PETITS D'HOMMES

ICI LE COMMENTAIRE

Texte dédié à mes douze Padawan de cette année 2020/2021 avec une pensée pour les 11 de l'année dernière, malheureusement tronquée !



Ciel blafard
Aube incertaine du temps qu’elle va choisir de conjuguer
Rencontre bizarre
De sujets plein d’avenir et d’un sujet au long passé
Ton regard
Qui glisse sur moi
Faussement désintéressé
Comme ruisselle l’eau sur les toits
Pour venir mourir à mes pieds

Ciel moutonneux
Tous ensemble qui s’assemblent
Addition d’unités, troupeau docile et respectueux
Mais bien moins sages qu’il ne semble
Ton regard, curieux
Qui m’observe à la dérobée
Fuit quand j’approche et puis revient
Poussé par le vent de la curiosité
Premier contact, tu lèves la main

Ciel de Bretagne
Bougé par le flux des marées
Peu à peu la confiance gagne
Et chasse au loin les nuages lourds de l’anxiété
Ton regard, bulles de champagne
Qui éclatent en chapelets
Et viennent mouiller le tableau noir
De mes trop sombres pensées
De gouttelettes, d’espoir

Ciel azur bleu
Giclées d’étoiles filantes
Ta victoire, mes bravos joyeux
La joie dans tes yeux, brûlante
Qui explose triomphante, mon cœur en feu
Ton regard, feu-follet merveilleux
Ton bonheur qui m’emporte
Ma main complice sur tes cheveux
J’ai pas le droit, qu’importe !

Ton regard
Dans le mien, confiant, qui croit en moi
Vos regards
Multipliés par douze fois toi

Bord de mer

L’amitié est comme une vague.
Elle peut se briser sur l’indifférence d’un rocher, exploser en geysers impuissants, s’évanouir en embruns diffus pour finir, misérable, par se replier sur elle-même en ruisseaux inutiles.
Mais elle peut aussi parfois épouser le sable, le faire briller de sa beauté sereine, étinceler les galets et donner une nouvelle vie aux coquillages échoués.
Peu importe le nombre de rochers tant qu’il restera un peu de sable sur des plages lointaines.

Le texte ci-dessous a été écrit en atelier d’écriture. Nous devions écrire un texte d’après un portrait. Celui que j’avais choisi était un homme souriant, un peu posé dans l’attitude de quelqu’un qui raconte une histoire.
La contrainte était d’avoir un texte court mais avec un début, une fin et au milieu deux flots de pensées opposées…


Doutes

Je fixais cette porte, jambes guimauves et mains comme les feuilles de notre olivier un jour de Tramontane. J’envisageais la fuite mais la porte s’ouvrit sur cet homme imposant qui me toisa, sévère, intransigeant, inflexible. J’entrai tête basse en cherchant au fonds de mes souvenirs à quoi pouvait bien ressembler cet air serein que j’aurais voulu plaquer sur mon visage.

Je sais parler. Je sais expliquer. Je sais les règles et suis capable de les exposer. Je sais écouter, comprendre même. Je sais faire sourire tout autant que me faire respecter. Je n’aurai pas d’autres enjeux que ceux que je me fixerai. Je sais que moi ce sera toujours mieux que personne.

Mais je me suis aussi fixé le devoir de les aider. Et j’ai peur de leurs yeux, de leurs regards braqués sur moi. J’ai peur de bafouiller, de m’embrouiller. Je crains le ridicule de celui d’un autre temps, d’une autre dimension presque. J’ai peur d’être jugé, condamné, banni, con damné. A jamais ou au moins jusqu’en septembre prochain. Mais je n’accepte pas, surtout, l’idée de leur voler leur temps, ces heures précieuses, inestimables, de l’enfance.

La porte se referme avec bienveillance. Je suis dans la rue.
L’heure et demie est passée le temps d’un souffle, l’instant d’un sourire. Mais tant de sourires heureux dans ce moment fragile et essentiel.
Vendredi je fixerai la porte et si elle tente de m’impressionner, je lui rirai « même pas peur ! ».