Nina de Mazetty (ébauche)

Salut à tous, voici donc le premier de mes deux projets du moment qui débute
Je ne vais vous refaire tout le pitch, sachez donc que dans ce texte du registre fantastique, vous suivrez le parcours d'une certaine Nina dans le quartier ô combien malfamé, de Mazetty (jusque là c'était facile, avouez ^^). Je tiens à répéter néanmoins que ce récit se veut également être un petit défouloir personnel, ne soyez donc pas surpris par les aspects trash, gore, crus et aux allusions en dessous de la ceinture (je reste correcte néanmoins, rassurez-vous) qui parsèmeront l'histoire, comme vous le verrez très vite.
Sans plus tarder, la première partie du chapitre 1. Pour d'autres informations je vous renvoie au synopsis (attention, le début de l'intrigue y est partiellement dévoilée). Bonne lecture !
https://ecrire.forumactif.org/t3246-nina-de-mazetty

Aux nouveaux, n'oubliez pas de commencer votre lecture par le prologue, en bas de cette page, avant de passer au chapitre I, ci-dessous

I - La Dernière Nuit

Enfin, elle y était...
L'homme se crispa, les muscles bandés et tout le corps tendu. Le bougre soufflait comme un bœuf, il n'avait aucune endurance. Une seconde plus tard il poussa un râle écœurant, c'était fini.
Le type ne prit même pas le temps de se laver les mains. Après s'être redressé, rhabillé et recoiffé à la hâte, il sortit quelques billets de son portefeuille et les déposa sur la table basse. En quelques pas il fut à la porte. Il s'arrêta un instant, elle crut qu'il allait se retourner, mais finalement il actionna la poignée et passa la seuil sans un mot, refermant derrière lui.
Nina, toujours allongée sur le dos, soupira à son tour, de soulagement. Son dernier client était passé, la soirée touchait à sa fin et surtout elle allait pouvoir profiter ces deux prochains jours de la liberté qu'elle avait tant attendue. La jeune femme se rassied sur le lit et referma le peignoir qu'elle n'avait même pas eu le temps d'enlever précédemment. La profonde inspiration qu'elle prit ensuite suffit à confirmer ses prochaines intentions, il fallait impérativement ouvrir toutes les fenêtres.
Elle se leva d'un bond et fut dans la cuisine en une seule enjambée. Là elle fit coulisser la baie qui donnait sur le balcon et ferma les yeux quand l'air frais enveloppa son corps. L'extérieur constituait habituellement l'objet de toutes les craintes à Mazetty, pourtant, à cet instant, c'était un lieu d'épanouissement aussi calme que lointain.
Nina émergea de ses rêveries quand elle s'aperçut que, si l'odeur de l'appartement s'était déjà grandement arrangée, la sienne propre, conjuguée à celles de tous ces visiteurs de la journée, était proprement infecte. Révulsée, elle retira immédiatement le tissu fin qui la recouvrait et le jeta sur le tas de vêtements sales déjà empilés dans un coin. Après quoi elle se glissa dans la salle de bain, puis sous la douche, dont elle ne ressortit qu'une fois sûre et certaine d'avoir totalement éliminé la moindre trace d'effluves étrangères.
Peu après, à nouveau enroulée dans un peignoir, épais, chaud et propre celui-ci, elle récupéra la modique somme que lui avait rapporté son corps, et la cacha avec le reste de son argent au fin-fond d'une chaussette, sous le tas de linges où elle venait de balancer sa dernière tenue.
Trop décalée de la réalité pour avoir faim, elle repensa aux deux jours qui s'annonçaient et alluma la télévision. Peut-être qu'elle pourrait se rendre chez Alicia et que celle-ci lui ferait part des derniers potins. Ou bien elle irait lécher les vitrines au centre commercial... Quoi qu'il en soit, ces deux jours lui appartenaient et rien ni personne ne viendrait les lui enlever.
Ce fut l'heure des informations, ce qui eut le don de refroidir ses ardeurs. Elle y prêta un peu plus d'attention qu'aux publicités qui avaient défilé jusque-là. Sur le plateau du journal, une femme d'âge mûr, impeccablement habillée, coiffée et maquillée, annonçait les dernières nouvelles.
« -Bonsoir, disait-elle, nous apprenons ce soir la tragique disparition de quatre membres de la police de Mazetty dans une terrible explosion à l'Est du quartier. Cet accident, survenu lors de l'arrestation d'un éventuel suspect dans le cadre d'une affaire de meurtre, n'a toutefois pas été le plus macabre événement de la soirée. En effet, alors que les pompiers venaient de vaincre les flammes et que l'on inspectait les lieux à la recherche de possibles survivants, ce sont les membres de pas moins de six autres personnes qui ont été petit à petit découvert sur place. Selon les premières hypothèses, les fragments de corps auraient été dissimulé dans les murs de l'appartement, murs qui ont volé en éclat lors de l'explosion de gaz et que... »
Nina coupa la télévision, le simple fait d'imaginer les tenants et aboutissants d'une telle atrocité la rebutait. Depuis quelques temps, on n'avait plus droit qu'à des histoires de crimes atroces. Mazetty se transformait progressivement en enfer et la seule véritable réaction des grands pontes, depuis le début des problèmes, avait été de placer tout le district en isolement provisoire.
Les gens commençaient à perdre pied et, même s'il se passait bien des choses étranges, l'imaginaire collectif allait toujours inventer les histoires les plus folles. Selon certaines rumeurs il y aurait même une origine maléfique à tout ce phénomène. On parlait de la sorcellerie et de ses pratiquants presque communément. Pour achever le tableau, il se disait qu'une épidémie tout droit sortie de la bouche du diable rongeait les bas fonds.
La jeune femme sentit un frisson la parcourir et essaya de positiver. Quand les autorités auraient mis la main sur le ou les responsables, tout redeviendrait vite normal, comme après cette histoire de grippe, quelques années auparavant. Les seuls à s'en plaindre seraient ceux qui avaient compter en profiter s'en mettre plein les poches. Oui, bientôt elle pourrait trouver un vrai travail et peut-être même un nouvel appartement en dehors du quartier...
Soudain frileuse, elle referma la baie et s'assura que la porte était verrouillée avant de s'avachir sur le canapé. Recroquevillée sur un oreiller, elle serra les paupières pour empêcher toutes larmes de rouler hors de ses orbites. Tandis que l'angoisse se dissipait lentement, le sommeil la gagnant finalement, des images de morceaux de cadavres commencèrent à composer ses rêves...
Elle sursauta, on venait de frapper à sa porte ! Prudente, elle se faufila en silence et observa à travers l'œillette de la porte son visiteur si tardif.
Elle ne vit pas grand chose cependant. L'homme, car c'en était indéniablement un, portait un long cache poussière sombre en guise de manteau, dissimulant de ce fait le reste de sa tenue. Son visage lui était également masqué par l'ombre d'un chapeau tenant davantage de l'ambiance country que du haut de forme un peu chic. Bref, elle ne distinguait rien de cet inconnu aux allures de cowboy.
-Qui est-ce ? Demanda-t-elle, méfiante.
-Bonsoir, répondit une voix grave, je viens voir Nina, c'est monsieur Bradley qui m'envoie.
Soupçonneuse, la jeune femme avait espérer se tromper. Mais hélas, elle avait vu juste. Bradley... Ce rat lui avait pourtant accordé la fin de la nuit avant ses deux jours de repos ! Comment osait-il ?!
Dans une situation similaire, n'importe qui aurait demandé « C'est pour quoi ? ». Mais Nina savait très bien de quoi il s'agissait.
-Un instant, fit-elle, lasse.
Laissant le gaillard dans le couloir, elle retira son peignoir propre et le déposa sur une chaise vide. À nouveau nue dans son appartement, et sans doute pas pour la dernière fois, elle ouvrit son armoire pour passer une tenue plus adéquate. L'espace d'une seconde elle croisa son reflet dans la glace qui couvrait l'intérieur de la porte. Pensive, elle s'observa brièvement.
De longs et fins cheveux bruns, encore vaguement humides, cascadaient sur ses épaules, contrastant avec sa peau pâle. Des quelques années durant lesquelles elle avait pratiqué la gymnastique il ne restait pas grand chose, et la plupart des muscles de son corps svelte avaient fondu. À l'époque tout était si simple, si facile...
Des larmes commencèrent à perler de ses yeux aux iris gris-clairs, alors elle revint à la réalité et referma le placard après y avoir dénicher un ensemble capable de suffisamment la mettre en valeur. Une fois enfilée la tenue qu'elle avait déjà hâte de retirer, Nina prit une profonde inspiration et alla ouvrir, résignée.

Voilà, la suite quand je l'aurai corrigé, et que vous aurez digéré.
J'attend vos commentaires, soyez francs, soyez durs, soyez cruels... Mais pas trop

Quelques petites corrections d'abord :

Citation :

Le bougre soufflait comme un bœuf, il n'avait aucune résistance.

: résistance ? Endurance ne serait pas mieux approprié ?

Citation :

Après s'être redresser, rhabiller et recoiffer à la hâte

: Après s'être pris... donc redressé, rhabillé et recoiffé.

J'ai rien vu d'autre à part peut être "lécher les vitrines" que tu aurais pu remplacé par faire du lèche-vitrine.


Sinon, c'est vraiment bien, très bien écrit. On pénètre directement dans la vie de Nina, tu nous montres ses émotions, sa peur ( le passage où elle s'allonge sur le sofa et s'efforce de retenir ses larmes est super) et sa lassitude.
Je ne vois pas trop de défauts, à part que le côté trash que tu promettais est loin d'être là ! Mais la scène avec le gros est très bien comme elle est, il était inutile d'en rajouter.

J'aime beaucoup et je lirais la suite !

Alors, d'abord merci des commentaires et des compliments (bon ok, surtout des compliments ^^).
Ensuite, j'ai corrigé tes deux remarques, et quant à choisir entre "lécher les vitrines" et "faire du lèche vitrine", j'ai préféré opter pour le plus suggestif étant donné le contexte
Pour le coté trash, c'est vrai qu'en dehors des cinq premières lignes il est totalement absent, mais c'est en partie voulue. Tu as lu le synopsis, tu sais donc que les choses vont se gater pour Nina. J'avais envie de lui faire garder un minimum d'innocence (si on peut dire) dans le tout début, de façon à ce que le choc soit encore plus brutal.

Merci à toi

Allez, la suite !
J'en suis un peu moins satisfait que la première, mais je reste bloqué sur le pourquoi, j'y reviendrai peut être plus tard.



I - La Dernière Nuit (suite)

Elle déverrouilla la porte et poussa le battant. Dans le couloir miteux, l'homme lui tournait le dos, sifflotant un air de musique classique, l'air de rien. Cependant, quand il pivota pour lui faire face et que leurs regards se croisèrent, cela lui fit l'effet d'une décharge électrique. La surprise la laissa bouche bée, tant elle ne s'attendait pas à un tel visage. Prenant conscience qu'elle avait surement l'air ridicule, la jeune femme cligna des yeux et se reprit.
Au lieu du bonhomme caricatural auquel elle s'était attendu, un mélange raté entre John Wayne et Yul Brynner, se tenait un personnage tout à fait singulier. Pas de gigantesque cigare au coin de la bouche, de pouces glissés dans la ceinture ou même de froncement de sourcils assassin. Rien d'un échappé de l'asile ou d'un autre dérangé du même genre, pas plus que du client timide, de l'habitué rompu à l'exercice ou de l'occasionnel nerveux.
Non, en lieu et place de ces archétypes se dressait un individu qui osait affronter le regard de son hôtesse, ce qui était rare, et qui eut la bonté, faute de véritablement sourire, d'effacer de son visage tout expression profondément inamicale. Lorsque, comme Nina, l'on était habitué aux airs bourrus de maris mal dans leur peau et aux yeux craintifs des nouveaux visiteurs, une telle franchise de la part d'un homme, une telle marque de respect, étaient un vrai don du ciel.
Courtois, il prit la peine de retirer son chapeau avant d'ouvrir la bouche. Ainsi, elle eut même le loisir de l'observer en détail.
-Je me présente, fit-il, Thaddeus Bird, et vous devez-être Nina ?
Et poli par dessus le marché ! Mais était-ce son véritable nom ? Est-ce qu'un seul de ses clients lui avait ainsi révélé son identité ? Bon sang, combien d'individus au monde se confiaient-ils aux catins qu'ils venaient de rencontrer ?!
Voyant qu'il attendait une réponse, elle se contenta de hocher la tête, incapable d'émettre un seul autre son dans l'immédiat.
Plus elle l'observait, plus elle avait l'impression de le découvrir à nouveau. Ses cheveux ondulés étaient du même brun que les siens, mais en moins long, plus épais et désordonnés. Ils encadraient son visage et s'arrêtaient juste sur les épaules, recouvrant ses oreilles. En outre, sa peau était moins pâle que celle de la jeune femme, ses traits fins, un brin burinés, ne laissant que peu d'indices sur son âge.
Enfin ses yeux, de loin les plus impressionnants sous ses sourcils broussailleux, paraissaient encore plus irréels que tout le reste. D'un noir impénétrable, les iris semblaient absorber tout ce qui passait à leur portée. Face à de tels abysses, regarder ses chaussures était un soulagement.
Elle-même surprise de dévorer du regard un de ses clients, Nina se força à cligner des yeux une nouvelle fois pour revenir à la réalité. Elle venait de mémoriser tout ce qui se trouvait au dessus du col de Thaddeus Bird, chapeau gris et abimé compris. Pourtant, un détail ne collait pas...
À nouveau plongée dans ses réflexions, elle en fut cette fois tirée par ce qui ne pouvait être qu'une illusion. Le gaillard souriait ! Distraitement, presque imperceptiblement d'ailleurs, mais il souriait ! Voilà ce qui clochait ! Entre l'attitude et le physique de cet homme il existait un fossé considérable. Sa dégaine d'aventurier, non dénuée d'une certaine classe, jurait avec l'aura prudente et sage qui l'enveloppait. C'en était incohérent, et à moins de porter un costume ou de jouer la comédie comme personne, il se dévoilait tel qu'il était, sans la moindre gène.
Finalement, la jeune femme lui indiqua qu'il pouvait entrer, ce qu'il fit en silence. Il ne dit rien de plus tandis qu'elle refermait la porte derrière lui. Elle se dit qu'il devait déjà retirer son manteau et se préparer à la suite logique de leur entrevue. Pourtant, aussi idiot que cela puisse paraître, il lui sembla qu'il n'était pas du tout le genre d'homme à se comporter de cette façon. Après une profonde inspiration, elle se retourna, pour découvrir qu'il lui tournait de nouveau le dos.
-Vous aurais-je dérangé ? Demanda-t-il, en reportant son attention sur elle.
Son regard allait de la porte entrouverte de la salle de bain, d'où s'échappaient encore des volutes de vapeur, et au peignoir plié sur la chaise. Prise de cours par une telle question, Nina ne sut que répondre.
-Disons, éluda-t-elle maladroitement, que je n'attendais plus personne... Pour ce soir.
Thaddeus hocha la tête, sans insister, elle l'en remercia intérieurement. Puis, plutôt que de passer à « l'action », il fit quelques pas dans l'appartement, l'observant avec attention.
-Je peux vous poser une question ? Fit-il.
Indécise une nouvelle fois, la jeune femme se ressaisit néanmoins et avança vers son interlocuteur, déterminée à tester ses manières.
-Bien-sûr, dit-elle, un bras tendu.
Un court silence suivit cette réponse. Avec un sourire bienveillant, l'homme retira son manteau et le confia, de même que son chapeau, à son hôtesse. Satisfaite, cette dernière le dépassa et s'en alla pendre le vêtement à la porte de son armoire.
-Dites-moi, par quels curieux chemins la fille d'un prêtre se retrouve-t-elle en un pareil endroit ?
La fille en question fit immédiatement volte-face. En chemise blanche, légèrement bouffante, et les poings glissés dans ses poches de pantalon, Thaddeus, excessivement neutre, la fixait de ses prunelles inquisitrices.
La surprise laissa très vite place au dédain cependant, et elle ne put contenir une réponse cinglante :
-Par quels curieux chemins un homme d'église est-il incarcéré pour meurtres et violence aggravée ?!
Il sembla réfléchir à la question et ajouta :
-Deux voies différentes, mais très similaires à bien des égards, j'en ai peur... La violence n'est pas issue des seuls coups portés par un individu. Elle réside également au plus profond de chacun, dans une pensée ou un regard... Dans un choix de vie. C'est ce choix qui, dans des situations très diverses, peut amener au même résultât final.
Nina observait son visiteur avec un mélange de fascination et de méfiance. Pourquoi cet homme avait-il mentionné son père ? Comment pouvait-il débattre si légèrement d'un sujet tel que la violence, étant donnée le contexte de leur conversation ? Quel genre d'homme était donc ce curieux individu ?
Au beau milieu de l'appartement, il semblait à la fois bienveillant et dangereux, personnage sombre et solitaire, au passé trouble mais animé de bonnes intentions, du moins semblait-il. Il cherchait à en apprendre plus sur elle, c'était évident. Mais plus que troublante ou véritablement gênante, cette perspective s'avérait surtout excitante.
Toisant de nouveau son reflet, en tenue moulante et au décolleté plongeant, dans le miroir du placard, la jeune femme eut un choc. Plus que jamais, face à Thaddeus Bird, elle se faisait l'effet d'une pute.
Elle referma le meuble d'un geste brusque, puis se tourna à nouveau vers son possible, plus rien n'était moins sûr, dernier client de la soirée. Il voulait parler ? Et bien soit, ils parleraient !


Voilà, j'attend vos commentaires et je poste la fin du chapitre quand je l'aurai terminée

J'aime bien, j'ai envie de lire la suite. Je trouve que t'as deuxième partie du prologue est plus fluide et facile à lire.

Ensuite j'ai eu du mal avec la fin du deuxième bout. elle se tourna à nouveau vers son possible... j'ai lu 3 fois avant de piger lol (bon j'avoue je suis épuisée )


Entre Ilàan et toi, les femmes sont bien traitées lol...

On parle de moi ? Bien sûr, moi, Cry et DSK, on a prévu de monter un collectif, on s'appellera les "Macho Men". A nous la gloire, les putes, les femmes-objets, les poursuites pour viols de femme de ménage ou de factrice... ça va le faire.

Sinon pour le texte, pas de faute relevé, ça se voit que c'est relu et travaillé, fluide, efficace, tu prends ton temps ( ce qui est rare...) pour décrire les actions des personnages, le décor, leurs sentiments et c'est tout l’intérêt de ton récit pour l'instant.
Malgré tout, j'ai dû mal à m'imaginer Thaddéus. Un type à la barbe en pointe en costume de cowboy. J'ai peut être lu trop rapidement, mais à la première lecture, beaucoup d'images différentes passaient dans mon esprit. J'imaginais presque un bibliothécaire bien soigné dans une longue veste far-west, quel contraste ! Est-il grand, petit ? Beau ? C'est la barbe en pointe je crois qui casse tout, je l'imagine comme : http://www.pointscommuns.com/img/chanteur/51583.jpg au visage buriné.

tiens c'est marran, tu as raison Ilàan! Ne sachant pas qui était yul brynner je ne oouvais imaginer comme toi. J'ai imaginé ce bonhomme comme un être imposant, (puisqu'elle était fascinée et appeurée), dans la cinquantaine passée (vu le prénom). Ac la classe de sean connery, le visage de John rhis-davies sliders mondes paralleles et le regard profond d'aldo sambrell ds navaro jo ^^ Du coup le perso claque :-D


Les macho men! mdrrrrrr

Vous connaissez la casquette de Charles Bovary dans le prologue de "Madame de Bovary" ?
Eh ben elle est extremement détaillée, , et pourtant absolument inimaginable et informe. J'ai vu ça en cours de français en première (L, évidemment ^^). L'intérêt de la casquette c'est que les (nombreux) qualificatifs utilisés lui donnent l'air profondément ridicule. On ne sait pas trop de quoi ça à l'air, mais c'est franchement n'importe quoi et très, très moche.
Pour Thaddeus Bird, j'ai essayé un peu la même chose, sachant que j'avais quelques idées en tête mais que je ne parvenais pas à trop me décider. Du coup, certains éléments auquel je tiens, il se doit d'être impressionnant, intimidant, mais aussi soigné et presque charmant, en tout cas aimable. Après, chacun se fait sa propre idée du bonhomme en question.
Aux vues de vos commentaires ça n'a pas si mal marché que ça, mais maintenant que tu le dis Ilàan, c'est vrai que la barbe en pointe fait un peu tâche, je vais corriger ça.
Merci de vos commentaires à tous les deux

PS: Oh, et pour le club des Macho Men, pourquoi pas ^^ Mais je vous assure que je n'ai pas choisi un personnage féminin pour en faire une vulgaire prostituée, et en caricaturer l'image. J'aime beaucoup Thaddeus, mais Nina reste le personnage central de cette histoire, et elle se développera de façon à vous assurer que je ne suis pas qu'un vulgaire macho

PPS: Donc, suite (et peut être fin) du prologue, dans le courant de la semaine prochaine

pas de pb, j'attends la suite :-)

Allez, ce soir, fin du chapitre

I - La Dernière Nuit (fin)

Calmement, avec une assurance que lui aurait même envié son interlocuteur, Nina s'avança.
-Quel choix de vie avez vous fait, monsieur Bird, dit-elle en détachant chaque mot, pour vous trouver ici ce soir ?
L'homme fronça les sourcils. Apparemment elle avait touché la corde sensible. Bien vite cependant il reprit consistance et répondit presque douloureusement :
-Comme je l'ai dit, de nombreux chemins peuvent aboutir au même point, et...
Il cherchait ses mots, elle lui avait véritablement cloué le bec !
-...Et l'on dit souvent que le voyage est plus important que la destination. Or, s'il est bien une chose dont j'ai honte ce soir, ce n'est pas de me trouver ici, mais de la façon dont j'y suis arrivé.
Intriguée, mais pas plus avancée, elle insista, avec plus de réticences néanmoins :
-Vous n'avez pas répondu...
-Un bien mauvais choix de vie, mademoiselle Nina, admit-il.
La jeune femme était perplexe. Une grande sincérité émanait de son visiteur, et son attitude témoignait d'un individu soigneux et aimable. Pourtant, son apparence incitait à la prudence et annonçait presque un danger, comme si dans sa grande bonté il mettait en garde ceux qui osait affronter son terrible regard.
-Et dans quelle but la vie vous envoie-t-elle dans un bordel ?
Cette fois, c'est Thaddeus qui la fixa d'un air surpris.
-La vie n'a rien à voir là-dedans, dit-il. Ce n'est pas par la volonté du destin que vos clients habituels viennent vous voir, je me trompe ?
Elle eut l'impression de prendre une gifle.
-Non, poursuivit-il, leurs raisons sont toutes autres. Elles sont aussi simples que moralement discutables, et les miennes ne sont pas différentes...
Là encore, elle reçut un choc. Son visiteur, si bon et respectable, venait lui même de se rabaisser au niveau de l'infâme bande de salauds qui la visitait quotidiennement.
Parmi tous ces porcs, tous ces pervers, cette face abjecte de l'humanité, il n'y en avait pas un qui lui ait un jour adressé la parole comme à la femme qu'elle était. Aucun d'eux, aucun de ces rats dégueulasses, qui ne voyaient en elle qu'un fourre-tout sans âme, n'avait quoi que ce soit à voir avec un être comme Thaddeus Bird, aucun !
Fut-il le pire des meurtriers, un tueur implacable, le méchant de l'histoire, tout cela importait peu. Quels que soient son passé, ses actions ou ses motivations, il ne s'en cachait pas, ne s'en vantait pas et n'avait pas peur des yeux désabusés de n'importe quelle prostituée.
Ses yeux... Ils fixaient les siens depuis quelques minutes déjà, les entrainant dans des profondeurs abyssales. Finalement il poursuivit :
-... Mais si ma présence ici relève d'un choix, mon choix, ce n'est en revanche pas ton cas. Alors pourquoi ? Pourquoi est-ce que, parmi toutes, c'est toi qui...
Il s'interrompit, mais reprit :
-...À qui l'on m'a adressé...?
Le passage au tutoiement s'était fait naturellement. En quelques minutes, ils s'étaient déjà plus dévoilés l'un à l'autre que ne le faisaient certains « amis » au cours de toute leur vie. Mais Nina voulait plus de réponses.
-Et qu'ai-je donc de plus que les autres ? Relança-t-elle. Moi ou la voisine, quelle différence ? Vous connaissiez mon père ? Personnellement, je veux dire ?
-Non, assura Thaddeus, je ne l'ai pas connu. En ce qui concerne ta première question, songe à ce regard que vous tu as eu en ouvrant votre armoire. Ce dégout qui a traversé tes yeux, d'où venait-il ?
Elle ne répondit pas.
-De toi-même, estima-t-il avec raison. Mais pourquoi ? Tes clients ne sont-ils pas infiniment plus répugnant ?
Là encore, elle se contenta de le fixer.
-Et voilà le problème, le client ! Moi, pour être plus précis. C'est face à moi que tu te dégoutes, face à ce que tu t'imagines être un individu respectable et plus droit qu'un saint, je me trompe ?
Muette, elle cessa même de respirer, démasquée.
-Sais-tu de quelle façon on m'accueille généralement ? Il y a deux écoles, je te l'accorde. Certains seraient prêt à me pendre, haut et court, sans autres formes d'explications. Les autres, perdant tout sens commun, alignent sur les miens le moindre de leurs faits et gestes, au point d'être totalement transparent.
Il marqua une pause. Sans aucun doute, de telles confidences ne lui étaient pas familières.
-Toi tu m'as détaillé des pieds à la tête, respecté parce que je te respectais. Inutile de le nier, j'ai presque ressenti ta gratitude lorsque je suis entré. Mais tu ne t'ai pas laissée démonter par le vieux Thaddeus. La preuve ! Me voilà à te confier ce que seuls quelques rares peuvent se targuer d'avoir entendu. Et ça, c'est simplement parce que tu n'es pas la pute de la chambre voisine, tu es Nina.
Cette dernière, abasourdie, prit une profonde inspiration, l'honnêteté dont faisait preuve son interlocuteur était si inhabituelle, si bouleversante compte tenu de la dureté de leur univers, que les larmes lui montaient aux yeux. Pourquoi un tel personnage devait-il croiser sa route ? Elle, la gamine rêveuse, l'étudiante naïve... La catin résignée.
-Je n'attendais rien, dit-elle. Je n'attendais plus rien, ce soir ou un autre, depuis que cet... Emploi, m'a été proposé. Avant, j'ai eu des rêves, vous savez, des ambitions...
Bien qu'elle les sentit venir, souriant pour donner le change, elle ne fit aucun effort pour retenir les gouttes qui roulaient à présent sur ses joues.
-Je me voyais déjà dans les plus grandes écoles. Il a fallu passer par une Fac locale, mais ça n'importait pas. J'avais renoncé à l'idéal, mais il me restait l'espoir. Je ne l'ai pas perdu, même quand il a fallu en passer par le bordel. Mais ce soir, je souhaitais la paix, je souhaitais deux jours de tranquillité, rien d'autre...
Thaddeus hocha la tête, l'air grave, puis murmura :
-Navré, d'avoir imposer ma présence.
Alors qu'il baissait les yeux, le fracas du verre le rappela brutalement à l'instant présent.
-Navré ?! Bon dieu, non ! Jura-t-elle, furieuse.
Elle se dressait aussi haut qu'elle le pouvait, les éclats d'un vase brisé répandus à ses pieds nus.
-On a fait de moi un objet ! Hurla-t-elle. Une poupée louable à l'heure, sans nom, ni passé !
Elle fulminait de rage, le fixait avec les yeux d'une démente, tout en poursuivant les métaphores odieuses de sa propre personne.
-Un sac à foutre auquel on ne demanderait même pas l'heure...!
Finalement elle parut se calmer. Elle sembla reprendre contenance, puis reprit, avec un discours plus calme et maitrisé qu'auparavant.
-Et puis vous débarquez... À pas d'heure, qui plus est ! Et vous demandez « Nina ».
Elle s'interrompit, insistant bien sur ce mot.
-« Nina » ! Pas « une fille », « quelqu'un », ni même « une pute »...! « Nina... »
Thaddeus fit quelques pas dans sa direction.
-Et vous parlez... Vous Me parlez, à moi ! De la violence du monde. Vous évoquez mon père, parlez du destin, du voyage et de la destination de chacun, de vous... Des choses dont plus personnes au monde n'a rien à foutre ! Mais c'est à moi que vous les dites, et vous n'imaginez pas depuis combien de temps j'espère que quelqu'un va un jour me parler comme ça, de n'importe quoi ! Vous le faites, pleinement et sincèrement...
Un nœud se forma dans sa gorge, l'empêchant d'aller plus loin.
Une pellicule de sueur recouvrait sa peau, son cœur battait à un rythme infernal et sa respiration saccadée n'arrangeait en rien son état d'esprit.
Thaddeus approchait toujours. Il s'arrêta, puis saisit quelque chose par terre, un éclat de verre. Un éclat de verre maculé d'une goutte de sang. Les débris du pot écorchaient ses orteils.
La surplombant, il observait attentivement la pointe vermeil de l'objet.
-La violence, souffla-t-il. Encore et toujours la violence.
Alors doucement, Nina se dressa sur la pointe des pieds, écrasant encore davantage de tessons, et embrassa les lèvres de son visiteur.
-Vous disiez, marmonna-t-elle, être venu ici avec les mêmes intentions qu'un client ordinaire.
L'homme eut un nouveau froncement de sourcils :
-Tout... Tout ceci (il désigna le sol et le vase en morceaux) n'était pas dans mes intentions. J'ai dis la vérité, tout à l'heure, bien que j'ignore si elle serait identique maintenant
Nina plongea ses yeux gris dans l'invincible regard de Thaddeus Bird, et dit avec force :
-Il n'est plus question que de vous. Moi je le veux, maintenant !
Avec juste ce qu'il fallait d'hésitation, il céda, et lui rendit son baiser avec une fougue toute nouvelle, avec cette même rage de vivre qui les habitaient l'un comme l'autre en cet instant.
La jeune femme se laissa emporter. Oubliant tout le reste. Ses clients, Bradley, son appartement, le travail, Mazetty, la ville entière et son irrésistible noirceur ne firent pas le poids. Cette nuit était la sienne, il n'y avait qu'elle, que son plaisir, son bonheur. Une dernière nuit, quelques heures de violence en plein ténèbres, mais quelques heures d'une pureté absolue.

Voilà, j'attends vos remarques :o

Bizarre. C'est mon sentiment à la fin de la lecture. C'est très bien, le style, les descriptions et tout, mais quelque chose me reste en travers de la gorge. Trop rapide ? On ne comprend pas les réactions de Nina ?

Le premier dialogue : -Quel choix de vie avez vous fait... ?
Drôle de question. Est-ce qu'on t'as déjà dit : "Quel choix de vie as-tu fait, Cry Noir pour afficher un avatar pareil ?"

Et après, deux phrases de l'homme, et Nina voit en lui son prince charmant. On imagine bien la scène, c'est très détaillé et c'est là le problème. J'ai l'impression que tout va trop vite, et que ça manque de réalisme.
Contrairement à ce que doit penser Milivice, je n'ai jamais eu recours au service d'une prostituée, mais si c'était aussi facile d'avoir une nuit gratuite... un beau costume, un air mystérieux, quelques mots philosophiques, et elle tombe dans mes bras ?

Tout est excellent sinon. Ton écriture est maitrisée ( et à seulement 18 ans, quel talent !), mais la scène ne m'a pas emballé autant que les précédentes.

Loool, je ne pense pas que tu sois qqn qui à recours à une prostituée, et quand bien même je n'ai pas à te juger ^^. Je dis juste qu'avec vous deux, ces filles sont malmenées.
Ensuite pour le texte: j'aime bcp l'écriture mais je trouve que c'est trop rapide. J'ai envie d'imaginer les discussions, les silences, les regards, l'attirance, etc...pour l'amener à un moment de faiblesse.
Et un homme qui ne la prend pas pour un sac â foutre (j'adore lol), un homme fort, charismatique, je craquerais aussi ^^. Ac lui elle devient une femme et non plus une pute... donc c'est possible!

Le coté "pas réaliste" pour être tout à fait franc, je m'en tape (ça c'est fait).
Mais d'un autre coté je suis assez d'accord avec le fait que tout arrive trop vite, j'ai eu du mal à mettre cette partie sur papier, et je n'avais pas envie de bassinner avec de longs dialogues (je réserve ça à "Ab Absurdo"). Du coup j'ai peut-être bien fait trop court. Il faudra que je revois ça.
Ensuite, le coup du "choix de vie", c'est en rapport avec le début de la discussion dans la deuxième partie

Je vais voir pour rajouter quelques lignes de dialogues intéressantes. Mais il faut bien comprendre que si elle succombe à Thaddeus, c'est pas tant pour lui que pour elle. J'avais envie de lui donner comme une bouffée d'air frais. Elle vit mal, ne connait pas grand monde de bien (exception faite de l'Alicia mentionnée en première partie), et est confiné dans un quartier pourri jusqu'à l'os où tout le monde est de plus en plus barge.
Or, Thaddeus incarne l'antithèse de tout ça. C'est un homme lucide, gentil et qui la fait se sentir autre chose qu'une prostituée, alors qu'elle pensait ne plus être que ça.

Bon, je vais retravailler ça, et j'apporterai une correction plus ou moins importante avant la fin de la semaine. Par contre, comme il faut aussi que je continue de bosser sur le concours, le chapitre 2 ne débutera pas tout de suite


PS: Oh, et comme d'un coup j'ai envie de parler de moi :
Ilàan, pour ta question, le choix de vie qui m'amène à arborer cet avatar (l'affiche du film Donnie Darko) c'est celui d'aimer le cinéma. De l'aimer quand il a quelque chose à dire de plus intéressant que "j'en ai une plus grosse que l'autre", ce qui est totalement le cas dans le film en question, que je conseille fortement

Il faut juste que l'enchainement paraisse réaliste ^^. Mets toi à la place d'une lectrice, elle va se mettre dans la peau de Nina, se rappeler de tout les salops qu'elles ont croisé, elles vont comprendre son geste. C'est ça qui va rendre vivant ta scène.

Bon, désoler du retard, mais j'ai un peu fais la fiesta ce week end, du coup...
Enfin, j'ai pas encore trouvé comment arrangé ce passage (j'ai pas tellement cherché non-plus) mais j'ai établi en (très) gros le déroulement de l'intrigue.
De nouvelles choses à lire (suite ou corrections) dans les prochains jours

EDIT : Bouleversement !
Ce qui était jusqu'à présent le prologue, devient maintenant le premier chapitre.
Le véritable prologue, qui sera plus digne de ce nom, arrivera dans la semaine, de même que la correction de la dernière (3ème) partie, et le chapitre 2, ben après

d'accord, j'attends ^^

Pfiouu...
Bon, désolé de ne pas encore avoir posté de quoi vous satisfaire, mais j'ai une bonne nouvelle. Après une semaine relativement difficile (m'voyez ?) et pauvre en inspiration, c'est une vrai révélation que j'ai eu ce soir au sujet de l'un des personnages clefs de l'histoire (sérieux, je m'suis surpris moi même oO).
Donc, étant donné que demain est mon dernier jour de taf pour cette semaine, j'aurais largement le temps de vous concocter enfin un prologue envoutant et une fin de chapitre plus travaillée.

À très bientôt pour les news donc

Une bonne nouvelle ça ^^

Désolé, je suis très en retard


Prologue

L'odeur caractéristique des hôpitaux, un mélange d'eau de javel et d'autres produits, flottait dans l'air tandis que Jérémie Meyer arpentait en silence les couloirs, d'une blancheur cadavérique, de l'asile Marcus-David, pour aliénés criminels.
Ancienne île-prison, le site avait connu bon nombre de transformations lorsque le docteur du même nom, psychiatre émérite et surtout beau-frère du maire de jadis, en avait fait un établissement scientifique destiné à pallier l'augmentation déjà préoccupante à l'époque de crimes en tous genres. Aujourd'hui, près de trente ans plus tard, en comptant sa propre sécurité renforcée et les maigres forces de police toujours en activité, il s'agissait sans doute de l'endroit le plus sûr du quartier de Mazetty.
Triste constat de la situation, c'était aussi là que se trouvaient les pires crapules et malades dégénérés qui ai jamais sévi dans les rues...
Mais l'heure n'était pas aux lamentations, une foule de paperasses attendait encore le médecin, et c'est avec un frisson qu'il accéléra le pas pour rejoindre l'accueil où Camille, la nouvelle petite secrétaire, encore en formation, l'avait fait demander.
Bien que d'humeur maussade, Jérémie s'arrêta devant la porte, où une plaque sombre indiquait : Mlle Dumas, et prit le temps d'épousseter sa blouse avant d'entrer, un faux mais très amical sourire sur le visage.
Sa petite comédie fut de courte durée cependant, car il ne put retenir une moue irritée lorsqu'il s'aperçut que la séduisante jeune femme se trouvait déjà en « agréable » compagnie. Accoudé au bureau, face à elle, quelqu'un lui susurrait à l'oreille quelques paroles qui la firent glousser. Faisant mine d'être surpris par l'arrivée du docteur, le professeur Milton, facilement la cinquantaine mais au regard séducteur et plein de promesses, adressa à ce dernier un grand sourire et s'exclama :
-Meyer, vous voilà ! Nous vous attendions...
Le jeune homme, qui fulminait intérieurement de rage, ne répondit que par un rictus. Milton l'exaspérait, tous deux avaient d'ailleurs l'habitude de s'appeler respectivement « docteur » et « professeur » quand l'autre avait le dos tourné.
Psychologue, le gaillard était surtout le seul membre du personnel de Marcus-David à être également chirurgien à l'hôpital général, en bordure du district, un argument de poids face au yeux pleins d'innocence d'une stagiaire tout juste débarquée du lycée...
Un instant, Jérémie cru même voir sa main caresser celle de Camille, pourtant Milton lui adressa un clin d'œil enjoué, comme si de rien n'était.
-Vous m'avez fait appeler, Camille, rappela-t-il à cette dernière.
Elle n'avait d'yeux que pour l'autre, qui en souriait de plus belle, parfaitement conscient de son influence et du pouvoir qu'elle lui conférait.
-Oui, fit-elle, néanmoins. En fait, c'est monsieur Milton qui souhaitait vous voir pour signer un document...
-Oh, exact, réagit celui-ci, délaissant l'adolescente. Voyons ça...
Magnifique ! S'il avait su que Milton était derrière tout ça, Jérémie ne se serait surement pas déplacé. C'était sans doute pour ça d'ailleurs que Camille avait servi d'intermédiaire...
-Voilà !
Il lui tendit un formulaire de plusieurs pages.
Le document en question s'avéra tout ce qu'il y avait de plus officiel. Il confirmait le rétablissement total de l'un des patient et garantissait sa santé mentale, arguant qu'il pouvait à tout moment être autorisé à quitter Marcus-David.
-Qui est en charge ? Demanda Jérémie.
-Toi, répondit Milton, c'est ta patiente. Pourquoi tu crois que j'ai besoin de ta signature ?
-Laquelle ?
-On s'en fout, signe et n'en parlons plus...
-Qui ?
Le professeur soupira, passablement agacé mais visiblement guère surpris.
-Cette chère Nina.
Les yeux écarquillés, le jeune homme, abasourdi, ne parvenait même pas à y croire.
-C'est une blague j'espère ?!
Devant l'absence de réaction de Milton il s'énerva :
-« Parfaitement sociable » ? Cita-t-il. « Apte à s'intégrer » ? Tu crois vraiment que ceux qui vont venir la chercher avaleront un truc pareil ?! Un seul regard et on voit très bien que rien ne va chez cette fille !
Camille s'était tassée sur sa chaise, et ne souriait plus du tout. Le professeur attendit que son interlocuteur se soit calmé, puis déclara :
-Qu'adviendra-t-il d'elle si elle reste là d'après toi ?
Jérémie le fixa, soupçonneux :
-Et depuis quand ça te préoccupe ? Si on la fait sortir, elle sera ramenée ici en à peine quelques heures, je te le garantis !
-Pas si on la confie aux bonnes personnes...
Une lueur de défi apparut dans l'œil de Milton.
-Et à qui comptes-tu la confier ? Interrogea Meyer.
-Serais-tu amoureux ? Tout à fait ton style, mais une patiente quand même...
Le docteur, piqué au vif, ravala sa colère.
-Allons, fit Milton, tu sais que ça ne te regarde absolument pas. Mais crois-moi, je peux t'assurer que mon ami saura s'occuper d'elle. Comme il se doit...
Les yeux de Jérémie firent plusieurs fois la navette entre l'air ravi du chirurgien et l'expression béate qu'affichait de nouveau la secrétaire devant son héroïque chevalier au grand cœur.
Avec un soupir, il signa. Quelqu'un comme lui ne pouvait pas s'opposer à un salaud comme Milton. Il lui rendit son formulaire et tourna les talons. Une fois dehors, tandis que retentissait déjà les gloussements de Camille, il hésita une seconde à retourner à son bureau, mais prit finalement une autre direction.
Aussi nombreux soient-ils, les détraqués et les psychopathes ne constituaient pas la totalité des patients de Marcus-David. Certains, souvent des personnages d'importance, et donc susceptible de gêner certains individus fortunés, se retrouvaient ici sans véritable raison valable, histoire de faire bonne mesure. Le cas de Nina, qui intriguait particulièrement le docteur, se révélait encore différent.
La jeune femme s'était elle-même présentée à lui pour être internée. Ses troubles psychiques indéniables, couplés à un passé proche relativement douteux, lui avaient ouvert les portes d'un cube d'isolation. Portes qui s'étaient immédiatement refermées sur elle.
Meyer atteint finalement le corridor qu'il recherchait, un cul-de-sac. Un large carré noir se découpait sur la surface blanche du mur du fond, une baie vitrée, donnant sur une salle plongée dans l'obscurité. Se sachant observé par derrière le verre renforcé, il actionna l'interrupteur, illuminant une cellule qui n'avait de chambre que le nom.
D'une blancheur aveuglante, l'endroit ne disposait que de toilettes et d'un matelas, tout le reste ayant été jugé susceptible de représenter un danger. Au beau milieu du cube, assise en tailleur, ses longs cheveux sombres tombant en cascade sur ses épaules, sa poitrine et dans son dos, Nina fixait son visiteur, immobile et totalement nue.
Le peu de vêtements qui étaient remis aux patients reposaient sur son matelas, parfaitement pliés. Sur sa peau, les contusions et quelques hématomes ne parvenaient à masquer les taches sombres laissées par un sang qu'elle s'était elle-même étalé sur le corps. Mal lavés, les dessins resteraient à jamais indélébile, comme de vieux tatouages résistants au passage du temps.
La jeune femme ouvrit la bouche :
-Jérémie, dit-elle, sans qu'il ne puisse l'entendre par delà le vitrage.
Le docteur soupira. Jamais il n'avait eu affaire à un tel patient. Loin d'être la plus dérangée, elle manifestait en revanche des troubles qu'il n'avait jamais observé sur qui que ce soit d'autres. De plus, et c'était bien là le plus important, elle avait parfaitement conscience de son état, et s'employait même à faciliter la tâche de son médecin lorsqu'elle le pouvait.
-Je suis navré, fit-il, posant une main sur le verre.
Totalement inexpressive, elle se leva, vint se camper juste devant lui et, s'agenouillant, apposa sa propre main contre celle du docteur.
Le cœur battant, ce dernier s'apprêtait à rajouter quelque chose lorsqu'elle se releva soudain.
Visiblement contrariée cette fois-ci, elle alla revêtir son habituelle tenue de patiente. Quand Jérémie haussa les sourcils, se demandant quelle mouche l'avait piquée, des bruits de pas se firent entendre dans son dos.
Milton approchait, accompagné d'un autre type, clairement pas médecin. Il portait un cache poussière, ainsi qu'un chapeau que John Wayne n'aurait pas renié.
Quand elle l'aperçu, Nina abattit ses deux points si fort contre la vitre que tous entendirent le bruit du choc. Elle ne le quitta plus des yeux un seul instant.
-Meyer, lança Milton. Monsieur Bird ici présent va emmener Nina avec lui.
-Comment... Ce soir ?! S'exclama le docteur. Bird... Thaddeus Bird ?
-Oui, poursuivit le professeur, maintenant.
-Non, vous ne pouvez pas, c'est, c'est...
Le visage du docteur se tordit de surprise, puis il porta une main à sa gorge, le souffle coupé. Tandis qu'il tombait à genoux, il entendit Thaddeus murmurer :
-Ça suffit.
Un véritable coup de tonnerre secoua le corridor, perturbant l'éclairage. Un instant plus tard, Nina vint se camper aux cotés de l'homme au chapeau, le choc avait éventré le mur et brisé le double vitrage en mille morceaux.
La jeune femme adressa un regard plein de compassion au docteur, puis s'en fut, accompagnée de son mystérieux acolyte.
Milton soupira en les regardant s'éloigner, puis il s'agenouilla auprès de Jérémie, las.
-Ah, fit-il. Crois bien que je suis navré d'en être arrivé là...
La pression sur le cou du docteur disparut aussi vite qu'elle était venu, et il inspira une grande bouffée d'air, toussant douloureusement.
-Bon Dieu, jura-t-il. Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ?
Milton sourit.
-Dieu s'en fout, tu sais. Ici, il n'y a que moi. Bonne nuit...
Les paupières soudain lourdes, Jérémie bascula en arrière et s'écroula.


Voilà, je dois avouer que je suis moyennement satisfait du rendu, certains passages sont assez moyens, enfin j'attends vos commentaires.

EDIT : Hop là, le dernier petit cadeau avant d'aller roupiller, la nouvelle version de la fin du chapitre 1 vient de remplacer l'ancienne; Vous voilà donc avec la totalité du début de l'histoire. Prenez bien soin de tout relire en entier, de petits détails ont été ajoutés un peu partout, et certains auront leur importance, allez zou !

J'ai tout relu. Il est bien ton prologue, il n'y a que la fin que je ne comprends pas.
Donc Nina vient d'être libéré de l'asile et c'est Thaddéus Bird qui vient la chercher ? Et que se passe t-il avant qu'il l'emmène ? Nina frappe la vitre, il y a un coup de tonnerre qui éventre les murs et Jérémie tombe à terre en se demandant aussi ce qui a bien pu se passer ?

Même en relisant plusieurs fois le passage, j'ai du mal à m'imaginer la scène. J'ai d'abord cru que c'était Nina qui avait fait exploser son cosmos, puis la voix de Thaddéus et enfin, j'ai compris que c'était le coup de tonnerre, mais ça ne m'a pas expliqué pourquoi le docteur est tombé. C'est un peu mal décrit, brouillon, on ne comprend pas grand chose à la scène.

Sinon les passages précédents que tu as édité sont pas mal. J'ai toujours le même problème avec la scène du baiser, et la discussion que tu as pourtant essayé de développer.

Le prologue est d'un niveau bien supérieur au premier chapitre. Je trouve que dans ce dernier, tu as essayé de trop faire, de trop vite présenter tes deux héros, et de faire naitre un semblant d'idylle. J'aurais certainement attendu quelques chapitres avant de faire intervenir Thaddéus. Surtout maintenant après le prologue où tu le pré-présentes.

C'est ça, en gros Milton, qui semble connaître Thaddeus, fais libérer Nina contre l'avis de Jérémie, qui s'occupe d'elle à l'asile. Ce qui arrive à Jérémie et à la cellule de Nina est volontairement laissé dans le vague, mais c'est normal de ne pas comprendre les deux phénomènes, un peu comme-ci on gardait le point du vue du doc.

Pour le chapitre 1, c'est vrai, maintenant que tu le dis, que Thaddeus aurait pu n'intervenir que plus tard, afin de laisser au lecteur le temps d'appréhender Nina et son univers déjà assez bordélique. Toutefois, il ne s'agit après tout que d'un (second) premier jet, l'important c'est de comprendre ce qu'il se passe, avant tout (le prologue mis à part bien sûr ^^).

Je suis content que ça t'ai plu, j'ai eu un peu peur de trop en dévoiler, je suis heureux de m'être trompé. Promis, la suite sera un peu plus rapide à arriver, et aussi plus intéressante. Là c'était histoire de poser l'ambiance et les persos principaux

Hello, réponse tardive, gros weekend de fiesta et grosse fatigue lol

Alors le prologue: j'aime, juste la fin qui est brouillon, on voit bien qu'il se passe quelque chose de fantastique mais on n'arrive pas à l'imaginer clairement. Je pense que tu devrais développer un poil plus pour mieux distinguer les actions.

POur le 1er chapitre, je le lirais plus tard, encore trop fatiguer désolée ^^