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 Carimaras [roman]

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MessageSujet: Carimaras [roman]   Carimaras [roman] Icon_minitimeJeu 31 Juil 2014 - 0:39

Bonjour bonjour,
je posterai ici les chapitres de l'histoire que j'écris actuellement.
J'attends vos commentaires avec impatience !
Je n'ai pas encore pu commenter vos textes, j'essaye de m'y mettre demain  Wink 

Bonne lecture !

La page des commentaires : https://ecrire.forumactif.org/t5641-commentaires-de-carimaras



I

"Personne ne me veut du mal."

1.

"Là je filme le ciel, les étoiles sont très nombreuses et brillantes, mais c'est une caméra bon marché, je ne suis pas sûr qu'on les distingue bien. Tu me diras quand t'auras vu la vidéo. Peut-être que ta télé est toute noire en ce moment, mais au moins tu as ma voix pour t'accompagner (rires). Je ne sais pas s'il y a plus de nuages en ville, mais je n'ai jamais vu les étoiles comme ça."

J'éteins le point rouge du caméscope et quitte la lisière froide pour la chaleur de ma Twingo, puis roule en direction du village. D'ici, on n'en aperçoit que les hauts lampadaires du terrain de foot avec leur lumière blanche ou verte. Après une minute trente d'un sketch moyen à la radio, le nom de "Boisvillain" apparaît sur un panneau au pied recouvert de boue. Je freine d'un coup. La pression des pneus sur la chaussée fait partir les graviers comme des balles. J'ai bien fait de tourner la tête pour m'assurer du nombre de L sur le panneau, sans quoi j'aurais manqué l'autostoppeuse cachée derrière.
– Ce n'est pas très malin de vous être postée là, dis-je en baissant la vitre. J'aurais pu ne pas vous voir. Montez !
– Désolée, c'était pour me protéger du vent (elle a un accent ravissant). Son visage est entouré d'une capuche à fausse fourrure et elle claque des dents comme un personnage de cartoon perdu dans les glaciers. Vous allez à Boisvillain ? J'ai rendez-vous à l'auberge de jeunesse, près du terrain de sport, vous connaissez ?
– Non, j'arrive tout juste dans cette campagne, je suis là pour le travail.
Dans la voiture, il fait noir mais chaud. La seule lumière, d'un vert surnaturel, sort du tableau de bord. La passagère regarde au travers de la vitre où se reflète le compteur kilométrique distordu. Au dehors, des espèces de lapins blancs effrayés jaillissent des touffes d'herbe pour se cacher dans les stries agricoles. La capuche de la jeune femme s'est tellement bien moulée sur sa tête qu'elle est obligée de pivoter tout le haut du corps quand elle se tourne vers moi pour me remercier.

Passés les champs et les fermes qui bordent la commune, nous retrouvons enfin la civilisation : rues salies de lignes marrons jumelées par le passage d'un tracteur, rues désertes à cette heure du soir, rond-point sans relief simplement peint sur le sol. La voiture longe ses sœurs garées à l'entrée des maisons endormies, les haies plus ou moins entretenues, les boîtes aux lettres qui disent PAS DE PUB SVP MERCI, jusqu'à la seule bâtisse éclairée à cette heure-ci.
– C'est l'auberge, vous pouvez me déposer ici.
– Trente-deux ans, c'est pas trop vieux pour louer une chambre ? Je cherche moi-même un lieu où dormir.


Ding-ding : la clochette, positionnée comme un seau d'eau farceur, réveille le réceptionniste. Accompagné de la frileuse à capuche, je traverse le hall recouvert d'un tapis au motif hypnotique qu'une femme de ménage dépoussière à grands coups d'aspirateur. Deux garçons d'une vingtaine d'années glissent une canette vide dans un des buts d'un baby-foot pour éviter de payer les parties suivantes. Un autre regarde un dessin animé sur la vieille télé suspendue à un coin du plafond.
– Entre l'aspiro et le baby-foot, comment faites-vous pour dormir ?
– Non, non, je ne dormais pas... Bon, je peux vous aider ?
– J'ai réservé une chambre pour une semaine, dit l'étrangère.
– Ah ! s'exclame le réceptionniste, le nez dans le registre. Mademoiselle Wilson, c'est ça ? C'est votre "first time" en France ? dit-il en riant nerveusement. Oui, je parle un peu anglais.
Pendant que la jeune femme lui raconte qu'elle a fait bon voyage et que j'essaye de négocier une chambre malgré mon âge, la femme de ménage a débranché l'aspirateur et l'a porté à l'étage supérieur, l'un des deux jeunes a crié "Demi !", l'autre a froncé les sourcils, et le troisième a disparu, la tempête naissante ayant occasionné un brouillage télévisuel. On nous fait monter à l'étage, le réceptionniste ayant accepté ma requête pour le motif que je ne compte rester que quelques jours, le temps de me trouver un logement à moi. La femme de ménage fait un boucan incroyable en tentant de faire entrer l'aspirateur dans un placard à balai, flanquant de grands coups de pied dans l'appareil. Le réceptionniste la sermonne en pointant du doigt l'horloge murale qui indique onze heures du soir, tout de même. On me confie la clé de ma chambre.

Après avoir salué l'anglaise, dont la chambre assignée n'est qu'à quelques portes de la mienne, je m'enferme et dépose mes affaires (veste, sac à dos, portefeuille, carte de presse) sur le lit simple. Ma fenêtre donne sur la rue principale du village, et mes seuls voisins d'en face sont un bar-restaurant et une boulangerie. Je profite du calme retrouvé pour sortir le trépied bon marché de mon sac et le déploie face à la fenêtre. La caméra vissée comme il faut, je fais le point une minute, mais c'est peine perdue : la rue est trop sombre, on ne voit rien. Je verrai demain.
Quand mon réveil sonnera à huit heures, ce sera un nouveau départ. La rentrée scolaire des enfants coïncidera avec ma rentrée à moi. Je travaillerai alors au sein de la rédaction d'un petit journal. Comme si j'entrais au CP. Je n'ai toujours pas vu à quoi pouvaient ressembler mes collègues, tout ce que je sais, c'est le son que donne la voix de mon chef à travers un téléphone. J'ai quitté mon ancien employeur pour un coin que j'espère plus tranquille. La trentaine à peine passée, et déjà vieux. Je ne suis pas du tout un homme d'action. Mon nouveau journal s'occupe juste de l'actualité du village (autant dire pas grand-chose) et des quelques patelins voisins. C'est surtout une gazette pour petites mémères, avec une courte rubrique "Naissances, mariages et décès", pas de quoi changer le monde... J'aurais dû éviter le café avant de venir. Le lit où je m'étends est assez bien bordé mais sent le vieux. Il n'a pas dû voir de nouveaux clients depuis des mois. En même temps, quel genre de "jeune", dans cette auberge de "jeunesse", pourrait passer ses vacances dans un coin paumé de Normandie ? Un si petit village a vraiment besoin d'une auberge ? Je ne sais pas, il y a peut-être des grottes préhistoriques à visiter pas loin, comme celle du cheval.

Ma tête quittant ses rêveries et mes yeux le ventilateur du plafond qui tente de m'hypnotiser depuis tout à l'heure, j'ouvre mon portable pour régler l'alarme. Déjà deux heures du matin et pas moyen de trouver le sommeil, sûrement à cause de tout ce que demain comportera d'inconnu. J'ai envie de fumer... Même si j'ouvre la fenêtre, il y aura des odeurs, et je n'ai pas envie de me mettre la femme de ménage à dos, elle n'a pas l'air commode, après ce qu'elle a fait à cet aspirateur, et juste devant son supérieur ! Elle a du courage, elle a peut-être raison. Parfois, il faut dire "Non patron, j'ai les nerfs en pelote, faut que j'évacue." Ce n'est pas mon genre. Bon, je vais descendre sur le parking sans faire de bruit, j'espère ne croiser personne.

Descendu d'un étage, le bruit blanc de la télévision semble habiter ce hall depuis la nuit des temps. Il n'y a personne, les lumières sont éteintes, si ce n'est la neige de la télé et le rectangle vert de l'issue de secours. Le réceptionniste n'est pas là. Tant mieux, je n'éveillerai aucun soupçon à sortir comme ça, avec mon pantalon-jogging-pyjama. Mais voilà-t-il pas que la porte d'entrée est fermée. C'est une blague ? Tout semblait si vivant, il y a une heure de ça. Et maintenant, un hôtel abandonné. Où est cet endormi de réceptionniste ? Ca ne me ressemble pas d'être sans-gêne, mais je grimpe avec mes chaussures sur un canapé (en cuir marron, faute à moitié pardonnée) et ouvre une des fenêtres du hall. A cet instant, je dois vraiment passer pour un cambrioleur en fuite, si quelqu'un débarque... Je me glisse sans mal à l'extérieur.
J'ai sous-estimé le vent du Nord. Il me faut bien trente coups de briquet pour allumer ma cigarette, sans parler de mon squelette qui tremble de tous ses os. La nuit est très noire et silencieuse, le maire certainement économe en électricité. L'unique son vient d'un hibou ou d'une chouette. Ah non, un autre. On aurait dit un enfant qui crie, ou un ado qui fait la fête, ou les gonds de métal d'une porte qui grincent. J'aime assez les polars et les films d'horreur, donc ma première pensée se trouve être un enfant agressé dans son jardin. A deux heures et demie du mat' en plus, c'est un peu téléphoné. Mais si je tends l'oreille, les oiseaux du jour chantent déjà. Je n'aime pas cette sensation, l'impression d'avoir manqué quelque chose.


Dernière édition par Minimus le Jeu 31 Juil 2014 - 0:44, édité 1 fois (Raison : ajout de la page des commentaires)
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MessageSujet: Commentaires de Carimaras   Carimaras [roman] Icon_minitimeJeu 31 Juil 2014 - 0:43

Bonjour à tous  cheers 

Corrections, recommandations, questions, je vous écoute !
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MessageSujet: Re: Carimaras [roman]   Carimaras [roman] Icon_minitimeJeu 31 Juil 2014 - 3:11

En ce qui me concerne comme lecteur, j'ai adoré cette lecture. Dans tes descriptions, tu nous donnes souvent des choix, ce qui fait vagabonder notre imagination. On cesse un peu de lire , et si... on se questionne. Je préfère de loin lire ce que tu as composé que des textes rigides comme des codes de loi.

Il ne comporte pas nos plus de mots académiques longs comme le bras. Ce genre de texte est apprécié par celui ou celle qui une fois sa longue journée de travail terminée, le repas ingurgité et la vaisselle rangée ou elle se doit, se prend un livre, allonge ses pieds fatigués sur le pouf et lit pour se détendre. Ce genre de lecteur dont votre humble serviteur fait partie adore ce genre de style.

Bravo!  cheers 




















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MessageSujet: Re: Carimaras [roman]   Carimaras [roman] Icon_minitimeJeu 31 Juil 2014 - 8:47

Minimus a écrit:

I

"Personne ne me veut du mal."

1.

"Là je filme le ciel, les étoiles sont très nombreuses et brillantes, mais c'est une caméra bon marché, je ne suis pas sûr qu'on les distingue bien. Tu me diras quand t'auras vu la vidéo. Peut-être que ta télé est toute noire en ce moment, mais au moins tu as ma voix pour t'accompagner (rires). Je ne sais pas s'il y a plus de nuages en ville, mais je n'ai jamais vu les étoiles comme ça."

J'éteins le point rouge du caméscope et quitte la lisière froide pour la chaleur de ma Twingo, puis (Je trouve cette articulation de phrase un peu maladroite, surtout sachant qu'elle bient déjà après un "et". Le rythme ne me parait pas très harmonieux.)roule en direction du village. D'ici, on n'en aperçoit que les hauts lampadaires du terrain de foot avec leur lumière blanche ou verte. Après une minute trente d'un sketch moyen à la radio, le nom de "Boisvillain" apparaît sur un panneau au pied recouvert de boue. Je freine d'un coup. La pression des pneus sur la chaussée fait partir les graviers comme des balles. J'ai bien fait de tourner la tête pour m'assurer du nombre de L sur le panneau (ah, il a de drôles de manies^^), sans quoi j'aurais manqué l'autostoppeuse cachée derrière.
– Ce n'est pas très malin de vous être postée là, dis-je en baissant la vitre. J'aurais pu ne pas vous voir. Montez !
– Désolée, c'était pour me protéger du vent (elle a un accent ravissant)(Je ne suis vraiment pas convaincue par les parenthèses, et pour la narration il faut retourner à la ligne.). Son visage est entouré d'une capuche à fausse fourrure et elle claque des dents comme un personnage de cartoon perdu dans les glaciers. (et du coup là il faudra remettre un tiret à la ligne, avec une incise pour qu'on comprenne qui parle) Vous allez à Boisvillain ? J'ai rendez-vous à l'auberge de jeunesse, près du terrain de sport, vous connaissez ?
– Non, j'arrive tout juste dans cette campagne, je suis là pour le travail.(Parce que là moi j'ai perdu le fil du coup, qui arrive où pour faire quoi, je ne sais plus^^)
Dans la voiture, il fait noir mais chaud. La seule lumière, d'un vert surnaturel (même si je comprend l'effet, je ne suis pas sûre que l'adjectif surnaturel soit approprié ici. La lumière n'est pas dû à un évènement inhabituel, elle sort juste du tableau de bord, donc artificiel ou quelque chose de ce goût me paraîtrait plus adapté. Sinon, tu mets des indices de fantastique avant que ce ne soit nécessaire.) , sort du tableau de bord. La passagère regarde au travers de la vitre où se reflète le compteur kilométrique distordu. Au dehors, des espèces (pourquoi des espèces? C'est des lapins mais pas tout à fait lapins?^^ Encore quelque chose qui pourrait tendre vers le fantastique, comme s'il arrivait quelque part où les lapins ont mystérieusement trois oreilles, or je ne suis pas sûre que ce soit voulu, et si c'est le cas il faudrait carrément l'accentuer je pense.)de lapins blancs effrayés jaillissent des touffes d'herbe pour se cacher dans les stries agricoles. La capuche de la jeune femme s'est tellement bien moulée sur sa tête qu'elle est obligée de pivoter tout le haut du corps quand elle se tourne vers moi pour me remercier.

Passés les champs et les fermes qui bordent la commune, nous retrouvons enfin la civilisation : rues salies de lignes marrons jumelées par le passage d'un tracteur, rues désertes à cette heure du soir, rond-point sans relief(,) simplement peint sur le sol(Les ronds points les plus dangereux du monde^^). La voiture longe ses sœurs garées à l'entrée des maisons endormies, les haies plus ou moins entretenues, les boîtes aux lettres qui disent PAS DE PUB SVP MERCI (dans cette phrase, tu passes de "des" à "les" sans aucune articulation, ça donne quelque chose de bizarre je trouve. Je mettrais une articulation du genre "des maisons endormies, avec leur haies plus ou moins entretenues et leurs boîtes aux lettres..."mais ça risque d'alourdir un peu, donc à toi de voir.), jusqu'à la seule bâtisse éclairée à cette heure-ci.
– C'est l'auberge, vous pouvez me déposer ici.(Bah voila du coup comme j'ai pas compris le début, là je ne comprend pas non plus qui dit quoi, et même si j'avais saisi la première fois, les lecteurs sont parfois des fainéants à mémoire courte, il serait bon de rajouter une incise pour préciser qui parle^^ Tu peux en profiter pour décrire leurs expressions également, rendre leur échange un peu plus vivant.)
– Trente-deux ans, c'est pas trop vieux pour louer une chambre ? Je cherche moi-même un lieu où dormir.(C'est curieux quand même, s'il est là pour le travail il aurait dû prévoir son coup, ou alors il est particulièrement tête en l'air et manque d'organisation^^)


Ding-ding : la clochette, positionnée comme un seau d'eau farceur, réveille le réceptionniste. Accompagné de la frileuse à capuche, je(tiens c'est vrai, c'est une narration à la première personne, et pourtant on est presque jamais dans la tête du personnage. C'est très curieux, et ça ne nous aide pas à le connaitre, on dirait presque une narration externe jusque là, désincarnée.)  traverse le hall recouvert d'un tapis au motif hypnotique qu'une femme de ménage dépoussière à grands coups d'aspirateur.(hem, il y a une femme de ménage qui passe l'aspirateur, mais le réceptionniste dormait? Et avec le boucan de la machine, comment il a entendu la petite clochette?) Deux garçons d'une vingtaine d'années glissent une canette vide dans un des buts d'un baby-foot pour éviter de payer les parties suivantes. Un autre regarde un dessin animé sur la vieille télé suspendue à un coin du plafond.
– Entre l'aspiro et le baby-foot, comment faites-vous pour dormir ? (ah donc il n'y a pas que moi que ça étonne^^ Mais s'il a le sommeil lourd, comment la simple clochette peut le réveiller, ça ça reste un mystère^^)
– Non, non, je ne dormais pas... Bon, je peux vous aider ?
– J'ai réservé une chambre pour une semaine, dit l'étrangère.
– Ah ! s'exclame le réceptionniste, le nez dans le registre. Mademoiselle Wilson, c'est ça ? C'est votre "first time" en France ? dit-il en riant nerveusement. Oui, je parle un peu anglais.
Pendant que la jeune femme lui raconte qu'elle a fait bon voyage et que j'essaye de négocier une chambre malgré mon âge, la femme de ménage a débranché l'aspirateur et l'a porté à l'étage supérieur, l'un des deux jeunes a crié "Demi !", l'autre a froncé les sourcils, et le troisième a disparu, la tempête naissante ayant occasionné un brouillage télévisuel. (Alors là j'adhère pas DU TOUT à cette phrase. Déjà puisque tout se passe en même temps, je pense que le passé composé ne se justifie pas. Ensuite, ça donne l'impression que tout cela se passe très très vite, comme si le personnage narrateur faisait un malaise et qu'il voyait soudain tout en accéléré, et c'est très déstabilisant si ce n'est pas justifié. Prend ton temps si tu décides de te lancer dans une description, sinon ce n'est pas la peine.) On nous fait monter à l'étage, le réceptionniste ayant accepté ma requête pour le motif que je ne compte rester que quelques jours, le temps de me trouver un logement à moi ("me" trouver +"à moi" c'est un peu redondant et lourd du coup). La femme de ménage fait un boucan incroyable en tentant de faire entrer l'aspirateur dans un placard à balai, flanquant de grands coups de pied dans l'appareil.(Comme je la comprend cette pauvre femme. C'est que c'est pas maniable ces bestioles!^^) Le réceptionniste la sermonne en pointant du doigt l'horloge murale qui indique onze heures du soir, tout de même.(Pourquoi tout de même? On est dans la tête de ton personnage, essaye de ne pas l'oublié, si on doit avoir ce genre de locution, ça doit être les siennes, pas celles du réceptionniste.) On me confie la clé de ma chambre.

Après avoir salué l'anglaise, dont la chambre assignée n'est qu'à quelques portes de la mienne, je m'enferme et dépose mes affaires (veste, sac à dos, portefeuille, carte de presse) sur le lit simple. Ma fenêtre donne sur la rue principale du village, et mes seuls voisins d'en face sont un bar-restaurant et une boulangerie. Je profite du calme retrouvé pour sortir le trépied bon marché de mon sac et le déploie face à la fenêtre. La caméra vissée comme il faut, je fais le point une minute, mais c'est peine perdue : la rue est trop sombre, on ne voit rien. Je verrai demain.
Quand mon réveil sonnera à huit heures, ce sera un nouveau départ. La rentrée scolaire des enfants coïncidera avec ma rentrée à moi (même réfléxion que précédemment pour MA rentrée à MOI). Je travaillerai alors au sein de la rédaction d'un petit journal. Comme si j'entrais au CP. Je n'ai toujours pas vu à quoi pouvaient ressembler mes collègues, tout ce que je sais, c'est le son que donne la voix de mon chef à travers un téléphone. J'ai quitté mon ancien employeur pour un coin que j'espère plus tranquille. La trentaine à peine passée, et déjà vieux. Je ne suis pas du tout un homme d'action. Mon nouveau journal s'occupe juste de l'actualité du village (autant dire pas grand-chose) et des quelques patelins voisins. C'est surtout une gazette pour petites mémères, avec une courte rubrique "Naissances, mariages et décès", pas de quoi changer le monde...(ça mérite de changer de paragraphe là je pense) J'aurais dû éviter le café avant de venir. Le lit où je m'étends est assez bien bordé mais sent le vieux. Il n'a pas dû voir de nouveaux clients depuis des mois. En même temps, quel genre de "jeune", dans cette auberge de "jeunesse", pourrait passer ses vacances dans un coin paumé de Normandie ? Un si petit village a(-t-il) vraiment besoin d'une auberge ? Je ne sais pas, il y a peut-être des grottes préhistoriques à visiter pas loin, comme celle du cheval.

Ma tête quittant ses rêveries et mes yeux le ventilateur du plafond qui tente de m'hypnotiser depuis tout à l'heure, j'ouvre mon portable pour régler l'alarme. Déjà deux heures du matin et pas moyen de trouver le sommeil, sûrement à cause de tout ce que demain comportera d'inconnu. J'ai envie de fumer... Même si j'ouvre la fenêtre, il y aura des odeurs, et je n'ai pas envie de me mettre la femme de ménage à dos, elle n'a pas l'air commode, après ce qu'elle a fait à cet aspirateur, et juste devant son supérieur ! Elle a du courage, elle a peut-être raison(Du courage, pour ranger un aspirateur récalcitrant? Raison de quoi, ça veut dire que l'aspirateur à tord? Je suis plus trop là, c'est normal?^^). Parfois, il faut dire "Non patron, j'ai les nerfs en pelote, faut que j'évacue." Ce n'est pas mon genre. Bon, je vais descendre sur le parking sans faire de bruit, j'espère ne croiser personne. (C'est quand même très étrange que pendant tout le début du texte on ne l'entende pas broncher, et là on ne peut même plus voir quoi que ce soit tellement il nous parle dans le vide^^ C'est presque trop directe pour le coup)

Descendu d'un étage, le bruit blanc de la télévision semble habiter ce hall depuis la nuit des temps. Il n'y a personne, les lumières sont éteintes, si ce n'est la neige de la télé et le rectangle vert de l'issue de secours.(quelqu'un a prit la peine d'éteindre la lumière mais pas la télé..?) Le réceptionniste n'est pas là. Tant mieux, je n'éveillerai aucun soupçon à sortir comme ça, avec mon pantalon-jogging-pyjama. Mais voilà-t-il pas que la porte d'entrée est fermée. C'est une blague ? Tout semblait si vivant, il y a une heure de ça. Et maintenant, un hôtel abandonné. Où est cet endormi de réceptionniste ? Ca(Alt+128 pour le Ç) ne me ressemble pas d'être sans-gêne, mais je grimpe avec mes chaussures sur un canapé (en cuir marron, faute à moitié pardonnée) et ouvre une des fenêtres du hall. A(Alt+0192 pour À) cet instant, je dois vraiment passer pour un cambrioleur en fuite, si quelqu'un débarque... Je me glisse sans mal à l'extérieur.
J'ai sous-estimé le vent du Nord. Il me faut bien trente coups de briquet pour allumer ma cigarette, sans parler de mon squelette qui tremble de tous ses os. La nuit est très noire et silencieuse, le maire (est ou étant, sinon la réflexion se lie mal avec le reste)certainement économe en électricité. L'unique son vient d'un hibou ou d'une chouette. Ah non, un autre. On aurait dit(pourquoi un tel passé d'un coup?) un enfant qui crie, ou un ado qui fait la fête, ou les gonds de métal d'une porte qui grincent. J'aime assez les polars et les films d'horreur, donc ma première pensée se trouve être un enfant agressé dans son jardin(Vraiment bizarre le type^^). A(À) deux heures et demie du mat' en plus, c'est un peu téléphoné (Euh, normal que je comprenne pas, mais alors pas du tout ce truc? Oo). Mais si je tends l'oreille, les oiseaux du jour chantent déjà. Je n'aime pas cette sensation, l'impression d'avoir manqué quelque chose.
Bon, il y a de bonnes choses dans ce texte, mais selon moi il y a également de gros défaut.
Pour les bonnes choses, on a la sensation que tu sais où tu vas, et ça pour le lecteur c'est agréable : ça le met en confiance et ça lui donne envie d'avancer dans l'histoire. Le style est relativement fluide également, et s'il n'y avait pas le gros défaut suivant, il n'y aurait pas grand chose à reprocher.
Mais! Là où on ne saisit pas du tout ce que tu veux, c'est avec ta narration. Or, la narration c'est primordiale. Si tu veux rester en première personne, il faut donner corps et âme à ton narrateur, qu'on sente qu'il est vivant, qu'on est dans sa tête, que c'est une personne qui nous parle et non pas une entité désincarnée. Et il faut qu'on le sente tout du long, mais de manière subtile : vers la fin de ton texte par exemple, ça devient lourd, ça coupe l'action et la représentation que se fait le lecteur de la scène. Si tu veux jeter un oeil à une narration en première personne extrêmement bien menée, je te conseille d'aller voir La Colombe de Chrome de Morrigan.
Sinon, un autre détail qui m'a gêné : je ne sais pas trop sur quel pied danser par rapport à l'ambiance. Tantôt on a l'impression que tu veux juste nous représenter le quotidien, tantôt on a l'impression que tu veux nous faire comprendre que les extraterrestres ont débarqués. Mélanger la normalité et le surnaturel n'est pas un problème en soit, mais ça demande une certaine habileté pour que le lecteur si retrouve. Quand quelque chose n'est pas normal, il ne faut pas le faire passer pour tel, par exemple : le narrateur, surtout en tant que personnage, doit nous faire sentir que ça cloche et que ça l'inquiète. Il faut donc choisir le bon moment et le bon passage pour nous donner les indices, et insister dessus via les effets produits sur le moral du narrateur.
Voilà, je pense en fait qu'il faut surtout que tu travailles la voix de ton personnage et le ton du texte, ce sera beaucoup plus agréable à lire ensuite. J'attends de voir comment tu vas faire donc, et ce qui va arriver à ton héros!

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MessageSujet: Re: Carimaras [roman]   Carimaras [roman] Icon_minitimeJeu 31 Juil 2014 - 12:49

Merci beaucoup à vous deux pour ces commentaires, d'avoir pris le temps de lire ce premier chapitre, et pour cette (longue) annotation du texte. Je pense que ce chapitre est plus "instable" que sa suite (j'en suis actuellement à l'écriture du troisième), l'ayant rédigé alors que la structure générale de l'histoire était encore floue dans ma tête, je reconnais tout à fait que le narrateur n'est pas encore très bien "campé", disons que même aujourd'hui sa personnalité n'est pas complètement définie, mais elle le devient à mesure que j'écris. Je pense qu'à la fin de cette première partie - et comme la structure de l'histoire complète est beaucoup plus claire aujourd'hui dans ma tête -, une relecture s'imposera, ainsi que ses modifications.

J'espère que la suite vous plaira davantage, je compte ne poster qu'un chapitre tous les trois / quatre jours, histoire de vous (et de me) laisser de la marge.

Encore merci, et je vais jeter un oeil au texte de Morrigan pour la peine  Very Happy 
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MessageSujet: Re: Carimaras [roman]   Carimaras [roman] Icon_minitimeJeu 31 Juil 2014 - 19:10

Ma critique me fait sembler à un bébé qui tient un hochet et qui est subjugué par l'objet. Elle est primaire comparé à celle de Cerise ou j'ai beaucoup appris.

Bravo!
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MessageSujet: Re: Carimaras [roman]   Carimaras [roman] Icon_minitimeJeu 31 Juil 2014 - 20:32

Postes nous un texte de ton cru tatex, je viendrais y faire de même ^^
Honnêtement chaque avis a de la valeur, même le tiens. Je ne fais que donner un avis de lectrice, je suis encore loin du niveau de pro pour la critique  Wink 

Je lirais la suite avec plaisir minimum, par contre, ne te précipite pas pour poster même si tu vois que tes trois quatre jours sont postés, il vaut parfois mieux attendre que ton texte attire un peu plus de commentateurs, ça en fera toujours plus à te suivre sur le long terme^^Sachant également que le forum a parfois ses périodes creuses, où personne ne viendra lire, faute de temps : il ne faut pas s'en inquiéter  ::rolling:: 
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MessageSujet: Re: Carimaras [roman]   Carimaras [roman] Icon_minitimeJeu 31 Juil 2014 - 22:38

Bonne idée!

Je vais en mettre un, mais seulement lorsque je ne pourrai et ne saurai plus comment l’améliorer. Je pourrai alors voir quelles sont mes défauts , mes lacunes etc.
Ça me ferais le plus grand bien et serai aussi d’une grande aide parce que dans mon entourage personne ne peut me faire une critique. Ce qui fait que je ne sais pas où j’en suis.

Merci encore pour cette bonne idée!
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MessageSujet: Re: Carimaras [roman]   Carimaras [roman] Icon_minitimeLun 11 Aoû 2014 - 0:00

2.

La rentrée des classes crée une certaine effervescence dont ce village ne doit pas être habitué. Dans la rue principale, passant devant ma fenêtre, un fleuve de parents traînant leurs enfants par la main coule en sens unique vers un bâtiment blanc. Certains pleurnichards jouent les saumons audacieux et courent vers leur maison, leur chambre, leur lit. Une fessée innocente les remet dans le droit chemin. Je sors après avoir salué le réceptionniste qui a un énorme épi sur la tête. Dehors, le bar et la boulangerie sont réveillés par leurs premiers clients. En passant sous la fenêtre de ma chambre, je remarque l'objectif de mon caméscope qui m'observe. Plus tôt, j'ai réussi à régler l'image bien nette, et ce malgré la lumière grise de cette journée. Quand je rentrerai en fin d'après-midi, j'aurai plus de huit heures de cette rue et de ses passants enregistrées. Attention, je ne suis pas fou, et encore moins parano ou pervers. C'est un simple plaisir de vidéaste amateur.


Ma première journée de travail s'est terminée par un café que je qualifierais d'aqueux. J'avais tout bien fait, mais je me suis un peu ridiculisé sur la fin. On buvait justement de ce café immonde, dehors, devant l'entrée de nos bureaux. Une feuille morte est tombée du ciel ou de je ne sais quel arbre et a atterri pile sur ma nuque. Et comme j'ai une peur inavouable des araignées, mon imagination s'est affolée et j'ai sursauté en criant comme une fille. Le chef de l'équipe du journal, Monsieur Bénédicte – accessoirement l'adjoint du maire – a bien rigolé, et après lui tout le reste de la bande. Je dis la bande, mais nous ne sommes que trois à la rédaction : Bénédicte, moi-même, et une jeune stagiaire qui s'occupe des coups de fil. Le chef m'a déjà confié ma première mission. Je vais devoir assister à la foire à tout du village - un genre de vide-grenier réunissant tous les âges - qui se tient la semaine prochaine sur le terrain en face de l'école et rédiger un article qui rendra compte de son bon déroulement. Rien de captivant, mais je m'y attendais, je ne vais pas me plaindre.
Comme je sors du petit local constituant le QG de notre journal, la cloche de l'école résonne et j'aperçois les enfants fuyant l'établissement à toute vitesse, avec leurs cartables démesurés qui secouent leurs épaules. Ils rejoignent un groupe de mères toutes habillées de manteaux sombres dont les coins se plient sous les coups de vent. Je pense à des corbeaux alignés sur une branche. Un petit merdeux jette un morceau de pain dans une poussette pour qu'un pigeon s'y précipite. Une plaisanterie qui ne fait pas rire la mère qui envoie son sac à main dans la tête du garçon. Tout ceci pourrait m'être très utile pour la rédaction d'un article sur la vie à la campagne.
– Hey !
Un accent anglais me tire de mes observations... La revoilà, la touriste d'hier soir. Elle porte un sac à dos et un livre tout corné à la main. De jour, je découvre qu'elle a des taches de rousseur. Elle est d'autant plus charmante.
– Vous vous promenez ?
– Même pas, je sors du boulot. Je rentrais à l'hôtel.
J'apprends qu'elle s'apprête à visiter le village, armée de son guide sur la flore locale et, me voyant seul, me propose de l'accompagner. Ses beaux cheveux de feu me font accepter d'office.
Sur le chemin, j'apprends beaucoup d'autres choses. Qu'elle est anglaise, que son prénom est Joy, qu'elle a vingt-cinq ans, qu'elle étudie la littérature française à l'université. Nous quittons la rue principale qui traverse le village et nous engageons dans une autre, moins large – deux voitures ne passeraient pas – et plus déserte, pour découvrir "ce qui n'est pas connu", dit-elle... Nous tombons directement sur un terrain vague, ça commence bien. Le grillage qui l'entoure est tordu par endroits, et derrière lui s'étend le jardin abandonné, plein de mauvaises herbes et de pneus. Il y a même un vieux fauteuil crevé. Je vois Joy ouvrir son bouquin sur les fleurs du coin.
– Je doute que vous trouviez des fleurs intéressantes par ici.
– Même si elles sont pas belles, elles peuvent être gentilles.
Hmm... Son français n'est pas toujours parfait, mais elle se débrouille toujours mieux que moi en anglais.
– Gentilles ? Vous voulez dire "utiles" ?
– Voilà ! « Adventices, ou "mauvaises" herbes : longtemps tenues pour grand méchant loup des jardins, elles recèlent pourtant des propriétés médicinales sans pareil et à moindre coût. Utilisées en cuisine, elles sauront vous bla bla bla... » Vous voyez ?
– Vous voulez faire une soupe d'orties ?
– C’est très bon je crois, mais faut faire attention à pas piquer.
– Alors, vous vous y connaissez en remèdes de grand-mère... C'est drôle, j'aurais pensé qu'une jeune femme préférerait les jolies fleurs, les roses ou les tulipes.
– C'est différent encore. Il y a les fleurs jolies et les fleurs "utiles" comme vous dites. Moi je préfère quand c'est utile, mais j'aime bien aussi quand c'est joli.
– Je vois, dis-je, ne sachant plus quoi ajouter.
Nous continuons notre promenade. Je regarde de tous côtés, espérant trouver une maison à colombages pure race normande, je sens que ça peut l'impressionner. Mais on arrive devant le cimetière, avec l'église juste derrière. Super ! crie-t-elle en accélérant le pas. J'ai cru qu'elle était heureuse de voir les hortensias à l'entrée, formant un dégradé parfait allant du bleu au rose, mais non, elle passe la grille pour contempler les sépultures. J'entre, un peu surpris. Le sol du cimetière est recouvert de cailloux, ce qui fait que nos pas "croustillent"... Donc, en plus des plantes, elle aime les tombes ?
– Non, m'explique-t-elle, mais j'aime beaucoup l'ambiance des cimetières. Vos écrivains, il y a plus de cent ans, ont écrit des histoires géniales et peureuses !
– Qui font peur ?
– Oui ! Et grâce à ces fantastiques histoires, les cimetières sont moins ennuyeux, parce qu'il y a l'ambiance de ces histoires dedans, vous comprenez ?
– Oui.
– Maintenant, pour rigoler, on s'imagine toutes sortes de choses, comme les morts qui sortent du sol pour hanter le village la nuit, etc. Il faut avoir un peu d'imagination.
Soudain, les cailloux croustillent derrière nous.
– Salut, je suis le fossoyeur.
Surpris par la face hirsute apparue dans mon dos, je pousse un cri de fillette. Joy semble fascinée.
– Hihi, ayez pas peur, je suis juste le gardien. Je retire les mauvaises herbes près des tombes et aide le père Krestfallen pour faire les poussières dans l'église.
Le père Krestfallen ? Qu'est-ce que c'est que ce nom inventé pour se donner un genre... Joy, toujours dans sa fascination, me chuchote, en se rapprochant (comme s'il y avait déjà une complicité entre nous, ce qui me gêne un peu, et me fait plaisir aussi, j'avoue) : « Krestfallen, quel nom magnifique, on dirait le nom d'un comte vampire d'Europe de l'Est, et ce gardien serait son serviteur bossu... »
... Haha... hah... Chérie, tu ne devrais pas tant confier tes pensées aux gens, et dévoiler ainsi ta personnalité, ils pourraient trouver ça glauque, ou bizarre ! Faut savoir garder un peu de mystère, ma puce. Heureusement, tu es bien tombée, je suis plutôt ouvert d'esprit, viens dans mes bras...
Je ne lui dis rien de tout ça, mais ses états d'âme auraient de quoi en dérouter plus d'un. Je ne partage pas trop son délire gothique, cimetières et vampires, mais je ne peux pas m'empêcher de la trouver... pas mal. Du coup, je lui réponds juste :
– Héhé, c'est vrai !
Un prêtre, apparu de je ne sais où, hume le lilas dans le petit jardin qui sépare l'église du cimetière. Le gardien a ses yeux cernés tournés vers lui.
– Alors mon père, comment se sont passées les confessions ?
– Très bien, il n'y avait personne. L'humanité n'a aucun problème, apparemment.
Il soupire. Je n'ai jamais vu une mine aussi triste.
– Grichka, vous passerez l'aspiro dans la sacristie.
– Vous pouvez pas le faire vous-même, mon père ?
– Je suis un vieil homme, nom de Dieu ! Ayez un peu pitié !
Sur ce, il met une gifle au lilas et disparaît dans l'église en soupirant.
– Bon, je vais m'en occuper, nous dit Grichka le gardien. Faites pas attention, il déprime parce qu'il y a plus que des vieux qui viennent le dimanche à la messe. Allez, salut.
Comme il disparaît à son tour, Joy et moi marchons entre les rangées de tombes. Les marbres gris, plus ou moins clairs, plus ou moins foncés, sont incrustés de lettres d'or et de pensées pour les défunts. Je n'aurais pas imaginé ça pour un premier rendez-vous galant, mais pourquoi p–
– Ce n'en est pas un.
Joy m'extirpe de mes fantasmes.
– Hein ?
– C'est pas des caveaux ça, c'est comment déjà ?
Elle me montre du doigt deux petites maisons de pierre, chacune avec une porte de fer joliment ornée et entourée d'une grille peinte en bleu nuit. C'est un truc familial, une...
– Une chapelle funéraire, voilà c'est ça, m'exclamé-je, pas peu fier de lui apprendre quelque chose. Ces deux-là doivent appartenir à deux familles riches du village.
– C'est très poétique, fait-elle, songeuse. Comme ça, la famille reste toujours ensemble, dans la maison des vivants, puis dans la maison des morts.
– On a une expression pour ça, en français. On dit "la dernière demeure".
Nous nous baladons encore un peu sous le ciel devenu orange sans qu'on s'en aperçoive, et rentrons à l'auberge, avec le mauve à l'horizon qui gagne du terrain.
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MessageSujet: g   Carimaras [roman] Icon_minitimeLun 11 Aoû 2014 - 9:47

Bonjour,

J'ai pris ton récit en cours et du coup, emballé par ton histoire, je vais le reprendre depuis le début.

Deux trucs bizarre cependant :

à la foire à tout du village: Qu'as-tu voulu dire par là ?

mais pourquoi p– : il manque pas quelque chose ?

Il y a quelques mots, quelques phrases qui m'ont plus : "croustillant" les corbeaux et le pain que jette le gamin dans la poussette.

Bon, je vais aller lire le début.
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MessageSujet: Re: Carimaras [roman]   Carimaras [roman] Icon_minitimeLun 11 Aoû 2014 - 9:56

Donc, je suis allé lire le début et j'ai trouvé ça super. Je crois que je vais m'accrocher.

Cependant, il y a une chose qui m'interpelle : comment s'est-elle qu'il a trente deux ans ? J'ai peut-être loupé l'info ?
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MessageSujet: Re: Carimaras [roman]   Carimaras [roman] Icon_minitimeLun 11 Aoû 2014 - 11:15

Bonjour, et merci d'avoir lu !

Une "foire à tout" est une expression locale de Normandie (où se passe l'histoire) qui n'est autre qu'un vide-grenier organisé par une commune où chacun peut s'inscrire et vendre ses objets sur un stand alloué.

"Mais pourquoi p-" : le narrateur se trouve simplement interrompu dans ses pensées par l'intervention de la touriste.

Pour les 32 ans : ce passage semble peu clair puisque tu n'es pas le premier à me faire la remarque, mais la personne disant cela est le journaliste lui-même, et non la fille.
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MessageSujet: Re: Carimaras [roman]   Carimaras [roman] Icon_minitimeLun 11 Aoû 2014 - 11:28

Merci pour ces précisions
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MessageSujet: Re: Carimaras [roman]   Carimaras [roman] Icon_minitimeDim 31 Aoû 2014 - 15:53

3.

Bibip...
Bibip...
Ah... un appel urgent ? C'est Bénédicte ! Non, c'est juste l'alarme. Heureusement que ce n'est pas un appel, d'ailleurs, parce qu'avec ma voix d'adolescent au réveil... Il est six heures. Je me lève plus tôt que d'habitude aujourd'hui, car c'est jour de foire à tout ! (ou vide-grenier, si vous n'êtes pas du coin) Programme de la journée : prendre des notes, suffisamment pour passer ma soirée à rédiger l'article en question, et d'un point de vue personnel, apprendre à connaître les habitants du village ; ce n'est pas en restant dans ma bulle que je vais m'intégrer. Bénédicte m'a même conseillé de participer à la randonnée du mois prochain, il m'a juré que je "m'éclaterai". Je ne sais pas s'il se moquait de moi, je n'ai jamais été doué pour détecter l'ironie, mais je crains que ces randonneurs soient tous du troisième âge. Bref, aujourd'hui, une grosse journée à bosser du matin au soir ! Ce n'est pas que ça me manquait, mais j'en avais marre de ne faire que des prospectus sur le ramassage des poubelles et le numéro à appeler en cas de nids d'hyménoptères. C'est l'heure du détective, de l'investigateur, du grand Reporter !
Tiens, le réceptionniste s'est coupé les cheveux bien courts. Ca jure avec sa petite moustache brune, et son épi quotidien me manquera, dommage. Dans le hall, ça sent le croissant. Des jeunes prennent leur petit-déjeuner en rigolant fort de bon matin. Je ne vois pas Joy. Tant pis, de toute façon le Reporter n'a pas besoin de viennoiserie ou de jus d'orange. Un café serré dans le bar d'en face suffira amplement.


C'est un sentiment étrange. Il y a de l'animation, mais une animation un peu endormie. Sur l'herbe encore humide, on déploie les bâches, on écarte les tréteaux sur lesquels on pose des planches bancales. Sur ces tables de fortune, on ouvre les premiers cartons. Il y a de tout : vieux vinyles de papa et de sa période rock, livres non lus et jamais ouverts du fiston, tee-shirts et pantalons trop petits de la fille... Plusieurs retraités sont là aussi. Assis sur de larges draps étendus, ils vendent de vieilles babioles. De la vaisselle à motifs floraux, des tringles à rideaux... Il y en a même un qui a ramené son radiateur. Certains se servent de l'évènement pour lancer leur commerce : ils viennent vendre les objets qu'ils ont confectionnés eux-mêmes. C'est le cas de cette femme avec un bandana violet et le regard sévère.
– Hé, le nouveau !
Derrière moi, une voix familière.
– Alors, la forme ? me fait mon patron, avec son sourire qui lui double le menton.
– Monsieur Bénédicte ?
– Eh oh, pas de ça entre nous, appelez-moi Chef.
Il éclate de rire.
– Vous ne travaillez pas ? Je vous croyais à la rédaction.
– Non, c'est mon jour de repos... je crois ! Hahaha. Bref, j'en profite pour refourguer mon bazar.
En effet, sur sa planche sont entassés une caisse à outil, un petit barbecue, des vêtements amples, et une console de jeu d'un autre âge. Ce truc doit dater de la fin des années 80.
– Au fait, bon courage pour l'article, pondez-moi un joli papier. S'agirait de donner envie aux gens qui sont pas du village de s'inscrire pour la prochaine !
Et il retourne à ses cartons. C'est bien ma veine, avoir le chef sur le dos pour mon premier article, il va pas arrêter de m'observer, j'en suis sûr. De l'autre côté du terrain, un groupe de jeunes assez bruyant éclate d'un rire que je trouve un peu forcé. Mais ils ne sont pas venus là pour chercher les ennuis, même si leur style vestimentaire et leur propension au bruit laissent penser le contraire, ils ont leur propre stand. Je remarque que Bénédicte les observe d'un oeil mauvais. Ca ne me surprend pas vraiment, c'est sa fonction d'adjoint au maire plus que celle de journaliste qui doit lui remonter au cerveau dans ces cas-là. L'image du village est quasiment entre ses mains après tout, il doit mal apprécier les trouble-fêtes qui la ternissent. Allez, j'ajuste mon feutre fictif de Reporter et accoste leur stand comme ferait un explorateur sur une île de sauvages. De près, ils n'ont pas l'air si sauvage que ça.
– Ah, bonjour monsieur !
– Notre premier client, bienvenue !
Je ne me suis jamais habitué au fait que des moins de vingt-cinq ans m'appellent "Monsieur", mais sur le coup ça n'est pas désagréable, je trouve que ça renforce mon côté Reporter de l'ombre. Sur leur table, ils semblent avoir lancé un commerce de chiffons noirs.
– Je vois que vous regardez nos tee-shirts, ils sont à l'effigie de notre collectif.
Ah oui, des tee-shirts. Je suis d'abord surpris qu'un jeune de cette allure utilise le mot effigie.
– Votre collectif ?
– On est un collectif de rappeurs amateurs. Vous nous prenez un tee-shirt ? C'est seulement quinze euros.
Eh ben, pour un truc qu'ils doivent imprimer eux-mêmes, ils s'embêtent pas. L'apprenti-rappeur déplie un des chiffons, et effectivement il y a deux petites manches qui dépassent. Sur une des faces du tee-shirt, ce qui doit être le nom de leur groupe est imprimé en blanc : « Bad Cauchois », dans une police d'écriture imitant les graffitis urbains. Mais voilà qu'un autre essaye de m'amadouer en faisant comme s'il s'intéressait à moi :
– Vous habitez à Boisvillain, m'sieur ? On vous a jamais vu ici.
– Je suis là depuis une semaine à peine, dis-je sans aucune motivation pour poursuivre cette discussion, faisant un pas vers le stand suivant.
Je remarque néanmoins qu'ils regardent mon calepin d'un air louche, peut-être me prennent-ils pour un espion ou je ne sais quoi.


« Jouets du coin », écrit à la craie sur une de ces ardoises d'écolier à l'ancienne, voilà le genre d'écriteau qui m'accueille sur le stand suivant. C'est tenu par un vieux aux yeux bleus, assez grand, assez dégingandé. Courbé sur sa chaise avec un sourire, il me présente sa marchandise en poussant parfois de petits rires aigus. Il y a là beaucoup de peluches : hermines blanches, chiens malingres et mignons, lutins. « Je les fabrique moi-même », me précise-t-il. Je dois reconnaître qu'elles sont assez bien faites. Ce vieux aussi remarque mon bloc-note et me demande si je compte dessiner ses peluches pour mon propre plaisir. Rien à faire, je ne couperai pas à la curiosité des villageois, il va falloir être patient.
Notre courte conversation se termine sur le sujet du prix de la nuit à l'auberge, et comme quoi « c'est pas très malin de loger là-bas ». Il me propose même de m'héberger, alors qu'on vient de se rencontrer ; sympa ce vieux, bien que peu commerçant, il ne m'a même pas parlé de ses peluches. Je décline son offre le plus poliment du monde en précisant que je vais y réfléchir. Avant de le quitter, il m'incite quand même à passer voir le stand de sa copine la voyante pour me faire lire les lignes de la main.
C'est le stand de la fille au bandana violet et au regard dur que j'ai vu plus tôt. Je ne peux pas me renseigner sur son activité, elle est déjà en consultation avec une de ses clientes. Allumant une cigarette en attendant mon tour, j'écoute ce qui se dit et observe les différents objets qu'elle vend en plus de ses services de prophète : des amulettes, pierres magiques, philtres maison ; des chaussures, les Psychopompes, capables de retrouver plus facilement son chemin dans la nuit ; des bouteilles de thé à la fleur de sureau, etc.
– Je vous sens affaiblie, fais la voyante d'un air grave.
– Je vous le fais pas dire ! soupire la cliente. C'est vrai que je tombe souvent malade en ce moment, je suis pas dans mon assiette.
– C'est évident.
– Je n'ai pas réussi à faire le deuil de mon mari, et ma fille qui est partie vivre avec son petit ami, et le fils qui sèche les cours et traîne dehors jusqu'à pas d'heure, je suis toute seule à la maison pour garder le chien.
– Le deuil, oui. J'allais le dire, je ressens beaucoup de regrets en vous.
– Ca c'est sûr.
– Avez-vous gardé des objets du défunt ?
– Un peu. Du linge de maison, sa collection de maquettes, sa montre...
– Voilà le noeud du problème. Ces objets sont probablement chargés de l'énergie du défunt, et pompent dans vos propres réserves, d'où l'affaiblissement. Amenez-les moi demain, je les viderai de leur qi.
L'air convaincu et retrouvant des couleurs, la cliente lui remet un billet de vingt euros, plus cinq pour une bouteille de thé détoxifiant.
– C'est votre tour, monsieur ?
– Euh...
Je ne suis plus trop sûr. Il est hors de question que je lui file mon fric pour qu'elle me lise l'horoscope. Et puis je ne me sens pas affaibli, moi. Je lui explique ma situation.
– Journaliste ? Dans ce cas, y a bien un message qu'il faudrait faire passer : le maire de ce patelin est un sale con ! Il a refusé que je mette ma caravane sur le bord de la rue principale pour faire mon travail. Faites un article contre lui, ça me rendrait bien service.
Mouais... Quand bien même, Bénédicte risque pas de l'entendre de cette oreille, et puis la folle dans l'histoire, c'est peut-être elle. Vider les objets d'un mort de leur qi ?
– Si vous faites ça pour moi, je peux bien vous faire une séance à l'oeil. Faut se serrer les coudes, entre gens du peuple.
– Non merci. Mais je comprends pas, on vous a interdit de faire la voyante dans la rue principale, mais vous pouvez la faire ici ?
– Vous êtes pas du coin ou quoi ? La foire à tout c'est pas pareil, tout le monde peut s'inscrire, tant qu'on paye pour louer un petit espace, c'est bon, du moment que le maire s'en met plein les fouilles, hein ! Et puis le vieux Denoël m'aime bien, et comme il est dans les petits papiers de la mairie, ça roule.
– Le vieux Denoël ?
– Celui qui vend des peluches, là-bas. C'est tout au fond de son grand terrain que j'ai pu ranger ma caravane. Lui au moins, il est ouvert. Il aime bien toutes les histoire d'au-delà, les légendes locales, etc. C'est un type super, même si certains ici le trouvent bizarre. C'est vrai qu'il est plus perché que moi, hahaha, mais il ferait pas de mal à une mouche. Il vit dans la grande baraque tout au fond du village. Même que pour Halloween, il la décore bien joliment, c'est l'attraction du coin et ça attire tous les gosses. Vous devriez faire un papier dessus, tiens.
En voilà une idée. Et Bénédicte qui me dit toujours qu'il faut rendre le village attractif, ça pourrait être l'occasion d'un bon article.


Pour les vendeurs du dimanche, la foire à tout n'est pas vraiment une journée de travail. Ils ont beau se lever tôt pour l'occasion, préparer leur stand, étaler leur marchandise, j'ai l'impression qu'ils y participent surtout pour l'ambiance conviviale, et parce que ça fait quand même de l'argent de poche. Malgré tout, l'heure de midi ressemble en tous points à une pause déjeuner. Les commerçants improvisés, bien repus après leur sandwich, sont presque allongés sur leur chaise, le ventre en avant, la tête en arrière, prêts pour la sieste, et clignent à peine de l'oeil lorsqu'un client potentiel approche.
Soudain, dans ce calme retrouvé où l'on entend surtout les guêpes, l'un des jeunes rappeurs sort de sous sa chaise un énorme radiocassette qu'il pose ostensiblement sur la planche de sa table qui sursaute. Il appuie sur Play. Un son assourdissant et ultra-saturé se déverse sur le terrain. Bénédicte sort de sa torpeur :
– Oh, arrêtez votre soupe, vous vous croyez chez mémé ? qu'il hurle pour couvrir le son du rap sale.
Les jeunes explosent de rire. Bénédicte en rajoute une couche.
– Et dire que j'ai fait construire un préau juste pour que vous zoniez dedans, c'est vraiment donner DE LA CONFITURE POUR LES COCHONS !
Sa voix s'est faite de plus en plus audible (et sa face plus rouge) à mesure qu'il a poussé sa gueulante. Les jeunes essayent tant bien que mal de contenir leurs éclats de rire dans leurs joues gonflées, mais ça finit par sortir. Moi-même j'ai du mal à me retenir, non pas parce que Bénédicte a engueulé ces petits cons, mais parce que l'écart des générations... enfin, le fait que Bénédicte croie qu'utiliser une expression démodée comme "donner de la confiture aux cochons" soit encore efficace pour remettre à leur place des jeunes d'aujourd'hui... bref, j'ai du mal à m'expliquer, mais voilà. Oh zut. Bénédicte me regarde, zut zut zut. Faut que j'arrête de sourire, mais plus je m'y force et plus c'est dur, mon sourire doit être tout tordu entre l'envie de s'exhiber au grand jour et moi qui aimerais bien le voir disparaître sous terre... C'est bon, son attention s'est reportée sur la source du mal. C'était moins une. Bénédicte bondit d'un coup (sa chaise ne devait pas s'y attendre tant elle a craqué) et se rue vers la bande en criant toujours plus fort. Atteints dans leur dignité, deux des jeunots se lèvent aussi et répondent par encore plus de provocations. Alors, comme mus par un lien générationnel, d'autres cinquantenaires se lèvent pour s'en prendre aux perturbateurs. On n'en vient pas aux poings, mais cela reste une véritable guerre de testostérone. Enfin, l'argument visant le commerce des jeunes sonne le glas de cette bataille. Le rappeur en herbe, sous la menace de voir son stand fermer, arrête la musique.


Cet incident tapageur sera passé sous silence et mon papier n'en fera pas mention, comme me l'a demandé Bénédicte. Ce serait contre-productif. Quelques heures plus tard, au bar du village, c'est soirée détente. La journée a été longue, nos crânes ont chauffé sous un soleil qui dominait seul sans laisser de place aux nuages. Le ciel s'est assombri depuis, le clocher de l'église nous a averti des dix-neuf heures et d'un coup, tous les lampadaires se sont allumés en choeur dans une lumière pâlotte. Le bar devient peu à peu la principale source de bruit.
– Le bistrot est pas souvent plein comme ça, me souffle Bénédicte avec une moustache de mousse de bière. Seulement pour les grandes occasions, comme aujourd'hui.
Le barman n'en finit plus de remplir les pintes. Dans un coin, je reconnais le vieux Denoël qui boit en compagnie de la voyante, avec ses yeux bleus et son air d'enfant rêveur. Il semble gêné par le boucan que certains font. Les jeunes rappeurs sont là aussi, adossés au comptoir, à boire et rigoler fort. Bénédicte fait comme s'il ne les avait pas vus. Je vais aux toilettes.
La lumière aveuglante finit par me dévoiler une pièce minuscule où le propriétaire a néanmoins réussi à installer, en plus des WC, un lavabo et un miroir. Je m'y examine la face de très près en me contorsionnant la bouche, le nez, les yeux, juste comme ça, pour voir. Je me trouve beau ce soir, dis donc. Dommage qu'il n'y ait que des femmes de cinquante ans et plus. D'ailleurs, où est mon Anglaise ? Je ressors en oubliant même d'uriner.
Près du comptoir, Bénédicte est en train de parler à l'un des jeunes de la bande de turbulents, qu'il a amené à l'écart, sélectionnant sûrement le plus sage pour sermonner la troupe entière. L'ado a l'air dubitatif. Cela ne me regarde pas, je retourne à ma bière.
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MessageSujet: Re: Carimaras [roman]   Carimaras [roman] Icon_minitimeMar 2 Sep 2014 - 8:19

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