Sweet Dreams

Bon et bien, premier écrit que je poste ici. Il est assez sombre mais je n'arrive pas trop à faire des choses cui-cui les p'tits oiseaux.

Elle est là, elle est revenue, mon ange, ma fée, mon rêve. Ses visites me sont toujours bienvenues. Elle me parle, m'apaise, comme si sa voix était le chant d'une sirène des mers des Caraïbes, à la voix claire et enchantée. Nous ne nous sommes jamais rencontrés avant l'accident, et pourtant elle ne m'est pas inconnue, comme si je la connaissais depuis longtemps. Son visage bienveillant me sourit toujours, ses mains caressent mes cheveux lorsque je me sens l'âme en peine. Son contact, frais mais rassurant, me donne envie de rester ainsi pour toujours. Pourtant, dès que mon infirmière entre, mon ange repart. Maintes fois elle me proposa de la rejoindre dans l'au-delà. Au début, j'essayais de mettre fin à ma vie. J'avalais tous les médicaments qui arrivaient à ma portée, je tentais de me noyer dans le lavabo remplis dans la salle de bain, je préparais consciencieusement ma pendaison, je récupérais un rasoir... mais chacune de mes tentatives se sont avérées vaines, déjouées par quelques personnes de mon service d'étage. Tout ce que j'ai réussi à obtenir, c'est une chambre individuelle aux murs molletonnés. Et je n'ai plus qu'à regarder tristement mes poignets bandés, la gorge en feu. Ma fée ne perd cependant pas espoir de me voir un jour à ses côtés. Elle est là, Mary-Jean, mon amour. Elle se maquille dans le rétroviseur, pestant contre moi parce que je roule vite et que je la fais bouger. Il est tard, nous allons à une soirée organisée par des amis communs, la radio est allumée et l'autoroute est vide, à croire que nous sommes seuls au monde. Et puis, comme venu de nulle part, un énorme poids lourd surgit devant nous à contre-sens, les phares éteints. Je ne peux pas l'éviter. Mes coups de volants ne servent à rien. La musique résonne dans ma tête, mêlée à mes klaxons inutiles. Et puis le choc. La voiture décolle du sol. Elle roule sur le côté. J'entends Mary-Jean crier... Mary-Jean ! Je me réveille en sursaut, les draps humides, le corps tremblant. Ce cauchemar, ce souvenir que j'avais oublié... Cet accident, l'accident... Mary-Jean n'a pas survécut, la voiture non plus, mais moi, je m'en suis sorti. La culpabilité refait surface. Pourquoi elle ? Pourquoi est-elle morte et pas moi ? C'est moi qui conduisait, qui aurait du éviter le camion ! Pas elle ! - Andrew ! - Mary-Jean c'est toi ? Je relève la tête vers la voix de mon amour, et je vois mon ange, ma fée, mon rêve... Mary-Jean. Comment ai-je pus l'oublier ? Comment ai-je pus oublier sa voix, si douce et claire, son magnifique visage de poupée russe, sa silhouette fragile et pourtant si solide. Comment ai-je fais pour ne pas la reconnaitre ? - Rejoins-moi mon amour, je me sens si seule ! - Je te rejoindrais, bientôt, le plus tôt possible ! Le fantôme de Mary-Jean me caresse la joue de sa main froide, me faisant fermer les yeux. Quand je les rouvre, elle n'est plus là, c'est le matin, je me suis endormi. Mary-Jean... Il faut que je la retrouve, que je sois à ses côtés. Je l'aime tellement ! Je n'en peux plus de cette prison pour cinglés. Je ne suis pas fou, je veux juste mourir. Aujourd'hui, ma mère vient me rendre visite. Elle ne fait pas ça parce qu'elle m'aime, elle veut juste faire semblant d'être une bonne mère. Avec les proches, nous avons le droit de sortir de nos cellules, nous, les suicidaires. Elle m'emmène dans le parc, me raconte comme sa vie est heureuse avec son nouveau mari. Elle ne lui a pas parlé de moi, mais je ne m'étonne pas. Elle ose à peine poser ses yeux sur moi, sur son fils suicidaire, sa cinglée de progéniture, sa purée de honte. Une mère attentionnée aurait accompagné son enfant jusqu'à sa chambre. Ma mère me raccompagne jusqu'à l'entrée de l'établissement qu'elle n'a jamais osé pénétrer : trop de cinglés. Heureusement pour mes desseins macabres. J'ai parcouru les services de cet hôpital psychiatrique autant de fois que les infirmiers qui y travaillent depuis que je suis ici. Pieds nus, je monte deux étages, me retrouve à l'étage des moins attardés, les premiers que j'ai fréquenté. Au dessus, mon but, mon salut, ma destinée : le toit, la liberté. Je me précipite vers l'escalier. L'adrénaline est à son seuil maximum dans le réseau complexe de mon corps. Je force la porte qui déclenche l'alarme, si prévisible mais si inutile. Je cours sur le béton armé. Je m'entaille la plante des pieds avec les cailloux acérés sur mon chemin. J'entends déjà les gardiens de ma prison courir après moi pour me rattraper, avec leurs matraques et leurs machines à électrocuter. Je n'ai pas peur d'eux, il me pousse des ailes. Le bord n'est plus qu'à quelques mètres. Chaque enjambée me rapproche de mon amour, Mary-Jean, ma raison de vivre, ma raison de mourir. Je suis sur le petit muret qui entoure la terrasse. Je regarde en bas. Elle est là, elle m'attend, elle me tend les bras, un sourire aux lèvres. Elle me dit de la rejoindre, que tout ce que voulaient les médecins, c'était me voler mon âme, qu'ils veulent me rendre fou. Je me retourne vers les hommes et femmes qui tentent de m'empêcher d'être libre. Mais maintenant c'est fini, j'ai gagné. Je suis libre. Je les regarde, ils se sont arrêtés. Je ri. - Vous n'aurez pas mon âme ! D'un pas, je saute dans le vide, porté par le vent. La peur ne m'atteint pas, je suis libre. Mon cœur est euphorique. Bientôt je toucherais le sol. 3... 2... 1...

C'est vraiment bien écrit !
J'aime beaucoup, on ressent sa volonté de mourir, on arrive à le comprendre. Et l'idée de la fée est très bien trouvée.
J'aime !

Quelques petites erreurs d'orthographe / grammaire / conjugaison par ci par là, mais c'est vrai que c'est bien écrit dans l'ensemble. Je trouve pas ça fatalement sombre puisque le personnage, au fond, s'en va là où il croit être attendu et il croit être libre, il n'y pas la peur de mourir, l'angoisse de la douleur à venir, les larmes sur les joues, le désespoir atroce qui peut mener à ce genre d'acte, il n'y a que la volonté de retrouver un être aimé et de gagner sa liberté

Pas mal pour un premier texte. Deux-trois erreurs qu'une relecture avec un logiciel de conjugaison devrait corriger, une ou deux maladresses, mais sinon excellent !
Werbert dont tu es fan aurait des choses à apprendre !