Bonjour ou bonsoir, sur les conseils de la même personne qui m'a fait connaître ce forum, je poste donc le début de mon histoire:
Je ne garantie pas quand je posterais les suites. ça dépendra du temps qu'on m'impose sur l'ordinateur ou de mes projets d'art de l'année prochaine (qui me demanderont énormément de temps et de concentration qu'il y aura parfois des périodes blanches) de même que les devoirs de Term.
Je vous prie de m'en excuser... N'empêche que je ferais de mon mieux pour garder un rythme stable de postage et je prends en note toutes les conseils et remarques que vous pourriez me faire part, je vous y encourage activement.
Sur ce: voici le début
PS: pour une fois, je dois dire que Wiki a fait du bon boulot sur le thème des rûnes, et si ça put vous aider à comprendre: http://fr.wikipedia.org/wiki/Rune
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I- ARRIVAL
*** Nauthiz ***
« L’obscurité…
C’est la seule chose qui m’entoure en ce moment, je suis perdu dans cette noirceur aveuglante.
Une lumière me submerge tout à coup, une lueur blafarde qui fait frissonner. Je remarque que je suis debout, en tenue de guerrier ?! Dans le genre que j’affectionne pour vêtir les personnages que je dessine. D’ailleurs… je crois que c’est une de mes créations. Debout au centre d’un pentacle renversé ! De la Magie Noire ! Des galets noirs peints de symboles rouges sont disposés aux pieds de torches enflammées à l’extrémité de chacune des branches. Je distingue à peine les symboles. J’ai peur…
Une silhouette s’avance sur le sol noir, habillée toute entière de rouge sang. Cette personne tient entre ses doigts une sphère, une sorte de boule de cristal comme chez l’antiquaire. Les mains me font penser à celles d’une femme, assez jeune. Plus elle se rapproche de moi, plus je tremble intérieurement. Mes mains moites refusent de bouger, comme le reste de mon –corps. Les formes que laissent deviner sa robe écarlate confirme mon intuition : C’est une femme. Désormais, elle se tient près de moi, si près que je peux sentir son parfum, un mélange de roses séchées et de fraises sauvages. Une odeur agréable en contraste de tout ce qui m’entoure… Le tissu recouvrant sa tête lui cache le visage mais pourtant je vois dans l’ombre des yeux flamboyants et brillants de larmes.
Qui est-ce ? Où suis-je ?
Elle lève ses bras et la sphère est à la hauteur de mon visage en sueur. De celle-ci, auparavant transparente et dégageant un doux étincellement, émane une lumière rougeâtre et des espèces de feu follets noires virevoltent sous la surface, comme emprisonnées.
Pourquoi suis-je ici ? Je ne comprends rien ! »Le 23 novembre, c’est aujourd’hui. Un jour ordinaire pour un lycéen. Nauthiz Dimitri, élève de 1ère L de 18 ans. Prénom bizarre et pour personnalité : souvent dans ses pensées, absent. Enfin, absent… Les yeux perdus dans les pages des livres que je dévore, dans les étoiles, pensant à tout et rien, c’est bien moi.
Mais depuis hier soir, je suis loin d’être moi-même, un rêve me hante !
Je m’étais réveillé en sueur, soulagé que ce ne soit qu’un simple rêve, un cauchemar plutôt, mais ça avait l’air tellement réel… Depuis ce matin je tombais de temps en temps dans une torpeur où je revivais ces moments d’angoisse intrigant. Tout semblait vrai : la chaleur des torches, la peur, le parfum de l’inconnue dont je ne me rappelais pourtant plus. Mais je n’avais pas l’intention d’en parler à qui que ce soit.
« Nauthiz ! »
Ah, c’est vrai, la dure et pourtant réconfortante réalité des cours de maths.
- « Jeune homme, c’est loin d’être la première fois que je te surprends à rêvasser, j’aimerais que tu t’intéresses un tant soit peu au cours. Vous avez tous le bac à la fin de l’année et…
- Oui, Mme Pomsec, je ferais des efforts. C’est promis ! répondis-je avec une moue penaude pour couper court à l’éventualité d’un discours
-Bien, je compte sur toi ! Alors les fonctions affines… »
Elle finira par m’achever. Je me fichais des maths. Ce que je voulais, c’était lire, écrire et dessiner, encore et encore…
« Aujourd’hui nous recevons une nouvelle élève dans l’établissement, Féhu Liang sera dans votre classe. Faites-lui bon accueil. »
L’annonce de la directrice au début du cours de sciences ne me fit ni chaud ni froid, concentré sur mon dessin. Après quelques minutes, je me decidai à lever furtivement les yeux vers la nouvelle ; la première chose que je vis était deux yeux, immenses, incroyables ! La pupille gauche se confondait avec l’iris, tant que c’était un noir d’encre. L’autre œil était bleu, comme les mers des tropiques ou le ciel d’été. Très inhabituel. Ce regard se promenait doucement sur mes camarades, et les siennes désormais, entre de longs cils noirs. Des cheveux châtains clairs encadraient son visage diaphane d’une crinière de boucles épaisses. Elle était magnifique. Nos regards se croisèrent en l’espace d’un instant et un courant électrique passa dans ma colonne vertébrale. Un avertissement ? je baissai le regard et continuai mon ouvrage.
« Féhu, va t’asseoir à côté de Nauthiz, au fond. Ne compte pas sur lui pour t’aider en cours, mais il faudra s’en contenter jusqu’au nouveau plan de classe. »
Elle n’attendit même pas la fin de la phrase, s’approcha de moi et s’assit, le tout sans me quitter des yeux, je le sentais. Du coin de l’œil, je remarquai la longueur de ses cheveux qui cascadaient jusqu’aux creux des reins.
Un courant d’air passa dans la pièce, amenant à mes narines une odeur particulière, et bizarrement familière…
*** Féhu ***
« Qu’est-ce qui ce passe ? Encore un de ces rêves bizarres ?
Je suis dans la quasi obscurité, habillée d’une longue robe rouge sang et une mante de la même couleur. Une capuche me couvre la tête et la moitié du visage, je déteste avoir les cheveux emprisonnés, mais malgré tout mes efforts, mon corps reste figé. Une faible lueur me permet de voir. J’ai beau aimer le noir, un aspect de mon état perpétuel ; mais ces ténèbres faisaient froid dans le dos.
Je sens entre mes doigts un poids lisse et tiède, sphérique et assez lourd. Une boule. Peut-être en verre ou en cristal. C’est de là que vient la petite lueur.
Mes jambes se mettent subitement en mouvement, me portant vers une lumière qui vient d’apparaître au loin.
Je suis prisonnière de mon corps ! Je ne le guide plus !
A fur et à mesure que je m’approche, avec une lenteur calculée et involontaire, une scène se dévoile devant mes yeux, décuplant mon inquiétude en terreur.
Un pentacle renversé, des torches plantées dans le marbre noir du sol, des pierres runiques… Un rituel de sacrifice !
« A l’aide ! crie-je sans émettre un son, Je veux quitter cet endroit ! »
J’aperçois tout à coup un jeune homme, immobile, au centre de l’étoile. Une tenue singulière, de combattant : la combinaison rouge et noire est en cuir, des poignards sont accrochés aux mollets et aux bras, des gants cloutés couvrent les poings crispés.
Ses cheveux raides et noirs, liés en arrière, se confondent avec l’obscurité, à l’exception de quelques mèches rebelles collés sur sa joue. Des yeux bleu-vert, tachetés de brun reflètent une peur sans bornes, mêlée à une fascination morbide.
Ma vision se brouilla de larmes. Une chose que cette force invisible ne peut pas contrôler, ni moi d’ailleurs. Je tente de détourner la tête, en vain. Soudainement, la boule de verre se retrouve face aux yeux du garçon par la volonté indépendante de mes bras. Celle-ci se mit à rougeoyer et des flammes noires dansent au centre… La chaleur qu’elle dégageait devient mordante mais mes doigts ne lâchent pas malgré la douleur qui les irradie.
J’essaye de penser à autre chose, espérant quitter cet endroit quand j’aperçois une chose que l’ombre avait jusqu’à là cachée : une marque étrange orne sa joue droite, une sorte de croix qui débute sous son œil et continue à la ligne de la mâchoire. La barre habituellement horizontale était en biais descendant de la gauche vers la droite : une rune !
Qui est-ce ?
Être prisonnier dans son propre corps, devant une authentique procédure de sacrifice, c’est loin d’être le genre de rêves que je fais d’habitude.
Au secours ! »« Aujourd’hui, nous recevons une nouvelle élève… »
Et oui, c’est moi. Elève sérieuse et « extravertie » de 17 ans. Portant un nom étrange et élevée par la sage-femme de ma défunte mère, morte en couches. On a emménagé dans une maison, près du lycée, que j’avais hérité de mon père disparu. J’arrivais dans une classe de 1ère L, dans un village inconnu, et un minuscule lycée.
Quand je suis entrée dans la salle, je gardai la tête baissée pendant que la directrice me présentait à mes nouveaux camarades.
« Quelle idée d’arriver fin novembre, les groupes sont déjà formés et je serais encore avec ma solitude » pensai-je en sentant tous les regards posés sur moi… non, pas tous. Je le savais.
Je levai les yeux et scrutai lentement tous ces visages, m’attardant un peu sur ceux qui me paraissaient bénéfiques (ayant la capacité de distinguer la dominance du bien ou du mal chez un être, ça m’empêchait de me lier avec les mauvaises personnes). Mon regard s’arrêta net sur un garçon au fond de la classe, près de la fenêtre. Penché sur sa feuille, il avait l’air de travailler avec application, je sus que c’était la seule personne de la classe qui n’avait pas encore levé les yeux. En observant ses coups de crayons, je compris qu’il ne faisait que dessiner, mais à distance, difficile d’en être sûre avec ses longs cheveux raides et noirs qui, tombant sur son front baissé, me cachaient ses actions. C’est étrange… mais bon. Il quitta sa feuille enfin, en un œil se fit voir entre son rideau capillaire, un œil bleu-vert. Nos regards se croisèrent et nous restâmes ainsi quelques minutes… Brusquement il rompit le contact et retourna dessiner. Mais moi, je ne le quittais plus des yeux, comme électrisée.
« Féhu, va t’asseoir près de Nauthiz, au fond… »
Je n’entendis que le début de la phrase et je partis à mon siège.
« Ainsi, il se nomme Nauthiz, c’est peut-être… non c’est impossible » pensai-je en m’asseyant à ma place en silence. Je le vis m’observer du coin de l’œil, enfin, je croyais. Difficile à dire avec ses mèches de jais lui cachant le visage. En sortant mes affaires, j’essayais de paraître calme, à l’aise… mais j’étais anxieuse. Je tremblais. Malgré mes tentatives pour m’intéresser au cours, les sciences étaient loin d’attirer mon attention. Les phrases au tableau se recopiaient sur mon cahier en lettres nerveuses et cassées. Je passais la main dans mes cheveux pour me calmer, quand je vis mon voisin me glisser un morceau de papier plié. Mes doigts frénétiques ouvrirent le message et je pus lire ces quelques mots :
« Calme-toi donc, tu trembles tellement que tu fais bouger la table et je n’arrive pas à dessiner.
Au fait, bienvenue.
N. »
Je tournai la tête et le fixai mais il ne broncha pas. Perplexe mais blessée, je m’écartai de la table et je pris mon cahier sur mes genoux de sorte à ne toucher quoi que ce soit qui pourrait « gêner le dessinateur ».
La journée passa lentement, quand la cloche sonna la fin des cours, je pris mes affaires rapidement, pressée de retrouver mon chez-moi, traversant les couloirs sans m’attarder aux regards inquisiteurs des élèves environnants. Comme une flèche je franchis le portail et je descendis la rue… quand une sensation me glaça le sang, j’étais suivie ! J’accélérai le pas mais l’inconnu se rapprochait. Prenant mon courage à deux mains, je pris mon couteau dans mon sac et me retournai en virevoltant, sur mes gardes et toutes griffes dehors… face à face avec Nauthiz. « Bigre, il est grand ! » fut ma première pensée alors que je rangeais la lame dans son fourreau. Les yeux de mon voisin de classe étaient écarquillés et il virait au blanc puis au rouge, avant de reprendre tant bien que mal son apparence stoïque. Une voix grave et chaude sortit de ses lèvres :
« Je habite un peu plus bas, je ne voulais pas te faire peur… euh, je t’ai fait peur ? »
J’acquiesçai par un hochement de la tête, et j’avançai. Il marcha à côté de moi, légèrement en retrait, les mains dans les poches et les cheveux fouettant son visage pâle et triste.
J’ignorais pourquoi mais il me rappelait quelqu’un…
« - Tu habites où ? demanda-t-il doucement, tentant visiblement de dissiper le silence pesant.
- Dans une vieille maison avec un portail en fer forgé, entouré de saules pleureurs…
- Le manoir des sorcières ?
-Oui… c’est apparemment le nom qu’on lui donne ici…
-je connais cette maison. Quand elle était encore abandonnée, j’y allais parfois.
-D’accord… »
Là, il se rembrunît et notre discussion coupa net, un silence pesant revint nous englober.
Au moment de lui dire au revoir, la gêne ne se dissipa pas moins… Il m’ouvrit le portail et puis recula pour partir, quand un coup de vent violent fit un tourbillon de ses cheveux qui voltigèrent et se soulevèrent au gré de l’air. Tout s’arrêta aussi vite que c’est arrivé. Le calme plat reprit son royaume… Mais je crus voir quelque chose qui me glaça : une marque sur la joue, une sorte de croix avec la branche en biais descendant de gauche à droite au lieu d’être horizontale.
Mais ce n’était peut-être qu’un jeu d’ombre. Je chassais cette image de ma tête et je le saluai de la main en parcourant l’allée qui menait au seuil. Je poussai la lourde porte et entra, appelant :
« Algiz ? Où es-tu !! »
Voila le début