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 Le cri - 14 000 signes - Par RoWoNe

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MessageSujet: Le cri - 14 000 signes - Par RoWoNe   Le cri - 14 000 signes - Par RoWoNe Icon_minitimeMar 2 Nov 2010 - 15:35

Bonjour,

après l'insuccès de L'invasion d'Akram (ici) j'aimerais vous présenter un autre texte, se passant dans le même univers, Le cri.

- Le cri -
2204CU

Il ne savait pas s’il courait depuis une éternité ou simplement l’espace d’un instant.
Autour de lui tout était noir et pourtant lumineux. Les multiples formes sombres, floues et changeantes qui l’entouraient semblaient se détacher distinctement d’un fond tout aussi sombre.
Il n’avait pas la moindre idée de l’endroit où il se trouvait, encore moins de comment il était arrivé là.
S’il avait pu réfléchir un instant de plus, il aurait su qu’il ne comprenait pas.
Beaucoup de ses émotions lui paraissaient trop fugaces.
Cependant, une chose l’obsédait, bien plus importante que le temps, l’espace, les réalités ou la finalité ; il devait l’attraper.
Quoi ? Il ne s’en souciait pas. Comment ? Il ne pouvait le savoir. Pourquoi ? Il n’y avait aucun intérêt à y penser.
Seul comptait, plus que tout, le désir d’assouvir un sentiment brûlant, une envie obsédante.
Le rattraper, l’atteindre.
Sans raison apparente, le temps soudain lui parut moins abstrait.
Il le ressentit plus que ne le pensa et sut que la poursuite durait depuis déjà un certain temps – du moins plus qu’un instant.
Au loin, il vit sa proie s’agiter.
Dans un décor où les infinies variations de noir commençaient à s’effacer devant un assemblage brouillon et discontinu de pierres grises, il courait les pieds dans le vide dans un monde aux lois naturelles chamboulées.
Au loin, la bête battait des ailes du mieux qu’elle le pouvait mais il ne se laissait pas distancer.
Bien que derrière elle, il voyait clairement son bec ocre et pointu, ses petits yeux noirs, apeurés et brillants, et sa tête, délicieusement fragile.
Il avançait de toutes ses forces tandis que les murs de briques grises et défoncées se dessinaient plus nettement et plus proches autour de lui et que l’oiseau semblait de plus en plus imposant, preuve en jugea-t-il qu’il s’en approchait.
Oui, la bête perdait du terrain.
Il sentit monter en lui une exaltation profonde, comme lors d’un meurtre ou d’un orgasme, et prit pleinement conscience qu’il ne tarderait pas à être à portée de bras du corvidé.
Enfin, il allait l’avoir.

Il lança ses mains ; le corbeau étendit sa voilure.
Ses paumes s’entrechoquèrent ; elles n’émirent aucun bruit.
L’oiseau lui, paraissait minuscule, comme éloigné d’une douzaine de lieues.

Sans vraiment le décider, il s’arrêta et balaya du regard le décor qui se créait autour de lui. À peine survenue, la monotonie des briques cabossées laissa place à des constructions s’élevant au delà de sa perception puis à des tunnels rougeâtres et menaçants à la profondeur infinie. Frémissants légèrement, ils lui semblaient être vivants.
À peine prit-il conscience que cette vision le révulsait que les tubes cramoisis disparurent, laissant place à une échelle qui semblait s’élever et ne jamais s’arrêter.
Il leva les yeux mais ne vit rien de plus que s’il avait été immobile.
Sans vraiment savoir pourquoi, il agrippa un des barreaux. Dans le même temps il entendit le corbeau piailler loin au-dessus de lui.
Décidé, il monta à l’échelle avec détermination et bientôt se révéla à lui un palier, sol solide constitué et enserré des mêmes briques grises et défoncées. Il était certain de les connaître mais savait pertinemment qu’il ne les avait jamais vus.
Cette contradiction ne l’atteignit pas, une présence le distrayait.
L’oiseau semblait l’attendre. Les ailes toujours déployées il tournait en rond au-dessus de lui.
L’échelle arriva vite à sa fin et de ses pieds il foula ce nouveau territoire.
Sans savoir pourquoi il se mit à courir. Cela aurait aussi bien put durer depuis une éternité ou simplement l’espace d’un instant, il ne s’aurait dire.
Autour de lui tout était noir et pourtant lumineux. Les multiples formes sombres, floues et changeantes qui l’entouraient semblaient se détacher distinctement d’un fond tout aussi sombre.
Il n’avait pas la moindre idée de l’endroit où il se trouvait, encore moins de comment il était arrivé là.
S’il avait pu réfléchir un instant de plus, il aurait su qu’il ne comprenait pas.
Beaucoup de ses émotions lui paraissaient trop fugaces.
Cependant, une chose l’obsédait, bien plus importante que le temps, l’espace, les réalités ou la finalité ; il devait l’attraper.
Quoi ? Il l’avait toujours su ; le corbeau.
Il sentait d’ailleurs distinctement cette charogne planer non loin de lui.
Il accéléra sa course, ne prêtant pas attention au décor de pierres ternes et abimées qui se figeait autour de lui puis s’estompait lentement, laissant place à des couloirs rouges, répugnants.
Il n’aurait su expliquer pourquoi mais il détestait ces couloirs.
Il n’y prêta pas plus d’attention et se mit à chercher une échelle. Il savait qu’il y avait forcément une échelle.
Il la découvrit facilement et la gravit sans la moindre hésitation, ne détachant pas son regard des barreaux qui défilaient devant ses yeux.
Il aurait voulu lever la tête mais savait cela inutile.
Il sentait qu’il se rapprochait de l’oiseau.
Déterminé, il montait, montait et montait encore.
Puis il s’arrêta.
Tétanisé, il n’osa plus bouger.
Devant ses yeux un barreau et un noir infini, profond.
Il se refusait à regarder plus haut car il savait ce qu’il y verrait.
Tout. Il aurait supporté de tout voir, sauf cela.
Plus il se persuadait que ce qui au-dessus de lui l’attendait n’était pas si terrible, plus il ressentait distinctement et profondément la terreur.
Plus il se jurait de ne pas lever les yeux, plus une envie indicible le poussait à le faire.
Pourquoi ?
Pourquoi toujours ces interminables galeries rouges et sans fond ?
Pourquoi encore ces tunnels oppressants ?
Pourquoi ces voies étouffantes ?
Pourquoi éternellement maintenant ?
Il sentit son pied bouger et son corps commencer à redescendre de l’échelle. Malgré une farouche volonté de s’y opposer, de rester et d’affronter sa peur, il semblait faire machine arrière.
Seule sa vision restait encore sous son emprise.
Il comprit bien vite qu’il devait faire un choix.
Se laisser contrôler et renoncer à attraper l’oiseau ou affronter une vision somme toute quelconque mais qui créait en lui - libérait ? - des sensations insoutenables.

Ce n’était pas la première fois qu’il se retrouvait dans cette situation, pas la première fois qu’il redescendait de l’échelle à cet instant précis, pas la première fois qu’il fuyait et pas la première fois que le corbeau sortait victorieux.

Mais cela allait changer. Cela devait changer.
Préférant l’effroi à un inlassable et infertile recommencement, il se fit violence et leva les yeux, prêt à affronter ces entités profondes et sans vie, sans but, sans fin, sans cause, si simples et renfermant pourtant tant d’incompréhension.
Son mouvement de tête était lent, ses yeux fermés.
Soudainement rassuré, comme si la prise de décision était plus éprouvante que l’acte, il ouvrit les yeux.
Deux globes obscurs quoique rutilants, un plumage aux étranges reflets bleutés et un bec grand ouvert d’où l’on pouvait aisément imager qu’un bruit aigu et distordu puisse s’échapper ; le corbeau lui faisait face.
Il resta immobile, un frisson lui parcourut la colonne vertébrale.
Puis il se mit à courir, à s’enfuir.
Tout avait disparu, l’échelle, le sol, les briques, les tunnels. Seuls restaient l’oiseau et sa proie.
Dans un décor noir, vide, uniforme, il avait tout oublié, connaissances et émotions.
Seul lui restait une unique certitude, il ne devait surtout pas être attrapé par cet oiseau.
Il n’avait aucune idée s’il était maléfique ou bon, ce qu’il pourrait lui faire où pourquoi il était là, il était simplement certain, absolument certain, qu’il ne devait pas être pris.

Il courut du mieux qu’il put, voyant le corbeau derrière lui aussi nettement que s’il fut dans son champ de vision.
Tout le long de sa fuite il ne se retourna pas.
Pour rien au monde il ne voulait stopper sa course.
Pourtant il l’arrêta.
Devant lui, grandissant à la vitesse d’un carreau projeté par une arme de bonne confection, un point s’était dessiné, rouge et profond, impénétrable.
Ils s’approchaient, se resserraient. Bientôt ils l’atteindraient.
Bloqué entre le tunnel et l’oiseau qui fonçait sur lui, Ughann ne put que hurler.

*

Böytt détestait monter la garde, surtout dans ce qui restait d’Akram et surtout la nuit.
Il était à Offoltz, avec Ughann, quand la nouvelle s’était répandue.
Akram était tombée, la légendaire cité n’était plus.
À l’inverse du reste du continent, cela ne lui avait pas fait plus d’effet que si la serveuse de la taverne des Cloys lui avait appris qu’il ne restait plus de pomme pour accompagner son plat de troll sauté.
La plupart des événements de la vie avaient cessé de l’affecter depuis déjà longtemps.
C’est Ughann qui avait saisi l’importance de la nouvelle.
La cité la plus prospère du continent central, en ruine. Pour des aventuriers téméraires comme eux, les richesses allaient se ramasser à la pelle.
Ughann avait raison. Les richesses étaient partout.
Pas autant que les ennemis et la mort néanmoins.
Ils n’étaient pas là depuis dix jours que Vultar avait déjà péri, une balle d’arquebuse en plein front.
Quelle idée que d’avancer, son heaume à la main.
Maintenant qu’allaient-ils faire ? Ils s’étaient précipités, enfoncés presque à l’aveugle dans la cité et il était manifeste qu’ils ne faisaient pas le poids contre des guerriers nains entrainés ou des orques de plus de deux mètres.
Et les garous !
À peine avaient-ils fait tomber Akram qu’ils n’en étaient déjà plus les maîtres. Du moins plus complètement, car personne n’osait encore s’aventurer vers le cœur de la cité. Plus on s’y enfonçait plus elle était dangereuse. C’est pourtant là que les chances de trouver richesses et trésors étaient les plus grandes.

Böytt voulait renoncer, retourner à Offoltz et continuer à truander les gens de passage, dépensant aussitôt l’argent gagné en femmes, repas et alcools.
Il ne pourrait le dire à Ughann, alors pourquoi y penser ?
C’est pour cela que Böytt détestait monter la garde, il avait l’occasion de penser.
Il avait hâte que son tour passe, qu’Ughann prenne le relais et au lever du soleil le réveille, le rassure et insuffle encore une fois en lui son envie d’aventure, de danger, d’or et d’oxil.
Cette nuit il voulait partir mais au matin il voudrait rester.
Il tourna la tête vers Ughann qui dormait d’un sommeil agité. Cela n’eut pas pour effet de le rassurer.
Il empoigna solidement son arme, quitta son poste et s’approcha de son compagnon. Leur amitié était vieille et forte. Heureusement. Si Böytt parvenait à tenir, perdu dans ce cimetière géant, c’était en grande partie grâce à lui.
Afin de ne pas perdre contenance au milieu de sa solitude apparente, de ces restes de maisons de pierres et d’une nuit noire comme la poudre de son tromblon, il s’évertua à penser à quelques bons moments passés avec son complice. Il se perdit un certain temps dans ses pensées puis fut brusquement ramené à la réalité par un cri, profond et sanguinaire.
Il regarda autour de lui, apeuré par la possible présence d’un garou, un elfe noir où pourquoi pas d’un démon de Tarr’’mazz’’rr.
Ce qu’il vit fut bien plus terrible que ce qu’il pouvait imaginer.
Blotti contre un mur fracassé, Ughann s’était levé. Le visage trempé de sueur il ne parvenait pas à maîtriser son corps traversé de spasmes tandis que ses jambes tremblaient abondamment.

*

Dans l’obscurité de la nuit, une ombre se déplaçait furtivement.
Inutile d’utiliser la magie guerrière, elle maîtrisait son art à la perfection. Vêtue de simples tissus sombres et munie pour seul instrument de mort d’un couple de dagues d’oxil, l’elfe noir parcourait Akram comme le ferait un serpent dans une forêt dense. Envenimant ses lames, il n’allait pas tarder à mordre. Vaincre ne poserait aucun problème. Débusquer la proie était déjà plus ardu.
La nuit avait pour le moment était mauvaise. Ses lames avaient rencontré un nécromancien et deux garous. Le premier ne possédait pas d’or et ses artefacts s’étaient évaporés avec lui à sa mort alors que les seconds n’étaient équipés que de vieilles armes rouillées. Des elfes, des nains, des humains, des tribalis, voilà ce qu’il cherchait. Eux possédaient les richesses qui l’intéressaient. Même si son but réel était hautement plus important, il restait sans cesse en quête d’objets magiques.
Agile comme s’il était invertébré, l’assassin de l’ombre se mouvait avec une célérité terrifiante.
Un cri soudain vint rompre le silence qui l’entourait.
Prompt, l’elfe noir en détecta instantanément la provenance. L’instant d’après il observait Ughann et Böytt.
Les deux hommes semblaient apeurés et s’apprêtaient à changer de lieu.
Il les regarda faire. Cela l’amusait de savoir que ces hommes vivaient là leurs derniers instants, qu’il en avait conscience et eux non. Il aimait contrôler les situations, il aimait avoir le pouvoir sur les autres. Et quel pouvoir plus agréable que celui de décider à quel moment et de quelle manière des existences prendront fin. Il aimait imaginer parfois le passé de ses victimes. Les sentiments ressentis au cours d’une vie, les projets aboutis, ceux en cours, les traces laissées chez les proches, les non-dits et les regrets.
Il avait décidé. Il les laisserait quitter l’endroit, marcher, se calmer, s’épuiser, trouver un lieu plus rassurant, croire en un espoir, et il interviendrait. Il se postera devant eux, attendra que l’un ou l’autre le remarque et, d’un geste gracieux, lui effleurera la gorge de sa lame. L’entaille devra être assez profonde pour que le sang gicle mais pas trop afin de ne pas faire mourir sa victime tout de suite. Il faudrait qu’elle cri, gémisse. Mais l’entaille devrait tuer. Pour le second il pourrait utiliser la magie, cela faisait longtemps qu’il n’avait plus entendu le bruit des flammes noires consumer de la peau humaine. Mais non. Il opterait certainement pour une autre attaque à la gorge. Il ne pouvait s’en passer en ce moment, la peau recouvrant le cou étant, chez les humains et les elfes, tellement fine et tirée qu’elle s’impose comme une invitation naturelle au poignard. Il ne pourrait pas résister, c’est comme cela qu’il ferait.

C’est ce qu’il fit.

Fait rarissime, son plaisir fut à la hauteur de l’attente placée en lui.


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