La flamme qui se fait mot

Parfois, le verbe doit sortir tout de suite, la pensée flamboie en une clarté tranchante, l'idée se matérialise, limpide, le mot se fait pressant. Quand tout semble d'un naturel stupéfiant, que la phrase épouse parfaitement la chaleur d'un sentiment, la force d'un ressenti. Ces moments de grâce merveilleux, éclairs fulgurants qui transcendent tout notre être, quand la lutte qu'on menait contre le découragement triomphe des heures qui passent et que le cri qu'on retenait se fait bruyant dans le silence.

Et ces phrases là font briller les yeux, elles séduisent de leurs musiques. Elles arrivent rarement, ces phrases,  mais ce n'est pas grave, ce n'est pas grave, car ces phrases seules font fibrer tout un texte, elles l'animent et l'habillent de leurs braises, on y sent toute la portée du poids de leurs mots.

Quand leur auteur posent les yeux sur elles, elles le replongent instantanément dans toute la passion et l'émotion qu'il a ressenti au moment où elles se sont posés sur le papier. Si l'on écrit, c'est avant tout pour ces moments là, ces moments là où tout prend sens, où le temps passé à travailler et retravailler s'avère payant, où le déclic est trop fort pour être réprimé. Et là, on se sent bien, on se sent fort, et personne ne peut nous l'enlever.


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