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 Le corbeau et le serpent

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MessageSujet: Le corbeau et le serpent   Le corbeau et le serpent Icon_minitimeVen 29 Juin 2012 - 18:43

Hey !
Je soumets à cotre oeil acéré de lecteurs un début de nouvelle HF sans prétention. Si, une prétention : être léger et facile à lire. J'espère que ce sera le cas !


I) Eagal Sobrësud


La mer était calme, et il faisait chaud pour un soir d'hiver. Tant mieux. Voilà plusieurs semaines qu'Eagal était barricadé dans sa demeure, creusée dans la falaise, et il était proprement impossible de le contacter sans aller frapper à sa porte. S'asseyant confortablement au fond de sa barque, Tsvao Blinnc s'autorisa un instant de repos, profitant des derniers rayons du soleil couchant. De toutes façons, il était imprudent de partir avant que la nuit ne soit complètement tombée, son hôte le lui aurait vivement reproché. Les yeux perdus dans l'horizon, le jeune homme pensait à la vie qu'il aurait pu avoir. Une grande villa, ici même, à Ois, ce petit port de pêche tranquille du sud d'Iscaar. Un mariage heureux, avec une jeune et jolie promise... Mais c'était du passé. Sa vie aurait été tellement ennuyeuse. Tout de même, ce hameau au bord de la mer avait un certain charme...

Tsvao posa son long sabre devant lui, et s'adossa au bois de la barque, attendant qu'une douce nuit étoilée recouvre la région. Il se souvenait de ces longues nuits, sur les plages et les criques, reposant sur le sable chaud, les yeux perdus dans les deux milles étoiles du Wei-Shayla. Lui, Eagal, et puis... cette fille. Il se souvenait aussi d'elle. Ses cheveux châtains, son magnifique sourire. Sa tête négligemment abandonnée sur l'épaule ou le torse du jeune homme, son éclat de rire franc et moqueur. Laissant vagabonder son esprit au gré des souvenirs, il fut emporté, pour un court moment privilégié, loin du présent, du personnage obscur qu'il était devenu. Il n'était pas le seul. Eagal aussi, avait choisi une voie des plus sombres. Moins aventureuse, mais toute aussi dangereuse et anormale. Des rumeurs avaient couru à leur popos dans la région. Des fous, des délinquants infréquentables. Par provocation, son vieil ami s'était installé non loin d'Oïs, dans une crique protégée par des récifs affleurant l'eau, que les villageois évitaient à présent. C'était tout aussi bien. Au moins, Tsvao avait un lieu sûr pour se faire oublier, au cas où ses affaires tournaient mal. Mais enfin, par les temps qui courraient, les nobles de la région avaient autre chose à faire que de le traquer : les hordes barbares de l'est s'agitaient, détruisant les avant-postes, pillant les villages frontaliers. Les armées et polices d'Isgaar avaient du se mobiliser d'urgence. Au moins, lui, était laissé un peu tranquille.

La nuit commençait lentement à envelopper le port. Le silence s'installait, et seule l'éternelle flamme du phare d'Oïs brillait encore d'un éclat surnaturel. Tsvao enfila ses gants de cuirs, rabbatit son capuchon, et s'éloigna du ponton avec d'amples mouvements de rame. C'était fatiguant, mais il n'avait pas le choix. Les gardes côtes auraient détecté de loin toute forme de mécanique ou de magie, et la voile n'était pas envisageable sur un littoral où le vent ne soufflait qu'épisodiquement. Et puis, la demeure D'Eagal n'était pas si loin.

Le jeune homme naviguait dans le noir, sans lumière. Une simple lanterne attirerait les patrouilles comme les moustiques, en particulier en une soirée si chaude. Et puis, Tsvao était habitué à l'obscurité. Habituellement, il n'opérait que de nuit, avec discrétion, à la seule lueur des étoiles et de la lune. Il lui fallait tout de même être prudent. Les gardes-côtes de la région étaient des incapables, dont il avait trompé la vigilance à plusieurs reprises en dérobant les trésors de convois maritimes, mais les récifs qui protégeaient la crique d'Eagal étaient beaucoup plus traîtres et dangereux. Les marins de la région disaient qu'ils étaient mouvants, et qu'ils s'attaquaient spontanément aux navires qui tentaient d'approcher la côte. Tsvao esquissa un sourire. Son ami avait su se construire une réputation auprès de ces naïfs. On lui accordait des pouvoirs bien plus importants que ceux qu'il avait vraiment. Ou du moins, d'un autre genre.

Alors qu'il s'approchait de la crique, des chants parvenaient aux oreilles de Tsvao. De mélodieux poèmes, des musiques envoutantes. Même le sifflement du vent semblait une douce complainte, alors qu'il résonnait sur la falaise. Et puis, si l'on prêtait l'oreille, on percevait des pleurs, des cris étouffés. De lointains et déchirants sanglots. Avec un soupir, Tsvao sortit deux boules de cire sèche de sa poche, et se boucha les oreilles. Oh, il y était habitué, bien sûr. Mais il aurait bien voulu, un jour, pouvoir écouter jusqu'au bout, sans risquer d'être envoyé par le fond de cette eau si tranquille. La crique maudite. La crique chantante. La crique du diable. La demeure de Kaï tan. Oui, cette petite enclave dans la falaise méritait bien ses surnoms. Les marins qui s'y attardaient, pris d'une attirance hypnotique, s'échouaient sur les rochers acérés qui bordaient la falaise. Tsvao se souvenait de la première fois où il avait visité son ami. Charmé, comme n'importe quel homme, par les chants et mélodies venant droit des abysses, il avait plongé dans les flots de l'océan Isgaari, aveuglé, désirant plus que tout rejoindre les magnifiques créatures qui l'avaient enchanté.

L'expérience n'avait pas été déplaisante, fallait-il ajouter. Mais sans l'intervention de Gwaar, Intendant D'Egaal, il reposerait sans doute toujours dans les calmes profondeurs de l'eau.

Prenant pied sur la plage, Tsvao s'arrêta un moment, prit une longue bouffée d'air frais, et s'humecta le visage., Les chants, pour le peu qu'il en avait entendu, l'avaient engourdi. Pourtant, il ne fallait pas qu'il oublie ce qui l'avait mené ici. Parler affaires avec Eagal. S'allongeant sur les graviers de la crique, il entreprit de reprendre lentement ses esprits. Au dessus de lui, Yona. Yona faiseuse de veuves, Yona la terrible, Yona la magnifique, Yona joyau du sud. C'était ainsi qu'on appelait la majestueuse falaise de grès qui s'était formée des millénaires avant l'installation des hommes à Oïs. L'éclat de la pleine lune illuminait ces remparts infranchissables, qui avaient longtemps tenu les aventuriers de l'archipel de Tezgane loin des côtes ingrates du sud d'Isgaar. Jusqu'à la fondation d'Oïs. Ce petit port s'était développé sur une des seules plages dépourvue de récifs meurtriers. Un miracle. Un acte de Shayla.

Se relevant, alors que l'effet des chants se dissipait peu à peu, Tsvao remit ses pensées au clair. Le convoi. Il était venu pour ça. Un vaisseau qui devait arriver discrètement à Oïs, tôt dans la matinée du lendemain. Lourdement gardé et armé. Une délégation de nobles de l'intérieur s'était installée à l'auberge d'Oïs pour récupérer le colis. Non seulement l'objet transporté devait être d'une valeur inestimable, mais la jouissance d'infliger une nouvelle défaite à la haute noblesse du nord valait à elle seule tous les trésors. Le problème, c'était les gardes. Cette fois, les propriétaires de l'objet transporté avaient fait appel à un groupe de mercenaires pour le protéger. Des barbares de l'est. Ils étaient réputés pour leur vue et leur ouïe affûtée, capables de ressentir la présence d'un homme à plusieurs centaines de mètres, dans la nuit. Sur ce coup-là, Tsvao avait besoin d'un peu d'aide. Il s'avança vers la roche, et caressa ce qui semblait être une fissure. A son toucher, la pierre se réchauffa, s'agita, comme la peau d'un animal. Un étrange son rauque retentit alors que la fissure s'élargissait, pour prendre la taille d'un homme.

J'ai plus en réserve, un peu plus du double, mais je me fais une règle de ne jamais envoyer de trop gros pavés dans la tête des gens Very Happy. Maintenant... à vous !



Dernière édition par Galb le Jeu 12 Juil 2012 - 13:09, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Le corbeau et le serpent   Le corbeau et le serpent Icon_minitimeVen 29 Juin 2012 - 20:20

Une correction, "gants de cuir" (sans S à cuir)

Sinon, j'aime bien.
Il y a des moments où t'utilises plein de phrases courtes, ça ne me gène pas mais Lemli va sûrement râler...

Si ton but c'est que ton texte soit facile à lire, c'est réussi !

On a eu droit à plein d'infos mais en même temps on en attend d'autres donc tu laisses quand même du suspens pour la suite et ça c'est plutôt cool.

J'attends de lire la suite pour juger sur du plus long terme.

_________________
Je suis né pour te  connaître, pour te nommer, liberté.  Paul Eluard
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MessageSujet: Re: Le corbeau et le serpent   Le corbeau et le serpent Icon_minitimeVen 29 Juin 2012 - 21:01

C'est bien de poster des textes aussi vite après s'être incrit. That's the spirit!!! Very Happy

Contrairement à Elann, je trouve qu'il y a trop d'informations. C'est frustrant parce qu'on est noyé sous les informations, alors qu'il en se passe pas tellement de trucs dans ce chapitre. Et vu le nombre de nom importants que tu utilises dès ce chapitre, tu peux être sur que le lecteur n'en retiendra aucun, si ce n'est celui du "héros" et de son ami.

Ensuite, concernant le style, il est assez paradoxal. Tu fais des phrases courtes, mais avec une tendance descriptive importante. Ce qui donne une impression étrange.

Mais je t'avoue que ton texte a attiré ma curiosité, et que j'aime la reprise d'un évenement très connu de l'Odyssée. J'attends la suite Wink
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MessageSujet: Re: Le corbeau et le serpent   Le corbeau et le serpent Icon_minitimeVen 29 Juin 2012 - 21:52

Voici un début d’histoire intriguant, j’ai très vite été prise dedans, et j’ai hâte de connaître la suite ; j’entrevois un peu ton monde, ça m’évoque des pirates et des légendes maritimes, en attendant d’en découvrir plus.
C'est vrai qu'il y a pas mal d'informations données dès le début, comme le souligne Hardkey, et je pense que certaines sont déjà reparties, il faudra que je les retrouve dans le courant de l'histoire pour m'en souvenir.

Il y a une question que je me pose : quel âge environ a Tsvao ?
Tu utilises l’expression « jeune homme » pour parler de lui, je lui donnerais donc une vingtaine d’années.
Mais un peu plus loin, quand je lis des passages comme « Laissant vagabonder son esprit au gré des souvenirs, il fut emporté, pour un court moment privilégié, loin du présent, du personnage obscur qu'il était devenu. » ou quand il parle d’Eagal en disant « son vieil ami », j’ai l’impression qu’il est finalement bien plus âgé, et du coup, « jeune homme » ne me paraît pas coller avec le personnage.
Mais peut-être que je me focalise sur un détail ?

Sinon, sur la forme, ton écriture est fluide et ton texte se lit bien.

Voici ce que j’ai relevé plus particulièrement (autant te prévenir, je suis un peu une maniaque de l’orthographe et de la grammaire, mes collègues me surnomment « le petit Larousse », et j’ai tendance à faire la même chose ici… mais après tout, tu voulais des critiques, non ? ^^ ) :

Citation :
Des rumeurs avaient couru à leur popos dans la région.
« à leur propos »

Citation :
Mais enfin, par les temps qui courraient, les nobles de la région avaient autre chose à faire que de le traquer
« qui couraient »

Citation :
Les armées et polices d'Isgaar avaient du se mobiliser d'urgence.
« avaient dû »

Citation :
Au moins, lui, était laissé un peu tranquille.
Je supprimerais la virgule après « lui », elle coupe la phrase

Citation :
Tsvao enfila ses gants de cuirs, rabbatit son capuchon, et s'éloigna du ponton avec d'amples mouvements de rame.
"de cuir" « rabattit »

Citation :
Et puis, la demeure D'Eagal n'était pas si loin.
« d’Eagal »

Citation :
De mélodieux poèmes, des musiques envoutantes.
« envoûtantes »

Citation :
Oh, il y était habitué, bien sur.
« sûr »

Tsvao se souvenait de la première fois ou il avait visité son ami.
« où »

Citation :
Une délégation de nobles de l'intérieur s'était installé à l'auberge d'Oïs pour récuperer le colis.

« installée » et « récupérer »

Citation :
Ils étaient réputés pour leur vue et leur ouie affutée, capables de ressentir la présence d'un homme à plusieurs centaines de mètres, dans la nuit.
« ouïe affûtée »
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MessageSujet: Re: Le corbeau et le serpent   Le corbeau et le serpent Icon_minitimeVen 29 Juin 2012 - 22:31

Waow, Je m'attendais pas à autant de commentaires si vite. Merci ! (débarque des forums de JV.com, vides au demeurant)
- Je prends note des remarques, et j'éditerai pour les fautes d'ortho. Very Happy (Je suis aussi d'avis qu'un plat mal présenté perd de sa saveur... )

- Ouaip, en me relisant, Pas mal de noms et d'infos balancées à la figure très vite. Une sale habitude que j'ai d'écrire sur des univers déjà construits (ie LOTR, WoW, etc..) Théoriquement, ça devrait un peu s'arranger avec la suite -quoique- :p

Anyways, voilà la suite. Pour la peine, je balance tout ce qui me reste - pas la peine de l'envoyer par petits bouts, je sens que vous n'êtes pas du genre à avoir peur du pavé.

- Pour ce qui est du jeune homme, Bah Tsvao a effectivement dans les 24-25 ans. Il parle de souvenirs d'adolescent. Very Happy

Entrant dans la crevasse, Tsvao mit la main au sabre. Par habitude. Et puis, l'ambiance n'était pas vraiment rassurante. Le tunnel était sombre, malgré la phosphorescence de la pierre dans lequel il était creusé. S'enfonçant dans la falaise, Tsvao arriva devant une longue rivière souterraine, au courant torrentiel, entourée de rochers menaçants. Elle semblait s'engouffrer dans un tunnel étroit, de la circonférence d'un homme.
Il savait ce qu'il avait à faire. Se jeter dans la rivière, et ne pas lutter. Se laisser porter. Mais c'était toujours aussi difficile. Comme si les démons des eaux à l'entrée de la crique ne suffisaient pas pour protéger la demeure D'Eagal... Prenant une longue inspiration, il détendit ses muscles, et se jeta dans les flots du torrent souterrain. Emporté par le courant, il heurta un rocher, se blessant à la tête. L'eau entrait dans ses narines, dans sa bouche, il étouffait. La rivière n'existe pas, les rochers n'existent pas, la douleur est une illusion, se répéta Tsvao, les yeux fermés et les dents serrées. Après quelques interminables secondes, il tomba, tête la première, dans un petit bassin vert émeraude. Se frayant rapidement un chemin vers la surface, le jeune homme prit une longue goulée d'air. Par réflexe, il porta la main à sa tête. Pas de sang. Juste un souvenir de douleur. Mais il était toujours trempé. Sortant de l'eau, il s'allongea sur le sol de marbre vert. Un peu tape-à-l'œil, la décoration... Des stalactites de cristal, reflétant une lumière blanche et claire, recouvraient le plafond de forme incurvée. Tsvao, toujours secoué et étourdi par son passage dans la rivière souterraine, se traîna vers la lourde porte de pierre qui était apparue devant lui et frappa deux coups au heurtoir.
- Gwaar ! Ouvre, c'est Tsvao.
Pas de réponse. L'intendant devait s'affairer à une quelconque tâche à l'autre bout de l'immense donjon qui servait de demeure à Eagal. Essorant ses manches, Tsvao jura tout bas. Eagal se plaignait parfois de sa solitude, mais il la méritait vraiment. Si rendre visite à un vieil ami était toujours aussi éprouvant... Soupirant, il frappa à nouveau. Les verrous coulissèrent, la porte s'ouvrit lentement. S'attendant à voir le visage bonhomme du vieil intendant, Tsvao s'avança pour le saluer. Mais, en lieu et place du visage ridé et avenant de Gwaar, se tenait une magnifique jeune fille aux cheveux noirs, vêtue de rouge. Faisant un pas en arrière, il manqua de trébucher, interloqué. Il pouvait sentir son coeur battre, et sa vision devenir floue, alors que le sang qui lui montait à la tête le grisait. Regardant au fond des yeux flamboyants de sa splendide hôtesse, il crût tomber dans un gouffre sans fond. Il oubliait tout, le coffre, le vaisseau, les nobles. Ses désirs de vengeance, ses regrets. Son être entier semblait se plonger dans la contemplation de cette déesse, de cet ange descendu du ciel.
Alors qu'elle éclatait de rire, il manqua de perdre conscience. Ce fut la voix forte et rieuse d'Eagal qui le ramena à la réalité.
- Mais c'est qu'il serait prêt à s'évanouir ! Allons, Erena, laisse nous. Tu es incorrigible.
- Et toi, tu n'es pas drôle, rétorqua la jeune fille avec une petite moue désappointée.
- Oh, tu auras tout le temps de t'amuser cette nuit. Parce que, j'espère que notre ami ici présent reste au moins pour la nuit. lança Eagal en se retournant vers Tsvao.
Tsvao, qui rouvrait à peine les yeux, reprit contenance et serra la main que lui tendait Egaal. Alors que la jeune fille lui souriait, il se força à détourner son regard.
- Erena, je t'en prie. C'est sans doute quelque chose d'important qui amène Tsvao pour qu'il vienne comme ça à l'improviste. Et puis, il doit se sécher.
- Oh, moi ça ne me dérange pas de le laisser comme ça ! répondit-elle avant de se volatiliser dans un éclat de rire.
- Alors, ça y est, tu retrouves tes esprits? Dis moi, tu te fais rare. Comment vont les affaires ?
Tsvao retrouvait effectivement ses souvenirs et sa raison alors que les charmes d'Erena se dissipaient. Eagal se tenait devant lui, vêtu d'une longue robe de chambre vieillie à carreaux bleus, un petit sourire au lèvres, sa chevelure noire en bataille, arborant comme à son habitude une barbe de trois jours. Il portait de vieilles pantoufles noires, qu'il faisait négligemment traîner sur le sol.
- Oh ça va, bredouilla-t-il. C'est justement pour ça que je viens te voir. Dis... C'est normal qu'elle me fasse toujours autant d'effet?
Le mage éclata de rire, alors qu'ils entraient dans un long couloir.
- Le charme des succubes est beaucoup plus puissant si ça fait longtemps que tu ne l'as pas expérimenté, c'est comme tout ! Allons, tu ne va pas rester devant la porte. Entre.
- Je ne me souvenais pas qu'elle était brune... ajouta Tsvao d'un air rêveur.

Le regard d'Eagal se chargea d'une légère inquiétude.
- C'est plus grave ce que je pensais, dit-il en marchant d'un bon pas. Tu sais très bien qu'elle change tout le temps de couleur de cheveux, et d'apparence en général, d'ailleurs. Bon, tu vas prendre un verre avec moi. Malgré toutes mes recherches, je n'ai jamais trouvé meilleur remède à un charme de succube qu'un bon hydromel du nord vieilli en fût. Nous parlerons affaires pendant le dîner.
Le mage entraîna Tsvao dans un couloir sombre. L'intérieur de la demeure jurait avec le luxe tapageur de l'antichambre. Le sol était à présent de pierre grise commune, et le plafond vouté était juste plus haut qu'un homme de taille normale. Hereusement, Tsvao n'était pas particulièrement grand.
- Oh, et puis, il va falloir te sécher. Erena aurait pu le faire, mais visiblement elle ne sait pas attendre.
S'arrêtant brutalement, Eagal leva sa main droite d'un air excessivement solennel, et une flamme bleutée enveloppa Tsvao, qui sursauta sur le coup, manquant de tomber à nouveau sur le sol dur et froid.
- Cabotin... marmonna ce dernier en soupirant.
- Je pensais que ça te réveillerait.
Enfin, il n'avait pas tort. Tsvao se sentait mieux à présent, dans des vêtements chauds et secs.
- Vraiment, la prochaine fois que tu me rends visite, préviens moi, reprit le mage. J'irai te chercher sur la crique. Pas besoin de te mouiller et de passer par la rivière souterraine. Et puis, je demanderai à Erena de se tenir un peu ! ajouta-t-il avec un clin d'oeil.
- Facile à dire ! s'indigna Tsvao. Tu es proprement injoignable. Les orbes de visions que tu me donnes ne servent pas à grand chose, si tu n'es jamais à l'autre bout.
Ignorant la remarque, Eagal entraîna Tsvao vers ce qui semblait être une petite bibliothèque, à la porte entrouverte. S'installant sur un des deux sièges qui se trouvaient au centre de la pièce, Eagal débarrassa le petit bureau de bois précieux d'un revers de main. Les quelques rouleaux, livres et plumes qui s'y trouvaient allèrent s'échouer au sol, un peu plus loin. La pièce était imprégnée d'une odeur entêtante d'encre vieillie et de parchemins moisis, une odeur qui était familière à Tsvao.
Il avait souvent tenu de longues conversations avec son ami dans cette petite salle de travail, tranquille et confortable. C'était le temps où Tsvao, inexpérimenté, devait parfois trouver refuge dans un lieu isolé et sûr pour échapper aux hommes de main des nobles. A présent, les gardes du roi n'avaient plus aucune chance de mettre la main sur lui. Ou du moins, il aimait à le croire. De fait, il avait presque perdu contact avec Eagal au cours des derniers mois. Au moins, pas grand chose n'avait changé. Le donjon sous la falaise serait toujours ce petit havre de paix dont il avait parfois besoin. Son ami un peu cynique et bavard. Erena, égale à elle-même, toujours aussi belle. Même cette pièce, qui recelait toujours le même désordre chronique, la même odeur de poussière, semblait ne jamais devoir être altérée.
- Gwaar? lança Eagal d'une voix forte
Dans l'embrasure de la porte, apparût la silhouette du vieux majordome. Toujours vêtu de son inimitable costume rouge-orangé, parfaitement démodé, Il exécuta une courte révérence. Si son chapeau à plume d'Aracoa, et les couleurs vives de son habit juraient avec la solennité de sa fonction, Gwaar n'avait rien à envier aux serviteurs des meilleures familles de la capitale, du moins pour ce qui était des manières et du service.
- Apporte-nous une bonne bouteille d'hydromel. Je dirais... celle que m'a offert Kazrhak à ma dernière visite.
Le regard du serviteur se posa alors sur Tsvao, comme s'il venait de remarquer sa présence.
- Votre invité reste-il à diner ce soir, monsieur ?
- Oui, Gwaar. Prépare un repas pour deux, et sers le dans le petit salon de l'aile droite.
S'inclinant légèrement, le serviteur s'éclipsa.
- Kazrhak? demanda Tsvao. Qui est-ce ?
- Un chaman des terres de l'est. Leur magie est étrange, mais leur hydromel est excellent. Bien meilleur que la liqueur horriblement sucrée qu'on nous sert parfois à Isgaar.
- Oui... Peut être..
Tsvao s'indignait silencieusement contre cette insulte à l'alcool Isgaari. Il avait eu d'excellentes expériences dans des tavernes du nord ou de l'ouest du royaume. Eagal semblait oublier parfois que Isgaar ne se résumait pas au port d'Oïs... Les ruches d'Orah et de Sextine étaient reconnues pour produire un excellent miel, parfaitement propice à la création d'un alcool savoureux sans être trop sucré.
Le jeune homme fut interrompu dans ses réflexions de gourmet par le retour de Gwaar dans l'embrasure de la porte. Il portait un plateau d'argent, sur lequel trônaient deux verres de cristal et une gourde allongée, qui semblait être un simple assemblage de peaux de bêtes.
Gwaar retira révérencieusement le bouchon, et entreprit de verser la liqueur d'une belle robe dorée.
- Erena insiste pour servir le dîner, monsieur, commenta l'intendant de sa voix lente et calme, alors qu'il s'affairait.
- Que suis-je pour refuser ce plaisir à notre invité ! s'exclama Eagal avec un petit sourire moqueur. Joignons donc l'agréable à l'agréable. Mais alors, nous ferions mieux de parler affaires maintenant, ajouta Eagal à l'adresse de Tsvao. Tant que tu es encore lucide. Enfin... A ta santé !
Alors que Gwaar disparaissait à nouveau dans l'ombre d'un des multiples couloirs, Eagal et Tsvao levèrent leur verre.
Buvant sa première gorgée, Tsvao ne sentit rien d'extraordinaire. Du miel de fleurs sauvages, sans doutes, ce qui donnait à la boisson un petit caractère. Eagal n'avait jamais eu particulièrement bon goût pour les alcools, cela non plus n'avait pas changé.
- Alors, c'est autre chose que ce qu'on boit à Oïs, hein? lança le mage d'un air triomphant.
- Ah, autre chose, c'est sûr. Un peu... sauvage, si tu veux mon avis. Mais je pense que c'est ce à quoi on doit s'attendre en buvant l'alcool des barbares de l'est !
Visiblement un peu déçu par la réaction de Tsvao, Eagal posa son verre et reprit un ton sérieux.
- Bien. Alors, pourquoi cette visite à l'improviste?
S'enfonçant dans son fauteuil, Tsvao but une nouvelle gorgée. Si cet hydromel n'était pas délicieux, il était corsé, et contrebalançait parfaitement ce qui restait de l'influence d'Erena dans son esprit.
- Je ne sais pas si tu es au courant, mais un convoi entrera demain matin au port d'Oïs. En toute discrétion. Avec des bandes de mercenaires de l'est pour le garder. Des nobles sont venus les récupérer. Il doit transporter quelque chose de très précieux.
Adossé à son siège, le mage semblait pensif. Il avait perdu son éternel sourire.
- Oui, je l'ai senti. Erena aussi. Et ça, Tsvao, c'est mauvais signe. Ma succube est un démon supérieur, particulièrement puissant, que j'ai moi-même du mal à contrôler. Elle m'a confié qu'elle se sentait oppressée. Comme si d'anciennes chaînes venaient à nouveau la contraindre. Ce que transporte ce convoi, c'est un pouvoir bien au delà de ma compréhension.
Tsvao avait du mal à contrôler son enthousiasme. Une occasion rêvée pour faire un pied de nez à la noblesse. Cet objet, si puissant, il les en priverait. Mais il devait rester calme. L'aide de son vieil ami était indispensable.
- Écoute. Tu laisserais un pouvoir de cette envergure entre les mains des nobles d'Akhyat ? Tu ne penses pas qu'il serait plus en sécurité entre nos mains? Et puis, cet objet quel qu'il soit, tu pourras l'étudier...
- J'imagine que tu as raison. Tout de même, Tsvao, ça ne me plaît pas. Il y a des puissances avec lesquelles on ne doit pas jouer.
Le jeune homme s'engouffra immédiatement dans l'ouverture que laissait son ami. Ah, il voulait parler devoir et mesure, hein?
- Et depuis quand Eagal, mage d'Oïs, se soucie de jouer avec le feu? Je ne te connaissais pas si rangé ni sérieux. J'ai l'impression d'entendre un de ces bigots qui prient Shay'la chaque jour.
Le mage accusa le coup. Touché. Il ne supportait pas qu'on le compare aux prêtres Wei-Shay'la, considérant leur magie comme soumise à des forces surhumaines, dont les intérêts étaient inconnus. Si Shay'la était déesse de la vie et souveraine des cieux, ses voies n'étaient pas toujours favorables à l'humanité...
- Nous en parlerons pendant le dîner. Je vais t'aider, mais il va falloir que tu me promettes une chose. Quoique nous trouverons, tu me laisseras d'abord découvrir sa nature. Et si je te dis que c'est dangereux, et que tu dois t'en débarrasser, tu t'exécuteras, sans poser de questions, d'accord? Cette fois, ce n'est pas une banque que nous cambriolons, je peux te l'assurer. Alors, promets.
Tsvao comprit que le mage serait intraitable, et que cette assertion était une condition sine qua non à son aide. Il se fichait bien de l'objet. Il voulait la vengeance. Contre un ordre qui lui avait tout pris. Plutôt voir le contenu du convoi en miettes devant ses yeux, qu'entre les mains du roi et de ses larbins.
- Au nom de notre amitié Eagal, Je te le jure.
- Parfait, alors.
Reprenant son expression joviale, le mage claqua des doigts
- Dis moi, tu ne commences pas à avoir faim? Gwaar ! Où en est ce repas?
L'intendant apparut immédiatement derrière la porte.
- Les entrées vous attendent au petit salon, messieurs.
Se levant de leurs sièges, les deux amis suivirent le majordome vers l'aile droite du donjon creusé dans la roche. Après avoir traversé quelques couloirs creusés dans le granit, éclairés par des torches, Ils arrivèrent devant une large porte de bois blanc aux ornements dorés. L'intendant ouvrit, et s'effaça, laissant passer Tsvao et Eagal.
- Si vous m'en donnez l'autorisation, monseigneur, je vais retourner au travail que vous m'aviez confié ce matin. Erena s'occupera de vous.
- Faites, faites, lança Eagal en renvoyant son majordome d'un geste de la main.
Après une nouvelle réverence, ce dernier se volatilisa.
La pièce n'était pas beaucoup plus grande que la bibliothèque, mais certainement plus éclairée. Deux immenses lustres baroques surplombaient la table recouverte d'un tissu blanc. Tsvao s'attabla devant une des deux assiettes de friture. Il avait l'eau à la bouche. Non seulement il n'avait pas eu de vrai repas depuis quelques jours, mais Gwaar était excellent cuisinier. D'autant que si l'on savait faire une chose, à Oïs, c'était pêcher et faire cuire le poisson.

*EDIT : Fautes.



Dernière édition par Galb le Sam 30 Juin 2012 - 8:53, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Le corbeau et le serpent   Le corbeau et le serpent Icon_minitimeVen 29 Juin 2012 - 23:18

Voilà, suite dévorée, et je reste sur ma faim (en plus entre l’hydromel et la friture, tu m’as donné faim ^^), car plus l’histoire avance et plus on a envie de continuer à lire pour découvrir ce qui va se passer après.
Je me suis déjà attachée aux personnages, Erena me plaît beaucoup (en plus elle s’habille en rouge, ma couleur préférée ^^), et les évocations du passé de Tsvao sont suffisamment intrigantes pour qu’on veuille en savoir plus.
Ton texte a beaucoup de potentiel, j'espère que tu vas bientôt écrire les chapitres suivants !
Vivement la suite, donc, car j’imagine que le mystérieux chargement va occasionner quelques ennuis à nos héros…

Merci pour ta réponse sur l'âge, je vais donc rajeunir ma vision de Tsvao dans mon esprit !

Sinon, mes remarques sur certains points, et quelques corrections :

Citation :
Le tunnel était sombre, malgré la phosphorescence de la pierre dans lequel il était creusé.
« dans laquelle »

Citation :
Il savait ce qu'il avait à faire. Se jeter dans la rivière, et ne pas lutter. Se laisser porter. Enfin, il savait ce qu'il avait à faire, mais c'était toujours aussi difficile.
Même si je comprends l’effet que tu as voulu donner, ça fait un peu lourd de répéter une phrase en entier.

Citation :
Un peu tappe-à-l'oeil, la décoration...
« tape-à-l’œil »

Citation :
Regardant au fond des yeux flamboyants de sa splendide hôtesse, il crût tomber dans un gouffre sans fond.
« il crut »

Citation :
Alors qu'elle éclatait de rire, il manqua de perdre conscience.
Il me semble que « perdre connaissance » serait plus approprié.

Citation :
- Et toi, tu n'es pas drôle, rétorqua la jeune fille avec une petite moue désapointée.
« désappointée »

Citation :
Tsvao, qui réouvrait à peine les yeux, reprit contenance et serra la main que lui tendait Egaal. Alors que la jeune fille lui souriait, il se força à détourner les yeux.
Tu as le mot « yeux » répété dans deux phrases de suite : tu pourrais remplacer par « détourner le regard »

Citation :
Eagal se tenait devant lui, vêtu d'une longue robe de chambre vieillie à carreaux bleux, un petit sourire au lèvres, sa chevelure noire en bataille, arborant à son habitude une barbe de trois jours.
« bleus » et ce serait plutôt « arborant comme à son habitude »

Citation :
- Le charme des succubes est beaucoup plus puissant si ça fait longtemps que tu ne l'as pas experimenté, c'est comme tout !
« expérimenté »

Citation :
- C'est plus grave ce que je pensais, dit-il en marchant d'un bon pas.
« plus grave que ce que »

Citation :
et le plafond vôuté était juste plus haut qu'un homme de taille normale.
« voûté »

Citation :
A la bonne heure, Tsvao n'était pas particulièrement grand.
L’expression « A la bonne heure » ne me paraît pas convenir, j’aurais plutôt mis « Heureusement »

Citation :
S'arrêtant brutalement, Eagal leva sa main droite d'un air excessivement solennel, et une flamme bleutée enveloppa Tsvao, qui sursauta sur le coup, manquant de tomber à nouveau sur le sol de marbre émeraude.
Là j’ai un peu de mal à comprendre, tu viens de dire « Le sol était à présent de pierre grise commune », et Tsvao manque de tomber sur le sol de marbre émeraude ? Il retourne dans l’antichambre ?

Citation :
Enfin, il n'avait pas tort. Tsvao se sentait mieux à présent, dans des vêtements chauds et secs.
Enfin, il n'avait pas tort. Tsvao se sentait mieux à présent, dans des vêtements chauds et secs.
Tu as deux fois de suite cette phrase.

Citation :
S'installant sur un des deux sèges qui se trouvaient au centre de la pièce, Eagal débarassa le petit bureau de bois précieux d'un revers de main.
« sièges » et « débarrassa »

Citation :
La pièce était imprégnée d'une odeur entêtante d'encre vieillie et de parchemins moisis, une odeur qui était famillière à Tsvao.
« familière »

Citation :
C'était le temps où Tsvao, inexperimenté, devait parfois trouver refuge dans un lieu isolé et sur pour échapper aux hommes de main des nobles.
« inexpérimenté » et « sûr »

Citation :
Dans l'embrasure de la porte, apparût la silhouette du vieux majordome.
« apparut »

Citation :
- Votre invité reste-il à diner ce soir, monsieur ?
« dîner »

Citation :
Il avait eu d'excellentes experiences dans des tavernes du nord ou de l'ouest du royaume.
« expériences »

Citation :
Il portait un plateau d'argent, sur lequel trônaient deux verres de cristal et une gourde allongée, qui semblait être un simple assemblement de peaux de bêtes.
« assemblage » plutôt, non ?

Citation :
Gwaar retira révérentieusement le bouchon, et entreprit de verser la liqueur d'une belle robe dorée.
« révérencieusement »

Citation :
Du miel de fleurs sauvages, sans doutes, ce qui donnait à la boisson un petit caractère.
« sans doute »

Citation :
- Ah, autre chose, c'est sur.
« sûr »

Citation :
Ma succube est un démon supérieur, particulièrement puissant, que j'ai moi même du mal à contrôler.

« moi-même »

Citation :
Ce que transporte ce convoi, c'est un pouvoir bien au delà de ma compréhension.
« au-delà »

Citation :
- Ecoute. Tu laisserais un pouvoir de cet envergure entre les mains des nobles d'Akhyat ?
« de cette »

Citation :
Et puis, cet objet quelqu'il soit, tu pourras l'étudier...
« quel qu’il »

Citation :
Il y a des puissances avec lesquels on ne doit pas jouer.
« avec lesquelles »

Citation :
Quoique nous trouvons, tu me laisseras d'abord découvrir sa nature.
« Quoi que nous trouverons »

Citation :
Et si je te dis que c'est dangereux, et que tu dois t'en débarasser, tu t'exécuteras, sans poser de questions, d'accord?
« débarrasser »

Citation :
Après une nouvelle réverence, ce dernier se volatilisa.
« révérence »

Citation :
Eagal s'attabla devant une des deux assiettes de friture. Il avait l'eau à la bouche. Non seulement il n'avait pas eu de vrai repas depuis quelques jours, mais Gwaar était excellent cuisinier.
Est-ce que ce ne serait pas plutôt Tsvao qui n’aurait pas eu de vrai repas depuis quelques jours ? Ce serait plus logique qu’Eagal qui a Gwaar à son service.
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MessageSujet: Re: Le corbeau et le serpent   Le corbeau et le serpent Icon_minitimeVen 29 Juin 2012 - 23:36

Citation :
Il savait ce qu'il avait à faire. Se jeter dans la rivière, et ne pas lutter. Se laisser porter. Enfin, il savait ce qu'il avait à faire, mais c'était toujours aussi difficile.
Je sais que la répétition est voulue ici mais ça fait un peu lourd

Citation :
Regardant au fond des yeux flamboyants de sa splendide hôtesse, il crût tomber dans un gouffre sans fond.
répétition de "fond"

Citation :
un des deux sèges
sièges

Citation :
isolé et sur
sûr

Citation :
sans doutes
sans doute

Citation :
Tsvao et Egaal
Tu te trompes carrément dans le nom de ton personnage ^^ Eagal


Sinon, j'ai bien aimé,, j'avais même un peu l'impression d'être avec ces deux personnages, dans le salon à discuter.
L'histoire par contre n'a pas tellement avancé et j'en attends plus.


J'pense que je répète ce qu'a dit Abigaelle, à certains endroits mais elle a été plus rapide...

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MessageSujet: Re: Le corbeau et le serpent   Le corbeau et le serpent Icon_minitimeSam 30 Juin 2012 - 8:57

Bien, bien, ce qui était facile à corriger /aka les fautes et les lourdeurs de style, a été édité, j'ai juste gardé un truc qui me plaisait quand même :p, aka "perdre conscience". Merci de votre lecture, J'essaierai de me relire un peu mieux pour ce genre de choses x)

Pour ce qui est des commentaires de "fond", prolifération de noms, enchainement de phrases courtes, ils sont aussi fondés et je vois certains passages que je pourrais tweak, mais la correction est plus longue et je préfère d'abord écrire la suite :p
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MessageSujet: Re: Le corbeau et le serpent   Le corbeau et le serpent Icon_minitimeSam 30 Juin 2012 - 20:48

La suite :

- Ton serviteur n'a pas perdu la main, commenta Tsvao, la bouche pleine.
- Il y a des choses qui ne changent pas... Dis-moi, pour demain, tu as déjà un plan, n'est-ce pas?
Tsvao sourit. Son ami s'attendait sans doute à une réponse négative. Ils n'avaient jamais vraiment eu besoin de plan.
- Le convoi sera plus vulnérable en mer. Au moins, nous n'aurons pas à nous soucier de l'intervention des nobles et de leurs hommes de main.
- Et nous n'aurons que les barbares pour nous arrêter. compléta Eagal, engouffrant une généreuse bouchée de poisson. Je préparerai un moyen de transport cette nuit, et te réveillerai demain matin, quand le convoi s'approchera des côtes. Erena viendra avec nous, reprit le mage après un instant de réflexion. Une fois que nous nous approcherons du vaisseau, je nous téléporterai dans la cale. Si tu n'y vois pas d'inconvénient, je préfère qu'on reste discrets, et qu'on évite le massacre, cette fois.
Caressant machinalement la garde de son sabre, Tsvao acquiesça. Il n'aimait pas tuer. Si, dans l'ardeur des combats le sang et l'ivresse de la victoire le galvanisaient, il ne pouvait s'empêcher de regretter profondément certains de ses actes. Il n'était pas né pour cette vie, il le savait. Mais son choix était fait. Il était devenu Tsvao Blinnc, brigand, flibustier, opportuniste, homme sans foi ni loi qui vouait une haine viscérale à la haute société d'Akhyat.
Le jeune homme fut arraché à ses souvenirs par l'apparition d'Erena sur le pas de la porte, qui portait un lourd plateau de vrai-argent, couvert de plats de toutes sortes.
Bien que toujours vêtue de sa robe de tissu délicat, d'un rouge éclatant, son visage avait changé. Elle avait opté pour une flamboyante chevelure rousse, qui descendait jusqu'au bas de sa nuque. Sa peau, légèrement rosie, s'était couverte de petites taches de rousseur, et de grands yeux bleus-verts, tels deux pierres précieuses, ornaient son magnifique visage. Alors qu'elle se déplaçait avec grâce dans la pièce, Tsvao la suivit du regard. Le charme qu'elle dégageait était différent. Moins puissant, moins violent. Doux, et naturel, à la manière d'un coucher de soleil sur Oïs. Le jeune homme entendait la voix lointaine et un peu agacée d'Eagal, et le rire franc d'Erena, qui résonnait à ses oreilles. "Vraiment, tu exagères ! J'aurais dû m'en douter!" parvint-il à saisir.
"Pas de ma faute, répondit la voix faussement indignée de la succube. Il est sensible, aujourd'hui, ton ami. Je n'essayais même pas vraiment"
Se laissant bercer par ce timbre doux et un peu provocateur, Tsvao abandonna sa tête sur le confortable fauteuil dans lequel il était assis. Le temps semblait pris de folie. Ralenti, parfois presque arrêté, puis accéléré, coulant à la manière de l'eau d'une cascade. Du reste de la soirée, il ne perçut que des bribes. Eagal lui parlait de choses et d'autres, de leur passé, de souvenirs flous et agréables, de dieux, de démons, de la cuisine d'Oïs, de la qualité du vin cette année. Au milieu de ce flot de paroles, interrompu par les interventions régulières d'Erena venant apporter un nouveau plat ou s'enquérir de la satisfaction des convives, Tsvao se contentait de courtes interventions, l'esprit ailleurs. Il s'était abandonné au plaisir d'un bon fauteuil rembourré et d'une ambiance chaude et conviviale, à laquelle les délicieux plats de Gwaar n'enlevaient rien. Fatigué par de longues nuits de veille, un peu étourdi par l'hydromel du chaman, il fermait les yeux, pour ensuite se forcer à les rouvrir quelques secondes plus tard. Se levant, Eagal lui attrapa l'épaule.
- Je vais te montrer ta chambre. Tu dois être fatigué. Et puis, le réveil de demain matin risque d'être dur... Enfin, j'avais du travail à finir ce soir, de toutes façons, ajouta-t-il en haussant les épaules.
Tsvao acquiesça, reconnaissant. Un vrai lit ne lui ferait que du bien. Alors qu'ils s'enfonçaient à nouveau dans les longs couloirs du donjon, Eagal poursuivait son éternelle conversation. "Tu sais, ce n'est pas que j'aie peur du pouvoir, c'est que j'en ai assez, c'est tout ! Après tout, je suis déjà presque arrivé au sommet de mon art, et puis... Tu m'écoutes?"
- Oui, oui, répondit Tsvao, qui ne suivait qu'à moitié.
Arrivant devant une nouvelle porte de bois, Eagal sortit un trousseau de clés.
- Tu veux que je scelle ta porte? Ce serait mieux que tu aies un peu dormi avant demain matin... Remarque, si Erena veut vraiment entrer, elle entrera malgré les protections précaires que je pourrais mettre en place. Je n'ai ni l'envie ni l'énergie de construire un sortilège complexe. J'espère juste qu'elle saura être raisonnable, cette fois.
Tsvao sourit. A sa dernière visite, il avait dormi presque deux journées entières après sa première nuit, qui avait sans doute été merveilleuse, mais certainement pas reposante.
- Tu sais, même si elle essaie, elle sera déçue, vu mon état.
- Encore une fois, tu négliges les incroyables ressources de l'être humain. Surtout quand elles sont galvanisées par une succube. Pas pour rien qu'on est leur friandise préférée. Bref, "Bonne nuit", si j'ose dire, conclut Eagal avec un clin d'oeil, en refermant la porte.
Alors que le mage murmurait des incantations de sa voix rauque, un oeil stylisé, d'une lueur bleutée, se dessina sur le bois. Malgré lui, Tsvao espérait que la rune serait aussi inefficace que son ami l'avait prédit.
Entrant dans la petite pièce, il s'effondra sur le lit de plumes. Les douces flammes du chandelier d'airain, posé sur la table de nuit, vacillaient, alors que les fresques qui décoraient le plafond se fondaient, tournoyant au dessus de sa tête, dans un étrange flou artistique. Sans même prendre la peine de se déshabiller, il ferma les yeux.

II) Un plan sans failles

Le sol était froid. Froid, et mouillé. Tsvao était allongé. Il sentait l'odeur âcre de la terre lui emplir les narines. Une forêt. D'immenses arbres qu'il n'avait jamais vus. Il pleuvait. Se relevant, Tsvao mit un genou à terre. Il était blessé. Ses jambes. Elles lui faisaient mal. Devant lui, Une jeune fille, vêtue de blanc. Un liquide rouge, poisseux. Ses cheveux roux éparpillés sur le sol. Les yeux fermés. Tsvao tenta de s'approcher. Arrêté, par cette indescriptible douleur. Elle ouvrit les yeux. De fines pupilles noires, dans des globes d'un jaune verdâtre. Un serpent sur le sol, prêt à l'attaquer. Les yeux changeaient. Ils devenaient noisette. Un regard. De la peur, un profond désespoir. Suppliant. Une voix, embuée par les larmes et le sang. "Aide moi". Dans un ultime effort pour s'approcher de la jeune fille, Tsvao rugit de douleur.
- Monsieur... Monsieur ! Je vous en prie, monsieur, réveillez vous !
Tsvao sursauta dans son lit. C'était Gwaar, qui secouait ses épaules. Le vieil intendant semblait avoir perdu son flegme habituel, et lui tendait son sabre.
Monsieur Eagal vous attend sur la crique ! C'est urgent, Monsieur !
S'emparant machinalement du pommeau de son arme, Tsvao se leva en protestant faiblement.
- Mais enfin Gwaar, c'est le milieu de la nuit...
A moitié éveillé, Tsvao se demanda s'il s'agissait là d'un autre cauchemar. Il suivit pourtant l'intendant, qui marchait d'un pas empressé dans les couloirs de la demeure. Tout en marchant, Tsvao rassembla ses esprits. Qu'est ce qui avait bien pu arriver, pendant la nuit? Les nobles n'avaient pas pu le retrouver, dans le donjon d'Eagal... C'était impossible... Les démons des eaux protégeaient farouchement la crique contre les intrus...
L'intendant s'arrêta enfin devant une porte de pierre. D'un geste fébrile, il déverrouilla le cadenas, et l'ouvrit. Toujours un peu étourdi, Tsvao suivit Gwaar à l'intérieur de la pièce. Au sol, un immense cercle orné de motifs compliqués, qui brillait d'une lueur rouge feu.
Après vous, monsieur, dit l'intendant, qui avait repris une partie de sa contenance.
Un cercle d'évocation. De téléportation, à en juger par la taille et la forme, pensa Tsvao. Prenant une longue inspiration, Tsvao entra dans le cercle. Fermant les yeux, il attendit que viennent les premiers effets. D'abord, une brûlure. Ensuite, une puissante douleur, des tiraillements dans tous ses membres. Tsvao sentait son esprit se détacher de son corps, alors que les runes du cercle brillaient avec de plus en plus d'intensité. Restant debout, Il laissa la puissante flamme rouge qui venait de jaillir au centre du cercle l'envelopper. Il se sentit comme aspiré. La pièce s'effaça. Il était sur la crique, derrière un assemblage de rochers un peu plus hauts que les autres. Toujours debout, dans un cercle similaire, qu'il n'avait jamais remarqué auparavant. Le vent lui fouettait le visage alors qu'il prenait une longue bouffée de cet air frais et marin si caractéristiques des côtes du sud en hiver, détendant un peu ses muscles crispés par la téléportation.
- Ah, pas trop tôt ! S'écria Eagal, qui s'élançait vers lui. Vêtu d'une robe de chambre d'un blanc sale, mal rasé, avec la marque de son oreiller bien visible sur sa tête, le mage était encore moins présentable que d'habitude.
- Qu'est- ce que.... commença Tsvao, les sourcils froncés.
Sans un mot, Eagal le prit par le bras, et l'entraîna vers la côte.
- Pas besoin d'aller chercher les ennuis, maintenant, grommela-t-il. Ils viennent d'eux mêmes à nous.


Dernière édition par Galb le Mer 25 Juil 2012 - 10:25, édité 5 fois
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MessageSujet: Re: Le corbeau et le serpent   Le corbeau et le serpent Icon_minitimeSam 30 Juin 2012 - 21:21

Citation :
qui avait une haine viscérale
qui vouait une haine viscérale, non ?

Citation :
Tu m'écoutes?"
- Oui, oui, répondit Tsvao, qui n'écoutait qu'à moitié.
Tu répétés "écoutes/ait" (et comme je suis sympa, je propose une solution: "Tsvao qui ne suivait qu'à moitié")

Citation :
Ce serait mieux que tu aie
que tu aies

Citation :
des tiraillements dans tous ses membres. [...] Il se sentit tiraillé de tous cotés
D'abord c'est une répétition mais en plus, c'est deux effets de la téléportation qui se répètent.

Citation :
caractéristiques de côtes du sud en hiver
des côtes

Citation :
Même pas besoin d'aller chercher les ennuis, maintenant, grommela-t-il. Ils viennent d'eux mêmes à nous.
répétition de "même"


Sinon, comme avant, c'est fluide, bien écrit.
L'évocation du cauchemar marque une rupture dans le rythme avec des phrases beaucoup plus courtes et même parfois composées d'un seul mot. C'est plutôt pas mal comme ça, ça fait vraiment un truc à part.
J'attends la suite et le vrai début de l'action (vivement que ça ne commence !)
et j'ai vraiment envie d'en savoir plus sur Tsvao et Eagal...

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MessageSujet: Re: Le corbeau et le serpent   Le corbeau et le serpent Icon_minitimeSam 30 Juin 2012 - 23:07

Voilà, suite lue, en écoutant « While your lips are still red » et « 7 days to the wolves”, ça collait très bien.

Je suis toujours aussi prise dans l’histoire, emportée avec les personnages et intriguée, d’une part à cause du rêve si mystérieux, et surtout vu l’endroit où tu arrêtes ton histoire ! La suite, vite, sinon j’envoie Ranxor la chercher ! ::baton:: (oui, je sais, je fais du chantage, mais quand je suis prise dans un texte, j’aime bien en lire la suite rapidement !)

Voici les points que j’ai relevés :

Citation :
"Vraiment, tu exagères ! J'aurais du m'en douter!" parvint-il à entendre.
« J’aurais dû »

Citation :
Enfin, j'avais du travail à finir ce soir, de toutes façon, ajouta-t-il en haussant les épaules.
« de toute façon » ou « de toutes façons »

Citation :
A sa dernière visite, il avait dormi presque deux journées entières entière après sa première nuit, qui avait sans doute été merveilleuse, mais certainement pas reposante.
Il y a un « entière » de trop

Citation :
Pas pour rien qu'on est leur friandise préférée.
Là rien à dire, juste que j’adore cette phrase ! ::love::

Citation :
Devant lui. Une jeune fille, vêtue de blanc. Un liquide rouge, poisseux. Ses cheveux roux éparpillés sur le sol. Les yeux fermés.
Je suppose que tu veux nous faire ressentir qu’il voit les choses par flash dans son rêve, mais la tournure est déroutante, obligeant à s’arrêter sans cesse avec les points, et ça fait un drôle d’effet, ça manque de fluidité. Je pense que tu y gagnerais à supprimer quelques points.

Citation :
D'abord, une brulure.
« brûlure »

Citation :
alors que les runes du cercles brillaient avec de plus en plus d'intensité.
« du cercle »

Citation :
Il se sentit tiraillé de tous cotés.
« côtés »

Citation :
Comme aspiré. La pièce s'effaça. Il était sur la crique, derrière un assemblage de rochers, un peu plus hauts que les autres.
Si « plus hauts » se réfère bien aux rochers, il me semble que la virgule est de trop à cet endroit.

Citation :
Le vent lui fouettait le visage alors qu'il prenait une longue bouffée de cet air frais et marin si caractéristiques de côtes du sud en hiver, détendant un peu ses muscles crispés par la téléportation.
« caractéristique » au singulier car il se rapporte à l’air, non ?


Vite, vite, qu’est-ce qui va se passer ??? bounce
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MessageSujet: Re: Le corbeau et le serpent   Le corbeau et le serpent Icon_minitimeLun 2 Juil 2012 - 23:45

Etant en stage seul à strasbourg, les suites se feront plus espacées... Boulot + crevé Very Happy
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MessageSujet: Re: Le corbeau et le serpent   Le corbeau et le serpent Icon_minitimeMar 3 Juil 2012 - 7:56

Bon courage pour ton stage, je vais m'armer de patience en attendant (c'est bien pour ça que je n'aime pas les livres par épisodes, quand je suis prise dans un texte, c'est une torture de devoir attendre la suite !)
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MessageSujet: Re: Le corbeau et le serpent   Le corbeau et le serpent Icon_minitimeSam 7 Juil 2012 - 1:10

Alors qu'il s'approchait de la crique, Tsvao vit ce qu'Eagal entendait par "ennuis". Des troupes du roi, reconnaissables à la chimère gravée sur leur armure, s'approchaient de la côte dans des bacs à fond plat. Devant eux, des hommes à moitié nus, vêtus de peaux de daims, nageaient rapidement, les lourdes armes qu'ils portaient ne semblant pas entraver leurs mouvements. S'avançant, Eagal désigna du doigt le point vers lequel convergeaient les hommes du roi et les barbares.
- Et... voilà ce qu'ils cherchent.
Tsvao plissa les yeux. C'était un corps. De femme, à en juger par son vêtement et sa taille. Alors qu'ils atteignaient la berge, les nageurs les plus doués s'approchèrent d'elle. L'un deux, un véritable colosse, la jeta sur son dos. Tsvao ne croisa le regard de la femme qu'un instant. Deux yeux noisettes, qui semblaient le supplier. Dans sa tête, un lointain écho. "A l'aide". Sans réfléchir plus, Tsvao dégaina son sabre, et marcha d'un pas assuré vers la côte.
- On doit l'aider.
Eagal, visiblement pris d'une incompréhension totale, resta interdit, debout derrière les rochers.
- Je ne suis pas sûr que... Enfin je veux dire, on ne sait même pas... Oh, et puis, Sangnoir, jura-t-il en emboitant le pas de son ami. Et après, tu dis que tu es un assassin sans pitié hein? Chevalier blanc, va. Chassez le naturel, il revient au galop.
Tsvao ne faisait plus attention aux faibles protestations du mage. Son esprit tout entier était obnubilé par ces yeux. Ces yeux qui criaient à l'aide. Ce fut l'un des soldats royaux qui le remarqua en premier. S'empressant d'avertir ses camarades, il montra du doigt la silhouette sombre au sabre brillant qui s'avançait vers eux.
- Pas de témoins ! lança celui qui semblait être le chef de l'expédition. Ramenez-moi la tête de ces deux-là !
Un petit groupe de quatre gardes, dont un des barbares de l'est s'avançait, avec une certaine prudence, vers Tsvao, alors que celui-ci souriait, son sabre reflétant la lueur de la lune. Avant qu'ils n'aient eu le temps de réagir, il était sur eux. Le premier succomba rapidement, sa tête tranchée nette. Ils ne s'attendaient pas à être attaqués de front, qui plus est par un homme seul. Alors que le sabre de Tsvao virevoltait à nouveau, visant le cœur d'un autre de ses ennemis, il fut dévié par l'estoc d'une épée lourde. Accusant le coup, Tsvao recula d'un pas. Devant lui, un des barbares de l'est, au corps tatoué, une expression de rage imprimée sur son visage. Il dépassait Tsvao d'au moins deux têtes. Les autres gardes, qui avaient repris leurs esprits, s'avançaient vers lui, bouclier en avant.
Prenant à deux mains sa claymore, l'homme de l'est, véritable géant, s'apprêtait à porter un autre coup. Tsvao réfléchit rapidement. Inutile de parer. Son sabre, quoique de bonne facture, ne tiendrait pas. Se jetant sur le coté, il laissa l'arme de son adversaire s'abattre avec force sur le sol, et dévia du sabre le coup qu'un des gardes, qui avait couru vers lui, voulait porter.
Soudain, alors que le barbare fonçait à nouveau sur Tsvao, beuglant de colère, un croassement lugubre retentit. Un grand corbeau noir, aux serres brillantes et menaçantes, fondit sur le visage du colosse, lui arrachant les yeux. Une gerbe de sang rouge sombre gicla, alors que l'homme hurlait à nouveau, de douleur, cette fois. Profitant de l'occasion, Tsvao s'empara d'une dague courte, qu'il lança avec dextérité vers son adversaire, transperçant sa gorge et coupant sa jugulaire.
Se retournant vers les deux soldats qui restaient, Tsvao se fendit, alors qu'un autre corbeau le suivait dans sa course. Ayant plongé son sabre dans le coeur de l'un des gardes, il se retourna vers son camarade, déjà attaqué par le bec acéré de l'oiseau noir qu'Eagal avait invoqué. D'un coup sec dans la nuque, il abrégea les souffrances de l'homme.
Les soldats restés sur la plage, voyant leurs camarades mourir un par un, commençaient à se déplacer rapidement vers le lieu du combat. Ils étaient toujours une dizaine, dont un contingent de sept barbares de l'est, armés de lourdes armes à deux mains, masses, piques, et haches.
- Ces gaillards sont d'une autre trempe que ceux que nous affrontons habituellement, lança Tsvao, en sueur.
- Oui. Et puis, je ne suis pas vraiment en état de combattre. Le contrôle de ces démons corbeaux m'a épuisé. Il va falloir trouver une solution.
Mettant un genou à terre, Eagal posa les deux mains au sol, pour les relever lentement, paume ouverte vers le ciel. Des cris désespérés, des sons rauques, inhumains, s'échappèrent des eaux. Un cercle verdâtre s'était dessiné autour du mage, alors qu'il canalisait le sortilège, les yeux fermés. S'extirpant de l'océan Isgaari, des cadavres à moitié dévorés et des squelettes armés de vieilles épées rouillés, avançaient, en flot continu, vers la berge ,sous la lumière laiteuse et lugubre de la lune.
Se posant sur l'épaule de Tsvao, l'un des corbeaux ouvrit son bec, et le jeune homme entendit l'écho, un peu nasillard, de la voix de son ami.
"Je les retiens. Va chercher le colis. Bouge-toi."
Si les gardes royaux avaient reculés, effrayés à la vue des morts qui marchaient vers eux, les barbares souriaient et se jetaient tête la première dans la mêlée, broyant de leurs lourdes armes plusieurs cadavres à la fois. Galvanisés, les soldats de l'ouest se jetèrent à la suite de leurs champions, faisant refluer lentement les morts vers les flots, qui s'agitaient à présent avec une furie inhabituelle.
Tsvao savait ce qu'il avait à faire. Courant au milieu des vagues de guerriers relevés qui déferlaient toujours sur la rive, il se fraya un chemin au milieu du combat qui faisait rage. Jetant un regard derrière lui, il vit qu'Eagal n'était toujours pas directement menacé, protégé par les cadavres des marins dont l'âme avait été dérobée par les sirènes de la crique.
Tsvao aperçut la jeune fille. Elle était ballotée, inerte, sur le dos de l'un des colosses, accompagné d'un soldat qui semblait plus gradé que les autres à en juger par son blason. Ils fuyaient vers la mer. Le corbeau, déployant ses ailes, fondit sur eux, mais fut arrêté net par un énorme carreau qui lui transperça le ventre. Tombant au sol dans un cri déchirant, il avait laissé le temps à Tsvao de s'approcher de ses ennemis. Le soldat, qui réarmait son arbalète, était vulnérable pendant quelques longues secondes, et le barbare s'était lancé dans une course effrénée, fuyant avec son précieux fardeau. Profitant de ce court répit, Tsvao sortit de sa manche une autre baïonnette.
Visant avec acuité dans la nuit pourtant sombre, il projeta son arme, qui fendit l'air avec un sifflement sourd. La dague perça le poumon de l'arbalétrier, qui tomba à terre en suffoquant faiblement. Sabre brandi, Tsvao se lança à la poursuite du barbare. La rage au ventre, il ne pensait qu'à ces yeux. Ces yeux, qui criaient au secours. Le barbare était fort et endurant, mais le jeune homme plus léger. Peu à peu, il le rattrapait. Voyant qu'il ne pouvait pas échapper à un inéluctable combat, l'homme de l'est se retourna, et s'emparant d'une immense hache à double tranchant, jeta la jeune fille à terre. Son corps inerte roula au sol jusqu'à ce que sa tête heurte un rocher. Un filet de sang rouge et poisseux se mit à couler, rapidement absorbé par le sable.
Dans un mouvement de rage, Tsvao abattit son sabre sur le barbare, qui dévia le coup avec une négligence calculée, d'un simple mouvement de son bras démesuré. Reculant, Tsvao prépara sa nouvelle attaque, alors que son adversaire s'approchait de lui avec prudence. Les yeux, la gorge. Des points faibles que même la vie dans les steppes de l'est ne pouvait endurcir. Deux poignards fusèrent rapidement vers le guerrier, qui les évita avec une rapidité impressionnante. Un rire narquois et rauque retentit, amplifié par l'écho de la crique, se perdant peu à peu au milieu des sons de la bataille toute proche qui faisait encore rage entre les serviteurs mort-vivants damnés par Eagal et les troupes du roi.
Brandissant sa hache, le barbare avançait toujours, un sourire aux lèvres, ses yeux noirs injectés de sang surmontés de sourcils sombres. Tsvao réfléchissait rapidement. Si le combat durait trop longtemps, il le perdrait. Les barbares de l'est étaient réputés à la fois pour leur force brute et leur endurance. Brandissant leurs légendaires armes lourdes, menant combat sur combat, un sourire déterminé aux lèvres, tuant, massacrant, pillant, ils dormaient à terre, leur hache pour oreiller. Non, en combat loyal, Tsvao n'avait aucune chance.
Avec un rugissement, le barbare souleva son arme, se préparant à porter un puissant coup. Roulant sur le coté, Tsvao sentit le sol froid de la crique du diable sur son visage, alors que la hache s'enfonçait dans le sable à quelques centimètres de lui. Du sable fin. Réalisant qu'il était temps de mettre son honneur de coté, il en prit une pleine poignée et la jeta au visage du colosse qui levait à nouveau son arme. L'homme, aveuglé, portant la main à ses yeux, recula d'un pas. Profitant de cet instant de faiblesse, Tsvao bondit sur son adversaire vulnérable, se fendant à fond. Son arme fine mais solide, transperça le ventre du géant, qui lâcha sa hache de guerre avec un cri guttural. Le jeune homme en sueur et soulagé, ses mains toujours collées à la garde du sabre fiché dans le corps du barbare, ne vit pas les deux énormes paumres de l'homme se refermer rapidement et puissamment sur son cou, alors qu'il avait perdu un instant sa vigilance habituelle. Impuissant, soulevé du sol, il lâcha son arme. Les énormes doigts du barbare, resserrant toujours plus leur prise, menaçaient de faire céder les cervicales de Tsvao, qui suffoquait déjà. Les yeux tournés vers le ciel, il ne voyait qu'une nuit voilée de rouge, maculée de petites lueurs blanchâtres et de larges tâches d'un gris neutre.
Tsvao ferma les yeux, alors que sa conscience s'égarait. Des images défilaient dans sa tête. Sa mère. Un miroir brisé. De l'or, sur le sol, des bijoux précieux, du sang. Du sang noir, noir, et épais. Un rire de jeune fille, tintant comme un grelot dans son esprit qui s'éteignait lentement. Un choc. Une douleur à la jambe, les graviers de la crique dans ses plaies ouvertes. Du sable s'immisçant dans ses narines et dans sa gorge, alors qu'il respirait à nouveau péniblement. Relevant la tête du sol, il ouvrit les yeux. Devant lui, le corps de l'homme de l'est, qui gisait sur le sable de la crique gorgé de son sang. Se relevant avec difficulté, Tsvao s'approcha de son adversaire, qui agonisait toujours, ses yeux noirs tournés vers la lune laiteuse. Ses traits tirés dans une expression de douleur, ses yeux rougis par le sable et par la rage, et cette lueur, au fond de ses pupilles. Cette lueur, mélange de haine, de douleur, et de supplique. Cette lueur, qui faisait écho au reflet de la lune. D'un coup du plat de la main, Tsvao écrasa la trachée du barbare, faisant cesser son agonie.
Sans même prendre le temps de récupérer son arme, il courut vers la jeune fille, le souffle toujours court. Les yeux fermés, le visage livide, ses cheveux d'un roux sombre éparpillés, elle reposait dans une position d'un ridicule macabre, son corps plié et sa tête comme négligemment posée sur un rocher qui affleurait le sable. Était-ce un nouveau cauchemar? Allait-il se réveiller, encore une fois, dans le lit confortable du donjon d'Eagal?
Mais les yeux de la jeune fille restaient fermés, cette fois. Désespérément fermés. Tsvao s'empara de son poignet. Elle vivait. Se retournant, il chercha Eagal des yeux. Les bruits de bataille avaient cessé. Soudain, le mage apparut, en sueur, devant lui. Sa robe de chambre trempée collait à ses muscles, et ses cheveux, étrangement aplatis, tombaient sur son front et sa nuque.
- J'ai fait ce que j'ai pu... lança-t-il d'une voix épuisée et haletante. Ils arrivent, maintenant.
Arrachant son sabre au cadavre du barbare, Tsvao posa un genou au sol. Le combat l'avait exténué, et il n'avait toujours pas repris entièrement sa respiration. Les quelques hommes du roi qui restaient s'avançaient au pas de marche vers eux, armes brandies. Le combat contre les morts avait éclairci leurs rangs, mais les cinq survivants étaient animés d'une implacable volonté de vengeance, qui renforçait encore le devoir qu'ils avaient envers leur roi.
- Je pourrais peut être nous téléporter tous les trois à l'intérieur, ajouta le mage en désignant la jeune fille du menton. Mais il va me falloir un peu de temps pour tracer le Pentacle. Dans mon état, une téléportation sans attaches risque de mal se terminer.
Tsvao acquiesça gravement. Les dangers de la téléportation existaient réellement. Mais retenir cinq hommes déterminés, seul, sa gorge brulée par le sable et le sel et des plaies encore sanglantes aux bras et aux genoux, risquait de ne pas être aisé.
- Et sinon... Tu as un plan B ?


[€dit] corrections apportées sur les derniers posts
EDIT : lourdeurs


Dernière édition par Galb le Jeu 26 Juil 2012 - 8:02, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Le corbeau et le serpent   Le corbeau et le serpent Icon_minitimeDim 8 Juil 2012 - 15:23

Je suis contente de découvrir enfin la suite de l’histoire, j’étais prise dans l’action du combat avec eux, et je me demande qui est la mystérieuse jeune fille : ma première pensée est qu’il s’agit de ce que transporte le convoi, et qu’elle n’est peut-être pas si innocente qu’elle en a l’air.
J’ai en tout cas hâte de lire la suite, surtout vu l’endroit où tu as arrêté l’histoire !!!

Pour la forme, voilà ce que j’ai relevé :

Citation :
- Je ne suis pas sur que... Enfin je veux dire, on ne sait même pas...
« pas sûr »

Citation :
Avant qu'ils n'aient eu le temps e réagir, il était sur eux.
« le temps de réagir »

Citation :
accusant le coup, Tsvao recula d'un pas.
Il manque la majuscule à « Accusant »

Citation :
Prenant à eux mains sa claymore, l'homme de l'est, véritable géant, s'apprêtait à porter un autre coup.
« à deux mains »

Citation :
Ayant plongé son sabre dans le coeur de l'un des gardes, il se retourna vers son camarade, déjà attaqué par le becs acéré de l'oiseau noir qu'Eagal avait invoqué.
« le bec »

Citation :
Ils étaient toujours une dixaine, dont un contingent de sept barbares de l'est, armés de lourdes armes à deux mains, masses, piques, et haches.
« une dizaine »

Citation :
Courant au milieu des vagues de guerriers relevés qui déferlaient toujours sur la rive, il se fraya un chemin vers Jetant un regard derrière lui, il vit qu'Eagal n'était toujours pas directement menacé, protégé par les cadavres des marins dont l'âme avait été dérobée par les sirènes de la crique.
Dans cette partie, il doit manquer un morceau de phrase entre « vers » et « Jetant »

Citation :
Tombant au sol ans un cri déchirant, il avait laissé le temps à Tsvao de s'approcher de ses ennemis.
« dans un cri »

Citation :
Le soldat, qui réarmait son arbalète, était vulnérable pendant quelques longues secondes, et le barbare s'était lancé dans une course effrenée, fuyant avec son précieux fardeau vers l.
Là aussi, il manque la fin de la phrase.

Citation :
La dague transperça le poumons de l'arbalétrier, qui tomba à terre en suffoquant faiblement.
« le poumon »

Citation :
Un rire narquois et rauque retentit, amplifié par l'écho de la crique, se perdant peu à peu au millieu des sons de la bataille toute proche qui faisait encore rage, entre les serviteurs mort-vivants damnés par Eagal et les troupes du roi.
« au milieu »

Citation :
Brandissant sa hache, le barbare avançait toujours, un sourire au lèvres, ses yeux noirs injectés de sang surmontés de sourcils d'un noir d'ébène.
« aux lèvres »

Citation :
Roulant sur le coté, Tsvao sentit le sable froid de la crique du diable sur son visage, alors que la hache s''enfonçait dans le sable à quelques centimètres de lui.
« s’enfonçait »

Citation :
Cet lueur, qui faisait écho au reflet de la lune.
« Cette lueur »

Citation :
D'un coup du plat de la main, Tsvao frappa écrasa la trachée du barbare, faisant cesser son agonie.
Il faudrait une virgule ou « et » entre « frappa » et « écrasa »
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MessageSujet: Re: Le corbeau et le serpent   Le corbeau et le serpent Icon_minitimeMar 10 Juil 2012 - 16:29

Coucou !

Citation :
La mer était calme, et il faisait chaud pour un soir d'hiver. Tant mieux. Voilà plusieurs semaines qu'Eagal était barricadé dans sa demeure, creusée dans la falaise, et il aurait été proprement impossible de le contacter sans aller frapper à sa porte.

La première virgule casse la fuidité de la phrase. La partie soulignée est lourde à mon sens. de plus, j'aurais plutôt dit "et il était".

Citation :
De toutes façons, il aurait été imprudent

Même remarque, je dirais plutôt "il était".

Citation :
Tsvao posa son long sabre devant lui, et s'adossa au bois de la barque, attendant qu'une douce nuit étoilée recouvre la région.

Cette phrase se lit mieux d'un coup, sans virgule.

Citation :
Lui, Eagal, et puis... cette fille.

Il manque une majuscule.

Citation :
Eagal aussi, avait choisi une voie des plus sombres

Pareil.

Citation :
Tsvao enfila ses gants de cuirs

Petite faute : pas de "s" à cuir.

Citation :
Avec un soupir, Tsvao sortit deux boules de cire sèche de sa poche, et se boucha les oreilles.

Ah la la, le chant des sirènes. J'aime. Enfin je dis sirènes mais c'est même pas préciser qui chante en fait.

première partie très intéressante. pour ce qui est de ton objectif, je dirais qu'i n'est pas tout à fait atteint : c'est agréable à lire, mais comme je l'ai dit dans mes précédentes remarques, certaines phrases pourraient être plus fluides. Au plaisir de continuer à te commenter bientôt concernant la suite ! Smile

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MessageSujet: Re: Le corbeau et le serpent   Le corbeau et le serpent Icon_minitimeMar 10 Juil 2012 - 18:08

J'ai tout lut, c'est vraiment bien écrit et très accrocheur!

vivement la suite!
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MessageSujet: Re: Le corbeau et le serpent   Le corbeau et le serpent Icon_minitimeMer 11 Juil 2012 - 19:15

Eh bien, vos commentaires à tous font plaisir Very Happy
Les virgules, oui c'est un défaut :p une amie qui lit aussi mes textes me l'a déjà fait remarquer. Voilà donc la sweet, avec un cliffhanger un peu moins cliché que d'hab Very Happy

Eagal hésita un instant, puis un sourire se dessina sur son visage.
- J'espérais pouvoir les épargner, lança-t-il en désignant les cinq soldats qui s'approchaient. Mais... Visiblement, on a pas vraiment le choix.
Relevant sa manche, il découvrit le tatouage qui ornait son avant bras. Une étoile à six branches, différente des pentacles habituels, aux runes finement dessinées. Alors qu'il l'effleurait de son index, les branches du symbole rougirent faiblement.
"Voleuse d'âme, sauvage fille de Kaï tan
Valkyrie infernale, puissante sœur du Péché
Arme toi de ton funeste instinct
Accomplis ton morbide dessein
Dès lors, de tes chaines sois déliée
De mes runes, sois libérée
Jusqu'à ce que leurs âmes soient dévorées. "

Alors qu'Eagal tombait à genoux, le visage crispé de douleur, une flamme noire jait devant lui. Les soldats s'étaient arrêtés, interdits. Le feu s'éteignait peu à peu, et au millieu des cendres, une longue silhouette féminine se leva, ses cheveux noirs tombant jusqu'aux anches.
- Tiens, j'ai le droit de m'amuser, maintenant? remarqua-t-elle avec un sourire narquois.
- Ils sont à toi, Erena, lança Eagal en s'asseyant péniblement.
Le visage de la succube s'illumina d'une joie presque enfantine, alors que son éternelle robe rouge se colorait d'un noir d'encre. Au fond de ses yeux sombres, la flamme orangée brûlait toujours, plus vive que jamais. Les soldats reculaient lentement devant le démon, qui marchait vers eux d'un pas nonchalant. Alors que l'un des gardes levait son arme pour se défendre, la fine main de la succube s'enfonça dans son cou, déchirant sa jugulaire. Les autres hommes restaient paralysés de peur. Savourant ce moment de liberté, Erena approcha lentement son visage de celui de l'homme agonisant, qui la fixait avec terreur et impuissance. D'un geste tendre, elle embrassa langoureusement sa proie, se délectant du sang qui coulait à flot dans sa bouche. Le corps du garde tomba à terre, les yeux révulsés.
Se retournant vers un les autres soldats, qui tentaient de s'enfuir, elle projeta quatre chaines d'acier gris qui les fauchèrent dans leur course, et avec un sourire à glacer le sang, elle plaqua le visage de l'un d'entre eux sur le sable.
Alors que ses ongles s'enfonçaient dans le crane de l'homme, dont les hurlements de souffrance retentissait sur la crique, une onde de lumière rouge parcourut le bras d'Erena, qui frissona de plaisir. Une expression d'intense plénitude et de jouissance s'imprimait peu à peu sur son visage, alors que l'âme de l'infortuné garde courait le long de ses membres.
Tsvao ne faisait pas même attention au massacre qui se déroulait à quelques mètres delui. Il s'était précipité vers la jeune fille.
- Tu peux nous téléporter, maintenant? Elle a besoin de soins !
- Il va falloir que je trace le pentacle. Et puis, je ne suis pas sur de vouloir la prendre avec nous. C'est d'elle qu'émane la puissance dont je t'avais parlé. C'est risqué, je te dis, répondit Eagal, l'air soucieux.
Se levant, Tsvao lança à son ami un regard indigné et surpris. Il cherchait la vengeance, mais parfois, d'anciennes valeurs, ressurgissant des tréfonds de son esprit, prenaient le dessus.
- C'est un être humain, Eagal...
Se levant, le mage, résigné, se mit à tracer les runes du cercle.
- Un être humain, ouais, grommela-t-il. Une jeune fille surtout, charmante, d'ailleurs. Tu ne changeras jamais, Tsvao.
Les deux amis furent interrompus par le retour d'Erena, qui léchait ses doigts rougis. Elle avait repris sa forme habituelle, sa robe rouge facilement repérable au milieu de la nuit. Son visage, reflétant toujours une innocence juvénile, était aspergé de sang.
- Ça fait un moment que je n'avais pas été aussi satisfaite... Sans vouloir t'offenser, Tsvao !
- Désolé, je fais passer mon âme avant ma virilité et ma fierté masculine, répondit-il machinalement.
Avec un petit sourire, Erena jaugea le jeune guerrier. Son âme était sans doute encore fraîche, presque pure... Et l'énergie de son corps... Tant à puiser...
- Des fois, je me dis que c'est vraiment dommage que tu sois l'ami d'Eagal... C'est un compliment, bien sûr, ajouta-t-elle d'un ton badin.
- Le mage éclata d'un rire nerveux.
- Je sens que tu auras beaucoup d'autres âmes à voler, Erena. Tu vas lui faire peur, là. Essaie plutôt de ranimer notre hôte ici présente, voir ce qu'on peut faire d'elle.
Avec un petit haussement d'épaule, elle s'approcha la jeune fille qui reposait sur le coté, étendue sur le sable. Se penchant vers elle, Erena tendit la main. Un éclair aveuglant perça la nuit, comme le puissant éclat d'une étoile du ciel. La succube se retira rapidement, comme brûlée, et suçant son doigt pour atténuer la douleur, elle hocha la tête.
- Bénédictions Wei-Shay'la très puissantes. Je n'avais pas eu ce genre de sensations depuis la fois ou tu m'as demandé d'occuper un chevalier de l'ordre Wei pendant quelques heures.
Le visage d'Erena se crispait de souffrance à l'évocation seule de ce souvenir. Eagal soupira alors qu'il finalisait le pentacle.
- Tu vas devoir la porter, Tsvao. Sans doute une magie Wei-shay'la quelconque qui empêche les démons de s'approcher.
Sans mot dire, le jeune homme souffla une de ses mèches blondes, qui s'était libérée de son capuchon et tombait à présent sur le haut de son nez. S'approchant de la jeune fille, il la prit dans ses bras. Une douce chaleur parcourut alors son corps, alors qu'une enveloppe translucide, qui brillait d'une lueur laiteuse, se matérialisait autour du corps de son précieux fardeau. Tsvao sentit la force revenir dans ses bras, alors que l'énergie du sortilège courait le long de ses veines. Le temps sembla s'arrêter, toute souffrance s'échappait de son corps. Ses plaies se refermaient, lentement et sans douleur. Surpris, il cligna des yeux, regardant la jeune fille. A présent que son visage était illuminé par l'énergie de l'étrange magie qui était à l'œuvre, Tsvao pouvait la contempler, éclairée d'une lueur surnaturelle. Sa blessure à la tête s'était refermée, ne laissant qu'une cicatrice. Elle reposait à présent paisiblement sur l'avant bras du jeune homme et ses cheveux roux coupés au bol oscillaient lentement sous la douce brise de la crique. Ses lèvres entrouvertes, doucement éclairées par la lune et la magie Wei-Shay'la, traduisaient la tranquillité, la douceur paisible du repos.
L'image du rêve. C'était elle, à n'en pas douter. Elle n'était plus recroquevillée, ni apeurée, elle était éblouissante et rayonnante de beauté. Irradié, Tsvao avait perdu son regard dans les splendides traits son visage, et restait immobile, dans une vénération silencieuse.
- Un Sanctuaire de Shay'la... commenta le mage. Je n'avais jamais vu ce type de puissance à l'œuvre. Bien, nous aurons à parler une fois à l'intérieur.
- Qu'est ce que... commença Tsvao
Frappant du pied en prononçant une consonne gutturale, le mage abrégea le processus de téléportation. Aspiré sans douleur par le sol, Tsvao tomba lourdement sur le sol froid de la salle d'évocation, sur le dos, la jeune fille toujours lovée dans ses bras. La pièce était faiblement éclairée par trois chandeliers posés sur une grande table de bois précieux, et de confortables sièges étaient alignés contre les murs. Une ancienne salle de conférence, peut être. Allongeant avec une révérence mêlée de tendresse la jeune fille sur un fauteuil long calé près de la grande cheminée finement ornementée qui trônait près de la porte, Tsvao se retourna vers Eagal. Le mage avait tiré un siège, et s'était assis, toujours engoncé dans sa robe de chambre à moitié trempée. Restant debout, Tsvao sentit la douce chaleur le quitter peu à peu, et sa félicité parfaite se dissipa lentement. La fatigue d'un dur combat au milieu de la nuit alliée à l'incompréhension gagnaient son esprit.
- Tu peux m'expliquer ce qui s'est passé?
Se séchant d'un geste de la main, Eagal s'installa profondément dans son siège.
- Tu ferais mieux de prendre une chaise toi même. Ça risque d'être long. Ou alors, je pourrais juste te dire que tu es un fichu cœur d'artichaut encore désorienté par les charmes d'Erena. Mais dans le cas présent, ça n'explique pas tout, malheureusement.
Avec un signe de tête, Tsvao prit lui même une chaise d'osier simple, et s'assit devant le mage, qui riait seul de son bon mot.


Par contre, en me relisant, cliché bien présent dans mes descriptions de personnages féminins... Rolling Eyes
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MessageSujet: Re: Le corbeau et le serpent   Le corbeau et le serpent Icon_minitimeMer 11 Juil 2012 - 23:27

Ca y est, fini de lire (c’était ma petite histoire du soir avant d’aller me coucher…)

Ah, j’avais raison, j’étais sûre que c’était elle, le « colis » convoyé par les gardes.
Par contre effectivement, j’ai été surprise par le plan B… très efficace d’ailleurs !

Je suis toujours prise dedans, j’ai hâte de savoir ce qui va se passer maintenant, et surtout voir si cette jeune fille, à son réveil, sera inoffensive ou plutôt dangereuse (j’espère que ce sera la deuxième option, ça pimenterait l’histoire).

Sinon, les points que j’ai relevés :

Citation :
Mais... Visiblement, on a pas vraiment le choix.
« on n’a pas vraiment le choix »

Citation :
Alors qu'Eagal tombait à genoux, le visage crispé de douleur, une flamme noire jait devant lui.
« jaillit »

Citation :
Le feu s'éteignait peu à peu, et au millieu des cendres, une longue silhouette féminine se leva, ses cheveux noirs tombant jusqu'aux anches.

« milieu » et « hanches »

Citation :
Se retournant vers un les autres soldats, qui tentaient de s'enfuir, elle projeta quatre chaines d'acier gris qui les fauchèrent dans leur course, et avec un sourire à glacer le sang, elle plaqua le visage de l'un d'entre eux sur le sable.
« vers les autres »

Citation :
Alors que ses ongles s'enfonçaient dans le crane de l'homme, dont les hurlements de souffrance retentissait sur la crique, une onde de lumière rouge parcourut le bras d'Erena, qui frissona de plaisir.
« le crâne », « retentissaient » et « frissonna »

Citation :
Tsvao ne faisait pas même attention au massacre qui se déroulait à quelques mètres delui.

« à quelques mètres de lui. »

Citation :
Et puis, je ne suis pas sur de vouloir la prendre avec nous.
« pas sûr »

Citation :
- Le mage éclata d'un rire nerveux.
Il faudrait retirer le tiret du dialogue en début de phrase.

Citation :
Je n'avais pas eu ce genre de sensations depuis la fois ou tu m'as demandé d'occuper un chevalier de l'ordre Wei pendant quelques heures.
« depuis la fois où tu m’as… »

Citation :
Irradié, Tsvao avait perdu son regard dans les splendides traits son visage, et restait immobile, dans une vénération silencieuse.
« traits de son visage »


Vivement la suite ! bounce
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MessageSujet: Re: Le corbeau et le serpent   Le corbeau et le serpent Icon_minitimeJeu 12 Juil 2012 - 12:11

J'ai lut aussi, toujours aussi bien!

A quand la suite?
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MessageSujet: Re: Le corbeau et le serpent   Le corbeau et le serpent Icon_minitimeJeu 12 Juil 2012 - 15:06


- Bien. D’abord, je veux te rappeler ta promesse. Quel que soit la nature du colis, tu m’as promis de l’abandonner, voire de le détruire, s’il s’avérait dangereux.
- Ce n’est pas un colis, remarqua Tsvao
Soupirant, Eagal se retourna vers l’étagère, et s’empara d’une petite flasque d’argent, dont il but une gorgée.
- Jus d’Aracoa, comment a-t-il. Un breuvage qui vient des iles Tezganes. C’est un peu amer… Mais ça permet de rester éveillé. Tu en veux ?
Secouant la tête, Tsvao fit signe au mage de continuer
- Bon, comme tu veux. Comme tu as sans doute pu le deviner, c’est cette jeune fille qui porte en elle le pouvoir dont je t’ai parlé, et c’est elle qui est tant convoitée par la noblesse d’Akhyat. De cela je suis certain, son pouvoir irradie encore d’ici. Et puis, les gardes escortant le convoi correspondaient à ta description. Par contre je ne peux qu’avancer quelques hypothèses sur la manière dont elle a échappé à ceux qui la retenaient pour venir échouer ici, et aucune n’est vraisemblable ni intéressante.
Considérant le reste de la bouteille de jus d’aracoa, Eagal la but d’une traite, avant de la reposer sur l’étagère. Une goutte de liquide d’un noir d’ambre coula sur son menton. Tsvao porta la main à son front, s’appuyant sur le coude. Il était fatigué du combat et de sa nuit écourtée.
- Et cette… enveloppe… Cette lumière qui a empêché Erena de la toucher… Et puis, quand je la portais…
- Oui, je sais, l’interrompit le mage. Comme si tes épaules étaient allégées de tout malheur, c’est ça ?
Tsvao acquiesça lentement, les yeux dans le vague. Une sensation d’oubli, de bonheur. Un courant chaud qui parcourait ses bras, galvanisant ses forces. Des frissons alors que les cheveux d’or vénitien caressaient ses membres. Et puis, une volonté. Une ferme volonté de la tenir toujours lovée dans ses bras, de la protéger du monde.
- C’est à peu près ça.
Se levant, le mage se mit à marcher dans la pièce, les pans de sa robe de chambre à présent remise à neuf traînant sur le sol de pierre grise.
- Cette vieille magie se nomme Sanctuaire de Shay’la, ou Protection de la Déesse. C'est une ancienne bénédiction, que plus personne ne pratique aujourd'hui. Je ne pensais pas pouvoir un jour la voir à l'oeuvre... Bah. Une magie d'hypocrites, ajouta Eagal avec amertume. Le ouvoir est neutre.
- Comment ça?
Le mage s'avança vers la cheminée, et fit jaillir une puissante flamme orangée, qui se mit à crépiter joyeusement dans l'âtre.
- Je n'en sais presque rien. Comme je t'ai dit, le Sanctuaire n'est pas exactement habituel. Il est décrit par de vieux mythes, et sa formule est incomplète. Enfin, pour ce que j'en sais, il galvanise et utilise les émotions humaines. Lorsqu’un homme entre au contact du sanctuaire, il est envoûté, charmé, irrésistiblement attiré par son porteur. L'effet est beaucoup plus puissant si la personne est émotive, ou animée de bonnes intentions.
Comme moi, pensa Tsvao. Il jeta un regard à la jeune fille, qui reposait à présent sur le fauteuil rouge. Son corps était toujours entouré d’un fin halo argenté, qui s’estompait peu à peu.
- Le simple fait de la toucher...
Eagal haussa les épaules, interrompant brusquement Tsvao.
- Pose-toi la question : si tu devais la tuer aujourd'hui, ou la vendre contre rançon, le ferais-tu?
Tsvao baissa la tête, mains jointes au niveau des genoux. Il ne pouvait pas même l’envisager. Ne plus revoir la douceur des traits de son visage, qu’il n’avait pourtant qu’aperçu, ne plus ressentir cette douce chaleur, lui serait insupportable. Alors qu’il la contemplait à nouveau, il se sentait que toute sa volonté se tournait vers elle, vers la protection de sa vie. Se levant de sa chaise, il s’approcha de son corps qui reposait paisiblement. Elle s'était retournée sur le côté dans son sommeil, confortablement installée sur les coussins moelleux. Alors que les doigts du jeune homme touchait la barrière lumineuse qui brillait toujours faiblement, il fut retenu par la main ferme d’Eagal, posée sur son épaule.
- Je ne peux même pas imaginer ce que tu ressens. Les effets du Sanctuaire sont uniques, d’après la légende. Et si tu veux te laisser enivrer, je le comprendrai, ajouta-t-il d’une voix rassurante. Sache simplement une chose : ces effets ne sont pas encore irréversibles.
Eagal se gratta la tête avant de poursuivre.
- Bah, la nuit porte conseil. nous parlerons de tout cela demain, lorsque tu seras reposé. Je la veillerai. Impossible de m’endormir avec du jus d’Aracoa dans le sang de toute façon, ajouta Eagal en désignant d’un petit geste de la main la flasque argentée vide.
Tsvao, quant à lui, tombait de sommeil. Sa fatigue, qui semblait s’être envolée pendant les dernières heures, le frappait à présent de toute sa force. Avec un étrange regret qui le prenait au ventre, il quitta la pièce.
Eagal se retourna vers la jeune fille, et se levant de son siège, s’approcha d’elle. Charmante, sans aucun doute. Toujours endormie… Passant la main au travers de l’enveloppe argentée, il ressentit de désagréables décharges d’énergies qui frappaient son bras et ses membres. Effet des effluves de magie démoniaque qui corrompaient toujours sa chair, peut-être.
Soulevant les cheveux de la jeune fille, le mage haussa les sourcils. Pas même une trace de sa chute sur le rocher de la crique. Seule une petite tache de sang séché, perdue sur son visage couvert de rares étoiles rousses, rappelait cette blessure qui aurait dû être mortelle. Regardant de plus près, il vit deux runes inscrites à l’encre noire sur son front. Les lettres du Sanctuaire, écrites en ancien Shayla’ni, reconnaissables entre toutes.
C’était la première fois qu’Eagal voyait à l’œuvre une puissance sacrée qu’il avait pourtant longtemps étudié : la magie originelle que pratiquaient les anciens adorateurs de Sha’yla. Les A'me Niveh'are, du nom qu’ils s’accordaient eux-mêmes. Un peuple de prêtres-mages, de marchands, et d’éleveurs. Des nomades, en toute vraisemblance, les premiers à vénérer la Déesse. Vivant jadis au sud d’Isgaar, ils avaient fui face aux violentes agressions des armées du Royaume d’Akhyat. C’était l’époque des Grandes Conquêtes, pendant laquelle la noblesse de ce petit territoire enclavé avait soumis par les armes les deux tiers du continent Isgaari. Un temps où les plus grand guerriers du nord, meute de loups affamés, courageux et sans pitié, étaient unis sous le même drapeau royal.
S’affalant à nouveau sur son fauteuil, Eagal appela Gwaar, qui apparut immédiatement devant lui, son chapeau à plume comme posé de travers sur sa tête, dernier vestige de l’émoi qui avait suivi l’attaque.
- Monsieur ?
- J’aurais besoin du Laïla Wa Laïla commenté et annoté par moi-même. Et d’une bouteille entière de Jus d’Aracoa, s’il en reste.
Avec sa traditionnelle courbette, le majordome se retira.
Le Laïla Wa Laïla était le seul texte connu que les A‘me Niveh’are avaient laissé au monde lorsqu’ils s’étaient exilés, prenant la mer dans des embarcations précaires, pour une destination inconnue. Un étrange caléidoscope de mythes et de savoirs, comportant de nombreuses pages codées ou couvertes de chiffres. Parfois, des histoires enfantines, illustrées par de petits dessins tout aussi puérils. Parfois des rituels d’invocations écrits dans la mystérieuse langue des anciens Wei Sha’yla. Parfois, sur quelques pages, de longues descriptions de paysages, ou des portraits de personnages inconnus. Eagal l’avait déjà lu et étudié plusieurs fois. Un verset, notamment, avait éveillé sa curiosité. Les dernières pages, incomplètes, qui décrivaient les sources de la puissance des prêtres-mages A’me Niveh’are. Avec quelques lignes, seulement, comme ajoutées à la hâte, sur le Sanctuaire de Shay’la. Eagal voulait être sûr de son diagnostic. Après tout, son ami était relativement sensible aux charmes féminins. Peut-être étaient-ce simplement ses vieux instincts familiaux qui refaisaient surface, ou un effet de son épuisement. Tsvao n’avait pas besoin d’ancienne magie pour être émotif et sensible… Pourtant, le mage avait reconnu le Sanctuaire du premier coup d’œil. La nimbe de lumière, la douleur d’Erena , les courants argentés sur les bras de Tsvao… Avec un haussement d’épaules, il chassa ces vaines réflexions. L’étude des textes du Laïla Wa Laïla allait le fixer définitivement, et avec certitude, sur la question.
Les copies de ce manuscrit étaient particulièrement rares en Isgaar, et les prêtres Wei-Shay’la en interdisaient la lecture, comme s’il s’agissait d’un manuel de magie démoniaque. Eagal était sans doute le seul particulier à posséder le précieux ouvrage. Avec un faible sourire aux lèvres, il se souvint du jour où il avait acquis le Laïla Wa Laïla auprès d’un vieil aveugle, pour quelques pièces, dans les quartiers pauvres d’une des villes des bordures sud de l’empire, au-delà des Iles Tezganes. Un an de voyages, d’exil, de fuite, de liberté. Un an pendant lequel il avait coupé complètement les ponts avec sa riche famille d’armateurs d’Oïs. Enfin, un an qui lui avait appris à connaître les hommes, à mépriser le Bien et le Mal, à craindre Shay’la autant que Kaï tan.. Les déserts du sud avaient endurci sa peau et son âme… Il avait appris à tracer les runes interdites, à sacrifier son sang et à l’offrir en tribut, à payer le prix de la puissance. Une dette dont chacun devait s’acquitter, consciemment ou pas.
Gwaar interrompit ses réflexions en apportant sur un petit plateau, le livre usagé et jauni, une bouteille argentée au long goulot et un verre soufflé.
- Si je puis me permettre, monsieur, le jus d’Aracoa ne fait pas bon ménage avec la magie démoniaque récemment utilisée, commenta le majordome.
- Ne t’en fais pas pour moi, Gwaar, répondit Eagal avec un faible sourire.


[Edit : retapée]


Dernière édition par Galb le Mer 25 Juil 2012 - 19:46, édité 6 fois
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MessageSujet: Re: Le corbeau et le serpent   Le corbeau et le serpent Icon_minitimeJeu 12 Juil 2012 - 18:50

Intéressant, encore.

Le titre du chapitre 3, c'est le nom de la jeune femme?
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MessageSujet: Re: Le corbeau et le serpent   Le corbeau et le serpent Icon_minitimeJeu 12 Juil 2012 - 22:59

J’ai trouvé que le rythme de ce chapitre se ralentit un peu, beaucoup d’explications sur la magie qui me semblent encore un peu obscures pour l’instant, j’attends de voir où tu vas nous conduire.
Mais je pense que ça nous promet de beaux rebondissements… et une histoire d’amour ?


Sinon, voilà ce que j’ai relevé sur la forme :

Citation :
Quel que soit la nature du colis, tu m’as promis de l’abandonner, voire de le détruire, s’il s’avérait dangereux.
« Quelle que soit la nature »

Citation :
- Jus d’Aracoa, comment a-t-il.
« commenta-t-il »

Citation :
Alors qu’il la contemplait à nouveau, il se sentait que toute sa volonté se tournait vers elle, vers la protection de sa vie.
« il sentait que toute… »

Citation :
Alors que son ami fermait la porte derrière lui, Eagal se retourna vers la jeune fille, et s’approcha d’elle, se levant de son siège.
Dans cette phrase, j’aurais inversé les deux parties : « et, se levant de son siège, s’approcha d’elle. », ça me semblerait plus logique.

Citation :
C’était la première fois qu’Eagal voyait à l’œuvre une puissance sacrée qu’il avait pourtant longtemps étudié : la magie originelle que pratiquaient les anciens adorateurs de Sha’yla.
« qu’il avait pourtant longtemps étudiée »

Citation :
Un étrange caléidoscope de mythes et de savoirs, comportant de nombreuses pages codées ou couvertes de chiffres.
« Un étrange kaléidoscope »

Citation :
La nimbe de lumière, le douleur d’Erena , les courants argentés sur les bras de Tsvao…
« la douleur »


Dernière édition par Abigaelle le Ven 13 Juil 2012 - 9:27, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le corbeau et le serpent   Le corbeau et le serpent Icon_minitimeVen 13 Juil 2012 - 9:25

Aye, ce chapitre est une pause dans l'action, qui prépare les péripéties. Je le retravaillerai peut être pour le rendre un peu moins lourd, sans doute un peu plus court, y a pas mal de choses qui sont explicitées académiquement et qui pourraient être seulement suggérées, mais dans l'ensemble le ralentissement du rythme est voulu, bounce .
Pour l'histoire d'amour... Tsvao est un coeur d'artichaut.

*Jeiel est effectivement le nom de la jeune femme Razz


Dernière édition par Galb le Ven 13 Juil 2012 - 9:32, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le corbeau et le serpent   Le corbeau et le serpent Icon_minitimeVen 13 Juil 2012 - 9:29

Je m'en doutais un peu, c'est vrai que certaines explications ont un peu tendance à ralentir la fluidité, d'autant que les noms des dieux ne sont pas toujours faciles à retenir.
Mais je pense que ce n'est qu'un moment de calme avant la tempête, ça m'étonnerait bien qu'il n'y ait pas très vite de nouvelles bagarres autour de cette jeune fille.
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MessageSujet: Re: Le corbeau et le serpent   Le corbeau et le serpent Icon_minitimeVen 13 Juil 2012 - 18:56

Vouala la suite, ou l'action revient un peu bounce Pour les amateurs de musique, je conseille https://www.youtube.com/watch?v=3KZ35m_zDgk à partir de 1:30, pendant l'intervention de Wilem, je pense que ça colle Smile


Le serviteur s'effaça après une courbette.
S'emparant du livre, Eagal l'ouvrit sur les dernières pages, et se servit un grand verre de jus d'aracoa, jetant un regard à la jeune fille toujours allongée. La nuit allait être longue. Alors qu'il allait se plonger dans la lecture des textes sacrés du Laïla wa Laïla, il vit Erena apparaître devant lui. Se réinstallant sur son siège, il lui lança un regard interrogateur.
- Tu travailles trop, lui fit-elle remarquer d'un ton léger. Repose-toi, un peu. Ah, et au fait, je voulais te dire : j'ai laissé échapper un garde tout à l'heure. Je voulais faire durer le troisième... Le dernier s'est dégagé et est parti à la nage. Pas pu le rattraper.
Se cachant le visage entre ses mains, Eagal se réfugia dans un instant de silence.
- Bon... Alors j'espère qu'elle se réveillera vite... Parce que va falloir partir. Dans trois jours, c'est deux divisions entières de chevaliers Wei qui débarqueront sur ma crique, très probablement.
Avalant le reste du jus d'aracoa de son verre, Eagal gardait les yeux à peine ouverts, son esprit ailleurs.
- Je la sentais pas, cette histoire. Enfin, j'imagine, qu'il y a des jours, comme ça, ou tout vous tombe dessus à la fois...
- Pauvre chou ! s'exclama Erena, une expression amusée sur le visage. Je peux faire quelque chose pour me faire pardonner? ajouta-t-elle avec une innocence feinte.
- Oui. Me laisser réfléchir. Là, je n'ai qu'une envie, c'est de ramener cette fille par le col dans le port le plus proche. Le problème, c'est que Tsvao serait capable de rester avec elle, à cause du Sanctuaire, lança Eagal avec aigreur. Et lui, ça me plairait pas qu'il y passe.
Erena eut un sourire.
- Tu es sûr que c'est seulement le Sanctuaire ?
- Évidemment c'est le Sanctuaire ! Impossible de s'attacher si vite à quelqu'un... Toujours est-il que c'est... fâcheux. oui, on va dire ça, fâcheux. Laisse moi, maintenant, Erena. J'ai des choses à finir avant l'aube.
Haussant les sourcils, Erena s'approcha du mage, raccourcissant peu à peu ses longs cheveux noirs, un sourire appuyé sur le visage.
- Mauvaise humeur ! Tu as surtout besoin de te détendre, moi je crois.
Eagal eut un geste de recul. Réalisant qu'il était temps d'utiliser des moyens plus radicaux, il leva la main droite, paume vers l'avant.
- Laisse moi ! lança le mage d'une voix qui se voulait forte et assurée, de petites étincelles bleues parcourant son bras.
S'arrêtant un moment, la succube éclata d'un rire franc, sous le regard dépité du mage.
- Des ordres formels ? Dans ton état? Tellement mignon...
- Non, je t'assure, j'ai vraiment du travail, poursuivit Eagal alors qu'elle s'approchait de lui, une expression enjouée sur le visage. Et puis non, je vais être dans un état pitoyable demain... En plus je suis épuisé, là... Enfin ! c'est moi l'invocateur ici, tout de même ! Et je...
Le flot de paroles du mage fut interrompu par un baiser langoureux d'Erena, qui le regardait à présent de ses grands yeux noirs, un sourire moqueur sur le visage.
- Voilà, c'est mieux quand tu ne dis pas de bêtises, chuchota-t-elle, enjôleuse.
Eagal perdait peu à peu toute volonté de lutter contre la succube qui l'enlaçait à présent, lui caressant le torse avec douceur au travers de sa robe de chambre. Avant de s'abandonner complètement, il eut la présence d'esprit de vérifier que les runes du pentacle tatoué sur son avant bras s'étaient bien éteintes. Au cas où.

***

De colère, le seigneur Molas froissa la missive urgente qu’un serviteur affolé venait de lui remettre. Frappant de son poing ganté la grande table de bois, il se leva de toute sa hauteur, alors que les quelques esclaves du sud qui se trouvaient dans la salle à manger reculaient lentement. Les explosions de colères mémorables du Haut-commandant de la garnison d'Eisral ne se finissaient jamais bien pour eux, qui étaient souvent les premiers à en pâtir.
- Mes hommes ? Arrêtés par deux vulgaires brigands du sud ? Je ne peux pas y croire. Ces incapables l'ont laissé s'échapper et ont déserté pour ne pas subir mon châtiment !
Rassemblant son courage, le messager s'agenouilla et parla d'une voix tremblante.
- Le soldat parlait d'une jeune fille démoniaque, qui a massacré ses compagnons un par un. D'un homme aussi rapide que l'éclair, et d'armées de morts et de corbeaux, monseigneur.
L'homme eut juste le temps de finir sa phrase avant que le gantelet d'acier du commandant ne s'écrase sur son visage, faisant gicler une gerbe de sang.
- Élucubrations d'un fou, ou excuses pathétiques d'un lâche ! lança-t-il, fulminant.
Alors que le messager gisait sur le sol, le seigneur tenta de reprendre ses esprits. Il était si près du but. La fille avait été capturée par ses hommes alors qu'elle s'enfuyait vers le sud des Iles Tezganes. Il avait fait en sorte qu'elle revienne en Isgaar en toute discrétion, maintenue par les meilleurs de ses hommes, puis il avait organisé le voyage de retour vers Eisral, avec un convoi lourdement défendu, par seslieutenants. Il l'aurait épousée. Et tout serait rentré dans l'ordre. Les frontières du sud tranquillisées, l'empire sécurisé. Et, pour lui, une femme magnifique. Tous ces efforts qu'il avait fait pour éviter une guerre sanglante et inutile, réduits à néant? Par deux hurluberlus d'un port perdu des côtes d'Isgaar? Des imbéciles. Des inconscients.
Alors que Molas écumait toujours de rage, la grande porte de la salle s'ouvrit à nouveau lentement, laissant apparaître l'intendant du château. Malgré son flegme de façade, la peur se lisait dans ses yeux alors qu'il s'inclinait nerveusement devant son maître.
- Monseigneur, le... Paladin Wilem, demande une audience.
Alors que le seigneur s'apprêtait à renvoyer d'un geste son serviteur, les battants de la portent s'ouvrirent à la volée, laissant apparaître un homme vêtu d'une longue robe grise. Son crane rasé, et les deux lettres marquées au feu sur le dos de sa main ne laissaient aucun doute sur son appartenance à l'ordre des prêtres Wei.
- Je suis la parole de Shay'la, J'entre en tout lieu et la porte où et quand bon me semble, car Elle me bénit et m'accorde sa Grace. Que Son pouvoir et Sa volonté s'exécutent au delà des Anges, des Démons et des Hommes. Récita l'homme d'une voix dure et monocorde, un sourire aux lèvres.
Les poings du seigneur se crispèrent. Voilà bien la dernière chose dont il avait besoin aujourd'hui.
- Je suppose que vous êtes encore un de ces bigots venus me porter la bonne parole, comme la capitale m'en envoie chaque mois? Que me veut le saint ordre Wei, aujourd'hui? demanda Molas avec une voix sarcastique qui dissimulait péniblement sa colère.
S'avançant toujours vers lui avec assurance, le paladin répondit de la même voix ferme.
- Tu as été puni de tes actes impurs. Ton échec n'est pas celui de tes hommes. Il est uniquement tien. C'est la volonté de Shay'la qui frappe par la main de ces deux misérables insectes.
Le seigneur Molas considéra l'homme qui l'outrageait ainsi, et qui à présent soutenait son regard, une expression d'implacable détermination sur le visage. La main crispée sur la flamberge légère qui pendait à sa ceinture, l'homme de guerre bouillonnait de rage devant cette résolution calme et folle qui le défiait, le narguait.
- Tu as voulu faire tienne celle que tu aurais du purifier par le feu, poursuivit Willem. Tu as pensé qu'épouser cette hérétique rendrait la paix à la province impériale d'Eisral, mais tu n'as fait que signer sa perte.
Une colère froide perçait à présent dans la voix du paladin, qui se tenait debout devant le Haut seigneur de guerre du sud d'Isgaar.
- Aveuglé par tes désirs et par ton intérêt, tu as pêché, par Orgueil, en ignorant Ses voies, poursuivit Wilem, d'une voix toujours égale.
Un affront de trop pour la fierté de Molas. Avec un puissant rugissement, il dégaina sa flamberge, se préparant à l'abattre sur le pitoyable prêtre qui le défiait de son regard assuré.
- Qui es-tu... Pour oser me juger ?
Dans un mouvement de rage, le seigneur d'Eisral porta un terrible coup sur le paladin, qui levait le bras pour se défendre. La lame dentelée, au lieu de s'enfoncer dans la chair, la heurta dans un fracas assourdissant. La robe grise du prêtre se déchira, révelant le muscle nu, qui tremblait légerement sous la force impulsée à l'épée. L'expression furieuse de Molas avait laissé place à la surprise et à la peur.
- Je suis La volonté de Shay'la sur terre, Paladin de l'ordre Wei, Incarnation de Sa justice et de Sa miséricorde, instrument de Sa vindicte et de Sa puissance. Je suis Son bras armé et l'exécuteur de Ses voies. - Et portant la main sur moi, tu frapperas le Mur de Sa divine protection, car plus fort que le glaive est mon esprit, psalmodia le paladin d'une voix grave et forte, un sourire dément imprimé sur le visage. - Et toi, qui es-tu, misérable homme, pour t'opposer à Elle?
Se dégageant, le seigneur recula de quelques mètres, alors que son épée tombait à terre. L'expression calme de Wilem s'était transformée en une folie fanatique et effrayante, ses yeux noirs brillant d'une lueur de courroux. Molas, dont la fureur s'atténuait peu à peu, rassembla ses esprits.
- Un homme comme tu l'as dit. Un homme qui ne souhaite qu'éviter à son peuple des souffrances qu'il ne mérite pas. Vous savez comme moi que la province entière se serait embrasée, l'avais-je fait exécuter. Si elle était devenue mon épouse, les rebelles de la péninsule m'auraient accordé leur allégeance, j'en suis certain. Et j'aurais mis fin aux cent années de guérilla incessante qui minent cette terre.
Jetant un regard de mépris à son interlocuteur, Wilem lui tourna le dos.
- Tu aurais sacrifié la pureté du sang de ta lignée en t'unissant avec une A'me Niveha're... Tu aurais toléré ces hérétiques sur ta province, tu aurais même recherché une alliance avec eux ? Eux, qui souillent le nom Shay'la en la vénérant de leurs cultes méprisables? Ils ne méritent que l'extermination. Et tout ça, pour... la paix?
Le paladin eut un rire amer.
- Oui. Pour la paix, paladin. Pour le bien de l'empire, pour la sureté de ma province. Je ne fais que mon devoir.
Le seigneur Molas s'était rassit, considérant son repas à peine entamé. Sa voix perdait peu à peu toute trace de la fureur qui l'avait possédé. Les traits de son visage, taillés à la serpe, n'exprimaient plus que la lassitude et l'abattement.
- Ces A'me Nive'hare... ne se soumettront jamais à moi par la force. Leur foi et leur détermination est trop grande. Cette jeune fille était l'occasion rêvée pour moi d'exploiter leurs croyances, et de faire cesser cette guerre qui gangrène la région comme une maladie.
Fermant les yeux, le paladin joignit les mains en prière
- Et celui qui dans sa folie aveugle, ignore la puissance de Shay'la, sera affligé par l'échec, car Elle est la justice, le Pouvoir et la Gloire.
Croisant les bras, il toisait le seigneur, assis et abattu. Seule la barbe noire vaguement taillée de Molas rappelait encore son arrogance et sa fierté guerrière.
- Le grand Exécuteur m'a mandaté pour rétablir la tranquillité et l'église d'Akhyat dans ta région. Et cela passe par l'extermination des A'me Niveh'are, du moins ceux qui ont eu le front de ne pas s'exiler devant la sainte avancée de l'empire. Si tu es trop faible pour faire ce qui doit être fait, alors c'est l'ordre qui le fera à ta place, conclut Wilem, en sortant de la pièce.

Alors que le paladin s'éloignait, laissant les battants de la porte ouverts, Molas resta immobile, le visage vide de toute expression, les yeux perdus dans le vague. Son échec, allié à l'humiliation qu'il venait de subir, lui avait porté un sérieux coup. Mais il fallait qu'il se reprenne. L'avenir D'Eisral en tant que province impériale en dépendait. Tout n'était pas perdu. Au moins, un soldat avait survécu, et lui avait donné la localisation actuelle de la jeune fille. Elle devait devenir sa femme. Au nom de la paix, au nom de la richesse de cette magnifique province, qu'il aimait plus que tout. En la soumettant à lui, il gagnerait la confiance et la dévotion des A'me Niveh'are de la région, et enfin, cette guerre inutile et intestine, ce conflit entre deux spiritualités plutôt qu'entre deux peuples, cesserait, un age d'or s'ouvrirait pour Eisral. Et tant pis pour l'ordre.
- Intendant ! s'exclama-t-il.
L'homme apparut derrière la porte, toujours prudent.
- Va trouver le capitaine de la garde. Qu'il réunisse deux divisions de chevaliers au plus vite.
- Messire, avec tout votre respect bien sur, vous savez ce que représente le père Wilem pour les chevaliers Wei...
Retrouvant une partie de sa contenance, le seigneur Molas se leva de son siège, et posant les mains sur la table, répondit d'une voix forte.
- Tant mieux ! Je verrai peut être alors quels hommes méritent encore d'être appelés mes frères, quels hommes font toujours passer leur patrie avant les élucubration de l'église d'Akhyat !
***
Le soleil était sans doute déjà haut lorsque Tsvao se réveilla. Il ne se souvenait pas d'avoir aussi bien dormi depuis longtemps, Erena ne lui ayant pas infligé de visite nocturne, ce qui l'aurait d'ailleurs achevé. S'asseyant sur les bords de son lit, il tenta remettre de l'ordre dans sa mémoire. Les évènements de la nuit s'étaient enchainés si vite... D'abord, le combat. Et puis, cette jeune fille, cette sensation indescriptible... Les explications et hypothèses froides d'Eagal... Attrapant machinalement son sabre, il sortit de se chambre, et se mit à la recherche du mage. Il était sans doute resté dans le salon, avec sa bouteille de jus d'aracoa et ses vieux grimoires.
Poussant la porte de la pièce, il vit effectivement le mage étendu sur le même fauteuil , dans une position inconfortable, sa robe de chambre à moitié déboutonnée, dormant profondément. A terre, une grande flaque noire ambrée, parsemée de morceaux de cristal. Jus d'aracoa, sans doute.
Elle même assise sur un des fauteuils de la pièce, Erena, fraîche et joviale à son habitude, accueillit Tsvao avec un grand sourire.
- Qu'est ce qui s'est passé ici? demanda le jeune homme, les yeux plissés, sans doute encore trop ensommeillé pour subir le charme de la succube.
- Oh rien, répondit Erena d'un air innocent. Eagal était juste un peu fatigué, il s'est endormi sur ses livres. Je suis restée pour les veiller tous les deux, ajouta-t-elle en désignant le mage et la jeune fille.
Tsvao jeta un regard au canapé rouge sombre sur lequel il avait étendu la demoiselle, la nuit précédente. Elle semblait toujours dormir.
- Elle a donné signe de vie?
Erena réfléchit un moment.
- Je n'ai pas vraiment fait attention, cette nuit... Mais je pense qu'elle n'a pas trop été gênée. Tu sais, je crois que c'est un sommeil artificiel... Eagal ne l'a pas vu hier, mais il faut le comprendre. Il était épuisé.
Tsvao regarda son ami, qui gisait pitoyablement sur le canapé, son visage mal rasé adossé à son siège, la bouche entrouverte. Oui, épuisé, sans doute. Et pas que par le combat, à en juger par le jus d'aracoa renversé et sa robe de chambre entrouverte. Tsvao sourit, et se dit que le mage ne serait sans doute pas au mieux de sa forme s'il le réveillait maintenant.
- Tu penses que tu pourrais la désenchanter toi même?
- Je ne peux même pas la toucher ! Fichu Sanctuaire. Comme si les démons en pouvaient pas être animés de bonnes intentions... Par contre Eagal peut la réveiller je pense, si le pauvre chou est encore capable de quelque chose ce matin. Je le ranime?
- Euh.. Comment tu comptes t'y prendre ? Demanda Tsvao, inquiet. Son ami avait le sommeil lourd, et les méthodes d'Erena n'étaient pas toujours fines ou douces.
- Comme ça ! s'exclama Erena d'une voix enjouée, joignant à la parole un mouvement de l'index.
Avec un claquement sonore, le mage sursauta, ouvrant immédiatement les yeux. Un long tracé rouge, caractéristique d'une brulure de fouet, se dessina sur son bras.
- C'est malin, s'exclama Eagal d'une voix encore endormie, alors que la succube pouffait de rire.
Se levant tant bien que mal de son fauteuil, et reboutonnant machinalement sa robe de chambre, le mage se promit de retourner la politesse à Erena quand il en aurait l'énergie. Après un regard sur la bouteille de Jus d'aracoa brisée, il porta la main à son front.
- Qu'est ce qui s'est passé... Ah, oui, ça y est, ça me revient. Vous avez besoin de moi pour me réveiller avec tant de délicatesse?
Tsvao désigna la jeune fille du doigt.
- Sommeil artificiel, d'après Erena.
S'approchant péniblement du fauteuil, le mage inspecta le corps qui reposait toujours paisiblement.
- Ah oui, bien sur... Idiot que je suis. Bon, laissez moi me concentrer une minute, c'est un sortilège facile à lever, en principe. Au moins, on sera fixés sur son identité. Après, on la rejette à l'eau, hein? Enfin je veux dire, on la met dans un bateau pour une destination proche des siens? demanda Eagal, sans véritable espoir.
A regret, Tsvao répondit non de la tête. La nuit précédente lui revenait par bribes, et il savait qu'il ne pouvait se résoudre à l'abandonner. D'abord, le Sanctuaire. Et, puis, autre chose, peut-être.
- Je m'en doutais. Pas de ta faute, reprit Eagal avec un soupir.
Appuyant la main sur le ventre de la jeune fille, il marmonna quelques mots. l'enveloppe de lumière brilla à nouveau, et des runes se dessinèrent sur la surface de la nimbe. Trois d'entre elles s'effacèrent lentement, alors que la main d'Eagal était parcourue de décharges rouges.
Retirant précipitamment son bras, le mage fut projeté de quelques pas en arrière. Prise de spasmes pendant quelque instants, la jeune fille ouvrit les yeux.


Dernière édition par Galb le Lun 16 Juil 2012 - 14:20, édité 11 fois
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