c'est dans le creux des journées grises
que je forge mes nuits
des moments de soleil inutile
je donne congés à la lumière
comme tant d'autres
j'ai la peau sensible aux jours
et l'âme à l'ennui
rien de neuf mon aimé
ni la lassitude
ni les verres qui fêlent et cassent
la fascination des belles choses
et des joues roses
c'est en mordant les murs
que j'avance
les yeux fermés
je respire
une onde profonde
douce
comme un désert s'oublie
dans la nuit
aujourd'hui c'est un jour de pluie
de ceux qui rouillent les lilas
déchiquètent les iris
ou l'on s'efface
pour refuser de trop être
encore
je veux rentrer dans le cœur
du monde
comme
un tic sur la peau
mais je divague
dans ma cuvette
je souffle mon ouragan
en kit synthétique
c'est pourtant
un vrai ciel d'éclipse
qui brille
au fond de mon crane
et guide
de modestes araignées
elles tissent de grands filets
ambitieuses
de décadences
je laisse les chants aux oiseaux noirs
l'esprit aux femmes adultères
l'espoir aux funambules
aujourd'hui
est un jour aveugle
ou je bâillonne ma raison
pour gouter
l'absolu nudité des mots
dans une chambre blanche