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 Le festin de Lotus

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MessageSujet: Le festin de Lotus   Le festin de Lotus Icon_minitimeMer 1 Fév 2012 - 19:39

Par une matinée silencieuse qui tardait à percer, le propriétaire du bazar qui longeait l’avenue ouvrait son échoppe. Il tira le fin rideau de soie violette qui masquait la vitrine, ôta calmement l’écriteau indiquant que son lieu était fermé, se munit d’un vieux balai hors d’usage et sortit. Et bien que ses gestes ne trahissent une paresse évidente, il s’attela à sa tâche de bon entrain ; concentré, captivé à feindre de balayer, il chantonnait toujours le même air : une espèce de chant à peine fredonné, plaintif, envoûtant, mais d’une voix très neutre. D’autres commerces se mirent à ouvrir ; son ouvrage terminé, il s'était assis sur une chaise de paille tressée, suivant cet instant commun et quotidien avec de grands yeux pétillants : c’était comme s’il assistait à une cérémonie qui lui était destinée, cérémonie à laquelle il faisait dignement honneur. Un homme qui descendait l’avenue encombrée se planta alors devant lui et échangea quelques mots qui se perdirent dans le capharnaüm alentour ; adressant une courte révérence, le marchand saisit l’étranger par le bras et le fit entrer le premier à l’intérieur. Des senteurs exotiques qui rappelaient à la fois l’encens, le cuir tanné et le bois précieux, lui chatouillèrent les narines et éveillèrent ses sens, tandis que ses yeux s’habituèrent à la faible lumière ambiante. Quelques babioles de pacotille étaient entreposées près du comptoir ; mais, la négligence avec laquelle ses objets avaient été entassés sur les armoires poussiéreuses, leur conférait un aspect plus repoussant encore. Le visiteur fut d’ailleurs visiblement très surpris par la maigreur du stock, aussi il demanda si, à tout hasard, il n’y avait pas une remise quelque part.
Le marchand s’arrêta de faire semblant d’ordonner ses étagères, et fixa son client de ses larges yeux mi-clos ; un rictus indéfinissable progressa sur ses lèvres pâles : il faisait face à un homme averti.
« Rares sont ceux qui voient derrière l’apparence, commenta le singulier marchand sur un ton énigmatique. »
A tel point que l’homme ne su pas s’il faisait référence à son cas ou s’il édictait une maxime quelconque. Il n’osa le lui demander. Une trappe cachée par l’imposant comptoir les mena tous deux dans un souterrain de grande superficie. Des produits exotiques étaient ici empilés le long d’allées linéaires, avec cette fois-ci un semblant d’ordre ; qui changeait tout à l’affaire. L’homme s’émerveilla un instant, avant de pérégriner entre les armoires en furetant avec méthode. Or le fantasque marchand avait l’œil pour jauger les attentes de ses clients, et savait pertinemment ne pas pouvoir se tromper sur celles de son visiteur. Il cherchait l’un de ces artefacts, objet aux propriétés chimériques, fantasmes qui survivent grâce aux traditions, aux rumeurs douteuses, et au commerce des secrets. Lequel en particulier, le marchand l’ignorait, mais qu’importe après tout, étant donné qu’il n’en possédait pas (ce qui semblait logique pour l’humble boutiquier qu’il était). L’inconnu s’acharnait cependant : rangées après rangées, il arpentait chaque recoin avec une minutie glaciale.
« Peut-être sa seigneurie cherche-t-elle quelque chose en particulier ? se décida-t-on à lui demander, au terme d’un bon quart d’heure. »

Ce fût au tour de l’étranger d’adopter une attitude obscure. Il prit le marchand à part (chose futile, pensa le marchand qui tenait seul son échoppe) et lui glissa une question insidieuse :
« Auriez-vous des lotus ? »
« Drôle de question, s’étonna son interlocuteur. Adressez-vous à un fleuriste ou un herboriste, eux en auront à coup sûr. »
L’étranger sourit. Il y avait dans son regard une lueur parfaitement incrédule ; il était déçu que le marchand, qu’il avait pourtant pris pour quelqu’un de rusé, ne percute pas :
« Tout le monde connaît les soi-disant vertus de cette fleur »
Il marqua une pause.
« L’immortalité en est une… »
Sa dernière phrase s’ensuivit d’un silence pesant ; frappé d’un mutisme cinglant, le modeste commerçant se mit à trembler : l’homme l’avait devancé et il ne pouvait désormais plus faire semblant de ne pas comprendre.
Il passa ses doits crochus recouverts de colifichets clinquants une bonne dizaine de fois dans sa barbe, qui lui donnait une allure de sage, les yeux perdus dans le vide :
« Le festin de lotus, déclama-t-il d’une voix profonde. Ingérer une mixture à base de lotus bleu des îles d’Amarohas rendrait insensible aux effets du temps… »
Il avait était si vibrant, si solennel, que son client renchérit avec plus d’assurance encore :
« Je recherche…, eût-il à peine le temps de prononcer. »
Le commerçant éclata brusquement d’un rire franc :
« Alors vous perdez votre temps ici, mon ami. J’ignorais que des gens galopent encore après des mythes pareils ! Navré, mais les merveilles que vous semblez pourchasser avec tant d’acharnement ne sont pas ici. »
Battu, réduit à un long et honteux silence, l’homme retenu cette magistrale leçon d’humilité et sortit confus, la mine bien basse. Discrètement, le propriétaire du bazar le suivit à pas feutrés entre les allées marchandes ténues qui s’entrecroisaient sans logique, gardant à l’œil son récent visiteur. Le lendemain, la bourdonnante agitation du port marchand se mua en clameur populaire. Les habitants de la ville se massèrent devant les docks avec enthousiasme, mais un enthousiasme teinté de respect ; la nouvelle venue du Sultan avait suscité un émoi tel que le port avait été vidé de tout navire afin de permettre l’amarrage du bâtiment princier. Enveloppé dans un drapé safran, l’homme reçut une ovation appuyée, et malgré cela affichait une irritation certaine. Deux plis noirs lui cinglaient le faciès au niveau des joues, son pas était maussade. Il alla en fin de compte saluer un des membres de la haie d’honneur, et le prit à part, sans visiblement se soucier de faire scandale.
Il écouta son ami une dizaine de minutes avant de tourner, dans l’incompréhension générale, le dos à la foule. Il la salua dédaigneusement du dos de la main, fine et ornée d’un saphir à chaque doigt, et se retira dans son navire. Injure ! On lança des fruits, des pierres, des pelletées de terre sur l’escorte, qui, selon la tradition, recevait l’opprobre ou l’ovation des habitants. Altéré par la perspective d’un énième échec, le Sultan jeta son turban sur la chaise de sa cabine et jura entre ses dents ; Mowohl était la prochaine étape, une étape vaine, et il le savait.
Loin de la scène, le gérant du bazar ricana. Lui et le Sultan devaient avoir cinquante ans, peut-être plus. En théorie.
« L’immortalité ne sied pas aux hommes, conclut-il avec un rire triste. »
Il prit un air songeur en regardant les marchands revenir à leur commerce sans mot dire, car aussitôt replongés dans leur quotidien aliénant. Sauf à lui ; étrange, en somme. Peut-être les dieux avaient ils choisi parmi les hommes ceux qui étaient trop peu ambitieux, mais à l’âme pure : ceux-là se verraient décerner l’onctuosité du Festin de Lotus. Y repenser était si grisant qu’il en oublia presque ses trois siècles d’existence ; il se rappela l’indescriptible acidité de la mixture épaisse. De sa teneur sucrée, de son parfum aigre, de sa légèreté succulente…
Lui qui avait vu plus que quiconque, acquis une expérience immarcescible, se tira de ses divagations car un client s’approchait. Il se jeta à son balai et reprit son sinistre pantomime, sifflotant encore et toujours sa mélopée plaintive, envoûtante, chantée d’un ton si neutre. Non, tout était bien ainsi.

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MessageSujet: Re: Le festin de Lotus   Le festin de Lotus Icon_minitimeVen 3 Fév 2012 - 23:01

C'est un texte sympa.
Par contre (étant fatiguée), j'ai eu du mal à m'accrocher. Il faudrait aérer un peu plus ton texte. Et développer au niveau de l'arrivée du sultan.

Je dis ça, mais je ne dis rien ;-) je suis crevée après tout.
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MessageSujet: Re: Le festin de Lotus   Le festin de Lotus Icon_minitimeSam 11 Fév 2012 - 11:35

Tout d'abord, je t'invite à te présenter. Balancer un texte comme ça, alors qu'on ne t'a jamais vu peut être perçu comme un manque de respect. Nous ne sommes pas des bots de lecture, et ce forum est avant tout une communauté plutôt qu'une galerie pour invités.

Ton texte est vraiment bien, l'histoire est générale et contrairement à Milivice, j'ai accroché jusqu'au bout.
Tu l'as travaillé, c'est maitrisé, ton style est bon, le seul point noir est dû au manque d'aération... Fais des paragraphes, va à la ligne, donne le temps au lecteur de respirer.
Là par exemple : "entre les allées marchandes ténues qui s’entrecroisaient sans logique, gardant à l’œil son récent visiteur. Le lendemain, la bourdonnante agitation du port marchand se mua en clameur populaire. Les habitants de la ville se massèrent devant les docks avec enthousiasme, " Dans la même ligne, tu mets deux périodes de temps différentes ! Montre au lecteur qu'il y a bel et bien une ellipse, fais une pause, et entame un nouveau paragraphe.

Tout le début de ton texte est un pavé, de longues phrases à peine marquées par des points virgules, et ça ne donne vraiment pas envie de continuer malgré la qualité de l'histoire.
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