Lentement, la lune voguait dans son vaisseau d’ivoire ;
Se mirant dans un lac aux reflets de moire.
Ses rayons blafards courraient dans les arbres sombres
Volant de leurs ailes blanches, dans les ombres.
Autour de l’onde miroitante, s’élevaient de blancs bouleaux
Dont les rameaux nonchalants, caressaient l’opale de l’eau.
De ce lieu émanait, cette étrange fascination,
Qu’éprouve l’esprit humain pour ce qui ne peut saisir.
En effet, ce lac forestier plaisait autant qu’il faisait frémir ;
Car il incarnait la beauté de l’étrange dans toute sa perfection.
Au bord des eaux calmes, sur un rocher déchiré,
Etait assis un homme enveloppé dans un manteau au col relevé,
Sa chevelure noire de jais, tombant sur ses épaules de nuit.
La lumière s’effaçait devant lui, et les clartés l’avaient fuient.
Son regard bleu, était attaché à la contemplation des astres.
Mais, nulle rêverie ne l’animait, seules les lueurs du désastre,
De l’incendie, de la tempête et des orages ;
Brillaient dans son œil plein d’ombres, et de rage.
Lentement, la lune voguait dans son vaisseau d’ivoire,
Se mirant ses crocs aigus et rouges dans le soir.