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 L'invasion d'Akram - 26 000 signes - Par RoWoNe.

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L'invasion d'Akram - 26 000 signes - Par RoWoNe. Empty
MessageSujet: L'invasion d'Akram - 26 000 signes - Par RoWoNe.   L'invasion d'Akram - 26 000 signes - Par RoWoNe. Icon_minitimeSam 25 Sep 2010 - 13:12

Bonjour,

Avant de poster la nouvelle, quelques petits mots pour vous dire que c'est le premier texte que je post ici et, qu'au delà d'être une nouvelle, cet écrit est également l'introduction d'un jeu que j'ai crée il y a maintenant un certains temps et dont la mise en place avance à grands pas.

Par conséquent, cette nouvelle est un peu plus neutre que mes autres textes car vitrine d'un monde et d'un évènement.

Je n'en dis pas plus et prépare le copier/coller, sachez néanmoins que vous pouvez retrouvez mes autres textes et projets sur www.rowone.fr.

A vos critiques =)


– L’invasion d’Akram –

2203CU


Akram n’est pas une cité qu’on présente tant elle brille par sa taille, son architecture, son rayonnement culturel, militaire et surtout philosophique. C’est en effet sa construction, il y a plus de deux millénaires, qui a lié solidement les principaux peuples de la Terre et a instauré le calendrier universel, celui auquel la majeure partie des habitants de ce monde se réfère.
Régnant depuis l’ouest des terres du centre, son alliance de dirigeants elfes, nains et humains a réussi au fil des siècles à maintenir une paix relative autour des principales cités du continent, prévoyant les conflits et, dans la mesure du possible, les résolvants loin de ses territoires.
Comptant au bas mot plus de trois millions d’âmes où hommes, elfes et nains se mélangent, cette gigantesque demeure abrite en son sein une pléthore de quartiers très différents les uns des autres, des riches résidentiels du centre aux districts marchands des bordures, des cloaques où le crime règne en maître aux coins dédiés aux paris et jeux en tout genre.
Éparses, d’innombrables lieux de fête, ponctués de salles de concerts, de théâtres populaires, de bordels ou encore de brasseries aussi diverses que variées enflamment la ville du crépuscule à l’aube. Artistes, rencontres, drogues et alcools peuvent aussi bien y altérer une soirée que transformer une vie.
Moins agité, le Thelpha, fleuve qui s’étend du delta de la mer bouillante plusieurs centaines de kilomètres au nord et qui s’échoue très loin à l’est, dans les innombrables marécages de la terre des morts, là où personne ne s’aventure, où réside depuis plus longtemps qu’Akram encore, Zälhtonnia, premier vampire, maître des morts – le Thelpha donc – traverse verticalement Akram, se séparant plusieurs fois, formant au cœur de la cité une agglomération de minuscules îles.
C’est sur plusieurs d’entre elles que le gouvernement d’Akram est installé, tout comme la faramineuse bibliothèque de la ville, qui regroupe dit-on des ouvrages de tout temps, de toutes civilisations, d’ancestraux parchemins ou encore les mémoires d’hommes d’histoire. On y trouve d’ailleurs diverses versions de l’Histoire, des cartes du monde plus ou moins exactes, d’indéchiffrables grimoires, des romans en tout genre, des traités, des essais, des pièces ou encore autant de mythes et légendes que l’imagination des vivants le permet.
Diverses religions ont tenté de conquérir les hommes et c’est en toute logique que disséminés partout dans la cité – quoiqu’en abondance dans les endroits les plus riches et les plus pauvres – pointent divers lieux de culte, ornés à outrance, comme si la richesse extérieure d’une bâtisse représentait la profondeur et la justesse de la pensée lui étant liée.
Des milliers d’autres trésors habillent Akram ; ses tavernes où penseurs et érudits débattent, ses tournois de tirs, ses courses de chevaux, ses parties de fauconneries… il serait impossible de nommer en quelques lignes les activités qui animent une cité emplie du luxuriant héritage d’un ternaire de peuples sur plusieurs millénaires.
Les trois statues d’oxil que l’on peut apercevoir depuis tout lieu de la cité et même de plus loin encore, véritables symboles de l’ère qu’a instaurée Akram, de son essor financier, technologique et du contrôle de ses peuples sur les terres centrales, ne peuvent quant à elles être omises dans la présentation des principaux éléments qui font d’Akram ce qu’elle est.
Hautes de la taille de près de cent hommes, emplies d’or et recouvertes d’oxil, elles représentent, en tenue de guerre, un homme, un elfe et un nain, empoignant dans une main tombante une arme pointée vers le bas tandis que dans l’autre, paume ouverte élevée vers les cieux, se tiennent debout un duo de petites statues représentant les deux races complémentaires aux colosses qui les soutient.
Enserrant les quartiers centraux de la ville, ces effigies titaniennes ont été bâties au premier siècle de la vie de la cité, comme une affirmation au projet d’unification des peuples.
Répartie entre la milice, véritable essaim grouillant au cœur du centre du monde et les troupes régulières, établies dans la ville, en garnison dans des postes avancés ou encore dans des régions à risque comme celles bordant les terres de Lzar, ancien refuge des démons de Tarr’’mazz’’rr, occupées aujourd’hui majoritairement par les clans orques les plus téméraires, l’armée d’Akram constitue avec les légions naines d’Alzgane et les forces Elfes établies sur le continent rouge, à l’ouest, une des plus importantes puissances reconnues au monde.

Tel le soleil de notre système planétaire, Akram flamboie et de par son rayonnement, utile, étouffant, ou encore rejeté car non admis, influe sur tout ce qui gravite autour d’elle.

*

La nuit n’allait pas tarder à draper le ciel d’Akram de son voile noir, à exciter la ville, quand Thoznia arriva sur son lieu de travail.
Cela faisait maintenant près de dix années qu’elle servait, six nuits sur sept, des centaines et des centaines de nains dans une des rares tavernes exclusives de la ville.
Les lois d’Akram interdisaient fermement de réserver à une race un établissement mais certains, officieusement, le devenaient et, dans le cas de la taverne de l’ivresse, la porte et le mobilier à l’échelle naine aidaient beaucoup.
Thoznia n’était pas lassée par son travail mais n’aimait pas penser qu’elle y passerait certainement le reste de sa vie, soit encore près d’un siècle et demi. Elle n’en était pas au point d’envier ces humains ne vivant pour la plupart qu’à peine plus de cinquante années ni ces elfes qui, bien que vivants près d’un demi-millénaire, étaient aussi laids et faibles que des gobelins, mais elle n’aimait pas penser à la finalité des choses.
La plupart du temps, elle profitait du présent et ces nuits de travail, entre dynamisme, bière et rigolade, passaient bien vite.

Celle-ci pourtant allait déroger à la règle.

*

Ilkmar détestait Akram.
Logé sur un des ilots centraux, dans une bâtisse vaste et opulente, il savait pertinemment que sa situation n’était pas à plaindre et que bon nombre d’Akraméens donneraient tout pour être à sa place.
Cela pourtant, ne le consolait en rien.
Ilkmar détestait Akram.
Non pas en elle-même, mais surtout par opposition à ses terres qui lui manquaient douloureusement.
Ancien commandant de la garde personnelle du roi Yklyss II, il n’avait avant sa nouvelle affectation jamais rien connu d’autre que les plaines fertiles et rougeâtres du continent élfique où en parfaite harmonie s’élevaient palais démesurés, érables flamboyants, cités resplendissantes et pins aux éternelles couleurs d’automne.
Fervent patriote elfe, Ilkmar n’avait pas hésité un instant quand on lui avait proposé de rejoindre Akram pour devenir commandant de la section élfique de l’armée de la ville. Aujourd’hui, près de trente ans après son arrivée, son mal du pays en devient presque insoutenable.
Doté d’un esprit puissant quand il le fallait – donc faible parfois – son travail était depuis toujours irréprochable et jamais son détachement n’avait connu la défaite. Nuits et moments d’oisiveté par contre devenaient d’épouvantables épreuves où dans sa tête tournoyait un indéfectible jeu de questions réponses infini.
Songeant à maintes reprises à quitter les terres du centre et à profiter de sa fortune déjà importante pour retourner vivre où il se sentait bien – et pourquoi pas commencer à profiter de l’une de ses innombrables passions – la réflexion d’Ilkmar en arrivait toujours au même point, à savoir qu’il ne pouvait renoncer à une mission confiée par son peuple tant il croyait en son avènement.
Pensée contrebalancée aussitôt par son envie de bien-être, elle-même d’emblée remise en opposition avec sa pensée précédente, sans parler des nuances, peurs mal ou trop refoulées, mensonges inconscients et autres facteurs ponctuels qui ne manquaient pas d’intervenir dans ses réflexions.
Les moments où Ilkmar n’était pas oppressé par l’ambivalence propre à son être étaient rares, bénis, et arrivaient essentiellement quand l’effervescence autour de lui germait.
Peut-être était-ce cela qui avait fait de lui un si bon commandant, téméraire et accompli, pensait-il parfois.

Peu importe.
Il ne le savait pas encore, mais cette nuit allait le combler.
Aucune chance qu’il puisse être torturé – du moins mentalement.

*

Depuis toute petite, à l’instar de son père avant elle, Agharra travaillait dans une des nombreuses écuries de la ville.
Installées à proximité des portes les plus fréquentées, elles accueillaient et choyaient les montures des voyageurs.
Ce labeur était éreintant mais l’amour qu’Agharra portait à ces canassons rendait agréable chacune de ses journées.
Pourtant, elles se ressemblaient toutes. Entre le toilettage, la préparation de la nourriture, les ballades et exercices pour les chevaux qui restaient un certain temps, le ferrage, l’aide à son père dans la tâche délicate d’administrer les soins, sans parler du nettoyage des excréments, Agharra n’avait pas une seconde à elle.
Cette vie lui convenait et jamais elle ne s’était plainte ou avait envisagé d’en changer. Elle savait bien que cela ne durerait pas éternellement.
Cela la rendait-elle plus heureuse pour autant ? La question n’avait pas lieu d’être.
Au petit matin elle alla voir les étalons qu’elle préférait, le palefroi ivoirin de l’alchimiste Bögvann et Alzim, le barbe gris d’un voyageur arrivé il y a peu depuis les contrées ensablées, très loin au sud, derrière la chaîne montagneuse d’Alzgane.

Demain leurs propriétaires seraient morts.
Cela ne lui faisait ni chaud ni froid ; cela devait être accompli.

*

Melniia s’était levée tard et d’excellente humeur.
Bien que les jours comme celui-ci ne fussent pas si rares, l’occasion pour une apprentie astronome comme elle d’observer la pleine lune était immanquable et la fascinait toujours autant.
Elle passa l’après-midi à préparer sa nuit, s’occupant de ses lentilles grossissantes et de ses vivres – fruits et viande séchée – sans oublier ses innombrables carnets où y étaient, avec la plus grande minutie, répertoriées ses innombrables observations du soleil, de la lune, des constellations et de deux planètes parfois visibles, une étrange qui semblait prisonnière dans une sorte d’anneau et une petite au teint rougeâtre.
Elle s’était fait de nombreux amis à l’école des sciences, certains également passionnés par le ciel et ses mystères. C’était cependant seule qu’elle aimait s’adonner à ses observations.
Le soleil commençait à disparaître, teintant le ciel de son ardeur, quand Melniia s’arrêta au sommet d’une colline douce et verdoyante à plusieurs dizaines de kilomètres d’Akram.

Patiente, sa lunette grossissante bien en place, elle attendait.
Elle ne s’imaginait pas que le spectacle qui allait s’offrir à elle serait des plus affolants.

*

La nuit tomba.
Fantasmagorique, une lune, pleine, transperça l’obscurité du ciel.

*

Thoznia avait auprès des autres nains, ivres ou non, beaucoup de succès. Son menton imberbe et ses fines moustaches dorées plaisaient beaucoup, autant que la redondance de l’arrondi de ses formes.
Alors que Thangalt tentait une énième approche, un bruit lointain et sourd surpassa l’ambiance de la taverne.
Surpris, les nains se turent. Plus puissants, plus fréquents, plus proches, les bruits reprirent.
C’était comme si une armée de golems gigantesques marchait sur la cité.
Malgré l’ivresse générale, la tension était palpable dans la taverne.
Sans un mot, Hërmur, le patron, descendit à la cave.
De l’extérieur des cris naquirent, des pas précipités, un écroulement.
Les cris s’intensifièrent et l’établissement trembla.
Le patron revint de la cave chargé de Kalazdûns et les nains, d’un accord implicite, s’en équipèrent.
Maintenant armés, ils s’échangèrent de brefs regards pleins de détermination et tous sortirent.
Tous sauf Thoznia.
Recroquevillée dans un coin de la pièce, elle avait regardé le lieu se vider tandis que son angoisse montait et étouffait dans sa gorge les sons qu’elle aurait pu émettre.
Elle aurait voulu sortir elle aussi – du moins le pensait-elle – ou à défaut encourager ces amis nains, mais son corps refusait d’obéir. Il ne semblait plus qu’être capable d’une chose, trembler.
Effondrements, hurlements, collisions, pièces de métal s’entrechoquant et plaintes déchirantes composaient maintenant le chaos qu’entendait tout résidant d’Akram.
Perdue, Thoznia tentait du mieux qu’elle le pouvait de retrouver son calme.
Un rugissement inhumain mit fin à ses efforts, lui glaçant le sang tandis que de son dos, ses aisselles et son front perlèrent de lourdes gouttes de sueur.

Le monde allait changer.

*

Morrarrdir, ennemi juré de Zälhtonnia, jubilait. Les garous tenaient leur engagement.
Il avait été sceptique en apprenant qu’Akram était infiltrée depuis plusieurs générations. Puis, devant l’assurance et le pragmatisme affichés par les grands érudits il avait commencé à le croire.
Mais jamais il n’avait imaginé que ce fut à ce point.
Planté devant le seuil de la maison dans laquelle il se cachait depuis vingt nuits maintenant, il observait avec délectation les garous, ce peuple longtemps ignoré, puis persécuté, mettre en place une vengeance murement réfléchie.
Quel bonheur que cette attaque surprise savamment orchestrée, quel bonheur que ces citoyens massacrés alors que l’armée était prise à défaut.
Les forces d’Akram cependant ne tarderaient pas à se regrouper et, les garous en étaient conscients, l’alliance des humains, des elfes et des nains était des plus redoutable.
C’est pour cela qu’ils avaient fait appel à lui.
C’est pour cela qu’il avait quitté son château.
C’est pour cela qu’il vivait, depuis maintenant près d’un siècle.

Il savoura encore quelques instants le spectacle en tant que simple témoin puis entra en scène.
Il dégagea le tissu qui masquait son visage vieux de plus d’un millénaire, saisit son bâton ancestral, gardien de sa vie et, d’un geste, ranima les Akraméens tombés au combat.
Un nouveau souffle de vie leur était offert, à la différence près qu’ils étaient maintenant asservis à leur nouveau maître, Morrarrdir, haut empereur liche, maître des morts.

*

Ilkmar avait vite réagi.
Insomniaque, il avait pu presque immédiatement regrouper l’élite de ses guerriers et partir défendre la cité.
Il parvenait sans peine à vaincre les garous les plus communs mais ne pouvait toujours protéger les citoyens qui à chaque instant tombaient par poignée, encore moins la cité qui ne cessait de changer de visage.
Retirant sa longue lame de la gueule ouverte d’un loup-garou, il aperçut au loin, bien plus imposant que les autres, un dragon-garou qui causait, notamment par ses jets de flammes, des ravages incommensurables.
Rassemblant son groupe d’élite il fonça vers lui.

Autour de lui, généraux nains, tourbillonneurs élfiques, paladins humains et autres archimages combattaient valeureusement, causant de lourds dégâts dans les rangs garous. Miliciens, soldats ensuqués, petits généraux et population, quant à eux, semblaient désemparés et agonisaient par groupes entiers.

*

Agharra était avec son père quand la lune, pleine, belle, défigurée, était apparue dans le ciel étoilé surplombant la cité.
Les yeux grands ouverts, ils l’avaient fixé un instant.
Agharra s’était muée en centaure tandis que son père avait pris l’apparence d’un aigle humanoïde.
Puis ils s’étaient séparés.
Équipée de l’arc qu’elle avait depuis longtemps entreposée près de son lit, n’y pensant ou même n’y touchant que très rarement, elle fauchait avec une aisance surprenante en plus d’un plaisir certain tout Akraméen à sa portée.
Elle devait en être à sa quinzième victime quand un humain drapé de mauve lui fit face.
Elle tira, le projectile ricocha contre le champ protecteur mage.
Elle chercha près d’elle du soutien mais n’aperçut qu’un scorpion-garou recouvert de flammes, s’agitant vivement, se roulant au sol, prêt à tout pour ne pas finir en un tas de cendre.
Elle reposa son regard sur le mage et ne chercha pas à éviter le jet de feu qui lui fonçait dessus.
Elle ne chercha pas non plus à se débattre et accepta son sort, comme si une partie d’elle pensait qu’elle méritait de mourir.

*

Morrarrdir jubilait toujours.
Il éliminait avec une facilité incroyable ses opposants, quels qu’ils soient, du pauvre milicien cinquantenaire au jeune général élfique et chacune de ses victimes l’emplissait de vie et de magie, avant de se relever sous la forme d’un zombie, d’un squelette ou d’un spectre pour les plus puissants d’entre eux.
Ses réserves magiques semblaient inépuisables et l’on ne comptait plus le nombre de monstres qu’il avait invoqué.
Ombres immatérielles et abominables ortomies venaient en masse s’ajouter aux légions de morts-vivants qu’il commandait.

*

Nichée sur sa colline, Melniia avait un mal réel à croire ce qu’elle voyait.
Elle n’observait évidemment pas la pleine lune mais Akram.
Un des trois colosses était déjà tombé et en d’innombrables points de la cité s’élevaient des flammes sanglantes.
Semblable à celle régnant dans une fourmilière, l’activité de la cité semblait chaotique. Elle ne l’était en fait qu’en partie car les hommes armés avaient retrouvé de leur discipline, femmes et enfants s’étaient nichés à l’abri dans les sous-sols, caves et égouts tandis que d’autres, lâches ou réalistes, se ruaient vers les échappatoires leur semblant les plus accessibles.
Les garous étaient les plus désordonnés mais cela faisait partie de leur plan. Ils frappaient partout, tout le temps, forçant l’armée Akraméenne à se séparer, supprimant chaque individu qu’ils croisaient.
Seuls les morts vivants amenaient à cette frénésie une touche de calme.
Leurs cohortes de zombies et de squelettes avançaient lentement, quadrillant le champ de bataille, saisissant et dévorant ceux qui avaient le malheur de s’empêtrer dans leur toile étendue.

Melniia ne comprenait pas ce qu’elle ressentait. Curiosité, irréalité et soulagement se mêlaient à la terreur et créaient en elle un sentiment nouveau, pas forcément désagréable en soi.
Une part d’elle néanmoins savait que cela ne durerait pas et que ces cris qu’elle entendait pouvaient aussi bien être ceux de sa famille que ceux de ses amis.

*

Thoznia ne parvenait pas à retrouver son calme. Elle n’arrivait pas à s’ôter de l’esprit qu’à tout moment un garou pouvait faire irruption dans la taverne et l’exterminer.
Elle n’avait pas tort.

La petite porte en bois vola et alla s’écraser contre le mur opposé.
Puis ce fut au tour du mur qui la ceignait de s’écrouler.
Recouvert d’écailles, haut et puissant, le dard de sa queue laissant échapper un liquide visqueux et verdâtre, le scorpion-garou pénétra dans la pièce et repéra Thoznia aussitôt.

Au bruit régulier de ses pas faisait écho celui tout aussi régulier, quoique bien plus rapide, des genoux de la naine qui s’entrechoquaient.
Alors que le monstre s’approchait d’elle, elle s’attendait à voir sa vie défiler devant ses yeux, à se remémorer une dernière fois quelques bons moments…
Rien.
Juste le silence et la mort qui avançait.
D’épaisses larmes coulèrent de ses yeux et elle se jeta aux pieds du garou. D’une voix corrompue par la terreur elle l’implorait de l’épargner.

Le scorpion-garou n’hésita pas.

*

Ilkmar, fidèle à lui-même, faisait à travers son habileté, sa ténacité et son efficacité, honneur au peuple elfe.
Mais plus encore qu’éliminer les garous et autres abominations revenus d’entre les morts, son influence sur le moral des troupes était inestimable.
Donnant aux choses une finalité, il permettait à ses soldats de ne pas voir les obstacles comme insurmontables. Akram serait à reconstruire mais le mot circulait qu’il suffisait de passer la nuit pour vaincre. La pleine lune disparue, les garous redeviendraient humains et, le soleil levé, les morts-vivants s’affaibliraient.

Les stratégies changèrent. L’armée Akraméenne se regroupa davantage, laissant les garous saccager certaines parties de la cité.

Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, un renfort inespéré survint.

*

Sensible au moindre mouvement dans le ciel, Melniia leva les yeux.
Ce qu’elle aperçut la laissa pantoise.
Une gigantesque masse sombre apparaissait à la lueur blafarde de la lune. A ces deux extrémités verticales semblait saillir une pointe. Plutôt uniforme sur le bas, comme le sommet d’une montagne jeune, l’autre pôle ressemblait plus à une série de lances inégales plantées dans un sol.
Elle saisit sa lentille grossissante afin de mieux observer l’étrange phénomène, mais, à son plus grand étonnement, ne parvint plus à le discerner.

Elle s’y reprit à l’œil nu.
Rien.
L’objet avait bel et bien disparu.

*

Morrarrdir fut surpris de croiser sur sa route un tribalis.
D’apparence inoffensive, ces êtres minuscules et colorés étaient emplis d’énergie magique et maîtrisaient de façon instinctive un des domaines les plus dévastateurs qui soit, la magie ancestrale.
Morrarrdir espérait qu’il s’agirait d’un haut Seltum, les mages les plus puissants existants disait-on, afin que l’invasion puisse être pimentée d’un affrontement à la hauteur de son pouvoir.

*

L’armée d’Akram accueillit avec un soulagement non dissimulé les premiers Auchtones et Tribalis qui, apparaissant par un passage énergétique artificiel, déchirure de l’espace-temps, foulèrent le sol de la cité.
Les Seltums arrivèrent des cieux, montés sur des plumes colorées et ardentes tandis qu’un haut Seltum, juché sur un phœnix blanc, transperça le ciel de sa grâce et inonda Akram de sa puissance.

Au loin à l’ouest, le soleil n’allait pas tarder à chasser la lune.
Le moral de l’armée Akraméenne était au plus haut.

*

Iphalte était solidement encerclé par sa garde personnelle.
En tant que chef élfique du gouvernement d’Akram, il connaissait l’existence des Auchtones et Tribalis, avait déjà traité avec eux et se doutait qu’ils viendraient prêter main-forte à la cité.
Ce qu’il ne comprenait pas c’était le temps écoulé. Pourquoi si tard ?
Une de leurs villes se trouvait proche pourtant à cette période de l’année.

Il chassa vite cette préoccupation de son esprit car sa garde commençait à s’agiter.
Un sorcier mort-vivant drapé de noir semblait leur faire face.

*

Enfin, la rotation de la Terre fut suffisante pour dévoiler aux Akraméens un soleil rutilant et donner à la lune une pâleur extrême.

Une liesse accompagna ce phénomène auquel personne auparavant n’avait jamais prêté si prompte attention.

*

Morrarrdir observa la chose et sourit.
La lueur du jour n’avait aucune incidence sur lui ou ses troupes. Il ne savait d’ailleurs d’où cette légende était née. Peut-être était-ce dû à sa préférence – et à celle de Zälhtonnia et Zietschen pensa-t-il amèrement – de combattre la nuit.

Il pointa son bâton vers un groupe d’elfes qui semblaient protéger quelqu’un. En un instant leurs vies furent aspirées, leurs pièces d’armures s’écrasant sur le sol en un fracas aigu.
Avant que ne se lèvent de nouveaux zombies, Morrarrdir reconnut Iphalte et, avec lenteur, l’exécuta.

*

Après une nuit d’affrontement, les troupes Akraméennes suivirent avec une joie presque indécente si elle n’était pas si légitime, le retour des garous à l’état de simples humains.
Face à toutes ces silhouettes nues, des rires vengeurs s’élevèrent et se répandirent rapidement.

Les garous cependant ne semblaient pas s’affoler.

Un général humain se dirigea vers un petit groupe d’entre eux. Ils ne réagirent pas à son approche.
Telle une flèche pénétrant un corps non protégé, il entra dans leur rang avec une facilité déconcertante, sous le regard médusé de ses soldats.
Il ôta alors son casque et le jeta violemment sur le pavé abîmé des rues d’Akram avant de pointer vers le ciel sa main droite.
S’en échappa aussitôt une boule d’énergie pas plus volumineuse qu’un melon. Elle produisait une lueur affolante.

Les garous la fixèrent.
L’invasion reprit.

*

Ilkmar commençait à être à bout de force. Il n’avait pas prévu ce qu’il qualifiait de seconde vague.
Partout dans la cité les garous avaient repris leurs apparences bestiales et poursuivaient l’invasion comme si la lutte venait de commencer.
Comment avaient-ils pu si minutieusement préparer leur attaque ?
Ils avaient même infiltré certains de leurs mages dans la section humaine de l’armée Akraméenne !
Malgré la fatigue qui, tel un boulet de plus en plus lourd auquel on serait attaché, transforme le moindre geste en effort, demande qu’on se fasse violence à chaque instant, Ilkmar savait que face aux premiers garous qu’il croiserait tout cela s’évaporerait.
Sa rage de vaincre serait plus forte que son épuisement.
Son psychisme vaincrait son physique.

Des bruits de pas, lourds et précipités, se firent entendre dans son dos.
Il se retourna, se protégea avec sa lame et parvint à contenir le premier assaut du cerbère-garous qui lui faisait face.
Lors du second assaut la bête perdit une de ses trois têtes.
Après le troisième assaut, elle ressemblait à un molosse quelconque.
Au quatrième assaut, Ilkmar était violemment projeté en arrière, stoppé brutalement par un mur de briques encore debout, et plus rien.
Les crocs de la bête avaient trouvé sa jugulaire.

*

La seconde vague avait été massacrante, les corbeaux n’allaient pas tarder à s’en régaler.

Tels les pavés d’une route, Akram était en tous lieux recouverts de cadavres.
Entiers ou mutilés, ravagés ou carbonisés, blottis contre un jouet ou un autre corps, parfois armés, les macchabés empestaient déjà.
La plupart des ponts étaient détruits, les bâtisses ne cessaient de s’écrouler sur elles-mêmes tandis que le savoir qu’abritait la grande bibliothèque allait à jamais s’oublier dans des flammes aussi éphémères que dévastatrices.
Elles se rapprochaient dangereusement.
Une fois l’édifice atteint, un pan entier de l’Histoire brûlerait avec lui.

Accompagnant les piaillements du feu et les mugissements des assaillants victorieux, les colosses restants tombèrent en un bruit grave et prolongé, dernier hurlement d’une cité à l’agonie.

Il ne restait plus d’Akraméens vivants et pourtant les garous continuaient leur destruction.
Ni le savoir, ni la culture, ni même l’or que renfermait Akram ne les intéressaient. Seuls le saccage, la destruction et la victoire comptaient. Akram, ses idées, ses habitants et bientôt son influence n’allaient être que souvenirs avant de disparaître à jamais.
Les garous s’acharnaient à les piétiner.

*

Melniia ne supportait plus le spectacle.
Son télescope et ses carnets à la main, elle partit trouver refuge dans le village le plus proche.
Le visage inondé de larmes, elle ne savait si elle devait maudire son sort ou s’en satisfaire.

À quoi bon être vivante dans un monde comme celui-ci ?

*

Les grands érudits garous avaient de quoi être satisfaits. Leur plan, préparé depuis près d’un siècle, avait été un succès.

Akram en ruine, la face du monde allait changer.

Le soleil pourtant, continuait son ascension.

RoWoNe

J'espère sincèrement que ca vous a plus, n'hésitez pas dans vos avis à être sincère au possible, négatif quand il le faut, je ne suis pas ici pour querrir les avis complaisants.
Si cependant vous voulez mettre en exergue des points positifs, n'hésitez pas non plus : )

Je terminerais en vous remerciant de m'avoir lu et non sans vous inviter à me contacter si l'envie vous en prend.

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