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 Univers fantasmique (Mini-série)

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Univers fantasmique (Mini-série) Empty
MessageSujet: Univers fantasmique (Mini-série)   Univers fantasmique (Mini-série) Icon_minitimeJeu 1 Mar 2018 - 17:35

Genres: Fantastique, Érotique, Horreur


Prélude: Il faut un début à tout


Au Japon, par une nuit noire et pleureuse, un homme à l’orée de la mort se perd dans une forêt malheureuse. Par un pèlerinage sans but, il tente de laver ses mains tachées de culpabilité que même les larmes d’un ciel austère ne parviennent à décrasser.

Je n’entends plus rien. Ni le craquement des feuilles mortes sous mes semelles, ni ma respiration haletante, ni même les clous d’eau qui me transpercent depuis ce qui me semble être une éternité. Ma tête bourdonne à fond la caisse et la pluie tombe si fort que je ne sens même plus bouger mes jambes ; et pourtant, c’est en marchant que j’erre hors sentier dans la triste forêt d’Aokigahara en parfaite illégalité, sans but et totalement déprimé. Il fait tellement sombre que je peine à éviter une collision avec les arbres au fur et à mesure de mon avancée. Frigorifié et épuisé par des heures de maltraitance naturelle, je m’étale de tout mon long par terre, goûtant malgré moi le sol détrempé sous le coup de la chute. Je recrache mollement une feuille et reste couché, immobile et lamentable.

Ce voyage au Japon aurait dû être un des plus beaux moments de ma vie, la parfaite lune de miel. On a passé près d’un an à planifier et préparer le mariage de nos rêves, j’y ai mis presque toutes mes économies et tout mon amour pour toi, Marie-Ève. Et tu semblais aussi enthousiaste que moi à l’idée de sceller notre union jusqu’à la mort. Mais bien sûr! Tu décides d’écouter les conneries de ta jalouse de soeur et tu te rentres dans la tête l’idée que je te trompe à tour de bras. En dix ans de relation, je ne t’ai jamais menti. Je ne bois pas, ne fume pas, j’essaie d’être toujours disponible sans pour autant me montrer étouffant… j’ai toujours cru que je pouvais te satisfaire, mais apparement pas puisqu’un seul grain de sable a suffi à complètement stopper tes rouages. Tu me trouvais probablement trop gentil, trop plate.

Il faudrait que je me lève pour trouver comment sortir de là, mais j’ai l’impression que même mon coeur battant est engourdi. J’ai tellement sommeil… J’avoue ne pas savoir pourquoi j’ai décidé de venir au pays du soleil levant sans toi. La seule raison que je puisse envisager, c’est que je ne voulais pas avoir l’impression d’avoir perdu l’argent du billet d’avion en plus des milliers de dollars investis dans la cérémonie et du départ de l’amour de ma vie. Au moins, tu as eu la présence d’esprit de partir avec ma dignité sans revenir pour me l’essuyer en pleine face. Quant à pourquoi je me suis aventuré dans un endroit réputé pour le haut taux de suicides qui y ont été commis, eh ben, je confesse avoir nourri des idées noires suite à ton départ. Mes pensées auront guidé mes pas jusqu’ici et ce n’est que lorsque j’ai croisé la route d’un pendu en voie de décomposition que j’ai réalisé que je n’étais pas tout-à-fait à ma place. Je frissonne (de froid? de dégoût? Peut-être un peu des deux) et rassemble toute ma volonté pour me relever avec peine. Je dois retrouver l’endroit où je me suis stationné, sinon je vais finir bouffé par les vers.

Je me traîne lourdement, mes vêtements détrempés semblant peser une tonne. J’aurais bien aimé appeler les urgences japonaises, mais le génie que je suis s’était dit qu’un mort n’aurait pas besoin d’un cellulaire et a donc laissé celui-ci sur le siège passager. Note à moi-même: IL NE SERVIRA PAS PLUS À TA VOITURE, IMBÉCILE. Ah, si seulement j’avais un téléphone, ne serait-ce que pour laisser un message d’adieux. Je dirais à ma mère que je l’aime, à mon père que je suis désolé d’être toujours une mauviette malgré mon âge et je ferais savoir au monde entier à quel point tu m’as humilié, Marie-Ève, quand tu ne t’es pas présenté à l’église, me laissant là, planté devant deux-cent personnes et un prètre à retenir mes larmes et ma rage. À quel point tu m’a détruit, et à quel point ta soeur est une salope.
Oh, celle-là… si je l’avais en face de moi, femme ou pas, je lui démonterais la gueule à coups de poings. Je lui déboiterais la mâchoire comme ça, lui cernerais les yeux de belles ecchymoses juste là et je la laisserais finalement, braillant sur le sol comme une madeleine, à demander le pardon qu’elle n’obtiendra jamais. Un éclair de douleur me traverse le majeur droit et ce n’est qu’en portant un regard à mes poings que je me rencontre que je frappe le tronc d’un arbre depuis un moment.
Si je ne fais plus preuve de gros bon sens, le toucher, lui, semble toujours fonctionner. Une petite trace de sang  recouvre l’écorce et se met à s’étendre lentement sur celle-ci. Ah oui, mon James, quelle bonne idée de se casser le doigt dans une situation d’urgence, tu es un génie!... Mais c’est qu’il y a vraiment beaucoup de sang sur l’arbre. Et la tache continue son expansion… Eh oh, depuis quand est-ce qu’une égratignure pisse le sang à ce point?

Soudain, un coup de tonnerre venu de nulle part me fait sursauter et un terrible vertige me fait perdre l’équilibre alors que la douleur à mon doigt se décuple. Une voix trop profonde pour être humaine se met à résonner à l’intérieur de ma tête:

“Les humains sont des bêtes esclaves de leurs envies
Dont l’âme est teinté d’acrylique transparent
Le pécheur enfermé qui se dénouera le ventre
Dans la poche du diable, trouvera rédemption”

Ça y est, je suis devenu fou, je vais mourir ici, à genoux en me bouchant les oreilles pour faire taire le Morgan Freeman des enfers récitant un poème sans rime. La terre tremble et ma tête tourne à un point tel que j’ai l'impression que je vais perdre connaissance… et puis, tout s’arrête aussi brusquement que ça a commencé. Même la pluie a complètement cessé de tomber, elle qui faisait preuve d’une telle violence il n’y a pas dix secondes. Terrifié et sans une once d’énergie, je m’effondre comme une poupée de chiffon. J’ai mal, je suis fatigué ; s’il vous plaît, achevez-moi quelqu’un... Je ferme les yeux et je sens ma conscience s’envoler loin, loin, loin, l…

«Élène… corps… alarme… je… oui… te plait...»

Peut-être pas si loin, finalement.
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