Coco le corbeau

Coco le corbeau n’aimait pas la couleur sombre et sinistre de son plumage ni même ses yeux couleur de feu. Les autres corbeaux semblables à lui-même, il s’en moquait. Coco voulait être de ces oiseaux aux couleurs chatoyantes pour lesquels sa fascination était sans limite. Il restait des heures entières à observer du haut de son chêne ces oiseaux multicolores dont il souhaitait désespérément être l’ami. Il avait tenté plusieurs fois de les approcher mais jamais les petits oiseaux ne lui avaient laissé une chance. Vols acrobatiques, courbettes élaborées, gorge ébouriffée, cou allongé et plumes déployées, Coco avait tout tenté. Bien qu’il réussisse à attirer leur attention, les techniques complexes de parade que Coco avait élaboré le rendait encore plus étranger à leur yeux.

La taille démesurée et les couleurs sombres de Coco mélange improbable et terrible de bleu et de violet les faisaient trembler de peur. Coco était tel un oiseau de mauvais augure que tous fuyaient par crainte de s’attirer les foudres des pires démons. Enfoncé dans une solitude profonde et pesante, Coco se divertissait seul à regarder les hommes. De temps à autres, il déployait ses ailes majestueuses pour rejoindre d’un vol agile et puissant les files électriques qui surplombaient les rues de la ville. Il examinait alors curieusement la danse à laquelle les hommes se prêtaient dans une effervescence qui l’étonnait toujours.

Un jour que Coco observait des peintres affairés à appliquer d’innombrables couleurs sur les façades d’un immeuble, il eut une idée brillante qui changea son destin à jamais. Il attendit patiemment que les hommes quittent le chantier pour se fondre avec exubérance et excitation dans les pots de peintures. Une pointe de rouge, un soupçon de jaune, une pincée de vert, un grain de bleu et un brin de rose, Coco était méconnaissable dans ses nouveaux habits couleur de l’arc en ciel.

Coco attendit patiemment que ses plumes sèches puis pris d’une impatience terrible, il s’élança à la rencontre de la bande des petits oiseaux aux couleurs chatoyantes. Fascinés par tant de splendeur, hébétés par tant de singularité, ils accueillirent avec exaltation ce nouveau compagnon. Pendant les semaines qui suivirent, Coco fit l’impossible pour gagner leur confiance et leur affection. En peu de temps, cet oiseau au plumage insolite et spectaculaire devint l’ami de toute la bande. Le cœur de Coco se remplit un peu plus de joie et de bonheur au fur et à mesure des jours.

Mais bientôt Coco ne passa plus inaperçu auprès de son espèce et des hommes. En face du poteau électronique où Coco et ses nouveaux amis aimaient à se retrouver, vivait M. Lombard au troisième étage du 44 rue de la Liberté. L’immeuble que M. Lombard habitait était à son image : délabré, vétuste et vieilli. Il vivait seul et son air bougon alimentait inlassablement les discussions de paliers. Il était reconnu pour son érudition mais aussi son arrogance et son antipathie qui lui donnaient un teint grisâtre peu flatteur. M. Lombard connaissait bien toutes les espèces d’oiseaux pour avoir fait carrière plus jeune dans la taxidermie.

Un jour où il passait par la fenêtre, M. Lombard aperçu Coco. Il fut stupéfait par les couleurs de ce rapace. Il n’en croyait pas ses yeux. Jamais au cours de sa vie il n’avait fait pareil rencontre. Après quelques recherches, M. Lombard fut convaincu d’avoir découvert une nouvelle espèce d’oiseau. Il ne tarda pas à élaborer un plan pour capturer Coco projetant de finir sa vie paisiblement grâce au profit que pourrait lui rapporter une telle découverte.

Après avoir observé patiemment les habitudes de Coco et sa bande au cours des semaines suivantes, M. Lombard était fin prêt à lancer son attaque. Il avait minutieusement élaboré son plan et préparé la cage qui accueillerait Coco. Chaque jour qui passait son exaltation augmentait. Il était pris d’une exhortation qui lui permettait à peine de trouver le sommeil la nuit tombée. L’infâme M. Lombard avait préparé un arsenal complet pour piéger l’insouciant et innocent Coco. Il avait répété son lassé de lasso au cours des derniers jours pour être certain d’atteindre sa cible du premier coup.

En une après-midi ordinaire alors que Coco profitait pleinement de la fraîcheur de l’automne en compagnie de ses amis, M. Lombard mis son plan à exécution. Ni une ni deux, le lasso que M. Lombard avait préparé à la capture de Coco se referma sur lui sans qu’aucun oiseau n’eût le temps de réagir. Coco fut assommé sur le coup. Quand il se réveilla de ce qui lui avait paru être un mauvais rêve, Coco fut stupéfait de voir qu’il était prisonnier d’une étroite cage.

Pendant les quelques heures qui suivirent, des cris tantôt sévères tant désespérés emplirent l’appartement du vieux M. Lombard. Ce dernier ne prêta que peu d’attention à ces bruits assourdissants et au vacarme de Coco tant il se délectait de sa capture. Une fois la panique de Coco passée, M. Lombard armé de ses instruments décida d’examiner Coco de plus près et particulièrement son plumage.

M. Lombard ne tarda pas à découvrir le subterfuge. Pris d’une colère noire, aussi noir que le plumage retrouvé de Coco, il lui promit de l’empailler. Coco était anéanti. Non seulement il avait perdu son plumage aux couleurs de l’arc en ciel, mais à présent il était la victime d’un homme machiavélique qui lui promettait une fin atroce et prochaine. La douleur de Coco était immense. Il se remémorait ces jours passés aux côtés de la bande des petits oiseaux avec une profonde nostalgie.

Alors que Coco se résignait à une destinée tragique, l’appartement tout entier fut plongé dans l’obscurité. A chacune des fenêtres une horde opaque de volatiles s’agglutinait et empêchait les rayons du soleil de percer. Tous piaillaient à s’en égosiller. Leur regard était menaçant. A force d’assauts répétés, les fenêtres se fendirent jusqu’à céder sous les impacts de becs. M. Lombard effrayé par la puissance et la menace de cette cohorte pris ses jambes à son coup sans même se retourner.

Les sentiments de Coco étaient mêlés d’allégresse et de terreur. Il était heureux que ses amis lui portent secours comme un témoignage absolu d’amour, mais il craignait leur réaction. Coco se demandait l’effet que leur ferait la vérité. Coco était un corbeau, et les petits oiseaux détestent les corbeaux. Quand tous furent autour de la cage, ils cherchèrent d’abord Coco sans le reconnaître. Après tout M. Lombard avait peut-être enlevé plusieurs oiseaux. Mais quand Coco se mit à croasser, tous reconnurent son chant et les recherches cessèrent.

Ils furent d’abord surpris, peut-être même certains voulurent l’abandonner à son triste sort, mais à bien y réfléchir que Coco soit un corbeau importait peu. Coco était avant tout devenu leur ami. Que Coco soit noir, multicolore ou blanc n’avait aucune sorte d’importance. Ce qui comptait c’était ce qu’il était au fond de lui. Alors la cage s’ouvrit et Coco suivit ses amis jusqu’au poteau électrique où il leur raconta toute l’histoire des pots de peinture.

Depuis ce jour toutes les espèces d’oiseaux vivent heureux ensemble.

je n'ai aucun commentaires de lecteurs, ce texte ne vous plait-il pas ? je sis preneuse de tous vos avis !

L'histoire est intéressante.

Je trouve que "Coco" est un peu trop répété par moment. Il faudrait peut-être trouver un moyen d'alterner avec autre chose. (idem pour "Mr Lombard" je trouve aussi).

"pour rejoindre d’un vol agile et puissant les files électriques" : fils

Je ne vois rien d'autre à redire.

*n'a jamais essayé de peindre un oiseau et se demande ce que cela donnerait *

Coucou Virginie !

Je viens de prendre connaissance de ton histoire : tu écris drôlement bien !

Il y a en effet quelques répétitions. C'est une belle histoire pour enfant.
Tu devrais la faire lire par des parents pour savoir à quel tranche d'âge ton histoire correspond. Ensuite, trouver dans ton entourage, une personne qui pourrait te l'illustrer. Si tu n'a pas d'idées, je te conseil de faire un tour au rayon de livres pour enfants et voir comment ils sont illustrés.

Ne te décourage pas ! continues sur ta lancée