Salut modératrice
Nombre de messages : 967 Localisation : Au pied des montagnes Loisirs : Crise existentielle perpétuelle Date d'inscription : 10/11/2015
| Sujet: La légende des Chasseurs de Lune Jeu 9 Nov 2017 - 13:32 | |
| Salut tout le monde! Merci de passer par là J'ai essayé d'écrire un petit texte censé être une légende, et j'aimerai bien savoir ce que vous en pensez! Surtout, est-ce que vous comprenez ce qui est raconté? (car la clarté n'est pas l'atout de ce texte) Merci beaucoup pour votre lecture! - Légende:
Au début ce n'est qu'un accroc, une éclaboussure, une goutte de sueur de Lune. Mais les mains sont là pour la rattraper et dans leur creux se crée un lac argenté. La peau est pâle comme l'astre qui la noie. Dans le noir, les pupilles brillent du reflet de mille étoiles.
Le Chasseur se tient à la poupe du navire, les bras tendus vers le ciel plongeant vers son avenir. Dans son dos, les grandes voiles blanches claquent, dressées par le vent, et les flots sombres tambourinent contre la coque qui les pourfend. De livides silhouettes s'agitent sur le ponton ; elles ont dans l'âme la dévotion due à leur mission. La lune ronde les guide et leur pardonne, la chasse à laquelle elles s'adonnent. Ces trésors forgés du bout de leur art, soulagent les déboires du corps. Ne s'obstine que la Mort.
Insensibles au défilé du temps, les Chasseurs confectionnent leurs onguents. Cette pluie fine dans leur main sera la magie de demain, apprêtée pour le grand spectacle. Ainsi, vogue le bateau des miracles.
***
Sur la terre sèche d'Anouar, le soleil se lève et révèle les secrets que la nuit a déposé. Les voiles blanches se détachent distinctement pour qui a l'habitude de scruter l'horizon. Un bateau s'est laissé surprendre par le point du jour et désormais se laisse flotter. Lorsqu'il atteindra le port abandonné, personne ne l'accueillera sur le ponton.
Silhouettes de lueur pâle, les Chasseurs accostent sans bruit. Le village bien trop calme, abrite quelques mystères enfuis. Ils déploient leurs marchandises à même le quai, le vent se chargera de les colporter. Bientôt, la foule à leurs pieds se livrera, au plus avide des ébats.
Boire à la fontaine du remède, chance irréelle !
Les onguent et les potions apaiseront toutes les lésions, émerveilleront jusqu'à désillusion... à petit feu s'éteint la foire. Que passe un mois, que se hisse la lune ronde aux mille moires et déjà son souvenir meurt dans les mémoires. Le navire des miracles passe comme un mirage.
***
Un hurlement aigu assassine la nuit, dés lors qu'à nouveau le bateau s'élance. À bord l'on se précipite auprès du cri débordé de souffrance. Une bête gît sur le ventre, et expose ses espoirs éventrés aux quatre vents. À coups de griffes et tour de bras, elle s'est traînée jusque là. Velue de la tête aux pieds, elle se meut telle une araignée, mais une jambe lui manque et le sang suinte de la blessure, s'insinue dans les rainures, imprègne la coque et menace de faire couler l'embarcation.
Les Chasseurs restent maîtres de la situation.
Leurs vœux prononcés il y a bien longtemps, les lient au sort de chaque patient. Si la lune s'éprend de ce corps, l'espoir existe encore. La Mort recule et la Vie s'avance, les Chasseurs luttent en silence. Un froid abyssal s'empare du navire tandis que libre de cap, il dérive dans la nuit. Esquissant les gestes de la guérison, les Chasseurs ne prêtent pas attention à l'engourdissement qui doucement les saisit.
La bête sauvée, eux-mêmes se sentent transis. Une ligne d'étoiles invisibles vient d'être franchie. De la poitrine battante de la bête surgit le plus sombre des météores : la Mort. De sa voix de cadavre elle condamne, l'acte irréparable.
« Mes mains sur cette âme s'étaient abattues, de ce but vous avez extorqué le salut, contre toutes les lois du naturel, vous méritez un sort bien cruel. Que plus jamais vos dons ne tendent vers l'aurore, mais qu'ils ne donnent que ma mort. » Courroucée, la Mort sombre sur ces paroles. Dans son sillage d'encre, flotte sa malédiction, triste auréole.
Dès lors, loin du rivage le navire sillonne les mers et pourchasse le souvenir de sa bonté passée. La Lune l'enrobe et le dérobe, aux regards de la foule agonisante. Le navire des miracles n'est plus, n'en demeure que sa rumeur désenchantée.
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