Suite N° 3
Médusé, Alrick suivit Philippe qui descendait un escalier en colimaçon. Ce dernier lui fit brièvement faire le tour des lieux. Alrick remarqua au passage que Philippe avait toutes ses affaires dans une des chambres.
— Tu ne dormais pas au manoir ?
— Non. Je suis venu m’installé ici, c’était plus pratique.
— Cela ne te dérange pas de vivre dans un espace aussi confiné ?
— Non.
Philippe avait installé Madeleine dans sa chambre. Son corps avait été soigneusement déposé sur le lit. Elle semblait endormie et paisible.
— Vas-tu te décider à m’expliquer ce qu’il se passe ?
— Pas encore. L’important maintenant c’est de lui donner une sépulture.
— Attends. On ne peut quand même pas faire disparaître son corps comme des voleurs.
Philippe donna à Alrick une enveloppe décachetée.
Il l’ouvrit. A l’intérieur, il y trouva une lettre. L’écriture soignée de Madeleine était une invitation à la lecture.
« Philippe, si tu trouves cette lettre, c’est sans doute que je ne suis plus à tes côtés. La plupart des documents que j’ai accumulés aux cours des années ne te serviront pas et je souhaite que tu les brûles. Les autres, ceux que je veux que tu conserves, se trouvent dans un coffre. Tu trouveras la clef sous la chouette qui est sur mon bureau. Le code pour accéder au coffre est ta date de naissance. Eh oui! tu vois, je savais déjà que tu deviendrais mon élève. Tu es un formidable acolyte Philippe et j’espère que tu te rappelleras de moi avec plaisir.
Je sais que parfois j’ai été dure avec toi mais dis-toi que c’était toujours pour ton bien. Alrick t’expliqueras mieux que moi en quoi consistera ta mission. Elle commence vraiment aujourd’hui.
Prends garde à toi.
Mes pensées t’accompagneront toujours.
Affectueusement, Madeleine.
PS : Tu sais où se trouve ma dernière demeure. »
Une fois la lettre terminée, Alrick leva les yeux vers son ami. Plutôt que lui avoir expliquée la situation, elle ne l’avait rendue que plus confuse encore.
Philippe reprit la lettre et la rangea précieusement dans le bureau.
— Madeleine n’a pas de famille. Elle n’a toujours connu que ce manoir et c’est ici qu’elle veut être enterrée.
Alrick observa son ami longuement sans rien dire. Il semblait au bord d’une crise de nerf et il comprit que ce n’était pas le moment de le contrarier.
— Comme tu voudras mon vieux. Comment tu veux qu’on procède ?
— Je tiens à faire ça moi-même. De toute façon, je doute que tu sois en état de m’aider.
— Ca va aller. Je me suis un peu reposé. Laisse moi t’aider mon vieux. Il n’y a pas de raison que tu affrontes ça tout seul.
Philippe le dévisagea de longues secondes pesant le pour et le contre.
— D’accord.
Ils sortirent en silence dans le jardin avec deux pelles. Philippe choisit un emplacement à côté d’une treille couverte de roses pourpres.
— Madeleine aurait voulu être enterrée ici je pense. C’était son coin préféré. Elle venait souvent sur ce banc en fin d’après-midi.
Une larme coula le long de sa joue.
Allez on ne va pas se quitter sans un petit commentaire...