Allez, j'inaugure ^^
(merci les révisions qui m'endorment !)
Röne scrutait le paysage à travers la vitre noircie de dépôt de carbone => "dépôts" me semblerait mieux.
Sous ses yeux les carcasses grouillantes s’animaient, s’étirant en des files sans fin, s’arrêtant au rythme des feux tricolores, pour laisser passer les passants pressés, qui, trop occupés, délaissaient leurs mégots encore fumants sur les trottoirs goudronnés. => les carcasses de quoi ? J'ai un peu de mal avec la fin de la phrase aussi : les passants sont pressés, mais aussi occupés, et en quoi être occupé te fait nécessairement délaisser ta cigarette allumée par terre ? Je pense que c'est pour donner une ambiance, mais la généralisation et l'idée de la phrase me laissent perplexe quant à leur sens et surtout leur utilité.
Ensuite, ta phrase est trop longue. Je mettrais un point après "sans fin" personnellement.
Au loin, derrière les immenses barres de béton, les usines crachaient par chapes saccadées, de longs jets de vapeurs toxiques qui se joignaient au ciel déjà gris de fumée. => soit tu mets une virgule après "crachaient" soit tu vires celle après "saccadées". Je mettrais une virgule après "au ciel", également.
Par contre, les usines crachent généralement des panaches continus, non saccadés.
Il sursauta : la télévision venait de s’allumer dans un bruit de décharge électrique et projetait une succession d’images apocalyptiques commentées par un journaliste. => j'ai un bug de situation du coup. On nous dit qu'il scrute un paysage derrière une vitre ; du coup, je l'imagine dans un moyen de transport (bus, voiture, train). Le coup de la télé m'indique clairement que soit je me goure, soit c'est un moyen de transport que nous n'avons pas. Du coup, à moins que garder le suspens sur ce moyen de locomotion soit vraiment important dans ce début de texte, tu devrais poser clairement dès le départ dans quoi / où il se trouve.
[une fois la lecture finie, j'ai donc compris qu'il est dans une pièce, mais la remarque reste la même : je devrais savoir dès le départ où il est]Le terme de "décharge électrique" me gêne également ; on dirait qu'il est là pour faire technologie, SF, mais il ne m'a pas l'air à sa place. Pourquoi pas "crépitement" (électrique ou non) ? C'est plus simple, ça évoque un peu la même idée, et c'est davantage associé à une télé, en général.
Au Etats- Unis, les buldings s’écroulaient tous un à un => Aux ; espace en trop après le tiret
Au Japon, les centrales nucléaires explosaient, créant d’immenses champignons de gaz mortels flottant, en suspension dans l’air vicié, au dessus des villes. => espace en trop après la virgule initiale ; au-dessus.
Je ne suis pas du tout spécialiste, mais pas sûre du tout que "gaz" soit le meilleur terme quand on parle d'explosions nucléaires...
En Allemagne les déchèteries, immenses cimetières des oubliés, brûlaient d’un feu ardent, dévorant les machines cassées, les boîtes de conserves à peine entamées, le bois vert, tout juste décimé pour construire de nouveaux bâtiments. => virgule après "Allemagne". Je ne suis pas fan de l'image des boîtes de conserves à peine entamées, j'ai l'impression que tu n'avais pas trop d'idée de quoi d'autre pouvait peupler une déchèterie ^^ À mon avis, il y a bien plus représentatifs (ne serait-ce que des pneus). En plus, pourquoi "à peine entamées" ? Pour montrer le gaspillage ?
Le coup du bois vert, j'ai mis un petit moment à comprendre ce qu'il fichait là. Je croyais qu'il allait être employé pour des constructions, et non qu'il avait laissé la place pour de nouvelles constructions (je doute qu'on le mette à la déchèterie, ceci dit ; il y a bien plus d'usages pour ça, sans compter que des zones entières de bois vert et pas de bois tout court, ça m'étonne)
Röne détacha son regard de l’écran et se prostra devant le spéctacle accablante d’une ville en péril. => spectacle. "Prostrer" n'est pas un verbe, on dit "rester prostré" mais c'est tout.
Je m'étonne qu'il pense juste à la ville après ce qu'il vient de voir à la télé, ceci dit. Peut-être qu'il faudrait une mise en relation des éléments ? Qu'il se sente plus touché par ce qui le concerne directement ?
Tous les immeubles brûlaient, les cigarettes écrasées par terre s’enflammaient, léchant de ses flammes les emballages gras qui débordaient des poubelles. => "léchant de leurs flammes".
Euh, rassure-moi, il hallucine, là ? Parce que c'est très très gros, quand même... D'où on passe des "carcasses" qui roulent, des gens qui vont, pressés, on ne sait où, à tous les immeubles (sans exception, rien que ça !) qui crament d'un coup, les cigarettes qui s'enflamment par le miracle du saint esprit une fois jetées à terre...
La sirène des pompiers retentissait, on se massait dans les halles des centres commerciaux => halls
On pouvait déjà compter par centaine les corps inertes étendus à terre, morts asphyxiés ou touché par des fragments brûlants. => par centaines ; touchés
les seuls survivants n’étaient que ceux qui étaient restés cloitrés chez eux => double négation pas terrible ; je propose "les seuls survivants étaient ceux restés/demeurés cloîtrés"
Même les habitants des pays sous développés, qui, pour l’instant étaient préservés de cet air vicié, seraient, dans quelques temps, tout aussi touchées que le reste du monde par la pollution atmosphérique, amenée par les vents. => espace en trop au début de la phrase ; touchés
Dans moins de trois mois la planète serait soulagée de toute existence humaine, seuls les êtres vivants apte à vivre dans l’eau subsisteraient. => espace en trop après "vivants" ; "aptes".
Non, clairement pas : si c'est aussi pollué que tu le dis, l'eau l'est tout autant voire plus. Rien que maintenant, c'est un élément qu'on tente de protéger de la pollution, et pourtant on y arrive pas.
Röne avait vu juste, d’un pas tranquille il alla chercher un sac, rangé avec soin dans le placard resévé à ses affaires personnelles => je mettrais un point après "vu juste". réservé
Délicatement il en sorti une machine ; un tube extensible d’un mètre de hauteur relié à une machinerie impressionnante qui se terminait en un tuyau dont l’extrémité avait été moulé pour une cavité buccale. => il en sortit. deux points plutôt qu'un point virgule. répétition machine / machinerie. moulée.
Il s’en saisi, sangla la boîte à son dos => saisit ; "sangla sur son dos" serait mieux
- Monsieur Verdet ! Que faites vous ?! C’est l’heure de vos médicaments ! cria l’infirmière => manque le point final ; ce ne sont pas les bons tirets de dialogue. Tu dois utiliser ceux-là : — (alt+0151)
J'avoue que je ne sais pas quoi penser.
On va donc procéder par ordre.
Sur la forme, tu as quelques phrases maladroites, souvent un peu longues, et tu ne maîtrises pas encore tout à fait la construction des idées que tu veux faire passer (notamment les images pour illustrer tes propos). Tu devrais faire des phrases plus courtes, peut-être un peu plus de phrases pour mieux expliquer.
Ce texte est aussi problématique dans sa construction par deux aspects : un, c'est une succession de scènes, dont on peine à voir le lien logique – dans le sens spatio-temporel du terme. On passe d'un point à un autre, sans lien, et c'est au lecteur de combler les trous. Alors que non, c'est à toi de nous faire sentir la progression logique et articulée de ton récit.
Enfin, on a un personnage focal, et pourtant, on ne sait rien de lui, et surtout, devant une catastrophe pareille, on ne sait pas du tout ce qu'il ressent ! C'est un manque flagrant. On
doit avoir une perception de ses sentiments. En fait, la majeure partie du texte, il n'y a même pas de personnage, c'est écrit de façon générale, on voit tout et rien. C'est l'écrivain omniscient qui parle, pas un narrateur, et ça ne va pas. Tu dois nous faire rentrer dans ton univers, pas nous dire "il se passe ça, il va se passer ça". Je ne comprends même pas pourquoi on passe soudainement à la vision future : quelle légitimité pour cette "prédiction" ?
Qui nous la dit ?
Quel est l'intérêt du personnage, en fait ? Pourquoi tu en as mis un, si c'est pour nous expliquer de façon presque journalistique ce qu'il se passe ?
Ensuite, au niveau du fond...
La pollution est un sujet très intéressant, bien d'actualité. C'est aussi un sujet, surtout en termes de catastrophes, qui a déjà été énormément traité. Et, je suis désolée, mais ton texte est bourré d'incohérences. Je ne pourrais pas toutes les relever, pour la très bonne raison que je suis loin d'être une spécialiste du sujet, mais simplement, c'est pour moi une accumulation de clichés. Ou, plus exactement, une accumulation soudaine et brutale de quasiment toutes les catastrophes possibles, sans aucune explication logique ! Pourquoi toutes les centrales explosent (en même temps) ? Pourquoi tous les immeubles s'effondrent ? Pourquoi tout crame ? Pourquoi tous les déchets remontent ? Comment c'est possible que tout se passe en même temps ? C'est quoi la catastrophe qui a tout déclenché ?
Comme je disais plus haut, non, l'eau ne sera certainement pas le seul endroit non pollué, bien au contraire. Je doute aussi que les gens restent bien gentiment chez eux à crever... Ils vont sans nul doute tenter de faire quelque chose ; certains vont vouloir sortir, tenter leur chance dehors, tenter de trouver à manger, à boire. L'homme est une créature qui veut toujours survivre, à tout prix.
Je doute aussi que les pays sous développés soient les derniers touchés ; on stocke chez eux une sacrée quantité de saloperies, sans compter les usines et autres non aux normes de sécurité qui seraient les premières à foirer.
Bref. J'arrête là, je crois que tu as compris
Donc, avant que tu ne me maudisses et ne m'agonise de tous les noms d'oiseaux possibles (^^), je résume : l'idée d'un texte sur la pollution est, ma foi, honorable et intéressante. C'est l'exécution qui pèche, pour plusieurs raisons :
- tu as une vision finalement "naïve" du problème, qui nécessiterait de te documenter un peu sur les causes et les manifestations du problème
- la construction du texte en scènes sans rapport les unes entre les autres qui perd le lecteur
- le non intérêt complet pour et du personnage
Du coup, je suggère pour la réécriture :
- que tu prennes ton temps pour écrire, que tu développes les scènes, que tu les lies entre elles, que tu décrives plus en profondeur, prendre le temps de poser une ambiance (dans un contexte apocalyptique, ça joue beaucoup l'ambiance)
- que tu t'appuies davantage sur le personnage : donner ses sentiments, ses pensées, le faire agir éventuellement ; ou sinon, avoir deux personnages : un qui regarde, et un autre qui se trouve au cœur de la tourmente. C'est génial pour impliquer le lecteur !
- et donc te documenter un peu sur le phénomène sur lequel tu veux écrire
J'ajoute néanmoins que j'ai bien aimé la chute, surtout la dernière phrase, très sympa, avec le personnage qui dit avoir prévu ça. J'aurais par contre beaucoup aimé savoir comment il l'a prévu. Visiblement, il est dans un hôpital (psychiatrique ?), et on le sent un peu pas net dans sa tête ^^ Ça peut être un élément intéressant de savoir à la fois comment il a prévu ça, et aussi comment il a conçu ou récupéré le matériel très personnel qui lui permettra, selon lui, de survivre.
(je note au passage que l'infirmière et tout le monde dans l'établissement ne semble pas du tout concerné par tout le bazar ; du coup, je me demande aussi si c'est pas lui qui hallucine un grand coup...)
Je sais, ce n'est jamais facile de recevoir une critique quasi complète d'un texte dans lequel on a mis de soi et auquel on tient. Je ne cherche pas à le démonter, juste à te montrer les points faibles pour l'améliorer.
Je tiens cependant à souligner qu'au niveau du style, même s'il n'est pas excellent au sens d'un "grand" écrivain, il est déjà plutôt pas mal, et c'est une bonne chose ! C'est peut-être le plus dur que tu as déjà acquis, maintenant, il te reste à apprendre les ficelles pour le mettre en mouvement de la meilleure des façons !
N'hésite pas si tu as des questions sur mes remarques