aigles. Ils étaient les Seigneurs de ce lieu, et le Havre était leur forteresse.
Du haut des cieux arriva soudain un de ces gigantesques oiseaux de proie et Mirandèle reconnut celui qui les avait conduit en ce domaine. D’autres rapaces de tailles diverses se joignirent à sa descente, pour former une petite garde et tous se posèrent enfin devant les voyageurs.

- Bienvenue en ce jardin, dernier rempart de l’Ombre. Vous y êtes tous deux les bienvenus et pouvez y reposer le temps nécessaire. Je me nomme Felthim et je suis le maître de ces montagnes, parla l’Aigle en inclinant la tête.
Ses frères l’imitèrent et Mirandèle leur rendit la pareille, maladroitement. Le chat s’avança ensuite, marchant avec confiance et orgueil pour se mettre à portée de patte de l’oiseau qui faisait bien une centaine de fois sa taille mais sans craintes aucunes.
- Miaaa, pourquoi nous as-tu déposé au Havre ? Nous sommes déjà en retard et si nous le sommes plus, notre Amie ne va pas être contente. Et tu sais comme moi ce qui se passe quand on la contrarie…
Felthim leva les yeux vers le firmament étoilé, puis répondit, songeur.
- Il fallait qu’elle voit. Il fallait qu’elle voit ce qu’elle est censée protéger. Et qu’elle se repose. D’autres épreuves l’attendent. Notre amie l’attendra.
Mirandèle semblait baigner dans l’incompréhension. Elle avait franchi un monde, traversé une porte de lumière qui l’avait conduit ici, dans cet univers en construction où tout n’étaient que formes et couleurs. Des montagnes étaient nées du sol, et de l’autre côté, les ténèbres s’étaient révélées. Elle avait compris qu’elle devait y pénétrer. C’était là bas que son guide matou l’emmenait pour une raison qu’elle ignorait. Mais dans son cœur, quelque chose l’appelait. Ce quelque chose était au-delà de la muraille de pierre et les mots de l’Aigle commençaient à prendre sens dans son esprit.
Était elle ici pour une raison précise ? L’attendait on ? Sûrement et on comptait sur elle, petite princesse d’une terre sans passions pour accomplir quelque chose.

L’enfant refréna ses émotions, le ciel se teintant d’une encre noire et le tonnerre grondant. Elle savait ce qui se passerait si elle laissait libre cours à ses pleurs et arrêta son flux de pensée. Le chat émit un grognement de satisfaction tandis que les oiseaux à leur tour se calmèrent. L’orage était passé, cette fois, il n’y aurait pas de lutte.
Felthim hocha la tête d’un air approbateur puis alors que les vents s’en allaient, parla de sa douce mais grave voix :
- Il est temps pour toi d’avoir quelques réponses. Tu ne peux avancer dans l’inconnu et d’autres épreuves t’attendront sans doute avant d’avoir rencontré notre amie. Viens, suit moi.
Dans un battement d’ailes, l’aigle s’envola pour planer à une faible hauteur, la petite Mirandèle à quelques pas derrière lui et le chat trottinant.
Sous la pleine lune éclairant le vallon et les étoiles brillantes ornant le ciel, la compagnie se dirigea de concert vers un dôme au sommet d’un escarpement rocheux, collé contre la montagne. L’édifice rayonnait d’une lueur bleutée et la demi sphère qui était son toit paraissait constituée d’une myriade de petits joyaux qui étincelaient en captant l’éclat du firmament.
La petite princesse en ce royaume inconnu y arriva, précédée par le seigneur du Havre ainsi qu’Ashram qui avait dû déployer ses propres ailes pour gravir l’à-pic, socle de l’édifice. De près, le bâtiment avait des proportions impressionnantes. Aussi haut que large, blanc comme la neige la plus pure, il semblait avoir été construit à l’instant bien que quelque chose en lui laissait à croire qu’il trônait en ce jardin depuis l’aube des temps.
Quand l’aigle arriva au dessus de la coupole, cette dernière s’ouvrit à demi, laissant l’oiseau royal entrer sans mal et révélant une vaste salle aux carreaux bleu ciel, relevés d’un fin liseré doré qui s’entrelaçait. Le cortège ailé ne suivit pas leur seigneur et ses invités, qui se posèrent, le dôme se fermant de lui-même sans un bruit.

L’intérieur du monument brillait de sa propre lumière et malgré la taille de l’unique pièce, il n’y avait pas un recoin d’ombre. Le rayonnement qu’émettait les murs, les parois et la voûte, blanc mêlé d’or ou d’argent était éblouissant et Mirandèle resta aveugle quelques secondes avant que ses yeux ne s’habituent à un tel éclat. Mais quand elle les rouvrit enfin, elle en resta bouché bée car, suivant le regard de l’aigle, le cristal parsemé de diamants de la coupole au dessus d’elle se mua en un spectacle vivant.
Des images se formèrent là où il n’y avait rien. L’enfant vit un ciel infini, aussi brillant qu’une flamme puis une musique, et une explosion qui engloba tout cet univers. Le temps s’arrêta, figé pour enfin voir apparaître une myriade de petits points disséminés aux quatre vents, puis plus qu’un, grossissant en un instant pour envahir toute la voute.
C’était une grosse boule de lumière, flambant comme une chandelle avant de se rétracter, de s’assombrir pour devenir braise puis roche nue. Et pendant que le firmament s’éteignait à son tour, ne laissant que quelques réminiscences de son ancienne gloire, petites étoiles, souvenirs d’un univers de lumière, cette sphère maintenant dure et froide changea. Des montagnes s’élevèrent, des rivières puis des mers apparurent, des vents érodaient les collines pour les affaisser, des flammes naquirent des profondeurs de la pierre, les continents se modifièrent puis s’éloignèrent, le sol trembla, la foudre tombait sans arrêt, le dieu des tempêtes déchainait son courroux et dans un tintement de clochette, tout s’arrêta.
Mirandèle, toujours les yeux levés avait vu l’univers tel qu’il était, nimbe éclatante, infini jusqu’à la création d’un monde. En un instant avait défilé des éternités et pendant que le spectacle s’achevait, une voix aussi musicale que la symphonie qui avait accompagnée la scène s’éleva. Felthim.
- Nous voici au cœur même du Rêve. Ce bâtiment s’appelle le Temple des Etoiles et renferme la mémoire du Temps. Ce que tu as vu est un Début. Il y en a une infinité d’autres, comme il y a une multitude d’autres Terres. Tu viens de l’une d’elle. D’un de ces monde solitaire qui ne peut avoir de contact avec ses semblables. Ici excepté, car nous nous trouvons dans un Carrefour. Le Cœur des Mondes. Un pays qui existe sans pour autant être réel. Le catalyseur des si nombreuses Terres.

Ashram s’étira et continua dès que l’aigle eut fini :
- Miaaa… Elle ne va pas être contente qu’on lui ait gâché le plaisir de tout raconter mais tant pis maintenant… Petite, tu es ici pour empêcher l’ombre de s’avancer plus. Le Veilleur a perdu l’esprit et joue avec un pouvoir qui le dépasse. Ce même pouvoir que tu utilises à l’état inconscient et qui t’as mené ici. Le pouvoir d’imaginer. De créer, de détruire, d’élever ou d’abaisser. Tous ici ont ce talent mais celui qu’on appelle le Veilleur en est l’incarnation même. Il est le Gardien, le Guide, il veille sur les mondes, contrôle leur destin et peut donc influer sur leur avenir. Il est le Premier Né, mais depuis quelques temps, il agit comme il ne devrait pas. Il… je ne peux en dire plus, elle t’expliquera mieux que moi.
- Les fondations du Cœur des Mondes tremblent, reprit Felthim. Le Rêve peut être brisé et nul ne sait ce qui arrivera aux Terres si les ténèbres envahissent ce royaume. L’ombre et la lumière doivent toujours être équilibrées. Le roc doit exister avec la bise, le feu avec la glace, les nuages avec les collines. C’est un tout, il ne peut y avoir que le changement. Le fluide doit cohabiter avec le dur.
C’était des paroles étranges et Mirandèle ne les comprit pas tout à fait, mais son récent souvenir sur le col était encore en elle. Elle se rappela la tempête et la peur au-delà et par contraste, vit le Havre, magnifique et en paix et l’enfant se dit qu’elle ne voulait pas qu’il tombe. Elle ne savait pas ce qu’elle devait faire. Ce n’était qu’une petite fille après tout, mais si elle pouvait… empêcher l’ombre de s’avancer plus, comme avait dit le chat, elle affronterait son angoisse.

Felthim vit cette nouvelle résolution dans les yeux de la fillette et ses yeux sourirent. Le dôme se rouvrit, laissant apparaître le ciel étoilé, et dans un battement d’ailes, l’aigle parla :
- Il est temps. Nous allons te conduire à elle. Je ne peux m’éloigner de mon domaine, mais je vous déposerai, Ashram et toi le plus proche possible de la grande forêt.
Mirandèle et son guide grimpèrent sur le dos de leur ami, qui s’envola majestueusement. En un instant, le Havre disparut dans une brume écume, le lac miroita un instant avant d’être happé par le brouillard, comme les tours, les arbres, les rivières et la myriade de petites créatures innocentes, puis les montagnes s’effacèrent et il ne resta plus que la lune, les étoiles, et un léger souffle de vent.
Devant, un bleu plus foncé que la nuit s’avançait, lentement comme une ombre mouvante qui se déployait, toujours plus proche, toujours plus oppressante.
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MessageSujet: Re: Mirandèle Anthracite.   Mirandèle Anthracite. Icon_minitimeDim 14 Nov 2010 - 18:59

Excuse-moi, mais je n'ai pas le temps de lire le chapitre 3, je le lirai un autre jour. Sorry
Sinon, ton conte de fée me plaît bien, le chapitre 2 me fait penser à Alice aux pays des merveilles (mon conte préféré Very Happy ). J'ai détecté quelques trucs qui m'ont gêné.

"Mais ça ira, nous ne serons pas en retard. Suis-moi maintenant où ils commenceront sans nous." -> je trouve que c'est deux phrases sont contradictoires. Pourquoi ils commenceraient sans eux s'ils ne seront pas en retard?

"quelque chose qui défiait les lois physiques de Lominia se produisit. Mais nous n’étions pas dans le monde des Lomms et ainsi le Rêve put naître."-> selon moi, ça casse le côté conte de fées.
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MessageSujet: Re: Mirandèle Anthracite.   Mirandèle Anthracite. Icon_minitimeMer 17 Nov 2010 - 20:29

Pour Nocturne : ne t'inquiètes pas, ça ne presse pas, prends le temps de lire !
Merci pour ton avis. J'ai essayé de rendre le chat comique dans sa façon de parler mais parfois je me suis embrouillé moi même, merci j'arrangerai cette phrase.
Pour la deuxième, ça casse le conte donc... j'arrangerai ça, je trouverai une autre formulation pour commencer la description.

La suite, on commence l'aventure. C'est ce chapitre qui m'a motivé à continuer et qui m'a fourni les idées pour le reste de l'histoire. Le début n'était que tâtonnement. Mirandèle et Ashram pénètrent dans la Grande Forêt.


Chapitre 4 : La Grande Forêt.

La tempête se déchainait. Le tonnerre résonnait, si proche qu’il en était assourdissant. La terre tremblait, elle paraissait pouvoir s’ouvrir ou s’élever en rempart à n’importe quel moment. Et devant, elle trônait. Tache plus noire que la nuit, ombre funeste, muraille végétale. Cette barrière que Felthim avait appelé la Grande Forêt.
Elle s’étendait sous les nuages, infinie, épaisse et vivante. Enchevêtrement d’arbres, de lianes, de ronces et de racines qui semblait se mouvoir sans cesse. Des cris s’y élevaient parfois et Mirandèle se demandait quels genres de créatures pouvait subsister en ces lieux. L’Aigle avait quitté l’enfant et son guide peu avant l’orée des bois.
- Faites attention. Cette chose abrite un danger que vous ne pouvez encore imaginer, mais elle vous y attend. Continuez à suivre le sentier d’or et vous la trouverez, mais surtout ne le quittez pas ! Voilà mon dernier conseil, restez sur le chemin et il ne vous arrivera rien. Eloignez vous en et nul ne sait quel pouvoir pourrait vous y ramener. Le dessein n’est pas figé, mais c’est le Veilleur qui tient le pinceau. Bonne chance.
Même le Seigneur du Havre ne pouvait s’approcher plus et sur ces mots, il repartit, luttant contre les vents pour rejoindre son nid, ultime forteresse avant la Chute. Ashram et l’enfant étaient maintenant seuls.

Le chat se détourna de la contemplation de l’horizon où avait disparu son ami et prit les devants. Elle comptait sur lui pour lui amener la Voyageuse et il ne pouvait faillir en cette mission. Question d’honneur de matou.
- Allons y, Miaaaa, nous sommes déjà en retard.
Et Ashram, suivit la sente pavée d’or et pénétra sous le couvert des bois, Mirandèle sur ses talons.

L’air était lourd, empli de moiteur, étouffant, et il faisait noir. Seul le chemin sur lequel nos héros se pressaient, émettait une pâle lueur jaune, qui semblait aussitôt dévorée par les ombres. La voûte de branchages et de feuilles brunies formait un plafond que rien ne pouvait percer. Ni lumière, ni bruit, même le tonnerre n’était plus qu’un lointain murmure. Et le vent soufflait. Brise tiède venant d’au-delà de la vue et qui portait sur ses ailes d’étranges échos. Des grognements, des rires, des cris, des notes discordantes se faisant entendre par intermittence, plus ou moins faiblement.
Le sentier s’enfonçait à l’intérieur de la grande forêt, la traversant en une unique ligne droite, mince îlot de sécurité dans ce chaos environnant. Alors que tout autour, les arbres luttaient, dans un concerto de craquements, de bruissements et de rage condensée.

- C’est encore pire qu’à l’aller… Miaaa, miaula le guide de l’enfant après seulement une courte distance parcourue. Elle nous attend au bout de la route… encore un petit effort.
Mirandèle regarda droit devant elle, mais ne vit rien d’autre que le chemin qui se défilait, encore et encore avant d’être happé par la nuit, et l’inconnu au-delà.
Les deux compagnons marchaient. Aucuns des deux ne voulaient voler, inquiets de ce qui pourrait se passer si leurs pieds cessaient de toucher les pavés. Et ils avançaient, pas après pas, chacun plus difficile que le précédent. Les arbres grondaient à leur approche, élevant leurs branches, tortillant leurs racines pour pénétrer la barrière de lumière, pour toucher ces créatures qui s’y mouvaient. Et devant leur impuissance à faire céder la magie qui protégeait la sente, leur colère ne faisait qu’augmenter.
On la sentait dans l’air, comme une pression étouffante, comme un poids qui rendait chaque respiration lourde et fatigante. Une épée de Damoclès qui n’attendait qu’une infime brèche pour trancher. Et dans leur si précaire sureté, les deux voyageurs ne pouvaient qu’aller de l’avant.

Des minutes, puis des heures s’écoulèrent tandis que la forêt restait inchangée et que la tension ne se relâchait pas. L’angoisse dans le cœur de l’enfant était là, mais en regardant toujours droit devant elle, elle parvenait à contenir sa peur. Mirandèle savait maintenant ce qui arriverait si elle laissait sortir son Emotion. Surtout ici, mieux valait être Lomms et garder son sang froid.
La fillette se surprit soudain à se rappeler des images de son monde. Lominia, terre sans ardeurs où s’élevait le château de son père, majestueux et millénaire. Sa mère lui manquait, son père, Gam… elle en vint même à regretter ses vieilles nourrices qui l’ennuyaient tant. La petite princesse sentit ses larmes couler. Elle avait peur, elle voulait retourner chez elle. Elle serait sage et ne s’enfuirait plus…

Le vent força. La terre gronda, vibra comme si des milliers de petits pieds tapaient le sol en cadence, mais ce n’était pas sous le coup du trouble de l’enfant. Les deux compagnons s’immobilisèrent. Une lumière venait d’apparaître au cœur même des bois, à droite du chemin, petite lueur verte vacillante qui s’approchait. Les arbres se turent, jusqu’à l’orage au dessus qui cessa de tonner. Pendant quelques secondes, un silence pesa sur la forêt, qui en attente, avait cessé tous mouvements. Puis soudain, s’éleva dans la semi pénombre une note de musique, puis plusieurs et toute une disharmonie emplit bientôt le couvert des arbres et enfin une chanson :

« Les ogres se cachent, les trolls se terrent, l’ombre recule, le temps s’arrête
La bise nous accueille, la terre nous acclame, seul ses amis s’entêtent.
Qui sont là, qui vont là ? Oui, ce sont les kobolds farceurs !
Où vont-ils, que font-ils ? A faire même rire les sans cœurs.
Dansons, marchons, tout est plus drôle en chantant,
Courons, crions, plus fort, plus vite que les vents.
Oh oh, c’est nous les kobolds farceurs,
Oh oh, nous sommes des lutins sans peur !

Je suis là, ici où ça ?
Derrière toi, ici ou là bas !
L’angoisse n’est plus, le soleil brille,
Les oiseaux chantent, tes yeux scintillent.
Viens avec nous, chante avec nous,
Plus rien ne compte excepté nous !
Oh oh, nous sommes les kobolds farceurs,
Oh oh, nous sommes des lutins sans peur ! »

Ce n’était pas ce qu’on pouvait appeler de la poésie et ces créatures chantaient faux, mais dans les ténèbres de la grande forêt, cette note de gaieté apporta une lueur qui fit sourire la petite Mirandèle.
Ils approchaient, les arbres paraissaient leur céder le passage, créant d’eux-mêmes un sentier dans le chaos. Ils allaient apparaître sur le chemin doré d’un moment à l’autre. L’enfant, désireuse de voir à quoi ressemblaient ces mystérieux interprètes sursauta quand à ses côtés Ashram grogna, puis enfin murmura :
- Des kobolds… Il ne manquait plus que ça. Ne fais pas un geste, surtout pas un mot ni un bruit qui puisse attirer leur attention.
L’enfant acquiesça bien que sa curiosité dépassait et de loin ses quelques appréhensions.
Enfin, tout à coup, dans cette musique entrainante surgit d’un coté de la route un être encore plus étrange que tout ce que Mirandèle avait pu imaginer. Plus petit qu’elle d‘une vingtaine de bons centimètres, il avait un physique à peu près Lommien mais ses traits anguleux, ses grands pieds qui faisaient bien un tiers de sa taille, son nez saillant, presque crochu, ses yeux bien trop brillants d’un jaune soutenu, son costume et son chapeau orné d’une plume, tout d’un vert pomme avec parfois des pièces de tissus rouges qui dépareillaient davantage, et les quelques poils roux éparpillées sur sa figure aux joues pommelées le faisaient appartenir à une toute autre espèce de créature ! Il avançait en sautillant, tenant une petite lyre et étrangement il portait, en plus d’un encombrant sac où était accroché une petite lanterne brillant d’une lueur vert foncé, une pioche de mineur dans le dos.
A la queue leu leu, d’autres le suivirent, en file indienne comme des copies tirées d’un même moule, avec pour seule différence, la nature de leurs instruments, flute ou luth, violon ou accordéon, clairon ou cymbale, pelle ou piolet, marteau ou piquets.
Un à un, ils passèrent devant les yeux écarquillés des deux voyageurs, sans leur porter un seul regard, chantant, dansant jusqu’à ce que le dernier de leur longue file apparaisse. Plus petit d’une bonne tête que ses camarades, lui n’avait aucune trace de barbe et il arriva quelques secondes après les autres, courant maladroitement pour rattraper son retard, ses bras portant un tambourin bien trop grand pour lui ! Arrivé au milieu de la voie, le retardataire s’effondra sur celle-ci, et à voir l’état de ses chausses, ce n’était pas la première fois que pareille mésaventure lui arrivait. Mirandèle s’élança pour aller secourir le pauvre être, mais d’un grognement et d’un regard, Ashram interrompit sa course.
La petite créature se releva en riant et regarda dans la direction des marcheurs. Le chat resta figé. Si le kobold avait vu l’enfant bouger… Cependant, rien ne se passa, car après s’être remis non sans mal sur ses petites jambes, l’étrange lutin repartit aussi rapidement qu’il le pouvait dans la direction qu’avait pris les autres musiciens. Mais avant de s’élancer, il fit un clin d’œil à l’intention de la petite fille, qui ne put réprimer un sourire joyeux avant de le voir disparaître sous les arbres.

Ashram lâcha un soupir quand la dernière note de musique finit en écho, remplacée aussitôt par le grondement des arbres et l’orage au dessus.
- Ne jamais, jamais adresser la parole à un kobold où même lui montrer que tu es vivant… N’oublie jamais ce conseil, miaaa… Crois moi.
L’enfant se demanda ce que ces créatures pouvaient bien avoir de si terrifiantes, mais devant le ton assuré de son compagnon, elle décida d’acquiescer sans poser de questions.

Le voyage se poursuivit. Les joyeux lutins disparus dans les profondeurs du bois, le jeu oppressant reprit. Grinçant, se tordant, craquant, les végétaux avançaient puis reculaient au bord du chemin, repoussés encore et encore, inoffensifs, ne pouvant rien faire de plus dangereux que laisser parfois tomber une branche sur les pavés d’or. Néanmoins et malgré les assauts répétés de ces gardiens millénaires, peu à peu, une sensation de sécurité s’installa, le pouvoir de la route protégeait les deux marcheurs et rapidement, Mirandèle surprit son guide en commençant à siffloter l’air qu’avait chanté les kobolds !
Et la forêt changea. Pas de beaucoup, car une magie plus grande que celle de l’enfant y régnait depuis bien trop longtemps, mais assez pour transformer cette aventure en presque promenade dans un bois d’automne. Mirandèle sautillait sur le modèle des lutins, sifflant la joyeuse mélodie qu’ils avaient entonner et à ce son inattendu, les arbres firent silence. Qui osait fredonner le chant d’un kobold si ce n’est un kobold ? Aux aguets, ils paraissaient écouter.
La Grande Forêt était en attente, ses sens braqués sur la sente d’or, sur cet enfant qui semblait auréolé d’un halo argenté, puis soudain le voile de silence se fendit, et dans un tintement de clochette, des bois naquirent la couleur, là où auparavant, il n’y avait qu’un brun passé. Les géants de bois se teintèrent de pastels, leurs feuilles pourrissantes reprenant vie, se muant en nuances multiples, allant du vert tendre au rouge, en passant par le jaune ou l’orangé. La voûte de branchages miroita de sa propre lumière, douce lueur vespéral qui luttait avec les dernières traces d’ombre, repoussant les ténèbres toujours plus loin, vers le cœur même des bois, puis grondements, grincements et angoisse disparurent, remplacés par un calme émerveillement. La petite fille sifflotait gaiement, sa joie naïve enlaçant la sombre forêt pour la tourner à son image.

Ashram n’en revenait pas. Le pouvoir de l’enfant se confrontait aux artifices du Veilleur et parvenait à leur tenir tête, pour les transformer à son avantage. Et même si tout ceci n’était que brume éphémère, l’ombre derrière eux, au bout du chemin reprenant ses droits, l’exploit demeurait. Le chat soupira. Finalement, ils arriveraient à destination, le soleil sur leurs pas.

Les rayons lumineux qui perçaient par instant le dôme des bois tombaient en myriades de petits cristaux avant de frapper le sol pour se refléter dans les pavés dorés. Les deux voyageurs marchaient sur une rivière de diamants. Les couleurs pâles du feuillage augmentèrent d‘intensité, la magie inconsciente de l’enfant prenant de l’ampleur les minutes s’écoulant. Un vent frais et bon descendait de la route, apportant sur ses courants des odeurs de rosée et dissipant la tiédeur étouffante de ces lieux. Les arbres tremblèrent sous le coup de cette bise inconnue, puis se redressèrent, comme éveillés par cette soudain froideur qui leur faisait l’effet d’une fontaine de jouvence après cette éternité d’oppression. La Vieille Forêt retournait pour un trop court instant à son état originel.

Car malheureusement, la Féerie ne dura pas, tout était peut être trop beau et le pouvoir qui régnait en ces lieux ne pouvait se laisser défaire aussi aisément.
Une tempête se déchaina tout d’abord. Les souffles de Borée déferlèrent le long de la voie d’or puis se regroupèrent, tournoyant jusqu’à se réunir en un tourbillon qui s’agitait à quelques pas des deux voyageurs. Ces derniers s’arrêtèrent, la tornade les repoussaient, les vents il y a peu bienfaisants déferlèrent sur eux comme une vague sur les récifs, et pas à pas les fit reculer.
Puis, tout à coup, le calme revint et quand Mirandèle rouvrit les yeux, elle aperçu une forme là où se mouvait le maelstrom aérien. Les courants autour d’elle cessèrent, le voile de brume qui l’enveloppait se retira pour faire apparaître une obscurité plus profonde encore que les ombres.
Ashram gronda, le poil hérissé, les griffes sorties, il paraissait prêt au pire. Les ténèbres avaient pris corps, se muant en une femme d’une beauté impossible. Son sourire glaça le cœur de l’enfant.

L’étrange créature, toute de noir vêtue ne fit pas un pas, ni un geste autre que regarder Mirandèle, mais sa seule présence emplissait la fillette d’une crainte respectueuse, un soudain effroi comme elle n’en avait jamais connu, lui figeant ses membres et toute volonté.
Elle était là, à quelques mètres, soudaine apparition majestueuse, issue du néant, Reine des Rêves portant une robe ébène qui s’évasait en tombant, et qui enlaçait un corps parfait, aux membres longs et fins et à la taille élégante. Son noble visage, d’une blancheur de neige ne se lassait d’aucuns défauts. La Dame que les vents avaient fait naître en cet instant paraissait être sans âge, sa longue chevelure corbeau contrastait avec la douceur de sa peau et ne souffrait d’aucune trace de givre tandis que ses yeux reflétaient une sagesse immémoriale. Jeune tout en étant plus ancienne que les Astres, celle qu’on surnommait la Mère de la Nuit était apparue. Et le monde autour d’elle se figea.

Le cœur de la forêt revenue à la vie cessa de battre. Le silence se fit, jusqu’aux feuilles qui cessèrent de tomber. La Dame ne détournait pas son regard de l’enfant. Le temps ne semblait plus et Mirandèle resta immobilisée, ses yeux dans ceux de son ainée, incapable ne serait ce qu’émettre un unique battement de cil. Peut être des heures ou des journées s’écoulèrent, tandis que les protagonistes restaient figés, subjugués par l’Apparition. Puis, enfin, la tension se relâcha et le sourire de la Dame s’agrandit. Elle regarda autour d’elle et rit. Et sa voix, plus froide que l’hiver fut comme un grondement d’orage, telle une tempête s’élevant derrière un rideau de pluie et toute la forêt trembla. Ses yeux se redirigèrent vers la fillette et dans un éclat de tonnerre qu’elle tentait de faire paraître doux parla :
- Alors, c’est toi, mon enfant qui est responsable de tout… ce changement ? Je vous observe depuis votre arrivée dans mon domaine, depuis que je vous ai vu arriver avec ce cher Felthim en fait. J’ai entendu parler de toi, la petite fille sans couleurs, qui ose braver les vents. Tu n’as pas l’air si terrifiante, je t’imaginais plus âgée. Quoi qu’il en soit, il m’a demandé de te laisser traverser mes bois sans opposer de résistance mais tu as osé dénaturé, ne serait que pour un court instant, ce que je m’étais efforcé d’imaginer tout au long des millénaires et je ne pouvais fermer les yeux face à cet affront. Tu comprends j’espère. Il y a assez de kobolds pour m’opposer résistance sans qu’il ait besoin d’y rajouter une apprentie magicienne. Le Maître ne m’en voudra pas si je te teste un peu. As-tu envie de jouer avec moi ?
Ses mains brillèrent tout à coup d’une lumière noire, crépitant en absorbant toute lumière pour se renforcer, tandis que ses yeux dardaient des rayons glaçants dans la direction de Mirandèle. Un voile obscur naquit autour de la Sorcière et ses cheveux et les plis de sa robe frémirent comme poussés par un vent intérieur.
Ashram s’interposa entre la Sorcière et sa protégée. Le petit félin paraissait bien minuscule mais il ne pouvait laisser la fillette affronter la Mère de la Nuit maintenant. C’était beaucoup trop tôt. Il protégerait l’Enfant.

- Petite, quand je te donnerai le signal, cours. Cours sans te retourner aussi vite que tu le peux. Je te suivrai peu après. Suit le chemin, nous ne devons plus être loin de l’Endroit. Je compte sur toi.
Le chat, sur ces quelques mots s’avança, sous les yeux étonnés de la Dame. Que pouvait donc faire une si modeste créature ? Voulait il lui faire peur ?
Pourtant, une chose extraordinaire se produisit et même la Reine Noire fut obligée de reculer de quelques pas. Car en un instant, Ashram retrouva sa vraie forme. Pas après pas, celui qui était le guide de l’enfant depuis le commencement de l’Aventure, grandit en taille et en prestance. Le matou multicolore grossit à vue d’œil, et les secondes défilant, le petit félin devint lynx, puis panthère pour enfin se métamorphoser en un tigre en pleine force de l’âge. La frêle créature était redevenu celui qu’il était.
Il rugit. Les bois tremblèrent sous le coup de cet assaut, les arbres ployèrent, jusqu’au vent qui cessa de murmurer. Le Seigneur de la Forêt venait d’arriver et tous s’inclinèrent, honorant son Retour.
La fourrure d’Ashram avait cessé de jouer avec les couleurs, et miroitait maintenant de son éclat roux orangée, strié d’épaisses bandes noires. Sa fourrure, lisse et soyeuse, parure des princes scintillait de milles éclats, flammes mouvantes sur son corps puissant. Ses yeux, gemmes bleues brûlaient d’une rage infinie et ses crocs saillants, pouvant percer le diamant saillaient par delà sa gueule. Et ses ailes… les ailes du matou avaient grandi avec son corps et s’élevaient maintenant comme une barrière blanche devant Mirandèle, l’envergure de l’énorme félin dépassant même celle de Felthim.

La fillette, libérée de l’emprise de la Dame par cette soudaine apparition écarquillait les yeux et le souffle coupé ne parvenait à croire ce qui venait de se passer. Le chat avait repris sa véritable apparence. Le Roi était revenu en son domaine et se préparait à combattre son usurpatrice.
- Nyx… fit il en se mouvant dans la largeur du chemin, toute en grâce féline. Voilà trop longtemps que tu hantes cette terre qui ne t’appartient pas. Je suis revenu. Disparait maintenant de ma vue !
Le tigre rugit de nouveau et la forêt accueillit son Maître.
Un murmure sembla parcourir le couvert des arbres, puis des ombres y bougèrent et tous les bois jusque dans les plus obscures profondeurs frémirent. L’ancien seigneur était venu reprendre ses Droits.

Un rire s’éleva, fendant l’air pour rappeler que le règne de sa propriétaire n’était pas encore fini. La Dame souriait, et sa voix, bien que se réduisant à presque un doux murmure fut pire encore que le rugissement du fauve..
- Ashram… J’avoue ne pas t’avoir reconnu tout de suite. Je me demandai qui était ce mignon petit chaton. Alors, c’est grâce à ce stratagème que tu m’as échappé pendant tout ce temps ? Mais, la chasse est terminée, cette fois, j’en finirai avec toi !
Ces derniers mots déferlèrent sur le monde comme un torrent glacé, mais n’arrêtèrent en rien le grand félin qui s’élança, sauta d’un bond sur son adversaire avec juste un regard en arrière !
- Cours !
Mirandèle obéit. Avec tout son courage, elle passa devant les deux opposants alors qu’Ashram avait presque fini de plonger et courut. Elle courut comme jamais elle n’avait pu courir, s’éloignant toujours plus des lieux du combat où résonnaient un déluge de coups de tonnerre.

La terre tremblait, les vents se déchainaient en tempête sur des lieues et des lieues. La forêt semblait endormie, attendant le vainqueur de cet affrontement de titans. Et la fillette courait. Puis, après un moment, plusieurs heures de lutte, de fuite, d’espoir et de peur, l’ombre envahit une nouvelle fois la forêt, plus profonde et impénétrable que jamais et le silence revint. La nuit réapparut. Un dernier rugissement perça le néant, puis plus rien.
Tout était fini, Mirandèle était seule. Et épuisée, elle s’écroula.



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MessageSujet: Re: Mirandèle Anthracite.   Mirandèle Anthracite. Icon_minitimeSam 10 Mar 2012 - 11:40

J'ai retrouvé le manuscrit papier de Mirandèle ce matin ( ça fait deux ans que je l'ai écrit quand même...), et j'ai passé trois heures à le lire du début à la fin ! C'était franchement génial... court, drôle, y a des passages épiques, les évènements s'enchainent, la voix du narrateur est terrible, c'est vraiment un conte de fée moderne, si c'était pas moi qui l'avait écrit, j'en serai fan !

Si l'envie vous en prend, n'hésitez pas à lire ce que j'ai déjà mis et commenter ! Je posterai la suite rapidement si ça vous plait ( y a 15 chapitres).
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MessageSujet: Re: Mirandèle Anthracite.   Mirandèle Anthracite. Icon_minitimeDim 6 Mai 2012 - 14:21

Ce début de roman est vraiment extrêmement beau. Tu te demandais si tu avais réussi à faire passer la magie, je peux te dire que dans mon cas c'est le cas. Je m'émerveille à chaque paragraphe de découvrir cet univers fourmillant de vie et de poésie

Je trouve que le chat fait un peu mélange entre le Lapin d'alice aux pays des merveilles et le chat de Cheshire.
On ressent pas mal l'influence de Lewis Carol. Very Happy

J'aime bien cette phrase : "le chat-guide rappela sa camarade à la réalité."
Elle sonne comme une blague très subtile, vu que Mirandèle est dans un monde imaginaire Very Happy

Bon, je suis vraiment dans la merde si tu présentes Mirandèle au concours Gallimard :|
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MessageSujet: Re: Mirandèle Anthracite.   Mirandèle Anthracite. Icon_minitimeLun 7 Mai 2012 - 22:44

Je reposte pour parler d'une petite faut dans le dernier chapitre que je n'avais pas vu avant:

"incapable ne serait ce qu’émettre un unique battement de cil."
C'est "incapable ne serait ce que d'émettre"
ou "incapable de ne serait ce qu'émettre."
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MessageSujet: Re: Mirandèle Anthracite.   Mirandèle Anthracite. Icon_minitimeLun 7 Mai 2012 - 22:54

Ah ouais, merci !
De toute façon, j'entre maintenant dans une grande phase bêta-lecteurs. J'espère que ça m'aiderait à corriger ce premier jet !
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MessageSujet: Re: Mirandèle Anthracite.   Mirandèle Anthracite. Icon_minitimeLun 7 Mai 2012 - 23:02

Je serais honoré d'être un beta lecteur si tu le veux bien (comment ça c'est un vieille technique pour connaitre la suite? Cool )
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MessageSujet: Re: Mirandèle Anthracite.   Mirandèle Anthracite. Icon_minitimeMar 8 Mai 2012 - 21:36

Lu chapitre 1. Je te fais des propositions :

Citation :
aussi terne que pouvait l'être leur univers.

Citation :
suivant une routine qu’ils avaient eux-mêmes établie

Citation :
L’histoire que je vais vous narrer parle d’un de ces Lomms extraordinaires, qui était aussi différent d’un de ses congénères qu’un chat peut l’être d’un chien et à qui il arriva une aventure pour le moins extraordinaire.

Citation :
la mère était aimante et peu importait la singularité de l’enfant

Citation :
elle fut hors des murs du palais et suivi par Gam

"elle se rendit hors des murs" me paraîtrait mieux.

Citation :
rehaussé de quelques filaments gris, était aussi calme que pouvait l’être une serviette posée sur un guéridon

Citation :
bientôt lassée de ce spectacle, s’en fut

Citation :
Mais que pouvait-il y avoir d’intéressant dans un monde comme Lominia ?

Citation :
guère déçue par ses premières impressions

Je suis un peu surprise qu'elle pense ça, car dans le texte tu insinues tout de même qu'elle s'attendait à autre chose.

Citation :
et y resteraient jusqu’à dix-sept heures précise.

Citation :
la langue pendante et le pas lourd, répugnait pourtant à laisser s’éloigner sa petite maitresse.

Citation :
qui, côtes à côtes, formaient une muraille inexpugnable.

Citation :
Dix-sept heures piles

Citation :
Des plus grands bâtiments clos sortirent une foule telle que la petite croyait rêver.

Citation :
apparus comme par miracle au moment où le premier employé arrivait à l’arrêt et, en quelques minutes,

Citation :
C’était peut-être elle qui avait un problème ?

Citation :
Combien de fois ses nourrices lui avaient-elles dit :

Citation :
car croyez-le ou non

Citation :
Etait-ce son souhait qui prenait forme

Citation :
Etait-ce le dieu de ce monde qui ordonnait un miracle ou un mauvais tour d’un farfadet ?

Citation :
Peu importait, car quand Mirandèle releva la tête, elle vit la chose la plus belle qu’il lui eut été donnée de voir.

Impression générale : à part des oublis de virgules et de tirets, je ne trouve rien à redire sur la forme du texte. C'est très bien écrit, même un brin naïf parfois, et c'est rafraîchissant. Si tu voulais donner l'effet d'un conte pour enfants, c'est réussi. Parfois, je me suis sentie soit au pays des merveilles soit au pays d'Oz^^ Tes phrases sont en général simples, sans fioritures inutiles, de façon à ce que le texte soit accessible à tous. Un peu comme un genre de conte universel. L'idée de redonner de la couleur au monde m'a un peu fait penser à Okami, je l'avoue XD
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MessageSujet: Re: Mirandèle Anthracite.   Mirandèle Anthracite. Icon_minitimeJeu 10 Mai 2012 - 20:43

Lu chapitre 2.

Citation :
L’enfant ne parvenait à faire un geste

Je te propose "ne parvenait pas à" ou "ne pouvait faire".

Citation :
bâillait à s’en décrocher la mâchoire.

Citation :
Mais l’enfant vivait, elle, le moment le plus merveilleux de sa petite vie

Citation :
Elle leva la main, pour toucher la fenêtre arc-en-ciel et d’un coup

Citation :
des fleurs naquirent à partir de rien et un chemin pavé d’or se déroula à ses pieds.

Quand je parlais du magicien d'oz lol

Citation :
pâle reflet d’un monde auquel Mirandèle n’appartenait plus et dont, elle se détourna sans même y porter un dernier regard.

Citation :
Devant la créature de marbre, elle s’était fait plus petite qu’elle ne l’était et l’avait dépassé, et la voix résonnait de derrière elle quand elle l’entendit.

J'avoue ne pas avoir très bien compris cette phrase...

Citation :
reprit-il en souriant si cela eut été possible.

Citation :
Le danger était inexistant sur Lominia et la mère de Mirandèle ne l’avait jamais mise en garde contre le danger de suivre un inconnu, fut-ce un étrange matou multicolore, et la petite, poussée par sa curiosité, obéit et trottina derrière son guide.

Citation :
Une colline sur le chemin ?

Tu devrais en faire une phrase.

Citation :
L’enfant était devenue un oiseau et comprit ce que le mot liberté voulait dire.

Citation :
maintenant proches, semblaient encore avoir grandi en taille

Citation :
qui voyait bien son vol maladroit, le comprit également et se dirigea vers ces fameuses cimes.

Citation :
un col qui luisait faiblement d’une couleur dorée.

Citation :
envahi de fumées aussi rouges que la braise

Citation :
strié d’éclairs jaunes cuivré

Soit tu enlèves le s à jaune, soit tu en mets un à cuivré.

Citation :
Pourquoi son guide l’emmenait elle là-bas ?

Citation :
comme affamé par sa panique croissante, s’avança vers elle.

Citation :
toujours plus proches des deux prisonniers du chaos.

Citation :
et vit, au loin, une forme affronter durement les Vents.

Citation :
enfin les nuages, à leur tour, migrèrent.

Citation :
et, des roches autrefois nues, naquirent une myriade de petites fleurs multicolores.

Citation :
Peut-être qu’elle pourrait y arriver ?

Citation :
Mirandèle, sans crainte aucune, s’exécuta

Citation :
chevauchant une créature de contes et de légendes pour rejoindre un autre paradis.

Impression générale : bizarrement j'ai trouvé ce passage moins poétique que le premier, peut-être parce qu'il n'y a plus cette dualité N&B/couleurs. Il y a parfois tellement de couleurs que j'ai du mal à imaginer les scènes lol Sinon j'ai toujours un goût de Alice mixée avec Dorothy pour Mirandèle. Et quand je lis ton texte, j'ai le générique de Neverending Story dans la tête lol La fin laisse présager un support peut-être plus concret, avec la venue d'un lieu appelé Havre, mais je me trompe peut-être^^
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MessageSujet: Re: Mirandèle Anthracite.   Mirandèle Anthracite. Icon_minitimeJeu 10 Mai 2012 - 21:29

Ah, merci pour ce boulot, Raziel ! Je prends note, et ça me sera très utile pour la correction !

A la fin du chapitre 3, la phase d'improvisation se termine et on entre dans l'histoire, dans le vrai conte. Ce sera moins surréaliste, et je l'espère beaucoup plus épique !
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MessageSujet: Re: Mirandèle Anthracite.   Mirandèle Anthracite. Icon_minitimeJeu 10 Mai 2012 - 21:46

Je confirme Cool
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MessageSujet: Re: Mirandèle Anthracite.   Mirandèle Anthracite. Icon_minitime

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