Tout le bonheur du monde.

Tout le bonheur du monde.

Partition en do majeur.

Je vais me mettre en scène. Ce n’est pas facile de se mettre en scène, de parler de soi. Qui peut être intéressé par mes pérégrinations ? Allez savoir, quelqu’un, passant par là, qui ne saurait pas trop quoi faire et aurait un petit quart d’heure à perdre ?
Je me lève à pas comptés ; drôle d’expression allez-vous me dire ? Oui, une expression bizarre, mais qui me convient bien. Pourquoi ? Et bien, quand je me lève, j’ai juste un pas de possible entre mon lit et mon armoire, juste un pas, pas deux. Je tourne à gauche, deux pas et je trouve ma robe de chambre sur mon porte-habits, bien pliée, comme je l’ai laissée la veille au soir. Un demi-tour à droite, deux pas et j’ouvre la porte.
Les gazouillis des oiseaux m’ont réveillé, il doit être six heures, au soleil ; ils ne pépient que pour moi, dans cette cour d’immeubles en plein centre de Paris. C’est le premier instant de bonheur pour moi : les oiseaux qui chantent.
Tout droit, douze pas, un petit pas de côté pour éviter la chaîne stéréo, à droite et encore cinq pas. Je suis dans ma cuisine. Je n’allume pas, je n’allume jamais, c’est bon pour la planète m’a-t-on dit. Je me prépare mon petit-déjeuner : la cafetière, le réfrigérateur, la table, la chaise.
Mer…e, la brique de lait est vide, du calme, doucement, là le long du frigo, un demi-tour, oui là sur l’étagère du haut. Ah ! il y en a encore un, sauvé. Quelques petits pas à gauche, le plan de travail, je pose la brique, je cherche la capsule plastique et la languette pour ouvrir le pack.
Comment ont-ils pu faire une languette aussi petite qui casse une fois sur deux ?
Il faudra que je dise à mon auxiliaire de vie de prendre des bouteilles de lait, c’est quand même plus facile à ouvrir.
Je prépare ainsi mon premier repas, je me dépêche un peu, ce matin j’ai un rendez-vous ; lundi matin à huit heures le premier élève de Madame Jeanne arrive, il faut que je sois prêt.
Je termine mon petit-déjeuner et passe, toujours à pas comptés, dans la salle de bain. Après être rentré sous la douche, mon deuxième instant de bonheur, je laisse l’eau couler sur moi, les filets d’eau qui coulent le long de mon corps sont d’une régénérescence qui ne s’explique pas.
Je m’habille, je fais mon lit, ouvre en grand la fenêtre de gauche, et l’air frais, piquant, fini de me réveiller. Je tourne mon fauteuil, il faut qu’il soit bien devant la fenêtre ; j’écoute les bruits de ville qui commence à monter : Un crissement de pneu, une porte qui claque, une mère qui crie contre ses enfants, un avion qui passe là-bas très loin, une poubelle qui roule, une bouteille qui tombe. Avec mon ouïe si développée, je suis sûr que j’entends des bruits que personne ne perçoit.
La fenêtre d’en face s’ouvre, je me calme, encore quelques minutes à attendre…Puis j’entends très faiblement :
- Tu es prêt mon petit Simon ? Alors fais-moi cinq ou six gammes.
C’est Simon, un bon élève qui vient depuis quatre ou cinq ans, il joue bien.
Les notes commencent à monter en moi, je les connais toutes, je me laisse bercer par ces notes qui s’égrènent, d’abord doucement, puis de plus en plus fortissimo. Un vrai bonheur ce chant qui vient à moi, le troisième instant de bonheur, les notes me transpercent, me caressent, m’enjôlent. Elles font monter en moi le sourire, la joie, le bonheur, mais quelquefois aussi le chagrin, la misère, la peur.
Je reste immobile quand ce chant s’arrête, j’attends le morceau d’étude. Ce matin c’est Chopin. J’attends les premières notes. Quand elles montent, je cherche et je trouve : Etude numéro vingt-trois. Les oiseaux se sont tus, même eux écoutent Chopin.
La romance est enivrante, elle vous enveloppe de la première à la dernière mesure, personne ne peut rester insensible à cette mélodie et je vole avec les notes, elles m’emmènent loin dans mes pensées, me font rêver, me bouleversent.
Le bonheur, que je ressens à ce moment-là, je ne l’échangerai pour rien au monde, même pas contre la vue.

Comme le disais très justement Chilango, tu as le sens du récit.
C'est flagrant.

Et bien, quand je me lève,
Les gazouillis des oiseaux m’ont réveillé, il doit être six heures au soleil ; ils ne pépient que pour moi, dans cette cour d’immeubles en plein centre de Paris.
Je m’habille, je fais mon lit, ouvre en grand la fenêtre de gauche, et l’air frais, piquant, fini de me réveiller.
Avec mon ouïe si développée, je suis sûr que j’entends des bruits que personne ne perçoit.
Alors, fais-moi cinq ou six gammes.
Un vrai bonheur ce chant qui vient à moi, le troisième instant de bonheur, les notes me transpercent, me caressent, m’enjôlent.

Et, merci beaucoup de me faire ainsi confiance, cher Mike.

C'est un plaisir de te lire

Un bien beau récit. informations distillées au fil du texte, pile comme il faut ...

J'avoue que le début et ses répétitions de comptage de pas m'avait un peu ennuyée, mais j'en comprends l'utilité à présent, et au final, c'est plutôt bien employé.

il y a une suite,je présume ? ...

Merci à toutes les deux.

J'ai écris cela entre 7 et 8 ce matin, espérons que demain sera aussi inspirateur.

Tout le bonheur du monde.

Partition en ré mineur.

J’ai quatres pattes, je ne suis resté avec ma mère, que six mois. J’ai été mis en formation pour apprendre tout ce dont je vais avoir besoin, pour aider mon futur maître.
Un an, oui, j’ai tout juste un an, mon nouveau maître est gentil. Il faut vous dire que je suis aussi très attentif, j’ai toujours un œil qui veille sur lui. Il me sort tous les jours, " enfin c’est moi qui le sors ", après les leçons de piano de Madame Jeanne. C’est facile pour moi, quand le piano s’arrête et que j’entends la fenêtre se fermer, je vais à pas de loup le retrouver. Le rituel est toujours le même, je lui lèche doucement la main, il se baisse et me caresse. Je vais chercher mon harnachement et je lui apporte ; il attend dans son fauteuil que je lui pose sur les genoux. Il est beau mon maître, il est patient avec moi, mais je sais qu’il ne me voit pas. Je suis si bien quand je pose ma tête sur ses genoux, quand il me gratte derrière les oreilles et qu’enfin il dit :
- Allez, Roxy on sort.
Depuis quelque temps, il ne prend plus le guide, il ne prend qu’une laisse courte, c’est mieux pour moi, moins lourd à porter et je ne ressens plus les à-coups quand il marche. L’ascenseur, la porte de l’immeuble et maintenant à moi de jouer ; un coup d’œil à droite, un coup d’œil à gauche, mon maître est intelligent, il attend derrière moi. Mon travail ? c’est facile, je suis ses yeux. Je marche devant lui, sur sa gauche, à son rythme et le fil conducteur est simple : Mes yeux, mon corps, la laisse, sa main. Quand je m’arrête, il s’arrête, il a maintenant complètement confiance en moi, je suis son sixième sens. La vie est compliquée pour moi, tous ces obstacles à éviter, personne ne pense à nous : Les terrasses de café qui débordent, les motos garées sur les trottoirs, les piétons qui ne font pas attention, les vélos qui roulent n’importe où, les enfants, têtes en l’air, les rues à traverser, les voitures mal garées et ces grands poteaux scellés dans les trottoirs. Je dois faire attention à tout cela, être vigilant. Mais il est intelligent mon maître. La laisse est courte et presque que tout ce que j’ai à lui dire, je le dis avec la laisse ; Elle est le nerf entre lui et moi, je ralentis, il ralentit, je m’arrête, il s’arrête, je vais légèrement à gauche ou à droite, il se décale.
Ce matin après dix minutes il s’arrête brusquement, je me retourne et le regarde, il veut me dire quelque chose. Il se baisse légèrement. J’ai compris, il veut s’asseoir. Moi aussi je suis intelligent, je lui trouve un banc, il s’assoit et je mets ma gueule entre ses genoux – c’est toujours comme cela, oui, on a nos habitudes – il fouille dans sa poche, je vais avoir un sucre. " Pas possible il veut que je devienne diabétique ? ". Il me tend le sucre. " Que faire ? si je ne le prends pas je vais lui faire de la peine, alors j’essaye de lui faire comprendre qu’il me gâte trop, pas facile pour moi, mais petit à petit, j’y arrive. " Je prends le sucre, délicatement entre mes crocs et le dépose à coté de lui, sur le banc. Après j’aboie une fois, il sait qu’il doit faire attention. Je lui pousse sa main jusqu’au sucre sur le banc.
Il le prend et le remet dans sa poche : Je crois qu’il a compris, il est intelligent mon maître.
Quand je marche avec lui, je suis fier. Il est beau et les demoiselles le regardent, j’ai presque envie de l’emmener vers les jolies filles, il mériterait tellement de rencontrer une belle femme, il mériterait d’être aimer, comme moi je l’aime : Mais je n’ose pas encore.
Comme tous les jours nous faisons le tour habituel, celui qu’il connaît. Je voudrais bien, au moins une fois, tourner à droite, J’entends à chaque fois que je passe ici, une congénère, là, tout près. Je ne peux pas, il ne comprendrait pas, alors je passe mon chemin et le ramène à la maison.
Et qui a dit : Quelle vie de chien ! Elle est très belle, ma vie.

Citation :

personnes ne pensent à nous

personne ne pense à nous.
(personne est ici, le pronom indéfini masculin singulier).

Citation :

les piétons qui ne font pas attentions,

[attention]

Ci-dessous même si le texte est à caractère anthropomorphique, tu ne peux pas dire pour autant qu'un chien a des dents. Ce sont toujours des crocs, même s'il "parle" ...

Citation :

" Je prends le sucre, délicatement entre mes dents[ crocs] et le dépose à coté de lui, sur le banc. Après j’aboie une fois,

Cette petite suite est mignonne comme tout, cela me ferait bien plaisir si tous les matins , tu nous écrivais un petit bout ainsi!
A demain

Je rejoints Hélène, une suite bien mimi
et toujours sympathique à lire. un vrai petit régal de la journée

Merci toutes les deux.

Partition en mi.

Comme hier, je sors mon maître. Comme hier, il m’arrête à la moitié du chemin. Cette fois-ci je vais oser, je trouve un banc où une demoiselle est assise. Je n’ai pas la certitude que c’est une demoiselle, mais excusez-moi on ne m’a pas appris cela pendant ma formation. Avant d’arriver au banc, j’aboie une fois, pour le prévenir de faire attention. J’avance doucement jusqu’à la demoiselle.
- Oh le beau chien, dit-elle.
Malin le Roxy, vous ne trouvez pas ? La demoiselle a parlé et mon maître sait qu’elle est là. Bon maintenant à lui de jouer, je ne vais quand même pas, lui faire la cour ?
Je me poste devant eux et les regarde alternativement, j’essaye d’avoir les yeux les plus expressifs possible. La demoiselle a l’air de comprendre, elle me regarde et regarde mon maître, je lui tends une patte, elle hésite et me prenant la patte dit :
- Bonjour, le beau toutou, bonjour monsieur, il a l’air gentil votre chien.
- Bonjour, Madame, oui c’est un gentil compagnon.
- Je m'appelle Julie lui dit-elle, en lui tendant la main.
Il a encore besoin de moi, J’aboie encore une fois, il se tourne vers moi et tend la main vers moi. Julie s’aperçoit alors qu’il est aveugle. Elle lui prend la main et lui serre doucement.
- Oh ! excusez-moi, Mademoiselle Julie, mon nom est Rémi, je ne vous dérange pas ?
- Non, Monsieur. Je ne suis pas rendu compte de votre infirmité, excusez-moi.
« Bon, ils ne vont pas passer leur temps à s’excuser, ces deux-là. »
- Vous venez souvent ici, Mademoiselle ?
« Non d’un chien, quand va-t-il l’appeler Julie ? »
- Oui, Rémi, vous voulez bien que je vous appelle Rémi ? Je suis professeur au lycée juste en face et quand il fait beau, je viens prendre le soleil ici, quand je n’ai pas cours.
- Bien sûr vous pouvez m’appeler Rémi et je vous appelle Julie, vous avez une bien jolie voix, elle est claire et très enchanteresse.
- Merci, avec mon métier il faut se faire bien comprendre, et puis je chante pendant mes heures de loisir.
- Dans votre salle de bain ?
- Cela m’arrive, bien sûr, mais aussi à la chorale de l’église Saint Anne. Vous pourriez venir nous écouter.
- Je n’y manquerai pas. Merci de votre compagnie je vais continuer ma promenade ; Allez Roxy, on y va.
Bon voilà les premiers pas de fait, je le ramène à la maison, mais avant on va faire un petit tour à droite, moi aussi j’ai le droit de faire la cour.
Mon maître a été un peu surpris de mon changement d’itinéraire, il a hésité, je suis venu lui lécher la main, il a dû comprendre.
Je l’ai aperçue, une jolie petite chienne de ma race, jeune il est vrai, mais j’ai eu aussi mon petit moment de bonheur.

Quel bonheur matinal,
Que ce petit air original

Mademoiselle Julie en lui tendant la main. => il doit manquer un petit quelque chose ici pour faire sens

sinon,ma seule remarque c'est que dans la vie,(enfin je ne sais pas pour les autres mais c'est mon cas)je ne passe mon temps à appeler l'autre par son prénom au début de chaque phrase - surtout si on est que deux,on sait très bien à qui l'on s'adresse.
qu'au début tu le fasse parce qu'ils font connaissance, ok, je suis complètement d'accord. à la fin pour se dire au revoir,aussi. mais allège un peu au miieu

mais c'est toujours un plaisir heureuse de voir que le matin t'inspire à ce point ^^

Partition en fa dièse majeur.

Cette journée a vraiment été extraordinaire, je me surprends même entrain de siffloter, le soir devant mon ordinateur. Oui j’ai un ordinateur. Ca vous étonne ? Sur la table j’ai un écran braille et un clavier pour les aveugles. C’est compliqué, je vous l’accorde, mais quel outil extraordinaire pour rester en contact avec le monde. Si vous saviez quel est mon bonheur, quand je reçois un mail d’un de mes amis, quelque chose d’anodin pour tous les voyants, une foule de sentiments, pour moi.
Ce soir je me lance dans une recherche que je n’ai jamais faite : Trouver un plan de Paris, de mon quartier. Comment cela va-t-il se traduire en Braille ? Je cherche comment aller à l’église Saint Anne. J’aimerais tellement l’entendre chanter !
Facile pour vous, vous regardez un plan, vous y allez. Pour moi c’est le parcours du combattant, même Roxy ne saura pas.
Un plan s’affiche, les picots montent et descendent, mes doigts sensibles lisent, je trouve des noms de rues, je cherche mon avenue, après quelques minutes je trouve le boulevard ou j’habite. Je sens monter le plaisir, je vais peut-être y arriver, enfin ne pas être obligé de demander à quelqu’un de m’accompagner. C’est très difficile à supporter, l’idée d’être toujours dépendant des autres. Roxy doit s’apercevoir de mon excitation, il tourne autour de moi et me lèche la main quand il le peut. Il est extraordinaire ce chien il me lèche quand il me voit content et émet des petits gémissements plaintifs quand je suis malheureux.
Je continue mes recherches, je trouve la rue de Tolbiac et je sais que Saint Anne est au croisement de la rue de Tolbiac et de la rue de Bobillot. Oui, voilà, de chez moi, à gauche, je traverse le boulevard, je prends la rue Bobillot, je traverse une, deux, trois rues et je suis à Tolbiac. Je mémorise tout cela en refaisant le parcours plusieurs fois, avec mon doigt.
Je vais y arriver tout seul, j’en suis sûr. Je vais y aller demain et demander quand la chorale répète. Je suis fébrile, un sentiment de satisfaction me parcourt le corps et le cœur. Roxy jappe derrière moi, il semble qu’il a compris ma joie.
J’ai tellement envie de " revoir " Julie ! Je me traite d’imbécile de ne pas avoir pris rendez-vous avec elle. Elle commence à me hanter, elle doit être jolie, oui, elle est belle, elle ne peut être que belle !
Vivement demain !

Toujours mimi; vivement demain

oups,j'ai oublié de laisser mon avis ...

oui,joli tout plein
un peu court cependant ^^

Partition en sol.

Enfin ! il est prêt. Pourquoi hésite-t-il comme cela, ce matin ? Quelque chose le tracasse, j’en suis sûr. Tiens, en plus il prend sa canne blanche ? pourquoi ? Méfiance Roxy, ce matin, il a des idées derrière la tête.
Effectivement dès la sortie de l’immeuble, je pars sur la droite comme à l’habitude, mais il ne me suit pas, je reviens et le regarde, sa main me montre la gauche.
Bon, compris, il veut changer d’itinéraire. Au boulot Roxy, je sens que cela ne va pas être facile. Il s’aide de sa canne et m’emmène au passage piéton, qui traverse le boulevard. Ce n’est pas vrai, deux avenues à traverser, avec un monde fou. J’attends que le bonhomme soit vert, on m’a montré ça dix fois, vingt fois, en formation.
Je le fais traverser sans trop de difficultés, mais maintenant où veut-il aller ? Bon d’accord la rue où il y a le poissonnier, pourquoi pas ! C’est lui le maître après tout, cela lui fait du bien de prendre des initiatives.
Roxy ! concentre-toi, les trottoirs ne sont pas larges. Par deux fois, je l’arrête à temps pour éviter la collision avec des personnes. Arrivé à un carrefour il s’arrête, je me retourne et le regarde : Maître, dis-moi où tu veux aller ? Il hésite, se tourne à droite puis à gauche et dit :
- Roxy ! où est l’église ?
Eglise ? église ? Je n’ai jamais entendu ce nom-là. Que veut-il dire ?
Je le fixe et j’essaye de trouver de quoi il veut parler. J’aperçois une passante venant vers nous. Je décide d’aller au-devant d’elle et d’aboyer pour prévenir mon maître.
Une fois encore cela a marché.
- Excusez-moi, pouvez-vous me dire où est l’église s’il vous plaît ?
- Juste derrière vous, Monsieur, voulez-vous que je vous y conduise ?
- Oui, merci.
Je suis rassuré, nous montons les marches et la brave dame nous emmène dans l’église.
- Pouvez-vous demander, Madame, quand ont lieu les répétitions de la chorale ?
- Le mardi et le jeudi de dix-huit à vingt heures, voulez-vous que je redescende les marches avec vous ?
- Avec plaisir et merci beaucoup.Il a l’air radieux, je le ramène tranquillement à la maison, maintenant je connais le chemin et je vous parie que nous reviendrons. Rémi a encore eu aujourd’hui, sa petite dose de bonheur.

Méfiance Roxy ! Ce matin, il a des idées derrière la tête...


C'est toujours bien agréable à lire : un petit moment de bonheur.

Moui,encore une fois,utilisation peut-être légèrement abusive des virgules mais c'est moins qu'avant déjà ^^

ça se précise tout ça, dis moi
le titre a été très bien choisit,pour le personnage comme pour les lecteurs

Ah j'ai vraiment beaucoup de mal avec les virgules, j'en mets où il ne faut pas et en oublie là où il devrait y en avoir.

Merci à mes lectrices chéries.

Vraiment adorable cette histoire! vivement demain pour la suite!
J'aime beaucoup l'idée d'avoir les deux points de vues : celui de l'homme et celui du chien!
bravo

Partition en la majeur.

Je suis, cette après-midi, avec mon cher Roxy, juste en face de chez moi. Assis sur un banc, le soleil me caresse les joues et mon chien est à mes pieds. Je le sens, il est couché et met son museau sur ma chaussure. Sa présence m’est complètement indispensable, sans lui je suis perdu.
Je pense à cette expérience, que veut faire mon chirurgien, s’il pouvait réussir dans cette entreprise incroyable qu’il a envie de tenter avec moi. Je me mets à rêver. La vie d’un aveugle comme moi n’est pas triste, j’ai des sens qui fonctionnent et peut-être mieux que pour les autres, l’ouie et le toucher en particulier ; Cela compense un peu, mais ne pas voir les couleurs est le pire. Aveugle de naissance je n’ai jamais vu les couleurs. Henry quatre et son cheval blanc, Henry est un homme, je sais ce qu’est un homme ; un cheval : Je sais aussi, j’en ai déjà caressé un, mais un cheval blanc ?
Je me remets à rêver de l’expérience qui m’attend. Elle m’enthousiasme : Me faire comprendre des choses immatérielles.
Pour le moment, en tâtonnant, sur ma montre je sais qu’il est cinq heures et demie. Je me lève et Roxy content de se promener, jappe. Je pars par la gauche et Roxy comprend très vite où je veux aller.
Je me retrouve devant l’église, quelques personnes sont là et discutent ; j’interpelle le groupe :
- Mesdames, Messieurs, excusez-moi, puis-je rentrer dans l’église avec mon chien ?
- Bien sûr, Monsieur, vous êtes aveugle ?
- Oui, madame.
- Venez avec moi, je vous emmène.
Je m’installe au dernier rang, Roxy couché à mes pieds. J’écoute tous les bruits : des pas, des bruits de micro, une porte qui grince, des voix qui s’interpellent. Je me concentre pour reconnaître la voix de Julie. Un brouhaha général et j’entends :
- S’il vous plaît, on va commencer par " Les cloches " de Rachmaninov, on commence à la première mesure. Chut…
Un chant commence à envahir l’église, je ne connais pas cette musique, je trouve cela très beau. Les notes aigrelettes de l’orgue en réponse au chant, semblent percuter mes tympans, j’essaye de reconnaître la voix de Julie ; Je n’y arrive pas.
- Toc, toc, toc, s’il vous plaît Marie, vous êtes en retard ! On reprend mesure douze.
Le chant reprit et je me trouve complètement envahi par la douceur de ces notes ; Je ressens sur mes bras, les poils qui se hérissent, tout mon être s’envole avec ces vibrations musicales.
Je n’ai pas " vu " le temps passer, un remue-ménage soudain me tire de mon rêve :
- Dix minutes de pause.
Puis après quelques minutes :
- Rémy ? Vous êtes venu ?
- Oui, j’avais tellement envie de vous entendre.
- Cela me fait plaisir, attendez-moi à la fin du concert, je rentrerai avec vous.
- Je vous attendrai.
L’Avé Maria de Gounod me remplit de joie : Un vrai bonheur ! Je l’ai fredonné en même temps que la chorale.
Mon second bonheur du jour arrive quand la chorale a terminé sa répétition. Julie passe me chercher et je sors à son bras, de l’église Saint-Anne. Nous avons longuement parlé et promis de nous revoir le mardi suivant.
J’ai l’impression d’avoir, maintenant, en moi, tout le bonheur du monde.

Toujours aussi belle cette histoire... :-D

*L’Avé Maria de Gounod me remplit de joie
*Julie passe me chercher et je sors à son bras, de l’église Saint-Anne.

ça se lit si bien merci de poursuivre ainsi ton histoire bien jolie

Partition en si dièse.

J’ai revu Julie le mardi, puis le jeudi suivant. Il s’est installé entre nous une réelle complicité que j’ai quelque fois interprétées comme de la compassion. C’est une des difficultés qui me poursuit : j’ai toujours peur que l’on s’occupe de moi par compassion.
Je la rencontre désormais tous les jours ou presque ; nos sentiments, notre " vision " du monde nous rapprochent. Je lui parle de l’expérience que veut faire mon chirurgien et lui explique tout l’espoir que j’ai dans cette opération, mais aussi de tous les risques et les inconnues quelle comporte.
Un nouveau moment de bonheur survient le jour ou elle me dit :
- Rémy, que diras-tu, si je te propose de vivre avec toi ? Je me sens bien avec toi et j’ai envie de partager ton quotidien.
- J’aimerai bien que tu partages ma vie, mais c’est un peu précipité. Attendons mon opération et je pourrai peut-être répondre à cette question.
Nous avons continué de nous rencontrer et je lui ai fait part de la réalité de ma future opération, qui est programmé quinze jours plus tard. Mes yeux sont mal formés et mes nerfs optiques sont absents. Après des I.R.M. répétés mon chirurgien pense avoir repéré dans mon cerveau le départ d’un nerf optique. Son idée est de raccorder une petite caméra à ce début de nerf optique. Il espère que mon cerveau pourra faire la différence entre le jour et la nuit et peut-être percevoir les couleurs.
Je coule des jours heureux avec Julie et Roxy, a l’air, lui aussi d’être fou d’elle.
Le jour de l’opération Roxy a tenu à m’accompagner jusqu’à la clinique. Couché à mes pieds dans la salle d’attente, il n’a pas cessé de geindre, des petites plaintes à peine audible. Peut-être a-t-il peur de ne plus m’être utile ? Il n’a rien à craindre, c’est le meilleurs de mes amis.
L’opération s’est bien passée, Julie est là pour mon réveil :
- Comment te sens-tu Rémy ?
- Bien, plutôt bien, mais je ne vois toujours rien.
- Normal, dit mon chirurgien, nous n’avons pas encore branché la caméra, nous verrons cela dans quelques jours.
Et le jour arriva. Après quelques essais de différentes caméras et de branchements, j’ai commencé à faire la différence entre le noir et le clair. Une première victoire, puis mon cerveau faisant certainement un apprentissage, je commence à distinguer différentes couleurs puis quelques formes, floues bien sur, mais quel bonheur.
Aujourd’hui je sors pour aller chercher Julie au lycée, bien que je puisse y aller seul, Roxy m’accompagne toujours. Il est toujours aussi attentif avec moi et régulièrement je tourne à droite pour qu’il puisse lui aussi avoir un moment de bonheur en reniflant sa congénère.
FIN.

les risques et les inconnues quelle comporte. => qu'elle

c’est le meilleurs de mes amis => meilleur

Une très jolie nouvelle encore une fois et qui finit bien cette fois ^^
merci bien pour ces petits moments de bonheur à cette lecture

Je coule des jours heureux avec Julie, et Roxy a l’air, lui aussi, d’être fou d’elle.

Une jolie histoire d'amour qui finit dans le bonheur
Tu fais des histoires assez courtes, et, bien plaisantes.