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 Le dernier sanctuaire de la lune.

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MessageSujet: Le dernier sanctuaire de la lune.   Le dernier sanctuaire de la lune. Icon_minitimeVen 12 Mar 2010 - 23:15

Coucou tout le monde, ce n'est que le gringo.

Red Eyes me fatiguant plus que je n'avais prévu, je vais prendre une petite pause (une semaine ou deux tout au plus) pour recharger un peu mes batteries, en me consacrant à ce texte là qui m'amuse énormément.

J'espère qu'il vous plairas Smile


----------------------------------------------------------------------------------------------



Quand le monde était encore jeune, la Lune parfois descendait sur terre quand la fantaisie l'en prenait. Certains endroits lui étaient plus agréables que d'autres et pour les habitants de la terre ces endroits devinrent sacrés. Des sanctuaires à la croisée des mondes où les fidèles de la Lune pouvaient vivre en paix. Des représentants de presque toutes les espèces venaient, parfois de très loin, recevoir son enseignement. Qu'ils volent, qu'ils marchent, nagent ou rampent, tous étaient bienvenus. A ceux qui venaient, la lune transmettait des secrets et des évidences, des mensonges et des vérités, des contes sages ou absurdes. Elle leur enseignait la liberté la magie et la beauté. Jamais elle ne se répétait. Tous repartaient plus sages, ou plus fous, selon ce qu'ils étaient venus chercher.

Le temps passa, les hommes inventèrent la science et la raison, des outils pour comprendre et mesurer chaque chose. Ils oublièrent la magie et les sagesses anciennes pour en inventer de nouvelles. Le monde n'était ni meilleur, ni pire il était différent. Les sanctuaires furent abandonnés, détruits. Leurs habitants se dispersèrent. Aujourd'hui il n'en resterait plus, ou peut être encore un. Son gardien, le loup blanc, le dernier des fidèles garde vivante la mémoire du passé.



Légendes de la déesse oubliée.


Première partie : L'ourse solitaire.
Chapitre 1

J'ai su avec certitude que mon été serait complètement pourri quand mon père m'a sorti une petite phrase apparemment innocente, mais dont les parents se servent toujours quand ils sont à court d'arguments : "Je suis certain que tu vas bien t'amuser". Je n'ai pas eu besoin de sous-titres pour comprendre ce qu'il voulait vraiment dire : "Tu vas t'ennuyer comme un rat mort pendant tout l'été, je le sais, tu le sais, mais tu vas y aller et sans te plaindre, parce que c'est moi l'adulte et toi l'enfant".
Alors que je regardais le paysage défiler par la fenêtre du train, j'imaginais avec amertume tout ce que j'aurais pu répondre à cette petite phrase. Diverses grossièretés me venaient à l'esprit, ça ne m'aurait pas évité de passer les vacances chez mes grands-parents au milieu de nulle part, j'aurais même été sans doute puni, mais au moins j'aurais laissé sortir un peu de ce que j'avais sur le coeur. Sur mes genoux, dans sa cage, un fauve en colère tentait de s'évader de sa prison de plastique à coup de griffes. Lui il n'hésitait pas à faire savoir ce qu'il pensait de ce voyage.
- 'Tiens toi tranquille Iago,' dis-je à mon chat. 'Toi aussi il faut que tu sois "raisonnable".'
Mais ce chat n'était pas du genre à m'écouter. Il aimait courir sur les toits de mon quartier en toute liberté. Il lui arrivait de ne pas rentrer pendant des jours. Deux heures enfermé dans cette boite l'avaient presque ramené à l'état sauvage. Iago griffa la porte de sa cage en sifflant, là où mon doigt se trouvait un instant plus tôt.
- 'Sale bête,' murmurai-je.
C'était la première fois que je rencontrerais mon grand père et j'étais un peu nerveux. A la maison on ne parlait jamais de lui. Pour moi c'était une figure mystérieuse, un ermite qui avait toujours obstinément refusé de rejoindre la civilisation moderne et de quitter sa petite maison perdue dans les montagnes sauvages. Mes parents travaillaient à la croix rouge et avaient du partir de toute urgence pour s'occuper d'une épidémie dans un lointain pays dont je n'avais même pas retenu le nom. Ils avaient préféré que je ne vienne pas avec eux, en tout cas le temps de s'organiser. Les grandes vacances venaient de commencer et il n'y avait personne d'autre pour s'occuper de moi. J'avais bien essayé de dire qu'à douze ans j'étais assez grand pour me débrouiller seul à la maison, mais on ne m'avait pas écouté. J'en avais tellement marre qu'on décide ce qui était bon pour moi sans me consulter.

Je revoyais encore la scène. Une semaine plus tôt, mes parents se disputaient dans leur chambre, alors que j'écoutais l'oreille collée contre la porte.
- 'Non, non et non', disait ma mère . 'Ce n'est pas un endroit pour les enfants. Il n'est pas question d'y envoyer Baudoin. Il y a des animaux sauvages, des loups, des ours, voire pire. C'est à des kilomètres de toute civilisation. En plus mon père est un ermite à moitié fou et irresponsable.'
- 'Ma chérie', intervint calmement mon père. 'Tu as parfaitement survécu à ton enfance là bas. C'est juste pour les vacances, et il y aura aussi ta mère.'
- 'Tu ne comprends pas', continua ma mère de plus en plus agacée. 'C'est un endroit dangereux. il y a des falaises, des crevasses, le plus proche médecin est à plusieurs heures.'
J'étais plutôt du côté de ma mère, j'avais toujours vécu en ville et je n'avais aucune envie d'en partir ; mais là sans que je sache vraiment pourquoi j'en ai eu plus qu'assez qu'on parle de moi dans mon dos. J'avais fait irruption dans la pièce.
- 'Maman, je ne suis plus un gamin !' avais-je lancé. 'Tu penses vraiment que je suis bête au point de tomber dans le premier trou venu ?'
J'avais regretté mes mots presque en même temps que je les avais dits. Ma mère n'avait rien répondu et s'était contentée de croiser les bras en prenant un air buté. Mon père m'avait raccompagné jusqu'à la porte en se frottant le front.
- 'Baudouin va dans ta chambre. Je te rejoins dans un instant.'
J'étais parti, ça ne servait à rien de continuer à écouter de toute façon, j'avais bien compris que je n'avais pas mon mot à dire. La dispute continua encore un bon moment, moi j'avais attendu allongé sur mon lit à regarder le plafond. Finalement le silence s'était fait dans l'appartement. Mon père était entré et s'était assis à côté de moi, l'air fatigué.
- 'Ton grand-père et ta maman sont fâchés depuis très longtemps,' expliqua-t-il. 'Ils sont aussi têtus l'un que l'autre. Ton grand-père a toujours vécu à la montagne et ne conçoit pas qu'on puisse vivre ailleurs. Ta maman voulait voir le monde et aider les gens. Elle est partie en ville pour devenir médecin. Il ne l'a pas accepté. Ils se sont disputés, jamais réconciliés.'
J'étais toujours vexé, mais j'écoutais avec attention. C'était la première fois qu'on évoquait aussi ouvertement en ma présence l'existence du père de maman. Pour moi c'était une figure un peu mystérieuse dont on ne parlait jamais à la maison ; mais alors que j'espérais plus de détails, mon père esquiva le sujet.
- 'Mais tout ça ce n'est pas ton problème,' dit-il, 'tu n'as pas à t'en faire. Pense juste que tu vas enfin pouvoir rencontrer ton grand-père. Il habite à côté d'une réserve naturelle, dans un des endroits les plus beaux et les plus sauvages du monde. Tu vas vivre des aventures extraordinaires. Ce sera un été génial. Si je pouvais je viendrais avec toi. Je suis sûr que tu vas beaucoup t'amuser.'
Moi, j'étais bien persuadé du contraire. Cet été, j'avais prévu d'aller au cinéma, de voir mes amis, ou d'aller à la piscine... Tout ça je pouvais faire une croix dessus. C'était quand même particulièrement injuste. Les vacances c'est le moment où j'ai le droit de faire ce que je veux. Pourquoi est ce que moi aussi je devais souffrir d'une épidémie que je n'avais même pas causé ? Bien sûr, je ne pouvais pas dire ça. C'est super énervant d'avoir des parents à la croix rouge, ils ont toujours de très bonnes raisons de s'absenter. Je soupirai longuement pour bien montrer l'énormité du sacrifice que je consentais.
- 'Si je m'ennuie je pourrai toujours regarder la télé...' grommelai-je.
Là mon père a eu l'air gêné. Je me relevai d'un coup, comme piqué par une guêpe.
- 'Il y a bien la télé ?' demandai-je avec suspicion.
- 'Pas exactement,' dit Papa avec embarras.
- 'C'est une blague ?'
Papa secoua la tête.
- On les as prévenus que le moyen âge était fini ? Il n'y pas l'électricité non plus ? Le téléphone ?'
- 'Bien sur qu'il y a l'électricité,' dit Papa.
- 'Et le téléphone ?' insistai-je.
Mon père fit un sourire très peu convaincant :
- 'Si tu veux nous appeler,' dit-il joyeusement, 'il suffira que tu monte à la poste au village. Ca te fera une ballade.'
Je pouvais encore accepter de me passer de télé, mais une terrible suspicion se fit en moi :
- 'Mais comment ils font pour...' commençai-je. 'Il y a Internet quand même ?'
Mon père secoua la tête, je le regardai comme s'il m'avait annoncé qu'on allait devoir me couper un bras.
- 'Il faudra que tu apprennes à vivre sans cet été,' dit Papa. 'Tu passes trop de temps devant des écrans. Ça te fera du bien.'
Trop de temps devant des écrans, ça c'est vraiment une idée d'adulte.
- 'Ah non !' avais-je dit en agitant vivement le doigt. 'Ça me fera surtout du bien d'aller autre part. J'ai droit au Wifi c'est écrit sur la déclaration universelle des droits de l'enfant. On l'a vu à l'école cette année.'
- 'Baudouin s'il te plait,' soupira papa, 'sois raisonnable.'



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Voilà est ce que le début est prenant ? est ce que ça donne envie de lire la suite ?

Les deux petits paragraphes en italiques au début vous paraissent jolis ?

La "magie" dans cette histoire n'apparaitra pas immédiatement, j'espère ne lasser personne Razz

Merci à tous d'avance de me lire, en espérant vraiment que ça vous plaise.


Dernière édition par elgringo le Mar 25 Mai 2010 - 17:21, édité 2 fois (Raison : Correction rapide orthographes, temps et style.)
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MessageSujet: Re: Le dernier sanctuaire de la lune.   Le dernier sanctuaire de la lune. Icon_minitimeSam 13 Mar 2010 - 9:25

Pas mal et plutôt accrocheur !
L'entrée est tout simplement magique.

Mais les fautes n'en disparaissent pas pour autant ! lol!
— de presque toute les espèces : toutes
— des fidèles garde vivant : gardes
— ils sont à courts d'arguments : court
— les vacances chez mes grands parents : grands-parents
— Tiens toi tranquille : Tiens-toi
— même temps que je les ait dit : ai dits
— Ma mère n'a rien répondu et s'est contenté : contentée
— Baudouin vas dans ta : va
— Il habite à coté : côté
— Bien sur, je ne pouvais pas : sûr
— On les as prévenus que le moyen age : a, âge
— que tu monte à la poste : montes
— tu apprenne à vivre sans cet été,' dit Papa. 'Tu passe trop : apprennes, passes
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MessageSujet: Re: Le dernier sanctuaire de la lune.   Le dernier sanctuaire de la lune. Icon_minitimeDim 14 Mar 2010 - 14:06

Merci schadow, c'est trop gentil Smile

Bon par contre pour les fautes, j'ai pas fait exprès, je te jure Razz


Allez oop, voilà la fin du premier chapitre.

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J'avais été raisonnable. C'est pour ça que j'étais dans ce train, en chemin pour l'été le plus mortellement ennuyeux de toute ma vie, avec un fauve en colère sur les genoux et un sac remplis de bouquins sous les pieds. D'après mes calculs j'avais à peu près trois semaines de lecture. J'allais tomber en panne sèche avant même la moitié du séjour. Je posai mon front contre la vitre et regardai, morose, le paysage se transformer à mesure que les montagnes à l'horizon se rapprochaient. Qu'est ce que j'allais bien pouvoir trouver là bas ? Est ce qu'il y aurait des enfants de mon age ? Est ce que je m'entendrais avec eux ? Je n'étais pas très doué pour me faire des amis. Je ne pouvais qu'imaginer le pire.
En fait tout n'était pas aussi sombre pour moi que je le laisse paraître. En partant, j'avais l'espoir un peu fou, que grâce à moi, peut-être, mon grand père et ma mère pourraient enfin se réconcilier. J'ai toujours eu horreur de voir deux personnes qui s'aiment bien se disputer pour des raisons stupides. A l'école je considère comme mon devoir d'aider mes amis à résoudre leurs querelles. On m'accuse parfois de me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais je préfère ça que de rester à regarder sans rien faire. Seulement, ma mère et mon grand-père étaient fâchés depuis tellement longtemps, avant même ma naissance. J'avais beau être "diplomate", à un moment il faut que les deux cotés soient prêts à faire au moins un pas, sinon personne n'avance. Il n'y a rien de plus têtu qu'un adulte qui croit avoir raison, surtout face à un enfant.

Le voyage dura encore longtemps. Je m'endormis à un moment et me réveillai quand le train arriva à son terminus ; la gare d'une petite ville. Mon voyage n'était pas encore terminé. La maison de mes grands-parents était bien plus éloignée de la civilisation que ça. Je pris la cage de Iago dans une main, et tirai mon sac de l'autre, jusqu'à l'extérieur du train. Nous avions bien grimpé. L'air était plus frais qu'à mon départ, j'avais un peu moins de souffle, mon sac me paraissait plus lourd.
- 'Baudouin,' appela une voix gentille depuis l'autre côté du quai. 'Par ici.'
Ma grand mère m'attendait là-bas. Je la connaissais, car elle était venue passer du temps à la maison quelques fois. J'étais bien content de la voir. Elle me sortit toutes les phrases qu'on sert habituellement aux enfants dans ce genre de situation et qui irritent plus qu'autre chose. "Comme tu as grandi", "Je me souviens encore de toi quand tu étais haut comme ça", ou encore "C'est incroyable comme tu as poussé." Je me contentai de sourire parce que ça partait quand même d'une bonne intention.
Grand-mère me mena jusqu'à sa voiture, une vieille guimbarde jaune toute carrée, dont les portières fermaient mal. Je chargeais mon sac dans le coffre et déposait Iago sur la banquette arrière. J'entendais mon chat feuler sourdement à l'intérieur, m'informant qu'au moment où je déciderais de le libérer, j'aurais un terrible prix à payer. Grand-mère s'installa au volant, moi sur le siège à côté d'elle ; là j'osais enfin poser la question qui m'inquiétait le plus :
- 'Où est Grand-père ?'
Durant tout le voyage j'avais essayé de me préparer à cette rencontre. J'avais imaginé qu'il refuserait de m'adresser la parole parce que je lui rappelais trop maman. J'avais imaginé que nous nous tomberions dans les bras. J'avais tout imaginé, au point d'en avoir le tournis. Maintenant j'étais presque déçu de devoir remettre à plus tard.
- 'Il a du partir guider un groupe de gendarmes,' expliqua Grand Mère. 'Il ne rentrera que tard ce soir.'
- 'Des gendarmes ?' demandai-je. 'Il se passe quelque chose de grave ?'
Grand mère fit démarrer la voiture qui se secoua tellement, que je crains un instant qu'elle ne tombe en morceaux.
- 'Probablement pas,' dit-elle. 'Personne ne connaît mieux les montagnes que ton grand père. On vient le chercher au moindre problème dans un endroit un peu inaccessible.'
La vieille voiture s'engagea une route qui tournait dans tous les sens et qui montait raide. Le moteur faisait un bruit bizarre de tambour qui n'avait pas l'air d'inquiéter Grand mère outre mesure. A l'arrière Iago miaulait avec détresse à chaque fois qu'un virage un peu violent faisait glisser sa cage.
- 'Nous en avons pour une petite heure de route avant d'atteindre le chalet,' annonça grand mère. 'Tu verras, c'est très calme.'
- 'Est ce qu'il y a d'autres enfants de mon age ?' demandai-je un peu inquiet.
- 'Quelques uns, au village. J'ai demandé à ta cousine de passer au chalet pour t'y emmener. C'est la petite fille de ma soeur. Tu verras elle est très... vive. Je suis sûre que tu vas bien t'entendre avec elle.'
Cette phrase ressemblait un peu trop à "Je suis sûr que tu vas bien t'amuser", pour que je ne m'en méfie pas. S'amuser avec une fille, c'est mission impossible. J'espérais qu'il y aurait des garçons quand même. Une fille ça parle tous le temps de trucs sans intérêts. Ca joue à des jeux idiots, ça pleure pour un rien... Bien sur, il valait mieux une fille que de passer l'été tout seul, mais quand même.
Il était presque trois heures de l'après midi quand nous sommes arrivés au chalet. C'était une grande maison en bois, au bout d'un chemin de terre, entourée par un jardin bien entretenu. Je ne m'attendais pas à ça. Maman ne parlait presque jamais de la maison de son enfance, mais en me basant sur les quelques détails qu'elle avait parfois laissé échapper, j'avais imaginé une sorte de hutte en bouse séchée à flanc de falaise, balayée par le vent et infestée de toutes les vermines du monde.
Je descendis de la voiture en portant la cage de Iago. Une immense vallée s'étendait devant moi sur des kilomètres, jusqu'à perte de vue. Elle était remplie d'arbre, de nombreux cours d'eaux, et bordée par quelques hauts pics. Jusqu'à perte de vue, on ne distinguait pas la moindre trace de présence humaine. Je sortis mon téléphone portable. Pas de réseau. J'étais complètement coupé du monde.
- 'Iago je vais ouvrir la porte,' dis-je en me penchant. 'tu promets de ne pas me tuer ?'
A l'intérieur le fauve ne me répondit évidemment pas. Je le connaissais trop bien pour penser que c'était bon signe. J'ouvris le loquet et retirai immédiatement ma main. Un éclair de fourrure jaillit de la cage en miaulant, courut à travers l'herbe haute et ne s'arrêta qu'une fois perché en haut d'un arbre. Là, mon chat se retourna vers moi et me contempla d'un air accusateur. C'était un grand félin mince à la fourrure gris noir. Une petite cicatrice blanche lui traversait le museau, souvenir d'un combat particulièrement mémorable. J'avais encore toute mes phalanges, je pouvais me considérer comme chanceux. Iago bondit de son perchoir et disparut dans les hautes herbes.
- 'Attends !' appelai-je un peu inutilement.
Mon chat disparut dans les hautes herbes avant que j'ai fait un pas.
- 'Il reviendra quand il sera calmé,' dit Grand-mère. 'Il ne risque rien par ici.'
- 'Ce qui me fait peur, c'est qu'il faudra le remettre dans la boite pour le retour.'
Je remarquai alors, que quelqu'un était adossé derrière l'arbre où s'était réfugié Iago. Il ou elle ne se cachait pas vraiment, mais ne faisait rien non plus pour attirer l'attention.
- 'Detta ?' appela Grand Mère. 'C'est toi ? Viens donc par ici.'
Une fille un petit peu plus grande que moi, mais probablement de mon age, sortit de derrière l'arbre une expression maussade sur le visage. Elle avait les cheveux bruns pas trop long, un jean usé aux chevilles, un vieux blouson vert et des chaussures de marche.
- 'Arrête de faire cette tête,' réprimanda Grand mère.
La fille leva les yeux au ciel, et s'approcha de nous, les mains dans les poches sans daigner jeter le moindre regard dans ma direction. Grand mère se retourna vers moi :
- 'Baudouin, voilà ta cousine. Elle va te faire découvrir le pays.'
La fille souffla comme si on lui demandait une terrible corvée. Grand mère secoua la tête avec un peu d'agacement.
- 'Tu vas montrer à Baudoin le chemin du village,' Ordonna-t-elle. 'Qu'il sache se repérer dans la montagne, et sans te faire prier.'
- 'C'est bon...' grommela Detta en s'asseyant dans un coin. 'Je suis là, non ?'
- 'Baudoin,' me dit Grand mère. 'On va aller poser tes affaires et te trouver des chaussures.'
En emportant mon sac dans la maison, je jetai un coup d'oeil par dessus mon épaule vers ma "cousine" à l'attitude si renfrognée. Assise par terre, adossée au mur de la maison elle avait sortie un couteau, et taillait un bout de bois en mâchant un chewing-gum. J'avais eu tort de craindre qu'elle ne veuille que jouer à la poupée. J'espérais bien qu'elle ne serait pas aussi hostile tout l'été.


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Voilà c'est le premier chapitre de cette petite histoire, qui me tient quand même un peu à coeur ^^. Est ce que j'ai réussi à vous... accrocher ?
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MessageSujet: Re: Le dernier sanctuaire de la lune.   Le dernier sanctuaire de la lune. Icon_minitimeDim 14 Mar 2010 - 17:51

elgringo a écrit:
Certains endroits lui étaient plus agréables que d'autres et pour les habitants de la terre ces endroits devinrent sacrés.

Le deuxième "endroit" me parait de trop... J'aurai plutôt mis "Certains endroits lui étaient plus agréables que d'autres et pour les habitants de la terre, ces lieux devinrent sacrés."

Ca évite les répétitions Smile
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MessageSujet: Re: Le dernier sanctuaire de la lune.   Le dernier sanctuaire de la lune. Icon_minitimeLun 15 Mar 2010 - 10:05

Tout lu d'une traite: je suis accro également Wink
_ des petites étourderies ( manque qq virgules de temps en temps) que tu rectifieras sans doute après.
Citation :
Le voyage dura encore longtemps. Je m'endormis à un moment et me réveillai quand le train arriva à son terminus ; la gare d'une petite ville.
Le voyage dura encore longtemps ; je m'endormis à un moment et me réveillai quand le train arriva à son terminus : la gare d'une petite ville.
J'ai hâte de lire la suite I love you
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MessageSujet: Re: Le dernier sanctuaire de la lune.   Le dernier sanctuaire de la lune. Icon_minitimeLun 15 Mar 2010 - 12:47

Bien!!! Vraiment j'aime beaucoup!!!
Ce devrait être interdit les gens comme toi!!! Faire douter les pauvres fraises innocentes c'est pas juste.
Bon il faut te mettre au travail. Parce que je veux le chapitre deux au plus vite!!!!!! Very Happy
Aller au boulot le gringo! Razz
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MessageSujet: Re: Le dernier sanctuaire de la lune.   Le dernier sanctuaire de la lune. Icon_minitimeLun 15 Mar 2010 - 20:52

J'ai fait une correction complète avec un nouveau joujou ! La flemme de relever les fautes une après l'autre.

Spoiler:

Citation :
En partant, j'avais l'espoir un peu fou, que grâce à moi, peut-être, mon grand-père et ma mère pourraient enfin se réconcilier.
Dans cette phrase le " peut-être " est superflu il fait double emploi avec le verbe pouvoir qui veut dire la même chose.
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MessageSujet: Re: Le dernier sanctuaire de la lune.   Le dernier sanctuaire de la lune. Icon_minitimeMar 16 Mar 2010 - 0:21

Vous êtes vraiment trop gentilles toutes les quatre Very Happy Je n'en mérite pas tant ^^


Bonne remarque banshee, je comprends pas comment j'ai pu laisser passser ça.


Schadow : J'avais mis le peut-être en trop volontairement, pour laisser entendre que Baudouin ne se faisait pas d'illusion, pour bien insister sur le fait que c'est une idée un peu folle à laquelle il ne s'autorise pas à croire complètement. Mais ça fait peut être un peu bizarre je le reconnais :/

Pas mal ce nouvel outil ^^ Si ça te facilite le travail je suis content. ( t'es déjà tellement gentille de corriger mes si nombreuses fautes, je ne peux pas te remercier assez Very Happy)

Hélène : Très bonne remarque Smile


Fraise : Tes désirs sont des ordres :

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Chapitre 2



Grand mère sortit d'un placard une paire de chaussures montantes, un peu grandes pour moi. Elle me montra ensuite comment mettre deux paires de chaussettes l'une sur l'autre pour éviter les ampoules. Enfin elle me tendit vieille gourde en métal cabossée.
-'Pense à boire souvent', recommanda-t-elle. 'Même si tu penses ne pas avoir soif. En altitude on se dessèche très rapidement. Si tu commences à avoir mal au pied, comme un cailloux coincé dans ta chaussure qui ne bougerait pas, arrêtes toi et repose toi un peu. C'est le début d'une ampoule.'
Je trouvais ça amusant. Je n'avais pas l'habitude de faire autant de préparatifs pour une petite ballade. Les chaussures étaient si rigides que je pouvais à peine plier les chevilles.
- 'Tu seras bien content de les avoir si tu glisse sur une pierre,' dit Grand mère quand je lui fis remarquer.
J'avais l'impression d'avoir enfilé des chaussures de ski en plus léger. Je fis quelques pas dans l'entrée, un peu maladroits au début, mais m'habituai rapidement. Je pensais que j'étais prêt à partir, mais Grand mère me retint encore un instant :
- 'Surtout,' conseilla-t-elle très sérieusement, 'ne laisse pas Detta t'entraîner dans des chemins trop difficiles pour toi.'
L'avertissement me paraissait un peu étrange, après tout si un chemin était trop difficile pour moi, il le serait aussi pour elle non ? Je n'avais plus six ans, quand même ?
- 'Je ferai attention,' promis-je un peu à la légère.

Un quart d'heure plus tard, je me retrouvai donc sur un petit sentier de terre montant doucement. Detta, devant moi, marchait d'un bon pas sans parler ni se retourner. Quand j'étais sorti du chalet elle s'était mise en route immédiatement, sans attendre de voir si je la suivais. J'avais dû m'élancer à sa poursuite. Nous n'avions pas échangé un mot jusqu'ici.
- 'Je m'appelle Baudouin,' lançai-je pour ouvrir la conversation.
Detta maugréa une réponse indistincte. Je n'allais pas me laisser décourager par si peu.
- 'J'ai douze ans et toi ?'
- 'Moi aussi,' grogna Detta.
La pente devint plus forte. Ma cousine ne ralentit même pas, alors que j'avais soudain l'impression de grimper sur un mur vertical. Je n'étais pas du tout habitué à l'altitude et au bout de quelques pas mes chaussures me parurent peser une tonne. Rien que l'effort de lever un pied suffisait à m'essouffler. Devant moi, Detta marchait avec assurance, comme s'il n'y avait rien de particulier à cette montée. J'essayais de tenir son rythme mais je savais que je ne tiendrais pas longtemps.
- 'Il y a d'autres enfants de notre age au village ?' demandai-je le souffle court.
- 'Pas beaucoup,' répondit Detta toujours sans se retourner ni ralentir.
- 'C'est encore loin ?'
D'après mon portable nous marchions depuis près d'une demi heure. La montée semblait encore sans fin.
- 'Non,' dit simplement Detta.
- 'C'est à dire combien de temps ?' insistai-je manquant de trébucher sur une grosse pierre.
- 'Une petite heure.' estima Detta d'un ton désintéressé.
- 'Quoi ?' m'exclamai-je en m'arrêtant sur place.
Detta se retourna avec un sourire un peu méprisant, la première marque d'émotion qu'elle montrait depuis que je l'avais rencontrée.
- 'A cette vitesse on en a pour au moins deux.' expliqua-t-elle 'Peut être trois.'
Elle commençait à m'énerver avec son attitude. Mon t-shirt déjà était trempé de sueur. Je m'essuyai le front du revers de la main, et m'appuyai contre un arbre le temps de reprendre ma respiration.
- 'Je fais de mon mieux,' me défendis-je.
- 'Et c'est pas terrible,' dit Detta. 'C'est plus dur sans voiture, hein ?'
J'imagine que c'était une insulte par rapport au fait que je venais de la ville. Je me remis en marche sans rien dire de plus. Si je répondais j'allais être grossier et je n'avais pas envie que la situation dégénère. En tout cas pas immédiatement. Detta haussa les épaules et reprit la route. Quand la montée se termina enfin, j'étais sur le point de m'effondrer. Mon coeur battait à tout rompre, j'avais l'impression que mes poumons allaient exploser, la seule chose qui me maintenait debout c'était que je ne voulais pas donner la satisfaction à l'autre idiote de me voir abandonner. Heureusement, ensuite le chemin continuait sur une pente plus douce et je pus me remettre un peu.

Nous avons marché encore quelques minutes en silence avant d'arriver à une fourche dans le sentier. Detta s'arrêta devant.
- 'Il se passe quelque chose ?' demandai-je en débouchant la gourde que Grand Mère m'avait confié.
L'eau avait un gout un peu métallique mais à cet instant je n'avais jamais rien bu d'aussi délicieux. Mes jambes étaient encore un peu douloureuses, mais je me sentais déjà bien mieux.
- 'Par-là,' dit Detta en désignant la droite, 'il y a un raccourci. Mais je ne suis pas sûre...'
- 'Pas sûre de quoi ?' demandai-je en m'essuyant la bouche du revers de la main.
- 'Pas sûre que tu sois assez courageux pour le prendre,' expliqua-t-elle.
Je fronçai les sourcils et croisai les bras.
- 'Je n'ai peur de rien !' clamai-je imprudemment.
- 'On verra bien,' dit Detta en haussant les épaules. 'Si tu te dégonfle on feras demi-tour.'
Et sur ces mots elle s'engagea sur le chemin de droite. Je ne savais pas ce qui m'attendait au bout, mais je n'allais pas me laisser traiter de froussard par cette fille désagréable.
Le chemin de terre laissa la place à de la pierre, un grand précipice s'ouvrit à notre droite, et une paroi abrupte de rocher s'éleva à notre gauche. Plus nous avancions, plus l'espace entre les deux rétrécissait, rapidement le chemin fit moins d'un mètre de large. Detta continuait d'avancer sans ralentir. Elle marchait devant moi avec naturel, en s'accrochant de temps en temps d'une main à des petites prises dans le mur pour s'aider enjamber les endroits les plus étroits. J'admirais son aisance car moi le vide à ma droite me rendait de plus en plus nerveux. Je me forçais à ne pas regarder.
Le sentier rétrécit encore jusqu'à ce qu'il reste à peine la place de mettre un pied à côté de l'autre. Je réalisais que j'aurais mieux fait de prendre l'autre chemin. Au moindre faux pas, j'allais partir m'empaler une dizaine de mètres plus bas sur une rangée de sapins. Je m'agrippai désespérément à la paroi et progressai en pas chassés le long de la corniche. Je levai les yeux, Detta qui avait passé le coin le plus difficile me regardait avancer avec intérêt. Elle avait passé le point le plus difficile, et m'attendait adossée à un rocher, les bras croisés.
- 'Alors le citadin ?' demanda-t-elle. 'Tu te dégonfles ? On fait demi tour ?'
J'avais le front, le dos, et les doigts trempés de sueur, mais je n'osais pas faire le moindre geste pour m'éponger, de peur de glisser. Toutes les quelques secondes mon regard dérivait vers le bas sans que je puisse me retenir. Le vide paraissait tellement proche et tellement... "vide". J'avais peur, j'étais terrifié même. J'étais sur le point de faire demi tour, mais le regard narquois de ma cousine me retint. Je ne pouvais pas abandonner maintenant, ma fierté me l'interdisait. J'allais lui montrer à cette idiote ! Centimètres par centimètres, avançant de prise sure en prise sure, je progressai. De toutes mes forces, je m'efforçais de ne pas penser au sort qui m'attendait si je faisais la moindre erreur. Je réussis à atteindre le milieu, une goutte de sueur me ruissela dans l'oeil. Je secouai la tête par réflexe, mon pied glissa et je me sentis partir en arrière.
Je crus que tout était fini, mais mon instinct de survie me sauva. Je tirai de toutes mes forces sur mes bras et réussis par miracle à me retenir. Je restai immobile un moment, le temps de reprendre courage, et me remis en marche encore plus prudemment qu'avant. Je finis par rejoindre l'autre côté et tombai à genoux. Mes mains semblaient tétanisées, je ne pouvais plus les refermer.
- 'Ok,' reconnut Detta. 'Pas mal pour un citadin.'
Je venais probablement de faire la plus grosse idiotie de ma vie, pour la raison la plus futile qui soit. Ne pas passer pour un peureux aux yeux d'une fille. J'aurais sans doute du en avoir honte, mais une immense fierté m'envahit. Ma cousine me regardait avec un tout petit peu moins de dédain qu'avant. Je me relevai avec difficulté, les jambes tremblantes, et tirai ma gourde de mon sac. Je luttai un peu pour ouvrir le bouchon, puis me versai un peu d'eau délicieusement fraiche sur le front.
- 'On y va ?' demandai-je en souriant.


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Et voilààààà la première partie du chapitre 2 ( Le gringo fait sa révérence.)

J'espère vous avoir agréablement distrait et je vous souhaite une bonne nuit.

(est ce que les personnages vous plaisent jusqu'ici ? )
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MessageSujet: Re: Le dernier sanctuaire de la lune.   Le dernier sanctuaire de la lune. Icon_minitimeMar 16 Mar 2010 - 9:19

Ouaih ! Il est plutôt bien et assez complet ce logiciel, il te donne même toutes les répétions, il met les virgules oubliées. Et il me laisse plus de temps pour câliner ma petite Océane. Là je profite qu'elle fait un somme !
Toi par contre tu es fâché avec les traits d'union. Smile

Bonne suite avec le garçon qui ne veut pas paraître plus nul qu'une fille ! Smile

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Le dernier sanctuaire de la lune.   Le dernier sanctuaire de la lune. Icon_minitimeMar 16 Mar 2010 - 13:10

*Sourire niais*
Detta est un peste Smile

J'ai noté quelques répétitions mais rien de plus, j'aime ::love::
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MessageSujet: Re: Le dernier sanctuaire de la lune.   Le dernier sanctuaire de la lune. Icon_minitimeMar 16 Mar 2010 - 13:41

Même sentiment !
Le tragi-comique de situation^^ dans lequel tu mets tes personnages m'intéresse aussi Wink
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MessageSujet: Re: Le dernier sanctuaire de la lune.   Le dernier sanctuaire de la lune. Icon_minitimeMar 16 Mar 2010 - 14:31

Ce texte m'a superbement accroché, j'ai lu toutes les parties d'une traite sans pouvoir quitter mon écran des yeux.
Les personnages sont attachants, l'histoire progresse rapidement sans oublier de nourrir notre curiosité face aux différents personnages.
J'ai bien aimé le suspens sur l'âge du petit garçon qui se considère si grand, et le moment de frayeur qui m'a donné le vertige comme si j'y étais.

Je ne pense pas nécessaire de te dire que j'attends la suite avec impatience!
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MessageSujet: Re: Le dernier sanctuaire de la lune.   Le dernier sanctuaire de la lune. Icon_minitimeMer 17 Mar 2010 - 10:07

Youpiie! C'était trop bien!!! Vivement la suite!!!!!!
Très bonne description du vertige et de la peur du p'ti gars!!!
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MessageSujet: Re: Le dernier sanctuaire de la lune.   Le dernier sanctuaire de la lune. Icon_minitimeMer 17 Mar 2010 - 10:50

Vous êtes vraiment trop gentils vous tous ^^ Je n'en mérite pas tant. Vous allez me faire rougir.

Bon ben du coup je vais continuer. ^^

Je vais mettre les remerciements spécifiques à l'intérieur du spoiler ce sera plus propre ^^

Spoiler:


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Le village n'était pas bien grand, une trentaine de maisons avec au centre une petite épicerie qui servait aussi de bureau de poste. Le minimum vital, voire moins. Ce n'était pas ici que je pourrais m'amuser pensai-je avec dépit. La ville me manquait déjà. Detta m'emmena jusqu'à chez elle. Elle habitait en plein centre dans une grande maison en pierres grises.
A l'intérieur je rencontrais sa mère et sa grande soeur, Nina, qui avait presque vingt ans. Toutes les deux étaient bien plus sociables que Detta. J'eus droit à un bon goûter pendant que je faisais connaissance. Après toutes ces aventures j'étais mort de faim, et je dévorai avec gratitude une pile de tartines au nutella. Detta mangea aussi mais en silence, dans un coin, en regardant par la fenêtre. Sa mère et sa soeur ne semblaient pas trop s'en inquiéter, c'était apparemment son état habituel. J'avais eu l'espoir secret de trouver une télévision en arrivant dans la maison; mais la mère de Detta devait faire partie de ces extrémistes un peu fou qui croient que la télé ramollit le cerveau, car il n'y en avait pas. Encore un espoir déçu.
Il commençait à se faire tard et Detta me raccompagna sur le début du chemin pour que je ne me perde pas. En traversant la corniche, j'avais semble-t-il passé une sorte d'épreuve. Ma cousine était un tout petit peu moins distante qu'à l'aller. C'est à dire qu'elle continuait à ne parler que par monosyllabes et à me traiter de citadin, mais au moins elle admettait mon existence.
- 'Ta famille est sympa,' dis-je.
- 'Ouais,' dit Detta en haussant les épaules.
- 'Plus que toi,' ajoutai-je pour la faire réagir.
Detta fit une moue de dégout.
- 'Tu ne les as vues que cinq minutes... En fait elles sont chiantes. Nina ne parle que de garçons et de ses fêtes pourries à l'université. Ma mère veut toujours savoir où je vais, quand je vais rentrer... '
Detta se tut et soupira. A moi la demande ne paraissait pas excessive, mais je ne le dit pas. Ce n'est jamais une bonne idée de se mêler des histoires de familles des autres.
- 'Toi, qu'est ce qui t'intéresses ?' demandai-je .
- 'Me balader,' dit Detta en me regardant du coin de l'oeil. 'Trouver des coins que personne ne connait. Faire ce que je veux...'
- 'Ca me semble pas mal comme programme,' offris-je en souriant.
Detta se retourna vers moi et hocha la tête. J'avais passé une autre épreuve.
- 'Il y a quelques trucs à voir dans le coin,' ajouta-t-elle. 'Le lac, la cascade, le pic de la ronde... Faut un peu marcher, mais ça vaut le coup. Je te montrerai.'
- 'Ok.'
Nous étions arrivés en haut de la montée de tout à l'heure. Detta s'arrêta.
- 'C'est tout droit,' m'annonça-t-elle, 'tu ne peux pas te tromper.'
Avant que j'ai eu le temps de la remercier, ou de lui dire quoi que ce soit d'ailleurs, ma cousine était déjà repartie.

J'arrivai au chalet plus épuisé que je ne l'avais jamais été de ma vie. Descendre un sentier de montagne est aussi difficile, voire plus, que de le monter. Heureusement pour moi cette fois, je n'avais pas eu l'autre folle derrière moi pour me pousser à aller trop vite. Grand père n'était toujours pas rentré. J'en profitai pour prendre un long et délicieux bain après que Grand Mère m'ait montré comment allumer l'eau chaude. Alors que je reposais mon corps endolori dans la large baignoire, je me dit que finalement maman m'avait fait un portrait trompeur du chalet. Tout y était vieux, mais propre et confortable.
J'aurais pu rester des heures, mais l'eau finit par refroidir. Je sortis à regret du bain, me séchai et mis mon pyjama. A l'étage d'en dessous un bon dîner m'attendait. Je dévorai une pleine assiette de pâtes, tout en faisant à Grand mère un résumé de tout ce qui m'était arrivé depuis la dernière fois que nous nous étions vu : L'école, les amis, la famille... Quand j'eus finis de manger, je réalisai qu'à l'extérieur la nuit était en train de tomber, et surtout que Iago n'était toujours pas rentré. Je remis mes chaussures pour aller le chercher, mais après avoir fait trois fois le tour du chalet en vain Grand mère me fit rentrer.
- 'On va allumer les lumière,' dit-elle. 'Ça le fera revenir.'
Je m'installai à contre-coeur sur une chaise face à une fenêtre avec une bande dessinée, mais j'étais trop inquiet pour la lire.
Iago était sans aucun doute une sale bête. Un chat vicieux, agressif, solitaire mais je l'aimais bien et je savais que lui aussi m'aimait. Il n'avait pas besoin de moi, il savait se nourrir seul, il n'avait pas peur de dormir dehors et pourtant il finissait toujours par revenir me voir. S'il lui était arrivé quelque chose j'aurais eu beaucoup de peine. La nuit finit par complètement tomber.
- 'Ne t'en fais pas,' dit Grand mère en me voyant aussi soucieux. 'Il doit se promener. Les chats sont des animaux nocturnes après tout.'
- 'Ouais mais... à la maison c'est lui le prédateur. Ici... j'ai peur qu'il croise quelque chose de plus dangereux qu'un gros pigeon.'
Un éclair d'incertitude passa sur le visage de Grand mère. Elle savait que j'avais raison, mais les adultes croient toujours devoir nous protéger de la vérité par des mensonges mal ficelés.
- 'Je suis sûre qu'il va bien.' dit-elle.
J'étais trop grand pour être rassuré par un tel subterfuge. Je tentai de me plonger dans ma bande dessinée, mais la porte du chalet s'ouvrit d'un coup, avec un grincement lourd.
Un vieil homme, très grand, aux cheveux aussi blancs que la lune dans un ciel sans nuages rentra dans le chalet d'un pas lent mais sûr. Il avait le visage ridé par une vie passée en plein air, et l'expression sévère d'un maître d'école qui sait exactement au premier coup d'oeil ce que vous avez fait de mal. Il était en habit de montagnard, mais sans sac à dos, juste une corde enroulée autour de l'épaule. Je ne l'avais jamais vu avant, mais au premier coup d'oeil je sus avec certitude que c'était mon grand père. Il ressemblait un peu à maman, la même forme de visage et les mêmes yeux bleus brillants. Je me sentais comme un petit garçon intimidé. Rien qu'à l'idée de devoir dire quelque chose, ma gorge se serrait. Grand père était si impressionnant, que je ne remarquai pas immédiatement le détail le plus incroyable. Dans sa main droite, il tenait fermement Iago par la peau du cou, et mon chat se laissait faire ! Si j'avais tenté la même chose, j'y aurais probablement laissé un bras.
- 'J'ai trouvé dehors ce petit chasseur imprudent,' dit le vieil homme en soulevant Iago.
Il avait une voix rocailleuse et grave. Une voix pleine d'autorité qui n'admettait pas la réplique.
- 'C'est mon chat,' dis-je hésitant. 'Merci de l'avoir retrouvé...'
Grand Père déposa Iago à terre, qui courut se réfugier sur mes genoux en tremblant. Je ne l'avais jamais vu aussi terrifié que cela, mais je ne pouvais me laisser distraire maintenant. Je relevai les yeux, cherchant les mots justes pour une première rencontre.
- 'Bienvenu à la maison, garçon,' dit Grand Père sans plus de formalités.
Le vieil homme traversa le salon, et s'assit dans un large fauteuil avec un soupir de fatigue.
- 'Tout s'est bien passé, avec les gendarmes ?' demandai-je.
C'était une question facile et sans grand danger de déraper sur des sujets plus personnels que je ne me sentais pas encore prêt à aborder. Grand Père secoua la tête.
- 'Une perte de temps.' dit-il. 'Quelques touristes qui se sont fait peur ont affirmés s'être fait attaquer par un loup noir. Les gendarmes ont insisté pour que je vienne voir. Evidemment, il n'y avait rien.'
Il avait prononcé le mot touriste avec irritation. Pour vous donner une idée si j'avais mis le pied dans ce que les chiens laissent parfois derrière eux, j'aurais pu dire sur le même ton : "Mince, j'ai marché dans un touriste."
- 'C'était une fausse alerte ?' demandai-je.
- 'Les touristes ont toujours beaucoup d'imagination,' dit le vieil homme agacé. 'Ils ont du croiser un gros chien et se faire des idées. Les loups de ces montagnes sont gris, ne se déplacent pas seuls en cette saison, et quand ils attaquent ils ne laissent pas assez de chair sur les os...'
- 'Hum...' interrompit Grand Mère sortant soudain de la cuisine.
Grand père se reprit, secoua la tête et se releva.
- 'Je suis fatigué,' dit-il. 'Je vais dormir.'
Il monta d'un pas lent l'escalier. Je le regardai partir avec frustration. J'avais imaginé beaucoup de façon dont cette première rencontre aurait pu se passer, mais je n'avais pas imaginé qu'il ne se passerait absolument rien.
- 'Ne t'en fais pas,' dit Grand mère devinant mon trouble. 'Vous aurez tout le temps de faire connaissance cet été.'
- 'Je...'
Je me sentais confus et perdu, un peu déçu surtout.
- 'Tu as l'air épuisé toi aussi,' dit Grand Mère. 'Vas donc dormir. Tu as eu une rude journée.'
C'était une très bonne idée. Je pris Iago sur mon épaule et montai moi aussi à l'étage.

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Tagaglop tagaglop si je progresse à cette vitesse j'aurais une suite après demain ^^
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MessageSujet: Re: Le dernier sanctuaire de la lune.   Le dernier sanctuaire de la lune. Icon_minitimeMer 17 Mar 2010 - 11:02

Citation :
Grand Père déposa Iago à terre, qui courut se réfugier sur mes genoux en tremblant.
Grand Père déposa Iago qui courut se réfugier sur mes genoux en tremblant.

Je lirai bien volontiers la suite...
cat
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MessageSujet: Re: Le dernier sanctuaire de la lune.   Le dernier sanctuaire de la lune. Icon_minitimeMer 17 Mar 2010 - 11:05

Trop biennnn!!!
"J'ai marché dans un touriste" Elle est bien celle-ci!!
Je ne sais pas trop quoi dire! T'es vraiment un gring!
Clap Clap majeur pour toi!
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MessageSujet: Re: Le dernier sanctuaire de la lune.   Le dernier sanctuaire de la lune. Icon_minitimeMer 17 Mar 2010 - 11:19

Ce n'est jamais une bonne idée de se mêler des histoires de familles des autres.
Grande vérité à méditer souvent, donc chaque fois qu'on fait une gaffe sur ce sujet.

Merveilleuse description de la montagne.

J'aime ce Baudouin méditatif et son chat imprévisible.
Cette jeune fille pleine de révolte.
Et cette grand-mère dont même le jardinage est mystérieux.

Ce grand-père m'intrigue et me met mal à l'aise. je pressens quelqu'un de positif mais pour l'instant il m'intimide.

Nice, nice, I like it !
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MessageSujet: Re: Le dernier sanctuaire de la lune.   Le dernier sanctuaire de la lune. Icon_minitimeMer 17 Mar 2010 - 11:43

Très intéressante histoire ^^ On se laisse rapidement emporté dedans. J'attends la suite avec impatience
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MessageSujet: Re: Le dernier sanctuaire de la lune.   Le dernier sanctuaire de la lune. Icon_minitimeMer 17 Mar 2010 - 13:04

Citation :
Il avait prononcé le mot touriste avec irritation. Pour vous donner une idée si j'avais mis le pied dans ce que les chiens laissent parfois derrière eux, j'aurais pu dire sur le même ton : "Mince, j'ai marché dans un touriste."

::lol:



On attend la suite, évidement ! *Pauvre chat*
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MessageSujet: Re: Le dernier sanctuaire de la lune.   Le dernier sanctuaire de la lune. Icon_minitimeMer 17 Mar 2010 - 17:16

Toujours très sympas à lire, tes textes, comme Red Eyes (que tu n'as pas abandonné, j'espère). D'ailleurs le style est assez proche: raconté à la première personne par un enfant (soit dit en passant, l'êge de Baudouin correspond assez bien à son caractère, mêm si le tempérament un peu "boudeur" du début: "oui, je vais y aller chez les grands-parents mais je n'en ai pas envie", me paraît plus féminin que masculin. Les garçons de cet âge que je connais diraient carrément "non". Ce qui ne veut pas dire qu'en fin de compte, ils n'obéiraient pas).
Toujours aussi une histoire qu'on devine vite grave mais racontée sur un ton léger, avec de l'humour. Ton chat me fait un peu penser à celui de mon roman, et à plus forte raison, à mon vrai chat (possèderais-tu toi aussi un matou caractériel ? devil2 )
J'aime bien aussi les noms que tu donnes à tes personnages. Bien qu'existants, ils confèrent une touche d'originalité qui donne plus de personnalité. Les choisis-tu justement en fonction d'une impression que ut veux donner sur le personnage?

Sinon, voilà, je ne trouve rien à dire de plus, surtout que je viens juste de découvrir ce post et que je manque de temps pour tout lire en détail. Ce sera plus facile pour la suite, au fur et à mesure.
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MessageSujet: Re: Le dernier sanctuaire de la lune.   Le dernier sanctuaire de la lune. Icon_minitimeJeu 18 Mar 2010 - 8:45

Vraiment toujours aussi bien !
Le logiciel c'est Antidote, il n'est pas gratuit, mais....

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Le dernier sanctuaire de la lune.   Le dernier sanctuaire de la lune. Icon_minitimeVen 19 Mar 2010 - 10:49

coucou tout le monde, me revoilà pile à l'heure avec un passage un micro poil plus long que le dernier. Smile

Je ne peux pas vous remercier assez de tous vos encouragements pour cette petite histoire toute simple Smile J'espère vraiment ne pas vous décevoir ^^

Spoiler:


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Ma chambre était une petite pièce au premier étage, avec un lit un peu grand pour moi, une fenêtre qui donnait sur la vallée, et surtout une grande bibliothèque remplie de vieux livres d'aventures. Une belle trouvaille, avec tout ça j'avais de quoi tenir tout l'été s'il le fallait. C'était une chambre d'enfant, propre et agréable. Je me demandai un instant à qui elle pouvait appartenir ? Est ce que Detta venait dormir ici ? Les draps étaient froids et un peu rêches, mais j'étais tellement fatigué que j'aurais dormi sur un lit d'orties. Je tirai les couvertures sur moi et Iago vint se lover à côté de ma tête en miaulant jusqu'à ce que je lui laisse de la place sur l'oreiller. C'était plus d'affection qu'il ne m'avait jamais montré. Je me rassit pour l'examiner.
- 'Qu'est ce qui t'arrive sale bête ?' demandai-je en lui caressant l'arrière du crâne. 'Tu as eu tellement peur là dehors ?'
Iago me tendit la patte en sortant ses griffes. Je crus qu'il voulait m'attaquer, mais en fait il voulait juste me montrer quelque chose. Entre deux de ses doigts, une petite touffe de fourrure noire était restée accrochée.
- 'Est ce que tu aurais croisé un loup noir ?' demandai-je en souriant.
Iago miaula doucement comme pour me répondre, et profita que je m'étais éloigné pour me voler complètement l'oreiller.
- 'D'accord,' soupirai-je, ' tu m'as bien eu.'
Le chat gronda un instant pour me prévenir que je n'avais pas intérêt à le déranger, et sembla s'endormir. Je haussai les épaules, me rallongeai et tentai de faire de même.
Seulement pendant la nuit un chalet est presque un être vivant. Les poutres craquent sans arrêt à cause des changement de température. Je commençai tout juste à somnoler quand un craquement plus fort que les autres me réveilla en sursaut. Le bruit avait été si fort que je crus que quelqu'un avait lancé un grappin sur ma fenêtre. L'idée était complètement idiote, mais à partir du moment où elle m'est venue je ne réussis pas à la chasser de mon esprit. Avec chaque nouveau craquement, j'imaginais qu'un cambrioleur grimpait lentement mais sûrement jusqu'à moi. J'essayai de me dire qu'il serait quand même étonnant de rencontrer un cambrioleur assez motivé pour venir s'attaquer à un chalet perdu dans la montagne à plusieurs années lumières de toutes civilisation, sans le moindre objet de valeur ; mais il faisait sombre et j'étais dans un endroit inquiétant que je ne connaissais pas.
Finalement je me levai pour aller vérifier. Il n'y avait rien, évidemment, mais je soupirai quand même de soulagement. La lune presque pleine éclairait le paysage aux alentours d'une belle lumière argentée, ne laissant aucune ombre assez grande pour dissimuler un cambrioleur. Je me sentais un peu mieux. J'allais retourner au lit, quand je vis Grand-père sortir de la maison. Il n'avait pas dit qu'il était fatigué ? Une nouvelle urgence ?
Il s'engagea sur le sentier et un gros oiseau vint se poser sur une branche près de lui. C'était sans doute un hibou, ou une chouette, mais j'étais un peu loin pour être sûr. Grand père s'arrêta un instant, et leva la tête. Quelques secondes se passèrent sans que ni l'un ni l'autre ne semblent bouger. Je n'osais presque plus respirer, et là le vieil homme et l'oiseau se retournèrent en même temps vers le chalet. Il n'y avait pas de lumière dans ma chambre, ils ne pouvaient pas me vois, mais sans réfléchir je me laissai tomber sur le plancher, le coeur battant comme si je m'étais fait prendre à espionner quelque chose que je n'aurais pas dû. Quand je me relevai, il n'y avait plus personne sur le sentier. Je retournai me coucher, l'esprit plein de questions.

Cette nuit là je fis un rêve. Le rêve le plus vivant et intense de ma vie. J'étais dans une forêt, et je courais. C'était particulièrement étrange parce que habituellement, dans un rêve on ne contrôle pas grand chose. On se regarde faire des choses plus qu'on ne les fait vraiment ; et pourtant, là, j'avais l'impression d'être comme entré dans un autre monde. Je pouvais sentir, toucher, aller où je voulais... Mais je savais avec certitude que j'étais train de rêver, parce que j'étais un loup. Je marchais à quatre patte, mon corps était recouvert de fourrure et surtout mon odorat était si puissant et précis, que même les yeux fermés j'avais l'impression de quand même voir. Avec une simple inspiration, je ressentais la présence de toutes les plantes autour de moi, toutes les fleurs, toutes les racines...
Je jouais un moment à poursuivre des odeurs et à simplement à me promener, m'amusant à franchir des obstacles d'un bond, à courir de toutes mes forces. Mon corps de loup me paraissait infatigable. Alors que je commençais à me dire qu'il ne se passait pas grand chose dans ce rêve, et à chercher un moyen de me réveiller, je tombai sur un petit ruisseau. Par un jeux de nuages, la lumière de la lune pleine qui éclairait la forêt se refléta sur l'eau lui donnant une couleur argentée et mystérieuse. C'était sans doute par là qu'il fallait que j'aille. Je remontai le cours d'eau et découvrit une petite clairière circulaire. Une jeune fille endormie, à peu près de mon âge, était allongée en son centre. Elle avait les cheveux de la même couleur que la neige la plus pure et était vêtue d'une longue robe blanche aussi légère qu'un nuage ; le moindre souffle de vent suffisait à l'animer de petites vagues comme la surface d'un lac. Elle était belle comme une statue dans un musée, le visage délicat et doux. J'aurais pu m'asseoir et la contempler pendant des heures tellement elle me paraissait jolie. J'avais envie de m'approcher pour renifler un peu son odeur, mais j'avais peur de la réveiller et de lui faire peur. Après tout j'étais un loup et elle avait l'air si fragile, seule dans la forêt. Je fis timidement un pas dans la clairière, et bien que j'aurais pu jurer n'avoir fait aucun bruit, la jeune fille ouvrit les yeux.
- 'Bonjour petit loup,' dit elle en tendant la main vers moi.
Elle avait une voix claire et juvénile. Je m'approchai prudemment, et lui reniflai les doigts comme un chien aurait fait. Son odeur était intrigante et agréable à la fois, un étrange mélange de fleurs glacées. La fille avança encore la main et me caressa l'arrière de la tête, je la laissai faire. Son contact était agréable et apaisant.
- 'Qui es-tu ?' lui demandai-je.
- 'Je suis la Lune,' répondit-elle, 'et toi qui es tu ?'
Je regardais dans le ciel, au dessus de nous la lune, la vraie, avait disparue derrière un nuage; et pourtant la clairière était toujours aussi bien éclairée.
- 'Je suis Baudouin,' dis-je prudemment.
- 'C'est un nom peu commun,' remarqua la jeune fille. 'Sais-tu ce qu'il signifie ?'
- 'Que... mes parents ont un sens de l'humour un peu bizarre ?' proposai-je.
La fille qui prétendait être la lune rit et me caressa à nouveau la tête. Son rire était agréable à entendre, je m'allongeai à côté d'elle, laissant traîner mon museau dans l'herbe.
- 'C'est un prénom ancien,' expliqua la fille, 'qui veut dire "Ami courageux". Il y a longtemps, quand le monde était plus simple, les parents donnaient à leurs enfants le nom des qualités qu'ils espéraient pour eux ; peut-être que c'est ce qui s'est passé pour toi ?'
- 'Je... Je ne le savais pas,' admis-je intrigué.
- 'Tu ne penses pas être un "ami courageux" ?' plaisanta la fille.
Elle essayait de m'embrouiller avec ses histoires. Je secouai la tête et me tournai vers elle :
- 'Non, je veux dire... Comment tu peux savoir un truc que je ne sais pas si je suis en train de rêver ?'
La fille parue surprise :
- 'Qui t'as dit que tu étais en train de rêver ?'
Je ris doucement.
- 'Je suis parti me coucher,' rappelai-je, 'et ensuite je me retrouve avec de la fourrure, des griffes, une truffe, j'ai supposé...'
La fille me caressa l'arrière de la tête pour me faire taire.
- 'Petit loup,' dit-elle, 'ton corps est peut être endormi, mais tu n'es pas en train de rêver. Pas exactement.'
- 'Je suis où, alors ?' demandai-je un peu dubitatif.
- 'Dans mon sanctuaire,' répondit la fille comme une évidence.
- 'C'est à dire ?'
- 'Dans mon sanctuaire,' répéta la fille.
- 'Tu ne peux pas parler clairement ?' demandai-je agacé.
La jeune fille leva les yeux au ciel et entortilla un peu de ma fourrure autour de ses doigts pendant qu'elle cherchait ses mots.
- 'Tu es dans le monde des esprits,' dit-elle enfin. 'Dans un abri hors du temps, que seuls les chamans peuvent atteindre.'
Elle avait dit ça avec naturel et conviction. J'ai du faire une tête pas possible parce qu'elle a rit.
- 'C'est vraiment le rêve le plus bizarre que j'ai jamais fait,' remarquai-je.
La Lune haussa les épaules comme pour dire que tout cela n'était pas très important.
- 'Tu n'as pas besoin de me croire,' dit-elle. 'Je suis déjà bien contente que tu sois venu me voir. Je me sentais un peu seule.'
- 'Pourquoi ?' demandai-je.
La jeune fille eut une moue fatiguée.
- 'C'est une histoire désagréable. Je ne voudrais pas t'ennuyer avec ça.'
- 'Tu ne m'ennuie pas,' l'assurai-je. 'De toute façon tant que je ne me réveille pas, je suis coincé ici.'
- 'J'avais une amie,' dit tristement la Lune, 'qui venait souvent jouer avec moi. Mais nous nous sommes disputées. Et maintenant elle refuse même de me parler. Elle me manque, beaucoup.'
- 'Qu'est ce qui s'est passé ?' demandai-je vivement. 'Je peux peut être t'aider ? J'ai horreur de voir les gens fâchés.'
- 'Tu es gentil petit loup,' dit la jeune fille en s'appuyant sur moi pour se relever.
Je la regardai enjamber d'un pas le petit ruisseau qui traversait la clairière, celui que j'avais suivi pour arriver ici.
- 'Tu peux peut être m'aider,' dit-elle pensive, 'mais pas encore. Reviens me voir quand tu seras capable de traverser ce torrent.'
J'allais demander de quel torrent elle parlait, mais mes paroles furent recouvertes par un vacarme soudain. D'un coup le petit ruisseau s'était transformé en une large cours d'eau au flot furieux. La clairière était maintenant coupée en deux.
- Ok, murmurai-je. Je suis bien en train de rêver.
La Lune, de l'autre côté, ajouta quelques mots encore, mais ses paroles se perdirent dans le vacarme. Le courant était beaucoup trop fort pour que je pense à traverser. J'essayai de tendre le cou pour saisir les paroles de la jeune fille, mais un remous m'envoya une vague d'eau glacée dans la figure. J'avalai de travers et manquai de m'étouffer en toussant.

Là je me retrouvai sur le plancher de ma chambre, la tête emmêlée dans mon drap, à moitié étranglé. Après m'être dégagée du bout de tissus aux tendances meurtrières, je découvris que dehors il faisait jour. Un très beau soleil éclairait ma chambre et le paysage à l'extérieur.
- 'J'ai fait un rêve trop bizarre,' dis-je à mon chat en reposant le drap et la couverture sur le lit.
Iago toujours allongé sur mon oreiller, miaula en me montrant ses griffes, sans même ouvrir les yeux. C'était sa manière de me dire qu'il voulait encore dormir, et qu'il n'hésiterait pas à me le faire regretter si je le dérangeais.

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Voilà c'est la fin du chapitre 2.

La scène dans les rêves est un peu expérimentale pour moi, donc si vous avez des suggestions pour la rendre plus prenante et amusante je suis preneur.

La suite dans 2 jours je pense ^^
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MessageSujet: Re: Le dernier sanctuaire de la lune.   Le dernier sanctuaire de la lune. Icon_minitimeVen 19 Mar 2010 - 12:46

Pour répondre à Elgringo, l'âge du petit enfant est vraisemblable par sa naïveté et par son sentiment de supériorité que semblent posséder tous les enfants de douze ans .

Le basculement vers le fantastique est surprenant et le grand père devient de plus en plus intriguant, Vivement la suite .
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MessageSujet: Re: Le dernier sanctuaire de la lune.   Le dernier sanctuaire de la lune. Icon_minitimeVen 19 Mar 2010 - 13:05

L'orthographe, d'abord:

"profita que je m'étais éloigné": profiter s'utilise normalement avec "de ce que" donc: profita de ce que je m'étais...

"le chat gronda": pour un chat, j'aurais dit plutôt "feula" ou même carrément "cracha" s'il est particulièrement de mauvaise humeur (mon chat est abominable, il attaque tout être humain mais il ne gronde pas. Maintenant, c'est peut-être seulement lui, il est spécial ^^)

" à partir du moment où elle m'est venue": pour rester au passé, j'aurais plutôt mis: à partir du moment où elle me fut venue"

" ils ne pouvaient pas me vois": erreur de frappe: me voir

"j'avais l'impression de quand même voir": la formulation manque d'élégance

"j'ai du": j'ai dû

Pas mal, le rêve avec la vision d'un loup. La façon dont il se couche le nez dans l'herbe près de la jeune fille,.. je visualise très bien. Peut-être aurais-tu pu insister encore plus sur les odeurs (même si tu en parles déjà) et sur l'attitude corporelle de la Lune puisque les canidés y sont très sensibles.
Baudoin serait-il capable de projection astrale?

Voilà que les questions se multiplient entre le comportement étrange du grand-père et ce rêve qui semble n'en être pas vraiment un.
Vivement la suite ^^

Tu as dit que ce récit était pour faire une pause dans Red Eyes, est-ce que ça signifie qu'il sera court?
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MessageSujet: Re: Le dernier sanctuaire de la lune.   Le dernier sanctuaire de la lune. Icon_minitimeVen 19 Mar 2010 - 14:21

Plutôt chouette ! Jolie scène de rêve. Pour ma part je la trouve parfaite. Cela fait rêve sans vraiment en être un !
Comme Barla tu pourrais insister sur l'attitude de Baudoin devenu loup face à la Lune, mais simplement au début, car un loup même jeune ne se laisse pas approcher et n' approche pas facilement. Il hésite, il avance, il recule, il fait les cents pas en fixant la personne et au moindre geste il réagit, soit en attaquant, soit en se sauvant. Un loup reste méfiant même apprivoisé. Je sais de quoi je parle j'en avais la moitié d'un à la maison. Peu après ma naissance mon père avait ramené un chiot moitié loup, il était tout noir et s'appelait Black. C'est vraiment très différent d'un chien.
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MessageSujet: Re: Le dernier sanctuaire de la lune.   Le dernier sanctuaire de la lune. Icon_minitimeVen 19 Mar 2010 - 14:59

Re-coucou

je n'ai pas compris tout à fait comme toi pour le loup, Schadow. Bien sûr, tu as raison quand au comportement d'un loup en général (j'ai moi-même un chien-loup tchécoslovaque très proche du loup en nombre de génération et de comportement et il est très différent d'un chien "classique".
Mais dans le récit d'Elgringo, ce n'est pas un vrai loup, puisuqe c'est Baudoin, il en a les capacités, les sensations, pas les pensées. Et puis, la jeune fille a quelque chose de magique, donc ça n'a rien de chaoquant qu'il se comporte comme ça avec elle (enfin, je trouve ^^)
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MessageSujet: Re: Le dernier sanctuaire de la lune.   Le dernier sanctuaire de la lune. Icon_minitime

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